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Bayrou - Page 61

  • Les sénateurs centristes demeurent les bienvenus au MoDem

    Hervé Morin a récemment menacé de ses foudres tout sénateur centriste qui ne se rallierait pas au Nouveau Centre, et précisé que son parti présenterait un candidat contre chacun dans ces conditions.

    Je crois pouvoir affirmer sans me tromper que le MoDem, qui lui cherche vraiment à rassembler tous les centristes et non à les amener de force , et par la contrainte, dans ses instances, ne cherchera pas à forcer la main à ces sénateurs-là et se montrera compréhensif s'ils refusent de choisir par attachement au centre en général. Il n'y aura donc vraisemblablement pas de candidats contre ceux-là (dans la mesure, évidemment, où ils ne manifestent pas d'hostilité déclarée au MoDem).

    J'imagine qu'entre Hervé Morin et François Bayrou, il y a clairement une différence d'appréciation sur les notions d'ouverture et de rassemblement au centre... 

  • Congrès du Nouveau Centre, la fin de soirée d'un militant MoDem

    A 1h30 du matin, je suis un peu carbonisé, alors je ne vais pas tout noter. Ne pouvant avoir accès à unordinateur l'après-midi, je n'ai pu compléter ma note. Pa grand chose de notable, si ce n'est un discours de clotûre d'Hervé Morin dans lequel je me retrouve pour définir le centrisme, mais, parce qu'il comporte surtout des généralités.

    Quelques remarques : j'espère que si un jour un militant néo-centriste se rend à l'un de nos congrès, il recevra un accueil aussi ouvert et chaleureux que celui qui m'a été réservé.

    Une déception : si au MoDem, bien peu rêvent d'une réunification ou même simplement d'un partenariat MoDem-Nouveau Centre, au Nouveau Centre, ils sont inexistants...Sur ce point, j'ai trouvé les intervenants très décevants et incapables de dépasser l'épisode de l'entre deux tours des présidentielles.

     

    A l'issue du congrès, j'ai pu avoir un long entretien avec Jean-Christophe Lagarde

    Je lui ai demandé pourquoi le Nouveau Centre avait voté pour la TEPA, notamment les crédits d'impôt alors que le programme néo-centriste se prononce contre les niches fiscales.

    J-C Lagarde estime que faciliter l'accession à la propriété par une incitation fiscale n'est pas une niche fiscale. Il conteste d'ailleurs les calculs des économistes à ce sujet, estimant que l'on ne peut établir en l'état de chiffre précis. Je n'insiste pas sur ce point, mais, bien évidemment, je ne suis pas d'accord avec lui sur sa définition de la niche fiscale.En revanche, il juge qu'il faut revenir sur la loi Robien sur les logements, parce qu'elle a abouti à financer parfois 65% de l'achat de logements neufs, pour des investisseurs, alors que dans le même temps, le logement social ne recevait que 15% de financement public.

    Concernant le bouclier fiscal, il rappelle que le Nouveau Centre a demandé (en vain) l'exclusion de la CSG et de la CRDS de l'assiette. Il a calculé que le bouclier fiscal descend, parfois, grâce à d'autres avantages à 39%, ce qu'il juge inacceptable.

    Il propose aussi de limiter les emprunts immobiliers à 15 années seulement, pour limiter la hausse de l'immobilier (ce en quoi je suis en total désaccord avec lui : à 15 années seulement, il devient très difficile d'acheter dans la plupart des grandes villes).

    Il propose, à propos des niches fiscales, de revenir sur les avantages concédés à la construction dans les TOM, et à la place de défiscaliser partiellement des fonds communs de placement réservés aux TOM avec un plafond de 2000 à 3 000 euros. Actuellement, selon lui, 12 000 personnes qui devraient payer 98 000 euros d'impôts ne paient pas un kopeck...

