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  • Hegel, l'incident diplomatique avec l'Inde et la Chine...

    Plus jeune, j'avais commencé la lecture des Leçons sur la philosophie de l'histoire de Hegel. J'ai laissé l'introduction en plan pendant près de 20 ans, et puis subitement, il y a quelques semaines de cela, j'ai repris le livre, qui m'avait suivi dans toutes les pérégrinations, et, 20 ans après, j'ai poursuivi ma lecture...Hegel, c'est autre chose que Hessel, il faut le dire, tout de même :-)

    L'objet de l'introduction est, pour Hegel, de présenter sa méthode, et, notamment de bien discerner les différentes manières d'aborder l'histoire.  Elle comporte également une définition extrêmement importante non pas sur la liberté elle-même, mais sur les conditions de son apparition dans l'esprit, et ses relations avec la religion. Moment très important pour le livre, puisque c'est sur ce développement et ses conclusions que Hegel s'appuie ensuite pour tirer analyses et conclusions sur le monde oriental, tout particulièrement la Chine et l'Inde. 

    Et il n'est pas tendre Hegel. Il ferait passer Zemmour pour un doux rigolo, aujourd'hui. Il serait encore de ce monde que soit il serait viré de son université, soit l'ambassadeur allemand serait rappelé de New-Dehli et de Pékin...

    Pas de relativisme culturel chez Hegel : haro sur le despotisme des empereurs de Chine, et autant sur le système des castes en Inde (toujours en vigueur, au demeurant).

    Le problème, c'est que Hegel fait procéder les moeurs du type de gouvernement de ces peuples et en tire une définition générale du caractère chinois et autant de l'indien : fourberie, abjection, absence d'humanité ;  incohérence des brahmanes qui ne marchent pas sur les fourmis mais laissent mourir d'inanition leur semblable s'il est de caste inférieure, fourberie du Chinois qui n'obéit à la loi que par conformisme social et non par objectivation de la morale. Chinois ou Indien, l'un et l'autre sont dépassés par leurs déterminations.

    Hegel démolit méthodiquement les perceptions positives et orientalisantes de ses contemporains, tentant de prouver que la sagesse présumée de l'Inde n'est qu'un leurre.

    Et la conclusion est impitoyable :

    Pour terminer comparons encore une fois dans une vue générale l'Inde et la Chine ; nous avons trouvé en Chine une intelligence tout à fait dépourvue d'imagination, une vie prosaïque dans une réalité déterminée avec fixité ; dans le monde hindou, il n'y a pour ainsi dire pas d'objet ayant de la réalité, des limites déterminées, qui ne soit pas aussitôt retourné par l'imagination en l'objet contraire à ce qu'il est pour une conscience raisonnable.

    A ses yeux, les Chinois n'honorent, en fait d'abstraction, que leur souverain, ce qui exclut toute notion de bien et de mal en soi, et les Indiens ne considèrent que la forme de leurs activités, comme autant de rituels vidés de toute substance morale. Dépassement de la forme sur le fond, dit plus prosaïquement. Seules comptent pour eux les obligations, et non la cause première des dites obligations. De ce fait, elles ne peuvent que se dérégler et dégénérer puisqu'il n'y plus d'objet moral pour leur donner une ligne directrice.

    Mon objet n'est pas de démontrer qu'Hegel a tort ou a raison ; je n'ai pris Hegel que comme un prétexte. Je me dis simplement que les temps ont bien changé.

    L'Inde aussi, d'ailleurs : Hegel eût-il imaginé que ce pays fût un jour devenu la plus grande démocratie du monde ? Quant à la Chine...Montesquieu aussi s'imaginait que les régimes politiques modelaient les moeurs des citoyens. Et pourtant, les peuples peuvent se soulever, comme le montre la Tunisie, pas forcément pour une alternative despotique.

    Aujourd'hui, tout est langue diplomatique : il est convenu que l'on ne peut prendre à partie un peuple pour l'accuser de son sort. Comme si chaque peuple, parce qu'il est peuple, devait être sacralisé. Est-ce que les Pakistanais sont victimes ou coupables de leur société islamisée et traumatisante ? Est-ce que les banlieues françaises sont sous la coupe de minorités agissantes, ou bien participent-elles par leurs ambiguités (notamment vis à vis des forces de l'ordre) à leur déliquescence générale ?

    Je me méfie, in fine d'Hegel, car sa liberté accomplie s'objective dans l'État qui prend la place de la religion : magnifique passerelle vers les totalitarismes les pires, on comprend comment nazisme et communisme ont pu piocher de la substance là-dedans.

