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L'Hérétique (Démocratie et hérésie économique) - Page 226

  • Pourquoi le Nouveau Centre ne défie-t-il pas l'UMP ?

    Je ne comprends pas le Nouveau Centre. Hervé Morin est venu voir Nicolas Sarkozy, il y a peu, avec un sondage secret, montrant que si le Nouveau Centre présentait dans plusieurs régions des députés de son groupe, généralement connus, il pouvait y obtenir entre 9 et 12% des suffrages. Pourquoi choisit-il, dans ces conditions, de ne pas affronter l'épreuve du suffrage universel tout seul ? Même si Sarkozy hurle et crie à la trahison, que l'UMP s'étrangle, le Nouveau Centre aurait bien plus de poids dans la majorité s'il montre qu'il peut peser près de 10% lors d'une élection. Avec 10%, il serait en position de faire valoir ses convictions et son projet dans l'actuelle majorité, et ce serait, bien évidemment, bien mieux pour le centre en France. La stratégie d'Hervé Morin permet peut-être d'avoir des élus, mais elle est suicidaire pour son parti. Avec les régionales, c'était l'une des dernières opportunités pour le Nouveau Centre d'exister. Et même si le résultat final avoisinait plutôt 5-6% que 9-10%, ce n'est pas rien. Surtout par ces temps difficiles où l'UMP n'a plus de réserves de voix.

    Je suis un militant MoDem, et on pourra me dire que cela ne me regarde pas, mais je pense qu'une proportion non négligeable d'électeurs, de sympathisants et même de militants du MoDem est susceptible d'appuyer le Nouveau Centre dans certaines élections, à condition qu'il existe...

  • Recherche peuple désespérément...

    Je poursuis la lecture du livre Recherche peuple désespérément, et j'en suis arrivé aux lignes dans lesquelles les deux auteurs font un tour rapide des discriminations qui frappent le peuple. Ils observent, par exemple, qu'une jeune issu d'un lycée rural a bien moins de chances d'entrer à science-po qu'un jeune des cités venu de Bobigny. Ils remarquent aussi que la gauche s'est polarisée sur les discriminations ethniques sans prendre garde que les discriminations sociales, aussi muettes que discrètes, étaient bien plus redoutables et prononcées. Tous les partis politiques soignent aujourd'hui leur "diversité". la diversité, c'est tendance, ça fait bien sur un plateau. Mais qui s"'indigne de ce que l'Assemblée Nationale ne compte plus un seul ouvrier dans ses rangs ? Fini les Monory garagiste, ou un Bérégovoy ouvrier-tourneur et premier ministre ! place aux élites embourgeoisées venus des centre-villes !

    Il y avait ce week-end un congrès à Arras : le Mouvement Démocrate établissait un programme politique. Dans son discours de clôture, François Bayrou a évoqué une discussion avec Alain Dolium, actuel candidat à la tête de liste pour le MoDem en île de France ; Alain Dolium lui parlait alors des discriminations et voilà ce qu'il lui disait :

    J'ai fait ce parcours. J'ai vécu ces discriminations et - une dont je parlerai dans un temps - mais on se tromperait en croyant qu'il n'y a que les garçons et les filles de peau noire ou d'origine étrangère qui vivent ces discriminations, parce que, a-t-il ajouté, les provinciaux à Paris, ceux qui ont de l'accent, ceux qui viennent d'ailleurs, ceux qui ne connaissent pas les codes, ceux qui ne savent pas comment on s'habille quand on sort dans le monde, ceux qui n'ont pas le parcours fléché, tous ceux-là vivent les mêmes obstacles.

    Et Bayrou a alors conclu :

    C'est bien de tous ceux-là dont nous prenons le destin en charge en ayant choisi les candidats que nous avons choisis. Il y a un peuple de travailleurs qui n'est pas représenté, un peuple de pauvres et, parfois, travailleurs et pauvres en même temps, un peuple de petits retraités - ma mère qui vient de s'en aller percevait pour sa retraite moins de 680 €. Je ne dis pas que ce soit rien, mais, après une longue vie de travail, ce n'est rien. Tous ceux-là constituent, pour nous, notre communauté d'origine, notre enracinement. C'est cet enracinement-là que nous allons porter dans cette élection.