    Reprenant ce que Charles de Courson a dit le matin sur les dépenses d'investissement, je lui demande s'il juge que les dépenses d'éducation sont des dépenses d'investissement ; il estime que seules les dépenses de recherche peuvent être considérées comme telles et fait remarquer que tout service public pourrait se présenter comme un investissement s'il faut accepter de classer tout le budget de l'éducation comme tel.

    Sur la représentativité des partis et la proportionnelle, il concède que l'UMP ne l'acceptetera pas. Le Nouveau Centre y renonce donc. Il déclare d'ailleurs que cela ne relève pas d'une modification de la constitution. En revanche, il assure avoir obtenu la promesse que la Rrègle d'Ore figurera dans le projet. Il a un RDV à l'Elysée à ce sujet le dimanche matin.

    Il estime que la modification du scrutin des régionales est à l'avantage du MoDem parce que presque proportionnel : la liste en tête obtient un bonus de  30%en places, et il estime donc que ce scrutin fera gagner des sièges au MoDem, et bien sûr, aussi au Nouveau Centre.

    Il évoque ensuite les relations avec le MoDem, en fait, le lui pose la question, et pense qu'il n'y aura pas de retour en arrière avec Bayrou. Il rappelle qu'il n'a pas demandé le soutien de l'UMP pour être élu, et également que les ex-députés UDF n'ont pas accepté que Bayrou déclare par voie de presse qu'il ne voterait pas Sarkozy dans l'entre deux tours, alors que la veille il avait été convenu qu'il n'y aurait aucune déclaration, ni dans un sens, ni dans l'autre. Il estime que si cette stratégie avait été suivie, Bayrou aurait eu au minimum 15 élus, en comptant que dans certains endroits, les alliances traditionnelles entre UMP et UDF auraient joué.

    Il reprend l'argumentation traditionnelle du Nouveau Centre pour expliquer l'engagement de ce parti au sein de la majorité présidentielle.

     Voilà, en gros. Demain, je parlerai de la section NC du 14èle arrondissement, avec qui j'ai passé une bonne partie de mon temps dans les trains aller et retour. Des militants sympas, rigolos, dotés d'un bon sens de l'humour, et très chaleureux De fortes têtes sympas au possible avec lesquelles il a été un plaisir d'échanger.

    A ce sujet, je remercie à nouveau leur tête de file, Pierre Vallet, pour l'accueil exceptionnel qu'il m'a réservé. Demain, je parlerai des à-côtés du congrès, que je n'ai pas encore évoqués, et de mes impressions en général.

    J'ai tout de même une remarque : quand j'apprends qu'Hervé Morin menace les sénateurs centristes qui ne veulent pas trancher entre MoDem et Nouveau Centre de représailles, j'estime qu'il perd toute crédibilité dans sa volonté de rassembler tous les centres. Si c'est ainsi qu'il compte procéder, c'est très mal parti, et il pourrait ainsi braquer un certain nombre de centristes indépendants...

  • Je serai présent au congrès du Nouveau Centre

    Oui, je serai au congrès du Nouveau Centre, car j'y ai été invité. Non pour le rejoindre, mais parce que je  continue à espérer un jour une réunification des courants centristes, même si à l'heure actuelle, cette perspective s'éloigne, hélas.

    J'y suis aussi parce que j'ai des questions à poser aux néo-centristes. Le Nouveau Centre avait l'ambition de peser sur la majorité actuelle, c'était sa stratégie. Soit, j'en prends acte. Mais maintenant, puisque le Nouveau Centre se réclame de l'héritage du programme présidentiel de François Bayrou, je viens aussi pour savoir ce que le Nouveau Centre a obtenu en un an. Pour ma part, je n'ai rien vu. Rien de ce qui figurait dans ce programme n'a subsisté au sein de la majorité actuelle, à l'exception du Small Business Act dont j'ai récemment parlé, et encore, il n'est qu'à l'état virtuel.

