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Politique - Page 96

  • Rachida Dati

    Dati.jpgRachida Dati étonne souvent la sphère politique par ses "écarts" réguliers. On la voit dans des magazine people dans des robes conçues par des couturiers prestigieux, avec une bague précieuse au doigt et, souvent, elle défraie la chronique par des déclarations à l'emporte-pièce, pas toujours dans le champ politique, au demeurant.

    La dernière en date, qui circule pour l'instant à l'état de rumeur, c'est qu'elle envisagerait de partir vivre à l'étranger avec le père de son enfant. Au sujet de ce dernier, elle a expliqué, par le passé, qu'elle avait une vie sentimentale compliquée. Je ne sais pas qui est le père, mais je comprends de ce commentaire que révéler son nom se serait certainement avéré gênant pour une Garde des Sceaux. Peut-être est-ce un homme marié, ou quelque chose de ce genre.

    Quoi qu'il en soit, je vois souvent des commentaires sarcastiques sur Rachida Dati, tant dans la presse que sur la Toile, et ce, d'autant plus qu'elle n'est plus en odeur de sainteté auprès de Nicolas Sarkozy, ces derniers temps.

    Je ne trouve pas incohérente Rachida Dati, au contraire, il y a une certaine cohérence dans sa trajectoire. Mais, on ne peut pas en comprendre le sens si l'on ne se rappelle pas d'où elle vient, et ce que sont des rêves de petite fille. D'origine très modeste, elle a du batailler très dur pour poursuivre ses études parmi, sans doute, des camarades de classe venus de milieux plus riches. Certes, ses parents ont souhaité à l'évidence qu'elle aille loin, et se sont certainement sacrifiés pour leurs enfants, en tout cas, au moins pour elle. Onze enfants et parvenir à envoyer sans doute plusieurs de leurs enfants dans un établissement privé, avec des revenus modestes, cela relève de l'exploit.

    Il n'en reste pas moins que sa famille a exercé une forte pression pour la faire malgré tout revenir à l'idée qu'elle se faisait d'une femme. C'est ce qui explique le premier mariage (presqu'aussitôt annulé) de Rachida Dati. C'est aussi, sans doute, ce qui explique ses difficultés dans les études supérieures (échec à l'entrée de l'école de médecine, maîtrise obtenue avec un mention passable, abandon de son MBA).

    De là, sans doute, aussi, la nécessité pour elle de travailler pour faire ses études. Elle a ainsi pu éprouver à quel point il est mission impossible, pour un étudiant-travailleur, de poursuivre ses études dans des conditions correctes.

    In fine, ce n'est pas ses études mais la politique qui a façonné son réseau et qui lui a permis son ascension.

    Le pouvoir, la richesse, le luxe, la reconnaissance sociale, un prince charmant, voilà autant de rêves qu'a pu faire Rachida Dati quand elle était enfant, et c'est sans doute à l'aune de ces rêves-là qu'il faut comprendre son parcours.

    Ainsi, annoncer vouloir partir vivre à l'étranger n'a rien d'insensé si on jauge cette déclaration non au regard d'une carrière politique, mais de ses propres rêves. En outre, si elle s'estime sur la sellette lors du prochain remaniement ministériel, elle n'a finalement rien à perdre.

    En somme, tous les atours et les ornements du luxe ne correspondent pas exactement à un tempérament frivole, comme on a pu le lire,  çà et là, mais, plus vraisemblablement, à la réalisation de ses rêves d'enfant et à sa représentation du luxe.

    Tout comme Nicolas Sarkozy, Rachida Dati fait partie des êtres qui ont eu une revanche à prendre sur la vie, sur leur passé, et, d'ailleurs, c'est sans doute pour cela qu'ils se se sont reconnus mutuellement et qu'ils accordent dans le fond aussi peu de place à la tradition, tout en s'y montrant fort attachés sur la forme (car cela leur donne des repères, et souvent l'apparence du fond, fond qui leur manque, précisément).

