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Bayrou - Page 40

  • Class Actions à la trappe, une fois de plus

    J'avais bien dit que les Français se feraient avoir ; souvenez-vous de la fameuse loi de modernisation économique : le projet d'introduire des class actions en droit français en avait été retiré, je l'avais signalé, et le gouvernement avait expliqué qu'il fallait créer un groupe de réflexion sur le sujet. On sait, dans ce genre de cas, ce qu'il advient des comités Théodule. Les class actions permettent à des consommateurs lésés de se regrouper pour engager un avocat unique afin de défendre leurs intérêts respectifs. Cela limite les frais de chacun d'entre eux et permet de faire appel à des cabinets puissants et compétents.

    Or que vient d'annoncer Hervé Novelli, le 11 septembre dernier ? le report, une fois de plus, de cette introduction. Cela a fait réagir l'euro-député MoDem Robert Rochefort, qui y voit une reculade inquiétante au moment où les actions collectives sont des plus nécessaires pour protéger les consommateurs face aux importantes concentrations des entreprises. Les Class Actions figuraient pourtant dans le rapport de Luc Châtel en 2005.

    «Une fois de plus, le gouvernement, par l'intermédiaire d'Hervé Novelli, annonce le report de la mise en place des class actions (recours collectifs des consommateurs). Il cède ainsi aux pressions du MEDEF qui y a toujours été opposé, alors qu'il n'a jamais été aussi indispensable, dans un contexte de concentration des entreprises rendant de plus en plus difficile la possibilité pour un consommateur isolé de faire valoir ses droits. Il est urgent de mettre en place ce droit nouveau dans de nombreux secteurs comme ceux de la téléphonie, des transports, des assurances, de la télévision payante.»

    Le nouveau prétexte, cette fois, c'est la discussion en cours au Parlement européen. L'ADLE, le groupe auquel appartient le MoDem est plus que largement favorable à cette procédure juridique. Mais, une fois de plus, il ne faudra pas compter sur la bonne volonté du pouvoir politique français pour faire le moindre effort en ce sens. Quelle hypocrisie ! Consolation, ce sera l'Europe qui nous protègera, une fois de plus, en passant outre les intérêts locaux bien compris.

    Puisque François Bayrou compte mettre en place au plus vite son Parlement de l'Alternance avec les personnalités politiques de bonne volonté, Robert Rochefort se propose de soumettre ce premier sujet afin qu'il soit débattu.

    On en revient toujours à l'Abus de Pouvoir, finalement, tel que l'a écrit François Bayrou. Ce n'est pas que je veuille passer pour un prophète, mais j'ai dit, après la défaite des européennes, que l'on rendrait un jour justice à Bayrou de l'avoir écrit. Je ne souscris pas aisément aux thèses complotistes, mais franchement, en la circonstance, quel intérêt peut bien avoir la majorité à ne pas amener ce sujet sur le tapis si ce n'est de servir les intérêts des plus grosses entreprises ?

     

  • Droite, centre et gauche

    Pas d'efforts d'écriture, aujourd'hui, mais un simple renvoi à une note du blog de Laurent de Boissieu, probablement le meilleur spécialiste de la politique sur la Toile avec Quindi et Quatremer (quelques réserves pour Quatremer dont les billets laissent transparaître nettement les marqueurs idéologiques).

    En la circonstance, il s'agit d'un billet qui traite de la droite, du centre et de la gauche, et qui précise pourquoi toute la presse a titré que Bayrou glissait à gauche. En réalité, droite gauche et centre, aujourd'hui, sont avant tout des marqueurs tactiques pour se positionner sur l'échiquier politique. Ils ne recouvrent pas directement un héritage idéologique, ou, du moins faiblement.

    Ce qu'observe Laurent de Boissieu, c'est que contrairement à ce qu'on entend à droite, Bayrou n'a pas changé. C'est la gauche qui a changé et à laquelle Bayrou et son MoDem servent de révélateurs : Il existe une aile sociale-libérale qui ne demande qu'à s'exprimer si ce n'est s'émanciper, au PS et chez les Verts. Jusque là, comme l'observe finement Laurent de Boissieur dans un commentaire de sa note, elle était complexée par la gauche de la gauche qui la maintenait sous pression en la menaçant de tous les anathèmes à la première revendication un tant soit peu libérale.

