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International - Page 36

  • Gaza, la falsification de France 2

    Je dois à la vigilance de Pastel, un lecteur du blog, cette information :

    «Pour en revenir à l'intox, l'Hérétique, il y a bien pire. France 2 a diffusé des images faisant croire qu'elles résultaient des actions militaires israéliennes actuelles, alors qu'elles datent de 2005 et montrent une scène de panique et d'horreur suite à l'explosion, par accident, d'un camion du Hamas bourré de munitions. Cette vidéo a été diffusée à tout va par les chaînes arabes, bel exemple de leur propagande antisémite. France 2 s'est simplement excusée, mais aucune mention sur son site, alors qu'il comporte une rubrique spécifiquement consacrée aux évenements de Gaza! On n'en parle pas non plus dans la presse française. Je tiens cette info de la presse allemande, plus vigilante quant aux dérives anti-israéliennes que France 2 qui n'en est pas à sa première manip scandaleuse:
    http://www.spiegel.de/kultur/gesellschaft/0,1518,599967,00.html
    Voir aussi:
    http://www.licra.org/index.php?section=detail&id=3775 »

    Pour ma part, après avoir enquêté, je trouve l'information confirmée par Media Part et le Figaro ainsi que le quotidien électronique le Post.

  • La Russie entre en guerre contre l'Europe !

    Avec l'interruption des livraisons de gaz vers l'Ouest, c'est un coup de tonnerre qui a retenti en Europe. Avec l'arme énergétique et économique, la Russie, par l'intermédiaire de Gazprom, tient toute l'Europe Orientale entre ses mains et pose de sérieux problèmes à l'Europe occidentale. Qui l'eût cru ? En Bulgarie, on grelotte littéralement par des températures qui atteignent plus de 10 degrés en dessous de zéro. A la source de l'arrêt brutal des livraisons, un conflit politique et diplomatique entre l'Ukraine et la Russie. La seconde accuse la première de détourner du gaz. Les deux pays veulent prendre à témoin l'Europe, et n'ont rien trouvé de mieux comme solution, pour ce faire, que de bloquer l'arrivée du gaz pourtant déjà payé en temps et en heure dans le cadre de contrats décennaux. Ce sérieux avertissement relance la nécessité absolue pour l'Europe d'une part de diversifier ses approvisionnement, mais surtout de développer des énergies qui lui garantissent une véritable indépendance énergétique. Seules les énergies renouvelables semblent à même d'offrir une telle garantie.

    laperrouze.jpgIl se trouve précisément que c'est ce que disait Lena Ek, coordinatrice du groupe ADLE, fin 2006, peu après la première crise entre l'Ukraine et la Russie. Et surtout, je rappelle ce que disait Anne Lapérouze, euro-députée MoDem (le MoDem est membre de l'ADLE) le 03 avril 2006, sur le même sujet :

    «Monsieur le Commissaire, permettez-moi toutefois d'exprimer deux regrets. D'une part, la faiblesse du financement disponible au titre des réseaux transeuropéens de l'énergie, probablement tout juste suffisant pour financer quelques études de faisabilité. Et d'autre part, vous savez, Monsieur le Commissaire, que le Parlement n'a pas souhaité remettre en cause la légitimité des projets figurant dans les annexes du rapport. Et pourtant, il me semble que la priorité devrait être donnée aux projets qui contribuent à la sécurité d'approvisionnement du plus grand nombre d'États, favorisant ainsi cette dimension européenne. Je pense notamment aux États baltes, dont les réseaux de gaz sont largement insuffisants pour les approvisionner de manière sûre et durable, sachant que la priorité a été donnée au gazoduc Russie-Allemagne en raison des accords passés entre M. Schroeder et M. Poutine. Je vous demande d'encourager la mise en place des infrastructures nécessaires aux approvisionnements de tous les États. »

    Je ne peux pas encore diffuser les résultats des travaux de la commission énergie du MoDem pour l'Europe, en raison d'une nécessaire confidentialité pour l'instant, mais je peux tout de même dire que cela va à peu près dans le sens des observations générales de l'ADLE, et tout à fait dans celui des propos d'Anne Lapérouze. Bref, pas question de cailler de froid une fois de plus faute de livraisons de gaz ad hoc.

    Le 19 mai dernier, en commission Industrie, Anne Laperouze avait emporté un vote décisif en obtenant que GDF ne soit pas démantelée et son patrimoine de gazoducs dispersé. Elle observait alors : « Le marché du gaz est un marché particulier : les producteurs de gaz sont en effet pour la plupart situés dans des pays tiers. Il nous appartient donc de ne pas se précipiter dans des solutions et mécanismes qui fragiliseraient l’UE. La propriété des réseaux est une question cruciale qui mérite qu’on y réfléchisse pas de manière idéologique »

    Les faits récents semblent bien lui donner raison.

