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Modem - Page 35

  • Delanoë a menti au MoDem et aux Parisiens

    Je crois que le MoDem et les Parisiens se sont bien faits avoir sur le stade Jean Bouin qui va coûter 200 millions d'euros aux Parisiens. Petit rappel : les élus démocrates avaient apporté leur soutien à la majorité municipale, lors du dernier conseil de Paris, mais sous conditions. Et notamment, Didier Bariani avait expressément spécifié que l'aménagement de l'hippodrome d'Auteuil pour accueillir les scolaires devait être un préalable à la rénovation du stade. Et Pascal Cherki s'était engagé pour la ville sur cette demande. Or, il suffit de lire le communiqué de Jean Vuillermoz pour la majorité municipale, sur le site de la ville de Paris, pour comprendre le stratagème par lequel nous pouvons (sans jeu de mot) courir longtemps avant de disposer d'un stade de remplacement.

    «Par ailleurs, contrairement aux allégations entendues ici ou là sur la soi-disant « éviction des groupes scolaires », la Municipalité s’est engagée à garantir la continuité de la pratique sportive de proximité. Ainsi, le réaménagement des pelouses centrales de l’hippodrome d’Auteuil permettra, lorsque l’Etat aura bien voulu inscrire ce dossier en Commission des Sites, d’accueillir dans des conditions optimisées l’ensemble des scolaires et des associations utilisant actuellement le stade Jean Bouin».

    Je peux faire la traduction pour ceux qui n'ont pas compris. Si l'hippodrome n'est pas rénové, ce sera la faute de l'État, et, entre-temps, nous majorité municipale, nous nous lavons les mains de ce que deviennent les scolaires, nous construisons notre stade, au mépris des engagements pris, évidemment. Pratique de se renvoyer la balle, non ?

    Ce que j'aime bien, c'est la formulation de la suite :

    «Des solutions temporaires ont également été présentées aux riverains lors de la réunion de concertation co-animée par Anne Hidalgo, Claude Goasguen et moi-même le 3 septembre dernier».

    Foutage de gueule : Anne Hidalgo, en fait de solutions, a clairement expliqué que les scolaires du 16ème qui utilisaient Jean Bouin n'ont plus qu'à se rendre dans le 15ème, désormais (qui sera évidemment surchargé, et elle le sait d'autant mieux que c'est une élue du 15ème ! J'invite tous ceux qui ont voté pour elle lors des dernières élections municipales à bien comprendre pour qui ils ont voté et à en tirer des conclusions pour 2014 puisqu'elle sera candidate...).

    C'est mahonnête d'impliquer Goasguen dans cette réunion de concertation qui n'en était nullement une, mais simplement une mise devant le fait accompli. Et nous, au MoDem, nous nous sommes faits avoir. J'espère que cela nous servira de leçon. J'inivte sur ce sujet à explorer la dernière note d'Hervé Torchet, militant du MoDem, qui connaît très bien le sujet : elle est édifiante...

  • Législative en couleurs dans les Yvelines

    aicha&aziz0065-mini.jpgIl y a une élection législative partielle dans la 12ème circonscription des Yvelines, les 11 et 18 octobre prochain. Le MoDem présente un candidat. Je l'ai trouvé fort atypique : Richard Bertrand, loin des CSP++ dont on nous rebat les oreilles, est un autodidacte, un homme du peuple qui s'est fait tout seul. Il a eu quelques idées fort originales, dans son parcours professionnel, et notamment, dès 1989, l'idée d'utiliser les objets de la vie courante pour la publicité. C'est ainsi qu'est née son entreprise, Sept International.

    Et il connaît bien ses dossiers locaux, Richard Bertrand : une des grandes affaires locales, c'est le bouclage définitif de la Francilienne, cette autoroute qui fait presque, mais pas tout à fait, le tour de la proche banlieue de Paris. Apparemment, il y a eu 5 tracés proposés, aux noms colorés ( Vert, rouge, violet, bleu et noir). Notre candidat prend les choses très au sérieux puisqu'il met à disposition de ses lecteurs, sur son site, un dossier complet.

