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gratuité

  • Un élu PS lyonnais a raison de refuser la gratuité des transports

    Une fois n'est pas coutume, je vais prendre la défense d'un Socialiste. Il s'agit de Bernard Rivalta, président du Sytral, le syndicat de transport de l'agglomération lyonnaise. On lui reproche de ne pas verser de larmes de crocodiles sur la fraude et de suggérer aux plus démunis de limiter leurs déplacements plutôt que de frauder

    Eh bien il a parfaitement raison. Et il fait l'objet d'une campagne de presse minable, comme d'habitude, avec les mêmes poncifs hypocrites et bêlants.

    Accessoirement, ce n'est pas nécessairement les plus démunis qui fraudent, encore une vue de l'esprit et un a priori bêlant de la boboitude libertaire dégoulinante de bonne conscience qui squatte médias et réseaux sociaux.

    Voilà ce que dit Monsieur Rivalta et je l'approuve : 

    « Le fraudeur manque de culture collective, il oublie que ne pas payer va impacter ceux qui payent (…) Il faudrait apprendre aux gens à maîtriser leurs déplacements : quand ils n’ont pas beaucoup de moyens il faut qu’ils ne se déplacent que dans la mesure où ils en ont besoin et non pas uniquement parce qu’ils en ont envie. »

    et encore « Tout ce qui est gratuit n’a plus de valeur, c’est d’ailleurs comme ça que l’URSS a coulé (…). Non je ne suis pas favorable à la gratuité. Pourquoi ferait-on des transports en commun gratuits, pourquoi ne ferait-on pas le litre d’essence gratuit ? Le vélo gratuit ? Pourquoi ne ferait-on pas tout le reste gratuit ? »

    Franchement, pas mieux, pas un mot à ajouter.

  • L'âge d'or de l'Université française est révolu.

    Je découvrais avec effroi ce qui attend les étudiants anglais, samedi matin dernier, mais à vrai dire, quand je considère notre propre situation, en France, ce n'est guère mieux. Partout les droits d'inscription explosent, se parant d'atours sociaux pour mieux enfoncer le coeur de la nation, c'est à dire les classes moyennes. Ne nous y trompons pas, ce sont elles qui vont trinquer et leurs enfants devoir renoncer aux études.

    Exemple avec l'IEP du Sieur Descoings, expert ès business school à la française et discrimination positive. Descoings a réussi à faire passer Science-po pour une école qui s'ouvre aux pauvres dans les divers médias et l'opinion : on recrute quelques lycéens venus des établissements scolaires du 93, on joue de la mandoline en pinçant avec aménité la corde sociale de l'instrument, et on obtient un mélodieux air de pipeau.

    Démonstration avec une famille comprenant deux enfants, que je ne classerais même pas dans la classe moyenne, mais carrément dans la petite bourgeoisie :

    Les deux parents travaillent, ont une bonne situation, et vivent dans une petite ville de province. Ils sont un fils et une fille, leurs revenus totaux excèdent légèrement 66 000 euros par an. Comme beaucoup d'individus, ils ont du s'endetter pour se loger et paient 1000 euros par mois de loyer, ce qui absorbe 12 000 euros de leurs revenus chaque année. Ils paient aussi l'impôt sur le revenu. Avec deux demi-parts, ils s'en tirent avec 6 000 euros de frais par an. A cela s'ajoutent la taxe foncière et la taxe d'habitation. Possédant une petite maisonnette dans une ville aisée, l'addition des deux leur revient à 1800 euros par an.

    Cette famille a cru dans l'école républicaine. Les deux enfants ont étudié à l'école, plutôt bien, et l'un d'entre eux, sans passer par Ipesup, la coûteuse école de préparation pour très riches et très bons, est parvenu à intégrer l'IEP.

    Sa famille va donc devoir régler 12 000 euros par an, uniquement en droits d'inscription. La jeune fille, elle, est davantage intéressée par la finance : elle a songé viser une école de commerce, mais les coûts s'ajoutant aux coûts, elle s'est rabattue sur la prestigieuse formation publique de Paris-Dauphine. Pas de chance, depuis février 2010, Paris-Dauphine a multiplié le montant de ses droits d'inscription : de plus de cinq fois à presque plus de vingt fois. La jeune fille appartient à une famille de privilégiés. Une famille de riches, dirait un François Hollande. Ce sera donc 4000 euros en frais d'inscription uniquement pour elle.

    Ces parents vont donc dépenser 16 000 euros uniquement en frais d'inscription, sans compter le matériel scolaire, les manuels, et toutes les dépenses attenantes. Demeurant en province, les enfants vont devoir louer un studio, ou un petit F2. Paris est trop cher, ils se rabattent sur le banlieue : ils ne s'en sortent néanmoins pas à moins de 6000 euros par an.