  • Gaza, école bombardée, exemple de désinformation

    Tiens, encore un exemple de désinformation qui m'exaspère. Lu dans le Nouvel Obs :

    «L'agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé mercredi être certaine que l'école bombardée mardi par l'armée israélienne n'était pas utilisée par le Hamas pour tirer des obus de mortier. Israël affirme que ses hommes ont riposté à des tirs des militants du Mouvement de la résistance islamique devant cette école de Jebaliya, dans le nord de la Bande de Gaza.»

    Moi j'aimerais bien qu'on se pose quelques questions : est-ce qu'agence onusienne, c'est nécessairement synonyme de fiabilité de l'information ? Comment cette agence peut être certaine de ses affirmations ? ils faisaient le tour du bâtiment en pleine attaque aérienne ? Qu'est-ce qui empêche des tireurs du Hamas de s'être collés sous un porche et d'avoir visé les forces israéliennes en escomptant bien se servir des écoliers comme boucliers ? Et comment les Israéliens pouvaient savoir qu'une école se trouvait à cet endroit précis ? Dans une guerre, on essaie de repérer l'assaillant, on connaît les objectifs stratégiques, les lieux sanctuarisés mais pas forcément le positionnement de toutes les écoles. Cela me paraît évident que l'armée israélienne n'a pas tiré sciemment sur une école. En revanche, les combattants du Hamas qui se sont abrités derrière cette école l'ont fait, eux, sciemment...

    Comme d'habitude, pour démêler le vrai du faux, il faudra du temps, une fois de plus.

  • Gaza, deux points de vue sur le Hamas

    HAMAS : QUINDI versus l'HÉRÉTIQUE

    J'enregistre un nouveau billet à la suite des réactions de Quindi au précédent. Avant toutes choses, je dois toutefois préciser qu'à mon sens, nos divergences ne proviennent pas seulement d'une différence d'appréciation de la situation, mais également d'un positionnement philosophique sur l'échiquier politique.

    En effet, je tends à appliquer aux peuples ce que j'applique aux individus. Notamment, j'ai du mal à m'enlever de la tête que quoi que l'on puisse en penser, les peuples, tout comme les individus, sont majeurs et vaccinés et donc responsables de leurs actes, en tout cas, jusqu'à un certain degré.

    Le Hamas envoie des roquettes sur les villes israéliennes depuis des années, avec une progression quasi-exponentielle ces derniers mois, en dépit d'une trêve. Le Hamas refuse par ailleurs toute reconduction de cette même trêve (limitée en fait aux attentats-suicide, et encore, je subodore fortement que ce sont surtout les services israéliens qui se sont améliorés pour intercepter les kamikazes...).

    Comment les Gazaouis peuvent-ils s'étonner, dans ces conditions, que l'état d'Israël finisse par répliquer contre le mouvement qu'ils ont porté au pouvoir ? Le Hamas, avec une absence totale de scrupules, n'hésite pas à s'abriter derrière les populations civiles, y compris les plus vulnérables. Dernière en date : des activistes tirent à partir d'une école. Précédemment, c'est dans une mosquée qu'ils avaient caché des explosifs. Évidemment, l'armée israélienne réplique à chaque fois, et la presse internationale de hurler au crime et à la disproportion, photographies d'école calcinée, de mosquée en flammes, et corps d'enfants à l'appui.

    Bien sûr, je me désole totalement d'une telle situation, et je souffre pour les enfants qui sont les victimes innocentes d'un conflit qui les dépasse. Mais je me refuse à faire porter le chapeau à Israël quand le Hamas est largement à l'origine non seulement de ce conflit mais aussi des dérapages. Je salue à cet égard la pertinence et l'acuité des prises de position tant de François Bayrou que de Nicolas Sarkozy à propos du Hamas. Je pense qu'ils ont très bien compris qui a allumé le feu et ont le courage de le dire clairement.

    Il n'y a pas de ma part un parti pris en faveur de l'État d'Israël, mais la volonté d'établir la vérité. Je suis par ailleurs favorable à l'établissement d'un état palestinien et au partage de Jérusalem. Avant que le Hamas ne fasse (déjà !) tout capoter par la reprise de ses attentats suicides, Ehud Barak, quand il était au pouvoir, avait envisagé ce partage. Alors quand Arnaud dit que ce leader travailliste n'a pas de courage politique, je trouve qu'il pousse un tantinet la chansonnette.

    Pour revenir à notre divergence, c'est que sur le fond, je crois à la responsabilité des individus comme des peuples. Je crois que l'on appelle ça le libéralisme, et que je suis pour large partie un libéral. En ce sens, mon positionnement politique oriente ma réflexion géo-stratégique.

    Je profite de ce message pour souhaiter bonne chance au Président Sarkozy dans son entreprise. Dans une situation comme celle-là, une certaine union nationale est nécessaire. Je sais que l'homme bourdonne d'activisme. Les résultats ne sont pas toujours heureux dans notre pays, mais, jusqu'ici, à l'international, sauf quand il reçoit des tyrans chez nous, je l'ai toujours vu plutôt bien se débrouiller dans les situations de négociations (otages en Afghanistan, otages en Lybie, conflit du Caucase).