    Et moi, je le dis, je suis d'accord avec cette vision ; c'est d'ailleurs le sens de mes deux billets, l'un sur les ouvriers, l'autre sur la social-bourgeoisie. Et je pense, qu'au PS, Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin ont bien raison de se pencher sur la question. J'espère que leur réflexion ensemencera les programmes régionaux des Socialistes.

    Pour nous, au MoDem, il ne nous reste plus qu'à bâtir des programmes régionaux qui intègrent ces populations oubliées, sans céder un pouce de terrain aux sirènes chics de la médiatisation urbano-centrée. Foin des métropoles, occupons-nous un peu du peuple...

  • Le libéralisme face à la social-bourgeoisie

    C'est marrant, aujourd'hui, en France, si vous voulez afficher un énorme chiffon rouge, brandissez l'étendard du libéralisme : vous êtes à peu près certains d'être chargé par une horde de bovidés enragés.

    C'est qu'en effet, l'on accuse le libéralisme de tous les maux. Curieux. Moi, je ne vois pas de libéralisme nulle part, mais au contraire, une mainmise grandissante des États sur la vie économique, les libertés et les existences de chaque individu.

    A travers la fiscalité, les États démocratiques nous taxent jusqu'à la moëlle, tandis que les régimes autoritaires limitent autant qu'ils le peuvent les libertés individuelles. Pour la fiscalité, vu l'endettement record des États, ils n'ont pas fini de nous taxer : ils devront rembourser tôt ou tard, et, à ce moment-là, ils chercheront de l'argent partout où ils pourront en trouver. Et je n'évoque pas non plus les libertés publiques qui en prennent un coup, depuis quelques temps, dans nos états démocratiques, à commencer par la France...

    Je crois que le pire des maux qui assaillent notre civilisation démocratique, c'est le copinage généralisé au plus haut sommet des états mais aussi des très grandes entreprises. A coups d'entente et d'accords privilégiés, ces réseaux anéantissent petit à petit les libertés, à commencer par les libertés économiques ! Cette nouvelle forme de pouvoir n'a été analysée que par peu d'individus : par Jean François Kahn, d'abord, qui a le grand mérite de comprendre qu'il ne s'agit pas là du libéralisme que l'on dénonce habituellement, mais aussi par certains blogueurs libéraux particulièrement incisifs. Je renvoie ainsi à l'excellente définition de la social-bourgeoisie par Vincent Bénard sur son blog, objectif liberté :

    Pourquoi "Social Bourgeoisie" ? , car cette doctrine politique est très interventionniste, elle est donc apparentée au socialisme. Cette forme particulière d'interventionnisme public très fort dans l'économie consiste à se montrer aussi dépensier que ne le seraient des socialistes purs et durs, et parfois plus que des socialistes réformateurs étrangers. "Bourgeoise", parce que les clientèles principales de ces interventions ne sont plus des familles modestes ou "ouvrières", comme aux débuts de l'essor du socialisme de masse, mais les milieux d'affaires les mieux connectés au pouvoir, c'est à dire les grandes entreprises, et surtout les banques et compagnies d'assurances, alliées indispensables des états qui creusent chaque année un peu plus le trou de leur dette publique. Ceci, afin, nous dit-on, de "favoriser l'économie et l'emploi".

    Vincent Bénard achève avec intelligence son analyse, observant que des interventions sectorielles d'un état sont aux antipodes des thèses libérales traditionnelles, d'une part, et qu'ensuite, si on les confond avec le libéralisme, c'est qu'elles se font souvent au détriment d'acquis sociaux et syndicaux, en faveur de la très petite minorité de très grandes entreprises et de grandes banques qui en bénéficient. Il y a, en fait, des interventions incessantes des états depuis de nombreuses années, à commencer par les USA, mais elles se font en faveur de quelques acteurs et au détriment des autres.

    Pour ma part, je le dis et je le redis : le coeur du libéralisme, dans le domaine économique, c'est la concurrence libre et non faussée. Ce libéralisme économique doit s'appuyer sur un libéralisme politique : pas de concurrence libre et non faussée sans transparence, pas de transparence sans libertés publiques (dont la liberté de commercer, d'acheter ou de consommer sans devoir faire face à des entendesz illégales appuyées par des états, par exemple).

    Voilà pourquoi les libéraux ne peuvent absolument pas se reconnaître dans le nouvel ordre mondial, et encore moins dans le bonapartisme de Nicolas Sarkozy. Non au capitalisme de connivence, car il détruit petit à petit tous les acquis que le capitalisme avait pu amener grâce à l'incroyable accumulation de richesses qu'il avait permis !

