Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 7

  • Crise financière : la Bulle à l'envers !

    Je trouve la crise financière qui secoue toutes les places boursières finalement assez étonnante. On a pu dire qu'il y a eu une bulle jusqu'à 2001 dans le domaine des nouvelles technologies, mais une bulle à la hausse. Cette fois, c'est exactement l'inverse : il y a une bulle de méfiance à la baisse, bien sûr, et ce alors que les fondamentaux économiques ne sont pas mauvais, et qu'en France au moins, les fondamentaux bancaires et financiers sont bien moins atteints que le marché ne le croit.

    Ceci m'amène d'ailleurs à penser que, de même que la bulle internet a crevé en 2001, la bulle actuelle crèvera aussi tôt ou tard. C'est en tout cas, pour celui qui s'y connaît suffisamment, le moment ou jamais de faire de belles affaires, pour autant que l'on fasse preuve de patience ensuite. Le CAC 40 près de passer en-dessous des 3 000 points, je ne m'y attendais vraiment pas. Il y aura certainement des rebonds techniques. Quand je pense qu'on en était à 6 200 points en janvier 2007...C'est clair, y'a un krach, là...

    Pour ceux qui ont du cash, il va y avoir des opportunités évidentes. Comme dit l'autre, attendons que le fruit soit bien mûr, il n'y aura plus qu'à partir à la cueillette, encore que la cueillette, elle peut déjà commencer à mon avis.

     

  • Blogs de droite, hou hou, où êtes-vous ?

    Ben oui, ils sont où les blogs de droite ? J'avoue que quand je regarde le classement Wikio, ou même simplement quand je cherche sur la Toile ou sur la blogosphère, je n'en trouve que fort peu en dehors des blogs d'élus. C'est d'ailleurs paradoxal de se dire que ce sont les élus et non les militants qui assurent une présence sur la Toile à l'UMP et même au Nouveau Centre. Au MoDem, c'est exactement l'inverse : les élus sont inexistants quasi-inexistants sur la Toile et les militants fort nombreux. A gauche, cela me semble à peu près également réparti, quoique je trouve les blogs des militants souvent plus intéressants que ceux des élus (à droite, c'est l'inverse).

    Quand je pense que les blogueurs de gauche ou même certains du MoDem en sont réduits à me cataloguer blog de droite, ou, tout du moins, de centre-droit, c'est dire l'état de la droite sur la blogosphère...Il y a bien Alain Lambert ou encore Authueil ou Incancescences ou encore ce pauvre Pierre Catalan que l'on étiquette de droite mais qui était tout de même opposé à Sarkozy, je le rappelle ; or, jusqu'à nouvel ordre la droite est essentiellement sarkozyste. Bon il y a tout de même Blomig, KoZ, le Chafouin ou encore le très droitier Polydamas sur son blog Ab imo pectore. N'oublions pas également le blog de l'UMP, très actif.

    La tête du classement wikio étant complètement trustée ou presque par les blogs de gauche et quelques blogs du centre (souvent de centre-gauche, d'ailleurs) on ne trouve presque plus trace des blogs de droite. A se demander, finalement, si le blog est dans la culture de droite.

    Bon, citons tout de même en vrac, les Carnets de Jean-Pierre Raffarin, le blog de l'Ex, celui de Rudy Salles, de Jean Dionis, de Pierre Albertini, de Bob, de Max, d'Alain Juppé (oujours droit dans ses bottes), de Vincent Ducrey, Jacques Heurtault, Convergences...Je vais leur faire de la pub, moi. Notez que là-dedans, j'ai mélangé allègrement blogs catholiques de droite, blogs droitiers, centristes et cetera...

    J'ai été pédagogue, je n'ai pas sélectionné de simples revues de presse : les blogs que je cite ouvrent de vrais débats, et on peut y discuter.

    Faut que je me fasse une blog-roll spéciale blogs de droite. Merci qui ? Merci, l'hérétique, d'accord ?

     

  • Crise financière et reporting

    Pour le Béotien (mais sur le fond, j'en suis un aussi) le Reporting, c'est la présentation à intervalles réguliers les résultats des banques de manière lisible. Or, il s'il y a bien un aspect qui a certainement fait défaut, dans l'actuelle crise financière, c'est la communication de l'information entre agents du marché financier. Je crois avoir évoqué, dans une note récente, Au coeur de la crise, les erreurs humaines, liées entre autres à la complexité des montages, et donc à la difficulté à en rendre compte. Par ailleurs, les normes comptables (IRFS,Bâle II) s'étant elles-mêmes complexifiées, c'est d'ailleurs le sens de mon introduction au billet de Marianne Kraft Comprendre la crise financière, j'imagine bien qu'il devient techniquement de plus en plus difficile de communiquer et d'échanger des données toujours plus complexes.

