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  • Vous faites une erreur tactique, Rama Yade...

    Yade.jpgEt voilà, Estrosi se lâche. Les droits de l'homme, c'est une "valeur ajoutée". Eh bien non, Monsieur Estrosi : les droits de l'homme, c'est un préalable. On ne vivrait pas en démocratie s'ils n'existaient pas. Rama Yade a fâché très fort Nicolas Sarkozy, manifestement, puisque ses sbires sont encouragés à l'attaquer.

    Cela dit, j'ai tout de même une petite remarque à sa décharge : il est vrai qu'il faut avoir le courage d'affronter le suffrage universel, et, vraisemblablement, Nicolas Sarkozy ne ment pas quand il déclare en privé avoir voulu lui faire un cadeau en lui offrant la tête de liste UMP pour les Européennes en île de France.

    Cette affaire m'en rappelle une autre, une sorte de mini-tempête qui avait secoué la blogosphère parisienne du MoDem  lors des élections législatives de 2007... Ah, ces jeunes femmes qui ne veulent pas entendre raison et qui préfèrent n'en faire qu'à leur tête... :-)

    Je comprends les motivations de Rama Yade, mais, sur l'aspect politique de la chose, elle a tort. Elle a tort de refuser une pareille occasion. Sarkozy ne se trompe pas en pensant que Rama Yade serait certainement devenue une "star" au sein du Parlement Européen. Je pense en effet qu'elle aurait pu y faire fortement entendre sa voix, au lieu d'avoir un Kouchner dans les pattes en permanence.

    Je pense qu'elle fait une erreur tactique. De plus, il est absolument essentiel, en politique, d'avoir la légitimité qu'apporte le suffrage populaire. or, à une élection proportionnelle comme les Européennes, c'était une occasion de l'obtenir sans grand risque, sauf à se ramasser complètement.

    Vous vous trompez, belle et charmante Rama Yade. Moi je craque chaque fois que je la vois :-)  et d'ailleurs, si je n'étais pas aussi impliqué au MoDem et qu'il n'y avait pas Marielle, voilà quelqu'un qui aurait pu avoir ma voix en juin prochain. Vous vous trompez, donc, disais-je, et si vous persistez dans une posture, aussi éthique soit-elle, vos idéaux ne progresseront pas.

  • Le citoyen d'honneur ne doit pas être un objet politique non-identifié

    Une fois encore, je rapporte l'excellent commentaire de Nicolas 007 (jai gagné un commentateur de très grande qualité) à propos de l'affaire Gilad Shalit (un franco-israélien) - Salah Hamouri (un franco-palestinien). Je rappelle les faits : le Conseil de Paris a décidé de faire du premier un citoyen d'honneur de Paris. Les Verts ont répliqué en proposant de faire du second un citoyen d'honneur de la ville. Je m'étais indigné, dans un billet précédent, parce que Salah Hamouri est impliqué dans une tentative d'assassinat pour une organisation terroriste en Israël. Je précise que les deux sont ont une double nationalité dont une composante est française. Il y a eu de sréactions très violentes à la suite de mon article. Mais j'ai trouvé particulièrement sensée celle de l'avisé Nicolas007, et j'en rends donc compte ici.

    «Une première remarque sur les commentaires plus que sur le billet :
    Je suis toujours effaré voire atterré de la violence des réactions lorsqu’on évoque des sujets qui d’une manière ou d’une autre touchent à Israel et à la Palestine. On a l’impression qu’il n’est pas possible de les aborder avec un minimum de sérénité, c’est bien dommage dans une démocratie !
    D’une manière générale, je trouve inadmissible que sur la base de critères politiques on déclare à tout va des « citoyen d’honneur de la ville de Paris » !
    Un jour c’est Ingrid Betancourt, un autre c’est le Dalai lama, encore un autre un dissident chinois et puis voila un franco-Israélien … il faut que nos élus arrêtent de se faire plaisir en distribuant les distinctions au gré de leurs humeurs politiques ou de celles de l’opinion !
    C’est exactement comme la légion d’honneur qui est devenue une breloque distribuée généreusement par les gouvernants à tous leurs copains ou pour faire plaisir à leurs copains contribuant ainsi à la formation d’une cour de quémandeurs d’honneurs prêts à une éternelle reconnaissance vis-à-vis du Prince.
    D’autant plus qu’immanquablement ces choix prêtent à polémiques avec des « pourquoi lui et pas tel autre » qui amènent évidemment à demander des compensations et on en sort plus !

    Quand aux Verts, il y a bien longtemps qu’ils ne font plus illusion en tant que parti écologique. Beaucoup de leurs positions relèvent plus d’un dogmatisme gauchisant et d'une contestation systématique que d’une réelle démarche « écologique». D’ailleurs ils voulaient s’allier avec les Communistes pour former un Groupe à l’Assemblée. Leur proposition n’a donc rien d’étonnant !»

