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L'Hérétique (Démocratie et hérésie économique) - Page 223

  • Béatifier Pie XII ?

    Je ne suis pas catholique, et on pourrait donc me dire que la béatification de Pie XII ne concerne que les Catholiques, mais c'est oublier que le Catholicisme est une religion universelle qui a vocation à rayonner bien au-delà de la communauté de ses fidèles. Ensuite, si je ne suis pas catholique, je suis néanmoins de culture catholique et donc, je me sens impliqué par les décisions de l'Église et du Pape.

    Le débat fait rage sur la Toile, actuellement : on reproche à Pie XII sa passivité pendant la Seconde Guerre Mondiale face aux forces nazies et fascistes. On lui reproche également les Accords du Latran.

    Sur ce premier point, on oublie un point tout à fait essentiel : le Vatican n'est pas seulement le chef-lieu de la chrétienté, c'est aussi un État. Dans l'histoire de l'Italie, qui n'est unifiée que depuis un siècle à peine, c'est même un État bien avant d'être le centre du catholicisme. Analyser les accords de Latran à la lueur de ce fait historique souvent méconnu par les analystes (a fortiori par les journalistes) permet de les recontextualiser dans une perspective diachronique. En 1929, ce qu'a tenté avant toutes choses l'État du Vatican, c'est de se mettre à l'abri des visées centralisatrices du fascisme triomphant. Ensuite, en décrétant le catholicisme religion d'état, il s'est assuré de conserver un certain contrôle sur les consciences à un moment où de forts courants paganistes traversaient l'extrême-droite italienne (tout comme en Allemagne d'ailleurs).

    Il va de soi que de con côté, le fascisme n'a que pour but de fasciser l'église catholique. Ni les uns ni les autres ne réussiront dans leur entreprise respective, mais les relations demeureront pacifiées jusqu'à la fin.

    Face aux Nazis, le pape Pie XII n'a pas agi autrement que bien des États neutres. A tout moment, le Vatican pouvait être envahi, ou, du moins, soumis à un blocus mortel. Si elle n'a pas toujours dénoncé haut et fort l'entreprise maléfique nazie, notamment contre les Juifs, la papauté a fini par la condamner de plus en plus vivement. Vraisemblablement, il a tente de temporiser, tout en s'indignant plus ou moins officiellement des exactions nazies. Il reste le seul dirigeant européen, parmi les neutres, à avoir condamné à mots à peu près clairs les horreurs nazies en temps de guerre. Il est établi que le Vatican a organisé de nombreux réseaux de protection et de fuite pour les Juifs là où il pouvait agir. L'article de wikipedia, bien documenté, en rend assez bien compte.

    Si l'on veut pouvoir juger l'action de Pie XII, il est essentiel de ne pas oublier qu'il portait une double casquette : chef des Catholiques et chef d'État. Comme chef des Catholiques, il a été somme toute assez ordinaire. Mais comme chef d'État, il a bien agi.

    Dans la religion catholique, la béatification est rite par lequel on déclare bienheureux (et on rend un culte public) à un catholique dont la vie a été exemplaire. Pie XII est controversé parce que son existence n'est pas exemplaire. Ni plus, ni moins que les papes qui l'ont précédé ou suivi. D'ailleurs, bien réfléchi, sans doute plus que bien des papes qui l'ont précédé.

    In fine, il ne mérite ni excès d'honneurs, ni excès d'iindignités. Il a, je le crois, essayé d'agir comme il pensait qu'il devait le faire en temps de guerre, sans trop lâcher de lest sur les valeurs. On ne le béatifiera sans doute pas, mais on le réhabilitera certainement tôt ou tard.

  • Le MoDem a bien géré son scrutin interne

    Le MoDem a achevé sa consultation pour déterminer ses futures têtes de file aux élections régionales prochaines. Globalement, les choix opérés par les Unions régionales ont été les bons, puisque les candidats proposés ont obtenu de bons scores. Ils ne sont toutefois pas staliniens, et, dans certaines régions, l'existence d'un vote négatif non-néligeable montre que les choix n'ont pas toujours remporté une adhésion totale. Cette remarque demeure toutefois à relativiser : la tête de liste la plus "mal élue" obtient toutefois à peu près 65% des voix.

