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université

  • Une loi pour enseigner l'anglais ????

    On marche sur la tête dans notre pays. Je suis assez stupéfait par le débat sur l'enseignement de l'anglais à l'université.

    Il me semblait qu'on prônait depuis un long moment déjà une autonomisation progressive des universités.

    Je ne sais pas si des cours en anglais sont une bonne chose ou non dans les universités françaises (Hervé a, quant à lui, un avis  sur le sujet , Eurocitoyen une opinion plus nuancée) mais je pense en revanche que cela ne devrait pas dépendre d'une loi et que les établissements supérieurs devraient être les seuls juges de la pertinence ou non de cette disposition.

    On a un côté un peu extra-terrestre en France. Montesquieu avait écrit ses Lettres persanes pour mieux s'étonner de nos pratiques les plus étranges : Bayrou qui hésitait entre perplexité et fou rire après l'annonce gouvernementale est éligible pour écrire la suite. Il y a du matériau...

    Le choc de simplification, c'est pas maintenant...

  • Odyssée démocrate à l'Université

    Sympathique l'initiative des Jeunes Démocrates : ils veulent créer un grand réseau national d'étudiants, d'enseignants et d'élus du milieu universitaire. On ne l'invente pas : celui qui pilotera l'embarcation  répond au nom éponyme d'Ulysse. Espérons qu'il y aura là une occasion de modifier le paysage des facultés. J'ai cru comprendre que les Jeunes Démocrates escomptaient d'inspirer de la structure mise en place par le Parti Démocrate en Amérique, en l'adaptant aux spécificités des facultés françaises.

    Je n'en sais pas tellement plus sur les projets des Jeunes Démocrates, mais je subodore que David, qui est le délégué national à la communication des JDem sera davantage capable de renseigner ceux qui pourraient être intéressés. 

    Il y a un groupe qui s'est mis en place sur facebook. Le réseau dispose d'ores et déjà d'un blogue où le jeune élu démocrate Fabien Robert relate son expérience en tant qu'invité au sein du réseau des étudiants démocrates pendant la campagne d'Obama.

    Bon départ. Il ne reste plus qu'à mettre du contenu dans tout ça. Le réseau dispose d'ores et déjà de 30 référents.

  • L'âge d'or de l'Université française est révolu.

    Je découvrais avec effroi ce qui attend les étudiants anglais, samedi matin dernier, mais à vrai dire, quand je considère notre propre situation, en France, ce n'est guère mieux. Partout les droits d'inscription explosent, se parant d'atours sociaux pour mieux enfoncer le coeur de la nation, c'est à dire les classes moyennes. Ne nous y trompons pas, ce sont elles qui vont trinquer et leurs enfants devoir renoncer aux études.

    Exemple avec l'IEP du Sieur Descoings, expert ès business school à la française et discrimination positive. Descoings a réussi à faire passer Science-po pour une école qui s'ouvre aux pauvres dans les divers médias et l'opinion : on recrute quelques lycéens venus des établissements scolaires du 93, on joue de la mandoline en pinçant avec aménité la corde sociale de l'instrument, et on obtient un mélodieux air de pipeau.

    Démonstration avec une famille comprenant deux enfants, que je ne classerais même pas dans la classe moyenne, mais carrément dans la petite bourgeoisie :

    Les deux parents travaillent, ont une bonne situation, et vivent dans une petite ville de province. Ils sont un fils et une fille, leurs revenus totaux excèdent légèrement 66 000 euros par an. Comme beaucoup d'individus, ils ont du s'endetter pour se loger et paient 1000 euros par mois de loyer, ce qui absorbe 12 000 euros de leurs revenus chaque année. Ils paient aussi l'impôt sur le revenu. Avec deux demi-parts, ils s'en tirent avec 6 000 euros de frais par an. A cela s'ajoutent la taxe foncière et la taxe d'habitation. Possédant une petite maisonnette dans une ville aisée, l'addition des deux leur revient à 1800 euros par an.

    Cette famille a cru dans l'école républicaine. Les deux enfants ont étudié à l'école, plutôt bien, et l'un d'entre eux, sans passer par Ipesup, la coûteuse école de préparation pour très riches et très bons, est parvenu à intégrer l'IEP.