     

  • LHC, l'autre blogosphère

    J'ai eu le très grand plaisir, tout récemment, d'être accepté dans un nouveau réseau de blogs. Il s'agit du réseau LHC. Voici comment LHC définit sa charte éthique :

    • Liberté d’expression : Droit pour tout individu de communiquer une opinion.
    • Esprit Critique : Capacité de l’esprit à juger un être, une chose à sa juste valeur, après avoir discerné ses mérites et défauts, ses qualités et imperfections. − En partic. Esprit de libre examen qui, dans ses jugements, écarte, rejette l’autorité des dogmes, des conventions, des préjugés.
    • Humanisme : Attitude philosophique qui tient l’homme pour la valeur suprême et revendique pour chaque homme la possibilité d’épanouir librement son humanité, ses facultés proprement humaines.

    J'ai trouvé évidemment très à mon goût une telle charte, d'autant que je suivais déjà un certain nombre de blogs LHC. Globalement, les blogs LHC sont libéraux, et plutôt à droite. Pour moi, c'est un vrain régal que de découvrir une autre forme de pensée, différente de la sphère démocrate. Non pas que le réseau démocrate soit inintéressant (on y trouve en maints lieux des articles de grande qualité) mais, il se cantonne trop souvent au sociétal, à l'humanitaire, et à la critique systématique de l'action gouvernementale ou de la présidence.

    Découvrir LHC, c'est avoir l'opportunité de débats d'idées passionnants avec des gens qui ne pensent pas nécessairement comme vous. Trop souvent, la sphère démocrate apparaît comme une sorte de Left Blogs light. Elle gagnerait à se démarquer et à élaborer une démarche et une pensée originales, ces dernières ne s'esquissant, à l'heure actuelle, qu'à l'état d'ébauche. Notamment, soutenir François Bayrou, cela ne signifie pas être systématiquement à sa remorque sur sa critique sarkozyste. François Bayrou a bien des qualités, mais, sa contestation systématique de la Présidence devient parfois agaçante, et je préfère nettement la modération de Marielle de Sarnez sur le sujet.

    Je pense en particulier que le discours démocrate actuel face à la mondialisation et au libéralisme est à repenser. De ce point de vue, j'ai beaucoup apprécié la déclaration de candidature de Gilles Artigues. Voilà qui a remis les pendules à l'heure.

    Pour revenir à LHC, j'invite vraiment les démocrates à se rendre sur les blogs membres de ce réseau. Je tends à penser que nous avons des points communs avec les libéraux. Nous avons aussi des divergences. C'est donc une occasion de nous comparer, de nous mesurer, et de débattre avec des individus de qualité.

  • Marielle de Sarnez réagit au discours de clôture de Nicolas Sarkozy

    Sarnez.jpgIntervenant mercredi 17 décembre en session plénière du Parlement européen réuni à Strasbourg, en réaction au discours de clôture de Nicolas Sarkozy, au terme de la présidence française du Conseil de l'UE, Marielle de Sarnez, eurodéputée, vice-présidente du Mouvement Démocrate, a déclaré:

    "Crise régionale, financière, économique, sociale, climatique, l'agenda du monde a bousculé la présidence française. Celle-ci a su y répondre et sous votre impulsion, la présidence française a été à la hauteur des enjeux. Et je crois qu'il est juste et utile de le dire. (lire la suite)

    Mais il est utile aussi que nous regardions tous ensemble ce qui nous reste  à accomplir pour que les réponses à ces crises soient aussi complètes que possible.

    Nous avons réagi de façon coordonnée et plutôt bien inspirée à la crise financière. Mais nous devons maintenant, me semble t-il, passer aux actes et poser les premières pierres d’un système  mondial. Pas seulement en matière de régulation. L’affaire Madoff démontre à l’évidence que l’on a besoin aussi de contrôle et de sanctions.  Il nous faut un régulateur européen. Il nous faudra un jour un parquet européen.

    De même il nous reste beaucoup à faire pour répondre à la crise économique et sociale. Le plan européen, vous le savez bien, est malheureusement bien en deçà du futur plan américain.  Nous avons besoin de grands  projets d’innovation, de recherche, d’infrastructures, d’adaptation au durable.  Cette question doit être sur l'agenda européen pour les prochains mois, et il  nous faudra également  tirer les enseignements de cette crise pour l’avenir. En travaillant à une meilleure cohérence financière et monétaire, notamment au sein de la zone euro. Ce qui aidera à lever les malentendus entre la France et l’Allemagne. En se créant des marges de manœuvres, qui sont bien utiles en période de récession, et quand la croissance sera de retour. Et en recentrant le rôle de la Commission qui ne doit en aucun cas abandonner son droit d’initiative.

    Enfin, nous avons trouvé un compromis sur la crise climatique. Mais je regrette qu’il laisse de côté, pour le moment, la question cruciale de l’aide aux pays en voie de développement qui eux ne cessent de subir les conséquences d’un dérèglement climatique dans le monde, dont ils ne sont en aucun cas responsables.

    Sur toutes ces questions, je forme le voeu que l'Europe soit demain à la hauteur des attentes de nos concitoyens."

  • A Paris, les Verts réclament la citoyenneté d'honneur pour un terroriste !

    Les Verts passent souvent pour de doux, sympathiques et gentils écologistes. Je m'échine à dire depuis longtemps qu'en leur sein, on trouve nombre de gaucho-alter-tiers-mondites de l'espèce la plus démago qui soit.