    Je reviens à Quindi pour copier la dernière de ses réactions sur le billet précédent :

    J'ai bien saisi que le but de l'opération était la destruction du Hamas. C'est ce même but que je conteste, car il me semble totalement irréaliste sans coût humain / militaire / diplomatique totalement délirant pour Israël, et le fruit d'une mauvaise planification des pouvoirs civils et militaires israéliens.

    Plus qu'une destruction, je pensais à un affaiblissement. Ensuite, il s'agit d'un anéantissement des capacités militaires du Hamas. Et de toutes façons, il n'était pas envisageable pour Israël de demeurer les bras ballants en attendant de recevoir des roquettes.

    Par contre je ne dis pas qu'elle est uniquement dictée par l'opinion publique, mais aussi par des militaires, peu conscients des risques politiques régionaux d'une telle opération, de la perte d'une occasion historique au niveau international (incapables de se projeter dans l'ère post-Bush), ainsi que des politiciens, aveuglés par les élections à venir, les défaites diplomatiques de Camp David II / Taba (Barak) et stratégiques de l'Intifada II (Barak), militaires au Liban (Kadima), politique à Gaza avec la prise de contrôle par le Hamas (Kadima) pesant trop lourdement dans leurs décisions, les leçons de leurs propres défaites trop peu (Liban 1996 et 2006), ainsi que les leçons de la lutte anti-terroriste internationale qui sont ignorées (Irak, Afghanistan, Pakistan, Indonésie, Philippines, Algérie, Somalie).

    Il y a quelque chose qui manque dans tes analyses, Arnaud. Tu n'envisages jamais les occasions manquées du côté palestinien. Tes solutions sont totalement asymétriques. Pour qu'un processus s'enclenche, il faut au moins que le Hamas cesse de manquer à sa parole de manière systématique, utilise ses propres populations civiles comme bouclier ou explosif, et s'abstienne, enfin, de jeter des roquettes à tout va de son territoire, avec une irresponsabilité totale. S'il n'y a pas ces préalables, on ne peut rien faire. Tu dis que la stratégie israélienne est vouée à l'échec, mais je vois que le Hamas commence à envisager de discuter avec ses ennemis d'hier. Le Hamas est en très mauvaise position géostratégique, et Israël ne l'ignore pas : le Fatah le déteste, l'Égypte ne l'aime pas du tout (il est lié aux Frères Musulmans, à l'origine de beaucoup d'agitation et d'extrémisme en Égypte) et de l'autre côté, il y a Israël. Les seuls soutiens du Hamas, c'est la Syrie et l'Iran. Regarde sur une carte où se trouve Gaza, mais je pense que tu le sais bien : il va être de plus en plus difficile pour le Hamas de se réapprovisionner. Nécessité fait loi, tu ne l'ignores pas. Or, qu'apprené-je ? Eh bien le Hamas reprend langue avec l'Égypte... Je crois bien qu'un responsable égyptien a déclaré au début du mois de décembre que l'Égypte ne tolérerait pas un émirat islamique à sa frontière. Le Hamas est désormais pris entre le marteau et l'enclume. Contrairement à toi, je pense que la situation actuelle va amener des décantations imprévues, mais pas forcément néfastes in fine.

    israel_politique.jpg


    De façon plus générale, il n'y a pas de destruction possible d'une entité politico-terroriste de l'extérieur (seules exceptions connues: lorsque cette dernière est d'installation récente sans implantation forte, ce qui était le cas d'Al Qaïda en Irak; lorsque l'on mise sur la population favorable et mène une guerre sans merci, c'était le cas en Tchétchénie, mais ce n'est pas comparable car il n'y a pas de faction favorable en Israël, ou même dans une extrapolation intellectuelle où il s'agirait de Abbas, les moyens mis en avant pour le soutenir sont ridicules, donc inutiles et contre-productifs). Seule un split ou une perte de crédibilité parmi la population qu'elle défend (encore une fois Al Qaïda en Irak usant de méthodes récusées par les sunnites; ETA en Espagne post-Franco; les FARC en Colombie post-processus de paix, les deux derniers étant perçus comme trop violents par une écrasante majorité de la population; etc.) l'affaiblit durablement. Nous en sommes très loin en Palestine, donc spéculer là dessus, revient à prendre ses rêves pour la réalité, et oublier les considérations réalistes du terrain.

    De destruction, peut-être pas, mais d'un affaiblissement faute de solution pour ce mouvement qui s'est coincé lui-même, je n'en suis pas si sûr.