    Ce que j'ai compris, c'est qu'il était favorable au tracé bleu, mais propose désormais,  un nouveau tracé, le tracé blanc, que plusieurs maires ont apparemment co-signé. Actuellement, c'est le tracé vert qui a le vent en poupe.

    Il est inquiet en particulier de l'impact sur les riverains d'Orgeval du plus grand noeud autoroutier d'Europe à venir et souhaite que l'on remette à plat sa conception.

    On demande souvent quel est le programme du MoDem, mais il existe ! La preuve, il est disponible sur la page de Richard Bertrand !

    J'aime bien la citation de Kipling sur la page de son profil. Il a aussi écrit un livre qu'il diffuse gratuitement au format électronique. J'ai bien l'intention de le lire.

    Ah, au fait, si vous vous demandez pourquoi il y a une législative dans cette circonscription, l'explication est ici...

  • Hidalgo tête de liste à Paris ? Plutôt voter UMP !

    Alors moi, c'est très clair : si Anne Hidalgo est tête de liste à Paris pour les régionales et que le MoDem n'est plus présent, je vote UMP au second tour au minimum je m'abstiens (je me suis raisonné depuis la rédaction initiale de mon billet), cela ne fera pas l'ombre d'un pli. Et pour être très clair, je ne suis pas certain de voter pour une liste MoDem-PS à la tête de laquelle Anne Hidalgo serait. Le plus ironique de l'histoire, c'est que Anne Hidalgo est la dernière candidate socialiste pour laquelle j'ai voté...c'était lors des législatives de 2007.

    Son mépris total de la démocratie locale et des citoyens ordinaires (l'affaire du Stade Jean Bouin en est une illustration éclatante mais j'ai quelques autres éléments sous le coude que je ferai paraître en son temps) est tout à fait rédhibitoire pour moi. C'est clair et net, et je ne changerai pas d'avis. Il y a bien des couleuvres que j'accepte d'avaler, mais pas celle-là.

  • Quelle tête de liste et quel programme pour le MoDem en île de France

    Nous allons avoir un gros problème, en île de France. Dans cette région, la figure emblématique du MoDem, c'est Marielle de Sarnez. Sa popularité est très forte (mesurée à 64% en mars dernier et 97% au sein de l'électorat MoDem). Seulement, voilà, Marielle ne souhaite pas se présenter aux élections régionales, même si elle sera évidemment très présente pour soutenir nos futurs candidats.

    Il faut rappeler en outre que pour des élections régionales, il y a une tête de liste par département : il en faudra donc 8 ! Une pour Paris, une pour les Hauts de Seine, une pour la Seine Saint-Denis, une pour le Val de Marne, une pour le Val d'Oise, une pour l'Essone, une pour les Yvelines et une pour la Seine et Marne !

    8, et nous avons grillé nos principales cartouches lors des élections européennes... Nous avons un  défi de taille à relever, désormais...

    En ce qui concerne le programme, les démocrates font déjà depuis quelques temps un certain nombre de propositions au Conseil Régional. J'apprécie particulièrement leur esprit pragmatique. Je prends un exemple qui illustrera bien mon propos : Antoine Dupin, élu démocrate (et président du MoDem 92, au fait) intervenait au conseil régional il y a quelques mois à propos d'un rapport sur l'agriculture péri-urbaine. Il encourageait au développement de cette forme d'agriculture d'une part parce qu'elle joue un rôle dans le maintien d'une ceinture verte en île de France et d'autre part parce qu'elle répond à de nouvelles formes de consommation, plus respectueuses de l'environnement, et qu'en outre elle s'intègre aussi dans des échanges économiques (les Parisiens et les Franciliens peuvent s'approvisionner en produits frais).