    A en croire Claude Goasguen sur son blog, leur dernière lubie est de proposer ni plus ni moins la citoyenneté d'honneur parisienne à un franco-palestinien impliqué dans un projet d'assassinat d'un rabin israélien. A la base, le Conseil de Paris a décidé de faire citoyen d'honneur un jeune soldat franco-israélien aux mains du Hezbollah depuis 2006, Gilad Shalit. Les Verts ont joué la surenchère, mais ils ont mal choisi leur candidat. Ils on en effet émis le voeu de faire citoyen d'honneur de Paris, Salah Hamouri, un franco-palestinien impliqué dans une tentative d'assassinat et des activités terroristes. Il s'agit d'un membre du FPLP. Bien que l'organisation ne soit pas sur le liste des mouvements terroristes établis par l'ONU, elle a tout  de même procédé à des assassinats d'enfants en Israël par le passé.

    La conception de la démocratie de nos pseudo-écolos parisiens est viciée de longue date,pourris jusqu'à la moëlle  qu'ils sont, par leur gauchisme tiers-mondiste.

    Ce qui m'étonne, c'est que la presse n'ait pas relevé un écart aussi gros et aussi indigne. Me voilà à réparer ce manquement de poids.

    J'aimerais bien interpeler Cohn-Bendit et Bové, mais aussi la juge Eva Joly, qui se targue de justice et de droiture, sur ce sujet, afin de leur demander s'ils approuvent ou non un tel voeu...

    En tout cas, pour moi, comme simple citoyen, il ne serait pas envisageable de voter à quelqu'élection que ce soit pour des individus qui demandent d'honorer publiquement un individu suspecté de tentative d'assassinat.

    Bien sûr, des organisations militent pour obtenir la libération de Salah Hamoudi, mais je note que ce sont soit des partis marxistes, soit des organisations d'amitié franco-palestiniennes, généralement marxisantes.

    In fine, ceci ne signifie pas que je suis satisfait des conditions dans lesquelles s'est déroulé le procès de Salah Hamouri, mais de là à en faire un citoyen d'honneur...sans moi, non merci.

  • La stratégie européenne et mondiale du PDE

    Toujours en exclusivité, la feuille de route du Parti Démocrate Européen (auquel appartient le MoDem). Le thème en est cette fois l'appréhension des défis extérieurs pour l'Europe.

    Le processus d’élargissement de l’Europe a créé une dimension tout à fait nouvelle qui exige une nouvelle action vers l’extérieur.
    Tout comme pour l’économie, les menaces contre la sécurité sont aujourd'hui mondiales.


    Ainsi l’Union Européenne doit mettre au point une stratégie de sécurité en trois points :

    • étendre la zone de sécurité autour de l’Europe, créant un cercle de pays amis aux frontières orientales, dans le Caucase et autour de la Méditerranée ;
    • encourager l’apparition d’un ordre international plus stable et plus équitable en augmentant l’efficacité du multilatéralisme ;
    • consolider son rôle d’acteur mondial en matière de sauvegarde et de rétablissement de la paix en augmentant les missions internationales de l’Union Européenne.

    Nous devons opter pour la puissance démocratique européenne, surmontant la fausse opposition entre puissance civile et puissance militaire.
    Une nouvelle politique de puissance est essentielle pour exister en tant qu'entité politique internationale.

    Une puissance au service de la paix et de nos valeurs fondamentales.

    Une puissance capable d'assurer nos responsabilités de pilier européen dans l'Alliance atlantique et d'acteur stratégique dans le monde multipolaire.

    Une puissance qui exige une intégration progressive des budgets, des dépenses et des forces armées des États européens, seule voie pour exister comme acteur politique, pour être crédibles et pour assumer nos responsabilités pour la sécurité dans le nouveau monde multipolaire.
    Face aux défis devenus mondiaux, en matière de sécurité aussi il nous faut des réponses collectives.
    Nous devons, d’une seule voix, et en coopération avec les Nations Unies, jouer un rôle actif sur la scène internationale, ceci également en passant par la création de forces militaires permanentes de paix européennes, sur la base de la Charte des Nations-Unies.
    Nous sommes en faveur d’une représentation unitaire des intérêts et des objectifs communs, y compris en politique étrangère, à commencer par l’objectif d’un siège unique européen au Conseil de sécurité des Nations Unies.
    Nous croyons fortement que les principes qui fondent l’Union sont la condition préliminaire à la paix et à la démocratie, et que pour cette raison il faut les exporter dans tous les pays.
    Pour que tout ceci soit efficace, nous devrons avancer de concert avec des groupes de pays qui le veulent et qui en sont capables.
    Nous devons travailler suivant la méthode des coopérations renforcées : ceux qui croient en un rôle mondial de l’Union, y compris en politique étrangère, doivent pouvoir progresser et avancer dans cette direction.
    Nous devrons donc construire des avant-gardes de pays pour une politique de défense européenne plus efficace et plus intégrée.
    Nous devons poursuivre l’unification pacifique du continent européen et réaliser ensemble avec nos voisins une grande région politique et économique.
    Nous sommes convaincus que la stabilité politique porte la prospérité et la sécurité, et pour cette raison nous croyons absolument que la Croatie et l’ensemble des Balkans occidentaux devront rapidement adhérer à l’Union Européenne.
    Le dialogue avec la Turquie doit se poursuivre dans la perspective d’une solution qui corresponde vraiment aux intérêts et aux besoins des Européens et des Turcs.
    Le modèle européen peut et doit constituer la base de solutions politiques durables pour les problèmes de la Méditerranée, du Moyen Orient.