    Le MoDem avait choisi pour ce scrutin une procédure de type référendaire, le but étant évidemment de viser le plébiscite. Cela n'a pas trop mal réussi, globalement, mais dans deux régions, il n'a pas même été possible de mettre en place le scrutin, les têtes de liste se défilant les unes après les autres...

    Évidemment, plusieurs militants auraient aimé être associés aux choix des Unions Régionales (je n'en fait pas partie) mais globalement, il faut admettre qu'elles ont plutôt bien fait leur boulot. On trouvera comme d'habitude quelques voix pour expliquer qu'il ne s'agissait que d'un simulacre de scrutin, que les dés étaient pipés, que la participation est peut-être faible et j'en passe. Oui, on les trouvera, ces voix-là, et elles crieront d'autant plus fort qu'elles sont minoritaires, et largement minoritaires, même, le scrutin l'a montré nettement.

    Il n'en reste pas moins qu'aucun autre parti n'a pris le risque d'une semblable consultation sur tout le territoire français. Les têtes de listes retenues par le suffrage universel auront une légitimité indiscutable. Ce n'est pas la garantie de bons scores électoraux, mais au moins l'assurance de pouvoir compter sur les adhérents et les militants.

    Une mention particulière pour Danielle Jeanne, en Haute-Normandie, qui obtient une unanimité rare avec 95.28% des suffrages exprimés. Chapeau aussi à Marc Fesneau, dans la région Centre qui dépasse les 90%. En île de France, en dépit de l'appel à voter contre lui de blogueurs influents, Alain Dolium récolte un peu plus de 75% des voix. Un score plus qu'honorable qui lui assure de disposer du soutien de la base pour sa campagne.

  • Firefox 3.5 -Internet Explorer7.0 1-0

    Et voilà, cela devait arriver : Firefox 3.5 est devenu le navigateur  le plus utilisé dans le monde entier devant Internet explorer 7.0. Internet explorer 8.0 ne vient qu'en troisième position. Les courbes montrent d'ailleurs nettement que la progression du premier se fait au détriment du second. Autrement dit, les utilisateurs abandonnent internet explorer 7.0 pour migrer vers firefox 3.5 ! La répartition par navigateur est également disponible sous forme d'histogramme chez Download Squad. A 22% le navigateur se taille une part conséquente dans le gâteau. En outre, avec le renouvellement des logiciels, les versions anciennes d'Internet explorer pèseront de moins en moins dans le décompte. Il est vrai en effet, qu'il y a une transition entre la version 7.0 et 8.0 d'Internet Explorer qui pèse pour beaucoup dans ce succès d'estime. Néanmoins, il faut aussi y voir la vitalité d'un navigateur issu du libre, toujours plus performant que jamais. Google qui est en embuscade depuis un moment ne risque pas de faire défaut à la fondation Mozilla. La société de Mountain View observe, j'en suis sûr avec la plus grande satisfaction cette évolution, attendant le moment propice pour porter un coup fatal à sa rivale...

    C'est historique, en tout cas,  depuis l'ère de Netscape, et une belle revanche pour la communauté Mozilla.

  • Christian Blanc à la Haussmann

    Christian Blanc a obtenu avec le plateau de Saclay une mission qui lui tient à coeur de longue date. Dans la croissance et le chaos, il estime que cette zone, qui a tout pour être une Silicon Valley à la française est emblématique du gâchis des atouts français : autant d'institutions travaillant à côté les unes des autres sans aucun lien horizontal mais attendant les signaux verticaux que lui impulsera l'autorité de l'État.

    Et Pourtant, c'est via ce même État dont il dénigre souvent l'impéritie que Christian Blanc a choisi de passer, suivant ainsi une tradition bien française de centralisation du pouvoir. Tout comme le fit Haussmann en son temps, d'ailleurs, puisqu' il anéantit le Paris gothique pour donner sa forme à notre Paris actuel et intégra de force les villages avoisinants récalcitrants.