    L'état, au lieu d'intervenir à tout va, ferait bien de s'occuper de remplir convenablement sa première fonction : contrôler l'équité des échanges, de l'information, assurer le transparence, prévoir des lois qui permettent aux petits entrepreneurs et aux consommateurs de se défendre. Récemment, les class actions n'ont pas été retenues dans la Loi de Modernisation de l'économie. Pourquoi, parce que cela gênait les plus grosses entreprises. Il y a donc bien eu collusion entre l'état et ses copains...En définitive, c'est une élite qui truste toutes les places du pouvoir et empêche toute saine émulation grâce à ces réseaux. C'est aussi ce que dénonce, je le crois, François Bayrou dans son Abus de pouvoir, et c'est à cela qu'il faut mettre fin si l'on veut retrouver, au moins en France, aux blocages de toute sorte à tous les niveaux de l'économie et de l'état...

     

  • MoDem/Cap21, restons bons amis, SVP

    Les accords entre Cap21 et Europe écologie se multiplient. Marc Vasseur annonce une nouvelle alliance, encore, en île de France, cette fois. Cela pose un problème, car Cap21 est censé être membre fondateur du MoDem. Je comprends le fort désir de nombre de membres de Cap21 de revenir à la source écologique, surtout si l'on considère qu'Europe écologie est un label plus ouvert que les Verts. Je leur conseille toutefois de ne pas s'y tromper : ils s'exposeront à mon avis à des désillusions, car sur le fond, ce sont les Verts qui contrôlent (et utilisent à leur profit !) le label Europe écologie et pas l'inverse.

    Ce qui me paraîtrait sain, c'est que Cap21 se sépare du MoDem pour former à nouveau un parti politique autonome. Ceci n'empêcherait ensuite pas des accords de parti à parti, localement, mais au moins, cela aurait le mérite d'être clair.

  • Le MoDem avec Ségolène ?

    Ségolène Royal propose au MoDem une alliance de premier tour en Poitou-Charentes. Cela mérite, à mon avis, d'être examiné. Je ne sais plus trop où l'on en est là-bas, au MoDem. Je sais que l'une de nos élues siège comme non-inscrites, Elizabeth Delorme.  Bien sûr le MoDem de la Charente, celui de Charente-maritime, de Vienne et des Deux Sèvres, ont tous les quatre un site. A ma connaissance, ils ont d'ores et déjà des binômes dans chaque département pour des listes autonomes. Des deux blogueurs locaux, l'un, Orange Sanguine, au moins, a réagi, pas vraiment par de l'enthousiasme délirant, et c'est une litote...quant à l'autre, Fanal Safran, elle (c'est une blogueuse) évoque relativement rarement la politique, en tout cas, pas sur son blog...Il y a également un blogueur socialiste, Fraise des Bois, pas franchement partisan de Ségolène Royal qui exerce dans les Deux-Sèvres, mais pas de réaction de son côté pour l'instant. D'après les informations recueillies chez lui, il n'en reste pas moins que Ségolène Royal a fait un carton au sein du PS local avec ses propositions de listes, puisqu'elle reçoit plus de 85% d'approbation dans les Deux-Sèvres. Je n'ai pas d'idées claires du bilan de Ségolène Royal dans les Deux-Sèvres, mais Fraise des Bois juge qu'il est tout à fait honnête.

    Personnellement, j'avais trouvé intelligente son initiative sur l'automobile électrique régionale, même si je suis en revanche nettement plus sceptique sur l'auto-partage. Je pense en effet, que les transports en communs, surtout dans des régions pas forcément bien maillées, ne peuvent se substituer aux moyens de transport individuels. Maintenant, je pense qu'il faudrait aller plus loin : pas seulement passer un appel d'offres pour des prototypes écolos et pas chers, mais carrément pour l'implantation de petites unités de production sur place. Une sorte de réindustrialisation par des automobiles rénovées, en somme.

    J'apprécie également la manière dont Ségolène Royal incite plutôt que relance l'activité économique. Henri de Richemont, le chef de l'opposition locale lui a reproché la faiblesse de ses plans de relance : eh bien je pense qu'elle a raison de procéder par incitations fiscales plutôt que par versements d'argent. Il y a deux ans et demi, après avoir lu son livre d'entretiens, Maintenant, j'avais constaté qu'elle avait une vision saine des cordons de la bourse et que c'était quelqu'un d'assez économe. Une vertu dans les temps de déficits budgétaires monstrueux que nous vivons.

