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alimentation

  • Qui va autoriser ou interdire les nouveaux aliments ?

    Marielle de Sarnez signale dans sa dernière lettre la venue d'un texte législatif très important au Parlement européen dans peu de temps : il s'agit de fixer les règles et procédures pour autoriser de nouveaux aliments sur le marché européen.

    Je ne suis pas expert de la chose mais j'ai lu avec beaucoup d'attention les conclusions d'une commission sénatoriale sur le sujet et il ne m'a semblé y lire que de bonnes choses.

    Ce que je comprends, c'est que la Commission voudrait simplifier les processus en ne confiant qu'à un seul organisme de contrôle, européen cela va de soi, l'EFSA et, en somme s'asseoir tranquillement sur nos agences sanitaires nationales. Je ne dis pas qu'elles sont parfaites, et je reconnais qu'un aliment peut attendre jusqu'à dix ans avant de se voir enfin autorisé, mais elles ont le mérite de multiplier les précautions. 

    Marielle de Sarnez suggérait de ne pas traiter de la même manière les aliments traditionnels d'autres pays et les fabrications ex-nihilo ou presque à partir de nano-particules alimentaires. 

    Eh bien je suis d'accord et voilà ce que je propose : à l'Union européenne de valider l'existant, c'est à dire des plantes ou autres consommées par d'autres populations ailleurs dans le monde. Mais quand il s'agira de nourritures artificielles, le principe de subsidiarité devrait s'appliquer à 100% et chaque pays décider des règles qu'il applique.

    On peut évidemment se dire que cela créera des niveaux de sécurité alimentaire variables d'un pays à l'autre, mais, comme Français, je préfère l'exigence dans mon pays à un dénominateur européen commun le plus petit.

    Puisque Marielle de Sarnez sera rapporteur pour le groupe ADLE sur l’avis qui sera rédigé par la commission parlementaire du commerce international, je ne cache pas que j'attendrai avec impatience ses premières conclusions et ses premiers éclairages.

  • Le Nutella, parlons-en...

    Je crois que je vais avoir un léger différend avec le faucon et Rubin...Primo, ça veut dire quoi ce "aussi" chez le Faucon ? L'Europe ne veut pas interdire le Nutella mais juste contraindre son fabricant à prévenir les usagers que cette saleté contient une palanquée d'huiles saturées et dégueulasses, à commencer par la fameuse huile de palme.

    Je trouve fort déplaisant de ne jamais être informé de ce que je mange quand je fais mes achats dans les magasins, ou, toujours écrit en tout petit avec des noms barbares pour que je n'y comprenne goutte. Tiens, par exemple, le tocophérol...J'ai mis du temps à comprendre que c'était de la vitamine E, mais qu'on l'utilisait en fait surtout pour éviter aux aliments de rancir... Certaines huiles en contiennent énormément à commencer par l'huile de palme (si elle est bio et non raffinée) et l'huile de tournesol.

    Eh bien Nutella se contente d'informer que des huiles végétales rentrent dans la composition de sa pâte, mais se garde bien de préciser qu'il s'agit d'huile de palme. Et pas de la bio... Et cette saleté contient profusion d'acides gras, néfastes pour la santé.

    Une des petites mains de wikipedia assure avoir envoyé un courrier à Nutella pour savoir si les huiles que la société (Ferrero) utilisaient étaient hydrogénées ou non (encore plus désastreux pour la santé). Le service clientèle a répondu par la négative. La réponse figure également chez Doctissimo .

    Trop d'huile de palme, et...trop de sucre, pour l'Europe. Aux alentours de 55% pour le sucre, et 18% environ pour l'huile de palme.

    Comparativement, j'ai trouvé une pâte à tartiner équivalente (plus fluide, toutefois) chez Monoprix et biologique (certifiée AB). 48% de sucre de canne et de l'huile de tournesol.

    Par ailleurs, l'usage massif d'huile de palme contribue fortement à la déforestation.

    D'ailleurs, il y en a qui ont tout compris : plutôt que de la bouffer, ils préfèrent encore le balancer sur les flics, le nutella...

    De manière générale, j'aime bien savoir ce que j'achète exactement. J'accueille donc favorablement toutes les mesures qui contraindront les fabricants à m'informer.

    Bon je citais la pâte de Monoprix, mais je ne les dédouane pas non plus ceux-là. Par exemple, quand ils proposent pour un paquet de chips l'intitulé "chips à l'ancienne", et que je constate que l'huile utilisée est de l'huile de palme, clairement, ils se foutent de ma g... bien sûr, ma grand-mère utilisait de l'huile de palme pour préparer des chips. Et puis quoi encore...

