Je me posais dimanche dernier des questions sur le devenir de l'ADLE. J'ai des réponses, et elles me viennent en direct et en exclusivité de Marielle de Sarnez avec laquelle j'ai eu un entretien téléphonique d'une heure sur le sujet.
ADLE will survive ! Non seulement l'ADLE perdurera, mais, mieux, elle escompte s'élargir progressivement. Marielle m'a fait une genèse de l'ADLE très éclairante. J'ai écrit que l'ADLE ressemblait à l'UDF, mais, en fait, je me suis trompé, par ignorance de certains faits : en réalité, les constitutions respectives de l'ADLE et du PDE ont largement préfiguré celle du MoDem en France. Marielle m'a rapporté que François Bayrou a beaucoup insisté auprès des élus UDF de l'époque pour rentrer dans l'ADLE alors que ces derniers, à une large majorité, voulaient demeurer au sein du PPE. Je comprends mieux, de ce fait, pourquoi le Nouveau Centre s'est d'office inscrit au sein du PPE. Ceci explique cela...Moi qui croyais logique leur adhésion à l'ADLE, je réalise que je me suis complètement trompé sur leur compte...
Avec l'ADLE et particulièrement le PDE, pour la première fois, une force centrale et alternative voyait le jour en Europe, interrompant le face-à-face récurrent entre socialistes et conservateurs. Le MoDem qui tente de se frayer un chemin entre le PS et l'UMP a suivi exactement la même voie. En fait, quand j'y réfléchis, et je crois qu'un lecteur avait fait l'observation dans mon article sur l'ADLE, il y a une logique à l'oeuvre depuis Force Démocrate, et le MoDem, au niveau national, est l'aboutissement de cette logique.
En ce qui concerne les prises de position de plusieurs leaders de l'ADLE en faveur du PPE, j'ai la clef du mystère : il s'agit de déclarations essentiellement tactiques. Une scission de l'ADLE n'est en aucune manière envisagée, pas même en pensée. Ce serait d'ailleurs suicidaire quand on considère ce qu'apporte logistiquement et politiquement un groupe au Parlement Européen. Non, le fond de tout cela, c'est le désir de Graham Watson, le lib-dem britannique de se présenter à la présidence de la Commission européenne ; d'après ce que j'ai compris, il a pris contact à la fois avec le PSE et le PPE. Le PSE l'a envoyé paître pour dire clairement les choses, et le PPE n'a pas répondu. Donc, en gros, on peut considérer les dernières déclarations de ces membres éminents de l'ADLE comme des sondes, voire, encore plus prosaïquement, des propos à usage local (en fonction des accords politiques en cours dans chaque pays).
Il y a évidemment des débats sur la tactique à adopter, et le PDE a sa propre solution, solution que j'exposais récemment. Le PDE, parlons-en donc : je sais qu'un certain nombre de démocrates se posent la question de savoir [EDIT, merci Arnaud]ce que vont faire la Margarita et la DS. Il y a parmi nos alliés italiens, une sourde lutte d'influence entre Veltroni (DS) et Rutelli(Margarita), le premier cherchant à faire glisser le centre-gauche italien vers le PSE, et le premier souhaitant préserver son autonomie au sein du PDE et de l'ADLE. On peut comprendre ainsi certains tiraillements et silences. Au passage, Marielle m'a fait l'éloge de Guy Verhofstadt, le leader du VLD (parti libéral-démocrate en Belgique). Il faut dire que l'individu a une expérience très intéressante puisqu'il a dirigé une coalition arc-en-ciel (libéraux, socialistes et écologistes) dans le plat pays. Il a réédité l'exploit en étant à la tête, pendant la crise en Belgique, d'une coalition encore plus large (démocrates-chrétiens, libéraux et socialistes).J'exprime une opinion personnelle, car Marielle ne m'a rien dit sur ce point, en pensant qu'une telle candidature ne déplairait pas forcément à certains élus verts et socialistes. Et en revanche, ce que m'a dit Marielle, c'est qu'il y avait des députés libéraux, conservateurs et socialistes qui ne disaient rien mais qui pensaient très fort, à propos de Barroso...
In fine, Marielle n'a rien, ad hominem, contre Barroso, mais comme Président de la Commission, elle lui reproche d'avoir très mal géré les crises que l'Europe a eu à affronter, particulièrement la crise financière. Elle estime qu'il l'a dirigée comme un premier ministre et non comme un Président.
P.S Je sais qu'elle m'a livré un scoop, mais nom de Zeus, je ne parviens à me rappeler quoi exactement, j'ai un trou de mémoire. Si jamais je m'en souviens (j'ai le souvenir que c'est un truc important, mais quoi ???!) promis, je fais un EDIT sur le blog et je lâche l'info. Si vous me posez des questions dans les commentaires, ça va me revenir peut-être...