    Hamon.jpgOr, sans doute à la suite de mes derniers billets, j'ai reçu un courriel de Pierre Hamon, chef de l'entreprise etXetera, vraisemblablement une TPE. Il me propose de faire la promotion de son dernier ouvrage, Comprendre XBRL et la taxonomie Comptes Annuels. Si j'ai à peu près compris, le XBRL est une sorte de langage XML qui permet de simplifier l'échange et le traitement d'informations financières et économiques. Je rappelle que l'XML est un métalangage permettant de définir d'autres langages, en somme, XML permet de séparer le contenu et sa présentation. Je crois que le XRBL vise exactement le même concept avec les données économiques et financières échangées entre banques et grands acteurs des marchés financiers. Pierre Hamon n'est pas l'inventeur du XRBL, en revanche, il affirme avoir publié le premier ouvrage de référence en français sur le langage XBRL. Je n'ai, pour ma part, aucune compétence pour juger de la pertinence ou non de son propos ni de sa traduction, mais, par les temps qui courent, son travail ne me paraît pas inutile.

    On peut trouver une présentation de son livre sur BOD. Comme il le dit sur le site de son entreprise, citant Jean Cocteau, «il n'y a pas de précurseurs, il n'existe que des retardataires...». Pas mal.

  • SocioGeek, trop drôle !

    Hop, rigolo comme tout ce petit (grand) test pour vérifier son web-appeal :-) J'ai découvert cela via le blog de Jean Véronis, Technologies du langage, et je me suis amusé comme un petit fou ! J'ai accepté un éventuel entretien en face-à-face à l'issue du test. Le test a pour objet d'étudier l'évolution de nos comportements dans une Toile en pleine expansion. Bon, il faut prévoir 20 minutes pour le test, et pour certains items ne pas se tromper, mais il est très intéressant. C'est Dominique Cardon,  un sociologue qui oeuvre à la Rercherche et Développement d'Orange qui dirige l'enquête. Jean Véronis donne plus d'informations sur son blog à propos des tenants et abouttissants de cette très sérieuse enquête. Bon, ouf, heureusement que je me suis pas découvert pervers polymorphe !

    Contrairement à Véronis, je n'ai pas capturé un certain nombre d'écrans si bien que je n'ai que le résultat final, pas les données intermédiaires :-(

    EDIT : j'avais oublié cela :

    Vous ne détestez pas vous raconter. Mais le grand déballage ce n’est pas votre truc: trop facile, souvent trivial, parfois pathétique. Non, vous, vous avez l’âme d’un artiste. Alors, vous rendez théâtral le moindre de changements de statut, et la plus banale visite chez le dentiste prend des airs d’apocalypse. Vous savez aussi être trash ; c’est selon votre caractère, votre humeur et votre dentiste.

    J'ai vu que KaG s'y était collé aussi :-)

  • Pour une fois, Attali n'avait pas dit d'âneries

    Récemment, j'écoutais Cyrulnik jouer le prophète sur France-Info. Il faut dire que c'était assez comique, l'individu décrivant une société post-crisique (au fait, crisique n'est pas synonyme de critique) revenue à des valeurs "traditionnelles" ; un salmigondis qui a eu au moins le mérite de bien me faire rire. Les prophètes adorent avoir eu raison avant tout le monde. Cyrulnik a donc fait valoir qu'il y avait 6 pages, dans le rapport Attali (auquel il a participé) sur la crise financière, et qu'à la sortie de ce rapport, on n'avait parlé que des taxis. Du coup, j'ai vérifié ce que le rapport disait vraiment sur la crise.

    Je n'aime pas faire amende honorable, mais je dois reconnaître que le passage que je vais citer m'avait échappé :

    Sous leur forme actuelle, les normes comptables et prudentielles contribuent à aggraver les crises financières en amplifiant la volatilité des cycles. La comptabilisation à la « fair value » privilégie une logique de court terme et peut devenir une source systémique de fragilité financière. La pierre angulaire du référentiel comptable actuel est la notion de fair value, c’est-à-dire l’évaluation d’un nombre très important d’éléments du bilan des entreprises selon les prix du marché (mark-to-market) ou à défaut selon une estimation de celui-ci. La comptabilisation à la fair value est adaptée à une gestion de court terme. Les managers sont ainsi incités à donner un poids prépondérant aux résultats financiers à court terme dans le pilotage des entreprises. Le biais court-termiste et financier de la gestion des entreprises est inéluctable. La fair value augmente ainsi la volatilité des comptes des entreprises, ce qui les incite à réagir avec plus de flexibilité à des chocs financiers en jouant sur les paramètres dont le management a la maîtrise, c’est-à-dire principalement l’emploi et l’investissement. Le principe de fair value peut donc exercer des effets procycliques sur l’économie. De plus, il implique une contrainte forte sur les entreprises, en particulier pour les moyennes et petites entreprises. Les normes IFRS sont donc une source systémique de fragilité financière. Cet effet est encore aggravé pour les établissements publiant des informations financières de façon trimestrielle, ce que les directives européennes et la réglementation AMF ont rendu obligatoire.
    En ce qui concerne les banques, les ratios prudentiels qui leur sont imposés (Bâle II) ont pris en compte les craintes exprimées sur le financement des PME et la procyclicité. La directive européenne prévoit une clause d’examen spécifique sur ces deux points une fois le ratio effectivement et pleinement mis en oeuvre.