    Mais il mettait en garde l'exécutif de la région. La Région avait bien prévu un plan régional, mais une part du budget allait à l'écriture de chartes et à la subvention d'associations. Or, les associations, c'est bien sympathique, mais ce n'est pas cela qui plante et cultive le potager local. Le groupe démocrate a donc déposé un amendement, ce jour-là, pour recentrer les dépenses non vers des subventions à une adhésion mais bien vers la réalisation de projets concrets.

    C'est le genre de choses que j'attends d'un élu. J'avais ciblé il y a trois à quatre mois les enjeux des régionales. Nous avons du travail en perspective.

  • L'alternance de Bayrou me plaît

    Je n'ai pas encore pu écouter la totalité du discours de cloture de François Bayrou, mais, d'ores et déjà, les premiers échos que j'en reçois me plaisent. Il a écarté clairement tout alignement sur la gauche, et j'ai bien aimé l'idée de proposer de préparer non un programme commun, mais l'alternance au régime actuel. Le MoDem et le PS ont des idées différentes, il l'a bien souligné, et le MoDem n'est pas non plus un parti de gauche. Ce ne peut être qu'à travers un premier tour que les Français trancheront entre les diverses forces d'alternance sur la pertinence ou non des idées et des solutions portées.

    Après, lorsqu'on saura clairement où sont les convergences et les différences, et même les divergences. Et quand il y aura divergence, sur un grand sujet, qui tranchera ? Ce sont les Français, et c'est à cela que sert le premier tour d'une grande élection.

    Chacun défend sa vision, son identité, son autonomie. Pas de ralliements ! Pas d'alignement !

    En revanche, comme aucune des forces de l'alternance ne peut l'emporter seule, il faudra s'entendre sur un modus vivendi afin de venir à bout du pire régime de la France depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

    Aujourd'hui, François a été bon. Tant mieux. Il ne nous reste plus, désormais, qu'à travailler d'arrache-pied pour proposer des solutions aux maux qui assaillent nos concitoyens et réparer les brèches considérables occasionnées par la politique désastreuse de Nicolas Sarkozy, de l'UMP et de ses alliés.

  • Une voix plus une voix ne font pas deux voix...

    On discute beaucoup alliances, ces derniers temps, au MoDem et au PS. Mais moi, je mets en garde très sérieusement : les alliances sur le papier, c'est bien joli, mais les électeurs, in fine, font bien ce qu'ils veulent. Et le récent échec d'un front anti-UMP à Aix-Marseille l'a clairement montré. Comme le dit très justement François Rugy dans un entretrien avec Sylvain Lapoix sur Marianne2, on ferait bien de commencer d'abord par discuter de nos programmes économiques afin de savoir si on peut se mettre d'accord ou non. Il y pose de très bonnes questions auxquelles nous ne devrions en aucun cas faire l'économie de répondre. Parce que, comme il le dit, après, il y a des votes sur les budgets et il faudra affronter l'opinion. J'ai observé un point positif, c'est que sur la taxe carbone, nous sommes d'accord puisque Marielle de Sarnez et Cécile Duflot en ont courageusement approuvé le principe, et que Corine Lepage est partisane de la durcir. On devrait suivre la fine proposition de Marielle de Sarnez sur le sujet qui est, en cas de redistribution vers les plus modestes, de la flécher en la convertissant en chèque écologique. Ce ne serait qu'à cette condition qu'une éventuelle redistribution aurait un sens.

    Mais sur d'autres sujets, je sens que ça va clasher...enfin, je dis ça...Moi (moi personnellement, pas le MoDem au nom duquel je ne peux me prononcer), en tout cas, c'est sûr, ça va clasher...

     

  • Les Verts n'en veulent pas, Corinne, d'une alliance avec le MoDem

    Cela fait plusieurs fois que j'entends Corinne Lepage prôner une alliance du MoDem avec les Verts. L'idée n'est pas stupide en soi, mais, Corinne, il faut se rendre à l'évidence : écoutez ce que disent et écrivent les Verts, bon sang. A la notable exception de Cohn-Bendit, ils n'en veulent pas de l'alliance avec le MoDem. Même pas au second tour.