    La priorité de l'éducation, la dette, la réforme des retraites par points, les réformes fiscales, de tout cela, il n'est pas resté grand chose.

    J'ai examiné avec attention la contribution néo-centriste au TEPA : 

    Le Nouveau Centre annonçait trois grandes priorités :

    - Mettre sous enveloppe les niches fiscales à travers la création d’un Impôt Minimum Alternatif ;
    - Mettre en place d’un pacte de solidarité avec les collectivités territoriales de manière à ce que les transferts de l’Etat aux collectivités territoriales n’augmentent pas plus vite que la dépense brute de l’Etat ;
    - Concentrer les allégements de charges patronales sur les PME car ce sont elles qui en ont le plus besoin et qui sont le plus créatrices d’emplois
    .

     Or, si le gouvernement consent enfin à se pencher sur la question des niches fiscales, il a commencé par en créer toute une série, avec le TEPA, avec l'aval du Nouveau Centre !!! Il y a là une contradiction profonde entre l'objectif annoncé par le Nouveau Centre, et le vote final en assemblée. Le gouvernement n'a pas du tout retenu le projet néo-centriste sur les PME alors que c'était une dimension essentielle du projet de l'UDF pendant les présidentielles. Le gouvernement s'est peut-être intéressé aux transferts de fond entre collectivités et Etat, mais cet aspect est à mes yeux secondaire tant que l'on n'a pas interdit des déficits budgétaires. A fortiori quand le dit déficit vient d'être creusé par une mesure qui coûte 14 milliards d'euros...

    Et pour les impôts locaux et la fiscalité, les propositions néo-centristes n'étaient pas inintéressantes (sortir la CSG et CRDS du plafonnement, et de sortir les impôts locaux du bouclier fiscal), mais le gouvernement n'en n'a pas tenu compte du tout. 

    Le Nouveau Centre évoque l'économie sociale de marché avec la volonté de réconcilier solidarité et économie de marché, c'est à dire, sur le fond, le même objectif que celui du MoDem avec la sociale-économie, mais dans la pratique, je ne vois pas en quoi ce noble objectif n'aurait été ne serait-ce que seulement approché... 

    La réforme constitutionnelle actuelle ne va pour l'instant pas dans le sens souhaité par les leaders  de cette formation politique. J'ai également des questions à poser sur l'OTAN et ce qu'attend Hervé Morin du changement de cap voulu par Nicolas Sarkozy.

    De manière générale, les objectifs affichés par le Nouveau Centre ressemblent souvent à ceux du MoDem. Dans ces conditions, j'aurais espéré de leur part qu'ils les fassent entendre du gouvernement actuel, or, il n'en est rien....

    Je continuerai petit à petit, à commenter les votes du Nouveau Centre, en les comparant à leurs résolutions programmatiques. 

    Enfin, j'essaierai de faire un compte-rendu clair et objectif de ce que j'aurai entendu et de ce que l'on m'aura le cas échéant répondu lors du  congrès qui commence aujourd'hui et prend fin demain soir.

      

  • Et le Small Business Act à l'européenne ?

    Le Small Business Act à la française, c'était une proposition de François Bayroupendant l'élection présidentielle. Christine Lagarde l'avait reprise en septembre 2007 puis, Lionel Stoléru avait écrit un premier rapport, estimant qu'un Small Business Act limité à la France n'avait aucune chance d'aboutir.

    Du coup, il a écrit un second rapport. Dans ce rapport, l'ancien secrétaire d'Etat au Plan de François Mitterand préconise, selon le journal les Echos, l'instauration d'un quota de PME de 15 % pour les petits marchés de recherche et développement (R&D). Pour Lionel Stoleru, ces entreprises comptent moins de 250 personnes et sont contrôlés à moins de 33 % par un groupe de plus de 250 personnes. Il demande aussi au Premier ministre de reconnaître l'existence des entreprises intermédiaire de 250 à 5000 personnes, en dehors des grands groupes déjà internationalisés. 