  • Image du MoDem (II)

    J'ai la chance d'avoir des commentateurs de qualité ici, je l'ai souvent dit. A mon billet précédent sur l'image du MoDem, j'ai eu une réponse magistrale de Nicolas007bis dans laquelle je me reconnais à 100%. En voici la teneur :

    Difficile en effet !
    Pour plusieurs raisons à mon sens.
    Tout d’abord, parce que cette manière de ne pas vouloir s’inféoder à un camp ou à un autre est considérée, par beaucoup, comme de l’indécision ou pire encore de l’opportunisme. On ne sort pas aussi facilement d’une ancestrale dichotomie Droite – Gauche qui t’oblige à choisir ton camp. A cela se rajoute le fait que malgré ce souci d’ouverture vers ce qu’il y a de mieux d’un coté comme de l’autre qui a été le fondement du discours de François Bayrou, celui-ci et le Modem en général ont paru être plus souvent sur la même ligne que les Socialistes que de l’UMP ce qui rajoute à la confusion.
    Je crois que sur ce point, l‘aversion de François Bayrou pour Sarkozy, dessert plutôt l’image du Modem. Il serait souhaitable qu’il en prenne conscience.

    Au Municipales, les alliances ici avec listes de Gauche et là avec des listes de Droite ont été qualifiées par les autres partis et plus grave encore par les medias comme étant à « géométrie variable ». Or, c’était pourtant en parfaite cohérence avec le positionnement du Modem !
    Le travail d’explication déjà délicat a été rendu d’autant plus difficile que les Municipales ont laissé l’impression que le Modem n’était qu’un ensemble hétérogène d’individus aux motivations plus ou moins claires. Il aurait été préférable que le Modem en tant que tel, de manière « officielle », définisse plus précisément les conditions d’alliances avec une autre liste au lieu de laisser les candidats locaux faire leurs propres choix au prix de ce qui a pu apparaitre comme des petits arrangements au service d'ambitions personnelles.

    L’autre raison pour laquelle il est difficile d’améliorer l’image du Modem, est que le Modem manque de têtes d’affiche. Elles ont toutes fuies vers des cieux plus prometteurs. Certaines par opportunisme pour garder leur siège qui de député, qui de sénateur mais d’autres probablement par réelle et sincère déception. Il serait certainement utile de s’interroger sereinement sur les causes de cette hémorragie.

    Autre point étroitement lié avec le précédent, le Modem étant perçu comme le parti au service des ambitions d’un seul homme, il n’est guère entendu en tant que tel. Seul François Bayrou est écouté, le reste du Modem étant considéré comme l’intendance. Or tout le monde se fout de ce dit l’intendance d’autant plus que sa parole n’est portée que par des « anonymes » (ce qui n’a rien de péjoratif évidemment).
    Si le Modem veut se doter d’une vraie personnalité, il lui faut une ligne directrice. Il manque un vrai cadre idéologique à partir duquel il pourrait structurer un discours et une attitude politique homogène et visible. Aussi populaire soit-il, un programme se limitant au slogan « Bayrou président » ne peut suffire.
    Bon, j’ai conscience que tout cela ne répond pas vraiment à ta question mais il me semble que pour faire avancer le Modem, ou améliorer son image, il est nécessaire en préalable d'être d'accord sur ce que sont ses faiblesses.

    J'ajoute que Benoît, dans le même fil de commentaires, fait observer que le MoDem ne dispose toujours pas de plate-forme programmatique. Après plus d'un an d'existence, il serait grand temps de s'en doter, en effet...

  • Comment améliorer l'image du MoDem ?

    S'il y a une question lancinante qui me trotte dans la tête, c'est bien celle-là : comment améliorer l'image du MoDem. Le Mouvement Démocrate a en effet, sur ce point, raté son entrée sur la scène politique. Parti le plus populaire des partis, il s'est peu à peu désagrégé dans l'opinion au point de figurer désormais derrière le PS et les Verts. Les derniers résultats aux législatives partielles, globalement très décevants (voir l'analyse de Bob à ce sujet), sont certainement une manifestation de cette dégradation.