    Il nous faut enfin affronter le sujet de la gouvernance économique euro-méditerranéenne, pour passer de la logique du libre échange à celle de l’intégration économique.

    Dans une compétition mondiale qui s'intensifie toujours plus, l’Europe et les pays du Sud de la Méditerranée partagent un grand intérêt : définir ensemble une stratégie de développement durable et se doter des instruments politiques pour la réaliser.

    Le modèle et l’expérience européens doivent également être au service de la stabilisation et du développement des pays proches. Il nous faut à cette fin renforcer le partenariat avec les pays voisins de l’Union en vue de renforcer un dialogue sur la base de la démocratie, de la sécurité, de l’énergie, des droits humains et intensifier la coopération régionale autour de la mer Noire et de la mer Baltique.

    Le processus de coopération doit passer à un stade nouveau : égale dignité entre l’Europe et les pays voisins.
    Parité de vision, de préparation de projets, de processus décisionnel, de gouvernance.

    Pour toutes les régions voisines il nous faudra concevoir des initiatives pour la sécurité et la stabilité, un co-développement durable, la sécurité énergétique et les politiques agroalimentaires et rurales, la gestion des flux migratoires et la lutte contre le trafic des êtres humains.

    Le dialogue européen avec la Russie doit se poursuivre d'une voix unique, mais sans aucune concession sur les principes et les valeurs démocratiques qui sont à la base de l’Union Européenne et que nous devons défendre dans toutes les zones voisines, notamment en promouvant une conférence pour la sécurité et la coopération du Caucase.

  • Droits de l'homme : Ben Ali et consorts se moquent du monde !

    Quand on évoque les mots Tunisie ou Ben Ali devant moi, je pense automatiquement au mot "torture". Voilà un réflexe que je ne suis pas le seul à avoir et qui devrait interpeler non seulement le pouvoir tunisien, dont la nature despotique est de plus en plus insupportable, mais également les pays Européens, et au premier chef la France, dont la complaisance devient intolérable.

    En réalité, la France, et sans doute d'autres pays Européens, raisonnent avec la Tunisie comme les Américains l'ont fait avec l'Amérique du Sud dans les années 70. Tout pourvu que le marxisme fut endigué. Aujourd'hui, dans le Bassin méditerranéen, tout pourvu que l'Islamisme soit endigué.

    C'est un très mauvais calcul. Croit-on un seul instant que les droits de la femme soient respectés, en Tunisie, quand elles sont torturées et violées de manière systématique dans les sombres cachots de la police tunisienne ? Suffit-il qu'une nation se pare des oripeaux de la laïcité pour devenir crédible ? UN journaliste de l'Express a écrit «plutôt Ben Ali que Ben Laden». Il aura les deux. Réflexion d'une idiotie crasse. Il ne s'agit pas de renverser Ben Ali (ça, ce sera les Tunisiens qui le feront s'ils le désirent) mais de le contraindre par des pressions diplomatiques et économiques à cesser ses crimes odieux.

    Je salue la justice française et l'intelligence des juges qui enfin ont mis fin à l'impunité absolue et insupportable des tortionnaires les plus gradés du despotique régime tunisien. Ben Ali ne torture pas que les Islamistes, il torture tous ses opposants sans distinction. Et même s'il ne visait que les intégristes, ce ne serait pas tolérable pour autant. Nous devons en finir avec la complaisance coupable qui est la nôtre et ne pas hésiter à faire économiquement pression pour contraindre ce régime à respecter un minimum de droits humains.

    La justice tunisienne est une parodie de justice, une triste farce qui ne mérite que le mépris le plus avéré. A preuve l'infâme condamnation de syndicalistes tunisiens qui dénoncent les conditions indignes dans lesquelles ils vivent.

    Il paraît que Nicolas Sarkozy compte entreprendre une visite d'État en Tunisie. Il serait temps de commencer à parler de choses sérieuses, à commencer par les frasques du clan Ben Ali en France. Bien sûr, on comprend que Nicolas Sarkozy aimerait bien disposer du soutien de Ben Ali pour son projet Union Méditerranéenne. On comprend mieux la sortie récente de Bernard Kouchner sur l'inutilité supposé de Rama Yade et des droits de l'homme...

  • Rachida Dati

    Dati.jpgRachida Dati étonne souvent la sphère politique par ses "écarts" réguliers. On la voit dans des magazine people dans des robes conçues par des couturiers prestigieux, avec une bague précieuse au doigt et, souvent, elle défraie la chronique par des déclarations à l'emporte-pièce, pas toujours dans le champ politique, au demeurant.

    La dernière en date, qui circule pour l'instant à l'état de rumeur, c'est qu'elle envisagerait de partir vivre à l'étranger avec le père de son enfant. Au sujet de ce dernier, elle a expliqué, par le passé, qu'elle avait une vie sentimentale compliquée. Je ne sais pas qui est le père, mais je comprends de ce commentaire que révéler son nom se serait certainement avéré gênant pour une Garde des Sceaux. Peut-être est-ce un homme marié, ou quelque chose de ce genre.

