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International - Page 20

  • La Tunisie et la boîte de Pandore

    Un étrange silence semble avoir gagné la classe politique française dans son ensemble, dès lors que la presse évoque la situation en Tunisie. Michèle Alliot-Marie s'est bien gardée de communiquer, même si son porte-parole a appelé au calme en Tunisie, et, Frédéric Mitterrand s'est refusé à qualifier la Tunisie de dictature univoque.

    L'expérience de la décennie qui vient de s'achever a certainement rendu la classe politique française prudente. Oui, la Tunisie est actuellement sous la coupe d'un régime despotique et corrompu. C'est vrai. Il a été réélu en 2009 avec un score qui dénotait clairement un suffrage bien peu démocratique. Certes. 

    Mais, il convient de considérer l'autre facette de la situation. Quand Ben Ali a été réélu, il était populaire. Sa cote de popularité n'épouse sans doute pas ses scores électoraux, mais elle repose vraisemblablement sur un socle très solide.

    Le pouvoir tunisien, en dépit de ses multiples violations des droits de l'homme, a maintenu le pays en dehors de l'orbite islamiste sans que la population grogne outre mesure. On sait actuellement qu'il y a de l'agitation en Tunisie, on sait même pourquoi, mais on ne saurait déterminer qui profiterait exactement de cette agitation si elle aboutissait à une nouvelle donne politique. Voilà où le bât blesse.

    Considérons l'Irak de Saddam Hussein. Le chef d'État irakien a commis de nombreux crimes plus indignes les uns que les autres, mais, sous son règne, l'Irak avait un niveau de vie convenable, les femmes bénéficiaient d'un statut meilleur et les minorités religieuses jouissaient de droits reconnus. 

    Du point de vue de la morale, éjecter Saddam Hussein était une bonne chose. Mais était-ce une bonne chose pour les Irakiens in fine ? Au prix de combien de morts ? 

    Mon propos n'est pas de dire qu'il faut soutenir le vieux dictateur coûte que coûte ; je me demande simplement quoi faire si l'Europe, particulièrement la France, choisit de prêter une oreille attentive aux actuels insurgés.

    Mon expérience d'observateur de la vie politique internationale me conduit simplement à conclure que si l'on n'a rien de viable à proposer, alors mieux vaut se taire plutôt que d'ouvrir la boîte de Pandore, ou, tout du moins, infléchir  de manière discrète une situation politique intérieure.

    Ce que paie Ben Ali, in fine, je crois, c'est une promesse non-tenue : les Tunisiens pouvaient accepter la chape de plomb qui pèse sur leur pays contre la prospérité économique, ou, au moins, la liberté de commercer. Je crois que c'est ce qu'évoque très justement Mahmoud Saïdi, un étudiant en droit d'origine tunisienne.

    Il me semble, je l'avais observé en commentant ici l'Esprit des Lois de Montesquieu, que c'est la nature des régimes despotiques de tôt ou tard entraver le commerce. La Tunisie ne déroge pas à la règle : les fonctionnaires corrompus se nourrissent d'un juteux commerce de licences à coups de pots de vin, qui finissent par assécher le marché tunisien et empêcher les plus modestes, même quand ils sont entreprenants, de survivre.

    Un régime despotique ne comprend pas le langage du droit appliqué à la démocratie ; en revanche, il est tout à fait capable de se représenter ce que sont des pressions commerciales et la langue du commerce. Si nous Français, ne faisons pas pression dans le domaine politique, nous pouvons le faire, en revanche, dans le domaine commercial, pour exiger des règles de fonctionnement du marché libres et transparentes. C'est d'ailleurs, presque toujours par ce biais que la démocratie libérale s'installe. Soit le régime évolue vers la démocratie, soit il périclite, une fois que le marché s'est installé en son sein.

    Comme l'écrit Mahmoud Saïdi, le gouvernement tunisien, dans son obsession de contrôle, s’est en effet évertué à exercer une maîtrise étroite sur l’économie à travers le système des licences auquel s’est couplée une corruption généralisée des fonctionnaires, conditionnant l’accès à l’emploi et la création d’entreprises. Plus personne ne croit au « miracle économique tunisien », et pour cause : un miracle ne peut survenir dans une économie dirigée de manière autoritaire, pillée par des mafias proches du pouvoir, sclérosée par le clientélisme et la corruption à tous les niveaux. Et même si des efforts de réforme vers plus de transparence ont été menés récemment, le passif est trop lourd. Le gouvernement s’est borné à ravaler la façade de la Maison Tunisie, tandis que ses fondations s’effritaient continuellement. Et il est en train d’en payer le prix

    C'est exactement cela...

