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  • Bayrou et l'OTAN

    J'observe, une fois de plus, que la presse (et elle n'est pas seule) se précipite et rend compte des propos de François Bayrou sans y avoir réfléchi et surtout, de manière incomplète.

    Première correction : François Bayrou n'a pas dit qu'il était hostile a priori à une réintégration de la France dans l'OTAN, il a dit qu'il souhaitait un débat à ce sujet, et surtout, qu'il n'était pas favorable à celle que propose Nicolas Sarkozy.

    Pourquoi la France est-elle historiquement sortie de l'OTAN ? Cela ne relève pas des seuls rêves de grandeur du Général de Gaulle : c'est aussi que les structures de commandement de l'OTAN le laissaient aucune place à la France comme, aujourd'hui, elles ne laissent aucune place à l'Europe !

    Ce n'est pas par nationalisme étriqué que François Bayrou s'inquiète de cette réintégration, mais au contraire par sentiment européen. On dit les centristes atlantistes par tradition, mais en réalité, il y a une vieille pomme de discorde entre les Américains et ces mêmes centristes, c'est la place de l'Europe dans tout dispositif de défense européen. Les propos de François Bayrou doivent être compris à l'aune de cet enjeu. J'ajoute, pour ceux qui en douteraient, qu'il l'avait dit et écrit dans ses propositions sur la Défense lors de l'élection présidentielle. Son discours de clôture du colloque que l'UDF avait organisé sur ce thème, le 22 juin 2006, est également éloquent, et j'en cite quelques passages

    Les gouvernements de l'Union européenne devraient réfléchir à cela : la priorité des priorités est la construction d'une défense européenne - pas une armée européenne, ce n'est pas la bonne perspective - la mise en synergie de capacités militaires nationales, à qui on permet de manœuvrer ensemble, d'interagir ensemble, d'échanger des renseignements. Perspective beaucoup plus réaliste et rapide, que celle qui voudrait renoncer au caractère national des armées.
    Quel est le principe de la défense européenne ? Que l'Europe se donne pour obligation de se défendre elle-même. Que notre défense soit assurée par nos capacités. Nous sommes plus nombreux et aussi riches que les Américains, il n'y a aucune raison que nous renoncions au devoir de nous défendre nous-mêmes. Nul ne peut exclure que les Américains pensent un jour avoir d'autres priorités. Organiser ou assurer la défense du territoire européen, c’est notre affaire, notre responsabilité ; les Etats européens qui ne partagent pas cette idée, il faut les en convaincre.[...]

    C'est quand nous aurons fait cela, c'est dès que les Européens auront arrêté la volonté de prendre en main leur propre défense, que l'Alliance atlantique aura un autre visage, et toutes les réticences françaises qui se sont exprimées au cours des dernières décennies, s'effaceront. Je suis persuadé que beaucoup de Français n'accepteront pas d'être suiveurs, ils voudront être partenaires dans une Alliance atlantique rénovée.

    J'ai écrit une note à ce sujet, en avril dernier, et j'avoue qu'à l'époque, j'avais mal compris la position de François Bayrou, que je croyais être un refus catégorique sur l'OTAN . En réalité, ce n'est pas un refus catégorique de l'OTAN, mais un refus catégorique d'un OTAN qui ne traiterait pas à parité l'Europe et l'Amérique. Je pense que si l'on veut se faire une idée claire des enjeux, il faut relire à nouveau l'excellente note de Quindi sur ce sujet et particilièrement tout ce qui concerne le Politique Européenne de Défense et de Sécurité (PESD). C'est l'avantage avec Quindi, contrairement à nos petits billets d'acutalités qui se noient dans le flot continu de l'immédiateté, ses billets sont écrits pour durer et on peut s'y reporter encore longtemps après. Dans le domaine géostratégique, c'est une vraie Bible...

  • Quel OTAN pour la France et l'Europe ?

    J'ai lu l'excellente note  de Quindi du 11 avril 2008 sur l'OTAN, et cela m'amène à en vulgariser certains aspects ; bien sûr, je ne répéterai pas exactement ce qu'a écrit Quindi, je crois que ce sur ce point il est inimitable, et, si j'ai assez de connaissances en diplomatie et relations internationales pour suivre ses billets, je n'en ai pas assez pour fournir des analyses d'une qualité comparable.

    Ce qui m'a intéressé dans sa problématique, c'est un aspect particulier qui ne constitue pas à soi seul l'essence de l'article : ce sont les relations entre OTAN et Europe dans l'hypothèse où la France réintègre bien l'OTAN, ce que souhaite, rappelons-le, Nicolas Sarkozy. 

    Quindi évoque opportunément la Politique Européenne de Sécurité et de Défense, mais omet de préciser clairement de quoi il s'agit. La PESD est un projet européen disposant d'instruments et de matériels civils et militaires afin de mener des opérations militaires pour le compte de l'Union Européenne. Les forces sont fournies de manière discrétionnaire par les états membres qui le veulent bien.

    Or, Nicolas Sarkozy a invoqué la nécessité d'une meilleure communication entre l'Union Européenne et l'OTAN via la PESD pour justifier le ralliement  de la France à l'OTAN.

    François Bayrou, en refusant catégoriquement le réintégration de la France au sein de l'OTAN,  s'est à mon avis avancé un peu trop vite sur ce terrain : ce qui compte, à mon sens, c'est la finalité de l'action, et pas forcément l'action elle-même : si cette réintégration dans l'OTAN conduit à renforcer d'autant plus le rôle de l'OTAN pour l'Europe, je ne la crois pas souhaitable, et Bayrou a raison. Mais, si, en raison des articulations nécessaires entre OTAN et PESD, elle amène, comme le propose Hervé Morin, le Ministre de la Défense, à rendre le centre opérationnel européen permanent, à créer un budget de la défense européen,  à investir pour un système satellitaire européen et à former les armées des états membres qui le souhaitent, alors cette réintégration mérite d'être examinée avec plus d'attention.

    Les deux principaux pays responsables de la PESD sont l'Angleterre et la France. Or, leur position ne se superposent pas exactement : la Grande-Bretagne estime inutile un centre européen permanent puisque l'OTAN met à disposition des centres régionaux.

    Nous avons eu des divergences , et nous en avons encore, avec le Nouveau Centre. Mais, rappelons-le, le MoDem et le Nouveau Centre s'abreuvent à la même fontaine. Il me semble que sur ce sujet spécifique, la position d'Hervé Morin mérite d'être soutenue, et me paraît bien plus acceptable que l'atlantisme plus ou moins ouvert de Nicolas Sarkozy. Il précise sa pensée dans l'émission Question d'info du 08 avril dernier, et je pense que son point de vue mérite d'être au moins lu.