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  • Du centre au tiers-état

    Un débat s'est engagé chez Thierry Crouzet, à l'issue de la publication de son ouvrage : la tune dans le caniveau. J'ai attaqué assez rudement les thèses (encore à l'état d'ébauche) qui figurent dans l'ouvrage, mais elles méritent un véritable débat. Je recommande d'ailleurs vivement la lecture de cette nouvelle d'anticipation.Comme je l'ai déjà dit, j'aime bien le papier quand je lis, et même si j'ai lu sur Internet le livre, je viens de procéder à l'instant même à l'achat du livre papier chez la cOOp.org. Indépendamment des thèses évoquées, le livre est d'abord un récit fort bien écrit qui ne manquera pas de faire rire certains lecteurs, bien qu'il n'ait pas pour objet premier d'être comique. La vision des gauchistes en furie scandant "riche ! Riche ! Riche" n'est pas sans rappeler les rassemblements de révolutionnaires dans l'Éducation sentimentale de Gustave Flaubert. Sans doute les préoccupations d'Extase ne sont-elles pas les mêmes que celles de Frédéric, mais c'est bien un Paris en proie au désordre et à l'agitation que les deux héros traversent. Réminiscence ? Peut-être. Seul Thierry Crouzet le sait. Dans le livre de Flaubert, les révolutionnaires applaudissent dans une grande salle un discours prononcé entièrement en espagnol, auquel ils ne comprennent goutte. Les gauchistes grévistes de Crouzet m'ont quelque peu fait penser à ces républicains en herbe...

    L'idée qu'il y a un ailleurs dans la sphère sociale et politique est un idée qui a émergé depuis quelques années. Les premiers à s'en saisir ont sans doute été les associatifs, mais le plus puissant vecteur, en France, de cette idée nouvelle, a été, à n'en pas douter, en 2007, François Bayrou. 

    L'idée de François Bayrou, en 2007, était de considérer qu'il existait toute une frange de la population qui ne se reconnaissait pas dans le clivage droite-gauche, à l'instar du Tiers-État avec la noblesse et le clergé peut avant la Révolution française. Celle de Thierry Crouzet, un peu plus complexe, est d'estimer qu'il existe une catégorie de citoyens pas identifiables ni insérables dans les structures de pouvoir de la société humaine.

    Thierry Crouzet juge que ces inclassables sont le moteur de l'évolution future de l'humanité : non qu'ils soient majoritaires dans la société, mais parce qu'ils exercent un pouvoir d'attraction. Il observe que l'évolution du monde (au moins occidental, du moins) dans lequel nous vivons, pousse vers toujours plus d'individuation. Or, ces inclassables sont ce qu'ils sont en raison de leur réfraction à toute tentative d'intégration dans un modèle. Ces inclassables, parfois des oubliés, ce sont ceux dont Bayrou a voulu se faire le porte-parole en 2012 avec l'idée non pas qu'ils étaient le Centre en tant qu'entité politique à mi-chemin de la droite et de la gauche, mais le centre de la sphère politique, avec un raisonnement assez proche de celui de Thierry Crouzet.

    Toutefois, cette individuation croissante s'accommode mal de l'élection présidentielle, centrée sur un seul homme. Tout l'effort du MoDem à sa création a justement été de tenter d'appliquer les thèses que Thierry Crouzet développe : intelligence collective, action politique sur le mode coopérative.

    C'est cette idée que je veux battre en brèche, parce qu'elle conduit droit à l'impasse. Depuis les débuts du MoDem, je l'ai combattue, parfois férocement, toujours avec constance.

    Si je concède à Thierry Crouzet très volontiers l'individuation croissante de la société, j'y vois d'abord, et en premier lieu, un effet direct du modèle que constituent nos démocraties marchandes. Comme l'avait supposé Tocqueville dans sa Démocratie en Amérique, la société démocratique se morcelle toujours plus au fil du temps, ses citoyens se repliant au fil du temps dans la sphère privée.