  • Années Mitterrand, années démago

    Je ne participe pas à cette grande messe en l'honneur de François Mitterrand, qui rassemble actuellement les fidèles de la grande église de la gauche. D'ailleurs personne ne m'a tagué.

    Je retiens des années Mitterrand le formidable développement de la démagogie en politique : la gauche morale, SOS-Racisme, le politiquement correct, le mépris à peine voilé du populo (mépris que Lionel Jospin portera à sa quintessence), les promesses de raser gratis le lendemain, la société libertaire, bref, si je devais énumérer...

    Pourtant, à cette époque, je vote à gauche et revendique, mais sans grande conviction, des valeurs de gauche. Cela ne se fait pas de voter à droite dans ma famille. Centriste, c'est accepté : Barre, Simone Veil ont eu les voix de quelques membres éminents de ma famille. Mais on se moque de Chirac que l'on considère à peu près comme la gauche considère aujourd'hui Sarkozy.

    Les Bobos, plus que tout autre, sont les rejetons des années Mitterrand : c'est à cette époque que les interdictions d'interdire ont imprégné la société dans son ensemble, que le relativisme culturel s'est développé à outrance (je me souviens des prises de position de Danielle Mitterrand justifiant l'excision par le fait culturel).

    Impossible de passer sous silence le délitement de l'éducation, même si Giscard avait largement préparé le terrain en essayant de passer pour moderne aux yeux de la gauche, alors très puissante dans l'opinion à la fin des années 70. 

    Je n'évoque évidemment pas la dette dont l'expansion exponentielle prend sa source après les années Barre. 

    In fine, je n'ai pas de détestation particulière envers Mitterrand comme a pu l'avoir la droite qui le haïssait, mais certainement pas d'affection non plus. Nous avons eu, sous la cinquième république, deux présidents qui tenaient la route : de Gaulle, et Pompidou. Chaban-Delmas aurait pu être, avec sa Nouvelle Société, une opportunité extraordinaire pour la France, hélas, notre pays a choisi le fade et timoré mais non dénué de vanité Giscard d'Estaing.

  • Liberté de la presse : correction de tir urgente en Hongrie !

    Marielle de Sarnez et Nathalie Griesbeck, députés européennes du Mouvement Démocrate, ont fait part mardi 4 janvier de leur indignation face à la décision du Gouvernement Hongrois de mettre un place un "Conseil des médias" exclusivement contrôle par le parti au pouvoir. 

    D'une même voix, elles en appellent au respect de la "Charte des droits fondamentaux et des engagements pris par la Hongrie lors de son adhésion à l'Union européenne".

    La présidence hongroise de l'UE a débuté le 1er janvier 2011 dans la controverse avec au premier rang des inquiétudes une loi sur les médias tout juste entrée en vigueur. 

    Sans présumer des capacités hongroises à faire face aux multiples défis qui se posent aux Européens, nous partageons les doutes exprimés par les institutions européennes quant à la compatibilité de cette loi avec les valeurs qui fondent l'Union européenne. 

    Cette loi, sans précédent, soumet les médias hongrois à un "Conseil des médias" exclusivement contrôlé par le parti au pouvoir et prévoit des amendes pouvant aller jusqu’à 730.000 euros pour des chaînes de radio ou de télévision en cas "d’atteinte à l’intérêt public, l’ordre public et la morale " ou encore des "informations partiales", sans que pour autant ces concepts soient clairement définis. 

    Pour Marielle de Sarnez, responsable des Affaires Étrangères et de la Gouvernance Internationale au sein du Shadow Cabinet et rapporteur du Parlement européen sur la liberté de la presse dans le monde, a rappelé que "les arguties juridiques derrière lesquelles se retranchent le gouvernement hongrois ne changent rien au fond: il s'agit d'une loi liberticide et l'intention est bien de bâillonner la presse. Nous militerons au Parlement pour que la Commission reçoive tout le soutien politique pour faire respecter la Charte des droits fondamentaux et les engagements pris par la Hongrie lors de son adhésion et j'espère que le Conseil montrera la même fermeté. Il est des sujets non négociables si l'on veut que l'Europe ait un sens. La liberté de la presse en est un". 

    Pour Nathalie Griesbeck, responsable des Libertés et de la Justice au sein du Shadow Cabinet du Mouvement Démocrate, "cette loi entrave incontestablement les principes de liberté des médias. Or, la liberté de la presse, son indépendance et la pluralité des médias sont autant de principes fondamentaux sur lesquels est construite l'Union européenne. Nous attendons actuellement une réponse rapide et précise de la Hongrie ; l'Europe ne pourra, en aucun cas, fermer les yeux sur cette loi. A la Hongrie de corriger rapidement le tir !".

     

  • Et si Gbagbo avait vraiment gagné ?