    La seule consolation, c'est que le MoDem demeure solide sur sa base électorale et que de toutes façons, le Nouveau Centre est purement et simplement inexistant.

    Le MoDem souffre de deux gros handicaps par ailleurs : en dehors de François Bayrou et de quelques élus localement implantés, il ne dispose d'aucun représentant de grande notoriété. Ensuite, il est perçu davantage comme le parti d'un homme (François Bayrou) que comme un parti à part entière.

    Malheureusement, l'épisode des municipales a été très mal compris et très mal perçu, jusque dans son sein. Nous ne parvenons pas à remonter la pente depuis. Une forte côte de popularité n'est pas pour autant une garantie électorale : les Verts sont le parti le plus populaire de France, et cela ne les empêche pas d'encaisser de régulières baffes électorales. Leur problème n'est de toutes façons pas le même que le nôtre.

    Il nous faudra du temps pour nous faire connaître, et le volontarisme et la foi des militants ne seront pas nécessairement suffisants pour ce faire. La force de nos propositions est une incantation, mais elle ne suffit pas. Encore faut-il les faire connaître ! A cet égard, il n'est pas moins fâcheux pour nous de constater l'échec partiel d'Internet comme média alternatif pour l'information. Seuls 10% des Français vont y chercher de l'information, et, on peut supposer que ce sont les plus impliqués donc les plus marqués politiquement, et donc, in fine, les plus difficiles à convaincre...Or, l'Internet est au coeur de la stratégie de communication du MoDem.

    Je dois avouer que je n'ai pas de baguette magique. Je pense, en revanche, que pour nous qui prônons la solidarité comme valeur, nous avons tout intérêt à commencer par être solidaires entre nous, solidaires avec nos élus et nos candidats, et, enfin, solidaires avec notre mouvement. Ils en ont bien besoin.

  • A l'aube de la république romaine, la dette, déjà...

    J'ai retrouvé sur le journal Le Post, grâce à un diligent auditeur de l'émission A vous de juger, le script de l'entretien d'Arlette Chabot avec Bayrou, Copé et Montebourg. Il y a une petite phrase de François Bayrou qui a attiré mon attention : il répond à Copé sur ce qu'il estime être le rôle du Président en France. Pour lui, un président doit défendre avant tout les plus faibles, et il ajoute, à Rome, il y avait un tribun de la plèbe. Cela me fait fortement penser à ce que j'ai écrit au mois d'août sur les tribuns et le centrisme tribunicien (ce qui m'avait valu tout de même, en plein mois d'août, 241 commentaires pour le second billet, et ce en deux à trois jours !!!).

    Du coup, j'ai repensé à la naissance de cette fonction politique à Rome, et notamment à ce qu'en avait dit Tite-Live, et je me suis souvenu des circonstances : on était en pleine crise du crédit ! Mais oui, tout à fait ! A cause des guerres, pas mal de citoyens romains s'étaient retrouvés endettés parce qu'ils avaient du laisser leurs champs, et que parfois, leurs domaines avaient été pillés par les troupes adverses. Du coup, ils avaient du emprunter et chemin-faisant, l'usure les avait réduits à un quasi-esclavage. Tite-Live évoque cela avec une technique très forte : il fait parler un ancien centurion romain. L'homme est couvert de plaies et se jette aux pieds des citoyens assemblés sur le forum. Le récit de ses mésaventures enflamme littéralement le peuple, et, comme le dit Tite-Live, «non iam foro se tumultus continet, sed passim totam urbem peruadit» (le tumulte ne se limite plus au forum, mais se répand de toutes parts dans toute la ville). C'est intéressant, comme formulation, et l'on n'en saisit pas toute la portée si l'on ignore ce que représente le forum pour les Romains. Le forum, c'est l'endroit où l'on traite des affaires économiques et politiques. Que Tite-Live dise texto que le tumulte ne se contient plus dans le forum, c'est qu'il y a un embrasement généralisé. Dans nos sociétés modernes, si les conflits débordent le champ politique, ils envahissent toute la société. On peut voir là une image ancienne applicable à notre monde moderne : forum pour le champ politique, urbs pour la société dans son ensemble. Or, Tite-Live insiste en précisant passim (çà et là) et totam (toute) : c'est un véritable quadrillage ! la colère qui enfle déborde et envahit les moindres recoins de la cité. C'est exactement ce qu'il pourrait se produire pour notre société mondiale si la crise tourne mal. Mais, revenons aux dettes.