    Apparemment, la Grande-Bretagne et la France sont en accord sur le principe. On peut dire que l'idée de François Bayrou aura fait un sacré chemin ! Si la France parvient à mettre cela en place pendant sa présidence, ce sera un sacré bon point. J'aimerais entendre le MoDem, Bayrou et le Nouveau Centre donner de la voix sur le sujet, puisqu'ils sont les héritiers du programme de Bayrou et de l'UDF pendant les présidentielles. 

    En tout cas, moi, je vais suivre cela avec attention, car c'est vraiment une mesure à laquelle je tiens. 

  • Réforme constitutionnelle, propositions de François Bayrou

    Audition devant la commission des Lois : François Bayrou proposera des amendements pour la proportionnelle

    316665878.jpgLors de son audition par la commission des Lois de l'Assemblée nationale, le lundi 5 mai, François Bayrou a annoncé qu'il présenterait, au cours de l'examen du projet de loi de réforme constitutionnelle, des amendements pour introduire une dose de proportionnelle aux élections. Il s'est aussi prononcé sur le "droit d'expression du chef de l'Etat devant le Parlement" et a exprimé son regret concernant l'absence de tout élément sur "l'indépendance des médias à l'égard de l'Etat et des puissances d'argent"....

    Concernant l'amendement qu'il compte déposer sur l"introduction d'une dose de proportionnelle aux élections, François Bayrou a déclaré devant la commission des lois de l'Assemblée nationale : "Si l'on ne touche pas au principe de représentation, toutes les autres dispositions contenues dans le texte sont de pure façade". Après avoir annoncé que les parlementaires de son groupes (3 députés, 10 sénateurs) ne voteront pas la réforme sans introduction du scrutin proportionnel, il a plaidé pour une "représentation peut-être pas proportionnelle mais qui ne soit pas symbolique". Le mode de scrutin ne fait toutefois pas partie de la réforme de la Constitution.

    François Bayrou a ensuite expliqué à nouveau qu'il ne "faisait pas" du droit d'expression du chef de l'Etat devant le Parlement "une affaire théologique". "Mais cela doit être devant le Congrès", a-t-il argué. S'il vient "devant l'Assemblée nationale, il faut qu'il écoute ce qu'elle a a dire". "Il faut qu'il y ait débat, sans vote", a-t-il précisé.

    M. Bayrou s'est dit par ailleurs "en désaccord sur le fait qu'il faille déclarer qu'on soutienne le gouvernement", comme le prévoit l'article 1er du projet de loi. "Je suis incapable de dire si je soutiens ou non le gouvernement car cela dépend du gouvernement et de ce qu'il fait", a-t-il dit en jugeant par ailleurs cette disposition "en contradiction avec le fait que la Constitution proscrit le mandat impératif" des élus.

    Il a par ailleurs jugé qu'"il manque à cette réforme un paragraphe sur l'indépendance des médias à l'égard de l'Etat et des puissances d'argent", en promettant un amendement en ce sens.

    M. Bayrou a enfin précisé qu'il avait demandé d'intégrer la commission des lois afin de participer à l'examen du projet de réforme.

  • Les Vigilants ou l'anti-politique

    C'est marrant, cela fait un moment que j'entends parler des Vigilants, ou, tout du moins, que je vois leur sigle.

    Voici comment le blog des Vigilants présente leur action :

    Ce site rassemble les blogs qui observent Sarkozy, commentent ses décisions et leurs effets, et notent les sources. Une bibliothèque de tout ce qui passe trop inaperçu. LES BLOGS SONT REGROUPÉS SELON LEUR PRINCIPALE TENDANCE : LES INFORMATEURS, LES ANALYSTES, LES ACTIVISTES, LES MILITANTS ET LES THEMATIQUES.