    L'erreur avec le Hezbollah avait été de croire qu'une guerre conventionnelle pouvait en venir à bout (c'est avant tout un mouvement politique populaire parmi les chiites, voire une frange des maronites; et comme le disait Claudio sur son blog, on ne va pas changer le peuple). L'argument de l'aérien vs. le terrain est un faux argument: 1. parce que la force du Hezbollah n'est pas uniquement basée sur le terrain qu'il occupe 2. parce que le terrain du Sud Liban où s'est déroulé l'essentiel de la guerre (désertique et peu peuplé) est infiniment plus propice à une guerre conventionnelle que Gaza (une théorique victoire israélienne sur ce territoire n'aurait rien changé à moyen terme, cela aurait été une victoire médiatique, au lieu d'une défaite médiatique, sans réel effet opérationnel) 3. parce que les opérations menées au Liban en territoire peuplé (Vallée de la Bekaa, et notamment Baalbek et ses alentours) ont du être arrêtées rapidement compte tenu du nombre de pertes civiles, c'était la leçon de 1996 avec "Raisins de la Colère" (qui avait fini par bombarder des camps de réfugiés de l'ONU). 4. la destruction d'infrastructures est ce qui fait perdre toute crédibilité à Israël dans le pays attaqué (il ne s'agit plus de veiller aux intérêts de ses citoyens, mais aussi d'handicaper tout développement d'autrui), dans la région (facile d'appréhender les problématiques liées à ces destructions) et à l'échelle internationale (+ comme le précise Fred, les infrastructures ne sont pas du Hamas, et ne jouent pas un rôle opérationnel fort). 5. les défaillances politiques du Hezbollah (notamment ses blocages institutionnels nationaux) sont balayées au yeux de la population civile compte tenu de son rôle prépondérant dans la défense du territoire ("résistance") et sa ligne politique claire de refus de négociations avec l'ennemi israélien (constance tant que les conditions préalables à la guerre n'auront pas changé au bénéfice de la population).

    Je te concède tout ce que tu veux pour le Hezbollah, le Hamas n'est pas le Hezbollah. En outre, il y a une fraction non-négligeable de l'opinion libanaise qui s'est trouvée exaspérée d'avoir été entraînée dans la guerre par un parti minoritaire dans le pays.


    A Gaza, les mêmes erreurs auront été commises, en pire: 1. la zone est dense et les dommages collatéraux sont inévitables;

    La zone est dense, mais très peu étendue et adossée à la mer ou à des terres hostiles. Le Hamas ne dispose ni de base arrière ni de relais.

    2. une opération de terrain est beaucoup plus risquée pour les militaires israéliens, d'où bombardement plus long, l'un et l'autre ont des effets minimes sur les infrastructures du Hamas, qui sont pour l'essentiel sous-terraines (sans en arriver au délire de Vietcong de Riot);

    Je pense que les militaires israéliens ont tout de même pensé à cet aspect des choses. A mon avis, leurs objectifs militaires sont certainement plus précis que tu ne le penses.

    3. les combats de rue souhaités par le Hamas sont un piège pour les israéliens (l'intensification des tirs de roquettes juste avant la fin de la trêve en était le signe) qui devront prolonger leurs opérations, à un coût humain supplémentaire sans gains opérationnels significatifs;

    C'est surtout une souricière pour les Palestiniens que le Hamas utilise comme bouclier humain.

    4. l'arrêt des roquettes de courte distance signifie occupation prolongée des franges frontalières, décrédibilisant les militaires et politiques israéliens après désengagement récent - l'arrêt des roquettes de longue distance est impossible même avec une occupation totale du territoire, très chère en coût humain, diplomatique, et de ressources / moral des militaires;

    Je pense qu'un certain nombre d'arsenaux auront été détruits. Il ne sera pas si facile au Hamas de reconstituer ses stocks.

    5. le nombre de morts civils est donc élevé et jugé inacceptable par la communauté internationale;

    Il y a une bataille de l'information à mener du côté israélien. Une nouvelle fois, qui utilise sa population comme bouclier ?...

    8. la destruction d'infrastructures est inévitable vu les moyens mis en oeuvre (bombardements), les civils meurent plus facilement de dommages collatéraux compte tenu des circonstances propres à Gaza du fait des israéliens (coupures électriques, manque d'eau, manque de médicaments, départ des humanitaires, blocage des frontières);

    Oui, ça, c'est clairement en défaveur d'Israël.

    9. il n'y a pas de stratégie de sortie israélienne de la crise à Gaza, qu'une stratégie de réengagement asymétrique menant forcément au statut de paria de la communauté internationale, mais de manière beaucoup plus importante, une perte de crédibilité négociatrice régionale et locale en Palestine.

    Mais si il y a une sortie : la négociation. Tu paries sur le fait qu'Israël l'a radicalement exclue. Je n'en suis pas si sûr. Simplement, pas avec 1500 roquettes qui touchent les villes dans l'année, c'est tout.

    Bref un net recul de toute possibilité de négociation réaliste, au pire moment, avec l'arrivée d'une nouvelle administration américaine, le réengagement diplomatique européen, le relatif consensus de la Ligue Arabe pour coordonner ses efforts de paix. Même dans le cadre d'une négociation de paix, ce serait Israël qui se retrouverait sans partenaire, ayant poussé son avantage tactique au delà de ce qui est acceptable dans une négociation de paix, notamment lors de la ratification populaire (formelle ou tacite) d'un tel accord. Encore une erreur historique, ça commence à faire beaucoup pour quelques roquettes.