    Mais si le jeu d'alliances ancien se décale d'un cran sur l'échiquier politique, cette gauche-là va pouvoir enfin respirer, car dans la recomposition de l'opposition, c'est le MoDem, qui va devenir le Diable pour la gauche de la gauche.

    De fait, cette probable recomposition va entraîner de nouvelles formules et la gauche de la gauche pourrait lâcher les socialistes. Mais, ce que je constate aussi, c'est que la gauche de la gauche, en dépit de sondages flatteurs, n'est jamais parvenue à dépasser 10-11% dans des élections quelles qu'elles soient. En revanche, le MoDem, avec François Bayrou, est monté jusqu'à 18%, et, le courant électoral qu'il représente s'est à nouveau manifesté lors des Européennes en votant, cette fois, en grande partie pour Europe-écologie. Une Europe-écologie entraînée, cette fois, par le social-libéral-écolo Daniel Cohn-Bendit (mais quelle bêtise il a fait, Bayrou, de se friter avec lui, alors que c'était un bon copain, en plus, jusqu'à cette altercation !).

    Ségolène Royal qui avait rassemblé tout de même 25% des suffrages, aux présidentielles, ne l'oublions pas, le meilleur score socialiste depuis Miterrand, avait capté certainement une part de cet électorat, car il faut se rappeler que sa ligne initiale était réformiste.

    En somme, il y a, si on fait les comptes, un bon gros potentiel électoral hors PS, qui représente ce courant-là, de 15 à 25 % des voix. Le PS a fait ses comptes de longue date, et il n'y a pas photo : cela représente beaucoup plus que les 10-11% de la gauche de la gauche. Le tout, désormais, c'est de parvenir à associer tout cela.

    Moi, je ferais une suggestion à François Bayrou, et il serait très inspiré de bien m'écouter : il devrait très vite se réconcilier avec Cohn-Bendit qui a longtemps été fort bienveillant devant ses projets et son évolution, et continue à penser en privé qu'il est le seul à pouvoir battre Sarkozy.

    Mais ce n'est pas suffisant : lors de l'élection présidentielle, s'il pouvait annoncer un ticket Bayrou/Cohn-Bendit, cela ferait l'effet d'une bombe. Comme DCB est une sacrée personnalité, nul doute qu'il aura largement pondéré les travers de Bayrou s'il a accepté. L'homme est droit et honnête et se contrefiche des honneurs et du pouvoir. S'il appuie Bayrou, c'est qu'il aura eu alors de bonnes raisons de le faire.

    Il existe une écologie social-libérale, certes minoritaire dans l'appareil politique vert, mais, qui a le mérite d'être là. Hâtons-nous, au MoDem, de rétablir les liens avec elle. Continuons avec ces Socialistes ouverts qui veulent bien discuter avec nous, et tentons de fabriquer, ensemble, la majorité de demain.

  • Le Parlement de Bayrou me plaît bien

    Il ressemble furieusement à un shadow cabinet, le parlement de Bayrou. J'en aime en tout cas bien l'idée. Le concept est simple : il s'agit pour les leaders de l'opposition d'organiser une fois par semaine une sorte de mini-parlement où chacun expose ses solutions et ses préconisations sur les thèmes d'actualités. Ainsi, les Français, en prenant connaissance de ces débats sauront ce que chaque mouvement politique appliquera si ses candidats sont élus et ils trancheront au premier tour. J'aime bien cet état d'esprit car je crois profondément au débat d'idées. Et puis ça nous changera de l'actuel parlement-croupion, au passage.

    Toutes les mouvances de la gauche, mais aussi de la droite qui se sentent dans l'opposition à l'actuel pouvoir devraient participer à ce parlement. Il devrait être possible d'y inviter des UMP critiques comme Mariton, Goulard ou encore Juppé, pour en citer quelques uns, ainsi que Nicolas Dupont Saint-Aignan qui essaie de préserver vivante la flamme du gaullisme comme une vestale le feu sacré de Vesta.