    Sur Bâle II, je trouve le rapport peu dissert ; quelques précisions. En principe, dès lors que les banques suivent des règles de bonne gestion, les fonds propres des banques doivent représenter 8% au moins de ce qu'elles prêtent (je simplifie). C'est ce que l'on appelait jusque là le ratio Cooke. Mais une nouvelle norme est intervenue, le ratio McDonough qui intègre les risques de marché (fluctuations des prix des valeurs d'un portefeuille de titres) et les risques opérationnels (fraudes, pannes, et cetera). SAUF que :

    ce ratio diminue de facto le ratio Cooke, puisqu'il est toujours égal à 8%. En fait, l'ex-ratio Cooke (les risques de crédit) ne correspond plus qu'àn 75% de ces 8% soit 6% ! Donc, en fait, même si les normes Bâle II sont plus transparentes que les normes Bâle I, de facto, elles aboutissent à minimiser les risques de crédit. De plus, en termes de risques de crédit, cette méthode ne fait pas de différences entre un emprunteur solvable et un emprunteur à risque. Or, considérons ce qu'il est produit pour les subprimes, et on comprend l'ampleur des risques qu'elle entraîne...

  • Comprendre la crise financière

    Je reprends assez rarement l'intégralité d'un article sur un autre blog, mais l'excellent billet de Marianne Kraft ( (qui m'avait échappé jusque là), membre de la Commission économique du MoDem,  est si exceptionnel, que j'en donne copie intégrale ici-même. Lisez bien en particulier la partie sur les nouvelles normes comptables, qui explique bien des choses (le comble, c'est que j'avais eu une discussion, en 2005, à propos de l'IFRS avec une spécialiste de la question, mais le sujet m'est sorti de la tête par la suite, alors que je m'étais justement interrogé, à l'époque, sur les risques que comportaient dans un bilan comptable l'intégration d'actifs à la valeur de leur cours du jour ; je n'avais pas encore ouvert mon blog à cette date-là, il est vrai. En tout cas, les banques feraient peut-être bien d'avoir un débat sur la pertinence de cette norme. Je sens que je vais revenir sur la question de cette norme dans les prochains jours. L'Enfer est décidément pavé de bonnes intentions...Tant que j'y suis faudra que je parle aussi de Bâle2. Au fait, moi qui évoquais récemment la BNP, il faut savoir que cette banque était complètement contre cette manière d'estimer les actifs - IFRS - et les risques - Bâle2 . Elle s'est furieusement battue contre, en vain...) :

    Pour comprendre la crise financière …

    crise_financiere.jpgFièvre à la bourse, sueurs froides au sein des banques, panique chez les investisseurs, inquiétude des épargnants … Si les experts économiques et financiers se comprennent entre eux, dans leur langage technique sur la volatilité, la liquidité, la solvabilité, le plan Paulson, …, on peut sérieusement se demander si le citoyen lambda y comprend quelque chose sur l’origine de cette crise, ses réactions en chaîne quasi-nucléaires et ses impact potentiels. A vrai dire tout cela le dépasse un peu !

    Que faire ? De mes comptes, de mes économies, ai-je un risque de perdre mon boulot ? Ai-je un risque de ne pas récupérer mes avoirs en banque et ai-je intérêt à retirer mon argent en compte à ma banque ? Telles sont les questions concrètes que se pose le Français ou l’Européen moyen aujourd’hui.

     

    Pour essayer de résumer en quelques mots simples l’origine de cette crise, il faut comprendre quelques notions :

     

    1- Le monde bancaire et financier a considérablement évolué ces dernières années:

    Autrefois les marchés financiers étaient réglementés nationalement (contrôle des changes, contrôle du crédit et de la masse monétaire, …) et cloisonnés (marché boursier, marché monétaire, marché obligataire,…). Sous l'influence du FMI, de la Banque mondiale (Consensus de Washington, en 1989), ainsi que de la Communauté européenne (les « quatre libertés » de l’Acte unique, en 1986) les marchés ont subi une triple évolution (parfois nommée « les 3 D »):

    déréglementation, abolition du contrôle des changes et des restrictions aux mouvements de capitaux ;

    désintermédiation ou accès direct des opérateurs aux sources de financement sans passer nécessairement par des banques ;

    décloisonnement, c’est-à-dire éclatement des compartiments.