    J'entends çà et là des voix qui s'élèvent pour réclamer une intervention militaire en Côte d'Ivoire pour éjecter Gbagbo. Quelle erreur cela serait ! Voilà qui donnerait du grain à moudre au nationalisme qu'il tente régulièrement d'attiser et prise aux accusations de néo-colonialisme.

    Censé sur ce point, Nicolas Sarkozy a clairement écarté cette option, sauf si la vie des ressortissants français (au nombre de 15 000) était en danger. 

    Je ne crois pas non plus qu'appeler en renfort la CDAO et particulièrement l'armée nigériane soit une riche idée. Des exactions se produiront et auront tôt fait de retourner les partisans de Ouattara et plus généralement auront pour effet de détourner les Ivoiriens de la démocratie.

    Les différentes interventions militaires pour établir un pouvoir plutôt qu'un autre aux quatre coins de la planète cette dernière décennie ont eu des effets désastreux la plupart du temps. Cela aurait un sens si Gbagbo ne s'appuyait vraiment que sur une toute petite minorité d'Ivoiriens. Ce n'est pas le cas.

    Utiliser, en revanche, des leviers économiques et financiers ciblés, des pressions diplomatiques, devraient avoir des effets évidents : bloquer les comptes de Gbagbo à l'étranger, faire de même pour ceux de ses affidés, restreindre tous les accords commerciaux dans les domaines tenus par ses soutiens, multiplier les médiations, voilà ce que la Communauté internationale peut faire efficacement. Voilà ce qu'elle doit faire...si Gbagbo est réellement le perdant de ces élections ! 

    Le Renseignement, à mon sens, doit jouer un rôle vital dans la stratégie à définir. Il paraît que Gbagbo s'accroche parce que des sondages lui avaient prédit une victoire. Une victoire, oui, mais au premier tour seulement. En juillet 2009, son avance était considérable, en effet, sur ses concurrents. 

    Le problème, plus d'une année après, vers la fin du mois de septembre 2010, toujours selon la TNS, c'est qu'il écrasait ses adversaires au second tour.

    Il est possible que le vent ait tourné, mais je suis perplexe. A mon avis, si Gbagbo s'accroche autant au pouvoir, c'est qu'il pense que ces sondages disaient vrai et que donc, on l'a certainement floué de sa victoire. Gallup et AfroBarometer l'avaient également placé en tête, au premier et au second tour. Tous les sondages peuvent s'être trompés en même temps, mais j'avoue un peu mon scepticisme.

    Personnellement, je l'ai déjà dit, je n'aime pas Gbagbo, que je juge démagogue et malhonnête. Mais dans cette histoire, même si l'on peut me reprocher d'accorder par trop de crédit aux sondages, j'aimerais y voir plus clair sur les résultats réels de cette élection.

  • Le complot...

    Yann et Steph, deux blogueurs de gauche, s'inquiètent : et si Nicolas Sarkozy était interchangeable ? Si son accession au pouvoir ne provenait pas de sa seule personnalité mais d'une pensée concertée pour occuper en permanence, droite ou gauche, les places qui assurent à une oligarchie de préserver ses avantages.

    Je me défie des thèses complotistes. Mais, force est de constater qu'il y a parfois motif à inquiétude. Yann vient de lire le Président des riches. Et il a eu des sueurs froides. Je l'engage à lire Abus de pouvoir de François Bayrou : il va en avoir d'autres.

    Des réseaux, il y en a en France, pays de corporations s'il y en a. Ces réseaux prennent la forme d'associations, de syndicats, d'organisations non-gouvernementales, de partis politiques, de think tank, cercles de réflexion et autres...

    Cela ne me gêne pas : en bon disciple de Montesquieu, je reçois parfaitement la nécessité d'une forte présence des corps intermédiaires.

    Je suis beaucoup plus réservé, en revanche, quand je constate qu'un de ces réseaux se donne pour objectifs de réunir les puissants de notre pays, d'où qu'ils viennent, et de discuter de sa gouvernance. Bayrou a écrit dans son Abus qu'il avait découvert que la politique française recelait de vastes paniers de crabes. Même s'il a dit préférer DSK à Sarkozy, il n'épargne pas pour autant ce dernier dans son livre. 

    Je ne puis m'empêcher de subodorer que les sueurs froides de Yann naissent d'un horrible soupçon qui n'ose dire son nom...Mais ce n'est qu'une supposition, évidemment...

    Je crois qu'il serait édifiant pour mes deux blogueurs de consulter la liste des individus qui fréquentent le Siècle *. J'ai la satisfaction de constater que François Bayrou n'y figure pas, ni aucun membre du MoDem, d'ailleurs. Évidemment, il ne faut pas non plus verser dans un délire paranoïaque. Parmi les membres du Siècle, il y a des hommes et des femmes très estimables, mais, comme le dit Bayrou, on ne pense plus rien quand l'on pense tous la même chose.