    Avec son métrophérique et ses expropriations, Christian Blanc qui avait pourtant fait de la Région l'échelle politique idéale pour agir ne pratique pas autrement qu'Haussmann. Vieille habitude du temps où il était préfet, peut-être ?

    Le plateau de Saclay va obtenir des fonds, principalement les universités, via le grand emprunt. J'imagine que Christian Blanc va chapeauter particulièrement tout ce qu'il va se faire dans cette région. Je suivrai avec attention l'évolution de cette zone de la région parisienne, avec l'espoir de voir Christian Blanc parvenir à réaliser là l'un de ses fameux clusters...

  • Alliance centriste, pas mal !

    Vogue Haleine propose en téléchargement la synthèse du programme d'Alliance Centriste. Le mouvement de Jean Arthuis s'est doté d'un programme. Intéressant : j'y retrouve une partie des préconisations de feue l'UDF, notamment sur la fiscalité (abandon de l'ISF, tranche supplémentaire sur l'Impôt sur le Revenu). L'inconvénient, c'est que le document proposé n'est qu'une synthèse. J'aimerais bien voir ce que donne le développement de l'intégralité du projet. J'aime bien la devise d'Arthuis :

    « Autant de liberté que possible, autant de régulation que nécessaire »

    Ce genre d'introduction me fait évidemment frémir d'aise :

    Au-delà de ce rassemblement et de cette refondation, Alliance Centriste propose un projet politique à ceux qui voient leur avenir dans un libéralisme tempéré par la solidarité et dans une mondialisation régulée grâce à l’Europe politique en devenir. Nous souhaitons, dans ce cadre, réaffirmer notre indépendance.

    Tout comme l'affirmation des valeurs, d'ailleurs :

    Le centrisme est une référence politique et historique. II est important de réaffirmer que notre identité se décline en valeurs humanistes, libérales, sociales et européennes.

    J'aime bien aussi la conclusion du document à propos de la gouvernance éthique :

    l’art de gouverner doit faire la juste part entre l’action et la communication

    Je suivrai avec attention  l'avenir d'Alliance Centriste. En tout cas, il me semble compatible avec celui du MoDem, particulièrement sur la question de la dette.

  • Marielle de Sarnez déplore le gâchis de Copenhague

     

    581821186.6.jpg"Après de longues années de travail préparatoire, l'échec de Copenhague est un immense gâchis. 

    Sans engagements contraignants pour les pays industrialisés, sans garanties de ces mêmes pays à l'égard des pays les plus pauvres qui sont ceux qui subissent en première ligne le réchauffement climatique, et sans système fiable de mesure des efforts entrepris, le texte adopté par certains à Copenhague apparaît plus que jamais comme un accord a minima, largement insuffisant, et de surcroît non légitime et non consensuel. 

    Les ONG ont été laissées de côté, ignorées. Or, rien ne peut se faire de durable sans mobilisation citoyenne.

     

    Et l’Europe apparaît comme plus marginalisée que jamais. L’absence totale de l’Union européenne dans la dernière ligne droite, laissant en tête à tête la Chine et les Etats-Unis, aura pesé lourd. Les chefs d’États et de gouvernement européens ont dans cet échec une part de responsabilité. A force de jouer chacun pour soi, au lieu de jouer collectif, l’Europe a été dramatiquement absente, incapable de s’exprimer d’une seule voix, de peser, et donc de changer le cours des choses.

    Malgré toutes les bonnes intentions affichées, malgré toutes les mesures que peut prendre l’Union, et j’espère qu’en tout état de cause  elle s’engagera clairement pour une réduction de ses émissions de gaz à effets de serre de 30% et non de 20% comme elle l’avait prématurément indiqué, politiquement l’Europe ne s’est pas révélé un acteur majeur.

    Je forme le vœu que de cet échec surgisse enfin une volonté européenne, seule à même de faire contrepoids dans l’avenir aux deux grandes puissances que sont les USA et la Chine, et seule à même, je l’espère, de se montrer exigeante et exemplaire quand l’avenir des générations futures est en jeu."