    Sauf que là, tu fais de la politique-fiction. Tu es dans un film, pas dans la réalité. Les seules pressions qui peuvent fonctionner, ce sont les pressions directes sur le Hamas et ses soutiens.

    10a. Qui exercerait le contrôle policier à Gaza post éviction du Hamas? Que ce soit les israéliens ou le Fatah, ils feraient l'objet d'attaques de guérilla continues; il y aurait donc vide sécuritaire et intensification des conditions de guérilla même en cas de victoire partielle d'Israël sur le Hamas.

    Je ne sais pas si Israël vise l'anéantissement du Hamas. Je ne le pense pas. Ce que les Israéliens visent, c'est l'affaiblissement de cette mouvance. Ce n'est pas pareil.

    Bref, dans ce contexte, il n'y a pas d'effondrement possible du Hamas, sans coût excessif (humain, militaire, diplomatique) pour les israéliens, au contraire, il y aura probablement renforcement, et affaiblissement de l'Autorité Palestinienne. Même dans l'hypothèse d'un affaiblissement durable du Hamas, un autre groupe radical prendrait la relève (cf. Fred). Exactement l'inverse de ce qu'il fallait faire, sur la base des leçons de la guerre contre le Hezbollah, celles de la lutte anti-terroriste du XXIème siècle, celles de la décolonisation et lutte contre des mouvements de libération nationale au XXème siècle.

    Effondrement, non, mais un espoir d'affaiblissement afin de l'amener à négocier, peut-être.

  • Au secours, y'a un autre Bush !

    M...alors ! L'info est passée quasiment inapperçue des médias français sauf de Marianne !  Y'a un autre Bush, Jeb, qui pourrait prétendre la présidence des USA dans 4 ans. Ils nous préparent quoi les Bush, la prochaine fois ? Une guerre nucléaire ?

  • Palestiniens et Israéliens ont le même problème

    Je reviens du blog de LOmiG qui a eu la judicieuse idée de publier des extraits de la charte du Hamas. Comme le dit un commentateur du blog d'Ivan Rioufol (D.J.) Israéliens et Palestiniens ont le même problème : le Hamas. L'inconvénient, c'est que si les premiers s'en sont largement rendus compte, pas les seconds...

    Je passe sur la valeur éthique d'un mouvement qui déclare à propos de la femme musulmane qu'elle est «une usine à hommes», mais en revanche, je me demande quelle part peut être donnée à la négociation quand on lit dans cette même charte les déclarations suivantes :

    «Il n’y aura de solution à la cause palestinienne que par le jihad. Quant aux initiatives, propositions et autres conférences internationales, ce ne sont que pertes de temps et activités futiles. Le peuple palestinien a trop d’honneur pour dilapider son avenir, son droit et son destin en activités futiles».

    Un premier billet sur le Hamas a fait l'objet ici de 42 commentaires, et notamment de ceux de l'excellent Quindi. Voici ce qu'il écrit (que je vais commenter dans une couleur différente au fur et à mesure) :

    Il est une chose qu'on ne peut pas choisir lors d'une négociation de sortie de conflit, ce sont les interlocuteurs, il faut faire preuve de réalisme politique en discutant avec toutes les forces en présence (d'où l'erreur profonde d'affaiblir Mahmoud Abbas et de ne pas continuer à négocier avec Marwan Barghouti, qui a le respect du Hamas, et pourrait se substitue à lui à la table des négociations).

    Israël ne cherche pas à affaiblir Abbas. Je crois au contraire que les Israéliens aimeraient bien lui voir plus d'influence. Le fait est en revanche, qu'ils ne dont pas nécessairement ce qu'il faudrait pour que cela soit le cas. Quindi s'illusionne sur l'influence de Bargouti. Bargouti a de l'influence sur les tendances radicales laïques. Pas sur l'électorat islamiste.

    Pour le Hamas, oui sa charte nie l'existence même d'Israël, c'était aussi le cas de l'OLP jusqu'aux accords d'Oslo - cela n'a rien d'un point de blocage car il s'agit d'une stratégie politique standard pour tout mouvement autonomiste / de "libération nationale".

    En effet, si c'était le seul blocage, ce ne serait pas un problème. Le problème, c'est que c'est l'idée même de négociations que le Hamas récuse. Je reçois bien en revanche l'argument qu'il faut faire preuve de réalisme avec le Hamas. Il ne s'agit pas pour autant de le considérer comme un partenaire viable.

    De même l'utilisation de roquettes n'a vraiment rien de surprenant dans le cadre d'une guérilla. En rester là, avec des réponses asymétriques signifie accepter le statu quo et alimenter le conflit.