    Ségolène Royal peut agacer en raison de son goût prononcé pour la peopolisation, mais il ne faut pas oublier que derrière l'apparence, il y a une énarque (et les énarques ne sont généralement pas des semi-débiles) qui a une véritable compétence. Sur la dette, elle a une véritable volonté de présenter des budgets équilibrés, et on ne peut pas contester une politique volontariste et pragmatique de sa part sur l'écologie.

    Bref, je pense en effet, que c'est une bonne présidente de région et que son bilan est positif. Au MoDem d'aviser : je n'ai pas vu de critiques de la politique régionale sur les différents blogs départementaux démocrates visités, et personnellement, une alliance de premier tour avec elle ne me gênerait pas plus que cela, mais, évidemment, ce que je dis n'exprime que mon avis.

  • Spéculer sur la dépollution ? très dangereux !

    Ça va chauffer à Copenhague, enfin, j'espère, toujours à cause du carbone, d'ailleurs : je viens de lire l'alerte d'Exigence démocratique ! Lui-même s'est fait l'écho d'une inquiétude forte, celle des Amis de la Terre. La dernière trouvaille des États, sur les marchés financiers, c'est d'y répandre des droits d'émission de gaz à effet de serre. Le problème, c'est d'avoir soumis aux lois de l'offre et de la demande un droit qui ne devrait en aucun cas dépendre d'une logique marchande. Comme Pierre le souligne, le cours de ces émissions s'est effondré, et du coup, il devient possible d'acheter à bon compte le droit de produire des quantités mastodontesques de gaz, puisqu'un titre qui vaut une quantité X a vu son prix passer de 30 dollars à 0.20 dollars. Il y aurait une parade d'urgence  à cela, à mon avis : corréler la quantité à la valeur. Cela suppose évidemment, d'inventer un produit financier nouveau. Plus généralement, je trouve que ce n'est pas une bonne idée d'échanger ces droits comme si c'étaient des titres, car cela risque de les vider de leurs substances et d'entraîner de dangereux mouvements spéculatifs. De plus, comme le souligne Exigence Démocratique, comme nous sommes à l'aube de ce marché, il n'existe ni régulation ni contrôle et les mouvements spéculatifs les plus fous sont possibles.

    Face à la menace climatique, il faut faire front commun. J'espère que le Président de la France, Nicolas Sarkozy, entendra ce message et proposera à nos partenaires européens d'y apporter une réponse adaptée. J'espère que tous les partis, a fortiori le MoDem, vont avoir à coeur de s'emparer d'une telle menace et de tout faire pour y mettre un terme.

  • Où sont les ouvriers ? Où est le peuple ?

    Je parcours, depuis quelques jours, les pages de l'ouvrage de deux sociologues, Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin (tiens, un ancien du MRC...). Il s'intitule "Recherche le peuple désespérement". Ce livre s'adresse préférentiellement à la gauche, mais il m'intéresse beaucoup, parce que les observations faites par les deux auteurs recoupent une partie de mes interrogations et également bon nombre de mes observations.

    En particulier, on a cru, au sein du landernau politico-médiatique (et pas seulement à gauche), à l'exclusion, malheureusement et il faut le dire, du Front National, que la classe ouvrière n'existait plus en France. Le PS, les communistes et même les Trotskistes se sont satisfaits des populations multi-assistées des  logements sociaux des centre-villes ou des proches banlieues qui leur permettaient de se trouver une caution populaire à bon compte. Pendant ce temps, les classes populaires, repoussées bien au-delà des grandes banlieues, plongées dans une grande détresse, précarisées, affrontaient seules et abandonnées de plein fouet les effets pervers de la mondialisation.

    Parce que l'industrie s'est réduite comme peau de chagrin, la gauche qui ne connaissait plus de classes populaires hors la bonne vieille industrie issue du XIXème siècle, n'a pas vu la précarisation croissante de tout un secteur de la population, péri-urbanisée, parfois rurale. Il a été plus simple d'y voir des beaufs, des électeurs du FN, des mineurs politiques dont il était préférable de limiter l'exercice des droits civiques, ces derniers ayant tendance à voter pas toujours comme il le fallait.