     

    Une nouvelle logique financière s'est instaurée, se traduisant au-delà des aspects géographiques, c'est pourquoi les spécialistes parlent plutôt de « globalisation » financière que simplement de mondialisation. Cette globalisation financière a favorisé le financement des entreprises, de l’économie, mais contrairement à la logique industrielle la logique financière privilégie le court terme. De nouveaux produits et de nouvelles techniques financières ont vu le jour, qui confirment cette tendance, la priorité donnée à la rentabilité immédiate, à court terme, notamment car la valeur des flux futurs anticipés est évaluée en valeur nette présente, raccourcissant ainsi le temps d’un point de vue financier. Cette valeur tient compte aussi de la probabilité d’envol des taux et des cours ou de défaillance des acteurs impliqués, donc d’une valeur spéculative parfois divergeant de la réalité économique.


    - la sophistication des marchés financiers s'est considérablement accrue, permettant un libre accès aux capitaux, une désintermédiation des acteurs entre les investisseurs et les emprunteurs de capitaux au travers des bourses et du marché. Les actions, obligations et créances négociables, ainsi que les nouveaux instruments financiers de dérivés de taux ou d’actions, se sont progressivement substitués aux traditionnels crédits pour subvenir au financement de l’économie et les crédits sont eux-mêmes devenus négociables, « titrisables », transformés en titres, accentuant la volatilité des marchés, leur sensibilité aux variations d’aléas externes. Les banques sont devenues aussi  des « brokers de dettes ».  Nous sommes passés d’un capitalisme industriel d’entreprenariat et d’une économie financée par le crédit (dont la rentabilité était évaluée sur un long terme) à un capitalisme financier de marché, où non seulement les entreprises, leur risques, leurs crédits, mais aussi des ensembles d’entreprises (fonds d’investissement), des indices boursiers ou de prix de matières premières énergétiques, de métaux ou de denrées alimentaires et même des indices climatiques, des variations de taux, se négocient comme des marchandises. Le prix d’équilibre du marché n’étant pas forcément le reflet d’une réalité économique d’ensemble, mais de résultats de spéculation, d’anticipation du prix futur, accentuant les tendances haussières ou baissières et amplifiant les variations de cours et se propageant entre secteurs et entre instruments financiers.

     

    - de nouveaux produits ont vu le jour, toujours plus sophistiqués.

    Citons quelques exemples :

    - La multiplication des opérations de LBO à effet de levier (« Leveraged Buy Out»), visant à faire acheter sans recours (avec prise de risque très limitée) une entreprise par un fonds spéculatif, sponsor financier, en finançant le rachat de l’entreprise par un emprunt gagé sur les actifs de l’entreprise, puis offrir une perspective d’amélioration de la rentabilité par restructuration, délocalisation, changement du management, en vue de revendre l’entreprise en faisant une plus-value (d’où l’intérêt de viser un profit à court terme) ;

     

    - Les nouveaux produits de titrisation (« securitization » en anglais), technique financière qui transforme des actifs peu liquides, c’est-à-dire pour lequel il n’y a pas véritablement de marché, en valeurs mobilières facilement négociables comme des obligations. Chaque investisseur acquiert en quelque sorte une fraction du portefeuille d’actifs « titrisés », sur la base des flux financiers futurs des actifs, qui garantissent le remboursement des obligations.

     

    - Les CDS (Credit Default Swaps ), permettant d’acheter et de vendre du risque sur un acteur, une entreprise, ou un ensemble d’entreprises.

     

    - de nouvelles normes comptables ont été imposées :
    pour favoriser une autorégulation des marchés financiers et du système bancaire, l’efficacité et la stabilité de la profession repose sur des codes de bonne gouvernance (compliance) et des normes comptables internationales inspirées des normes américaines (IFRS), des normes d’évaluation des risques (Bâle2). Ces normes ont généralisé le « mark-to » model : elles visent à valoriser les actifs et les passifs des institutions financières au prix de marché, ce qui a renforcé la volatilité de leurs comptes, la sensibilité aux paramètres qui sont utilisés par ces modèles (cours, ratings, probabilités de variation de cours ou de défaillance de clients,…), leur dépendance à l’égard des analystes financiers, des agences de ratings, des « scoops », ...

    Avant 2005, les banques comptabilisaient des actifs à leur cours historiques, respectant des règles de provisionnement en cas de moins values latentes, alors qu’à partir de 2005, avec la nouvelle norme IFRS, tous actif négociable doit être valorisé au bilan et même hors bilan au cours du marché.