    Je ne vois en aucun cas comment des intérêts divergents (parfois opposés) pourraient se regrouper pour faire émerger une troisième force. Thierry Crouzet brandit l'intelligence collective comme une force immanente comme si elle pouvait se constituer comme à la fois une et multiple ; la Tune dans le Caniveau est pourtant exemplaire à cet égard : Noam peine à convaincre, et les excités qui se dressent face à lui finissent par lâcher des rafales de pistolet-mitrailleur dans sa direction.

    Extase fulmine contre Noam quand elle réalise qu'elle a été trompée et que ce dernier est devenu un doppelgänger.

    Dans le folklore, le doppelgänger n'a pas d'ombre et son image n'est pas reflétée par un miroir ou l'eau. Il est supposé donner des conseils à la personne qu'il imite, mais ces conseils peuvent induire en erreur et être malintentionnés. Ils peuvent aussi en de rares occasions semer la confusion en apparaissant devant les amis et proches de leur victime ou en induisant des idées dans l'esprit de leur victime (Source, Wikipedia).

    Oui, l'individuation augmente, mais chaque individu ne peut se faire porteur à lui seul d'une parole ou d'actions qui se voudraient collectives. En réalité, l'individuation est à la fois une chance et une menace pour nos démocraties. Une chance parce qu'elle est une possibilité de renouvellement (mais pas auto-induite !), un danger parce qu'elle contribue à la désintégration du corps social.

    Toute la difficulté est de trouver les structures qui permettront de canaliser cette force protéiforme. Si le Centre, comme entité politique, a paru le réceptacle naturel de ce mouvement, c'est d'abord parce qu'il recèle une longue tradition de défense de l'individu et de mise en avant de la liberté. Ce n'est donc pas tout à fait un hasard qu'il refasse surface en même temps que cette tendance de fond. Ceci ne fait pas pour autant de tous les inclassables des centristes, ni des libéraux. Mais ils ont en commun la défense de leur identité. On peut comparer à cela le programme politique du MoDem dont l'introduction suggère de libérer toutes les initiatives, quelles qu'elles soient (entrepreneurs, artistes, associatifs, chercheurs, et cetera...).

    Je n'ai pas de solution-miracle, mais je crois qu'il y a dans le projet de Crouzet une contradiction profonde : d'un côté, la volonté de libérer les identités, et c'est tout le sens de l'appel de Noam, mais de l'autre, un détour vers une certaine forme de basisme ; maladie infantile du communisme, observaient avec acuité les Soviétiques à la fin des années 60. L'intelligence collective de Thierry Crouzet me fait penser au Noûs (νοῦς) d'Anaxagore, le philosophe et aux critiques que lui adressa alors Socrate qui cessa d'être son disciple  dans le Phédon (97d sqq) : tout enthousiaste à la suite d'une lecture publique des théories d'Anaxagore, Socrate pensa avoir trouvé enfin LE livre qui lui permettrait de découvrir la finalité des choses. Il dut déchanter. L' Intelligence d'Anaxagore, pas plus que celle de Thierry Crouzet, n'a 'intention, de projet ou de programme; elle ne vise rien. En somme c'est une Intelligence aveugle.

    Pour ne pas demeurer sur une note excessivement négative (car à mes yeux, Thierry Crouzet a fait une moitié du chemin, l'autre demeurant encore à découvrir), j'ai choisi le passage que j'ai jugé le plus délicieux ; paroles d'Extase qui inscrivent Crouzet dans l'idéal de modération et de mesure longtemps porté par les sagesses pratiques antiques (Stoïciens, Épicuriens, Cyniques, Aristotéliciens), et certainement traduites dans le domaine politique par la mouvance centriste (UDF, MoDem, Alliance Centriste, parfois Nouveau Centre) :

    Extase savait que le bonheur était aussi contagieux que la haine. Seule une société d’andouilles pouvait être franchement heureuse ou malheureuse.

  • Eh oui, Jean-Louis, faut prendre des risques...