     

  • Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de Danmark

    «Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de Danmark» est l'un des vers les plus connus de ceux qu'a écrit Shakespeare. C'est Marcellus qui prononce ces mots à la scène 4 de l'acte I d'Hamlet. Hamlet vient de voir un spectre que Marcellus et Horacio, ses amis ne voient pas. Décontenancés et ne comprenant pas son attitude, ils décident malgré tout de le suivre. La réponse d'Horacio à Marcellus est d'ailleurs édifiante :

    «le Ciel y pourvoira.» ...

    S'il y a quelque chose qui m'interroge, c'est tout de même le nombre de défections qu'a connu le MoDem. Et je ne parle pas de celles qui ont une cause politique identifiée, mais des autres. Il y a bien sûr des maniaques (que je soupçonne d'être dangereux comme le sont tous les individus qui sont obsessionnels) mais aussi des militants très rationnels et tempérés parmi ceux qui sont partis ou se sont mis en retrait. Pour ma part, je connais (un peu) surtout les parcours des militants de l'île de France, ainsi que quelques autres en régions. Il y en a au moins quatre dont je veux parler, parce que leur retrait ou leur départ est un gâchis humain.

    La première (c'est une femme), c'est la coordinatrice (et largement conceptrice) du programme du MoDem sur les questions sociales, et particulièrement de la petite enfance  lors des municipales de 2008 à Paris : Christelle de Crémiers. Christelle était très bien implantée dans le 17ème arrondissement de Paris. C'était une élue municipale, elle avait tissé un réseau de relations avec les associations locales. Il eût été naturel qu'elle prît la tête de liste du MoDem dans cet arrondissement. Pourquoi avoir placé à la place Pierre-Emmanuel Portheret qui était lui-même implanté dans le 16ème arrondissement, tout cela pour faire une place à Jean Peyrelevade là-bas ? le même Peyrelevade a démissionné quelques mois plus tard parce qu'en fait, être élu municipal,  cela ne l'intéressait pas. En 2008, nous avons frisé les 10% dans le 17ème. Je suis convaincu que Christelle les aurait franchis. Il eût fallu au minimum offrir des compensations à Christelle en interne, d'autant qu'elle avait prouvé par son travail dans les commissions qu'elle avait de véritables capacités de synthèse et de coordination.

    La seconde (c'est encore une femme), c'est Quitterie Delmas. Je pouvais avoir des différences avec Quitterie, notamment en termes de positionnement politique, je n'en appréciais pas moins sa capacité à fédérer un grand nombre d'individus dans son sillage et sa présence médiatique. Elle est finalement partie : c'est pourtant quelqu'un qu'il eût été un atout de compter dans ses rangs par les temps qui courent.

    Le troisième s'appelle Thierry (je n'en dirai pas plus sur son identité) et a ouvert récemment un blog. Il y regrette, d'ailleurs, le MoDem du temps jadis. Thierry, c'est un ami, un homme loyal et juste ; un idéal d'humanisme. Une encyclopédie vivante : tous les sujets l'intéressent. Quand je le lis, je bois ce qu'il écrit. J'ai eu quelques moments difficiles sur ce blog : il était là à chaque fois. Il est parti en raison d'une sombre affaire dont je n'ai pas les tenants et les aboutissants, mais dont il eût fallu percer l'abcès une bonne fois pour toutes par une procédure de conciliation ad hoc.

    Le quatrième, enfin, c'est Christophe Ginisty. Quoi qu'il en dise, ce n'est pas sur des idées, pas même sur des procédures que Christophe poursuit une vendetta personnelle mais sur une erreur humaine. Bayrou a ce travers qu'il peine à reconnaître ses erreurs, bien sûr dans le domaine tactique, mais bien plus encore dans le domaine humain. Il admet être trop fier et batailleur, mais n'en tire pas les conséquences. Il s'est heurté avec Cohn-Bendit, par chance, ce dernier n'est pas rancunier. Avec Christophe, il en va autrement : Bayrou faisait confiance à Christophe et Christophe appréciait personnellement Bayrou. Il l'appréciait et a pris sur lui à de nombreuses reprises. Par exemple, Bayrou avait confié à Christophe de coordonner un groupe d'adhérents afin de mettre en place un réseau social via une plate-forme pour le MoDem. Bayrou est fasciné par wikipedia. Fasciné au point d'imaginer que le modèle est transposable, alors qu'en réalité, il est unique, et, à mon avis, très difficilement imitable. Bayrou a ce travers gaullien de penser que l'intendance suivra. Le problème, c'est que l'intendance, elle en a sa claque, parfois. Et ça, c'est le genre de choses qui passent un peu au-dessus de sa tête, à Bayrou. Le groupe que Christophe animait était de surcroît constitué de bénévoles. Il était évident que ce groupe aurait le plus grand mal à finaliser la plate-forme voulue dans les temps impartis. Il eût fallu au moins payer à plein temps un développeur. D'ailleurs, le résultat final, bien qu'inachevé, présentait bien.

