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  • Ce n'est pas Israël qui menace le Moyen-Orient

    Je n'ai guère de sympathie pour Netanyahou, mais le fait est qu'il a marqué des points avec l'affaire wikileaks. Finalement, la diplomatie israélienne est globalement transparente, ce dont peu de démocraties peuvent se targuer, et les grandes orientations se décident à la Knesset, au parlement israélien. Comme j'aimerais qu'on en fît autant en France !

    Que constate-t-on ? Ce n'est pas Israël que craignent les pays arabes, mais l'Iran ! Cela fait près de 30 ans qu'Israël dispose de l'arme atomique. C'est même une des quatre seules nations à être capables d'assembler des bombes à neutrons. On ne l'a jamais entendu se targuer de sa suprématie nucléaire pour menacer d'autres pays de la région. Ce pays n'est par ailleurs impliqué dans aucune action hostile contre ses voisins, sauf au Liban ou une armée autonome menace régulièrement son territoire et en Palestine dont le statut est controversé. 

    Ailleurs, Israël n'intervient pas, si ce n'est en Iran, probablement par voie informatique, en tentant de saboter les centrales iraniennes. Il n'y a là rien que de légitime puisque le président iranien menace régulièrement de raser Israël de la carte.

    Les pays arabes craignent donc l'Iran, et ce n'est pas étonnant : l'Iran finance de longue date des groupes terroristes, y compris dans les pays arabes. Seulement, voilà, les dirigeants de ces pays ne jouent pas franc jeu et préfèrent persister à présenter l'état d'Israël comme le Diable, tout en se méfiant comme de la peste de l'Iran. C'est à deux d'être clairs avec leur opinions publiques, à eux de hiérarchiser les dangers.

    La réalité, c'est que l'Iran n'inspire confiance à personne et collabore avec un autre état paranoïaque notoire, la Corée du Nord, qui lui livre ses missiles. 

    L'Iran dispose désormais de missiles qui lui permettent d'atteindre l'Europe Occidentale. Ces missiles n'ont aucune autre utilité stratégique que de pouvoir véhiculer des explosifs nucléaires. L'Europe Occidentale est donc une cible militaire pour l'Iran.

    Nous ne sommes pas obligés de mener une guerre militaire contre l'Iran, mais une guerre économique, c'est possible, y compris face à ses alliés ou ceux dont les choix commerciaux ne sont dictés que par le seul mercantilisme. Pas que ce soit un mal en soi, mais si cela nous menace...

  • Il est vraiment frappé...

    Et hop, encore un témoignage à classer dans les cas de psychiatrie lourde. Un blogueur complètement frappé s'est imaginé ( a déliré ? - le point d'interrogation est de trop, je sais -) sur l'après 2012.

    Il s'imagine un éclatement de l'UMP mais une grande alliance allant des radicaux jusqu'à au FN. Scénario parfaitement idiot, tant ils sont nombreux, à droite, à avoir récusé formellement toute alliance avec les extrêmes. Il n'y a d'opposition pour lui que les socialistes et les villepinistes. Il ne manquerait pas les centristes et démocrates du MoDem, dans le lot ? N'est-ce pas Bayrou qui a écrit l'Abus de pouvoir ? N'est-il pas un adversaire intraitable du sarkozysme depuis la première heure ? N'a-t-il pas prophétisé avec une justesse remarquable toutes les dérives que connaîtrait notre pays ?

    Notre blogueur fou évoque le cas des blogueurs qu'il voit essentiellement être internés en camp. Je le rassure, le seul internement qui pourrait l'attendre, pour ce qui le concerne, c'est surtout l'hôpital psychiatrique.