    Quoi qu'il en soit, je vois souvent des commentaires sarcastiques sur Rachida Dati, tant dans la presse que sur la Toile, et ce, d'autant plus qu'elle n'est plus en odeur de sainteté auprès de Nicolas Sarkozy, ces derniers temps.

    Je ne trouve pas incohérente Rachida Dati, au contraire, il y a une certaine cohérence dans sa trajectoire. Mais, on ne peut pas en comprendre le sens si l'on ne se rappelle pas d'où elle vient, et ce que sont des rêves de petite fille. D'origine très modeste, elle a du batailler très dur pour poursuivre ses études parmi, sans doute, des camarades de classe venus de milieux plus riches. Certes, ses parents ont souhaité à l'évidence qu'elle aille loin, et se sont certainement sacrifiés pour leurs enfants, en tout cas, au moins pour elle. Onze enfants et parvenir à envoyer sans doute plusieurs de leurs enfants dans un établissement privé, avec des revenus modestes, cela relève de l'exploit.

    Il n'en reste pas moins que sa famille a exercé une forte pression pour la faire malgré tout revenir à l'idée qu'elle se faisait d'une femme. C'est ce qui explique le premier mariage (presqu'aussitôt annulé) de Rachida Dati. C'est aussi, sans doute, ce qui explique ses difficultés dans les études supérieures (échec à l'entrée de l'école de médecine, maîtrise obtenue avec un mention passable, abandon de son MBA).

    De là, sans doute, aussi, la nécessité pour elle de travailler pour faire ses études. Elle a ainsi pu éprouver à quel point il est mission impossible, pour un étudiant-travailleur, de poursuivre ses études dans des conditions correctes.

    In fine, ce n'est pas ses études mais la politique qui a façonné son réseau et qui lui a permis son ascension.

    Le pouvoir, la richesse, le luxe, la reconnaissance sociale, un prince charmant, voilà autant de rêves qu'a pu faire Rachida Dati quand elle était enfant, et c'est sans doute à l'aune de ces rêves-là qu'il faut comprendre son parcours.

    Ainsi, annoncer vouloir partir vivre à l'étranger n'a rien d'insensé si on jauge cette déclaration non au regard d'une carrière politique, mais de ses propres rêves. En outre, si elle s'estime sur la sellette lors du prochain remaniement ministériel, elle n'a finalement rien à perdre.

    En somme, tous les atours et les ornements du luxe ne correspondent pas exactement à un tempérament frivole, comme on a pu le lire,  çà et là, mais, plus vraisemblablement, à la réalisation de ses rêves d'enfant et à sa représentation du luxe.

    Tout comme Nicolas Sarkozy, Rachida Dati fait partie des êtres qui ont eu une revanche à prendre sur la vie, sur leur passé, et, d'ailleurs, c'est sans doute pour cela qu'ils se se sont reconnus mutuellement et qu'ils accordent dans le fond aussi peu de place à la tradition, tout en s'y montrant fort attachés sur la forme (car cela leur donne des repères, et souvent l'apparence du fond, fond qui leur manque, précisément).

  • Gilles Artigues, un Européen en campagne !

    artigues.jpgAaaah ! Enfin un homme politique d'envergure présente un programme globalement complet avec des propositions concrètes pour l'Europe, en vue des prochaines élections européennes ! Pas trop tôt, étant donné que jusqu'ici, c'était plutôt le désert inter-sidéral. Cet homme politique, c'est Gilles Artigues, candidat à la candidature à l'euro-députation pour le MoDem.

    J'ai visité son site et trouvé son programme pour l'Europe. J'aime beaucoup son introduction, car je peux me dire, enfin un homme politique qui va défendre sincèrement et courageusement les acquis de l'Europe sans démagogie aucune. Enfin quelqu'un qui proclame les extraordinaires acquis de notre Europe.

    Premier extrait

    L’ennui est que peu de citoyens européens connaissent non seulement le fonctionnement de l’Union européenne, mais aussi et surtout ses implications concrètes, qui plus est positives, dans le quotidien de tout un chacun sur son territoire. La faute en incombe à la fois à quelques femmes et hommes politiques bien heureux de pouvoir se décharger de leurs responsabilités sur une autorité pour l’instant incapable de se défendre (les dirigeants ont notamment pris l’habitude de dire blanc à Bruxelles pour prétendre chez eux l’exact contraire sans que personne ne puisse les contredire ouvertement et efficacement) et à certains médias focalisés sur les aspects négatifs de l’action communautaire, forcément plus spectaculaires, c’est à dire attractifs, à l’endroit de leur auditorat potentiel. Au final, une immonde hypocrisie donne à croire aux électeurs, entre autres, que l’Union européenne n’est pas démocratique, qu’elle avantage les riches sur les pauvres en pressurant les seconds au profit des premiers, qu’elle ignore les difficultés et aspirations des petites gens pour en être particulièrement éloignée, qu’elle perd son temps dans des réglementations secondaires et arbitraires, qu’elle ne permet pas le progrès humain, voire le freine, etc. Toutes ces idées reçues sont naturellement erronées.

    Quel hommage magnifique. Pour moi, voilà présenté exactement ce que je pense de la manière dont le landernau politique traite généralement l'Europe, à l'excception de quelques fortes personnalités aux convictions européennes trempées dans l'acier. Gilles Artigues fait partie de celles-là.