    Je subodore que je vais encore me faire tout plein de nouveaux amis, mais je juge leur action tout à fait superflue. En se polarisant sur un homme, les Vigilants finissent par oublier de parler de la politique elle-même. Bien sûr, Nicolas Sarkozy nous habitue petit à petit à ses outrances, et certaines méritent d'être relevées, mais, en acceptant de jouer finalement le même jeu que la presse people, les Vigilants ratent une large part du débat sur les enjeux.

    Au demeurant, c'est un peu le travers dans lequel tendent à tomber le MoDem et François Bayrou de temps à autre : la critique seule ne peut valoir une ligne politique. Il faut débattre sur les orientations politiques et faire des contre-propositions. C'est en ce sens que j'avais évoqué un shadow cabinet pour le MoDem, afin de justement être cette force-là.

    J'apprécie par exemple la démarche de Marielle de Sarnez à Paris, parce qu'en réactivant les commissions du MoDem, en escomptant désigner des porte-paroles pour chaque grand thème de l'action politique parisienne, elle remet les enjeux citoyens au coeur de son action politique. 

    Bref, pour revenir sur les Vigilants, ce n'est pas l'idée d'une veille que je conteste, mais plutôt l'objet précis de cette veille.  Je le pense depuis longtemps, une large part de la blogosphère en fait trop à propos de Nicolas Sarkozy, et, ce-faisant, étouffe tout débat.

    Je pense qu'il faut en finir avec une certaine forme d'hystérie collective qui montre les individus du doigt (par exemple, au MoDem, les sénateurs UDF, ou, tout du moins, ceux qui expriment un avis divergent de la ligne de François Bayrou).

    Finalement, cette hystérie-là à coup de slogans, elle devient à la politique  ce que le hamburger est à l'hygiène alimentaire et à la bonne santé...

    Nonobstant ce billet, cela n'empêche pas nombre de blogs dotés du sigle Vigilant d'être des blogs de qualité. 

  • Crise alimentaire : l'occasion ou jamais !

    Des émeutes de la faim éclatent dans les pays les plus pauvres, tandis que dans les pays les plus riches eux-mêmes, les poubelles et leurs déchets commencent à faire l'objet d'âpres disputes parmi les miséreux.

    Il y a donc urgence à relancer la production agricole partout dans le monde. Certes, la sécheresse ou plus généralement les intempéries, ont frappé en nombre de points de la planète.

    Pourtant, il y a là une occasion inespérée pour plusieurs pays émergents, l'Afrique en particulier, de lancer enfin un plan de grande ampleur de développement des surfaces agricoles. Ceci ne doit évidemment pas se faire au détriment des forêts. 

    Le FMI pourrait jouer un rôle positif en favorisant des financements d'envergure dans ce domaine. Il faut en revanche que ce soient les pays producteurs qui réalisent des bénéfices, et pas uniquement quelques multi-nationales de l'agro-alimentaire.

    Un bon modèle de développement pourrait être celui du commerce équitable, avec des critères certifiés par des organismes du type Max Havelar.

    Nous pouvons faire d'un malheur un bien, mais cela supppose de s'engager et de ne pas se contenter de mener une politique de redistribution des surplus, réflexe habituel des pays occidentaux, mais qui ne font qu'anesthésier temporairement la douleur sans pour autant en supprimer le cause.

    J'espère que dans ce domaine, le MoDem mènera une réflexion de fond avec des propositions concrètes, car le sujet est grave et engage l'avenir de la planète toute entière. 

    François Bayrou, lorss du colloque de l'UDF du 11 février 2006, sur l'agriculture et les territoire ruraux, avait posé les bases d'une autre organisation de l'agriculture des payx émergents :

    Et le troisième impératif d’une politique agricole, c’est le maintien d’un tissu dense d’agriculteurs.

    [...]