    Je trouve que cette manière de procéder est franche et directe. Pas d'alignement, pas de ralliement, mais du débat et la volonté, pour les conjurés, de mettre fin aux dérives de l'actuel pouvoir, quand bien même ils ont des idées différentes sur les choses.

    Il me semble que nous devrions commencer au plus tôt ces séances parlementaires, certains que nous trouverons des esprits ouverts, comme Vincent Peillon, Manuel Valls, François Rebmasen, Ségolène Royal ou encore Dany Cohn-Bendit pour venir débattre et s'expliquer devant les Français.

    J'apprécie enfin bien l'idée de ne pas inviter seulement des politiques à ces débats, mais de proposer aux associations et aux syndicats d'amener leurs idées et leur vision.

    Comme il le dit si bien, la politique, en parlant du fond, pourrait être alors autre chose que des rivalités. C'est très juste, et c'est ainsi que j'entends la politique au sens noble du terme. Il y a là une nouvelle manière de penser la chose politique, unique et en même temps commune... Elle n'a d'ailleurs pas laissé insensible les blogueurs qui sont à la croisée du centre et de la gauche...

  • Nicolas Sarkozy et les idées de gauche

    Ce n'est que petit à petit que je découvre le discours de clotûre de François Bayrou, à l'issue de l'Université d'été du MoDem, mais j'avoue que je me régale au fil de la lecture. Particulièrement, le morceau de bravoure suivant mérite que j'en donne copie ici :

    C’est peu de dire que notre vie politique apparaît, souvent, bourbeuse et brouillardeuse. Que plus personne n’y retrouve ses repères. En peu de mois, crise aidant, les libéraux, même les plus ultras sont devenus étatistes. Les étatistes sont devenus muets. Le déficit écrasant et l’Himalaya de dettes ne suscitent plus aucun débat. Le président du think tank du PS devient rapporteur de la commission du grand emprunt, sur lequel je croyais le PS au moins réservé… Le procureur le plus important de France donne une conférence de presse pour affirmer avant le procès la culpabilité d’un ancien premier ministre dans un procès où le chef de l’État, d’une certaine manière son supérieur hiérarchique, est partie civile, et personne ne s’en étonne. Le président de la République fait dire qu’il a capté les idées de gauche, tout en intronisant Philippe de Villiers dans la majorité. Le même président de la République préside en personne à l’Élysée, le comité de liaison des appareils, groupes et groupuscules, de la majorité, sans que nul ne s’en émeuve

    Très fort, en effet, les idées de gauche et le Villiers dans la majorité...

  • L'alternance de Bayrou me plaît

    Je n'ai pas encore pu écouter la totalité du discours de cloture de François Bayrou, mais, d'ores et déjà, les premiers échos que j'en reçois me plaisent. Il a écarté clairement tout alignement sur la gauche, et j'ai bien aimé l'idée de proposer de préparer non un programme commun, mais l'alternance au régime actuel. Le MoDem et le PS ont des idées différentes, il l'a bien souligné, et le MoDem n'est pas non plus un parti de gauche. Ce ne peut être qu'à travers un premier tour que les Français trancheront entre les diverses forces d'alternance sur la pertinence ou non des idées et des solutions portées.

    Après, lorsqu'on saura clairement où sont les convergences et les différences, et même les divergences. Et quand il y aura divergence, sur un grand sujet, qui tranchera ? Ce sont les Français, et c'est à cela que sert le premier tour d'une grande élection.

    Chacun défend sa vision, son identité, son autonomie. Pas de ralliements ! Pas d'alignement !

    En revanche, comme aucune des forces de l'alternance ne peut l'emporter seule, il faudra s'entendre sur un modus vivendi afin de venir à bout du pire régime de la France depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

    Aujourd'hui, François a été bon. Tant mieux. Il ne nous reste plus, désormais, qu'à travailler d'arrache-pied pour proposer des solutions aux maux qui assaillent nos concitoyens et réparer les brèches considérables occasionnées par la politique désastreuse de Nicolas Sarkozy, de l'UMP et de ses alliés.

  • Le Nouveau Centre, centriste ? Moooouuuuâââââaârrfff !

    Je n'ose même pas publier dans la catégorie "Politique" ce billet. J'ai choisi "insolite". Ben oui, le Nouveau Centre se prétend centriste et rêve de s'appeler UDF. A mourir de rire. Bientôt, le nom du Nouveau Centre, ce sera UMP bis.