    Pour eux, pas de bourses, pas d'exemption, pas de discrimination positive. Je laisse les amateurs d'addition finir le calcul, et je les laisse imaginer ce qu'il se produit pour des familles bien moins aisées pour lesquelles certains coûts demeurent fixes...

    Le système Descoings dans toute son ampleur. Pendant ce temps, l'étudiant boursier ne paie pas de droits et dispose de toutes les aides. Oh, il ne s'agit pas de lui jeter la pierre. C'est la logique de ce système qui une fois de plus est pervertie. On aboutit à un système qui flingue en bonne et due forme les classes moyennes et la petite bourgeoisie.

    Le pire, finalement, c'est que l'on paie une somme monstrueuse pour pouvoir disposer d'un titre. Quitte à libéraliser à outrance l'unvisersité, ce serait le moins que l'on distingue l'inscription à l'examen, et l'inscription aux cours, que la concurrence puisse s'installer. Et tant qu'à faire, que ceux qui fassent passer l'examen ne soient pas ceux qui donnent les cours, pour éviter les effets de favoritisme.

    Une économie de la connaissance...tu parles Charles... Pas de pitié de pour les crapauds. La moindre formation supérieure va coûter des yeux à la tête. Fini le temps où l'Université se voulait le réceptacle de tous les savoirs, de tous les espoirs et de l'émancipation, de la formation du citoyen ouverte à tous.

    Que l'on ne croie pas que je cerne ainsi des cas isolés : partout les tarifs augmentent dans des proportions comparables à celles des universités anglaises.

    Les facultés sont prises en sandwiche entre un état impécunieux qui se moque comme d'une guigne de l'éducation et des syndicats imbéciles et irresponsables qui bloquent l'arrivée de financements privés dans les universités moyennant quelques accommodements dans les programmes.

    Au final, le peuple trinque, car c'est lui qui paie la note finale. La lâcheté des différents ministères qui se succèdent en est la cause. Il n'existe d'alternative que le choix entre la fac-poubelle et la fac hors de prix, et encore : la cote de la fac-poubelle est très clairement orientée à la hausse elle aussi.

  • Le principe de réalité rattrape enfin Nicolas Sarkozy

    Ouf ! Nicolas Sarkozy commence enfin à comprendre qu'il est temps de gouverner et pas seulement de battre des bras. Il a récemment fait en sorte qu'on ne puisse plus voter d'adjonctions au budget en dehors du temps consacré à la loi de finances. Le voilà qui prend à bras le corps les retraites. Et puis je viens d'apprendre qu'il serait prêt à renoncer à la suppression de la publicité à la télévision.

    Ne nous réjouissons pas : les solutions proposées sont toujours décevantes voire mauvaises, mais au moins, on commence à traiter les vrais problèmes. Il demeure néanmoins du grand n'importe quoi (taux d'encadrement des crèches, dégradation considérable des conditions d'enseignement) dans les choix opérés.

    De toutes façons, avec une menace sur notre notation sur les marchés, risquant de fléchir de AAA à AA+, il est clair que nous n'avons plus le choix.

    Il n'en reste pas moins que je n'adhère toujours pas à la méthode : le but ne devrait pas d'être en soi de raboter toutes les dépenses sans discernement mais de redéfinir le domaine d'intervention de l'État.

    Je m'explique avec l'exemple de la santé. J'ai toujours été favorable aux franchises médicales. Aucun soin ne devrait être entièrement gratuit, mais tout le monde doit pouvoir se soigner. Je préfère que l'on paie une franchise de deux à trois euros par acte mais que l'investissement dans la formation médicale soit maintenu : autrement dit, que l'on continue à dégager les fonds nécessaires, au Ministère de l'Éducation Nationale, pour former des pédiatres, des orl, des neurologues, des pédo-psychiatres, des gynécologues, bref, toutes ces spécialités de médecine qui sont menacées.

    Mon raisonnement est simple : les franchises sont réversibles le jour où la prospérité est revenue ; la disparition de spécialités médicales ne l'est que fort difficilement et avec un sacrifice d'une génération au moins.

    C'est ce type d'arbitrages que j'attends. Autre exemple : le réseau postier coûte cher ; pourquoi ne pas mettre en place une délégation de service public dans les supérettes des petits bourgs ruraux, ce qui engagerait les petits commerces à y rester, au demeurant  (ils toucheraient une part des bénéfices), ce qui coûterait bien moins cher.

    Troisième exemple : la multiplication des gratuités de la culture à tout va est une erreur ; pire : l'art ne devrait jamais être gratuit. Et de toutes façons, il ne l'est pas puisque l'impôt paie la facture. L'État pourrait s'en tenir à une fonction de sauvegarde du patrimoine et demander pour tout accès à un bien culturel, automatiquement une participation même si elle est faible ; les étudiants peuvent très bien payer un ou deux euros l'entrée d'un musée, par exemple.