    Sa famille va donc devoir régler 12 000 euros par an, uniquement en droits d'inscription. La jeune fille, elle, est davantage intéressée par la finance : elle a songé viser une école de commerce, mais les coûts s'ajoutant aux coûts, elle s'est rabattue sur la prestigieuse formation publique de Paris-Dauphine. Pas de chance, depuis février 2010, Paris-Dauphine a multiplié le montant de ses droits d'inscription : de plus de cinq fois à presque plus de vingt fois. La jeune fille appartient à une famille de privilégiés. Une famille de riches, dirait un François Hollande. Ce sera donc 4000 euros en frais d'inscription uniquement pour elle.

    Ces parents vont donc dépenser 16 000 euros uniquement en frais d'inscription, sans compter le matériel scolaire, les manuels, et toutes les dépenses attenantes. Demeurant en province, les enfants vont devoir louer un studio, ou un petit F2. Paris est trop cher, ils se rabattent sur le banlieue : ils ne s'en sortent néanmoins pas à moins de 6000 euros par an.

    Pour eux, pas de bourses, pas d'exemption, pas de discrimination positive. Je laisse les amateurs d'addition finir le calcul, et je les laisse imaginer ce qu'il se produit pour des familles bien moins aisées pour lesquelles certains coûts demeurent fixes...

    Le système Descoings dans toute son ampleur. Pendant ce temps, l'étudiant boursier ne paie pas de droits et dispose de toutes les aides. Oh, il ne s'agit pas de lui jeter la pierre. C'est la logique de ce système qui une fois de plus est pervertie. On aboutit à un système qui flingue en bonne et due forme les classes moyennes et la petite bourgeoisie.

    Le pire, finalement, c'est que l'on paie une somme monstrueuse pour pouvoir disposer d'un titre. Quitte à libéraliser à outrance l'unvisersité, ce serait le moins que l'on distingue l'inscription à l'examen, et l'inscription aux cours, que la concurrence puisse s'installer. Et tant qu'à faire, que ceux qui fassent passer l'examen ne soient pas ceux qui donnent les cours, pour éviter les effets de favoritisme.

    Une économie de la connaissance...tu parles Charles... Pas de pitié de pour les crapauds. La moindre formation supérieure va coûter des yeux à la tête. Fini le temps où l'Université se voulait le réceptacle de tous les savoirs, de tous les espoirs et de l'émancipation, de la formation du citoyen ouverte à tous.

    Que l'on ne croie pas que je cerne ainsi des cas isolés : partout les tarifs augmentent dans des proportions comparables à celles des universités anglaises.

    Les facultés sont prises en sandwiche entre un état impécunieux qui se moque comme d'une guigne de l'éducation et des syndicats imbéciles et irresponsables qui bloquent l'arrivée de financements privés dans les universités moyennant quelques accommodements dans les programmes.

    Au final, le peuple trinque, car c'est lui qui paie la note finale. La lâcheté des différents ministères qui se succèdent en est la cause. Il n'existe d'alternative que le choix entre la fac-poubelle et la fac hors de prix, et encore : la cote de la fac-poubelle est très clairement orientée à la hausse elle aussi.

  • Nick, si tu as un honneur, démissionne !

    Je viens d'apprendre que les frais d'inscription pour les étudiants anglais explosent en Grande Bretagne. Entre 10 000 et 11 000 euros par an. C'est bien simple : même nos écoles de commerce, à peut-être l'exception de l'ISG, ne sont pas aussi chères. Là, on parle de l'Université anglaise. Voilà l'assurance que seuls les plus riches, plus quelques élèves très méritants parviendront à faire des études. Pour les autres, c'est cuit.

    Voilà, seulement, les LibDems s'étaient engagés à ne pas augmenter les frais d'inscription et avaient fait de l'éducation le coeur de leur projet. S'ils laissent passer cela, ce sont des traîtres et des faux-culs.

    Résumons : soit les LibDems votent contre, soit Clegg démissionne, et tous les ministres Lib-Dems avec. S'ils ne le font pas, ce sont vraiment des enfoirés.

  • Universités, la vision de Bayrou

    Bayrou répondait dans le journal Le Monde aux questions de deux journalistes. J'ai particulièrement apprécié ce qu'il dit sur les Universités.

    «Depuis le début, j'ai averti des difficultés que cette loi allait rencontrer. Les universités ont-elles besoin d'autonomie ? Evidemment, oui. Elles ont besoin de respirer, d'être débarrassées de contraintes bureaucratiques et centralisatrices excessives. Mais doit-on transformer cette autonomie en concurrence entre universités ? Cela ne sera pas accepté. L'université française s'est construite sur le principe de l'unité, avec équivalence des diplômes sur l'ensemble du territoire, évaluation nationale, recrutements par concours. Une autonomie qui impliquerait que chaque établissement ait la maîtrise du choix des étudiants, des enseignants, de leurs salaires, des droits d'inscription, cela ne passera pas.»