    Déclarer que je pourrais me rallier à une collaboration "républicaine" avec le FN, comme le proclame le monsieur, c'est un tantinet mal me connaître. Et je ne permets pas au monsieur de décerner des brevets d'opposition ou non. L'opposition, j'y suis, et j'y resterai. De mémoire humaine, on n'a jamais vu un centriste se rallier au Front National et plus généralement à l'extrême-droite. En revanche, l'alliance rouge-brun, c'est un lieu commun. Outre qu'elle a produit des massacres au cours du 20ème siècle, elle a fait éclater à plusieurs reprises des démocraties naissantes et fragiles. Après, évidemment, les fauves se sont entre-déchirés, mais cela n'a rien d'étonnant à considérer leur nature.

    C'est assez amusant de voir le comique de service rêver de révolution et de casse : voyez plutôt la bande vidéo qui illustre son propos. Pour ma part, je rêve d'harmonie et de dialogue, de paix et de progrès quand je pense à mon pays ; pas de révolution dont l'idéal proclamé peine à masquer le goût pour le chaos, la destruction et la haine et de l'autre.

    Tiens, il suffit de voir comment le billet exsude la haine des femmes dont le seul tort est de s'intéresser à la mode. Notre Taliban local les préfère sans doute sous la burqa puisque les voilà affublées de l'élégant sobriquet de "pétasses".

    Olympe appréciera à a juste mesure d'avoir été requalifiée comme admiratrice temporaire de Marine Le Pen sous prétexte qu'elle est une femme, j'imagine.

    Quant à ce pauvre Nicolas, c'est un laïc qui ne connaît ni dieu ni maître. Ni dieu chrétien ni dieu musulman (ni d'une quelconque autre religion, au demeurant). Voilà qui suffit à le décréter islamophobe.

    Ce qui est drôle au possible, c'est qu'il se prend pour un résistant en plus, notre comique pathologique.

    Au début il y a une chaîne qui se demande ce que va devenir la blogosphère de gauche en 2012  si l'échec de Sarkozy est consommé. Eh bien à mon avis, elle va continuer à exister, tout simplement, avec toute la diversité des individus qui la compose. Il y a bien sûr quelques esprits fragiles, mais dans l'ensemble, on y lit des analyses de qualité, et on peut supposer que ceux qui se sont construits contre le sarkozysme se reconvertiront, tout simplement. Comme le dit Melclalex, qui est loin d'avoir perdu la raison, peut-être que certains arrêteront mais je ne crois pas qu'il seront nombreux, chacun sait faire preuve d'indépendance et a son libre arbitre devant une situation, un épisode de la vie politique ou encore "les affaires".

    Je ne veux pas peiner mes compères de gauche, mais je pense que le prochain gouvernement, de droite ou de gauche, n'aura guère de marge de manoeuvre. L'heure des désillusions risque donc d'être assez terrible à gauche. On peut supposer que les plus virulents se réfugieront à la gauche de la gauche. Les autres en prendront leur parti et, qui sait, on peut toujours rêver, rejoindront le centre, le vrai, le centre démocrate, parce qu'il n'a jamais menti.

  • Sans papiers, ok, mais de là à les laisser crever de froid...

    Il y aura toujours des fonctionnaires zélés pour essayer de se faire bien voir aux yeux de leur hiérarchie. Derrière idée en vogue, dégager les SDF étrangers sans-papiers des centres d'accueil et les renvoyer dehors par 0°. Charitable, quoi. 

    C'est à l'État de se débrouiller pour expulser les sans-papiers qui doivent l'être. Mais tenter de les faire partir en leur menant une vie impossible, c'est minable.

    Et encore plus lamentable quand c'est une famille avec de jeunes enfants qui sont mis à la porte.

    Il me semble que face au froid, il n'y a pas de nationalité et que notre pays s'honorerait à ne pas pratiquer d'imbéciles discriminations dans ce genre de circonstances.