    Mais, je refuse, comme la doxa ambiante, de dédouaner les peuples de leur responsabilité. L'Italie est comptable de Berlusconi. Le Pakistan de ses islamistes, les Iraniens de leurs mollahs, les Chiliens de Pinochet et de ses salles de torture dans les années 70,  et les Tunisiens, enfin,  de Ben Ali qu'ils ont soutenu si longtemps avant de le conspuer.

    Je crois à la responsabilité collective des peuples autant qu'à la responsabilité individuelle des individus. On peut punir un peuple. Le Japon a été puni, l'Allemagne a été punie, à l'issue de la Seconde Guerre Mondiale. Ce que je récuse, en revanche, c'est qu'un peuple ne puisse changer. De même que je crois en la perfectibilité de l'homme, de même je conçois qu'un peuple puisse s'améliorer et se racheter. Rédemption. J'aurais du appeler mon blogue le Rédempteur, tiens. Ça me plaît bien, moi le Rédempteur.

  • Asia, impure et infidèle...

    L'opinion publique française a pu prendre connaissance du destin tragique et édifiant de la chrétienne pakistanaise Asia Bibi. Je tiens toutefois à signaler un très bon article de Célia Mercier, une envoyée spéciale du journal LiBération au Pakistan.

    Il y avait dans l'histoire d'Asia, un élément qui n'avait pas manqué de m'étonner : les voisins musulmans de la famille d'Asia refusait de manger et de boire dans la même vaisselle qu'elle. Il s'agit là de quelque chose que l'on retrouve en Inde chez les Hindous, mais, à ma connaissance, pas en terre d'Islam, tout du moins, pas dans les préceptes religieux musulmans. 

    Or, Célia Mercier a fait un vrai travail de journaliste, une vraie professionnelle en somme, en enquêtant sur les circonstances exactes des faits : le Pakistan est voisin de l'Inde, et, pour être lapidaire, il faut rappeler que jusqu'à 1947, le Pakistan n'était qu'une région de l'Inde. Enfin...des Indes, plutôt.

    Or, pendant des siècles et des siècles, et ce en dépit de la conquête puis de la domination musulmane sur l'Inde pendant 600 ans, le système des castes a perduré dans toutes les strates de la société indienne, de l'est à l'ouest et du nord au sud. La partition de l'Inde et du Pakistan n'a rien changé à cet état de fait. 

    Face à une répartition aussi rigide des statuts sociaux, seules une religion ou une idéologie universalistes et égalitaires pouvait attirer ceux-là mêmes qui se trouvaient au bas de l'échelle sociale.

    C'est donc tout naturellement que les intouchables soit adhérèrent aux thèses marxistes, au cours du 20ème siècle, soit, plus tôt dans l'histoire de l'Inde, se convertirent au christianisme. 

    Mais la culture commune n'oublia pas que ces nouveaux convertis étaient avant toutes choses des intouchables. L'animosité des musulmans pakistanais à l'égard des chrétiens locaux s'explique donc en grande partie par ce souvenir inscrit dans l'inconscient collectif indien.

    Les autorités religieuses musulmanes sont conscientes, évidemment, de cette déviation par rapport à l'éthique islamique, mais elles laissent faire par impuissance ou par calcul politique. Un mollah interrogé par Célia Mercier explique ainsi : 

    «Les musulmans ici n’aiment pas partager leur vaisselle avec les chrétiens. Ce n’est pas écrit dans le Coran, c’est mal de se comporter ainsi. Mais, même en tant que mollah, je ne peux pas dire la vérité, car c’est un tabou culturel. Les gens m’accuseraient d’être un infidèle !»

    Aussi puissantes soient-elles, les religions monothéistes ont toujours peiné à éradiquer le substrat culturel qui les avait précédé. Soit elles l'ont récupéré (spécialité du catholicisme) soit elles l'ont laissé subsister dès lors qu'il n'entravait pas fondamentalement l'expansion politique du nouveau pouvoir religieux, choix de l'Islam en plus d'une circonstance.