    Bon, je crois que c'est à peu près acté pour Borloo : il ne sera pas premier ministre. Les sondages le placent loin derrière Fillon, or, comme l'omni-président dirige le pays à coups de sondages...

    Cela dit, Borloo paie autre chose : c'est une personnalité politique qui ne prend pas de risques, c'est à dire qui n'exprime pas des positions fortes. Quand Bayrou disait de lui qu'il manquait de solidité, je crois qu'il ne voulait pas dire autre chose.

    C'est d'ailleurs souvent le cas des "chouchous" des sondages. Ils ne disent rien ou presque, c'est à dire rien de conflictuel. Du coup, facile quand on ne s'oppose à rien et que l'on est d'accord avec le vent dominant, d'être très populaire. Tiens, je parie qu'en montrant des dents plus longues qu'il n'y paraît, Borloo va y laisser des plumes dans les prochains sondages de popularité.

    Ancien avocat de Bernard Tapie, je n'oublie pas qu'il a lâché Bayrou en pleine campagne électorale à la présidentielle de 2002 puis qu'il n'a pas eu le courage de franchir le pas en 2007 en dépit d'une lettre pressante de plus de 1000 jeunes de son parti.

    Cela n'empêche pas l'individu d'être sympathique et humain, je n'ai aucun doute sur ce point, mais il manque de poids politique. Face à un Fillon qui a un caractère autrement plus trempé, il n'y a pas photo.

    Pour conclure, ce ne serait évidemment pas un drame s'il devait devenir premier ministre, loin de là, et ma fibre centriste s'en réjouirait certainement. Mais en temps de crise, j'avoue que j'aurais assez peu confiance dans la vigilance du capitaine...

    Voilà qui répondra peut-être partiellement aux interrogations de Stef, d'une autre vie... L'Faucon, comme moi, mais aussi comme pas mal d'électeurs du MoDem, se satisferait à peu près d'un maintien de Fillon, mais comme vrai premier ministre, comme il le dit en conclusion...

  • Slow ? C'est pas mort...!

    Tiens, il m'a presque tiré la larme de l'oeil, l'Romain, avec ses histoires de Slows. Tout un pan de notre jeunesse, à nous, quadra, quinqua et autres vieux cons. Il faut reconnaître que le Still loving you de Scorpions demeure sans égal, quoiqu'en pense notre Lyonnais quand il écoute les derniers morceaux du groupe allemand.

    Certains en commentaires disent que la slow fait de la résistance : la question, c'est de déterminer où, exactement, il survit ou même réapparaît. S'agit-il de boîtes branchées pour vieux débris comme nous le sommes tous, ou bien y-a-t-il émergence (réémergence, plutôt) de ce genre de musique/danse ?

    Si les d'jeuns ignorent tout du slow, ils ont du kiffer grave l'un des derniers épisodes de Secret story : Benoît (je ne sais pas qui c'est, mais TF1 et les afficionados de la série doivent connaître) finit sa soirée dans les bras de la québecoise Anne-Krystell. Tant que TF1 connaît et diffuse aux Djeuns, c'est pas foutu.

    Bref, toute une époque, vents du changement ou non, qui a foutu le camp, mais qui pourrait encore surprendre...

  • Caniveau parisien pré-apocalyptique

    J'ai lu intégralement  la Tune dans le caniveau de Thierry Crouzet. A vrai dire, comme je lis vite, les premiers paragraphes m'ont d'abord inspiré un mauvais ressenti : j'ai cru lire du mauvais Barjavel technotronisé, un peu à la façon de  Ravages. Et puis bien réfléchi, j'ai poursuivi ma lecture. Distrayant. En termes d'environnement social et sociétal, c'est une sorte d'hybride de blade runner parisien et du film qui a inspiré Matrix (mais dont je ne parviens plus à me rappeler le nom). Le développement technologique tel qu'il apparaît dans le livre se rapproche évidemment davantage des évolutions des techniques telles qu'on peut les attendre dans les trente prochaines années.