    Mais bon, on est bon principe au MoDem. Marielle de Sarnez a précisé hier dans le Parisien que les primaires de la gauche ne concernaient pas le Centre ; donc pas le MoDem. Mais, si vraiment le Nouveau Centre se sent la fibre centriste, on veut bien faire des primaires avec eux et avec l'Alliance centriste. Évidemment, les partis perdants appellent à soutenir le candidat du parti gagnant, cela va de soi...

    C'est assez comique de voir le Figaro titrer régulièrement sur l'idée qu'une confédération centriste fait son chemin. Son chemin dans l'esprit de Morin et sa bande, certainement, mais pas dans celui des électeurs...

    La différence entre le MoDem et le Nouveau Centre, c'est surtout la différence entre les actes et la parole. Hervé Morin déclarait : «Les électeurs centristes qui votent encore Modem auront été heureux d’apprendre qu’ils ont plus de choses en commun avec Robert Hue, Jean-Luc Mélenchon et José Bové, qu’ils n’ont de choses qui les opposent»

    Ah ? Les mêmes électeurs ne seront sans doute pas plus contents d'apprendre qu'ils ont suffisamment en commun avec le MPF pour faire une alliance de gouvernement. Et la différence, c'est que Marielle n'a fait que discuter avec Hue, qui est en rupture de ban avec son parti, alors que le Nouveau Centre a accueilli à bras ouverts l'eurosceptique et ultra-réactionnaire MPF.

    Le Nouveau Centre a tout raté depuis sa création. Il aurait pu se tourner intelligemment vers la droite en ne rompant pas les ponts avec Bayrou et en demeurant critique. Nul doute qu'il eût alors eu bien plus de poids, y compris aux yeux de l'UMP et de Nicolas Sarkozy. Au lieu de cela, comme le chévrier  Mélanthios avec les prétendants de Pénéloppe dans l'Odyssée, ses chefs ont préféré tirer à boulets rouges sur Bayrou pour complaire à leur nouveau maître.

    Ce n'est pas pour paraître violent, mais voilà comment Mélanthios le faux-jeton, qui encore sur le seuil du Palais d'Ithaque fournissait des armes aux prétendants d'Ulysse, a fini (la traduction est de Leconte de Lisle et cela se passe à la fin du chant XII de l'Odyssée d'Homère) :

    Puis, ils emmenèrent Mélanthios, par le portique, dans la cour. Et, là, ils lui coupèrent, avec l'airain, les narines et les oreilles, et ils lui arrachèrent les parties viriles, qu'ils jetèrent à manger toutes sanglantes aux chiens ; et, avec la même fureur, ils lui coupèrent les pieds et les mains, et, leur tâche étant accomplie, ils rentrèrent dans la demeure d'Odysseus.

    Sans vouloir être grossier, on ne pourra même plus leur couper les c.....es vu qu'ils n'en ont plus depuis un moment, au Nouveau Centre...(oups, c'était plus fort que moi, c'était ma minute de vulgarité absolue)...

  • Aubry dit "oui, mais..." à Bayrou

    Sage et intéressante réaction que celle de Martine Aubry aux mains tendues de Marielle de Sarnez et François Bayrou : comme elle l'observe, ce n'est pas l'anti-sarkozysme qui peut fédérer une alliance, mais un projet économique, social et écologique. C'est aussi mon avis. Et très franchement, ce qui me gêne, au PS, ce ne sont généralement pas les personnes, à quelques exceptions près, mais le projet économique et social. Je conserve notamment un souvenir exaspéré de la législature socialiste de 1997 à 2002.

    Je ne suis ni obtu, ni fanatique, et pour montrer ma bonne volonté, je suis prêt à chercher les convergences avant d'aborder les sujets qui fâchent (encore que ce soit très tentant de commencer par les seconds).

    J'ai commence à rédiger des synthèses des positions programmatiques exprimées par le MoDem. Les leaders discuteront certainement, mais nous pouvons déjà commencer entre militants et blogueurs des deux partis. Je ferais très volontiers la même proposition à l'Alliance Centriste, de Jean Arthuis, avec laquelle nous conservons, au MoDem, beaucoup de proximité, et puis bien sûr, à tous ceux, à droite, qui oseront franchir le Rubicon (et Dieu sait si certains doivent être tentés de le faire).