    Il y a au moins deux domaines où j'ai souvent le sentiment que des forces invisibles sinon obscures agissent à notre insu : l'Europe et l'Éducation.

    Je suis profondément européen. J'ai voté pour le TCE en 2005, parce qu'il augmentait considérablement les pouvoirs du Parlement européen. Je pense que seule la diversité et la pluralité de ce parlement peuvent être une garantie de transparence. Je me défie de ces commissaires auto-proclamés. Je me méfie de voir un Lamy, toujours prêt à sacrifier les intérêts de notre pays, avoir été successivement commissaire européen et directeur de l'OMC. Les directives qui nous viennent de l'Europe sont en réalité l'émanation des États. Les États ont trouvé un alibi très pratique pour faire passer toutes les directives que leurs peuples ne pourraient accepter en temps normal : ils accusent l'Europe. La réalité, c'est que ce sont les États, et donc les chefs d'État, qui sont comptables de toutes les lois que nous jugeons bonnes ou mauvaises, parmi les lois européennes. Et la seule force de pondération de ces États, c'est le Parlement.

    L'Éducation me semble symptomatique à quasiment tous les égards de cette main-mise insidieuse sur notre culture, notre pensée et nos esprits : une évaluation PISA venue d'on ne sait où qui prétend imposer une organisation à nos collèges. Qui dit que PISA, c'est bien ? PISA, c'est le regard de l'OCDE sur le système éducatif. Je n'ai pas mauvaise opinion de l'OCDE, mais pourquoi ce seul regard serait-il à lui seul pertinent ?

    Pourquoi dois-je constater que les voix de gauche qui proclament haut et fort leur foi en l'école publique, sont les premières à prôner et faire appliquer dans les faits une pédagogie et un système d'évaluation qui procède de ces choix ? Complot ? Manipulation ?

    Pourquoi au nom de l'unification des systèmes universitaires devrions-nous appliquer partout en France la réforme LMD (Licence,Master,Doctorat) ? D'ailleurs, pourquoi avoir idiotement remplacé dans toutes les facs la dénomination francophone "Maîtrise" par son équivalent anglophone "master" ? Nous avons en France des formations de qualité en deux ans : IUT, BTS. Elles sont performantes, offrent de bons débouchés et sont reconnues par les entreprises. Pourquoi devrions-nous les uniformiser pour faire "plaisir" à l'on ne sait qui ?

    Les commissaires et fonctionnaires européens bêlent en choeur à la reconnaissance de la diversité en Europe, et dans le même temps, par le biais de l'Éducation, ils écrasent les cultures nationales, avec la complicité de nos têtes pensantes, de nos chefs d'état, de nos leaders politiques, des think tanks, du Siècle, quoi...! Interpellés, nos parlementaires ne peuvent pas faire grand chose, parce qu'ils manquent de pouvoirs. Et même ainsi, les lobbies qui ont compris que Bruxelles était une place-forte, en font l'assaut, au point que le lobbying fait l'objet de professions lucratives. Bien sûr, je préfère le Parlement aux Commissions, mais il demeure largement faillible, il suffit de considérer certains de ses votes.

    On dit parfois que Bayrou est seul. Moi, je l'ai choisi pour ça. Parce que ce n'est pas un homme de réseaux, et qu'il ne leur doit rien. Absolument rien. Il n'aura pas de comptes à rendre aux oligarques de tout poil, lui. Cela se perçoit dans son projet éducatif, différent de longue date de la doxa ambiante. Voilà pourquoi j'ai fait un bond quand j'ai pris connaissance de celui du MoDem, et que j'ai vu le MoDem se rapprocher de ceux, à gauche et chez les Verts, qui concourraient à la destruction de ce en quoi j'avais toujours cru. Je crois, toutefois, enfin je l'espère, que le MoDem en est désormais conscient, et qu'une inflexion certaine, tendant vers les propositions de François Bayrou, se produira.

    Yann est un lecteur de Michel Pinçon. Je ne le connais que par un entretien avec le Journal du Net que j'avais trouvé très bon. Je vais acheter le Président des Riches, tiens, moi qui cherchais quelque chose à lire. A la différence de Yann (ou de Bayrou), toutefois, je pense qu'il y a dans les forces qui sont à l'oeuvre autre chose que les seules forces de l'argent. Il y a une sorte de globalisation folle à l'oeuvre, par-delà les idéologies, car elle s'abreuve à tous les râteliers, que je juge inquiétante. Cette globalisation n'est pas le fait des libéraux, comme on peut l'entendre partout. Elle emprunte au libéralisme certains de ses traits, mais d'autres au socialisme, et encore d'autres à l'alter-mondialisme et à l'écologie. Toute défense de son pré-carré est renvoyée à un nationalisme étriqué ou un corporatisme d'un autre âge, à de l'égoïsme par le concert des élites à l'abri et bien-pensantes. Et pourtant, elle est légitime, cette inquiétude.