    Mais c’est une exigence vitale pour le tiers-monde ! Je voudrais vous rappeler les chiffres, si souvent ignorés. Il y a 1,3 milliards de paysans sur la planète. Parmi eux, moins de 30 millions sont mécanisés, disposent d’un tracteur. 250 millions ont une bête de somme. Ce qui veut dire qu’un milliard d’entre eux n’ont que leurs bras pour survivre et quelques outils araires. Ce qui explique que plus d’un milliard d’entre eux vivent avec moins d’un dollar par jour !


    La situation de l’agriculture mondiale qui les arrache aujourd’hui à leur terre pour les contraindre à rejoindre les bidonvilles des mégapoles misérables, par exemple en Afrique, est une catastrophe à l’échelle de l’humanité. Ce n’est pas seulement l’Afrique, mais la planète entière qui s’en trouve déséquilibrée. Les vagues d’immigration ne sont qu’une des conséquences en chaîne de cette misère du déracinement, les grandes pandémies, la drogue, en seront évidemment d’autres. Et la vue des images des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, ou la situation de Mayotte, de la Guyanne, de la Guadeloupe disent chacune à leur manière cette catastrophe humanitaire.

    Or l’organisation actuelle des marchés agricole mondiaux ne permet pas d’envisager le retour à l’équilibre.

    Dans l’organisation actuelle des marchés, il y a deux victimes : les agriculteurs des pays socialement avancés, qui ne survivent que par des aides publiques (primes en Europe, marketing loan aux Etats-Unis), qui coûtent cher à la collectivité et effondrent artificiellement les prix de marché. On arrive donc au paradoxe que les agricultures de ces pays voient les producteurs les plus compétitifs vendre leur production céréalière à des prix inférieurs de 20 ou 30 % à leurs coûts de revient. Ceux-là sont la première victime. Et à l’autre bout de l’échelle les deuxièmes victimes sont les agriculteurs du tiers-monde écrasés sans pitié, mourant de faim, et obligés d’abandonner leur terre.
    Le seul modèle agricole réellement adapté à cette organisation des marchés, ce sont les pays du groupe de Cairns, disposant d’immenses surfaces disponibles, d’un prix du foncier très bas, de capitaux illimités pour une mécanisation à outrance, et du coût du travail qualifié très bas. Mais tout cela qui est puissant, fait une production agricole, mais pas un tissu d’agriculteurs pour la planète !


    Contrairement aux orientations actuelles, que l’Europe et le tiers-monde subissent sans réaction (les pays en développement se croyant à tort représentés par de puissants producteurs comme le Brésil), on doit donc militer pour une autre politique agricole non seulement en Europe, mais dans le monde.

    Le libre-échange est bon, il est nécessaire, il est vital. Mais le libre-échange doit concerner des zones de production agricoles relativement homogènes, comme le marché commun agricole a protégé et ressuscité l’agriculture européenne après la deuxième guerre mondiale.

    Les marchés du tiers-monde doivent être protégés au bénéfice des producteurs du tiers-monde. Le monde socialement développé doit organiser ses productions pour que le niveau des prix soit un niveau des prix rémunérateur pour le producteur, sans que l’on soit obligé de passer par l’artifice des aides publiques qui effondrent les prix de marché et désespèrent les agriculteurs. Les productions excédentaires doivent trouver les débouchés nouveaux des biocarburants et de l’agrochimie. À l’intérieur de ces grandes zones (quatre ou cinq) de la planète, le libre-échange est souhaitable et il doit être favorisé. À l’intérieur de ces zones homogènes, la disparition des aides stupides est parfaitement négociable. Et dans les zones du monde des productions massives (le groupe de Cairns) on doit inviter les pays, comme le Brésil a commencé à le faire avec une grande lucidité et une grande prescience, à consacrer à ces productions agro-industrielles tous les surplus dont ils inondent les marchés mondiaux.

    Cette organisation nouvelle du monde est donc un immense effort politique.