    Ces pauvres gens qui sont endettés jusqu'au cou, Tite-Live les appelle des nexi. Nexus, en latin, cela veut dire lié, enchaîné. Liés, parce qu'ils ne sont pas encore esclaves, mais, sur le bon vouloir de leur prêteur, ils peuvent le devenir du jour au lendemain. Tout comme les États endettés aujourd'hui, tout comme les individus à la merci d'une créance.

    Et je trouve que Bayrou est bien dans le rôle d'un tribun, parce que justement, cette fonction-là n'est pas (plus ?) représentée en France. Ce sont des corps, et pas intermédiaires pour le compte, contrairement aux propositions de Marielle de Sarnez (elle en a encore reparlé dans le Talk du Figaro de cette semaine) qui dominent les strates du pouvoir en France, et, nulle part, le Tiers-État, pour reprendre le titre de l'ouvrage fameux de François Bayrou, ne peut s'y exprimer.

    Mais pour revenir au crédit et aux dettes, je m'aperçois que l'histoire se répète, jamais sous la même forme, mais toujours avec la même trame. Rome s'en est finalement sortie, tout du moins, de cette crise-là, mais, les luttes sociales ont fini par l'abattre 450 ans plus tard. La différence, c'est qu'en 494 av J-C, Rome avait su innover en créant une nouvelle fonction politique et de nouvelles dispositions juridiques. Mais, à la veille de son effondrement politique sous les coups de boutoir assénés par des ambitieux de tout poil, à commencer par Jules César qui cherchait à cumuler tous les pouvoirs (tiens tiens...) c'est peut-être l'absence d'issue et d'innovations politiques qui ont finalement mis à bas la République.

    Sans être outre-mesure alarmiste, j'aperçois tout de même chez nous les prémisses inquiétants des ingréidents qui ont fait chuter la République romaine.

    Tite-Live n'a pas toujours donné des informations exactes (il faut imaginer qu'il décrit les premières révoltes à Rome presque 500 ans après les faits) mais ce qu'il rapporte, il le rapporte avec beaucoup de finesse. Et puis il un autre avantage conséquent : il a vécu l'effondrement de la République ! Il a vu donc jaucher le cycle de vie de la République Romaine et la répétition fatale des mêmes causes dans le temps. Ils pouvaient donc comparer les évènements. Certes, il s'en garde, et c'est tout à son honneur, on devine le souci d'objectivité qui est le sien, mais cela devait être certainement présent à son esprit, lui qui venait de vivre une très violente guerre civile...

  • Essence du libéralisme et clivages

    L'étiquette libérale, dans notre pays, donne souvent lieu à des quiproquos fameux, plusieurs tendances politiques se réclamant du libéralisme. La droite se réclame, dans l'ensemble du libéralisme, mais, la gauche rétorque qu'elle ne reçoit que le libéralisme politique. La cause en est que jusqu'à fort tard au XIXème siècle, il n'y a pas d'oppositions notables entre les libéraux de gauche et les libéraux de droite. Encore aujourd'hui, on cite volontiers tant à gauche qu'à droite Tocqueville et Montesquieu. Les choses vont sérieusement se gâter avec l'apparition du positivisme. Le rationnalisme intrinsèque du positivisme et la conviction qu'il puisse s'appliquer intégralement aux choses humaines, va générer un clivage notable entre libéraux de gauche et de droite. En effet, dès lors que la raison est applicable à toutes les choses humaines, rien n'empêche de faire de ces dernières l'objet d'expérimentations, et , par suite, d'expérimentations reproductibles. Sur cette base, on peut donc établir des sciences humaines. On peut dire qu'elles sont apparues avec le positivisme.