    J'ai observé avec intérêt le virage des Socialistes sur la dette : s'ils sont prêts à s'ateler à ce très grave problème, menace la plus lourde, à mon avis, pour la France, nous pouvons commencer à échanger. Nul doute que l'Alliance Centriste qui en fait un de ses thèmes de prédilection, ne soit intéressée. La logique voudrait même que certains membres du Nouveau Centre et quelques centristes de l'UMP dressent les oreilles.

    Sur les libertés civiles et la liberté d'expression, je pense que nous ne devrions pas avoir de divergences notables.

    Non, là où à mon avis cela va commencer à coincer, c'est sur les thèmes suivants : l'immigration, la fiscalité, l'Europe, la sécurité, les libertés économiques, la culture et l'Éducation. Sur tous ces points, je sais que nous n'avons pas le même programme. Sur l'Éducation, le seul point d'accord, c'est la nécessité de la sanctuariser budgétairement.

    Même en terme de projet de société, nous aurons du mal à accorder parfois nos violons : il y a des libéraux au MoDem et quasiment aucun étatiste...Or, on entend très souvent dans les discours socialiste un rejet maladif du libéralisme. Rien de tel au MoDem où nous estimons que libéralisme et régulations sont compatibles si les secondes ne sont pas excessives.

    Il y a du travail, mais, si des blogueurs de gauche ne considérant pas le MoDem comme le Diable sont prêts à discuter, je suis partant pour lancer des billets communs et contradictoires : les bonnes vieilles controverses de la rhétorique antique, en somme.

    Je conclus en rendant hommage à Martine Aubry. J'ai des désaccords avec elle, mais c'est une femme pour laquelle j'ai toujours eu de l'estime, en dépit des 35 heures (idée pas idiote au départ mais à l'application absurde).

  • MoDem, mode d'emploi (article emploi)

    De la fonction publique à l'emploi, il n 'y avait qu'un pas. Voici donc un nouveau billet programmatique. Une fois de plus, je me suis inspiré du programme présidentiel de François Bayrou, mais pas seulement. Également des débats de la convention thématique "nouveau modèle économique et social européen" ainsi que du livre de Corinne Lepage Vivre autrement .

    Quand on regarde les enquêtes emploi, il y a 4 millions de personnes qui voudraient travailler plus : soit elles ne travaillent pas du tout et cherchent activement du travail, soit elles sont tellement découragées qu'elles ne cherchent plus du tout, soit elles sont en sous emploi. Là, nous tombons sur ce problème français de la préférence implicite pour le chômage : nous ne voulons pas du modèle libéral tout en étant incapable de reproduire efficacement le modèle suédois. Nous rêvons du modèle suédois, sans le civisme suédois, avec l'individualisme français et les impôts américains…

    Diverses personnalités du MoDem, les commissions thématiques et l'équipe du programme présidentiel de François Bayrou ont réfléchi à des propositions concrètes sur l'emploi et le chômage.

    Emploi

    -  la possibilité pour chaque entreprise de créer deux emplois sans charges. A moyen terme, il propose de réfléchir au transfert des charges sociales vers d’autres bases que le travail.
    Les pistes suivantes ont vocation à être examinées : une cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, une hausse de la CSG, la TVA sociale, une taxe sur la consommation de carburants fossiles, enfin une taxe sur les mouvements financiers.

    Ce qui recréera l’emploi, ce n’est pas l’augmentation continue de la précarité, c’est un coût de l’emploi redevenu abordable. En réduisant les charges qui pèsent sur le travail, on libérera l’emploi : les chefs d’entreprise auront à nouveau envie d’embaucher, et ils y auront intérêt.

    Toute entreprise sera concernée quel que soit son secteur d’activité, et quelle que soit sa taille. C’est évidemment très peu de chose pour une très grande entreprise, mais une aide déterminante pour une petite ou très petite entreprise. Or sur 2,7 millions d’entreprises en France, 1,5 million n’ont aucun salarié, 1 million ont entre 1 et 9 salariés.