    On est là, dans la confusion débile qui agite constamment les esprits faibles et limités : on ne comprend pas, dans certains milieux, qu'on peut renvoyer des gens qui sont en illégalité sur notre territoire sans pour autant abjurer toute forme d'humanité. Et au passage, le refus de les accueillir est en contradiction avec une circulaire datant de l'hiver dernier fixant les conditions d'accueil des SDF. La situation administrative est censée ne pas être prise en compte. C'est bien d'énoncer des grands principes, mais après, il faut les tenir.

    Ces pratiques sont symptomatiques d'un délitement inquiétant des valeurs aux sommets des hiérarchies administratives. Probablement pas qu'administratives, d'ailleurs...

    Bon, Benoist Apparu, le Secrétaire d'État au logement s'est déclaré choqué : «Quand quelqu'un est dans une période de froid dehors, on ne se préoccupe pas de savoir s'il a des papiers ou pas des papiers, on le met à l'abri et ça doit être valable dans tous les départements».

    Y'a plus qu'à, camarade de la majorité. Peut-être pourrais-tu aussi te demander comment des administratifs en arrivent à concevoir des stratégies aussi perverses...

  • Wikileaks ? Pas de quoi fouetter un chat

    Amusant de voir comment l'opinion et la presse font de wikileaks l'alpha et l'oméga de la plus grosse fuite diplomatique jamais organisée. En réalité, nihil novi sub sole.

    L'Arabie Saoudite n'aime pas l'Iran ? Ça n'a rien d'une nouveauté. Les États du Golfe en règle générale, à l'exception du Qatar. Eh oui, de la géostratégie : les Iraniens sont des Perses (dont des Indo-européens) et surtout, des Chiites. Les autres, eux, sont Arabes et Sunnites. Dans l'Antiquité, la Perse n'a eu de cesse que de conquérir et dominer toute la Mésopotamie. Depuis toujours, elle cherche à s'affirmer comme puissance régionale, et, de surcroît, mène une politique activiste en soutenant peu ou prou tout ce que la région compte de mouvements contestataires à l'exception d'Al Qaïda.

    Erdogan paranoïaque, anti-israélien et mal conseillé ? On s'en était aperçu, merci. Il suffit de considérer les errements diplomatiques grandissant de la Turquie depuis deux-trois ans pour le comprendre, sans parler des éclats de son chef d'état.

    Sarkozy autoritaire et égocentrique ? Merci, on le pratique depuis trois ans, ici, en France, et on le sait bien.

    Berlusconi irresponsable et inefficace, peinant à récupérer de ses orgies, on l'avait noté aussi ; pas besoin d'être grand clerc pour s'en rendre compte. 

    Poutine mâle dominant ? Vous vous rappelez comment il a aimé être photographié torse nu et pratiquant les arts martiaux ?

    Qu'un prince de la famille royale britannique soit un sale gosse mal élevé ? On dit que c'est Andrew. Peut-être. Moi, j'ai le souvenir de Harry trouvant très drôle de porter un uniforme nazi dans une soirée privée. Mais Andrew, qui en pince désormais pour un mannequin de 25 ans sa cadette est un malotru, c'est connu, et la presse britannique a tout de suite pensé à lui.

    Que Karzaï soit faible, très faible et délirant, rien de surprenant aussi. Il a totalement échoué en Afghanistan et ne tient même pas suffisamment droit pour pouvoir servir de pantin.

    Bref, je ne vais pas passer en revue toutes les évidences bien connues que Wikileaks présente comme des nouveautés. En revanche, Julien Assange est un imbécile pyromane. Qu'apportent ces révélations ? Rien. Que risquent-elles de produire ? De contribuer aux conflagrations et à la méfiance. En langage diplomatique, on est souvent cru, sans que cela engage pour autant les États, et il est courant d'envisager toutes les issues. Il faut faire la part des choses entre les pneumatiques diplomatiques et les décisions réellement prises. Le jeune soldat américain qui a joué au hacker va faire beaucoup de prison. Des dizaines d'années au moins. Je ne pleurerai pas sur son sort. Quelqu'un qui fragilise la sécurité du monde entier simplement parce qu'il veut faire le malin et se sent tout-puissant mérite une sanction exemplaire, d'autant que cet abruti, relayé par Assange et son wikileaks, a dévoilé les noms d'une série d'individus au risque de porter gravement atteinte à leur sécurité.