    La seule chose qu'ils admettraient (et encore, pas toujours) c'est que les verts du MoDem  quittent le MoDem pour les rejoindre sur leurs listes. C'est tout. Dany le Rouge a accompli un exploit en parvenant à fédérer toutes les tendances vertes lors des élections européennes, mais il ne faut pas se leurrer : il ne parviendra pas, en dépit de son succès, à modifier les militants verts, souvent bien plus à gauche que leur électorat.

    C'est sûr qu'intellectuellement, l'idée est séduisante : l'addition Verts-Démocrates pourrait générer une force politique comparable au PS, oscillant entre 15 et 25% au gré des différentes élections. Mais ce n'est qu'une hypothèse d'école, dont, je le répète, les Verts ne veulent pas, même si les militants démocrates en rêvent.

    Vous savez, c'est comme quand on vient draguer une fille (je dis ça, je suis un homme) : quand on s'est pris un méchant râteau dans la tronche, ce n'est pas la peine d'insister...

  • Marielle de Sarnez juge nécessaire une fiscalité écologique

    1844502738.jpgMarielle de Sarnez, première vice-présidente du Mouvement Démocrate et députée européenne, a regretté samedi 5 septembre à la Grande-Motte (Hérault) "le cafouillage du gouvernement" sur la taxe carbone, car elle estime que "l'idée d'une fiscalité écologique est juste et nécessaire". "J'aurais préféré que le gouvernement se mette au clair avant de communiquer", a expliqué la députée européenne jugeant qu'il était "presque anti-civique de ne pas avoir pensé les choses avant de les annoncer".  "On a besoin d'expliquer à nos concitoyens pourquoi il faut changer de comportement. On a besoin de leur laisser du temps pour s'adapter. Au lieu de cela, on a du cafouillage", a-t-elle regretté. Sur le fond du dossier, la responsable du Mouvement démocrate se dit favorable à une fiscalité "progressive" et estime qu'"on aurait intérêt à faire un plan européen". Elle a refusé de se prononcer sur le montant de la taxe: "15 ou 32 euros la tonne, c'est une affaire de spécialistes". "Il faut que cette taxe soit progressive pour que les ménages puissent avoir le temps d'adopter une stratégie, puissent se dire, si je ne change pas de comportement, ça va me coûter plus cher", a-t-elle poursuivi. Marielle de Sarnez souhaite que l'intégralité de la taxe soit compensée pour les foyers modestes et que les pouvoirs publics consacrent le reste à des projets de développement durable. Sur l'usage des recettes, elle met en garde le gouvernement: "il ne faut surtout pas que la taxe carbone vienne compenser la perte de recettes de la taxe professionnelle dans les caisses de Bercy, ce serait le meilleur moyen de mettre en l'air une bonne idée". Marielle de Sarnez se dit également favorable à l'idée du chèque vert pour compenser la taxe: "on en a pas encore discuté au MoDem mais je pense que flécher les dépenses est une bonne idée".

    Par les temps qui courent (les Français sont pour l'instant hostiles à la taxe carbone) la position de vice-présidente du MoDem est courageuse, car elle ne va pas dans le sens du vent. L'idée du chèque vert n'est pas idiote, car la compensation ainsi offerte aux foyers toucherait le but de la taxe-carbone. Cela me paraît même la seule solution acceptable, sachant, toutefois, que l'État n'a guère les moyens de faire des cadeaux par le temps qui courent.

