Rachida Dati étonne souvent la sphère politique par ses "écarts" réguliers. On la voit dans des magazine people dans des robes conçues par des couturiers prestigieux, avec une bague précieuse au doigt et, souvent, elle défraie la chronique par des déclarations à l'emporte-pièce, pas toujours dans le champ politique, au demeurant.
La dernière en date, qui circule pour l'instant à l'état de rumeur, c'est qu'elle envisagerait de partir vivre à l'étranger avec le père de son enfant. Au sujet de ce dernier, elle a expliqué, par le passé, qu'elle avait une vie sentimentale compliquée. Je ne sais pas qui est le père, mais je comprends de ce commentaire que révéler son nom se serait certainement avéré gênant pour une Garde des Sceaux. Peut-être est-ce un homme marié, ou quelque chose de ce genre.
Quoi qu'il en soit, je vois souvent des commentaires sarcastiques sur Rachida Dati, tant dans la presse que sur la Toile, et ce, d'autant plus qu'elle n'est plus en odeur de sainteté auprès de Nicolas Sarkozy, ces derniers temps.
Je ne trouve pas incohérente Rachida Dati, au contraire, il y a une certaine cohérence dans sa trajectoire. Mais, on ne peut pas en comprendre le sens si l'on ne se rappelle pas d'où elle vient, et ce que sont des rêves de petite fille. D'origine très modeste, elle a du batailler très dur pour poursuivre ses études parmi, sans doute, des camarades de classe venus de milieux plus riches. Certes, ses parents ont souhaité à l'évidence qu'elle aille loin, et se sont certainement sacrifiés pour leurs enfants, en tout cas, au moins pour elle. Onze enfants et parvenir à envoyer sans doute plusieurs de leurs enfants dans un établissement privé, avec des revenus modestes, cela relève de l'exploit.
Il n'en reste pas moins que sa famille a exercé une forte pression pour la faire malgré tout revenir à l'idée qu'elle se faisait d'une femme. C'est ce qui explique le premier mariage (presqu'aussitôt annulé) de Rachida Dati. C'est aussi, sans doute, ce qui explique ses difficultés dans les études supérieures (échec à l'entrée de l'école de médecine, maîtrise obtenue avec un mention passable, abandon de son MBA).
De là, sans doute, aussi, la nécessité pour elle de travailler pour faire ses études. Elle a ainsi pu éprouver à quel point il est mission impossible, pour un étudiant-travailleur, de poursuivre ses études dans des conditions correctes.
In fine, ce n'est pas ses études mais la politique qui a façonné son réseau et qui lui a permis son ascension.
Le pouvoir, la richesse, le luxe, la reconnaissance sociale, un prince charmant, voilà autant de rêves qu'a pu faire Rachida Dati quand elle était enfant, et c'est sans doute à l'aune de ces rêves-là qu'il faut comprendre son parcours.
Ainsi, annoncer vouloir partir vivre à l'étranger n'a rien d'insensé si on jauge cette déclaration non au regard d'une carrière politique, mais de ses propres rêves. En outre, si elle s'estime sur la sellette lors du prochain remaniement ministériel, elle n'a finalement rien à perdre.
En somme, tous les atours et les ornements du luxe ne correspondent pas exactement à un tempérament frivole, comme on a pu le lire, çà et là, mais, plus vraisemblablement, à la réalisation de ses rêves d'enfant et à sa représentation du luxe.
Tout comme Nicolas Sarkozy, Rachida Dati fait partie des êtres qui ont eu une revanche à prendre sur la vie, sur leur passé, et, d'ailleurs, c'est sans doute pour cela qu'ils se se sont reconnus mutuellement et qu'ils accordent dans le fond aussi peu de place à la tradition, tout en s'y montrant fort attachés sur la forme (car cela leur donne des repères, et souvent l'apparence du fond, fond qui leur manque, précisément).