    Je me suis intéressé au chapitre liberté, la valeur qui est la plus précieuse à mes yeux, et voilà ce que j'ai trouvé :

    L’Europe de la Liberté
    A l’origine, le libéralisme ne désigne pas un dogme économique mais une idéologie politique. Les libéraux du XIXème siècle aspiraient en effet à une véritable démocratie sur la base d’une association des Droits de l’Homme à des élections libres et pluralistes. Leur optique était de donner la possibilité à tout individu de maîtriser enfin tout ou partie de sa destinée pour lui permettre de s’épanouir dans un monde plus juste et dynamique au profit de tous. Malgré leur force intrinsèque, leurs idées généreuses ont souvent été battues en brèche ou dévoyées. Seule l’Union européenne leur a permis de triompher sur l’obscurantisme de la réaction. Les opportunités offertes à ses résidents pour réussir leur vie, en profiter pleinement et accroître le progrès collectif n’ont jamais été aussi nombreuses et intéressantes

    Il faut du courage, aujourd'hui, au milieu de toutes les démagogies, pour se déclarer libéral, surtout en pleine crise financière. J'espère que le réseau LHC, dont la valeur primordiale est la liberté, appréciera à sa juste mesure cette profession de foi ;-)

    Je me retrouve dans tout ce qu'écrit Gilles Artigues sur la liberté. J'ai adoré particulièrement ce qui concerne la liberté de choix. J'en copie un extrait :

    REFLEXION / PROPOSITION

    Contrairement à ce que peuvent clamer les parangons du marxisme-léninisme d’outre-tombe, le principe de la concurrence libre et non faussée ne vise pas le seul intérêt des grandes sociétés et de leurs actionnaires. Bien au contraire dans la mesure où il les empêche de s’emparer du contrôle d’un secteur, directement (achats et fusions) ou non (ententes et filiales), pour y imposer leur loi, c’est à dire leurs prix, leurs conditions de vente et leurs gammes de produits. Ainsi bénéficie-t-il avant tout aux petites et moyennes entreprises, principale source d’emplois, dans la mesure où il leur réserve une place sur leur marché de prédilection et les y protège des prédateurs les plus féroces. Il profite aussi au consommateur puisque la gamme étendue de l’offre lui garantit une véritable liberté de choix et lui permet par la même occasion d’orienter les prix à la baisse. L’exemple de Microsoft, multinationale américaine, est à ce titre édifiante : la Commission européenne lui a non seulement infligé une amende conséquente pour violation du droit communautaire mais l’a aussi obligé à modifier ses pratiques de vente (elle refusait le droit à ses clients de se doter de logiciels concurrents, notamment européens, en leur imposant ses propres produits dans le cadre d’un paquet indivisible).

    L’aspect le plus controversé de la concurrence libre et non faussée réside dans la restriction drastique des aides publiques aux entreprises de toute nature (pêche, agriculture, industrie et services). En effet, dans le cadre du Marché unique, il serait injuste et dangereux de permettre à un Etat, qui plus est puissant, de subventionner une structure pour finalement lui donner un avantage certain sur ses concurrentes nationales et européennes au risque de précipiter leur perte pour finalement détruire plus d’emplois que n’en maintiendrait ladite subvention. Ainsi la France a-t-elle eu du mal, l’été dernier, à venir au secours de ses pêcheurs assommés par la hausse du carburant. Premièrement, elle est en partie responsable de la situation car ses taxes sont parmi les plus élevées de l’Union européenne. Deuxièmement, quelle serait la réaction des Français si l’Allemagne ou le Royaume uni, entre autres, agissait de même avec plus de moyens pour finalement défavoriser la pêche hexagonale et provoquer la faillite de plusieurs petites entreprises familiales ? Troisièmement, la pêche appartenant aux politiques communes de l’Union européenne, ses difficultés doivent être débattues au plus haut niveau pour trouver les solutions les plus adaptées. L’ennui est que l’unanimité ne permet pas la réactivité nécessaire aux situations urgentes. Toutefois, le Fonds Européen pour la Pêche intervient régulièrement pour aider les professionnels à s’adapter à la conjoncture pour pérenniser leur activité. Troisièmement, la réponse aux difficultés du secteur sur le plan énergétique n’est certainement pas dans l’injection ponctuelle d’argent pour diminuer artificiellement les coûts de transport mais dans l’encouragement financier à la mise au point et à l’achat de navires moins gourmands en énergie fossile. La pisciculture comme l’aquaculture sont aussi des pistes à développer.

    Hélas, le Parlement européen ne dispose pas de pouvoir de décision dans ce domaine, à l’image de l’agriculture. Il peut néanmoins donner son avis et encourager les Etats membres à progresser sur la voie la plus adéquate et judicieuse
    .

    C'est très pédagogique, et nous avons là quelqu'un qui défend l'Europe et a l'honnêteté d'annoncer la couleur. En fait, je n'ai absolument rien à redire. Ce que dit Gilles Artigues correspond très exactement à ce que je pense sur l'Europe. Moi, je vote Gilles Artigues. Et vous ?

  • Une lumière sur les évènements de Grèce

    C'est dans l'Antre de KaG que cela se passe, et le billet s'intitule Hélas Hellas. Il a été écrit par Fotini (dont le nom signifie la lumière en grec, d'où le titre de mon billet), une militante démocrate grecque; elle y explique les véritables causes des évènements qui secouent la Grèce depuis 10 jours. Je le reprends intégralement.