    Le comble de l'histoire, c'est que le Pakistan dispose d'un ministère des minorités, et qu'au final, c'est ce dernier qui finance actuellement la famille d'Asia. Le pouvoir politique pakistanais marche sur des oeufs. Évidemment, il aimerait bien exfiltrer discrètement Asia et que l'affaire s'arrête là, sans bruit. Mais de part et d'autres on ne l'entend pas ainsi : les extrémistes religieux veulent faire d'Asia un cas d'école pour asseoir leur influence et prouver qu'ils conservent la main sur la justice. Les libéraux et les progressistes (mais combien sont-ils ?) aimeraient bien enfoncer un coin dans la loi sur le blasphème. Si cette loi tombait, elle profiterait à tous ceux qui aspirent à plus de liberté, pas seulement aux Chrétiens. Mais c'est justement la confession d'Asia qui cristallise le conflit : chrétienne, elle est assimilée à l'Occident honni, et la défendre publiquement peut revenir, aux yeux d'une partie de l'opinion, à se faire les suppôts de ce même occident.

    Il n'y a d'issue pour Asia que hors du Pakistan. Ce ne sont pas seulement des fanatiques qui sont prêts à attenter à sa vie, mais ses propres voisins. Je me devais de corriger ma première note : battue, violée et torturée parce Chrétienne ET Impure.

    Ces derniers éléments avalisent en tout cas mon sentiment : à chaque cas de ce type, on trouve toujours une frange tiers-mondiste et lénifiante de l'opinion pour nous assurer de ne pas nous inquiéter et nous expliquer qu'une minorité d'extrémistes ne doit pas prendre en otage toute une religion (l'Islam, en la circonstance). Je suis au regret de devoir leur signifier que ce n'est pas une minorité mais une majorité, au Pakistan, qui partage nombre de vues des extrémistes de tout poil. Pire : l'enquête de Célia Mercier prouve même clairement que les religieux sont dépassés par leur base, contraints, in fine, de taire la vérité.

    Il faut sauver Asia, et, assurément, la France s'honorerait à lui accorder l'asile politique ; le Brésil, par la voix de Lula, n'a d'ailleurs pas entendu pour le lui proposer. Le malheur, c'est que la cause d'Asia est perdue, même si sa famille et elle demeurent sauves.

    Il eût fallu d'abord des voix fortes pour prendre sa défense, mais des voix fortes à l'intérieur même du Pakistan. Ensuite, il eût fallu aussi que ces voix fussent astucieuses : défendre Asia seulement sur la base de sa religion était risqué. On pouvait, en revanche, faire valoir que justement la condamnation n'était pas le fait de sa croyance religieuse, mais d'un ancien statut qui contredisait clairement les préceptes de l'Islam. Le malheur, c'est qu'il n'y a pas de religieux libéraux en terre de Pakistan parce qu'il n'y a pas de débat théologique.

    Il existe pourtant bien une opinion pakistanaise progressiste, qui s'exprime dans des journaux d'idées, mais aussi sur des blogues.

    Il ne convient, néanmoins, de ne guère se faire d'illusions : tout libéraux et progressistes qu'ils soient, ces blogueurs et ces journalistes font preuve du même nationalisme étroit que leurs semblables moins éduqués. Ils n'éprouvent aucune difficulté à placer sur le même plan Aafia Siddiqui et Asia Bibi.

    Or, la première, loin d'être une pauvre paysanne pakistanaise est une femme éduquée en lien avec Al Qaeda, impliquée dans des projets d'attentats. Mais voilà, même éduqués, on est prompt, au Pakistan, à invoquer le complot ou la main secrète d'Israël derrière chaque cas monté en épingle.

    Conclure plus généralement, à propos des Chrétiens d'Orient, comme le fait Romain qu'il n'y a pas choc des civilisations et que la droite ne cherche qu'à faire son beurre sur cette thématique me paraît un tantinet illusoire. Et encore, c'est un euphémisme. Ce qui est vrai en revanche, c'est que si choc il y a, il n'est pas réductible à un affrontement bloc contre bloc parce que ni l'Islam, ni l'Occident et ses valeurs d'origine judéo-chrétienne ne sont monolithiques. Il y a chocs. Pas choc, mais chocs, qui se déclinent en autant de cas de figure qu'il existe de facettes des civilisations. Parfois, de ce choc, naissent des illuminations, et parfois, au contraire des cascades de malheurs.

  • L'Inde n'a pas fini de nous prendre des emplois...