    Deux emplois nouveaux : on prendra le nombre d’emplois dans l’entreprise au 1 er juin et la mesure s’appliquera à deux emplois qui viendront en supplément de ce chiffre : si l’entreprise a 5 salariés au premier juin, la mesure s’appliquera au 6 e et 7 e emplois lorsqu’ils seront créés ; si elle en a 45, au 46 e et 47 e ; si elle n’en a aucun, au premier et deuxième.

    L'entreprise ne règlera aucune charge sauf 10 % destinés à améliorer le financement des retraites, pendant cinq ans.

    Tous les emplois sont susceptibles d'être concernés, avec toutefois un plafonnement du montant du salaire afin d'éviter les abus.

    Chômage, délocalisations

    Reprise d'activité

    La première stratégie, c'est de rendre non seulement possible, mais obligatoire, la reprise quand il y a un repreneur. Il y a des entreprises qui ferment des usines, et dont la stratégie est d'empêcher ces usines d'être reprises. Nous devrions avoir une législation qui dise : si vous voulez fermer l'entreprise, au moins, vous ne pouvez pas empêcher des repreneurs de faire repartir cette entreprise en acquérant les machines.

    Deuxièmement, il faut que cette recherche de repreneurs soit une priorité des pouvoirs publics. Le MoDem se propose pour cela de nommer une autorité publique en charge de rechercher des repreneurs.

    Flexi-sécurité

    Les pays scandinaves ont réussi à faire en sorte que l'on puisse à la fois remettre en cause le contrat de travail, et offrir une sécurité nouvelle aux salariés, en lui permettant de garder son salaire plus longtemps, ou en lui permettant de suivre une formation qu'il aura choisie, ou d'être embauché sur le même bassin de travail par des entreprises qui, au fond, auront mutualisé leurs capacités d'emploi. C'est une organisation du travail dont la France pourrait s'inspirer. En cas de baisse d'activité, l'entreprise doit pouvoir remettre en cause le contrat de travail, mais cette flexibilité doit s'accompagner d'une véritable sécurité professionnelle. Cela veut dire que les droits du travailleur doivent être attachés au travailleur lui-même, et pas seulement au contrat de travail.

    Assurance-chômage incitative (bonus-malus)
    Il faut qu'il devienne, pour l'entreprise, intéressant financièrement de garder les salariés, et dissuasif de se débarrasser des salariés. Il n'est pas juste de faire payer les mêmes cotisations d'assurance-chômage aux entreprises qui font tout pour défendre l'emploi, et aux autres. Le MoDem propose que l'on mette en place un système de bonus/malus. Cela se fait pour les accidents du travail, et pour l'assurance auto. C'est donc aussi possible en matière d'assurance-chômage.

    Intéressement aux bénéfices et stock-options

    On ne peut pas demander aux petits, aux ouvriers, aux salariés, de respecter les règles, et faire que les grands responsables d'entreprise se donnent, à eux-mêmes, des avantages tellement choquants que cela détruit l'image de l'entreprise auprès des citoyens.

    Le MoDem souhaite  un modèle européen et français d'exemplarité de l'entreprise par rapport aux salariés et au reste de la société. Au lieu de pousser dans le sens des stock-options, il faut développer le sens de l'intéressement des salariés aux bénéfices. Comme, en matière de licenciement, il faut que défendre l'emploi rapporte à l'entreprise, il faut de la même manière que l'entreprise ait intérêt à partager son bénéfice avec les salariés.

    Temps de travail

    La sobriété pose la question du temps choisi, le droit de travailler plus quand, on en a envie - il n'y a pas besoin d'exonérations sociales pour cela -, mais aussi le droit de travailler moins, si l'on veut travailler moins. Le droit au temps choisi dans des parcours professionnels sécurisés bien sûr, cela ne doit pas être assimilé à la précarité. Cela paraît faire partie de ce nouveau modèle.

    Développement de l'économie sociale et solidaire

    A côté des grandes entreprises capitalistes, le MoDem se propose de favoriser le développement de sociétés à but lucratif dont l'objet ne serait pas de rémunérer des actionnaires mais d'engranger des bénéfices afin de favoriser ses associés. Coopératives, mutuelles et SCOP ouvrent la voie à ce nouveau modèle économique capable d'absorber les laissés pour compte des reconversions industrielles et économiques mais aussi de favoriser l'émergence d'une nouvelle manière de travailler, pas exclusivement tournées vers le productivisme.