    Tout le raisonnement de Quindi ignore complètement l'existence d'une chose que l'on appelle opinion publique dans une démocratie. Israël ne peut pas laisser des roquettes atterrir sur son territoire sans rien dire. En outre, il faut aussi savoir que le nombre de roquettes lancées sur le territoire d'Israël n'a cessé d'augmenter depuis 2003 avec un pic considérable pour l'année 2008 !

    Par contre, la colonisation continue de la Cisjordanie est un facteur d'approfondissement de la crise, car les négociations se radicalisent et s'enveniment au fur et à mesure que cette colonisation touche des territoires / ressources naturelles vitaux pour les palestiniens (rendant toute acceptation populaire palestinienne d'un éventuel accord de paix plus difficile; les populations ont d'ailleurs anticipé sur cela, avec un refus croissant de négocier vu la nature de l'occupation, et les accords négociés sont devenus beaucoup plus difficiles).

    Oui, ça, en revanche, c'est la principale ânerie du pouvoir israélien : s'il y avait un minimum de jugeote là-bas, il y aurait une occasion de porter un coup fatal au Hamas en favorisant considérablement le développement économique en Cisjordanie et en stoppant net toute forme de colonistation. On est d'accord là-dessus, et à mon sens, c'est là où Tzipi Livni ou Ehoud Barak me déçoivent  et manquent d'intelligence politique. Il faut bien se dire que le Likoud est 10 fois pire, toutefois.

    En ce qui concerne les roquettes et les opérations en cours (dont le facteur de nuisance en termes de négociation de paix est limité - surtout vu les bénéfices immédiat dès arrêt des hostilités), je l'ai déjà écrit, mais espérer mener des opérations uniquement conventionnelles dans le cadre d'un conflit qui a déjà dépassé ce cadre, poussant son avantage tactique provisoire, en espérant que cela se reflètera éventuellement dans les négociations suivantes, n'a pas de sens. Cela pousse l'adversaire à commettre des actes non conventionnels (faute d'avoir d'autres moyens) pour récupérer l'équilibre antérieur (qui ont déjà commencé avec les tentatives de capture de militaires israéliens, à l'image de ce qu'avait effectué le Hezbollah et le Hamas précédemment, et continueront avec les attentats suicide, voire pire, la capture et torture de civils, l'attaque des organisations internationales et autres médiateurs, l'attaque contre les humanitaires, méthodes utilisées par Al Qaïda et d'autres groupes terroristes en Irak et Afghanistan). Le passage à des armes non conventionnelles est beaucoup plus grave car cela handicape aussi toute future négociation, en restant dans l'imaginaire collectif israélien (mort pour cause d'attentats), palestinien (martyrs qui doivent continuer à être honorés), et international (recul des médiateurs et humanitaires lorsqu'ils deviennent la cible des attaques).

    Pas faux, mais laisser le Hamas envoyer de plus en plus de roquettes, c'est arriver tôt ou tard à une véritable guerre. Quindi sous-estime l'armement croissant de ce mouvement, tout comme les Israéliens ont sous-estimé le développement militaire du Hezbollah au Liban. Israël ne veut pas laisser un mouvement militaire aussi organisé que le Hezbollah se développer dans la bande de Gaza. C'est un objectif tactique qui peut se comprendre. Le Hamas réalise ses attaques à partir de zones civiles avec l'espoir de voir Israël répliquer et provoquer des victimes civiles, et ce, afin de dresser la population palestinienne et l'opinion internationale contre Israël.

    Je ne crois pas une seconde qu'Israël ait essayé d'en rester à des moyens policiers, de renseignement (y compris des extractions ciblées sur la base d'informateurs solides) et juridiques de gestion des tensions (du moins depuis le gouvernement Pérès, avec la fin du processus d'Oslo). Leur historique en Palestine démontre une volonté répétée d'utiliser les moyens militaires extra-juridiques dès que cela permet d'effectuer une réponse expéditive (par contre, c'est tout à leur honneur de ne pas avoir laissé dégénérer la situation en faisant appel à des para-militaires, mais cela reste une option d'aggravation de la crise). Il ne faut d'ailleurs aucun courage politique pour effectuer une incursion militaire dans le contexte politique israélien, c'est ce qui est attendu d'un leader politique (d'où la gravité de la situation où tous les partis politiques israéliens d'envergure sont disposés à utiliser la force comme premier recours); à l'inverse, savoir se retirer militairement et gérer par des moyens policiers, de renseignement civil, et juridiques, ainsi qu'une coopération bilatérale, les territoires palestiniens, demande un certain courage, devenu trop rare dans la classe politique israélienne.

    Le problème, c'est d'avoir la naïveté d'imaginer que les moyens policiers suffisent.