    Barthès a beau eu se moquer de Bayrou et de son Shadow Cabinet, il n'en reste pas moins que je perçois le projet du MoDem, appelant sociaux-démocrates, libéraux, écologistes, et même gaullistes à faire front commun, comme un contre-projet face à cette globalisation, face aux oligarchies, quand bien-même ce contre-projet aurait du plomb dans l'aile. Si jamais un jour je devais en douter, je quitterais instantanément le MoDem.

    L'inquiétude de Yann me paraît suffisamment légitime pour avoir vocation à se répandre au sein de notre blogosphère. Je ne vais donc pas manquer de transmettre le fil d'Ariane à quelques blogueurs.

    Hervé auquel sa longue expérience politique confère du poids quand il s'exprime, est invité à donner son avis. Fred également, avec sa démocratie sans frontières. Il me semble qu'un sujet d'une telle envergure pourrait intéresser Toréador. Impossible de ne pas demander son avis à mon affreux libéral de service. Alexandre et Malaberg pourraient écrire un billet à deux voix contradictoires sur ce thème. C'est certainement audacieux de la taguer, mais je pense qu'un esprit libre comme celui du député souverainiste Nicolas Dupont-Aignan a certainement réfléchi de longue date à la question (ah, s'il n'était pas souverainiste, celui-là, il pourrait vraiment avoir ma voix au même titre que Bayrou).

    Il y a un autre blogue que je viens de découvrir et que je voudrais taguer, mais il faut pouvoir expliquer le sujet en anglais et l'adapter à la situation britannique, en espérant qu'il me réponde : mon homologue hérétique britannique, Heresy Corner.

    Dear british and heretic friend blogger,

    Two french left bloggers are very anxious : they suspect a possible rotationibility between left and right parties in France. They suspect they all only represent the rich ! In England, you have experienced dfficult times : there were no differences between Blairism and views of Tories. Nick Clegg has betrayed. He has sold out liberal-democrat program. You still there hope ?

    *Je me fie à la liste mise à jour par la République des Lettres. Wikipedia n'incluait pas Bayrou il y a encore trois mois. Il y figure depuis peu, mais l'article cite comme source unique la délirante et fascisante Radio-Courtoisie : bref, certainement pas une référence. 

    MAJ importante : François Bayrou vient de répondre à un mail de ma part sur le Siècle :

    Je ne fais pas partie du Siècle et n'ai pas l'intention d'en faire partie. Amitiés chaleureuses et voeux. FB

    Voilà qui est clair et clôt la question.

  • Viet Tan, une sorte de MoDem du Viet-Nam

    J'ai découvert tout récemment le site/blog du Viet Tan. Un parti vietnamien non reconnu par le régime communiste au pouvoir. J'ai parcouru avec grand intérêt son programme politique. On y trouve la défense des libertés individuelles, la volonté d'asseoir la solidité sociale sur la famille, et des vues économiques qui m'ont fait assez largement penser à celles du MoDem, mais en version plus libérale. Jugez plutôt : 

    Viet Tan prône le libéralisme à assise nationale, c’est à dire une économie de marché au service du citoyen.

    C’est une économie dans laquelle chaque citoyen a le droit d’entreprendre selon les lois du marché. La propriété privée des moyens de production est respectée et défendue. Elle doit être au service de la société et non des intérêts particuliers d’entreprises ou d’Etats étrangers. Le libéralisme à assise nationale a les caractéristiques suivantes :

    Respect de la liberté d’entreprendre : Tout citoyen a le droit d’entreprendre ou de s’enrichir légalement selon ses capacités ou ambitions, ce que la société, sous quelque prétexte que ce soit, ne peut blâmer ou empêcher. En ce sens, tout citoyen a le droit de posséder et d’utiliser :

    - 1. la terre, les moyens de production 
    - 2. la force de travail d’autres citoyens, manuel ou intellectuel. 
    - 3. les capitaux

    Finalement, la liberté d’entreprendre n’a de sens que si la notion de marché est acceptée. Le marché est un lieu où les agents économiques s’échangent librement leurs services suivant les mécanismes de l’offre et de la demande.