     

     

  • MoDem et Verts

    De grâce, de grâce, ne cédons pas au syndrôme ambiant en courant derrière les Verts. Voilà que la Toile bruit des alliances futures aux régionales. Avant de parler d'alliances, nous serions bien inspirés, au MoDem, de se préoccuper de notre programme. Il sera toujours temps de se demander, le moment venu, s'ils sont compatibles ou non.

    J'aime bien Bayrou, mais, parfois, il m'agace par sa propension à ne rien apprendre de ses échecs. Interrogé par l'AFP il s'est félicité de ce que le MoDem soit au centre des alliances lors des prochaines régionales. Ce n'est pas ainsi qu'il fallait réagir : il fallait répliquer qu'on ne pouvait préjuger de quoi que ce soit sans avoir comparé les programmes politiques lors des régionales.

    Au MoDem, nous ne savons même pas qui seront nos candidats et la constitution des listes n'a pas même été abordée. Alors ne mettons pas la charrue avant les boeufs, svp.

  • Ministère et sinécure

    La dernière découverte d'Alain Lambert m'a amusé : après une carrière politique aussi exemplaire que riche, notre bon sénateur de l'Orne découvre l'enfer sarkozyste. Je crois, comme il le dit très justement, que la fonction de ministre est souvent en effet de la poudre aux yeux, particulièrement quand on ne dispose pas d'un véritable poids politique. Et encore ! Voyez François Fillon : c'était un poids lourd et il a complètement été étouffé par Nicolas Sarkozy et son cabinet.

    Il dépend, en fait, du bon vouloir du Président que le Ministre soit libre ou non de ces décisions. Dans la catégorie pantin ridicule, le pire, à mon avis, a été le people Luc Ferry à l'Éducation Nationale (et ce n'était pas sous Sarkozy).

    Mais par les temps qui courent, il faut avoir aussi le courage de démissionner : il n'est pas acceptable de devoir dépendre d'individus qui n'ont aucune légitimé politique, assis dans le clair-obscur des cabinets présidentiels. C'est d'avoir avalé trop de couleuvres, finalement, qui finit par donner une indigestion fatale.

    Tenez, par exemple, Fillon, il laisse croire, le doigt sur la couture, que c'est lui qui a pris ces décisions : du coup, Christine Boutin et Yves Jégo pestent, hurlent et ragent contre le Premier Ministre. Il n'en est rien. Le véritable auteur de leur éviction, qu'ils se le disent bien, c'est le chef d'orchestre.

    Moi, j'aime bien ce qu'écrit Alain Lambert. Extrait...

    Vous pourriez ainsi poser les conditions de votre engagement, obtenir des éclaircissements sur la politique que vous aurez à mener, savoir au moins le « pion » de qui vous devenez. L’erreur est en effet de croire que votre personne puisse compter pour un tout petit iota. Que nenni, vous êtes l’alibi d’un système tellement emmêlé que personne n’en décrypte la logique, si elle existe. En tout cas, vous devenez un avatar sans le savoir.

    Eh oui, Monsieur le Sénateur. Je suis bien d'accord avec vous. Mais allez jusqu'au bout de votre démarche. A votre avis, de qui étaient-ils les avatars ou les pions, ces braves ministres ? Et, tenez, Monsieur le Sénateur : à l'heure actuelle, et en toute franchise, accepteriez-vous d'être à Bercy ou Ministre du Budget dans l'équipe de François Fillon Nicolas Sarkozy ?

    Vous savez, Monsieur le Sénateur, j'ai une saine lecture pour vous : cela s'appelle Abus de Pouvoir, et cela a été écrit par un honnête citoyen, Béarnais de son état. Il répond au doux nom de François Bayrou. Il est député à l'Assemblée Nationale. Comme son livre a été un bon succès de librairie, je vous parie que vous pourrez le trouver chez n'importe quel bon libraire de l'Orne.

    Bonne lecture, Monsieur le Sénateur !