    Dire que cela relève du "yakafaukon" est une erreur: un Etat de droit commence par l'application des outils du droit, sans exceptions; sinon on arrive à justifier n'importe quel degré de force, sans jamais miser sur l'institutionnalisation de l'Etat de droit, surtout dans une situation asymétrique avec une spirale descendante d'utilisation d'armes de la terreur (difficile de critiquer les américains ou les russes dans leur approche si on prône la même chose en Israël - à titre personnel, il m'a fallu longtemps pour comprendre la problématique du GAL en Espagne, mais à l'arrivée, il s'agissait bien de cela, approuver l'utilisation de forces extra-légales ne fait que contribuer au conflit, surtout dans l'imaginaire populaire de l'adversaire). C'est cet élément qui crée le déphasage actuel entre Israël / Etats-Unis, et les autres démocraties, notamment européennes, latino-américaines, asiatiques et africaines, et qui rend impossible la réintégration d'Israël dans les bonne grâces de la communauté internationale à court terme.

    Dans une guerre où commence le droit et où finit-il ? Quel est le statut du conflit entre Israël et le Hamas ? Commençons par répondre à ces questions et étudier la base sur laquelle s'établit le droit dans cette circonstance. S'agit-il d'une guerre ou non ?

    Je réitère aussi que Gaza, ou la Cisjordanie ne sont pas des Etats distincts d'Israël à l'heure actuelle.

    Ah bon ? les Palestiniens seraient furieux s'ils entendaient aujourd'hui cette assertion.

    Espérer qu'ils puissent utiliser les outils régaliens d'un Etat sans en avoir les moyens est utopique et mène à l'impasse totale sur ce dossier (aucun effort n'a été réalisé pour consolider l'Etat de droit sur ces territoires).

    ça, c'est clair.

    Le sujet sécuritaire est de la responsabilité première d'Israël (ce n'est pas une manière de rejeter la responsabilité, c'est un état de fait; en face il y a des organisations politiques et / ou terroristes avec des moyens policiers et para-militaires, mais ces dernières n'ont pas la réelle responsabilité de la protection des civils, ils agissent en mouvements de libération nationale / organisations terroristes, cela ne changera pas sans négociation réelle de paix; leur part de responsabilité relève surtout de la corruption interne et du "nation-building", ce qui justifie la popularité du Hamas par rapport au Fatah, en utilisant les mêmes éléments d'aide sociale que le Hezbollah, il se substitue à l'Etat et gagne en crédibilité).

    Ce que Quindi dit est vrai. Et là, c'est la faute du Fatah, de l'Europe qui pourrait agir davantage sur ce point et bien sûr d'Israël dont les dirigeants manquent à nouveau de sens politique. Cela dit, il faut aussi comprendre que l'absence d'interlocuteur fiable et honnête pour redistribuer d'éventuelles aides complique singulièrement la tâche d'éventuels donnateurs.

    Par ailleurs, il faut savoir utiliser les possibilités de négociation lorsqu'elles se présentent. Le cessez-le-feu du Hamas a duré 4 mois et demi (cela aura bien sur servi à réarmer l'organisation et mieux se préparer pour une invasion éventuelle, usant des leçons de la dernière guerre du Liban); il était question de négociations sur un cessez-le-feu permanent, préalable de négociations, sous l'égide de l'Egypte. Jimmy Carter et Kofi Annan auront négocié directement avec le Hamas (chose historique) et son parrain syrien pour la mise en place d'une négociation de paix plus pérenne. Cela aurait pu continuer avec l'aide des diplomaties égyptiennes (dans l'embarras depuis l'explosion du mur à Gaza) et turques (comme corolaire des négociations avec la Syrie), voire jordaniennes (et par son biais et celui de la Ligue Arabe, le Liban, permettant ainsi de régionaliser le sujet en y intégrant tous les camps de réfugiés et le Hezbollah). Toutes ces possibilités ont été écartées par le gouvernement israélien et l'administration Bush, une erreur historique qui a maintenu le statu quo.

    Mais quelle naïveté : il n'y a jamais eu autant de tirs de roquettes que pendant la trêve ! A un moment donné, il faut revenir à la réalité !

    En me relisant, je m'aperçois en effet que les exigences de paix, institutionnalisation et de sécurité envers Israël sont beaucoup plus nombreuses qu'envers le Hamas, mais c'est le fait direct du droit international existant (s'appliquant avant tout aux Etats, notamment les membres de l'ONU et les signataires des Conventions de Genève) et de l'application du droit dans des démocraties comme préalable de la qualification de démocratique. Cependant, il ne faut pas se leurrer, l'arrêt des hostilités, l'acceptation d'un plan de paix, et sa mise en oeuvre seront beaucoup plus difficiles pour les palestiniens, car ils exigeront des concessions inconnues jusqu'à présent, la redéfinition de la mission même des partis politiques palestiniens (Hamas et autres guérillas), l'intégration des différentes formes d'aide publiques (Hamas, Autorité Palestinienne, nouvelles institutions issues de l'accord de paix) et l'étalement public des différents éléments d'incompétence du Fatah au pouvoir. Côté israélien, il s'agira d'apprendre, pour la première fois de leur histoire, à faire confiance aux voisins et des garanties de la communauté internationale, plutôt qu'exclusivement au Tsahal, Mossad, Shin Bet et Aman et le cabinet de sécurité... tout un programme!