    Je poursuis (très lentement...mais sûrement !) ma lecture de la synthèse de Thierry Aimar sur l'école autrichienne d'économie. Cette école est majeure dans notre début de siècle, parce qu'elle a largement inspiré les politiques économiques de plusieurs grands pays, dont les USA, pendant les 40 dernières années, et parce que les recherches et thèses de ses plus grands représentants représentent un tournant sans précédent dans le libéralisme. En particulier, les deux grands Anciens que sont Mises et Menger récusent catégoriquement toute forme de physiologisme social. Ils utilisent certes l'outil logique, mais uniquement pour étudier l'entendement humain et ses catégories logiques. Ainsi, si des individus comme Mises et Menger en viennent à l'économie, c'est pour avoir d'abord étudié les sciences sociales. D'une certaine manière, on peut même dire que l'économie est une science sociale de droite. Tout comme la sociologie, toute empreinte de positivisme, est une science sociale de gauche.

    L'objectif d'un Menger, c'est de reconstituer le processus par lequel des comportements et des stratégies individuels aboutissent à des phénomènes collectifs complexes. La sociologie moderne commence très exactement aux antipodes de cette approche, puisqu'elle considère en premier les comportements collectifs.

    Il y a donc là une vision de l'être humain qui sépare radicalement la droite et la gauche. Et, c'est l'individu qui est au centre de ce clivage. La droite tend à faire confiance naturellement aux forces vives de l'individu, alors que la gauche, sans nécessairement s'en défier, ne le croit pas capable d'affronter le monde sans assistance. Les deux points de vue peuvent bien sûr se défendre, et, aujourd'hui, les idées de gauche et de droite se sont suffisamment inter-pénétrées pour être intégrées dans le positionnement politique et des partis de droite, et des partis de gauche. Il n'en reste pas moins que la nuance persiste.

    Mon cheminement personnel est assez significatif de ce clivage et de ce mélange. Je suis parti à gauche, et aujourd'hui, je me retrouve au centre-droit. Toutefois, au plus fort de mon engagement à gauche, j'ai toujours ressenti une gêne, comme si je ne parvenais pas à me convaincre du dogme socialiste pourtant maintes fois récité. Il tient à très peu de choses que je n'ai pas rejoint les JDS (Jeunesses Démocrates Sociales) à 20 ans : personne à l'autre bout du fil, tout simplement.

    La conscience est étrange : elle réagit d'autant plus fortement qu'elle pressent que l'esprit est altéré. Je n'ai jamais eu autant de "mauvaises pensées" qu'au tant où je mettais le cap à gauche. Les pensées droitières émergaient avec d'autant plus de force à la surface que je ne parvenais plus à les contrôler au point de choquer la "gauchitude" qui se trouvait à mon contact immédiat.

    Toutefois, mon obédience libérale demeure modérée. A cet égard, la Nouvelle UDF, métamorpjosée par la suite en MoDem,  et Bayrou ont été un cas d'école assez intéressant. L'UDF était un parti libéral. Le MoDem, sur le fond, est aussi un parti libéral. Sauf que l'UDF était un parti libéral de droite, alors que le MoDem est plutôt un parti libéral de gauche. De centre-gauche, certes, mais plutôt à gauche, quoi qu'on en dise. Mais vraiment libéral aussi. Je veux dire par là que le libéralisme du Mouvement Démocrate n'est pas un libéralisme de pacotille comme celui de Delanoë.

     

  • La belle Rama n'est plus en grâce...

    RamaYade.jpgLa belle Rama n'est plus en grâce, et c'est fort regrettable, car pour ma part, je trouve que c'est l'une des rares voix fortes et honnêtes en Sarkozie. Quand je pense que le French Doctor s'est construit une image sur une réputation d'intégrité et de défenseur des faibles...et le voilà qui attaque le Secrétariat aux droits de l'homme le jour même de leur déclaration universelle. Bernard Kouchner est décidément tombé bien bas...