  • Des poubelles à bilan carbone positif ?

    Le savez-vous ? La société qui produit les jolies poubelles colorées que l'on trouve dans toutes les collectivités locales ou presque répond au doux nom de Plastic Omnium. Cet équipementier s'apprête à produire une poubelle dont il a d'ores et déjà finalisé la RD (recherche/développement) : une poubelle fabriquée à partie de canne à sucre (miam, ça peut se manger ?) 100% recyclable.

    En fait, cette poubelle végétale est extraordinairement performante pour la bonne raison que son bilan carbone est positif ! Sa technologie lui permet d'absorber du carbone, et, d'après Plastic Omnium, la quantité de carbone qu'émet sa fabrication et même son transport est au total inférieure à celle qu'elle absorbe.

    Cette poubelle miraculeuse devrait être présentée au salon Pollutec, qui se tiendra à Lyon, du 30 novembre au 03 décembre 2010. Je crois que le Chili qui sera lm'invité d'honneur de ce salon pourrait être intéressé puisqu'un échange entre maires chiliens et maires français sur la gestion intercommunale de l’eau et des déchets y est prévu.

  • Bayrou, je le kiffe...

    J'ai trouvé très sympa ce témoignage, sur le bondy blog, d'une jeune policière, à propos des diverses personnalités politiques qu'elle a pu croiser. Bayrou, par exemple (citation) :

    Et François Bayrou, le président du Modem ? Bayrou, je le kiffe. Qu’il soit à la bourre ou en avance, il est toujours le même. Il va vers les gens. Limite si tu ne le tutoies pas. Il est très agréable. A l’aéroport où je travaille, tout le monde le kiffe. Les hôtesses de l’air d’Aire France, je ne t’en parle même pas… La première fois que je l’ai vu, il était à la bourre. C’était il y a huit mois je crois. Je suis allée le chercher à sa voiture, au niveau des départs. Il était avec son garde du corps armé, un grand Antillais, lui aussi adorable. Bayrou était souriant. Son « bonjour mademoiselle » est sincère. Il te pose des questions sur les conditions de ton travail, il te demande si « tout se passe bien ». Un moment donné, lorsqu’on est entré dans l’aéroport, il a entouré mon épaule de son bras. Sur le coup, je n’ai pas compris ce qu’il était en train de faire, mais ça m’a trop fait kiffer. On a traversé le hall jusqu’au PIF (poste d’installation filtrage). Ensuite je l’ai monté au salon Air France, un salon VIP. Il m’a remerciée. Il a égayé ma journée.

    J'ai déjà eu l'occasion de rencontrer Bayrou une fois. Je reconnais assez le personnage, et cela correspond aussi à ce que me disent ceux qui ont eu l'occasion de le croiser. 

    Je crois que ce contact avec nous, Français ordinaires, il aime ça. Ce n'est pas un homme de salon et de clubs (je ne pense pas qu'il s'y sente à l'aise) mais vraiment de contact avec les vrais gens.

  • On n'a pas fini de parler de la retraite

    La BPCE (ex Caisse d'Épargne et Banque Populaire) vient d'ouvrir un observatoire des retraites. Très intéressant. Bien sûr, cette banque d'abord un oeil financier sur l'allongement de la durée de vie et le financement des retraites. S'il lui semble établi que la retraite par répartition restera le modèle dominant en France, ses experts ont calculé qu'au fil du temps, il y aurait un décrochage entre le revenu des actifs et celui des retraités. Actuellement, un retraité dispose d'un peu plus de 85% du revenu d'un actif. Mais à l'horizon 2050, ce taux devrait être inférieur à 50%, compte-tenu de notre probable évolution démographique.