    Rappelons simplement ce que Bayrou disait sur l'Université pendant la campagne présidentielle, ça fait du bien...

    « Je veux défendre le modèle universitaire français. S’il n’est pas question de toucher au statut national des diplômes, la question du degré d’autonomie des universités est posée, en particulier pour les budgets de recherche.


    Par ailleurs, la gouvernance des universités est à revoir, en démocratisant son fonctionnement et en promouvant les fonctions d’encadrement. Il faut également poser la question de la relation entre l’université et les grandes écoles, avec pour objectif de marier les qualités des unes et les qualités de l’autre.

    Aujourd’hui, quelque 40 % des élèves échouent en première année à l’université, car la rupture est trop brutale entre le lycée et l’enseignement supérieur. Je propose de faire de la terminale une propédeutique - une préparation à l’enseignement supérieur - ce qui va de pair avec le semestre d’orientation à l’entrée de l’université.

    L’université a besoin de tuteurs, de répétiteurs, de moniteurs, d’interlocuteurs des étudiants débutants, de bibliothécaires aussi, toute une gamme de soutiens qui rendraient l’université accueillante, en échange de bourses convenables qui changeraient la vie de beaucoup d’étudiants, et celle de leur famille. Il s’agit d’un changement en profondeur de la qualité de vie sur les campus : au lieu d’un lieu de grande solitude, il s’agit d’en faire un lieu coopératif.

    Et cela ne se fera pas sans un pacte d’investissement sur l’enseignement supérieur, signé de manière responsable, trans-partisane, sur dix ans, et qui porte l’investissement par étudiant au niveau de la moyenne des pays performants de l’OCDE : ce qui signifie un objectif de doublement en dix ans. »

  • Marielle de Sarnez met à mal le classement de l'Université de Shangaï

    Sarnez.jpgIl était très intéressant d'écouter Marielle de Sarnez, hier, dans l'émission "La voix est libre". Il se trouve que la situation de la recherche a été évoquée par le journaliste : ce dernier faisait valoir qu'à en croire le classement de l'Université de Shangaï, la France n'occupait pas une position fameuse. Marielle de Sarnez a alors fait observer deux choses :

    1°) Cette université privilégie surtout les sciences exactes alors que les Européens sont pointus dans les sciences humaines.

    2°) Ce classement ne prend en compte que les publications en anglais. De ce fait, une large part de la recherche passe entre les mailles de ses filets.

    Par ailleurs, elle a mis en doute, citant Philippe Seguin à l'appui, l'efficacité du crédit impôt-recherche, notant que cela favorise des effets d'aubaine exclusivement pour les entreprises, mais pas pour les universités. Elle a remarqué que l'Université ne bénéficiait d'aucun apport supplémentaire contrairement a ce qu'a affirmé Nicolas Sarkozy et déclaré que l'autonomie, sans budget ad hoc, était un marché de dupes.

    Il faut rappeler que Marielle de Sarnez, euro-députée MoDem en île de France, est, au sein de l'ADLE, une spécialiste de l'éducation.

  • Enseignants-chercheurs : ils gagnent si peu ?!!!

    Je ne sais pas d'où le Figaro tient ses chiffres, mais ce n'est pas possible : il doit s'être trompé. Si les chiffres sont bons, c'est que la situation pour la recherche en France est encore bien plus misérable que je ne le pensais.

    D'après le Figaro, un maître de conférences gagnerait 1700 euros net en début de carrière et finirait à 3100 euros net. Marie-Estelle Pech, la journaliste du Figaro précise dans son article qu'une part non-négligeable des enseignants-chercheurs complètent leur revenu par des activités privées. A considérer leur salaire, je commence à comprendre pourquoi !!!

    Ils sont marrants, au Figaro : ils titrent "un quart des enseignants chercheurs ne publient pas". Moi, à la lecture de l'article, j'aurais plutôt écrit : "un maître de conférences en université gagne à peine plus que le SMIG à ses débuts".

    Alors non seulement ils sont payés au lance-pierre, mais en plus, Valérie Pécresse veut les soumettre au pouvoir discrétionnaire d'un mandarin dont la carrière ne doit qu'à ses appuis politiques, et, le cas échéant, sa capacité à cirer les bonnes pompes au bon moment.