    Quelques explications sur les émeutes urbaines en Grèce cette semaine, causées par la mort samedi dernier d'un jeune de 15 ans, Alexis Grigoropoulos tué par un policier des forces spéciales :

    Présentées à tort par certains medias, partis et syndicats d'autres pays occidentaux comme une réaction directe de la jeunesse à la crise économique actuelle, les émeutes en Grèce ont des causes beaucoup plus complexes et profondes, qui tiennent à certaines particularités du pays, malgré des points communs avec le malaise de la jeunesse dans les principaux pays européens.

    - Défiance envers une élite politique caractérisée par la main-mise d'un certain nombre de dynasties familiales (les Papandreou, Karamanlis, Venizelos...) sur les deux principaux partis, le PASOK (parti socialiste) et la Nouvelle démocratie (parti conservateur, au pouvoir actuellement) et surtout d'un gouvernement de droite qui s'est beaucoup discrédité ces dernières années dans des scandales de corruption qu'il s'est efforcé d'étouffer.
    L'alternance de ces deux partis au pouvoir se fait moins sur la base des programmes politiques que sur la déception des citoyens face à des gouvernements successifs qui peinent à imposer ou expliquer les réformes nécessaires au pays. Sans parler de l'utilisation à des fins démagoqiques du mécontentement de la population par les partis d'opposition, qui prônent souvent des solutions archaïques ou populistes.

    - Défiance envers un Etat impotent, non moderne, inefficace, où règne le clientélisme (recrutement de fonctionnaires sur des critères politiques et familiaux) et la corruption.
    On a ainsi pu entendre hier le ministre de la santé se plaindre du fait que le gouvernement ne peut s'appuyer sur un appareil d'Etat efficace (mettant cela sur le compte de l'incurie des gouvernements précédents, incapables de le réformer) !
    Cette incurie s'était manifestée de manière éclatante pendant les grands incendies de l'été 2007 où ce sont les citoyens, aidés des télévisions, qui souvent dirigeaient les pompiers dans leurs opérations.

    - Défiance envers les forces de l'ordre, qui se sont illustrées notamment ces dernières années par des actes de violence restés largement impunis (sur la période 2003-2007, 1 seul des 238 cas de violences enregistrés par l'Observatoire grec des accords d'Helsinki a donné lieu à des sanctions judiciaires). La police a aussi été largement éclaboussée par des scandales de corruption, de collusion avec le monde de la nuit, de la traite des blanches et des trafiquants de drogue.
    Cette police jouit d'ailleurs toujours d'une mauvaise image dans l'imaginaire collectif à cause de la junte de 1967-1974 et de son incapacité à réformer ses structures, considérées comme opaques.

    - Défiance envers le système judiciaire, aussi éclaboussé par des scandales de corruption ou de collusion, accusé de ne pas défendre le citoyen.

    A cela il faut ajouter :

    - un fort taux de chômage des jeunes (23 %) cumulé à un nombre important d'emplois précaires (la fameuse "génération à 700 €") pour des jeunes qui survivent grâce l'aide inter-générationnelle et doivent souvent, comme nombre de leurs concitoyens plus âgés, cumuler plusieurs boulots dans l'économie formelle ou informelle pour joindre les deux bouts. Nombre de ces jeunes vivent, trentenaires, toujours chez leurs parents.
    Cette génération a été élevée dans une société de consommation de masse qui a émergé au cours des années 80 (adhésion de la Grèce à la Communauté européenne en 1981) et a contribué à bouleverser en deux décennies les repères sociétaux d'un pays aux valeurs jusque-là traditionnelles.

    - un coût de la vie élevé avec des prix du niveau de la France alors que le pouvoir d'achat et les salaires sont deux fois moindres (heureusement d'ailleurs que 70 % des grecs sont propriétaires de leurs logements), et un recours croissant des ménages au crédit à la consommation depuis la levée des restrictions à ce dernier en 2003

    - un système éducatif en déliquescence avec des établissements universitaires au fonctionnement archaïque, peu performants (taux de diplômés faibles, études qui durent trop longtemps, taux de sortie sans diplômes élevés) et un marché du travail peu fluide ( notamment importance excessive des réseaux familiaux et relationnels dans les recrutements), qui ne favorise pas l'insertion des jeunes dans la vie active.
    Nombre de jeunes diplômés doivent ainsi s'expatrier pour trouver un emploi correspondant à leurs qualifications.

    Il faut noter le scandale d'un système éducatif parallèle très lucratif avec des officines privées où enseignent souvent des professeurs du public. Les familles vont même jusqu'à faire des sacrifices pour pouvoir envoyer leurs enfants étudier à l'étranger.

    - une jeunesse en quête de repères : ce qui a frappé les observateurs c'est la participation mimétique de jeunes adolescents de 14, 15, 16 ans aux émeutes, que le gouvernement s'efforçait jusqu'ici d'attribuer aux seuls "cagoulés" anarchistes (Cf ci-dessous)

    20 commissariats de police de la région d'Athènes ont ainsi été attaqués hier par des collégiens et lycéens à coups de pierres et d'oranges amères (qu'on trouve dans les rues) suite à la publication de la déposition, jugé contradictoire et arrogante, du policier auteur des faits. La population s'est souvent interposée entre les forces de l'ordre et les jeunes au prétexte qu'il s'agissait d'"enfants", voulait empêcher tout dérapage de la part des forces de l'ordre.