    Crouzet imagine un Paris en proie au communautarisme (pas tant religieux que l'esprit de clan) et à l'anarchie. Crouzet plaide pour ce qu'il appelle l'humano-diversité, voyant dans l'humanité un ajustement monumental de particularités, mais il ne peut s'empêcher de diviser sommairement pour pas ne dire binairement voire même primairement,  l'humanité en riches et en pauvres. Extase déteste la bouc-émissarisation, mais les riches apparaissent bien à l'origine de la faillite de la société humaine. 

    Ce qu'il y a, c'est que Crouzet récuse la lutte des classes : ses riches sont des pauvres qui sont devenus accidentellement riches. Il n'en reste pas moins que toute sa nouvelle est construite autour d'une opposition forte entre riches et pauvres, opposition dont les riches sont avant tout comptables. Les banquiers sont ainsi comparés à des esclavagistes mâtinés de faussaires dotés du droit imprescriptible de frapper monnaie comme bon leur semble. Crouzet récuse les raisonnements simplistes, mais il invoque lui-même ses banquiers et ses riches comme un deus ex machina à la source des maux ultimes de sa société pré-apocalyptique.

    Crouzet avalise les inégalités en s'en remettant à la Loi de Pareto : pour 100 individus, en tout temps, sous tout régime, 80% de pauvres, 20% de riches. L'idée de Crouzet est en revanche de cloisonner tout ce que l'humanité a l'habitude d'évaluer en monnaie. Ainsi, les 20% des riches en argent ne sont pas les 20% des riches en bonheur ni les 20% des heureux en amour et ainsi de suite. Un équilibre subtil est donc envisageable. Sauf que rien ne tient dans la construction  de Crouzet parce qu'il hypostasie une interchangeabilité entre différents critères de mesure de la réussite. Comme si tous les êtres humains allaient s'accorder pour avoir cette raison-là.

    Il y a quelque chose chez Crouzet qui me fait furieusement panser à l'homo geslstat de Théodore Sturgeon, une utopie qui ne vaut que pour la science-fiction ou l'Abbaye de Thélème.

    Protagoras a dit et écrit que l'homme était la mesure de toutes choses. Aussi, toute vie sociale procède de conventions nécessaires pour pouvoir vivre ensemble. L'important n'est pas de réaliser l'égalité, sur le fond l'objectif de Crouzet, même si elle prend de voies détournées par rapport aux théories marxistes, mais de donner les moyens à tous de vivre ensemble tout en gardant un espoir.

    Ce n'est pas grave qu'on constate qu'empiriquement, seuls 20% des individus dans toute société, disposeront de 80% des richesses, à condition qu'ils soient interchangeables. L'origine du désespoir, au fond, sauf à ce que le peuple soit trompé par des démagogues, ce n'est pas de ne pas être là où l'on voudrait être, mais de n'avoir aucune opportunité de changer.

    Le Noam de Thierry Crouzet imagine pouvoir contourner la propriété comme mesure de pouvoir et bien-être par la dématérialisation. L'expérience du monde virtuel Second Life aurait du pourtant lui apprendre que tout monde virtuel n'est jamais qu'une réplique du monde réel. Sur Second Life, on vend des biens et des terrains virtuels avec le même appétit que dans notre monde réel. Seule l'échelle change.

    Le réseau est une chimère : il s'y reproduit toutes les hiérarchies auxquelles nous sommes habitués, simplement, ces dernières y prennent d'autres formes. 

    In fine, c'est l'existant qu'il convient de chercher à aménager au mieux. Les réseaux sont un fait de société, en aucun cas des sur-entités par essence éthiquement supérieures. Croire qu'ils constituent une nouvelle étape du développement humain est un leurre vain qui ne peut conduire qu'à une impasse.

  • Consultant chez wikio...

    L'information est officielle. Wikio cherchait un nouveau consultant politique, apparemment. J'ai donc tout bêtement postulé, et me voilà bombardé consultant.

    Mission ? repérer de nouveaux blogues, proposer des changements de catégories quand c'est pertinent, remonter les souhaits et les remarques des blogueurs.