  • Croissants et décroissants

    Me voilà à écrire un nouveau billet afin de mettre fin aux nombreuses contre-vérités énoncées dans le dernier billet de Super No. Super No souhaiterait que je l'oublie ; je comprends bien que mon argumentation le dérange puisqu'il se montre incapable d'y faire face ni de dépasser le niveau de la déclaration. Sans doute pris d'hallucinations violentes, il déclare avoir été envahi par des hordes de militants démocrates, plus enragés les uns que les autres sur son blog. Ah ? Je n'ai rien vu (ou si peu : un sympathique blogueur du MoDem, assez critique sur son propre parti, au demeurant, venant simplement signaler son désaccord avec les idées véhiculées par l'article...).

    tapisrouge.jpgPlusieurs de ses commentateurs me demandent plus de respect pour leur idole : bon, si ça peut leur faire plaisir... Il semble que le gigot d'agneau chassé à la lance préhistorique accompagné d'une saine rasade d'eau de pluie soit passé un peu de travers chez les décroissants...

    Ces quelques remarques ne sont évidemment qu'un avant-propos... Au-delà des moqueries réciproques, je suis pour ma part content d'engager le débat avec un blogueur dont les positions politiques sont assez éloignées des miennes. Et ce débat est important, parce qu'il recouvre une véritable ligne de fracture quant à la nature de l'écologie et son insertion dans les programmes politiques et économiques.

    La thèse que défend Super-No a été popularisée ces dernières années et fait fureur au sein d'une partie non-négligeable de l'électorat vert ainsi que dans certains milieux de la gauche de la gauche. A ses yeux, la croissance économique est un miroir aux alouettes non compatible avec la préservation de la planète. Il n'existe aucune position intermédiaire, aucune solution médiane ni compromis, il s'agit bien de deux aspirations frontalement antagonistes.

    En face, ce que nous défendons, au MoDem, c'est qu'il existe une croissance économique soutenable. C'est aussi le point de vue que je défends. Pour calculer cette croissance sur la base de données correctes, nous devons intégrer dans nos calculs toute la part de capital que nous n'avons jamais pris en compte, et qui est collective : le capital environnemental (les ressources, l'équilibre des éco-systèmes qui contribuent à les créer et les régénérer et cetera...). Nous pensons donc, qu'à certaines conditions, le mieux vivre et une consommation raisonnable et raisonnée sont compatibles avec le respect du milieu dans lequel nous vivons.

    J'ai lu le billet auquel notre Super Décroissant invite à se référer. Ce qui me frappe, c'est qu'il revient comme un leitmotiv dans son discours l'idée incessamment martelée que la croissance a une fin et que les marchés sont saturés. Ce que Super Décroissant ignore, manifestement, par ce raisonnement, ce sont les mécanismes mêmes des révolutions industrielles. La situation dont il rend compte n'est pas nouvelle : l'humanité l'a vécue à chaque révolution industrielle. Je doute que cela fasse plaisir à Super Décroissant, mais ses observations pourraient avoir leur place dans quelques pages de Capitalisme, Socialisme et Démocratie de Schumpeter. En effet, nous abordons une phase de stagnation toute comparable à celles qui ont prévalu lors des siècles précédents avant qu'une rupture se produise dans l'univers capitaliste et vienne chambouler la donne.

    Donc, oui, Super Décroissant, la croissance telle que nous l'avons connue n'est plus soutenable, et le monde dans lequel nous vivons ne peut pas subsister longtemps. Voilà ce que je vous concède. Mais justement, comme le dit Corinne Lepage dans son Vivre Autrement, et j'insiste vraiment pour que vous le lisiez, il faut changer de logiciel. Or, vous qui conspuez le capitalisme, vous continuez de raisonner avec les structures de ce que vous décriez. C'est là votre erreur.

    Et pourtant, Super Décroissant, vous avez compris que nous vivons la fin d'une ère. Vous dites ainsi :

    De la même manière, les difficultés du secteur automobile ne sont pas entièrement liées à la “crise” : c’est un problème plus vaste, les dirigeants de ces sociétés, aveuglés, contraints ou simplement complices de leurs actionnaires cupides, ont préféré tirer au maximum sur la corde de leur modèle économique sans consacrer le moindre argent à investir dans des voitures sans pétrole. Plus dure sera la chute. Elle a déjà commencé. Et elle sera vertigineuse. Rappelons que sur les 10 plus grosses multinationales du monde (en terme de chiffre d’affaires), 9 sont des compagnies pétrolières ou des constructeurs de bagnoles. Il n’y a pas besoin d’être aussi intelligent et clairvoyant que Sarkozy pour comprendre que les décennies à venir vont voir un bouleversement de l’économie mondiale, et que cela ne se passera pas forcément dans la joie et la sérénité.