    Ainsi, lorsqu’il n’ y a plus de marché où qu’il est bloqué et que les prix s’effondrent anormalement, de façon temporaire ou sous l’effet d’une spéculation, le bilan de la banque peut s’en trouver très affecté, nécessitant un besoin de liquidité pour couvrir la perte (temporaire ou supposée) mesurée à l’instant T. Or, le marché étant moutonnier, la moindre rumeur de problème de liquidité est interprétée comme un potentiel problème de solvabilité (risque de ne pas pouvoir honorer le remboursement de ses dettes) …

    Les normes comptables alignées sur le « mark-to » model, tout en valeur de marché (IFRS pour la compta, Bâle2 pour les risques,...) ont tendance à donner une grande volatilité aux résultats des banques, des entreprises, et à privilégier le court terme au détriment du long terme, de l’investissement durable. Cette méthode est logique dans la théorie, si la valeur potentielle est réalisable (mais ce qui est douteux s’il n’y a plus de marché, plus de liquidité, donc plus de prix de marché réaliste pour les actifs à valoriser) et à condition que le prix de marché reflète la réalité. Autrement dit, la méthode de valorisation comptables des actifs (et des passifs) des banques est contestable, privilégiant une situation instantanée et la référence à des paramètres sous-jacents qui peuvent être erronés ou contestables, à une vision pérenne et stable, reflétant l’activité réelle de la banque.

     

    2-      L’illusion du prix de marché

     

    A force de prôner les vertus de l’économie libérale, de l’autorégulation des acteurs, de la fameuse « main invisible » d’Adam Smith qui au travers du marché parfait apporte prospérité et croissance, on a oublié que les marchés étaient en fait imparfaits, la concurrence faussée, et que l’illusion dominait la réalité. Que les prix de marché pouvaient sérieusement s’écarter des « fondamentaux », des valeurs économiques de la vie réelle. Ainsi, pendant de nombreuses années, la bourse enregistrait des taux de rendements bien supérieurs au taux de croissance des économies, ce qui était anormal. On croyait à une augmentation de valeur alors qu’elle était illusoire, autrement dit c’était de la « fausse monnaie ». Le prix de marché ne représente pas le prix réel d’un bien, d’une entreprise, mais la valeur espérée compte tenu de la valeur future anticipée et de la tension entre l’offre et la demande du bien, de sa liquidité instantanée. Le prix de marché, attisé par la spéculation, un déséquilibre momentané entre l’offre et la demande, un alignement sur un prix « marginal » de l’offre ou de la demande excédentaire, fait que la valeur de bourse, de marché, peut dériver de la réalité.

     

    3- Le contexte : un défaut de régulation  et de surveillance

     

    On réalise a posteriori le défaut de surveillance et de régulation, qui aurait permis de réagir plus tôt au phénomène. :- même si les banques sont soumises à un strict contrôle, les entreprises d’investissement, fonds d’investissement, Hedge funds, qui sont de gros investisseurs ne le sont pas.

    - les agences de notations, garantes de  l’évaluation des risques des acteurs financiers, ne sont pas non plus soumises au contrôle. Or elles se sont trompées, ont coté AAA (sans risques) des fonds basés sur les crédits dits « subprimes », sans prendre la mesure du risque sous-jacent, donnant ainsi blanc seing aux établissements qui désiraient acquérir ces fonds.

    - certains avaient alerté sur la dérive du marché immobilier américain, spéculant sur un marché haussier, et les banques, incitées par le gouvernement à distribuer des prêts ont accepté de prêter à des gens ayant des capacités limites de remboursement, car elles bénéficiait d’une caution sur un bien dont la valeur augmentait … On pressentait le danger et d’aucuns avaient donné des alertes.

     

    4- la cause première de la crise financière a été la bulle immobilière,

     

    entretenue par les créances hypothécaires valorisées au prix de marché, permettant aux particuliers propriétaires d'emprunter de plus en plus, y compris en crédits à la consommation, au fur et à mesure que le prix de l'immobilier montait, servant de garantie à leurs emprunts. Quand ils n'ont plus fait face aux remboursements et que les banques ont voulu effectivement faire jouer l'hypothèque et revendre les biens, en masse, faisant baisser les prix, la bulle a éclaté. Ces crédits ne valaient plus la valeur que l’ont croyait car la probabilité de remboursement s’était dégradée et le prix de l’immobilier sur lequel ils étaient gagés, avait chuté.

    Or, comme expliqué précédemment, ces crédits ont été « titrisés », transformés en titres vendus à des fonds, à des compagnies d’assurances, à des acteurs non seulement américains, mais aussi étrangers, européens, à des taux de rendements attractifs et très bien notés par des agences de notations. Ces actifs ont été enregistrés et valorisés à leur prix de marché. Lorsque le prix de marché s’est effondré et que les notations ont été revues à la baisse, le phénomène de contagion s’est enclenché.