    Or, que fit Bayrou ? Eh bien il fit appel discrètement à une société privée sans en avertir Christophe. C'est elle qui a développé lesdemocrates.fr . Christophe l'apprit à peine deux semaines avant son lancement. Il dut prendre donc sur lui de l'annoncer à son équipe et d'endosser les critiques et les défections qui s'ensuivirent. Pour avoir avalé la couleuvre et encaissé à la place de Bayrou, il eût dû être remercié mille fois. S'il y a bien une preuve de fidélité et de courage, c'est bien celle-là !

    Bayrou avait toujours voulu ce qu'il appelle des auto-moteurs, c'est à dire des individus indépendants, qui promeuvent le MoDem et ses idées à échelle locale voire plus quand c'est possible.

    Christophe obtint une sixième place sur la liste des Européennes en île de France. Il savait que la place n'était pas éligible (à moins de faire un score monumental) mais c'était tout de même une forme de reconnaissance dont il se satisfit.

    Après les Européennes, de nombreux militants ruèrent dans les brancards. Christophe eut alors une initiative que je juge intelligente : il prit la tête de la fronde et tenta de la canaliser. Ce fut les Promoteurs.

    Or, Bayrou fit une erreur tactique qui ne laisse pas de continuer à m'étonner : il eût valu mille fois mieux une opposition interne coordonnée et canalisée par Christophe, qui était sur le fond un ami, que dispersée et en proie à des voix autrement plus hostiles, voire malfaisantes.

    Non seulement Bayrou ne comprit pas ce que Christophe avait voulu faire, mais il lui en tint rigueur. Et lors du Conseil National du 04 juillet, il lui lança au visage deux attaques très blessantes et injustes.

    1. il lui reprocha d'avoir profité du "système". S'il y a bien quelqu'un qui aura donné de lui-même au MoDem et à Bayrou sans jamais en profiter, c'est bien Christophe. Quelle injustice ! Il n'a profité de rien du tout si ce n'est des baffes vers la fin...

    2. Plus gonflé : il lui fit le reproche de ne pas avoir finalisé la plate-forme qu'il avait attendu, et donc, de ne pas être fiable. Il faut le lire pour le croire. Je dois être honnête : si j'avais été à la place de Christophe, je lui aurais soufflé dans les bronches. C'est du foutage de gueule ! j'aime bien Bayrou, mais, à mon avis, de temps en temps, il a besoin de se faire claquer.

    Il faut toutefois préciser que Bayrou était alors dans une mauvaise passe : il avait mal digéré l'échec des Européennes, et puis il avait ses propres soucis personnels. Il n'en reste pas moins que lorsqu'on est un chef de parti, il faut souvent prendre sur soi, et surtout, on ne laisse pas partir quelqu'un de la valeur de Christophe Ginisty. Le problème, c'est que Bayrou s'est braqué.

    Les choses se sont alors dégradées de plus en plus vite (Christophe est aussi fier et buté que Bayrou...) avec quelques attaques pas fameuses de Christophe...(j'ai fait les frais de la moins "méchante" d'entre elles).

    Je connais assez bien Christophe, on a souvent échangé. Sur les procédures, il n'y pas l'ombre d'une épaisseur de papier entre nos vues respectives. Politiquement, il est plus à gauche que moi, mais on est très proche. C'est quelqu'un pour qui j'ai de l'estime, et je pense que dans son domaine, la communication sur internet, il est excellent. Malheureusement, le MoDem l'aura appris à ses dépens ces derniers mois.