    La gauche verdâtrisée a ignoré tous ces hommes et ces femmes, qui font jusqu'à 5 heures de trajet aller et retour pour venir travailler dans les métropoles, vivent dans des communes-dortoir de moins de 1000 habitants, n'ont d'autres choix pour se déplacer que d'utiliser leur automobile et ne connaissent plus des services publics que le nom que l'on en donne aux émissions télévisées, leur principale distraction.

    Qui s'intéresse à ces gens ordinaires, qui vivent généralement de 100 à 200 kilomètres des grands centres urbains ? Quels partis politiques s'y déplacent ? Non, les préoccupations des populations boboisées des villes sont bien plus intéressantes, bien sûr !

    Qui s'intéresse à la question ne sera pas étonné de découvrir que ces nouveaux ouvriers sont désormais en grande majorité des ouvrières...des femmes seules, souvent avec un enfant ou plus.  La demande de productivité toujours plus forte a rendu la vie impossible aux ouvriers qui travaillent encore dans les secteurs industriels, d'autant que le maintien de leurs usines et ateliers dépend désormais de leur propension à faire mieux et moins coûteux que ceux des pays qui pratiquent le dumping social. L'externalisation des services, leur automatisation, mettent aussi sur le carreau les caissières, les opératrices diverses et variées, elles aussi soumises à des "objectifs" et à des cadences infernales.

    La gauche, les verts, ont été très forts pour proposer de la culture, quelques allocations et empoisonner l'existence du petit peuple que désormais ces partis méprisent. Mais rien dans leurs propositions politiques, n'a été pensé pour leur redonner un espoir. Quant à la droite, sous l'égide de Nicolas Sarkozy, elle a consciencieusement appliqué le vieux principe qui dit que les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent... Les visites dans les usines ? de la poudre aux yeux. Même le vieux thème porteur de la sécurité (qui s'appuie sur la peur d'un déclassement social toujours plus violent pour ces populations fragilisées) aura fait long feu. Je l'ai dit ce matin, le gouvernement réduit toujours plus les moyens de fonctionnement de la sécurité intérieure : le peuple n'aura même pas cette consolation-là.

    La précarité ne touche pas seulement des ouvriers sans qualification, c'est toute une génération de jeunes diplômés, désormais, qui est assomée par la vie chère, par les CDD et l'incertitude de leurs revenus, même à bac+5. Les jeunes sont les premiers à faire les frais de cette nouvelle donne. Bac+5 et le SMIG, cela devient désormais la norme pour une part croissante de la jeunesse diplômée. Et même pour ceux qui disposent d'un emploi statutaire, garanti à vie, l'avenir demeure incertain : n'est-ce pas Robert Rochefort, euro-député MoDem, qui observait récemment que dans l'Académie de Versailles, près de deux cent enseignants reçoivent une aide alimentaire d'urgence de la part des services du rectorat ?

    Je n'ai pas fini de lire le livre de Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin, j'en reparlerai donc ici. Je pense que sa lecture est salutaire pour tous les mouvements politiques. Je doute fort de recevoir les solutions préconisées par les deux auteurs, encore que, mais, j'estime que les populations péri-urbaines devraient faire l'objet de l'attention particulière de chaque parti.

    En ce sens, j'appelle le MoDem à ne pas se laisser boboiser, notamment par des enjeux écologiques plaisants dans le principe, mais dont ces classes sociales feraient encore les frais. Le MoDem a été, je le crois, l'un des premiers partis à envisager sérieusement la nécessaire réindustrialisation de la France. Jean Peyrelevade, en particulier, en affirme l'absolue nécessité en raison de l'amplitude de la valeur ajoutée qui caractérise cette production économique. L'industrie n'a pas seulement un rôle économique, elle a un rôle social.

    Ouf, c 'est l'une des priorités absolues du nouveau programme du MoDem. Dans ce programme, le premier chapitre porte sur l'économie, et le 1er sous-chapitre sur l'emploi. Le 13ème amendement du projet est le suivant : Développer l’emploi industriel par la relocalisation de certaines fabrications en France et en Europe ; évidemment, il faut le faire. Il faudra plancher même très sérieusement sur le sujet.

    Ce sont les conditions de travail qui viennent juste après, dans le document préparatoire ; il y a un amendement, mais il n'engage à pas grand chose. Ce devrait être un axe prioritaire de notre réflexion.