    En échange, j'ai droit à une retraite chapeau de...enfin, non, je ne peux pas dire publiquement le montant, cela friserait l'indécence. Quant aux avantages fiscaux, puisque j'ai désormais le droit à ma carte de journaliste, je préfère ne rien dire, de peur de provoquer de l'envie et des animosités dans la blogosphère(1).

    Bon, il va falloir évidemment trier le bon grain de l'ivraie. Au cimetière du classement les mauvais blogs, au Paradis des tops le bon (2).

    Sérieusement, pour en venir au vif du sujet, si vous lisez ce billet, avez un blogue politique non identifié par wikio, êtes là depuis quelque temps, et comptez rester, c'est le moment de vous faire connaître. J'en profite pour inviter ceux qui sont partis à revenir (gros appel du pied à Reversus ou à Meilcour, par exemple), à ceux qui n'ont rien compris aux flux, à les afficher complètement, pas partiellement (particulièrement ceux qui évoluent sous wordpress et overblog  afin qu'on puisse les insérer dans base de wikio.

    Je précise qu'aucune autre plate-forme que wikio ne tente à ce point de porter les blogues et ce qu'ils représentent en avant et que figurer dans sa base de données est 100% avantageux pour chacun d'entre vous.

    Pour tous ceux que la perspective de voir l'infâme droitier que je suis devenir consultant pour wikio hérisse, qu'ils sachent que la mission n'est que de 6 mois, et qu'ils pourront sans doute postuler à l'issue de cette période si je ne suis pas renouvelé.

    (1) Comme il y aura toujours un andouille pour le prendre au premier degré, je signale que je blague et que j'agis évidemment à titre gratuit, simplement parce que la blogosphère politique me distrait agréablement voire m'amuse et dans tous les cas m'intéresse.

    (2) Voir (1)

     

  • Delanoë couronné roi de l'embouteillage...

    La réalité finit toujours par rattraper, au bout d'un moment, le ressenti. Je vois bien, quand je prends mon automobile pour me déplacer aux alentours de Paris ou dans la capitale, que je mets toujours plus de temps à effectuer mes trajets. Les groupies de Delanoë se sont toujours trouvés pour m'expliquer que non, c'était bien mieux ailleurs et que Paris était globalement fluide.

    Raté, caramba : deux sociétés de trafic ont réalisé coup sur coup une étude, pour arriver aux mêmes conclusions : Paris est la ville la plus embouteillée d'Europe. Je pense que le phénomène est aggravé par la delanoisation rampante des villes de la petite couronne : à Vanves, à Malakoff, à Issy les Moulineaux, par exemple, on fait à peu près tout pour empoisonner le plus possible les automobilistes en supprimant des places de stationnement, délivrant des autorisations de travaux les plus nombreuses et les plus gênantes possibles, multipliant les plots et j'en passe.

    Les Baupinades me feront toujours rire : figurez-vous que sans rire, l'adjoint vert de Delanoë a dans un communiqué expliqué qu'il était urgent d'agir pour désengorger les voies rapides d'île de France, les otages de l'automobile étant doublement victimes puisque victimes de la pollution.

    Sacré Baupin. Il faudrait l'inventer s'il n'existait pas. C'est qui l'imbécile qui promettait l'Enfer aux automobilistes en 2001, au fait ? Et celui qui voulait supprimer une voie de circulation sur le périphérique on encore y limiter la vitesse à 50 km/h ?

    Il faut dire que les delanoconneries se poursuivent à Paris, et que les choses ne risquent pas de s'améliorer, à témoin le plan de paralysie de la circulation en cours Place de la République, par exemple (je vous rassure, Delanogroupies, il y en a d'autres du même acabit ailleurs...).

    Pour bien comprendre l'ampleur des delanoconneries sur la circulation, je précise que les conducteurs de la zone Paris/Ile de France perdent 70 heures par an dans le trafic ! Et ce n'est qu'une moyenne, le Boulevard Périphérique emportant la palme de très très loin.