    Cette banque se positionne donc avec l'espoir de proposer des produits financiers attractifs aux futurs retraités. Toutefois, lucide, elles est consciente que les futures générations de retraités chercheront d'abord à sécuriser leurs revenus. Les soubresauts de la finance internationale ont engendré une grande méfiance envers ses produits. Si elle note que les Français ne craignent pas de placer des sommes assez considérables en épargne et en assurance-vie, elle n'a pas franchi le pas pour les compléments retraites. 

    Bien souvent, c'est la pierre, qui tend à fluctuer assez peu si ce n'est à la hausse, qui paraît aux Français la garantie la plus durable et la plus fiable. On achète donc de quoi se loger avant toutes choses quand on veut sécuriser ses vieilles années.

    Les publicitaires, les économistes et les financiers ont du pain sur la planche. Pour être franc, moi-même qui ai une relative confiance dans les vertus du libéralisme et du capitalisme, je fais partie de ceux qui se défient des caisses complémentaires et des placements de ce type. La rapacité des fonds de pension outre-Atlantique, justement constitués de ce genre de portefeuilles, les faillites traumatisantes qui s'y produisent avec son cortège de malheureux qui se retrouvent sans rien et contraints de reprendre une activité salariée à parfois plus de 70 ans, ne m'inspirent guère confiance.

    Je veux bien être convaincu, mais il va falloir me présenter des arguments (et des contre-arguments à mes objections !) très solides.

    Le projet de cette banque n'en est pas moins très riche et large, car son observatoire a pour objet d'étudier la retraite sous tous ses aspects. Il donne donc aussi la parole à des sociologues, à des économistes, à des philosophes.

    Parmi ces derniers, j'ai écouté avec beaucoup d'attention l'intervention de Pierre Henri-Tavoillot, que j'ai eu l'occasion de rencontrer il y près de dix ans (mais qui ne s'en rappelle probablement pas). J'ai trouvé ses pistes de réflexion très pertinentes.

    Il renvoie notamment à ce que nos Anciens disaient du vieil âge ; il associe particulièrement Cicéron et Saint-Augustin parce que leurs opinions sont diamétralement opposées. Saint-Augustin voit dans le dernier âge l'occasion de se consacrer aux choses essentielles, tandis que Cicéron estime que l'homme âgé doit demeurer le plus actif possible, au sens latin du mot.

    Il se trouve que je connais le De senectute de Cicéron. Je l'ai lu. Il s'agit d'un traité sous forme de dialogue entre les générations. Deux jeunes adultes, Scipion (le général romain victorieux d'Hannibal le Carthaginois) et Laelius, conversent avec Caton l'Ancien, grande figure morale et austère de la Rome républicaine. Cicéron se représente une vieillesse heureuse. Il existe une excellente analyse du texte à laquelle je renvoie, afin de ne pas alourdir ma note. D'une certaine manière, dans la vision de Cicéron des troisième et quatrième âges, il n'y pas de retraite mais une extinction progressive, qui, si l'on demeure actif, nous évite bien des angoisses.

    Toutefois, la vieillesse de Cicéron s'inscrit dans une éthique qui heurte frontalement les valeurs de notre société, toute entière tournée vers le confort, l'amusement, les loisirs et la satisfaction des passions. Il faut avoir pris l'habitude dès le jeune âge de tacher de les maîtriser pour pouvoir en faire son deuil, à l'orée des derniers âges.

    Bien sûr la pensée de Cicéron se heurte à une limite dont il est d'ailleurs conscient : au fil du temps, vivre, c'est éprouver toujours plus l'imminence d'une mort tôt ou tard inévitable. Sénèque recommandait de la chérir, cette mort, Cicéron, lui suggère d'en rire et même de la défier.