    Rama Yade est honnête : elle ne souhaite pas s'investir sur une liste aux Européennes parce qu'elle n'est pas motivée pour le faire. La voilà punie par le Grand Ordonnateur : Nicolas Sarkozy laisse son ministre faire une sortie inacceptable contre elle, renonce à lui proposer le poste de Jouyet et la désigne comme tête de liste sur les sièges éjectables lors du remaniement de janvier. Ce n'est pas facile d'être intègre en politique et de résister quand on est sincèrement attaché à la défense des droits humains. J'ai trouvé bien, d'ailleurs, l'intervention de Copé qui a immédiatement contredit Kouchner et a estimé que Rama Yade avait fait son travail lorsque sa voix était divergente.

    Cela dit, au-delà de l'affaire, il y a une rélle problématique qu'il n'est pas aisé de résoudre. La nature de la diplomatie, c'est d'arrondir les angles, alors que la défense des droits humains c'est au contraire de les conserver aussi carrés que possible. Je trouve la déclaration de Kouchner mpal venue, mais je lui accorde tout de même le crédit d'avoir eu surtout cette problématique en vue quand il s'est exprimé. Je crois que ce n'est pas simple de trouver la voie moyenne entre l'efficacité et le principe. Ainsi, vaut-il mieux un tyran réintégré dans la communauté mondiale avec son cortège de crimes, mais, diplomatiquement assagi, ou bien un tyran mis au ban de la communauté mondiale mais bien déterminé à encourager la terreur sous toutes ses formes ? Peut-on s'essuyer sur l'éthique, et jusqu'à quel point ? Et quand je pose cette question, il n'y a pas d'ironie de ma part. Je suis très sérieux et ne prétends pas apporter par avance une réponse convenue. Dans les premiers temps, Sarkozy a semblé s'orienter vers une politique d'efficacité (à ne pas confondre avec la real-politik dont le moteur est le cynisme), notamment avec les otages en Afghanistan, au tout début de son mandat, puis en Lybie, avec les infirmières bulgares. Jusque là, on pouvait discuter de la méhode et de sa pertinence. Dès lors qu'il s'est vu en VRP des usines d'armement (ou autres) et non en Président de la République Française, il a modifié la nature de son action diplomatique.

    Je pouvais comprendre son désir d'efficacité en Lybie et en Afghanistan. Mais, quand ils 'agit de signer des contrats commerciaux,  il n'est pas nécessaire d'abandonner le droit et la morale : il y a d'autres moyens de pression. La France est une puissance commerciale. L'Europe aussi. Nous n'avons pas vocation à nous incliner devant les tyrans parce qu'ils ont des liquidités et des matières premières. Leurs matières premières, il faut qu'ils les vendent. Or, et l'Europe et la France ont, en réalité, avec de la volonté, les moyens de trouver des produits de synthèse. Donc, on peut très bien utiliser l'arme commerciale pour faire pression sur les dictatures sans pour autant dérouler le tapis rouge à leurs chefs.

    Nicolas Sarkozy n'a pas fait ce choix, sans doute parce qu'il est plus subtil et plus complexe à mettre en place, et je le lui reproche. Si Rama Yade est évincée aujourd'hui, c'est la conséquence de ce renoncement.

  • Bayrou ou le calvaire d'un député non-inscrit

    Cela fait plusieurs jours que j'ai repéré un excellent billet sur le blog de Nick Carraway à propos des députés non-inscrits et de leur difficulté à faire entendre leur voix. Alors je le relaie, parce que là, chapeau pour l'analyse ; c'est vaiment un billet qui apporte beaucoup au débat sur la présence des députés à l'Assemblée Nationale. Nick Carraway répondait à Authueil qui avait critiqué Bayrou pour son absence lors du vote sur le plan de financement de la sécurité sociale.