    Est-ce également à l'état de favoriser l'accès aux restaurants ? Je ne le crois pas. Ce ne sont pas des emplois délocalisables et l'état n'a pas vocation à se substituer au panier de la ménagère sauf par de l'aide alimentaire d'urgence pour des familles très en difficulté. Le restaurant ne rentre pas dans ce cadre. Il faudrait donc revenir sur la baisse de TVA consentie, d'autant qu'elle n'a rien amené en termes d'emplois.

    Je ne suis pas un spécialiste, mais plutôt que de menacer l'avenir comme s'apprête à le faire un Luc Châtel, avec forcément l'aval de Nicolas Sarkozy et François Fillon, mieux vaudrait entamer une réflexion de fond sur ce que l'on garde ou non en France.

  • Gratuité de la culture ?

    Pierre Albertini, le maire de Rouen, a ouvert sur son blog un débat sur la gratuité des musées, à la suite d'une expérience initiée en ce sens par l'actuel Ministère de la Culture. J'ai exprimé là-bas mon avis, répondant notamment à l'un des contradicteurs favoris de Pierre Albertini répondant au doux nom d'Albertinon

     Je pense qu'il peut y avoir des temps de gratuité, mais que les musées doivent demeurer payants. Déclarer que la culture doit être gratuite est une idée en soi pernicieuse : si elle gratuite, l'art aussi, et par là, les artistes également. Les Musées ont besoin d'être entretenus, et les artistes de se nourrir. L'Etat a vocation à aider les musées, mais nullement à leur interdire de générer des recettes.
    On paye une redevance télé pour regarder des âneries, on achète des jeux vidéos des fortunes, mais il faudrait refuser d'acquitter un droit d'entrée très modéré pour accéder aux musées ?
    J'y suis radicalement hostile. J'ajoute qu'une culture entièrement financée par l'état finit par perdre sa liberté et on a très bien vu ce que cela a donné dans les pays communistes, voire dans certaines communes de gauche ou de droite en France...
    Par ailleurs, certains mots usés et abusés finissent par se galvauder. Ainsi en est-il de la démocratisation de la culture. C'est que bien souvent, ses thuréfiraires , en brandissant en apparence la démocratie et la culture masquent en réalité l'apauvrissement culturel généralisé.

     Je ne suis pas le promoteur d'un art exclusivement sponsorisé, mais je ne vois absolument pas le mal à ce que le privé fasse du mécénat et utilise l'image de la culture pour promouvoir ses activités. Les plus pauvres peuvent déjà rentrer dans les musées gratuitement. Nous sommes donc loin d'une culture réservée à une minorité vivant dans l'aisance.

    Nous vivonss dans une société marchande et il faut en prendre acte : ce qui est gratuit, dans une société marchande, est bien moins valorisé que ce qui est payant. L'état peut intervenir pour veiller à ce que l'accès à la culture ne soit pas hors de prix, mais, certainement pas pour donner la gratuité dans tous les musées.


    Quelques réalités sont d'ailleurs bonnes à rappeler :

    Une carte pass sur plusieurs musées à l'année coûte généralement moins cher que la redevance télé. Alors quand on voit les m... qui passent sur les chaînes, il est fort simple de balancer son téléviseur par la fenêtre, cesser tout abonnement, et acheter une carte pass.
    La moindre place d'un match de football coûte plus cher que la meilleure place à la Comédie Française. Et les matches de coupe du monde, même de rugby, infiniment plus cher que la place d'opéra la plus chère à l'Opéra Garnier ou l'Opéra Bastille.

    François Bayrou, lors du colloque sur la culture organisé par l'UDF le samedi 17 février 2007 a dit deux choses qui me paraissent essentielles :

    1.La culture ne doit pas être entièrement marchande, ne peut pas être entièrement soumise à l'Etat.

    2.Un des impératifs de la politique culturelle, c'est que la culture doit être une culture de peuple. Je dis bien de peuple et non de masse.

    Ce sont deux points qui me paraissent fondateurs. Et j'ai également beaucoup apprécié sa vision du rôle de l'Etat sur la culture :

    On a vécu avec l'idée qu'il n'y avait qu'un référent, l'Etat, ayant en face de lui des individus inorganisés. Depuis la loi Le Chapelier (1790), on a interdit l'organisation de la société pour que l'Etat reste seul. Il faut tourner la page. Un certain nombre d'actions de service public, d'actions publiques, peuvent être incitées par l'Etat, mais n'ont pas à être conduites par l'Etat.