    Pierre-Henri Tavoillot observe qu'en 1900, l'espérance de vie était de 40 ans; un siècle plus tard elle atteint 80 ans... Nous avons donc gagné 40 ans, et, du coup, notre philosophe pose une question cruciale : que faire de ce temps de vie en plus ?

    Cicéron faisait valoir que tant que l'intellect demeurait intact chez le vieillard, alors il pouvait défier la mort. Ce constat vient se fracasser frontalement sur l'évolution de notre médecine. Le docteur Beaulieu, célèbre pour ses travaux sur la pilule abortive mais aussi la DHEA, la fameuse hormone de jeunesse, met en garde : dès 85 ans, la moitié du quatrième âge devient sénile, que cela soit en raison d’Alzheimer ou pour une autre cause. Or, le nombre de centenaires va exploser dans un futur proche. La prolongation indéfinie de l'existence biologique a-t-elle un sens sans vie de l'esprit ?

    Le professeur Beaulieu recommande la poursuite d'une activité à la retraite, qui ne doit plus être un retrait du monde, comme elle avait conçue à l'origine. Sans plus de précautions oratoires, il suggère de supprimer purement et simplement toute référence à un âge légal de la retraite, mais, met le doigt sur ce qui est à mes yeux le problème essentiel : il faut que les gens puissent continuer à mener une activité, mais une activité qui leur plaise...

    En ce sens, nous aboutissons ainsi à une question que j'agite souvent ici, qui est celle des conditions de travail. Les Français, selon l'étude de l'Observatoire, se représentent la première retraite comme un âge d'or, non pas celui du repos, mais au contraire l'opportunité d'avoir un surcroît d'activité et d'accomplir ce qu'ils n'ont pu faire jusqu'ici. En somme, les Français ne refusent pas d'être actifs après la retraite, mais refusent de poursuivre leur travail tel que sont ses conditions dans notre société moderne.

    Voilà qui laisse songeur et ouvre la porte à une réflexion globale sur le travail et la retraite.

  • Débordée mais hilarante

    Je lis actuellement le livre de Zoé Shepard, Absolument débordée. Hilarant. Écroulé de rire à la seule lecture d'une phrase, imaginez un spasme qui vous secoue à chaque page, tellement vous rigolez à la relation des tribulations de Cocone (l'un des nombreux personnages bigarrés et incompétents qui peuplent et arpentent les couloirs d'une administration régionale).

    Bon, ça m'a l'air d'une bonne planque la fonction publique territoriale. Il paraît d'ailleurs que c'est dans ce secteur de la fonction publique que les dépenses ont explosé depuis 20 ans. Si l'on en croit le récit de Zoé, pas étonnant en considérant la quantité de bras cassés qui y ont trouvé un refuge aussi douillet que sûr...

    En tout cas, pour une franche détente dans la bonne humeur et la rigolade, je recommande vivement le parcours des pages du livre, et, corollairement, son achat comme oeuvre de référence.

  • Numérique à l'école ? Laissez faire l'intelligence collective, Luc Châtel !

    La nouvelle marotte de Châtel, c'est le numérique à l'école. Ce qui me frappe, quand je considère l'état du développement numérique dans les établissements scolaires, c'est d'abord l'indigence du matériel, et ensuite le gaspillage effréné auquel se livrent les collectivités. Dans de nombreux départements on voit les services pédagogiques des Conseils Généraux imposer des organisations informatiques, des prestataires de service, parfois même le choix du matériel.

    Oh, parfois, il y a bien un questionnaire qui descend jusque vers l'équipe pédagogique, mais il remonte rarement, et même en supposant qu'il aboutisse quelque part, sa destination la plus sûre est la poubelle ou un fond de placard où il finira par jaunir.

    Et pourtant, quand on considère le coût des prestataires auxquels les départements font appel, cela coûterait tellement moins cher de s'adresser à un enseignant qui dispose des compétences ad hoc et de lui attribuer une indemnité, au pire une décharge horaire !...