    Quelques extraits, mais il faut lire absolument l'article en entier :

    « Objectivement, la situation des non-inscrits et leurs conditions de travail sont difficiles. Ils ne bénéficient pas des moyens logistiques des députés inscrits ou apparentés à des groupes parlementaires. Ils ne peuvent pas non plus déposer de motions de censure, sauf à trouver des co-signataires : difficile quand on sait que le dépôt de motions de censure procèdent de logiques de parti. Surtout, ils ont un temps de parole très limité en séance.»

    La question de la motion de censure a été illustrée par le refus des Socialistes de s'opposer à la loi sur l'audiovisuel. Et Nick Carraway a écrit son billet avant la proposition de Bayrou...

    A l'argument qui consistait à reprocher à Bayrou de n'avoir commis aucune proposition de loi (c'est ce que dit Authueil) :

    « les questions écrites sont rarement comminatoires : les ministres concernés peuvent y répondre ou non, et quand ils souhaitent. Les questions au gouvernement, dont le pif-paf est quasi immédiat, sont presque interdites aux députés non-inscrits : pour avoir d’interpeller un ministre un mercredi devant les caméras, même si l’on s’appelle François Bayrou, c’est la croix et la bannière ! Souvent, et je tiens cette information de collègues assistants parlementaires de députés non-inscrits, on impose aux députés de prévoir leurs questions un mois à l’avance. En clair : si l’on ne veut pas avoir un mois de retard sur les événements, il faut prévoir les événements à l’avance. François Bayrou aurait dû prévoir dans le courant du mois de septembre que la Marseillaise serait sifflée lors de France-Tunisie pour pouvoir interpeller Bernard Laporte ! »

    «Pour qu’une proposition de loi d’un non-inscrit passe, il faut qu’elle soit soutenue par plusieurs collègues. Avec trois députés, où François Bayrou irait-il chercher ses collègues ? A droite et à gauche : et immanquablement on se jetterait dessus comme sur un vieil os à moelle pour dire : « Ça y est, il s’allie avec la gauche ! », « Oh ! il retourne à ses premières amours ! ». A son crédit, il faut cependant noter qu’à défaut de propositions de loi, François Bayrou a déposé de nombreux amendements sur les grands sujets évoqués par l’Assemblée au cours de la précédente session, et notamment sur la réforme des institutions.

    Quel intérêt pour François Bayrou à faire le tacheron à l’Assemblée lorsqu’on sait à l’avance que cela passera à la poubelle ? Contrairement à ce que les mauvaises langues veulent faire croire, François Bayrou ne délaisse pas totalement son rôle de député : étant membre de la Commission des Finances, il y siège parfois, et je doute que son absence soit infiniment plus supérieure à celle de la moyenne des autres députés. On l’a même vu au moment de l’affaire Tapie prendre la parole.»

    C'est extrêmement bien dit et juste. Nick Carraway poursuit par une réflexion sur le rôle du député dont je considère aussi la lecture, et que, à mon avis, il faut mettre en perspective avec l'article de Rubin Sfadj et de Quitterie Delmas sur l'absentéisme des députés. Il distingue notamment deux caractéristiques essentielles de la députation : la représentation populaire et la législation. Or, du point de vue de Nick, ces deux fonctions sont difficilement compatibles. Mais le mieux, une nouvelle fois, est d'aller lire son article...

  • Les "jeunes" du PS

    De l'entretien de Vincent Peillon au JDD, j'ai retenu ceci :

    «Jean-Christophe Cambadélis, Claude Bartolone, Michel Sapin, Elisabeth Guigou, Marilyse Lebranchu sont des gens de qualité mais ne me paraissent pas incarner le renouvellement. Quand aux "vrais jeunes", ce sont tous d'anciens présidents de l'Unef-ID (syndicat étudiant) et des MJS (Mouvement des jeunes socialistes). Je vois ça plutôt comme un repli que comme une ouverture sur la société réelle, bref une occasion ratée. »

    En tant qu'ancien adhérent de l'UNEF-ID, je peux tout à fait confirmer ce qu'il dit. C'est d'ailleurs le problème au PS. La génération montante (celle qui prend le pouvoir actuellement, du moins) est faite de démagogues, de tacticiens et d'apparatchiks. A la fac, j'avais fini par lâcher l'UNEF-ID et avais finalement préféré l'UNEF (certes plus à gauche mais moins tordue), c'est dire...Il n'y avait pas de FAGE là où j'étais.