    C'est donc un homme blessé qui écrit sur son blog à l'heure actuelle, même si le temps passant, les plaies se cicatrisent. Est-ce qu'il eût été (serait ?) compliqué à Bayrou de prendre son téléphone, d'appeler Ginisty et de lui dire : Christophe, je le reconnais, j'ai été injuste envers toi, je m'en excuse.

    Je soutiens le MoDem, y compris parfois quand je ne suis pas d'accord (avec toutefois des limites), mais par moment, il faut que la soupape de sécurité s'ouvre. Même si je n'ai rien dit à l'époque, je n'en pense pas moins que les torts ne sont pas du côté de Christophe dans cette histoire, pas plus qu'ils ne l'étaient du côté de Christelle.

    Tout cela, bien sûr, c'est de la petite histoire, mais la petite histoire est faite aussi d'histoires individuelles, d'hommes et de femmes, et souvent, il faut commencer par l'écrire avant de pouvoir écrire la Grande Histoire : le Ciel n'y pourvoira pas indéfiniment...

     

  • Azouz Begag a écrit le Gône du Chaâba !

    Bon, je sais, je vais avoir l'air c... mais je ne me souvenais absolument pas qu'Azouz Begag avait écrit le gône du Chaâba ! En fait, j'ai vu le film de Christophe Ruggia, et il m'avait beaucoup ému. Il retrace le destin d'enfants algériens vivant dans des bidonvilles au milieu des années 60. La réalisation avait été épique car Christophe Ruggia avait fait le choix de faire appel à des gamins des cités pour jouer les rôles principaux. Comme ce n'étaient pas des professionnels, cela avait été raide avec pas mal d'histoires pendant le tournage, mais le résultat avait finalement dépassé toutes les espérances.

    Il y a dans cette histoire des moments très émouvants ; personnellement, une scène m'avait marquée : le père du personnage principal a placé tous ses espoirs dans la réussite scolaire de son fils, mais lui-même est analphabète. Un soir, il veut s'impliquer dans les révisions de son fils et se fâche contre ce dernier parce qu'il a l'impression que le travail scolaire n'est pas fait. A vrai dire, l'enfant est studieux, mais, manque de chance, ce soir-là il n'a pas révisé. Le problème, c'est que la table de multiplication que le père tient sous ses yeux, c'est comme de l'égyptien pour nous...Alors, il essaie de prendre l'air le plus assuré possible et interroge son fils. Ce dernier donne quelques résultats faux, mais sans trembler : le père le fixe, puis se détend alors et conclut à l'adresse de l'enfant «c'est bien mon fils».

    Cette scène m'a beaucoup marqué, et je repense de temps à autre à ce film. Je suis membre du MoDem depuis sa création, et il m'aura fallu plus de deux ans pour réaliser qu'Azouz Begag est l'auteur du roman dont est tiré ce film... Je crois comprendre qu'il y a quelque chose d'autobiographique dans le roman (et donc le film). J'en recommande vivement la lecture ou le visionnage.

    Finalement, si je considère les candidatures d'Alain Dolium et d'Azouz Begag, poussées en avant par la présidence du MoDem pour les investitures aux prochaines régionales, on a, dans un style très différent, deux exemples d'hommes qui se sont construits entièrement tout seuls, échappant aux déterminismes sociaux auxquels les condamnaient leurs lieux de naissance. Très certainement, sans doute, grâce à l'amour de leurs parents, enfin, je le suppose.

    En ces temps où l'on déblatère à tort et à travers sur l'identité nationale, le Gône du Chaâba est une très belle histoire à revoir.

  • Quoi voter au second tour des Régionales ?

    Bien sûr, lors des élections régionales de mars 2010, j'aimerais bien être en situation de voter pour une liste MoDem. Toutefois, je ne me fais pas d'illusions : nous ne sommes pas dans une dynamique positive à l'heure actuelle, et le cas le plus probable, c'est que nous serons éliminés ou nous fusionnerons à l'issue du premier tour.