    - une culture syndicale très à gauche, qui instrumentalise souvent les élèves et étudiants en s'opposant à toute tentative de réforme du système éducatif. Cela a donné lieu lors de la dernière réforme passée par le gouvernement actuel la paralysie pendant des mois de nombreuses écoles et établissements universitaires "occupés" par les élèves et étudiants.
    Cette culture très à gauche puise ses sources dans l'histoire du pays, qui a connu une guerre civile de 1945 à 1949 puis la dictature des colonels en 1967-1974. Le mythe de la lutte contre l'Etat oppresseur est par conséquent tenace en Grèce dans certains milieux de gauche, mythe auquel il faut ajouter l'opposition à la politique jugée néo-libérale du gouvernement de droite.

    L'un des partis de gauche grecs, SYRIZA est ainsi actuellement accusé même par le parti socialiste et le parti communiste d'instrumentaliser ces jeunes pour amplifier le mouvement de révolte.

    - l'existence d'une mouvance anarchiste (1000 à 2000 personnes bien organisées, appelées "les cagoulés") qui instrumentalise le mythe de l'école du polytechnique (révolte des étudiants contre la junte au pouvoir réprimée par les forces de l'ordre en novembre 1974) et a fait du quartier attenant d'Exarhia une zone de non-droit au centre d'Athènes.
    C'est dans ce même quartier que la jeune victime de 15 ans, Alexis Grigoropoulos a été abattue par un policier des forces spéciales samedi dernier. Dans ce quartier les policiers ont l'habitude d'être injuriés ("flics, cochons, meurtriers" est un slogan classique) et pris à partie par des jeunes, le commissariat ayant lui-même été déjà incendié par le passé.
    Cette mouvance anarchiste serait elle-même infiltrée par des agents spéciaux qui l'instrumentalisent, ce qui expliquerait la tolérance exercée depuis des années par les forces de l'ordre envers ces "cagoulés" et l'irruption de violences urbaines qui visent à détourner l'attention de l'opinion publique des vrais problèmes du pays.

    Il faut noter qu'il y a une polémique sur la levée du droit d'asile des universités grecques : ce droit d'asile, auquel il est difficile de toucher symboliquement à cause des évènements de 1974, permet à ces groupes de faire de certains établissements universitaires leurs bases, certains des cocktails molotoff utilisés lors des émeutes étant confectionnés dans les laboratoires mêmes de ces établissements !

    - des medias télévisuels qui, face à la défiance généralisée des citoyens envers la justice et l'Etat et la dictature de l'audimat, deviennent des sortes de tribunaux populaires, faisant leurs propres investigations auprès des témoins oculaires sans attendre le résultat de l'enquête officielle, jugeant en direct et avec virulence la réaction des acteurs concernés (auteur des faits, son avocat, ministres, opposition...). Ces medias vilipendent actuellement l'avocat célèbre du policier auteur du meurtre pour ses déclarations (il a cherché à nuire à la réputation de la jeune victime pour dédouaner son client) qu'ils ont eux-même contribué par le passé à élever au rang de "people" en relayant ses déclarations fracassantes envers d'autres personnalités et les informations sur sa vie privée.

    A noter aussi :

    - une population étrangère qui représente 10 % de la population (11 millions de Grecs) : la participation d'étrangers aux actes de pillage qui ont accompagné les émeutes fait craindre à certains analystes une poussée de racisme dans le pays

    - des citoyens qui, face à l'incurie des forces de l'ordre défendent leurs biens eux-mêmes (400 magasins brûlés à Athènes, sans compter ceux brûlés dans les villes de province)

    - des groupuscules d'extrême-droite (comme "L'aube dorée") qui s'ajoutent aux forces de l'ordre et cherchent à instrumentaliser les émeutes qu'elles présentent comme une danger gauchiste

    Si on attend aujourd'hui les résultats de l'étude balistique et de l'autopsie pour déterminer si le policier a sciemment visé le jeune qu'il a tué, il est évident que l'opinion publique grecque semble dores et déjà attendre une condamnation de l'auteur des faits, choquée par l'impunité dont ont jouit les forces de l'ordre dans des cas précédents. Cela risque de mettre la pression sur le système judiciaire et nuire à la gestion calme de cette affaire.

    Alors que le gouvernement craint une propagation plus large du mouvement dans les écoles, collèges et lycées avec des occupations (100 établissements à ce jour selon le gouvernement, 300 à 400 selon les syndicats enseignants), les Grecs attendent que le gouvernement prenne ses responsabilités. Au sein même du gouvernement, plusieurs voix mettent d'ores et déjà en cause le ministre de l'intérieur (qui avait demandé aux forces de l'ordre de rester passives lors des premières heures des émeutes) et même le premier ministre.

    Plus largement, les Grecs considèrent cette poussée de révolte de la jeunesse comme une catharsis et espèrent qu'elle poussera à la fois les gouvernants et les gouvernés de faire enfin face aux maux de la société grecque.