    Séparation entre le politique et l’économique : Le rôle premier de l’Etat est de garantir la liberté d’entreprendre de chaque citoyen. Ensuite, Il doit limiter ses interventions économiques aux régulations macro-économiques dans le seul but de combler les insuffisances des mécanismes de marché pour éviter les dérapages incontrôlés. En aucun cas, l’Etat ne doit disposer de moyens de production de biens ou de services entrant en concurrence avec le privé, ni édicter des règles qui fausseraient le fonctionnement du marché.

    Equilibre entre les agents économiques : dans une économie de marché, l’équilibre entre les agents économiques est une condition primordiale pour un développement durable et équilibré pour toute la société, pour préserver à chacun sa chance d’entreprendre.

    Le libéralisme à assise nationale ne signifie pas que l’Etat privilégie systématiquement le citoyen (en tant qu’agent économique) au détriment d’autres agents économiques. Il vise simplement à créer un certain équilibre , entre les citoyens, entre les entreprises, entre les régions, pour répondre aux besoins de toute la société, condition indispensable d’une démocratie véritable.

    Pas mal, non ? J'aime beaucoup également leur réflexion sur l'harmonie et l'unité. Les voix les plus fortes de ce mouvement s'essaient évidemment à des analyses approfondies des ressorts de la société vietnamienne mais également aux conséquences économiques des décisions du pouvoir en place. La dette y fait évidemment l'objet d'une préoccupation particulière...

     

  • Bayrou appelle à la solidarité envers les Chrétiens d'Orient

    François Bayrou, appelle, en ce premier jour de l'année 2011 à  "manifester concrètement la solidarité des démocraties" avec les chrétiens d'Orient, à la suite de"l'épouvantable attentat"  survenu devant une église copte d'Alexandrie (Egypte), qui a provoqué 21 morts et des dizaines de blessés.

    Cet "épouvantable attentat" est "un drame de plus dans la guerre de religion sans fin que subissent les communautés chrétiennes d'Orient".[...] "Le fanatisme qui prend pour cible la religion des autres avec pour but avoué de mettre un terme au pluralisme religieux est une barbarie qui doit être dénoncée et combattue comme telle. Tous les défenseurs de la tolérance et de la compréhension des hommes entre eux doivent se réunir pour lutter contre horreur"[...] "Il est du devoir de toutes les autorités, politiques, diplomatiques et morales, d'être solidaires des chrétiens d'Orient, persécutés comme en Egypte par des extrémistes ou ailleurs parfois même par des Etats" [...]"il faut être solidaire des pays qui luttent contre ces organisations et il faut manifester concrètement la solidarité des démocraties avec les communautés pacifiques persécutées pour leur foi et qui luttent pour leur survie"."La défense du pluralisme religieux, la tolérance et la compréhension mutuelle ne se divisent pas. Etre solidaire des chrétiens d'Orient, c'est défendre nos valeurs, c'est défendre le pluralisme partout dans le monde, y compris chez nous" a-t-il déclaré.

     

  • Parrainage au Bénin, écrire à sa filleule

    J'avais entrepris de parrainer une petite fille en septembre dernier. La difficulté, c'est d'écrire le premier courrier, par la suite. Quoi dire ? J'ai évoqué ma situation familiale, un peu ma profession et beaucoup l'environnement de ma filleule.

    L'association Plan France encadre les échanges : pas de cadeaux qui pourraient provoquer des jalousies dans la communauté de l'enfant. Au maximum des stickers et des autocollants, ou encore des images. En somme, ce qui tient dans une enveloppe. Pas d'échanges directs non plus : tout passe par un intermédiaire ce qui protège les deux parties. Il est toutefois possible de rendre visite à sa filleule. Pour ce qui me concerne, elle se trouve au Bénin.

    C'est du Bénin, ex-Dahomey qu'est originaire le vaudou, à ce que j'ai compris ;  tous les 10 janviers, depuis l'établissement de la démocratie, on lui consacre une fête.

    Le Bénin est un pays où la transition démocratique a été exemplaire : le dernier président marxiste-léniniste a été battu et s'en est allé sans bruit. Mais il est revenu par la grande porte démocratique en battant son ex-rival en 1996. Après 10 années, il sera à son tour battu par un novice en politique, Yayi Boni, avec une participation exceptionnelle : 76% ! Une signe de grande vitalité démocratique.

    Le pays abrite des réfugiés (aux alentours de 10 000) et a été salué pour la qualité de l'accueil qu'il leur réserve.

    Le Bénin considère l'éducation comme sa priorité nationale : près de 20% du budget de l'état lui est consacré et depuis octobre 2006, l'enseignement en maternelle et en primaire y est gratuit.

    La vitalité médiatique du pays est également impressionnante : 70 radios, 4 chaîne télévisées, de très nombreux quotidiens.

    Somme toute, il y a là un environnement qui me paraît favorable pour des projets de développement.