    Le MoDem IDF multiplie les gestes de bonne volonté à l'égard de la majorité de gauche actuelle. Je n'ai pas d'a priori particulièrement négatif vis à vis d'Huchon et des Socialistes, mais j'observe, toutefois, qu'en matière de transports, là où les besoins sont les plus criants, qu'il ne s'est pas produit grand chose. J'imagine aussi qu'une large part de la paralysie a été générée par la Mairie de Paris et notamment les Verts.

    A Paris, où je vote, c'est Anne Hidalgo qui sera tête de liste : par une ironie du sort, c'est la dernière socialiste pour laquelle j'ai votée (c'était en juin 2007, au second tour des législatives). C'est aussi la dauphine de Delanoë dont elle appuie inconditionnellement tous les projets.

    Elle s'est à mes yeux manifestée à plusieurs reprises par son double-langage et par son mépris des corps intermédiaires, à commencer par les expressions de la démocratie locale (sauf quand il s'agit d'associations de gauche...).

    Je n'ai pas envie de voter pour elle. Même si le MoDem fusionnait avec elle au second tour. En même temps, je suis pragmatique.

    Je suis aussi sensible à la voix particulière des néo-centristes. Je ne parle pas des archéo-giscardiens de l'espèce la plus réactionnaire qui soit, qui n'ont jamais eu et n'auront jamais ma voix, mais des ex-UDF de la Nouvelle UDF de 2002 à 2007, qui constituent encore une proportion non-négligeable des néo-centristes.

    Je n'ai pas d'a priori négatif vis-à-vis de Chantal Jouanno, bien que je la juge bien trop inféodée à Nicolas Sarkozy.

    Au conseil municipal de Paris, j'entends et j'écoute avec attention ce que disent les néo-centristes. J'apprécie particulièrement les positions de Valérie Sachs, une centriste avec laquelle j'ai beaucoup de points communs.

    J'en viens simplement à cette conclusion : je regarderai avec la plus grande attention la composition des listes de second tour, la place qui y est faite aux centristes en règle générale et qui, précisément, sur les deux listes, figurera en position éligible.

    Quelle que soit la consigne du MoDem, et même si des candidats MoDem devaient figurer sur la liste PS, si la liste UMP, avec des représentants centristes qui me conviennent, me plaît davantage, je dois d'ores et déjà avertir que je n'hésiterai pas à voter pour la liste UMP-Nouveau Centre si je le juge bon.

    Je ne trace pas de ligne rouge. J'examinerai juste la place du centre sur les deux listes, ce que chacun propose, et comment chaque liste intègre les propositions des deux courants centristes. J'opérerai alors mon choix en âme et conscience. Il se peut, d'ailleurs, que mon vote soit au final blanc. Oui, parce que si c'est Santini qui se représente pour le Nouveau Centre, je risque de ne pas vraiment avoir envie de voter non plus pour lui...

  • Les arnaques du Grand Emprunt

    Intéressant, le commentaire de Robert Rochefort sur le Grand Emprunt lancé par Nicolas Sarkozy. Il y a dénonce quelques tartufferies : par exemple, l'argent consacré aux campus n'est en fait que l'exécution d'une promesse ancienne et faite sans financement. Ou encore : l'installation d'un centre de recherche sur les énergies nouvelles au coeur même du CEA.

    J'ai trouvé, par ailleurs, le commentaire d'un lecteur-auditeur de l'article (coolfifi), sur le site du MoDem, particulièrement pertinent. J'en rends donc compte ici :