    Mais voilà : il faut pro-fes-sion-na-li-ser ! Oui, professionnaliser, on vous dit. Alors mieux vaut faire appel à une société extérieure, qui n'y entend goutte aux besoins du terrain parce qu'elle travaille généralement avec des entreprises, pas des communautés éducatives.

    J'ai eu l'occasion d'ouïr un témoignage des plus édifiants quant à la propension bien française à contrôler tout par le haut. Un ami, enseignant de son état, évoquait la politique menée par le département dans lequel il exerce pour informatiser à marche forcée les établissements scolaires.

    On retrouve là quelques recettes bien connues de l'administration française et plus généralement de la société française.

    Mais bon sang, camarades conseillers généraux, inspecteurs et conseillers techniques des ministres, laissez un peu faire l'intelligence collective, que Diable (tiens, voilà qui ferait plaisir à Crouzet et à son Noâm, parce que de la tune dans le caniveau, on en déverse méchamment, dans la numérisation de l'école) ; l'intelligence collective élimine d'elle-même ce qui ne marche pas, elle est donc efficiente, et elle coûte moins cher que les solutions privées. Tiens, prenons en exemple les mathématiques : depuis de nombreuses années, les enseignants de France et de Navarre se sont organisés pour produire moult ressources dans leur discipline. Ils ont même fabriqué un manuel numérique parfaitement exploitable. Leur nom est connu, au moins dans la sphère éducative : Sesamaths. Que croyez-vous que fassent les inspecteurs de mathématiques de l'Education Nationale ? Eh bien ils freinent des quatre fers cette expérience en l'empêchant de s'imposer dans les collèges. Et pendant ce temps-là, le Ministère veut allouer de 500 à 2500 euros par établissement pour acheter des logiciels. Il ferait mieux de financer le logiciel libre, plus performant, plus adaptable, plus évolutif et mieux suivi que toutes les solutions professionnelles. Le libre, d'accord ? Pas le professionnel, pas l'administratif qui a ciré les pompes du bon administrateur, mais le libre qui s'organise tout seul, comme un grand. 

    Autre exemple : depuis Xavier Darcos, on ne parle plus que des fameux ENT (Environnement numérique de travail). Je ne suis pas sûr d'avoir clairement compris de quoi il s'agit, mais en gros, ce serait une sorte de serveur où les enseignants rentrent des notes, des appréciations, utilisent des logiciels, communiquent entre eux, et cetera...Bref, l'enjeu principal, c'est d'organiser le réseau de l'établissement. Il existe un groupe d'enseignants qui a mis en place un système de ce type depuis près de 10 ans (il répond au doux et poétique nom de Gepi). Ils ont monté une liste de diffusion d'utilisateurs de plusieurs centaines de membres et développent leur outil sur un mode coopératif. Le projet a survécu à tous les avatars et se montre toujours plus performant. De nombreux lycées et collèges l'ont adopté. Il est de surcroît gratuit, ce qui n'empêche pas qu'une petite contribution financière est la bienvenue quand c'est possible. Bref, ça marche ! et ça marche bien, même. Cela marche bien et ce n'est pas cher. Eh bien non, partout, les départements prévoient des projets mastodontesques et coûteux, se chiffrant parfois en dizaine de milliers d'euros. Réinvente la roue, mais surtout, professionnalise et paie cent fois ce qu'elle t'a coûté la première fois. 

    C'est marrant, ça : il y a une fascination des administrations et de la fonction publique, du moins parmi ses cadres, pour le privé. On se dit que le privé est forcément mieux. C'est bien possible dans certains domaines, mais dans l'éducatif, pour l'instant, je suis très loin d'être convaincu de la chose...Et puis, tiens, comme libéral, je mets mon grain de sel : être libéral, ce n'est pas faire appel au privé par conditionnement. Être libéral, c'est faire confiance à l'individu, à sa capacité à s'organiser avec d'autres individus (on appelle ça une association), et c'est aussi faire le choix de l'efficacité et de la performance. Ja, Gross Kapital, c'est bien, mais schön bedide (petite) coöperativen, ça marche bien aussi.