     

    5- L’impact sur les fonds propres, la liquidité et la solvalibité des banques.

     

    Dès lors que les bilans et les résultats des banques s’en trouvèrent impactés, au travers des règles de valorisation comptables que nous avons expliquées, les banques, soumises aux contraintes de ratios de solvabilité, c'est-à-dire à la nécessité de mettre en face d’engagements plus risqués et de pertes potentielles croissantes, un niveau de fonds propres minimum, se sont vite retrouvées en manque de fonds propres, d’où la nécessité de lever des fonds chez leurs actionnaires ou en bourse, par augmentation de capital.

     

    6- La crise de confiance

     

    Les rumeurs attisées par l’annonce des pertes, des risques potentiels portés par les banques, ont entraîné une défiance générale entre banques. Alors qu’en temps normal les banques prêteuses et emprunteuses s’échangent des prêts interbancaires pour équilibrer leurs positions, les banques prêteuses n’osent plus prêter, si ce n’est à la banque centrale. La banque centrale, la Banque de France, et même la BCE, se sont mises à être le pivot central entre les banques prêteuses et emprunteuses.

    L’incertitude sur les marchés augmente l’impression du risque par rapport au risque réel et accentue donc le problème de liquidité et la chute des cours. Comme on ne sait pas exactement dans quelle mesure les banques sont exposées aux subprimes au travers des fonds dans lesquels elles ont investi, et qu’on ne sait pas non plus quelle est vraiment la valeur de ces subprimes, le marché imagine le pire …, les cours reflètent cette angoisse, cette incertitude, amplifiant les mesures de risque et donc les fonds propres à allouer en face de ces risques. Ces produits ont intoxiqué le marché tels des métastases cancéreuses.

    C’est pourquoi le plan Paulson propose de cantonner tous les actifs de bases subprimes dans une structure dédiée, dite de défaisance (comme le CDR du Crédit Lyonnais, garanti lui-même par l’Etat au travers du contrôle de l’EPFR) en garantissant leur valeur à la base, afin que le doute tombe et que leur valeur puisse être garantie en aval au sein des actifs portés par les acteurs détenteurs directs ou indirects de ces produits. Même si ce plan paraît injuste en faisant payer au contribuable les frais d’un système incendiaire dont certains avaient bénéficié sans se trouver ensuite appelé à payer, c’est vraisemblablement le moyen de contenir au mieux une catastrophe pour l’économie, donc pour tous les contribuables sollicités …

    Bien sûr on pourrait penser à un impôt taxant les classes aisées et notamment celles qui avaient bénéficié des bonus des marchés financiers, des cours de bourse passés. De même il faudrait également penser à tous ces ménages entraînés dans le surendettement des subprimes par les banques, en trouvant des solutions pour reprendre leur dette par exemple. Ce serait mieux compris car plus juste.

     

    7- de la crise financière à la crise économique

     

    Le resserrement des fonds propres et des liquidités des banques oblige ces dernières à prioriser sélectivement l’affectation de leurs fonds propres désormais devenus rares et chers aux activités les plus rentables et les moins risquées. L’enveloppe allouée au financement des entreprises et des particuliers baisse, impliquant un resserrement du crédit.

     

    C’est par cet effet contagion que la crise va se répercuter sur les entreprises et les ménages. Moins de crédit, et crédit plus cher !

     

    CONCLUSION

     

    La main invisible est devenue violente et a donné une grande gifle.

    Le particulier et l’épargnant ne doivent pas paniquer ni s’affoler.

    Il est vrai que nous sommes entrés dans une période de crise, voire de récession, qu’il faut s’attendre à une stagnation, voire une récession, une hausse du chômage, une baisse du pouvoir d’achat. Disons la vérité.

    Les dépôts dans les banques françaises font déjà l’objet de garanties par la loi et sont protégés en cas de faillite des banques. Retirer massivement et brutalement ses dépôts ne ferait qu’accélérer les problèmes de liquidité et de solvabilité des banques.

    Dans un contexte d’incertitude boursière, il faut privilégier le livret A, les dépôts à terme rémunérés, à taux de plus en plus attractifs et préservant l’épargne à court terme tout en assurant une liquidité.

    Les plus audacieux profiteront de la crise et des cours qui  ont chuté sur des établissements donc la valeur réelle, économique, est bien supérieure au cours du marché, pour acheter et envisager des profits futurs, ce qui en même temps contribuera à soutenir ces établissements.