    Ensuite, nous devrions mener une réflexion sur la précarité qui ne se limite pas à l'industrie, mais qui touche les services et l'agriculture (et les ouvriers agricoles, alors !!!).

    Soyons très clairs : ce n'est pas la peine de blablater sur le développement durable auprès des populations péri-urbaines. Ils ont d'autres choix à fouetter. Il faut leur proposer des solutions concrètes : par exemple, l'implantation d'une usine de production de panneaux photo-voltaïques, du côté d'Agen, c'est une réponse concrète.

    Bref, nous autres démocrates et libéraux, reprenons la main et tendons-là aux populations abandonnées à leur sort depuis trop longtemps. Et ce n'est pas du lumpen-prolétariat des cités dont je parle, mais bien des honnêtes citoyens qui se crèvent la carcasse à ramener trois francs six sous chez eux. Ceux-là, personne ne leur dit jamais rien : innovons et incarnons, au MoDem, une véritable rupture. Si François Bayrou veut pouvoir continuer à parler au nom du Tiers État, il doit le prouver.

    Ce n'est pas seulement le MoDem que j'invite à réfléchir, mais aussi les libéraux, qui se sont complètement désintéressés des classes populaires depuis un moment. Quelles propositions libérales pour les ouvriers ? Voilà un beau et délicat sujet de réflexion que les libéraux s'honoreraient à traiter avec d'autres réponses que les seul critères de productivité et de compétitivité...

  • La police est exaspérée

    Les policiers ont manifesté, aujourd'hui : ils sont exaspérés, et on les comprend. S'il y a bien une profession à laquelle je voudrais rendre hommage, c'est bien celle-là, particulièrement aux forces qui travaillent au contact des cités : non seulement leur métier est difficile, souvent dangereux, mais on leur fait en plus porter le chapeau sans leur donner les moyens de travailler. Un jeune gardien de la paix en début de carrière, c'est 1200 euros à peine. Comment nourrir une famille et se loger en région parisienne, à ce tarif-là ? Comme si cela ne suffisait pas, les voilà empêchés d'exercer leur métier convenablement par l'insuffisance des moyens accordés à la police (pire que cela : pas l'insuffisance, mais la réduction !!!) et par des consignes toujours plus technocratiques et idiotes dont le point d'orgue est la religion du chiffre. Chiffre pour les expulsions d'immigrés clandestins, chiffre pour les procès-verbaux.

    Comme il doit être loin l'idéal qui a porté ces jeunes gens vers un métier dont l'objet premier était de protéger le citoyen de toutes formes de dangers ! Honte à Nicolas Sarkozy pour leur avoir menti à ce point, à ces jeunes, et pour tous les jours se moquer d'eux ! Car enfin, on ne peut parler sérieusement de politique de sécurité en se gargarisant de mots. La police a besoin d'effectifs ; il faut prendre des décisions politiques, en faisant des choix budgétaires qui seront autant de choix de société, et puis certainement en renonçant à certains allègements fiscaux : la sécurité a un prix et il faut le payer.

    Alors moi, simple militant MoDem, je leur dis aux policiers : «chapeau, la police : vous faites un super boulot dans des conditions difficiles ; je vous soutiens et j'apprécie votre travail. Ne vous laissez pas abuser par les abrutis qui aiment bien casser du sucre, y compris dans les médias, sur votre dos ; chaque fois qu'un sondage a lieu vous concernant, dans la population française, on s'apperçoit qu'il y a toujours au moins 75% de Français qui vous apprécient beaucoup, et j'en fais partie ! Moi, je continue d'avoir confiance en vous, et je pense qu'au MoDem, nous sommes nombreux à être prêts à appuyer vos justes revendications !».

  • L'insondable hypocrisie de l'Éducation Nationale

    J'invite fortement à aller faire un tour sur le blog d'Hasthable : il publie un témoignage édifiant. Celui d'un enseignant en proie à la surdité et à la scizophrénie de son administration. Quand je lis, çà et là, des témoignages, que j'écoute les réactions de nombreux enseignants, humiliés, menacés, rabaissés, tant par les "apprenants" que par ceux-là mêmes qui devraient les protéger, je commence à comprendre, comme l'observaient récemment Robert Rochefort et Marielle de Sarnez chez Vincent Peillon, que plus de 60% des enseignants aient désormais l'envie de changer de métier.