    Je vous rejoins à 100%, Super Décroissant, sur ce très juste constat. Et c'est bien pour cela que nous ne pouvons plus attendre, ce que ne semblent pas avoir compris sérieusement ni notre industrie automobile ni notre gouvernement. Quand je lis vos propositions, par la suite, Super-Décroissant, vous n'êtes finalement pas si loin de ce que les salauds de droitiers capitalistes, libéraux et exploiteurs du peuple, que nous sommes au MoDem, proposons. C'est simplement que vous baignez dans un profond scepticisme en imaginant que les technologies vertes ne vont pas évoluer si elles reçoivent des investissements massifs. Oui des éoliennes produisent infiniment moins qu'un EPR, mais c'est que vous persistez dans une logique de distribution d'électricité dépassée avec de grosses centrales. Pourquoi ne pas imaginer (ce que fait Corinne Lepage) de petites unités de production dans chaque maison organisées en réseaux selon les besoins de la consommation, un peu à la manière d'Internet, par exemple.

    Il serait long et fastidieux de reprendre tout le billet que vous invitez à lire, mais, on peut dire, in fine, qu'il repose tout entier sur un profond pessimisme envers la nature humaine et son inventivité, et ce, dans vos deux billets.

    Pour finir sur une touche littéraire, Super Décroissant, je vous renvoie à l'une des plus belles oeuvres que la littérature grecque a produit : Antigone de Sophocle. Ce n'est pas pour Antigone elle-même, qui, je n'en doute pas, est un personnage qui vous plaît probablement, mais pour ce que disent les bons et sages vieillards de la cité de Thèbes dans leur second chant choral à propos de l'Homme :

    Il s’est donné la parole et la pensée rapide et les lois des cités, et il a mis ses demeures à l’abri des gelées et des pluies fâcheuses. Ingénieux en tout, il ne manque jamais de prévoyance en ce qui concerne l’avenir. Il n’y a que le Hadès auquel il ne puisse échapper...

  • MoDem : Super Yes (l'hérétique) se paie Super No

    J'ai vu, via Marianne2, que le blogueur Super No, avait décidé de se payer la tête du MoDem en laissant entendre que l'on n'aurait pas de programme. Il s'en prend particulièrement à un entretien de Corinne Lepage sur RFI.

    Super No reprend quelques unes de nos valeurs avec l'intention manifeste d'en tirer les conclusions qui l'arrangent. Tout d'abord, une petite remarque préalable : les programmes de Bayrou et de Corinne Lepage (Cap21) lors de l'élection présidentielle demeurent globalement valides à l'heure actuelle. On peut donc encore largement s'y référer pour savoir ce que pense le MoDem. Les principaux thèmes de ces programmes ont d'ailleurs été repris dans des déclarations de François Bayrou, Marielle de Sarnez et Corinne Lepage tout au long de ces deux dernières années. Corinne Lepage a même publié un véritable livre programme pour une reconversion industrielle verte et un changement de société. J'ai assez largement repris son raisonnement sur la définition du capital et le coût des externalités dans un billet récent sur le MoDem face au chômage et à la désindustrialisation.

    SuperNo se gausse manifestement de l'économie de croissance, fût-elle verte. Je pourrais lui rétorquer via le concept que développe Corinne Lepage dans Vivre Autrement : l'économie circulaire. Le principe de l'économie circulaire, c'est qu'elle ne consomme pas de ressources. Elle s'alimente du recyclage. Autrement dit, l'industrie continue à proposer des modèles de machine sans absorber de nouvelles matières premières mais en recyclant celles des anciennes machines. S'il n'y avait pas le problème de l'énergie, l'industrie automobile commencerait à  se débrouiller assez bien dans ce domaine avec presque 90% de matériaux recyclés pour construire les nouveaux modèles.