     

    Parler de l’éventualité de l’équivalent d’un plan Paulson à l’échelon européen n’a pas vraiment de sens. Les actifs dits « toxiques » d’origine ont été créés aux Etats-Unis et le plan Paulson s’applique directement à ces actifs à cantonner. Agir à la racine au travers de ce plan permettra de rétablir la confiance entre établissements bancaires en Europe de manière à enrayer la crise de liquidité et donc de solvabilité, évaluer moins de risque dans les bilans, donc requérir moins de fonds propres couvrant ces risques, donc redonner de l’oxygène à l’économie au travers des crédits aux entreprises et aux particuliers.

     

    L’intérêt d’un plan européen pour faire face à la crise consiste plutôt à :

    - fournir de la liquidité banque centrale à taux bas aux système bancaire pour résoudre le problème de liquidité,

    - créer un fonds commun européen pour prendre des parts dans les banques et entreprises qui, en situation temporaire d’insolvabilité pour cause de liquidité, ont un besoin urgent de fonds propres,

    - mettre en place un système d’aides aux entreprises, de cautions permettant aux banques de débloquer des prêts à l’économie à moindre risque, éventuellement garanti par ce fonds européen,

    - mettre en place un régulateur européen.

     

    Et si la crise permettait une refondation salutaire de l’Union Européenne ?

  • Matraquage judiciaire sur le blogueur Fansolo

    Je n'ai aucune affinité de quelque sorte que ce soit avec la blogosphère socialiste, mais il y a des dérapages qui sont trans-partisans. La  manière dont Serge Grouard, le maire d'Orléans est parvenu  à faire condamner le blogueur orléanais Fansolo est indigne.

    Il est inadmissible qu'un blog dont l'objet était de caricaturer, parfois férocement mais sans aucune calomnie d'aucune sorte, puisse être ainsi condamné. Quelle mouche a piqué le tribunal ?

    Ce n'est pas la peine hurler au loup à propos des menaces d' extrémistes musulmans pour des caricatures de  Mahomet pour condamner ensuite Fansolo pour caricature deSerge Grouard, à moins que ce dernier ne se prenne peut-être pour le prophète de la nouvelle religion orléanaise ?

    J'ai trouvé sur Le Post un dessin dans un article qui illustre assez bien ce que l'on peut penser du jugement :

    h-20-1273525-1222414789.jpg
    En attendant, je relaie le communiqué de Maître Emmanuel Tordjman, l'avocat de Fansolo :

    Monsieur BARDET a pris connaissance ce jour de l’ordonnance rendue par le Président du Tribunal de Grande Instance d’Orléans dans le dossier qui l’oppose à Monsieur GROUARD.

     

    Il a donné des instructions pour qu’il soit relevé appel de cette ordonnance. Il appartiendra dorénavant à la Cour de statuer sur cette affaire.

     

    S’agissant d’une communication publique sur le réseau Internet, il sera rappelé que la liberté d’expression, droit fondamental de l’homme et donc principe à valeur constitutionnel, ne peut être restreint que dans les cas strictement prévus par la loi. En l’absence de toute faute prévue et sanctionnée par la loi sur la liberté de la presse, seule loi applicable, la liberté d’expression doit être respectée et garantie par le juge judicaire, gardien constitutionnel de la liberté.

     

    Au regard de la gravité de l’atteinte portée à ses droits, Monsieur Antoine BARDET saisira, sans plus attendre le Premier Président de la Cour d’Appel d’Orléans pour qu’il soit sursis à l’exécution provisoire de cette ordonnance.

  • Delanoë et les hausses d'impôt...

    Tiens, ce petit cachottier de Saint-Bertrand aurait oublié de dire quelque chose aux Parisiens, pendant la campagne municipale de mars dernier ? Après sept années de stabilité, les impôts locaux devraient augmenter de 9 % en 2009 et en 2010 à Paris, a annoncé l'adjoint aux Finances de la mairie, lors de la présentation des orientations budgétaires pour 2009. Cette hausse sera débattue au conseil de Paris les 20 et 21 octobre prochains, puis lors du vote du budget primitif de la capital en décembre. La fiscalité de Paris, composée de quatre taxes locales (habitation, foncier bâti et non bâti, professionnelle) représente un budget de 7 milliards d'euros.

    Puisque Delanoë fait des réunions publiques pour expliquer son action aux Parisiens, j'espère que des citoyens éclairés ne manqueront pas de lui demander des précisions sur ces hausses imprévues (le lien mène à un formulaire pour poser des questions)...

    Au passage, ce qui m'a fait rigoler jaune, c'est le page 33. Delanoë y énumère les grands "équipements" qu'il prévoit de rénover pour sa nouvelle mandature. Il a juste oublié de préciser dans le document que les nouveaux prix d'entrée des dits équipement ne vont pas être toujours "publics" (exemple : la piscine Molitor dont le coût d'entrée devrait varier de 20 à 60 euros).