    Bref, il faut taper fort. Très fort, même, sur ces chimistes fous qui nous truffent tout ce que l'on achète de substances qui feraient passer un poly amphétaminé pour un gentil jardinier bio.

    Alors aller râler contre l'Europe, pour l'un, un tantinet par anti-européanisme gaulliste, et pour l'autre, au nom de la sacro-sainte liberté, je crois qu'il y a maldonne et fausse route, là.

     

     

  • Une algue pour le Sahel ?

    n1011294568_3652.jpgViolaine Neto-Gameiro vient de recevoir le prix Terre de femmes de la fondation Yves Rocher. Elle a eu l'idée excellente de créer une ferme-école destinée à la culture et la commercialisation de la spiruline. La spiruline est une sorte de petite algue bleue aux propriétés nutritionnelles extraordinaires : elle contient deux fois plus de protéines que le soja et trois fois plus que le boeuf, est truffée de vitamines, regorge de fer et comporte des nutriments rares. Elle se cultive hors sol, ne nécessite que peu d'investissements et garantit donc un bon retour sur ces derniers. On la trouve dans les lacs d'eau douce en zone tropicale, notamment dans la région du Sahel. Découverte dans les années 50 au Tchad, elle pourrait expliquer le bon état de santé général des peuples mitoyens de son éco-système. Une exploitation familiale de l'algue est très aisée et nécessite peu de moyens (un bassin de récupération tout au plus). Et pour la cuire...le soleil ne manque pas au Sahel, et fabriquer un four solaire est chose facile et peu onéreuse.

    Les Aztèques, pas fous, semblent en avoir fait aussi une consommation massive au XVIème siècle : apparemment, ils en faisaient même des gâteaux ! Arthrospira figure dans un codex aztèque, le Codex de Florence. Pour ceux qui auraient quelques connaissances en nahuatl, la recette, c'est ici...(lexique du vocabulaire nahuatl utilisé dans l'ouvrage disponible ici...)

    mod10_laureate_01-bulle.jpgLa présidente de l'Association Spiruline Solidaire me semble donc avoir eu une excellente idée à tout point de vue qu'il faut saluer et faire connaître. Pour ma part j'y vois tout à fait l'illustration des bonnes pratiques dont Prahalad donne tant d'exemples dans son ouvrage, Quatre milliards de nouveaux consommateurs. Il y a là un éco-système de marché parfaitement adapté à la base de la pyramide.

  • Des insectes contre la faim ?

    Une idée qui m'est venue, mais je ne suis sans doute pas le seul à y avoir pensé : n'ya-t-il pas un moyen de capturer les nuées de criquets qui s'abattent sur les champs en Afrique et saccagent les récoltes ? J'ai entendu dire par des nutritionnistes que c'est bourré de protéines ces trucs-là. D'ailleurs, il existe des recettes avec. Bon, évidemment, je me vois mal faire de l'élevage de cloportes dans un avenir proche, mais, certains disent que les insectes sont l'avenir de la lutte contre la faim. Notez, no future for the insects si une grosse centrale agro-alimentaire s'empare de l'idée. Quand je vois ce que nous avons fait avec les mammifères sur notre planète, même pour les cafards j'ai peur...

    Comme je suis sympa, j'ai trouvé un amusant site de recettes à base d'insectes : ça vous dit des scorpions au chocolat ? D'ailleurs, le scorpion n'est pas un insecte, au fait...

    tenebrio.jpgmiam miam les bons vers que voilà : vous imaginez tout cela qui se tortille dans votre assiette ? Près à en avaler une bâffrée ? mmmhhh, délicieux !

    Au fait, ce que vous voyez là sont en fait des larves de coléoptères : il s'agit du ténébrion meunier (tenebrio molitor). Molitor ? On pourrait commencer un élevage dans le 16ème rue Molitor ? Ah, ça vient de là le nom, en fait. Je ne savais pas que molitor signifiait meunier.

    et ça, mmmmiaaaaaammmm  :

  • Réduction du CO2, une rêve d'Empédocle

    Je découvre le livre "Faut-il être végétarien pour la santé et la planète" de Claude Aubert et Nicolas Le Berre. Le premier est agronome, le second est médecin. Cela peut paraître insolite d'associer cet ouvrage à Empédocle, l'un des premiers philosophes de la Grèce, mais, outre ses réflexions sur la corps et son fonctionnement, Empédocle a été l'un des premiers à dénoncer les sacrifices d'animaux et la consommation de viande, pour des motifs, il est vrai, anthropomorphiques (il pensait que les âmes se réincarnaient, y compris dans des formes animales).