    Un tel effort prendra des années de construction politique. Elle exige que la France en prenne la tête. Elle exige que la France convainque les autres pays européens. Elle exige que l’Europe porte ce message à l’OMC. Il s’agit, au sens propre, d’une révolution, d’un changement d’orientation majeur, d’un modèle nouveau à faire partager.

    Quand je vois ce qu'il se passe actuellement, cela me paraît très actuel et très adapté, comme propos... 

  • Quel OTAN pour la France et l'Europe ?

    J'ai lu l'excellente note  de Quindi du 11 avril 2008 sur l'OTAN, et cela m'amène à en vulgariser certains aspects ; bien sûr, je ne répéterai pas exactement ce qu'a écrit Quindi, je crois que ce sur ce point il est inimitable, et, si j'ai assez de connaissances en diplomatie et relations internationales pour suivre ses billets, je n'en ai pas assez pour fournir des analyses d'une qualité comparable.

    Ce qui m'a intéressé dans sa problématique, c'est un aspect particulier qui ne constitue pas à soi seul l'essence de l'article : ce sont les relations entre OTAN et Europe dans l'hypothèse où la France réintègre bien l'OTAN, ce que souhaite, rappelons-le, Nicolas Sarkozy. 

    Quindi évoque opportunément la Politique Européenne de Sécurité et de Défense, mais omet de préciser clairement de quoi il s'agit. La PESD est un projet européen disposant d'instruments et de matériels civils et militaires afin de mener des opérations militaires pour le compte de l'Union Européenne. Les forces sont fournies de manière discrétionnaire par les états membres qui le veulent bien.

    Or, Nicolas Sarkozy a invoqué la nécessité d'une meilleure communication entre l'Union Européenne et l'OTAN via la PESD pour justifier le ralliement  de la France à l'OTAN.

    François Bayrou, en refusant catégoriquement le réintégration de la France au sein de l'OTAN,  s'est à mon avis avancé un peu trop vite sur ce terrain : ce qui compte, à mon sens, c'est la finalité de l'action, et pas forcément l'action elle-même : si cette réintégration dans l'OTAN conduit à renforcer d'autant plus le rôle de l'OTAN pour l'Europe, je ne la crois pas souhaitable, et Bayrou a raison. Mais, si, en raison des articulations nécessaires entre OTAN et PESD, elle amène, comme le propose Hervé Morin, le Ministre de la Défense, à rendre le centre opérationnel européen permanent, à créer un budget de la défense européen,  à investir pour un système satellitaire européen et à former les armées des états membres qui le souhaitent, alors cette réintégration mérite d'être examinée avec plus d'attention.

    Les deux principaux pays responsables de la PESD sont l'Angleterre et la France. Or, leur position ne se superposent pas exactement : la Grande-Bretagne estime inutile un centre européen permanent puisque l'OTAN met à disposition des centres régionaux.

    Nous avons eu des divergences , et nous en avons encore, avec le Nouveau Centre. Mais, rappelons-le, le MoDem et le Nouveau Centre s'abreuvent à la même fontaine. Il me semble que sur ce sujet spécifique, la position d'Hervé Morin mérite d'être soutenue, et me paraît bien plus acceptable que l'atlantisme plus ou moins ouvert de Nicolas Sarkozy. Il précise sa pensée dans l'émission Question d'info du 08 avril dernier, et je pense que son point de vue mérite d'être au moins lu.

     

  • La Dette, épée de Damoclès

    Là, c'est vraiment du grand Bayrou comme je l'apprécie :

    Un an après l'accession de Nicolas Sarkozy à la présidence, la dette demeure "au-dessus de la tête du pays comme une épée de Damoclès", a dénoncé aujourd'hui le président du MoDem François Bayrou.

    M. Sarkozy "a fait la campagne présidentielle avec une vieille recette (...) qu'importaient les promesses, on verrait bien après une fois qu'on y serait", a lancé l'ex-candidat centriste sur RMC-Info et BFM-TV.