    Nom de Zeus, faites confiance au coopératif (ça, ça va faire plaisir à Antonin), à l'intelligence collective. Elle sait mieux que vous, Tovaritchi administratifs ce qui lui convient et ce qu'il lui faut.

    Il n'y a pas de société qui défende plus son pré carré que la société française, tout en se défiant plus que tout de l'initiative des individus.  En France, on part toujours du principe que l'individu n'est pas responsable, qu'il vaut mieux une grosse structure que deux ou trois personnes et qu'on est mieux servi de loin que de près.

    Pourtant, les individus sont capables de s'organiser en réseau et de produire des choses qui fonctionnent : wikipedia en est la démonstration la plus éclatante, mais elle n'en est pas la seule. Internet est une force de résistance, d'une certaine manière, au lieu commun, à la doxa ambiante car là, plus que nulle part ailleurs, il s'y constitue une organisation lâche mais spontanée qui échappe aux tentatives de catégorisation traditionnelles.

  • C'est quoi ces mesures catégorielles qui plombent le budget de l'État?

    Quand j'étais à l'école, je n'étais pas mauvais en mathématiques. Sur la partie algèbre et calcul mental, j'étais même bon, voire très bon.

    Alors il y a un truc que je ne m'explique pas : pour ce que j'en connais, les salaires des enseignants ne bougent pas depuis des années. En fait, par rapport à l'inflation et hors grilles indiciaires, ils seraient plutôt orientés à la baisse.

    Récemment, le niveau de vie des classes moyennes a été évalué à un revenu mensuel dans une fourchette de 3 500 à 5 000 euros par mois.

    Un jeune prof gagne aux alentours de 1400 à 1500 euros par mois. Même en se mettant en couple, donc en constituant à deux un seul foyer fiscal, il fait toujours partie des pauvres, en tout cas, des classes les plus modestes.

    On nous dit que l'État peine à payer ses fonctionnaires pour le mois de décembre, notamment en raison de mesures catégorielles prises dans l'Éducation Nationale.

    Elles sont où les mesures catégorielles ? Notez, j'ai peut-être un indice. Il paraît que les profs débutants ont été augmentés en début d'année. Châtel avait fait beaucoup de bruit avec cette histoire. Est-ce que c'est ça, les mesures catégorielles ?

    Quand on entend pérorer les crânes d'oeuf, il paraît que les enseignants n'ont des classes que de 11 à 14 élèves en moyenne. C'est le taux d'encadrement calculé. Putain, ils foutent quoi de leurs journées, les crânes d'oeuf ? Partout où je pose la question, même pour ceux qui enseignent dans la zone la plus racailleuse du 93, il n'y a pas un taux d'encadrement aussi faible. Ils comptent quoi les crânes d'oeuf ? Les bons à rien qui ne glandent rien dans la journée dans les administrations centrales si ce n'est foutre des bâtons dans les roues de ceux qui prennent des initiatives ou produire des kilos de paperasse et de circulaires au risque d'une déforestation massive ?

    Bref, il manque 2.5 milliards d'euros à l'État. Mais bon sang, comment on en arrive là, c'est de la folie.

    La commission des finances et Arthuis (qui a fini par se fâcher puisqu'il a voté contre le projet de loi de financement de la sécurité sociale) ne cessent de mettre en garde l'État.

    Comme le dit Rubin, ça devait arriver. J'avoue que je commence vraiment à flipper. Je préfère avoir mal un peu mais maintenant, que très mal mais dans pas longtemps. 

    Je ne dis pas qu'il faut faire n'importe quelle économie, mais il faut en faire, nom de Zeus. Alors discutons-en cartes sur table.