    «Je pense que sur 10 projets innovants, 1 seul au final sera le projet du futur et rapportera de l'argent. On ne peut donc absolument pas être certain que cet emprunt, un jour, rapportera de l'argent. Est-ce qu'il appartient bien à l'Etat de faire le choix sur quels projets industriels investir? Est-il en quoi que ce soit compétent pour le faire, alors que les spécialistes de l'industrie ont eux-mêmes tant de mal à le faire? Je crains que non. Que l'Etat mette en place toutes les facilités administratives et fiscales pour encourager les entreprises quelle que soit leur taille, quelle que soit leur domaine, pour investir dans la recherche et l'innovation: je pense que c'est bien son rôle. Mais d'être celui qui décide quel domaine sera demain celui qui devrait être rentable, c'est ne rien connaître à l'histoire des sciences et techniques, et à la vie des projets industriels. Que l'Etat investisse dans la recherche fondamentale, oui, car il est le seul à pouvoir porter des recherches à long terme mais qu'il vienne au secours de marchés déjà porteurs comme les nanotechnologies, c'est juste une manière de fausser le marché, alors qu'il faudrait au contraire pousser les recherches qui s'interrogent sur les dangers (ou l'inocuité éventuelle) de propagation de ces micros particules, recherche qui par essence n'est pas économiquement rentable et que les industriels ne feront pas, alors que ça pourrait coûter très cher à la solidarité nationale, si comme l'amiante, dans 20 ans on réalise que ces nanoparticules sont dangereuses. J'aurais compris qu'on utilise cet emprunt pour de grandes infrastructures qui donneraient un avantage pour le développement économique et écologique du pays (ferroutage, canaux, etc). Peut-être le prêt aux universités est-il justifié et un bon investissement pour l'avenir. Mais faire un grand campus à Saclay, je m'interroge. Si c'est un investissement, ce campus va également entraîner des frais de fonctionnement qui vont chaque année, venir alourdir le budget. Dans le même ordre d'idée, il était peut-être plus urgent de construire rapidement des logements sociaux et très sociaux pour loger tous ces travailleurs pauvres qui sont trés mal logés dans des hôtels hors de prix, au frais de l'Etat. Au final, cela allègerait largement le budget social de l'Etat ou de le redéployer autrement. Tout autant que proposer un plan d'isolation des bâtiments publics, de façon à réduire les dépenses énergétiques et donc les frais de fonctionnement. Dans ce que j'ai pu entendre du saupoudrage proposé, je suis assez sceptique et sur l'efficacité des investissements, et sur la rentabilité à moyen ou long terme des investissements proposés par ce grand emprunt. Il me semble que pour l'essentiel, il n'est qu'un emprunt supplémentaire pour le fonctionnement global de l'Etat, avec quelques cadeaux supplémentaires à quelques domaines économiques déjà largement favorisés par la fiscalité et les allègements de charges. Bref, je suis peut-être pessimiste, mais je n'ai pas une claire visibilité de tous ces milliards déjà dépensés pour la relance...Peut-être l'idée de ce prêt aux universités, est-il interessant, sauf que si je comprends bien elles ne pourront pas le dépenser mais devront l'utiliser dans les réseaux financiers pour rembourser à l'Etat des intérêts, donc cet argent va profiter aux réseaux financiers, immédiatement sans pouvoir réellement profiter aux étudiants ou aux professeurs, ou chercheurs...c'est assez étrange.»

    J'ajoute à ce commentaire les recommandations de Jean-Paul Karsenty, adhérent du MoDem, dans le commentaire suivant, qui tient par ailleurs un blog sur médiapart.

    Je partage l'esprit et la lettre des deux commentaires précédents. J'y ajouterais volontiers ceci. La décision, parmi les plus importantes, qui a été prise à Arras a consisté à vouloir donner de la force politique au "droit des nouvelles générations". Cela, me semble-t-il, implique deux attitudes contradictoires et indissociables: - la réduction de nos dépenses doit être notre guide sans faille - toute nouvelle dépense relative à des productions probables de richesses économiques et sociales à venir à moyen ou à long terme devrait être favorisée mais gagée par une réduction équivalente et immédiate de dépenses actuelles (de façon à préserver la capacité des générations futures à engager leurs propres choix). Le Grand Emprunt relève incontestablement de cette seconde attitude et catégorie, et je pense qu'il faudrait l'affirmer ainsi. Enfin, je proposerais volontiers que notre Mouvement insiste pour que l'un de nos quelques parlementaires puisse participer au Comité de surveillance de l'Emprunt national qui va incessamment se mettre en place de façon que vigilance et transparence puissent présider aux choix concrets qui seront finalement effectués.