    Bref, parrainer un enfant, c'est chez Plan France, avec les déductions d'impôts, cela revient à dix euros par mois, et on peut choisir de parrainer une fille ou un garçon ainsi que sa zone géographique.

    Plan France est considérée comme la seconde organisation mondiale la plus transparente par One World Trust, un organisme indépendant.

    J'ai cru comprendre que c'était une émanation du Parlement Britannique, à l'origine, mais je ne suis pas sûr d'avoir bien compris le texte anglais.

  • Wikileaks, les dons de Bongo et l'article indéfini...

    La nouvelle marotte de la presse, c'est de reprendre en choeur les informations du journal El Païs : Omar Bongo aurait financé des responsables politiques et même des partis aussi bien à droite qu'à gauche.

    Wah, la découverte. C'était de notoriété quasi-publique dans les années 90. 

    Maintenant, je voudrais m'attacher à la sémantique et à la grammaire. Par exemple, ces andouilles de journalistes d'Europe 1 titrent "Bongo aurait alimenté LES partis français".

    - les : article défini. Utiliser un article défini pour déterminer un nom commun laisse entendre que l'on sait de quoi l'on parle. Les partis français, ce sont donc tous les partis français, si j'en crois le titre d'Europe 1.

    Plus prudente, l'AFP déclare que les dons de Bongo auraient profité à DES partis français, ce qui n'est pas tout à fait équivalent à l'assertion précédente.

    - des : article indéfini. Son usage suggère qu'une indétermination subsiste quand on l'accole à un nom, ou, tout du moins, que le représentant choisi est quelconque.

    Chez nos amis africains, on s'est montré plus prudent aussi : on parle de financement DE partis politiques français et non du financement DES (= de les) partis politiques français.

    Ah, subtilités de la langue française...

    Bref, moi, partant de l'hypothèse "des" plutôt que "les", ou encore "de" plutôt que "des", je désire juste avoir un information complète, à supposer que les hypothèses exprimées par les conditionnels dans tous les communiqués deviennent des faits établis : quels partis politiques ?

  • Asia, impure et infidèle...

    L'opinion publique française a pu prendre connaissance du destin tragique et édifiant de la chrétienne pakistanaise Asia Bibi. Je tiens toutefois à signaler un très bon article de Célia Mercier, une envoyée spéciale du journal LiBération au Pakistan.

    Il y avait dans l'histoire d'Asia, un élément qui n'avait pas manqué de m'étonner : les voisins musulmans de la famille d'Asia refusait de manger et de boire dans la même vaisselle qu'elle. Il s'agit là de quelque chose que l'on retrouve en Inde chez les Hindous, mais, à ma connaissance, pas en terre d'Islam, tout du moins, pas dans les préceptes religieux musulmans. 

    Or, Célia Mercier a fait un vrai travail de journaliste, une vraie professionnelle en somme, en enquêtant sur les circonstances exactes des faits : le Pakistan est voisin de l'Inde, et, pour être lapidaire, il faut rappeler que jusqu'à 1947, le Pakistan n'était qu'une région de l'Inde. Enfin...des Indes, plutôt.

    Or, pendant des siècles et des siècles, et ce en dépit de la conquête puis de la domination musulmane sur l'Inde pendant 600 ans, le système des castes a perduré dans toutes les strates de la société indienne, de l'est à l'ouest et du nord au sud. La partition de l'Inde et du Pakistan n'a rien changé à cet état de fait. 

    Face à une répartition aussi rigide des statuts sociaux, seules une religion ou une idéologie universalistes et égalitaires pouvait attirer ceux-là mêmes qui se trouvaient au bas de l'échelle sociale.

    C'est donc tout naturellement que les intouchables soit adhérèrent aux thèses marxistes, au cours du 20ème siècle, soit, plus tôt dans l'histoire de l'Inde, se convertirent au christianisme. 

    Mais la culture commune n'oublia pas que ces nouveaux convertis étaient avant toutes choses des intouchables. L'animosité des musulmans pakistanais à l'égard des chrétiens locaux s'explique donc en grande partie par ce souvenir inscrit dans l'inconscient collectif indien.

    Les autorités religieuses musulmanes sont conscientes, évidemment, de cette déviation par rapport à l'éthique islamique, mais elles laissent faire par impuissance ou par calcul politique. Un mollah interrogé par Célia Mercier explique ainsi : 

    «Les musulmans ici n’aiment pas partager leur vaisselle avec les chrétiens. Ce n’est pas écrit dans le Coran, c’est mal de se comporter ainsi. Mais, même en tant que mollah, je ne peux pas dire la vérité, car c’est un tabou culturel. Les gens m’accuseraient d’être un infidèle !»