    Ce qui est impressionnant, c'est l'hypocrisie des rectorats, du ministère et de ses services : devant les caméras, ils font les beaux, mais sans médiatisation, les enseignants sont laissés à leurs seules forces, quand ils ne subissent pas purement et simplement des pressions pour se coucher devant des parents devenus clients plutôt qu'usagers de l'Éducation Nationale ou encore des merdeux qui voient leur professeur comme une serpilière sur laquelle il convient de s'essuyer.

    C'est un coup de torchon qu'il conviendrait de donner dans la technostructure de l'Éducation Nationale, mais pas seulement : les partis politiques ne cessent d'instrumentaliser cette institution au gré des lubies et hobbies des différents ministres qui se succèdent. Nous avançons, d'ailleurs, à grands pas vers la précarisation de ce métier : de plus en plus, les collèges et les lycées font appel à des vacataires, mal formés, mal protégés, corvéables et licenciables à merci, sans compter ceux dont les connaissances disciplinaires, notoirement insuffisantes, ne garantissent pas une vraie qualité d'enseignement. Comme le dit souvent Hastable, notre pays est vraiment foutu. Tout fout le camp...

  • MoDem, je ne sais plus où j'en suis...

    Je viens de lire l'avant-projet du MoDem. Malheureusement, je ne pourrai pas me rendre à Arras, et donc, aucune des propositions que je pourrais faire n'a la moindre chance d'être retenue. J'ai toujours beaucoup de sympathie pour Bayrou, pour plusieurs de ses proches, comme Robert Rochefort, Marielle de Sarnez, Jean Lassalle ou encore Gilles Artigues, mais, en dépit de cette affection, je commence à avoir vraiment du mal avec le MoDem. Je suis venu à Bayrou pas seulement par sympathie pour le personnage mais aussi pour le programme de l'UDF de 2007. Un programme équilibré, centré et centriste, pragmatique. Bien sûr, il en reste quelque chose dans le futur programme du MoDem, mais pour moi qui suis de centre-droit et qui penche vers le libéralisme, il y a trop de choses dans lesquelles je peine à me retrouver.

    Bayrou proposait une refonte générale de la taxation sur le patrimoine, par exemple, avec une imposition sans exceptions, mais très modérée : s'il est toujours question de redéfinir les taxes sur le patrimoine, je n'entends plus parler de modération fiscale mais à la place de l'établissement d'une progressivité.

    Bayrou suggérait de laisser l'école tranquille et proclamait la nécessité d'instaurer un parcours d'excellence partout : ces deux points essentiels à mes yeux ont complètement disparu du programme du MoDem. Il est au contraire question de bouleverser à nouveau l'école et le collège. Le seul point qui enlève mon adhésion, c'est la proposition de revenir sur le collège unique et d'en diversifier le caractère. Encore faudrait-il voir de quelle manière exactement...

    Je me retrouve évidemment sur la dette, pierre angulaire du projet avec l'éducation, sur les retraites. Je suis un peu déçu des propositions faites sur l'innovation et l'entreprise, devenues parents pauvres du projet au profit de la dimension sociale du programme. On en fait trop sur le social et pas assez avec l'économique.

    Je trouve que le discours du MoDem penche désormais clairement vers le centre-gauche. Il est difficile de s'y retrouver quand on est de centre-droit.

    Dans le domaine des libertés, le MoDem est globalement irréprochable, encore que je trouve qu'il invoque trop à mon goût le rôle de l'État, mais je regrette, par exemple, qu'il ne s'engage pas sur les actions de groupe, et qu'il ne soit plus fait mention du tout dans son projet de la nécessité d'une concurrence libre et non faussée.

    Bon, finissons sur une bonne note tout de même : la volonté clairement affichée de promouvoir la culture et la langue françaises et d'en faire une des priorités de notre diplomatie m'a bien plu.

    Je suis enfin d'accord avec l'affirmation de la nécessité de conserver Poste et SNCF comme services publics.

    Sur l'Europe, j'adhère pleinement à la proposition de faire élire un Président de l'Europe au suffrage universel direct. C'est le seul mode d'élection qui peut donner une légitimité très forte pour parler au nom de tous les Européens.

    Je vais suivre avec intérêt ce qu'il va se dire au Congrès du MoDem à Arras. Je réfléchirai à mon évolution politique après coup, non sans m'être enquis de ce qu'il se dit dans les autres partis centristes (Nouveau Centre, Alliance Centriste) une fois qu'ils auront un programme politique digne de ce nom.