    Je suppose que Super No préfère vivre comme un préhistorique et laper l'eau de pluie sur une pierre plate (où aurait pissé un mouton revenu à l'état sauvage), à la manière des primitifs. Très peu pour moi, non merci. La croissance n'est pas un problème si c'est une vraie croissance. Si elle génère des coûts que l'on n'intègre pas dans le prix du produit final, c'est alors une croissance fallacieuse qui nous réserve de véritables bombes à retardement dont il faudra régler la facture tôt ou tard. C'est bien pour cela que Corinne Lepage estime que les ressources naturelles ne doivent plus être gratuites et taillables à merci, mais considérées comme un capital collectif que l'on ne peut plus se permettre d'entamer sans se poser la question de son renouvellement. Comme une tire-lire, en somme : quand tu on l'a vidée, il n'y a plus rien. Sauf que ce plus rien, concernant le capital écologique, serait fatal à toute l'humanité...

    Super No s'offusque que le MoDem prône la liberté de tous les acteurs de la société, acteurs économiques compris : qu'il sache que la liberté ne se partage pas. C'est une conviction profonde au MoDem et rien ne pourra nous y faire renoncer. C'est pour cela qu'il y a une véritable parenté avec les libéraux, et que certains libéraux se retrouvent au MoDem, précisément parce qu'ils refusent de voir accordé à la liberté d'une main ce qu'elle perdra de l'autre.

    Je ne sais plus comment Schopenauer appelle la suite dans son Art d'avoir toujours raison, mais c'est un procédé rhétorique vieux comme le monde : il consiste à prêter des travers les plus loufoques à l'objet dont on veut s'assurer la définition la plus fallacieuse possible.

    Voici donc la manière dont Super No donne une définition toute personnelle du libéralisme : (suppression des fonctionnaires, casse des services publics, diminution de toute forme d’aides sociales (sécu, retraites) et des “charges” sur les entreprises…), à ses moyens (les traités européens, la pub, la propagande), et à ses fins (la croissance perpétuelle, le gavage des actionnaires…)

    Qu'il suffise de dire plutôt que de consulter des définitions compliquées, que le libéralisme met tout simplement la liberté et la responsabilité au coeur de l'action humaine. Quant au rôle de l'État, il existe plusieurs courants au sein de la sphère libérale, mais voici ce qu'en dit Adam Smith, le père de cette philosophie politique dans la Richesse des Nations :

    « Le troisième et dernier devoir du souverain est d’entretenir ces ouvrages ou ces établissements publics dont une grande société retire d’immenses avantages, mais sont néanmoins de nature à ne pouvoir être entrepris ou entretenus par un ou plusieurs particuliers, attendu que, pour ceux-ci, le profit ne saurait jamais leur en rembourser la dépense »

    Si Adam Smith ne reconnaît pas l'État le rôle de réguler l'économie, estimant même que ce serait contre-productif, on comprend bien à la lecture de cette citation qu'il n'aurait pas d'hostilité de principe envers le service public.

    Super No croit que le MoDem est nouvellement converti à la taxe Tobin, à écouter Corinne Lepage et Marielle de Sarnez évoquer leur intérêt pour cette dernière. S'il s'était donné la peine de consulter le programme de Bayrou en 2007 (mais qui avait été élaboré au sein de l'UDF en 2006), il aurait pu constater cette taxe y était nommément citée dans l'article "impôts".

    La fin du billet renvoie à nouveau aux considérations de Super No sur la croissance. Il n'aime décidément pas ce mot. Au moins est-il clair qu'il y a de claires divergences de fond entre cette gauche de la gauche qui appelle à la révolte, donne des leçons de morale, mais n'est pas près d'aider les Conti et autres à retrouver un emploi.

    Non, décidément, Super No n'a rien compris. Rien de plus que les autres...