    Aussi puissantes soient-elles, les religions monothéistes ont toujours peiné à éradiquer le substrat culturel qui les avait précédé. Soit elles l'ont récupéré (spécialité du catholicisme) soit elles l'ont laissé subsister dès lors qu'il n'entravait pas fondamentalement l'expansion politique du nouveau pouvoir religieux, choix de l'Islam en plus d'une circonstance.

    Le comble de l'histoire, c'est que le Pakistan dispose d'un ministère des minorités, et qu'au final, c'est ce dernier qui finance actuellement la famille d'Asia. Le pouvoir politique pakistanais marche sur des oeufs. Évidemment, il aimerait bien exfiltrer discrètement Asia et que l'affaire s'arrête là, sans bruit. Mais de part et d'autres on ne l'entend pas ainsi : les extrémistes religieux veulent faire d'Asia un cas d'école pour asseoir leur influence et prouver qu'ils conservent la main sur la justice. Les libéraux et les progressistes (mais combien sont-ils ?) aimeraient bien enfoncer un coin dans la loi sur le blasphème. Si cette loi tombait, elle profiterait à tous ceux qui aspirent à plus de liberté, pas seulement aux Chrétiens. Mais c'est justement la confession d'Asia qui cristallise le conflit : chrétienne, elle est assimilée à l'Occident honni, et la défendre publiquement peut revenir, aux yeux d'une partie de l'opinion, à se faire les suppôts de ce même occident.

    Il n'y a d'issue pour Asia que hors du Pakistan. Ce ne sont pas seulement des fanatiques qui sont prêts à attenter à sa vie, mais ses propres voisins. Je me devais de corriger ma première note : battue, violée et torturée parce Chrétienne ET Impure.

    Ces derniers éléments avalisent en tout cas mon sentiment : à chaque cas de ce type, on trouve toujours une frange tiers-mondiste et lénifiante de l'opinion pour nous assurer de ne pas nous inquiéter et nous expliquer qu'une minorité d'extrémistes ne doit pas prendre en otage toute une religion (l'Islam, en la circonstance). Je suis au regret de devoir leur signifier que ce n'est pas une minorité mais une majorité, au Pakistan, qui partage nombre de vues des extrémistes de tout poil. Pire : l'enquête de Célia Mercier prouve même clairement que les religieux sont dépassés par leur base, contraints, in fine, de taire la vérité.

    Il faut sauver Asia, et, assurément, la France s'honorerait à lui accorder l'asile politique ; le Brésil, par la voix de Lula, n'a d'ailleurs pas entendu pour le lui proposer. Le malheur, c'est que la cause d'Asia est perdue, même si sa famille et elle demeurent sauves.

    Il eût fallu d'abord des voix fortes pour prendre sa défense, mais des voix fortes à l'intérieur même du Pakistan. Ensuite, il eût fallu aussi que ces voix fussent astucieuses : défendre Asia seulement sur la base de sa religion était risqué. On pouvait, en revanche, faire valoir que justement la condamnation n'était pas le fait de sa croyance religieuse, mais d'un ancien statut qui contredisait clairement les préceptes de l'Islam. Le malheur, c'est qu'il n'y a pas de religieux libéraux en terre de Pakistan parce qu'il n'y a pas de débat théologique.

    Il existe pourtant bien une opinion pakistanaise progressiste, qui s'exprime dans des journaux d'idées, mais aussi sur des blogues.

    Il ne convient, néanmoins, de ne guère se faire d'illusions : tout libéraux et progressistes qu'ils soient, ces blogueurs et ces journalistes font preuve du même nationalisme étroit que leurs semblables moins éduqués. Ils n'éprouvent aucune difficulté à placer sur le même plan Aafia Siddiqui et Asia Bibi.

    Or, la première, loin d'être une pauvre paysanne pakistanaise est une femme éduquée en lien avec Al Qaeda, impliquée dans des projets d'attentats. Mais voilà, même éduqués, on est prompt, au Pakistan, à invoquer le complot ou la main secrète d'Israël derrière chaque cas monté en épingle.

    Conclure plus généralement, à propos des Chrétiens d'Orient, comme le fait Romain qu'il n'y a pas choc des civilisations et que la droite ne cherche qu'à faire son beurre sur cette thématique me paraît un tantinet illusoire. Et encore, c'est un euphémisme. Ce qui est vrai en revanche, c'est que si choc il y a, il n'est pas réductible à un affrontement bloc contre bloc parce que ni l'Islam, ni l'Occident et ses valeurs d'origine judéo-chrétienne ne sont monolithiques. Il y a chocs. Pas choc, mais chocs, qui se déclinent en autant de cas de figure qu'il existe de facettes des civilisations. Parfois, de ce choc, naissent des illuminations, et parfois, au contraire des cascades de malheurs.