    Voici ce qu'il écrit dans ses Purifications, évoquant un âge d'or :

    «Ceux-là n'avaient pour dieu ni Arès*, ni Cydoïmis, ni le royal Zeus, ni Cronos, ni Poséïdon mais la reine Cypris*. Ils se la conciliaient par de pieuses sculptures, de vivantes peintures, des essences parfumées aux senteurs savantes, des sacrifices de myrrhe pure et d'encens odorant, exposant sur le sol des libations de miels blonds. L'autel n'était pas arrosé par le meurtre violent des taureaux, mais parmi les êtres humains, le crime le plus important était d'avoir pris une vie pour se repaître de chairs

    *Arès est le dieu de la guerre, Cypris, autre nom d'Aphrodite est la déesse de l'amour.

    Ce n'est pas le cas de ces deux auteurs, mais, j'ai trouvé dans le livre (qui n'est pas un plaidoyer idéologique et dogmatique mais au contraire un traité scientifique et argumenté) quelques observations et comparaisons extrêmement judicieuses.

    Notamment, l'auteur a établi quelles émissions de CO2 correspondaient aux assiettes que nous mangions. Eh bien, entre une assiette à forte teneure en viande et une assiette de légumineuses le ratio est de 9 à 1. Neuf fois moins de CO2 pour la production de légumineuses. Mieux : selon que l'alimentation soit végétarienne ou carnée, le ratio est de 1 à 14 pour la surface terrestre utilisée. Voilà qui laisse songeur quant aux problèmes de crises alimentaires. Ne parlons pas de la production d'eau : les légumes consomment bien moins d'eau que tout le reste, à commencer par celle qu'utilise le bétail. Les chiffres que donnent les auteurs sont toutefois des estimations, car ils peuvent varier selon le mode de culture des végétaux et d'alimentation des animaux.

    Mais bon, c'est intéressant, parce qu'il y a là une clef à la fois de santé publique, et à la fois contre le réchauffement climatique. Le livre est en outre intéressant, parce qu'il abat un certain nombre d'idées reçues. Par exemple, sur les produits laitiers trop promus et nocifs à haute dose, sur les huiles souvent raffinées ce qui enlève leurs qualités nutritionnelles (il ne faut prendre que les huiles sur lesquelles il est précisé pression à froid) et sur le logo AB qui garantit certes une culture biologique des ingrédients, mais nullement leur transformation.

    Les auteurs proposent d'ailleurs la création d'un label santé à côté du label biologique. J'évoquais la question des labels environnementaux et sociaux, dans trois billets (1 , 2 et 3), il y a quelques temps, mais le fait est qu'il faudrait ajouter une pastille pour la santé...

    Au final, cela ne va pas m'empêcher d'aller bâffrer un bon carpaccio de boeuf, mais, le fait est que nous consommons trop de viande et que c'est non seulement mauvais pour notre santé mais en plus pour la planète. Je vais mettre tout le monde au régime légume, moi , chez moi :-) (une délicieuse salade, tomates, laitue, feuille de chêne, concombres, courgettes, brocolis, poivrons, j'en bave d'impatience rien que d'y penser, j'aime au moins autant les légumes sinon plus que le carpaccio !).

  • Crise alimentaire : l'occasion ou jamais !

    Des émeutes de la faim éclatent dans les pays les plus pauvres, tandis que dans les pays les plus riches eux-mêmes, les poubelles et leurs déchets commencent à faire l'objet d'âpres disputes parmi les miséreux.

    Il y a donc urgence à relancer la production agricole partout dans le monde. Certes, la sécheresse ou plus généralement les intempéries, ont frappé en nombre de points de la planète.

    Pourtant, il y a là une occasion inespérée pour plusieurs pays émergents, l'Afrique en particulier, de lancer enfin un plan de grande ampleur de développement des surfaces agricoles. Ceci ne doit évidemment pas se faire au détriment des forêts. 

    Le FMI pourrait jouer un rôle positif en favorisant des financements d'envergure dans ce domaine. Il faut en revanche que ce soient les pays producteurs qui réalisent des bénéfices, et pas uniquement quelques multi-nationales de l'agro-alimentaire.

    Un bon modèle de développement pourrait être celui du commerce équitable, avec des critères certifiés par des organismes du type Max Havelar.

    Nous pouvons faire d'un malheur un bien, mais cela supppose de s'engager et de ne pas se contenter de mener une politique de redistribution des surplus, réflexe habituel des pays occidentaux, mais qui ne font qu'anesthésier temporairement la douleur sans pour autant en supprimer le cause.

    J'espère que dans ce domaine, le MoDem mènera une réflexion de fond avec des propositions concrètes, car le sujet est grave et engage l'avenir de la planète toute entière. 