    Tiens tiens : j'ai fait la lecture d'un communiqué assez inquiétant en termes d'emplois pour les services informatiques français. Rumeur Publique, une agence de communication spécialisée dans l'internet rend compte d'une étude IFOP réalisée pour le compte de la société HCL. HCL technologies est le leader mondial des services informatiques. HCL est aussi une société indienne...Or, le sondage qu'elle a demandé à l'IFOP auprès de 500 entreprises françaises révèle que 21% d'entre elles seulement externalisent leurs services informatiques ; dans ces 21% la plupart s'adressent à un prestataire français. Mais 74% des dirigeants interrogés estiment que l'externalisation présente des avantages évidents en termes de réduction des coûts. On peut l'expliquer autrement : cela signifie que les 3/4 des entrepreneurs jugent que les informaticiens français sont chers et que des informaticiens étrangers sont plus rentables.

    Ils sont pourtant 84% à juger que les informaticiens indiens sont aussi bons que leurs homologues français. En fait, leur principale inquiétude, c'est de devoir gérer un prestataire à distance et de se faire comprendre (barrière de la langue). Nonobstant ces deux inconvénients, ils seraient nombreux à être prêts à franchir le pas, d'autant que les 3/4 trouvent que les sociétés indiennes offrent un bon rapport qualité/prix.

    Frédéric Micheau conclut pour l'IFOP : « La défiance des dirigeants des plus grandes entreprises françaises vis-à-vis de l’externalisation de leurs services informatiques en Inde est davantage liée à la crainte d’une complexification de leur gestion qu’à des réserves sur les compétences et les capacités professionnelles des prestataires indiens. Par conséquent, pour apaiser la frilosité des entreprises française face au recours à des prestataires indiens, il est nécessaire de rassurer sur la facilité de gestion d’un prestataire à distance tout en continuant d’entretenir l’image de services de qualité dont bénéficient déjà les SSII indiennes.… »

  • Et Taslima Nasreen ?

    Qui se soucie de Taslima Nasreen aujourd'hui ? Faut-il rappeler que cette courageuse femme est sous le coup de fatwas de fanatiques islamistes pour les prises de position sans équivoque et courageuses à propos des femmes et de l'intégrisme religieux ? En Inde, aujourd'ui, elle n'est plus en sécurité, en dépit des promesses du gouvernement indien, puisqu'elle doit déménager en permanence, et qu'elle a été récemment publiquement agressée par des fondamentalistes musulmans. Sa lutte contre les crimes inexpiables des fanatiques qui sévissent au Bangladesh lui a valu des ennemis partout. Elle vient de recevoir le prix Simone de Beauvoir, le 09 janvier dernier, pour son engagement en faveur de la liberté des femmes.

    Si Taslima Nasreen n'est pas en sécurité en Inde, et ce alors qu'elle a pris la parole à  corps défendantpour dénoncer le sort fait à la minorité hindoue, la France devrait considérer comme un honneur de se  proposer comme terre d'accueil à cette femme de talent.

    J'ajoute  que les  fondamentalistes qui proposent 8500 euros pour sa décapitation sont non seulement des criminels, ça, je l'ai déjà dit, mais en plus des rapiats, parce que c'est une somme misérable, au regard de l'immense talent et de la grandeur de cette femme. Ils pourraient avoir au moins la décence de proposer 1000 fois plus.

  • C'est en Inde que cela se passe...

    7d3bb81e7d3f944639fb6ab8eae1fe49.jpgJe lisais l'excellente analyse de Corine Lepage plaidant pour l'innovation financière afin de favoriser la croissance des PME, tout en songeant à mon récent billet sur l'Inde, et comme je venais de consulter google actualités, la jonction s'est faite naturellement à la lecture d'une dépêche de l'AFP sur l'automobile à air comprimé.

    Corine Lepage observe dans son billet qu'aucun des produits et services  financiers  actuels, en France, ne s'adaptent aux besoins d'investissements des petites PME et des TPE. Or, l'investissement des PME est justement le moteur dont notre croissance a besoin. 

    Or, j'apprends que ce sont deux français, Guy Nègre et Louis Arnoux, qui ont mis au point l'automobile à air comprimé, et que finalement, c'est un investisseur indien, TATA, qui leur fournit les 1.5 millions de dollars qui vont permettre à MDI-ernergy, leur petite entreprise, de commercialiser leur modèle, la OneCats. C'est en Australie qu'ils lancent leur petite merveille, et, tenez-vous, pour le prix de 5400 euros seulement !!! L'engin, de la taille d'une grosse smart, est tout de même capable de filer ses 150 km/h  !

