Les sondages convergent en direction d'une centrisation de l'électorat français : Borloo, Bayrou, Villepin, une part de l'électorat d'Éva Joly et même, finalement, une portion des intentions de vote vers DSK.
Près de 25% des voix se portant vers des voix centristes, c'est loin d'être négligeable. La difficulté, c'est qu'il n'existe pas de centre constitué en force autonome, à l'exception du MoDem. Mais le MoDem ne peut être à lui seul le réceptacle de l'expression centriste, et d'ailleurs, sur l'échiquier politique, 15% des Français seulement se réclament du centre. Pas que les autres se reconnaissent dans la gauche ou la droite, mais plutôt qu'un bon tiers ne se retrouve pas dans les clivages traditionnels, intégrassent-ils le centre désormais.
Je ne sais pas si Dominique de Villepin est un candidat centriste. Mais pour Borloo, s'il se présentait, cela ne ferait pas de doute qu'il évoluerait dans la sphère centriste, quand bien même s'est-il compromis, à mes yeux, avec les dérives sarkozystes.
Je pense que DSK, s'il choisit de représenter la gauche , va devoir gérer l'abyssale contradiction qui fracture la gauche depuis plusieurs années. On a en France une gauche qui en pince encore pour la vulgate marxiste dans ses discours, tout du moins, et qui envisage en même temps de choisir le directeur du FMI pour champion.
A droite, on croit que ce paradoxe-là pourrait être rédhibitoire pour DSK. Moi, je n'exclus pas du tout que DSK soit élu président de la France sur un quiproquo, ou, en tout cas, un malentendu.
Bref, il ne faut pas rêver à un échec de la gauche sur la base des divisions qui la minent.
Pour cette raison, le centre va devoir se démarquer. Isolés, nous n'y réussirons pas. Ni Bayrou, aussi grands soient les mérites du personnage, ni Borloo, quelle que soit sa popularité, ne peuvent y arriver tous seuls. Je plussoie pleinement Jean Arthuis rêvant d'une confédération centriste portant sur les fonds baptismaux une candidature unique. Cette candidature, au demeurant, pour qu'elle soit comprise par les électorats, aurait à prendre la forme d'un ticket.
On ne peut pas s'allier avec Éva Joly et ses décroissants, et d'ailleurs, ils ne le souhaitent pas. De toutes façons, Éva Joly n'est ni une candidate centriste ni une candidate verte, c'est une candidate de gauche, et les Verts le revendiquent clairement.
Je ne suis pas convaincu que Dominique de Villepin soit vraiment un centriste, mais, si le rassemblement doit être grand, et même si pour ma part je le situe à droite, il peut avoir vocation à rejoindre un axe centriste.
J'ai confiance que l'Alliance Centriste, dont c'est la raison même d'exister, rejoindrait une grande alliance...centriste !
Il reste le cas du Nouveau Centre. Ce n'est pas un parti centriste. C'est un parti de droite. Mais certains de ses membres peuvent se retrouver aisément dans la grande alliance à laquelle je songe. N'excluons pas la droite modérée de notre quadrature.
Pour ma part, je serais prêt à voter pour un ticket Bayrou-Borloo quel que soit son ordre, à condition que le programme de ce ticket s'inspire des valeurs humanistes, libérales et démocrates-chrétiennes, qu'il présente un clivage fort avec ceux de la droite et de la gauche, qu'il soit indépendant, et qu'il porte les thèmes et les idées qui me sont chers :
- excellence de l'éducation et liberté pédagogique des communautés éducatives
- relocalisation et réindustrialisation de la France.
- réforme des retraites (retraites à points, comptes notionnels)
- réforme de la fiscalité (progressivité accrue, suppression des niches, de l'ISF, du Bouclier et mise en place d'un impôt limité sur le patrimoine hors résidences principales).
- politique culturelle forte, notamment par une relance énergique de la francophonie dans toutes les agences culturelles
- diplomatie résolument orientée vers une européanisation de notre diplomatie, y compris en procédant par cercles concentriques des bonnes volontés, pour construire l'Europe à laquelle nous aspirons.
- indépendance véritable de la justice
- réforme de notre système électoral et introduction d'une dose réelle de proportionnelle.
Voilà quelle serait l'ébauche des grandes lignes qui devraient inspirer à mes yeux un grand programme centriste. Non un programme à mi-chemin de la droite et de la gauche, mais un programme de rupture, volontariste et novateur.