    Car dans son projet, il en s'agit ni plus ni moins  que de concentrer tous les pouvoirs entre les mains du Président de l'Université.

    Il y a plus d'un an déjà, en fait en juillet 2007, François Bayrou avait très largement mis en garde les Français (et les Universitaires) contre le danger d'un projet politique qui amenait à une concentration sans précédent des pouvoirs du Président. La concentration des pouvoirs, c'est décidément une manie dans la France de Nicolas Sarkozy...

    Comme le dit Florent, ça sent le roussi pour Valérie Pécresse...

     

     

  • Universités : Michel Mercier et l'Union centriste défendent les prérogatives du Conseil d'Administration

    J'adore décidément Michel Mercier (Sénateur UDF-MoDem). Cet homme-là a un extraordinaire sens de l'humour. Son groupeau Sénat, a finalement voté la loi de Valérie Pécresse sur les Universités, mais après unc ertain nombre de modifications, dont l'une qui essayait d'empêcher tous les représentants d'avoir le mêm droit de vote pour élire le Président dans une université.

     L'extrait  que je cite est du Michel Mercier dans le texte, et  c'est excellent :-D

     

    Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, je voudrais tout d'abord remercier toutes celles et tous ceux qui ont permis le bon déroulement de ce débat.

    Je commencerai par vous, madame la présidente, et par vos collègues qui vous ont précédée à ce fauteuil. Je n'oublierai pas, bien sûr, le président et le rapporteur de la commission des affaires culturelles, ainsi que le rapporteur pour avis de la commission des finances.

    Mais c'est à vous, madame la ministre, que je souhaite tout particulièrement rendre hommage, car vous avez su, grâce à votre charme et à une parfaite maîtrise du dossier, nous délivrer vos convictions, avec passion et raison. Ce faisant, vous avez beaucoup fait pour la qualité de nos débats.

    Au demeurant, notre groupe, ne vous ayant rien demandé, n'a rien obtenu ! (Rires.) Cela nous évite toute déception, au contraire de nos collègues socialistes qui, se trouvant tout à coup dans la position de l'interlocuteur privilégié, à la suite de la politique d'ouverture,...

    M. Daniel Raoul. Jaloux !

    M. Michel Mercier. ...ont quelque peine à s'y habituer ! Mais je leur fais confiance, ils apprendront très vite ! Cette culture de l'ouverture va sûrement se développer. Je suis d'ailleurs, pour ma part, plutôt favorable à l'élargissement. Vous l'aurez tous compris, ce soir, je ne suis pas porté à la critique. Peut-être un jour viendra-t-il où nous aurons des choses à demander au Gouvernement ; nous ne manquerons pas alors de lui faire savoir, et nous verrons bien ce qu'il adviendra alors.

    Pour en revenir au présent projet de loi, madame la ministre, chacun doit bien avoir conscience qu'il s'agit d'abord d'un texte de compromis. Entre la version initiale et celle qui nous a été soumise, des discussions ont en effet été engagées avec les universitaires et les étudiants. Dès lors que vous avez obtenu leur accord, plus ou moins formalisé il est vrai, la marge de manoeuvre du législateur devenait relativement étroite, et nous ne pouvions pas apporter de trop grandes modifications.

    Le groupe de l'UC-UDF votera ce texte, non seulement pour tout ce qu'il comporte, mais aussi pour tout ce qu'il ne contient pas. (Exclamations amusées sur l'ensemble des travées.) Rassurez-vous, mes chers collègues, je vais m'en expliquer !

    Nous sommes clairement favorables à l'autonomie. Bien entendu, comme tout ce qui est inconnu, cela fait d'abord peur. Vous avez donc décidé, madame la ministre, d'encadrer cette autonomie en mettant en place une gouvernance rassurante pour les différents acteurs de l'université.

    Une telle prudence nous a paru quelque peu inquiétante. À cet égard, nous vous remercions d'avoir finalement accepté d'évoluer sur cette question et d'ouvrir à l'ensemble du conseil d'administration le droit d'élire le président.

    Cette disposition est, à mes yeux, essentielle, car il ne peut y avoir autonomie sans ouverture ni prise de risque, laquelle est d'ailleurs très largement circonscrite par l'adoption de l'amendement de la commission relatif au mode de désignation des personnalités extérieures.

    Cela étant, l'ouverture est bien réelle et mérite d'être soulignée, car c'est notamment ce qui nous conduit à soutenir le texte.