    J'écoutais Baupin réagissant sur RTL :

    « Les embouteillages indiqués se situent sur le périphérique et sur les autoroutes, c’est-à-dire exactement là où nous n’avons pas pu agir (…) C’est quand même une drôle de façon de se déplacer que d’utiliser un véhicule conçu pour transporter une famille qui part en vacances, alors qu’elle est occupée par une personne seule 99% du temps. Il y a un moment où penser autrement l’automobile va devenir une nécessité, pour que les gens arrêtent d’être bloqués dans une automobile, qui est en fait une auto immobile. »

    'tain, mais il glande rien de sa journée ou quoi, ce gars-là ? Quand je prends ses 'tains de transports en commun, je mets deux fois plus de temps que lorsque j'utilise mon véhicule. Je suis déjà à 1h30 de transport par jour, je ne veux pas passer à trois heures. A mes débuts, je bossais beaucoup plus loin : en automobile j'étais à 3 heures par jour, mais en transport en commun à 4h30. Est-ce qu'il va finir par comprendre qu'il y a des gens qui bossent, cet incapable ? Et quand je me déplace avec toute ma petite famille, ses transports en commun, il peut se les carrer là où je pense. Paris n'est pas prévue pour les familles et les travailleurs mais pour les fêtards et les célibataires.

    Je me suis prononcé très fermement contre la fermeture des voies sur berge. Je réitère cette position et appelle les pouvoirs publics parisiens à cesser leur guérilla incessante contre les automobilistes. Je délivre d'ailleurs un message similaire aux maires de la petite couronne, toutes tendances confondues, qui pratiquent désormais la même politique.

     

  • Ils sont payés dix mois sur douze ou pas les enseignants ?

    Tiens, avec l'idée d'augmenter le temps de travail des enseignants ressort un vieux serpent de mer : la réalité de la rémunération des enseignants. Il se dit sur la Toile qu'ils ne seraient payés que dix mois sur douze depuis un obscur décret du 10 juillet 1946. Brighelli, sur son blogue Bonnet d'âne, a même confirmé la chose en juin dernier. Mais il s'est pris une volée de bois vert d'un enseignant en mathématiques, Michel Delord, qui y voit une légende urbaine, et apporte des preuves à l'appui.

    Il est difficile de faire des recherches exactes sur le sujet avec Légifrance, pour la bonne raison qu'en deçà de l'année 1947, le site ne dispose pas des textes mais seulement de leur objet.

    Michel Delord renvoie à un décret du 10 juillet 1948 qui établit les traitements de tous les fonctionnaires. Il affirme ne pas avoir connaissance d'une délibération du 6 janvier 1945 à laquelle renverrait le texte du 10 juillet 1948. De fait, pas trace sur legifrance. Seulement, voilà, le texte de loi que cite Delord évoque une ordonnance du 06 janvier 1945 portant réforme des traitements des fonctionnaires de l'État et aménagement des pensions civiles et militaires. Ce texte cite également une loi du 19 octobre 1946.

    Problème : au moins sur légifrance, la dite ordonnance ne figure pas. Idem pour la loi citée. Brighelli cite une délibération du 11 avril 1946.  Pas de délibération, mais en revanche, il existe bien un décret de la même date sur la création et la composition d'une commission chargée d'étudier le reclassement des rémunérations accordées aux différentes catégories de fonctionnaires.

    Michel Delord a mal cherché...Ne lui en tenons pas rigueur, manifestement, des textes juridiques font défaut sur légifrance, avant 1947, et même quand il en reste une trace, on ne dispose que de leur titre.

    Le député Robert André Vivien a posé une question sur ce sujet le 02 juin 1986, citant les mêmes dates que Brighelli. Il avait 23 ans en 1946, mais pas de chance, il est décédé en 1995 si bien qu'on ne pourra plus lui poser la question de ses sources.