    En revanche, alleluia, je lis page 45 qu'il s'est enfin décidé à lancer la construction d'un parking rue Frémicourt dans le 15ème, pour pallier entre autres les places de stationnement massivement supprimées dans toute cette zone du 15ème : il faut savoir que c'est la solution que l'UDF(aujourd'hui le MoDem) n'a eu de cesse de lui proposer pendant la mandature précédente. En parlant du 15ème, d'ailleurs, c'est déjà l'asphyxie avec toutes les places supprimées, et les travaux incessants, mais là, cela va finir par une explosion de colère si cela continue : entre le centre commercial à Beaugrenelle, la pyramide de Cheops à la Porte de Versailles, les chantiers du Velib, les chantiers pour supprimer des places de parking, les autorisations de travaux de toutes sortes, cela va devenir invivable dans ce quartier.

    Pour revenir à mes impôts, c'est marrant, mais figurez-vous que j'ai fait la recherche avec la fonction du même nom du logiciel Acrobat reader, et que je n'ai rien trouvé, à l'exception  de l'opposion qui prononce ce mot très grossier dans sa tribune...

    Ah, j'oubliais, l'adjoint de Saint-Bertrand de la Miraculeuse Fiscalité a également annoncé l'instauration d'une taxe départementale de 3%. En fait, on peut calculer qu'en deux ans, les impôts globaux des Parisiens devraient augmenter de 20% environ. Ils vont être contents, je pense. En moyenne, cela représentera 35 euros pour un locataire, mais 140 pour un propriétaire. Notez que ce n'est qu'une moyenne, et que certains de mes lecteurs parisiens vont être mis à contribution dans des proportions doubles au moins, parce que tout cela, finalement, dépend de ce que chacun règle comme taxe foncière et comme taxe d'habitation...

    Fallait voter MoDem...Ils l'appellent le libéral dépensier, je crois, ses potes socialistes (des autres courants, pas du sien, bien sûr)...

  • Non à l'union nationale de François Fillon

    François Bayrou a refusé l'union nationale proposée par François Fillon, et il a bien fait. Je ne vois aucune raison de l'accepter. En revanche, j'en vois plein de la refuser ! Hors de question de participer à un gouvernement qui navigue à vue en économie, prend des mesures sur le vif et toujours pour répondre à l'opinion, persévère dans l'erreur par de coûteux cadeaux fiscaux qu'il eût mieux valu réserver aux entreprises innovantes et exportatrices, laisse courir les déficits, fiche ses citoyens et expulse ceux des autres dans des conditions parfois indignes, reçoit les pires dictateurs de la planète avec un tapis rouge et se prosterne devant les tyrannies.

    Pas une réforme de fond digne de ce nom ou presque en une année et demi, et une grave absence et de clairvoyance, et de courage politique. Décidément, c'est NON, et sans doute NON pour longtemps. Et j'ai de fortes présomptions de penser que cet avis est partagé par nombre de cadres, de militants et d'élus du MoDem.

  • Femmes afghanes

    J'évoquais il y a peu la situation en Afghanistan et notamment la nécessité d'une révision de stratégie : la possibilité d'une négociation avec les moins extrémistes des Talibans me semble une option de plus en plus envisageable. Si tel est le cas, il y aura, espérons-le, des compromis de part et d'autre. Or, il y a un enjeu que nous devrions préserver à tout prix : les droits des femmes. Quand j'entends Emmanuel Todd, archétype du landernau intellectuel, expliquer tranquillement que les Talibans ont juste des coutumes différentes, j'ai une forte envie de lui cracher un gros glaviot aussi jaunâtre que verdâtre à la gueule. Ben oui, moi aussi j'ai des coutumes...

    Je crois qu'il ne faut pas abandonner le droit au droit coutumier, et encore moins au relativisme culturel à la c..., dont on sait  à quel point la gôôôôche adore faire l'apologie.

    Partout où les femmes ont accès à l'Education, et où elles sont à peu près respectées, on trouve des pays avancés ou en grand développement. le respect des femmes est un aspect indissociable de la modernité sous tous ses aspects, y compris économiques. L'Europe pourrait utiliser son soft power, si elle en a l'occasion, pour mettre en avant cette priorité.

    Observons, d'ailleurs, que dans cette région du monde, avec le Pakistan d'un côté, l'Iran de l'autre, et, même en Inde, l'Etat du Rajastan (il n'y pas que l'Islam qui bafoue la dignité féminine, puisque là-bas on y pratique abondamment la crémation des veuves vivantes), les femmes sont particulièrement exposées, puisqu'on leur dénie l'essentiel de leurs droits humains.

    Enfoncer le début d'un coin dans la souche pourrait représenter une avancée non négligeable, dont le monde entier finira par toucher tôt ou tard les dividendes.