    François Bayrou, lorss du colloque de l'UDF du 11 février 2006, sur l'agriculture et les territoire ruraux, avait posé les bases d'une autre organisation de l'agriculture des payx émergents :

    Et le troisième impératif d’une politique agricole, c’est le maintien d’un tissu dense d’agriculteurs.

    [...]

    Mais c’est une exigence vitale pour le tiers-monde ! Je voudrais vous rappeler les chiffres, si souvent ignorés. Il y a 1,3 milliards de paysans sur la planète. Parmi eux, moins de 30 millions sont mécanisés, disposent d’un tracteur. 250 millions ont une bête de somme. Ce qui veut dire qu’un milliard d’entre eux n’ont que leurs bras pour survivre et quelques outils araires. Ce qui explique que plus d’un milliard d’entre eux vivent avec moins d’un dollar par jour !


    La situation de l’agriculture mondiale qui les arrache aujourd’hui à leur terre pour les contraindre à rejoindre les bidonvilles des mégapoles misérables, par exemple en Afrique, est une catastrophe à l’échelle de l’humanité. Ce n’est pas seulement l’Afrique, mais la planète entière qui s’en trouve déséquilibrée. Les vagues d’immigration ne sont qu’une des conséquences en chaîne de cette misère du déracinement, les grandes pandémies, la drogue, en seront évidemment d’autres. Et la vue des images des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, ou la situation de Mayotte, de la Guyanne, de la Guadeloupe disent chacune à leur manière cette catastrophe humanitaire.

    Or l’organisation actuelle des marchés agricole mondiaux ne permet pas d’envisager le retour à l’équilibre.

    Dans l’organisation actuelle des marchés, il y a deux victimes : les agriculteurs des pays socialement avancés, qui ne survivent que par des aides publiques (primes en Europe, marketing loan aux Etats-Unis), qui coûtent cher à la collectivité et effondrent artificiellement les prix de marché. On arrive donc au paradoxe que les agricultures de ces pays voient les producteurs les plus compétitifs vendre leur production céréalière à des prix inférieurs de 20 ou 30 % à leurs coûts de revient. Ceux-là sont la première victime. Et à l’autre bout de l’échelle les deuxièmes victimes sont les agriculteurs du tiers-monde écrasés sans pitié, mourant de faim, et obligés d’abandonner leur terre.
    Le seul modèle agricole réellement adapté à cette organisation des marchés, ce sont les pays du groupe de Cairns, disposant d’immenses surfaces disponibles, d’un prix du foncier très bas, de capitaux illimités pour une mécanisation à outrance, et du coût du travail qualifié très bas. Mais tout cela qui est puissant, fait une production agricole, mais pas un tissu d’agriculteurs pour la planète !


    Contrairement aux orientations actuelles, que l’Europe et le tiers-monde subissent sans réaction (les pays en développement se croyant à tort représentés par de puissants producteurs comme le Brésil), on doit donc militer pour une autre politique agricole non seulement en Europe, mais dans le monde.

    Le libre-échange est bon, il est nécessaire, il est vital. Mais le libre-échange doit concerner des zones de production agricoles relativement homogènes, comme le marché commun agricole a protégé et ressuscité l’agriculture européenne après la deuxième guerre mondiale.

    Les marchés du tiers-monde doivent être protégés au bénéfice des producteurs du tiers-monde. Le monde socialement développé doit organiser ses productions pour que le niveau des prix soit un niveau des prix rémunérateur pour le producteur, sans que l’on soit obligé de passer par l’artifice des aides publiques qui effondrent les prix de marché et désespèrent les agriculteurs. Les productions excédentaires doivent trouver les débouchés nouveaux des biocarburants et de l’agrochimie. À l’intérieur de ces grandes zones (quatre ou cinq) de la planète, le libre-échange est souhaitable et il doit être favorisé. À l’intérieur de ces zones homogènes, la disparition des aides stupides est parfaitement négociable. Et dans les zones du monde des productions massives (le groupe de Cairns) on doit inviter les pays, comme le Brésil a commencé à le faire avec une grande lucidité et une grande prescience, à consacrer à ces productions agro-industrielles tous les surplus dont ils inondent les marchés mondiaux.

    Cette organisation nouvelle du monde est donc un immense effort politique.

    Un tel effort prendra des années de construction politique. Elle exige que la France en prenne la tête. Elle exige que la France convainque les autres pays européens. Elle exige que l’Europe porte ce message à l’OMC. Il s’agit, au sens propre, d’une révolution, d’un changement d’orientation majeur, d’un modèle nouveau à faire partager.

    Quand je vois ce qu'il se passe actuellement, cela me paraît très actuel et très adapté, comme propos...