    Bref, pas moyen de conclure sur une affirmation qui demeure, in fine, pour le moins mystérieuse. Il y a en tout cas un témoignage intéressant : celui de Roger Grégoire, le premier directeur de la fonction publique ; une chose est probable, c'est que les modalités de calcul des salaires des fonctionnaires avant la loi 1948 étaient un authentique foutoir, au point que la Commission Coyne, probablement celle qui fut mise en place le 11 avril 1946, s'étiola dans un long endormissement, sans doute en raison de discussions sans fin, chacun défendant son bout de gras.

     

  • Et les droits de l'homme, bordell ?!

    Je suis presque du même avis que l'Nicolas, en cette fin de journée, à propos de la Chine. Avec toutefois quelques petites différences. Je pense que notre avis sur le respect des Droits de l'Homme en Chine n'est pas neutre, et à vrai dire, je préfère de loin un Juppé provoquant un clash avec la Chine qui voulait l'empêcher d'en parler au début des années 90 à un Sarkozy faisant la carpette sur le sujet. Nous n'avons en aucun cas à nous faire pardonner nos positions sur le Tibet.

    Ce qui coince pas mal la France, face à la Chine, et plus généralement face aux pays peu respectueux des droits de l'homme avec lesquels nous commerçons, c'est que nos présidents jouent les VRP pour le compte de très grosses entreprises semi-publiques, ou, tout du moins, directement impliquées dans la sphère politique. Difficile de plaider, dans ce cas, pour le dernier Nobel tout en vendant massivement de la technologie nucléaire aux Chinois.

    Il me paraît néanmoins censé de tancer le chef de l'État à ce sujet, d'autant que nous avons d'autres griefs envers les Chinois, et Marielle de Sarnez pour le MoDem, avait bien raison, le 11 octobre dernier d'appeler l'Europe à mettre fin au marché de dupes dont elle est victime avec les Chinois. On ne peut pas dire que la France de Sarkozy qui escompte bien la fermer au moment où elle prend la présidence du G20 soit très solidaire avec ses potes européens sur le sujet, puisqu'on a bien compris que la sous-évaluation de la monnaie chinoise n'y sera pas, ou peu, abordée.

    Maintenant, je crois avoir lancé une petite chaîne sur la responsabilité individuelle il y a peu où je reprenais le début des Pensées d'Épictète. Et s'il y a une chose que j'ai retenu, et Rubin et Mirabelle l'entendent aussi ainsi, je le crois, c'est que chacun (chacune) peut agir sur les choses qui dépendent de lui (d'elle). Oh, certes, pas modifier le cours de l'histoire, mais pour reprendre les mots d'Isabelle, cette fois, travailler chacun à changer un petit nombre d'évènements, ça, c'est possible.

    Ne nous exonérons donc pas de nos propre responsabilités avant de déchaîner la tempête buzzatique sur le chef de l'État : achetez-vous des jouets chinois ? du textile chinois ? Probablement, comme tout le monde. Je ne sais pas jusqu'à quel point le boycott est efficace, mais je crois qu'un mouvement citoyen et spontané qui refuserait d'acheter chinois tant que la Chine ne change pas sa pratique en termes de droits de l'homme, aurait un impact certain.

    En tout cas, pas question de conspuer l'affairisme et l'absence d'éthique d'autrui, politiques compris, si nous-mêmes ne sommes pas même capables de parcourir ce premier petit bout de chemin...

  • Mariages d'amour ? Les hommes volages doivent en prendre plein la g...

    Je viens de lire le billet de Nicolas sur les mariages d'amour et les mariages d'intérêt. Il associe dans une synthèse intéressante les considérations de Luc Ferry sur les mariages d'amour et des statistiques de l'INSEE sur la pauvreté, qui touche principalement des familles monoparentales, c'est à dire des femmes seules avec enfants.

    Nicolas propose de réhabiliter le mariage d'intérêts, quitte à vivre ses amours à côté. L'union libre et sans attaches, en somme. Pourquoi pas, mais cela demeure à discrétion de chacun.