    En outre, le projet de loi présente un autre avantage, celui d'être relativement court. Il pose un certain nombre de règles de base et met en place des rouages institutionnels. En fin de compte, à bien y regarder, il fait confiance aux universitaires et aux étudiants.

    Le Sénat confie aux universitaires et aux étudiants le soin de mener à bien cette réforme, de la faire vivre et de lui faire produire tous ses effets. Ce sont eux, en effet, qui seront les acteurs et les responsables de demain, grâce à ce texte qui leur ouvre des portes, en ferme peu, et leur offre de nombreuses perspectives. S'ils ont en eux suffisamment d'envie, d'audace et de désir de réussir ensemble, ce projet de loi sera pour eux un bon outil. C'est la raison pour laquelle nous le voterons.

     Mais, mais, j'ai rêvé ou j'ai bien lu : il drague ouvertement la Ministre en plus ! (Objectivement, c'est vrai qu'elle est bien jolie, mais ce n'est pas une raison ! Il a tout de même mis le charme avant la maîtrise du dossier pour la délivrance des convictions... :-)

     

  • Universités : Catherine Morin Desailly défend en vain les prérogatives du Conseil Scientifique

    Il est intéressant de lire les synthèses des débats sur les textes proposés apr le gouvernement. Je lisais notamment celui qui portait sur les libertés des Universités, proposé par Valérie Pécresse, actuelle Ministre de le la Recherche le 11 juillet dernier.

    Catherine Morin-Dessailly, sénatrice UDF-MoDem proposait un amendement intéressant. Je la cite :

    « La loi actuellement en vigueur prévoit que l'administration de l'université est assurée par ses diverses instances au travers de leurs missions respectives. Dans ce cadre, le conseil scientifique a un rôle de proposition et d'avis.
    Il nous semble indispensable de confier à ce dernier des prérogatives substantielles dans les domaines qui relèvent de sa compétence.
    Le présent amendement vise donc à conserver la capacité de proposition de ce conseil, afin de ne pas limiter son rôle à la seule émission d'avis.»

      Réponse de Valérie Pécresse : avis défavorable, et sans autre explication. Le Sénat a voté comme un seul homme contre l'amendement 88 puisque la majorité sénatoriale est à peine moins aux ordres du Gouvernement que l'assemblée nationale...

     François Bayrou avait pourtant invité à se défier d'une Université où le Président allait cumuler tous les pouvoirs. Il est vrai que la délégation et el partage des pouvoirs, ce n'est pas une idée très à la mode, par les temps qui courent, en France...

     

    Pour bien comprendre comment les avis de Madame Pécresse se font sur des critères uniquement partisans, on peut aussi lire le compte-rendu d'un échange entre Michel Mercier, Sénateur UDF-MoDem et président du groupe Union Centriste du Sénat, avec le rapporteur. C'est édifiant.

    http://www.senat.fr/seances/s200707/s20070712/s20070712002.html#R9 

    En somme, si c'est proposé par la commission, c'est bien, si c'est proposé par Michel Mercier, c'est mal, même si cela dit la même chose... 

  • François Bayrou dénonce un risque de concentration des pouvoirs dans les Universités

    François Bayrou est intervenu, le 24 juillet 2007, sur le projet de loi relatif aux libertés et aux responsabilités des université.