    Futés, les deux Français ont inventé un concept complet : non seulement leur véhicule fait un plein en 3 minutes pour deux à trois euros, mais en plus, sa commercialisation en série repose sur de micro-unités de production implantables rapidement et facilement dans tous les pays. Et cela frappe à la porte : Iraniens, Sud-Coréens se montrent aussi intéressés que les Australiens, et bien sûr les Indiens.

     Et c'est là où je me dis que les observations de Corine Lepage prennent douleureusement toute leur acuité : pendant que l'Omni-président se prend pour un représentant de commerce et prend de haut les Indiens, ce sont des fonds indiens qui investissent dans une technologie de pointe audacieuse et prometteuse et qui lui donnent la possibilité de passer à l'étape de la commercialisation.

    Ils sont où les fonds d'investissement français, dans cette histoire ? et elle fait quoi l'industrie automobile française ? Cette histoire est pitoyable pour la France et même pour les pouvoirs publics français, incapables de réagir depuis 10 ans. Et côté Sarkozy, on voit bien que les discours sur les PME n'étaient que du flan : rien n'a bougé, ou, tout du moins, pas l'essentiel. Cette histoire est édifiante, et sans doute pas la seule...

    Ceci me rappelle que l'un des objectifs centraux du projet financier de Marielle de Sarnez et du MoDem, à Paris, c'est justement de promouvoir l'innovation financière. Bien sûr, une municipalité, aussi grande soit-elle, ne peut pas tout faire, mais, je me dis que si elle appliquait les points suivants (que l'on trouve texto dans le programme du MoDem à Paris) ce pourrait être déjà un bon début, et que même, si de telles mesures avaient été appliquées suffisamment tôt, Guy Nègre et Louis Arnoux implanteraient quelque part en région parisienne leur première usine de OneCats. Je cite l'extrait du programme :

    Promouvoir la Place de Paris comme première place de l’innovation financière
    Il est nécessaire de promouvoir plus activement la Place de Paris, au travers de Paris Europlace, dont la structure serait renouvelée sur le modèle de la Corporation of London (comme suggéré mais non réalisé par Bertrand Delanoë en 2001). Son rôle pourrait être de :
    - Prendre contact avec les acteurs financiers présents à Paris ou pouvant venir s’installer à Paris.
    - Recenser les besoins des acteurs (bureaux, infrastructures…) et prévenir les difficultés pouvant les conduire à quitter Paris.
    - Aider techniquement l’installation des entreprises à Paris.
    - Développer un discours de place pour améliorer l’image du secteur et lui apporter une plus juste reconnaissance.
    - Promouvoir la place à l’international, en effectuant un travail de ciblage, notamment à destination de la Chine, de l’Inde, de la Russie, et des pays arabes.
    - Contribuer à l’adoption d’une réglementation et une fiscalité adéquates et stables.
    - Contribuer à l’amélioration de la régulation : réactivité et diffusion de l’innovation..
    - Organiser des grandes rencontres annuelles dans les domaines d’excellence (assurance, Investissement Socialement Responsable notamment).

  • Nicolas Sarkozy fâche l'Inde

    A prendre ses interlocuteurs pour des marchands de tapis, émergents de surcroît, donc forcément sous-développés, on peut finir par sérieusement les énerver.

    Nicolas Sarkozy frôle allègrement l'impair diplomatique : en effet, il a décidé de se rendre en Inde. Seulement, dans ce pays d'ancienne civilisation, on a le sens des convenances et du protocole. La visite devrait en principe au moins durer quatre à cinq jours. Seulement voilà, l'omniprésident ne veut pas y passer plus de deux nuits. Et pour couronner le tout, la seule chose qui l'intéresse, c'est de savoir quels contrats peuvent être signés par les Indiens lors de sa venue.

    Autant dire que cela n'a pas plus aux Indiens. Bling bling et va-s-y que j'y vais franco et sans vergogne, cela va bien avec la Lybie (et encore, Sarko s'est fait rouler par le Guide) ou encore avec les Chinois, mais l'Inde, c'est une démocratie, ce que semble avoir oublié not'bon président. Ah, oui, bien sûr, ça doit être ça, la "politique de civilisation"...

    Et les Indiens estiment légitime de ne pas être traités moins bien qu'une autre grande nation comme l'Allemagne ou l'Angleterre. La réponse a donc été glaciale, et assortie d'un refus net et sans appel. 