    Tout le monde connaît mon goût irrépressible pour la répression : rien que d'entendre le seul mot répression, j'en salive et bave d'avance. Je suis donc favorable à une solution répressive....

    Oui, mais par pour contraindre hommes et femmes à demeurer mariés : non, une issue répressive pour faire payer et très cher les hommes qui font des enfants aux femmes et qui se barrent. Il faut les faire casquer, payer cash et allonger le maximum d'oseille, histoire qu'ils assument au moins financièrement leur paternité. 

    Voilà une première proposition qui contribuerait à résorber la pauvreté des familles monoparentales.

    Oh, dans mon esprit, ce n'est pas une punition pour avoir choisi de partir ailleurs, mais pour avoir laissé sa descendance sur les seuls bras de la mère. Il faut taper, et très fort. Le plus fort possible, même. 

    Voilà qui devrait pousser les hommes lâches à y réfléchir à deux fois avant de refuser d'enfiler une capote.

     

  • De l'espoir pour l'école ? T'as de l'humour...

    Ah, il m'a fait rire, LomiG. Il croit qu'il y a de l'espoir pour l'école après avoir consulté les dernières propositions des Socialistes et de l'UMP.

    Tiens, il observe d'ailleurs ce que je dis depuis longtemps ici : elles se ressemblent, ces propositions. Mais ouvre les yeux, l'ami, et tiens, jette un coup d'oeil au dernier billet du Privilégié : la société toute entière se défausse de sa responsabilité éducative sur les enseignants. J'aime bien sa conclusion, au Privilégié : 

    Il serait tout de même bon que nos concitoyens comprennent que si l'on continue à charger l'Education nationale de toute une série de missions débiles et inutiles visant à compenser les manquements des parents et/ou de la société à l'égard des jeunes, on n'aura pas de meilleurs résultats que vous (comment remplacer l'autorité parentale ?) mais on fera de moins en moins de choses intéressantes, comme de l'histoire, de la géographie, des sciences, de la littérature...
    Faites votre boulot de parents, et laissez-nous faire tranquille notre boulot d'enseignant.

    Pendant ce temps, ces abrutis de Socialistes, suivant la mode en vogue sur les temps scolaires vont rogner sévèrement le temps de vacances de leur électorat : eh oui, reprenant une proposition de Peillon, idiotement incluse, désormais, dans le programme du Mouvement Démocrate également, le PS avalise la réduction du repos de ses électeurs favoris. Et ces imbéciles continuent à voter socialiste... Oh, de toutes façons, l'UMP n'est pas une alternative ; Yves Jégo se déchaîne sur son blogue : tas de bons à rien de profs, en substance, s'exclame-t-il , allez, hop, alignons les profs sur les autres métiers, et faisons-les bosser pendant les vacances.

    Enfin, ce n'est qu'un aspect : fondamentalement, ni du côté de l'UMP, ni de celui du PS, il n'y a le moindre embryon d'inflexion sur la politique éducative. Il y en avait de sérieuses dans les propositions de Bayrou en 2007, mais il doit commencer par flinguer le programme actuel de son parti s'il veut redevenir crédible, en réaffirmant haut et fort ce qui avait fait la spécificité de son discours en 2007 : diversification (classes passerelles, centres éducatifs stricts pour les perturbateurs, par exemple mais aussi promotion des voies d'excellence). J'ai parfois le sentiment qu'à trop fréquenter la gauche, le MoDem a fini par en importer les âneries principales dans le domaine éducatif. On retrouve dans le Projet Humaniste les mêmes poncifs idiots que ceux qui figurent dans celui du PS et de l'UMP. Et quand je pense que j'ai adhéré à l'UDF en partie pour l'originalité de ce qui s'y disait sur l'éducation...

    Quand y aura-t-il enfin un responsable politique qui finira par comprendre que c'est l'organisation intrinsèque de l'enseignement, l'habitude de charger la mule de la plus ridicule des manières avec des éducations à n'importe quoi, qui finissent par faire de notre école une machine à fabriquer des crétins.