  • L'extrême-gauche monte en puissance !

    Je viens de prendre connaissance du dernier sondage IFOP sur les intentions de vote aux Européennes. Quand je totalise le PC, LO et le NPA de Besancenot, j'arrive à 16%. Si l'on considère, qu'il y a Bové chez les Verts, on peut bien se dire qu'un bon tiers se trouve plus à l'aise avec la gauche extrême qu'avec la gauche socialiste et/ou social-démocrate. Ça craint ! Cela veut dire aussi qu'il est grand temps de venir affronter idéologiquement l'extrême-gauche de face, parce que ce que je vois, moi, c'est qu'elle est à 20% !!!

    Ce qui est positif, si cela se confirme, c'est que le MoDem est à 12%. Mais, on ne peut pas laisser l'extrêm-gauche donner une image complètement fausse de l'économie de marché et de l'Europe sans réagir. Il faut démasquer les impostures et montrer une bonne fois pour toutes ce qu'engendrent les recettes marxistes. J'ajoute que cela ne va pas être tâché aisée, car il faudra trouver des formules fortes. Je crois que la classe politique traditionnelle ne prend pas les néo-marxistes, alter-mondialistes et trotkistes au sérieux, et elle a tout à fait tort. Nous sommes en temps de crise, et la crise profite généralement aux extrêmes. Si l'on compte que Villiers et le FN totalisent 11%, on observe qu'un tiers de l'électorat français est prêt à se porter sur les extrêmes. Il va falloir réagir et au plus vite.

  • Mon Jean (Dionis) tenté par l'indépendance !

    Il y a des jours, comme ça, j'ai du mal à le suivre, Mon Jean. Tantôt Dionis affirme que la réforme de l'audiovisuel est très mauvaise et que les fonds perdus par l'absence de pub ne doivent pas être récupérés par une taxe, un autre il déclare qu'il faut taxer les possesseurs d'un ordinateur parce que l'on peut regarder la télévision. En réalité, ce qui serait fondé, c'est de taxer l'abonnement à un bouquet de chaîne, dans un tel cas, et non le fait de posséder un ordinateur moderne.

    Il s'élève aussi contre le travail dominical pour exactement les mêmes raisons que Bayrou et admet même qu'il existe un fonds centriste commun. Encore un effort, Mon Jean, et tu y es presque. Notamment, Dionis appelle à ne pas vivre ad vitam aeternam la coupure de la présidentielle, ce en quoi je lui donne raison. Il n'y a pas longtemps, je lisais la charte des valeurs du Nouveau Centre, et en effet, je n'y voyais rien à redire. Cela dit, depuis la présidentielle, les choses ont évolué : l'UDF s'est transformé en un parti démocrate comme il en existe dans plusieurs grands pays. Le Nouveau Centre est-il soluble dans une tendance politique de ce type ? je pense que oui. En tout cas, si le Nouveau centre est logique, il devrait commencer par choisir, aux prochaines européennes, de rejoindre non le PPE mais l'ADLE, tout comme le MoDem.

    J'ajoute que des ententes entre MoDem et Nouveau centre seraient plus aisées si Sauvadet cessait d'attaquer Bayrou à tout va et si ce parti faisait ce qu'il avait promis de faire initialement, c'est à dire peser sur la majorité et au minimum refuser de voter les textes dans lesquels il ne se reconnaît pas.

    Le problème, c'est que je parie que le Nouveau Centre n'aura jamais le courage de faire ce que l'UDF a fait de 2002 à 2007, parce que c'est ce que l'on aurait pu attendre de lui, puisqu'il se déclare héritier de l'UDF lui aussi. On est loin du compte pour l'instant...Mais, en ce qui me concerne, je ne perds pas espoir, sait-on jamais.