    Madame la présidente, madame la ministre, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, certains termes font fortune : il en est ainsi du mot « gouvernance » qui, depuis trois ou quatre ans, est mis à toutes les sauces. Je souhaite m’arrêter un instant non pas au mot lui-même mais à son complément : tantôt « gouvernance des universités », tantôt « gouvernance de l’Université ». La distinction entre les deux expressions, souvent absente du débat, est pourtant d’une très grande importance pour la société française et pour son histoire.
    En effet, depuis cent cinquante ans, nous avons choisi d’organiser notre enseignement supérieur et notre recherche non pas en universités – au pluriel – mais en une université, qui est l’université française, l’université républicaine. Ce choix a des conséquences de haute portée puisque, notamment, il implique que nos diplômes universitaires aient un statut national, situation toute différente de celle des pays qui, ayant choisi le pluralisme des universités, délivrent des diplômes concurrentiels entre les différentes universités du pays.
    Permettez-moi sur ce point, madame la ministre, d’amender l’un de vos propos. Vous avez dit dans votre intervention liminaire que, partout dans le monde, on proposait des lois de cet ordre, citant plus particulièrement l’exemple de l’Allemagne. Or, dans ce pays, c’est le contraire qui se passe.
    L’État allemand cherche, à juste titre, face à des universités entièrement autonomes, à se doter d’un moyen à l’échelle nationale permettant de faire évoluer leur statut, chacune d’entre elles étant maîtresse chez elle et refusant d’évoluer.
    De fait, une réflexion sur la gouvernance des universités serait pauvre si elle n’abordait pas la question de la gouvernance de l’Université, en portant notamment sur les types de diplômes, sur l’adaptation des formations aux étudiants, non pas en difficulté, mais, dirons-nous plutôt, non autonomes, ou encore – vaste sujet ! – sur la promotion de la recherche dans la sélection des élites françaises.
    Ma deuxième remarque a également trait au thème de la gouvernance : les choix que vous proposez en la matière sont-ils les meilleurs ? Je prendrai, à cet égard, l’exemple de l’extrême concentration des pouvoirs entre les mains du président d’université. Ainsi que l’a fait remarquer à très juste titre le professeur Antoine Compagnon dans un récent article publié par Le Figaro, ces pouvoirs sont, aux États-Unis, répartis entre quatre fonctions autonomes et même étanches : celles de President, le président du conseil d’administration, de Provost, le responsable des études, de Dean of the faculty, le doyen de la faculté, et de Chief financial officer, l’homme des finances de l’université. Est-ce un choix juste et adapté à notre temps, que de réunir tous ces pouvoirs entre les mêmes mains ?
    Le fait que j’ai entretenu, en ma qualité de ministre, de très bonnes relations avec la conférence des présidents d’université, ne m’empêche pas de penser que la question mérite d’être posée.
    Vous avez argué du fait que les trois universités marseillaises avaient décidé de se regrouper pour constituer un grand ensemble comprenant 75 000 à 80 000 étudiants. Peut-on vraiment imaginer, madame la ministre, que le président d’un ensemble d’une telle dimension concentre tous ces pouvoirs ? Vous donnez, par exemple, aux présidents d’université la possibilité de distribuer des primes. Comment peut-on envisager sérieusement que cela puisse se faire dans une université d’une telle taille ?
    Cette concentration absolue des pouvoirs n'est pas un bon choix – je le dis à propos de cette fonction, mais je pense également à d’autres…
    D’autant que la question se pose de savoir si le mode d’élection des présidents d’université, qui va conduire à leur donner tant de pouvoirs, est vraiment juste et bon.
    Il faut que cela soit dit à cette tribune, le choix d’une loi électorale avec prime de fait au collège des professeurs, n’aboutira à l’élection d’un président qu’à la suite d’ententes syndicales.
    J’ai été le défenseur, pendant tout le temps où j’ai exercé les fonctions qui sont les vôtres aujourd’hui, madame la ministre, d’une bonne entente avec les syndicats, et même d’une confiance réciproque.
    De là, cependant, à donner la totalité des pouvoirs dans un très grand nombre d’universités françaises, pluridisciplinaires notamment, à un homme élu par une coalition de syndicats, je m’interroge. Mais peut-être cela explique-t-il la discrétion, soulignée tout à l’heure par M. Goasguen, des oppositions au sein de l’université française ?
    Cette concentration des pouvoirs soulève en outre – ce sera ma troisième et dernière observation sur ce sujet – des problèmes en termes de recrutement qui ne peuvent pas être éludés. En effet, si certaines universités monodisciplinaires s’accommoderont très bien de cette réforme et des nouveaux pouvoirs des présidents, je laisse à la représentation nationale le soin d’imaginer les difficultés que les universités multidisciplinaires vont, elles, rencontrer, avec toutes les conséquences néfastes que cela aura pour leur avenir.
    L’idée de gouvernance pose décidément trop de questions auxquelles ce texte, mal inspiré et mal orienté, ne répond pas.

    Je ne suis pas forcément d'accord avec ce que François Bayrou dit de l'Université avec un grand U. Non sur le statut national des diplômes, auquel je demeure attaché aussi, mais plutôt parce que je me défie justement d'un modèle unique pour toutes les universités. Je crois que cette manière de penser l'Université n'est justement plus adapté à notre monde moderne. En revanche, il a tout à fait raison de dénoncer la concentration des pouvoirs entre les mains d'un seul homme. Si les universités deviennent vraiment autonomes, il faudra revoir complètement leur organisation hiérarchique, la composition des Conseils d'Administration, et les pouvoirs respectifs des uns et des autres. L'idée de diviser les pouvoirs au sein d'un collège réduit me plaît bien.