    C'est qu'il serait fichu de nous faire perdre des contrats, l'omniprésident

    Tiens il me rappelle un mythe à propos  de Ganesha, le dieu indien de la sagesse à tête d'éléphant : 

    Shiva et Pârvatî jouent avec leurs deux fistons Ganesha et Kârtikeya. Ils donnent aux deus frérots un fruit magique en leur expliquantque la connaissance ultime et l'immortalité sont planqués dedans. Mais, pour avoir le fruit, il faut faire trois fois le tour du monde (un défi à la mesure de notre hyper-président). Kâritkeya décolle au quart de tour (dans l'avion de Bolloré ?) et s'arrêtedans tous les lieux sac'és pour y faire une offrande. Ganesh, pas fou, qui se doute qu'avec son poids, il ne fera pas le poids, a une idée de génie : il fait trois fois le tour de ses parents. Surpris, les deux l'interrogent et lui demande ce qu'il traffique...mais voilà la réponse du fiston :

     "Mes parents Shiva et Shakti sont la Totalité du monde. En eux se trouve l'Univers entier. Je n'ai pas besoin d'aller plus loin".

    Devinette : qui gagne le fruit, dans l'histoire, finalement ?

  • Velcan Energy, le petit EDF vert

    Bonne nouvelle pour la planète et pour la France : petit EDF vert deviendra gros ! Velcan Energy, un producteur français d'électricité verte, s'implante toujours plus au Brésil où il possède de plus en plus d'unités de production hydro-électriques.

    En Inde, cette société récupère des déchets et débris agricoles qu'elle achète à la population locale afin de nourrir ses centrales. Les autres fonctionnent à l'hydro-électricité. Il aparaît qu'un procédé similaire serait employé, à Mimizan, dans les Landes, par cette même société, toujours pour produire de l'électricité, mais pour une valeur de 6MW seulement.

    Par ailleurs, pour info, la société est basée à Paris et emploie 150 personnes au total, répartis entre ses différents bureaux dans plusieurs grandes villes du monde.

    Ils ont l'air d'avoir acquis de sacrées compétences techniques en matière d'électricité verte. Cela pourrait être une idée de leur demander leur avis sur Paris, et s'ils imaginent des solutions viables et propres pour la Capitale, non ?

    J'ai jeté un oeil sur leur site, et j'ai trouvé quelque chose d'original : ils précisent dans le paragraphe "our strength" (notre force) :

    • A highly entrepreneurial strategic management team
    • Superior local technical knowledge and talent
    • Innovative use of finance including equity, project finance and ‘sukuk’ Islamic, profit sharing, financial vehicles

    «Sukuk, tiens, qu'est-ce que c'est que ce truc-là», je me suis demandé. Eh bien j'ai trouvé la définition :

    Sukuk

    «Terme de finance islamique. Le Sukuk est un produit obligataire islamique qui est à la finance islamique ce que les Asset Backed Securities (ABS) sont à la finance conventionnelle. Il a une échéance fixée d'avance et est adossé à un actif permettant de rémunérer le placement en contournant le principe de l'intérêt. Sans surprise, les Sukuk sont structurés de telle sorte que leurs détenteurs courent un risque de crédit et reçoivent une part de profit et non un intérêt fixe et commun à l’avance comme dans un ABS.
    Les produits sous-jacents des Sukuk peuvent être représentés par des contrats tels l’Ijara, la Musharaka ou la Mudharaba.»

    Merci au site Verminnen pour l'info, au demeurant. On comprend mieux pourquoi ils parlent de Sukkuk quand on sait qu'ils ont une filiale à Dubaï.

    Ce qui est casse-pied, en revanche, c'est que leur site est rédigé exclusivement en anglais. Apparemment, c'est le Crédit Agricole qui est l'un des principaux investisseurs dans ce projet.

    Le concept de Velcan Energy est en fait assez original : ils sont producteurs de crédit Carbone. Dans le cadre du protocole de Kyoto,  les pays occidentaux signataires doivent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et donc leurs émissions de CO2. Ils le font soit en réduisant leur consommation d'énergie, ce qui est très difficile, soit en aidant les pays en voie de développement à installer des usines d'énergie renouvelable : les économies d'émission de gaz à effet de serre peuvent être alors ramenées dans les pays occidentaux et vendues pour permettre à ces derniers de parvenir à leurs quota d'émission. 

    Donc, Velcan fabrique des installations non-polluantes qui valent une valeur x de production de carbone, et cette valeur x est convertie en crédits. Autant dire que le jour où le protocole deviendra totalement contraignant, ces crédits auront une très grande valeur pour les industriels... 

    Bref, une histoire à suivre. Je vais peut-être acheter quelques actions, moi...