    Il a dit redouter que l'Etat doive à brève échéance "prendre sur le travail de chacun pour essayer de boucher le trou perpétuellement aggravé".

    Selon M. Bayrou, "il suffirait que les agences de notation (financière, ndlr) internationale dégradent un peu la note de la France pour qu'on se retrouve dans une situation explosive".

    Le patron du MoDem a renvoyé dos à dos majorité et opposition, affirmant que "la situation de la dette n'est pas autre chose que le résultat de la surenchère" entre l'UMP et le PS.

    Le PS, a-t-il accusé, emploie le terme de rigueur "comme si c'était un mot effrayant et injurieux, et que ce qu'il faudrait c'est se remettre à dépenser de l'argent et le donner à tout le monde".

    La dette et le déficit publics de la France se sont alourdis en 2007. Le déficit public s'est établi selon l'Insee à 2,7% du produit intérieur brut, le niveau de la dette publique atteignant 64,2% du produit intérieur brut.

     Voilà, bravo. Et j'ajoute quelques éléments pour ceux qui ne savent pas qui est Damoclès :

    Denys, le Tyran de Syracuse, vivait dans l'Antiquité dans une grande opulence, entouré de courtisans et de biens de toute sorte. Damoclès, un artisans passé maître dans l'art de l'ofèvrerie  ne cessait de flatter Denys sur la chance qu’il avait d’être le tyran de Syracuse. Agacé, celui-ci lui proposa de prendre sa place le temps d’une journée. Au milieu d'un festin, Damoclès leva les yeux et aperçut une épée  suspendue au-dessus de lui,  retenue  par un unique crin de cheval...

    Pas sûr qu'on ait encore seulement le crin de cheval.

     

  • Cassandre Bayrou : plus dure sera la chute !

    Le gouvernement Fillon est en forme : disparition de la carte de famille nombreuse, réduction des allocations familiales (prétendûment redéployées), et maintenant probable baisse de l'allocation de rentrée scolaire.

    Les familles vont en prendre plein la g...

    Et tout cela pourquoi ? Parce que , ce que voit venir Fillon, c'est que son budget file à grande vitesse vers un déficit supérieur de plus de 3%, c'est à dire au-delà des critères admis par toute l'Europe, et ce au moment où la France va prendre la présidence de l'Europe. Donc, économies tout azimut.En revanche, revenir sur le paquet fiscal, ce n'est même pas évoqué. Non, mieux vaut sacrifier la politique familiale, et par là, notre démographie, bien sûr...la seule d'Europe qui tienne encore la route.

    Comme d'habitude, Nicolas Sarkozy agit dans la précipitation, parant au plus pressé, et fait payer au prix fort aux familles les conséquences de ses errements.

    Au fait, il me semble bien qu'il y a quelqu'un qui avait annoncé que tout cela allait mal finir... Quelqu'un dont on se gausse qu'il prophétise des maux pour la France, sous la présidence sarkozyste...

    Tout ce qui se produit, Bayrou l'avait dit et prévu, pendant la présidentielle, et encore tout juste après. Et c'est pour cela qu'il ne voulait pas de Nicolas Sarkozy aux commandes de l'Etat.

    Hélas, Cassandre a eu beau mettre en garde les Troyens et prophétiser la chute imminente de la glorieuse cité, aucun de ses concitoyens de l'a écoutée, et Troie est tombée pour l'éternité, entrant, à défaut, dans la légende.

    La gauche, comme à son habitude, rejette en bloc tout ce qui vient de la droite indifféremment, et ses solutions, quand elle en propose, laisseraient exsangue la France.

    J'espère vraiment qu'il existe un avenir pour le MoDem et pour Bayrou, parce que pour l'instant, je ne vois pas d'esprit suffisamment indépendants, prévoyants et courageux susceptibles de s'atteler au travail de Titan qui attend désormais tout individu qui voudra remettre la France sur ses pieds.