    Pour le moment, toutes les trêves avec le Hamas se sont soldées par davantage de tirs, voire d'attentats. Seule la force a fait pour l'instant plier temporairement ce mouvement. Je ne l'approuve pas forcément, mais je constate ce fait. On peut comprendre (sans le justifier), dans ce cas, qu'Israël privilégie cet axe d'action avec un tel "partenaire". Il y a d'ailleurs une quadrature du cercle indépassable pour le Hamas dans cette histoire, car il a deux aspirations contradictoires : il a accepté de prendre part à une élection démocratique et d'assumer des responsabilités adminsitratives et politiques, puisque de facto, il administre Gaza. Or, ce choix est tout à fait incompatible avec la guerilla ou des activités terroristes. Le Hamas devra faire un choix tôt ou tard afin de déterminer s'il entre en politique ou non. Le Hezbollah se trouve confronté à un choix similaire : en jui dernier, il a entraîné tout le Liban dans sa guerre, et à ce que j'ai compris, nombre de Libanais étaient furieux. Or, le Hezbollah s'est institutionnalisé. Le vértiable enjeu, pour ces deux mouvement, c'est celui-là, et, très certainement, on peut suppposer que Téhéran tient entre ses mains une partie des clefs de ces enjeux...

  • Droits de l'homme : Ben Ali et consorts se moquent du monde !

    Quand on évoque les mots Tunisie ou Ben Ali devant moi, je pense automatiquement au mot "torture". Voilà un réflexe que je ne suis pas le seul à avoir et qui devrait interpeler non seulement le pouvoir tunisien, dont la nature despotique est de plus en plus insupportable, mais également les pays Européens, et au premier chef la France, dont la complaisance devient intolérable.

    En réalité, la France, et sans doute d'autres pays Européens, raisonnent avec la Tunisie comme les Américains l'ont fait avec l'Amérique du Sud dans les années 70. Tout pourvu que le marxisme fut endigué. Aujourd'hui, dans le Bassin méditerranéen, tout pourvu que l'Islamisme soit endigué.

    C'est un très mauvais calcul. Croit-on un seul instant que les droits de la femme soient respectés, en Tunisie, quand elles sont torturées et violées de manière systématique dans les sombres cachots de la police tunisienne ? Suffit-il qu'une nation se pare des oripeaux de la laïcité pour devenir crédible ? UN journaliste de l'Express a écrit «plutôt Ben Ali que Ben Laden». Il aura les deux. Réflexion d'une idiotie crasse. Il ne s'agit pas de renverser Ben Ali (ça, ce sera les Tunisiens qui le feront s'ils le désirent) mais de le contraindre par des pressions diplomatiques et économiques à cesser ses crimes odieux.

    Je salue la justice française et l'intelligence des juges qui enfin ont mis fin à l'impunité absolue et insupportable des tortionnaires les plus gradés du despotique régime tunisien. Ben Ali ne torture pas que les Islamistes, il torture tous ses opposants sans distinction. Et même s'il ne visait que les intégristes, ce ne serait pas tolérable pour autant. Nous devons en finir avec la complaisance coupable qui est la nôtre et ne pas hésiter à faire économiquement pression pour contraindre ce régime à respecter un minimum de droits humains.

    La justice tunisienne est une parodie de justice, une triste farce qui ne mérite que le mépris le plus avéré. A preuve l'infâme condamnation de syndicalistes tunisiens qui dénoncent les conditions indignes dans lesquelles ils vivent.

    Il paraît que Nicolas Sarkozy compte entreprendre une visite d'État en Tunisie. Il serait temps de commencer à parler de choses sérieuses, à commencer par les frasques du clan Ben Ali en France. Bien sûr, on comprend que Nicolas Sarkozy aimerait bien disposer du soutien de Ben Ali pour son projet Union Méditerranéenne. On comprend mieux la sortie récente de Bernard Kouchner sur l'inutilité supposé de Rama Yade et des droits de l'homme...

  • Une lumière sur les évènements de Grèce

    C'est dans l'Antre de KaG que cela se passe, et le billet s'intitule Hélas Hellas. Il a été écrit par Fotini (dont le nom signifie la lumière en grec, d'où le titre de mon billet), une militante démocrate grecque; elle y explique les véritables causes des évènements qui secouent la Grèce depuis 10 jours. Je le reprends intégralement.

    Quelques explications sur les émeutes urbaines en Grèce cette semaine, causées par la mort samedi dernier d'un jeune de 15 ans, Alexis Grigoropoulos tué par un policier des forces spéciales :

    Présentées à tort par certains medias, partis et syndicats d'autres pays occidentaux comme une réaction directe de la jeunesse à la crise économique actuelle, les émeutes en Grèce ont des causes beaucoup plus complexes et profondes, qui tiennent à certaines particularités du pays, malgré des points communs avec le malaise de la jeunesse dans les principaux pays européens.

    - Défiance envers une élite politique caractérisée par la main-mise d'un certain nombre de dynasties familiales (les Papandreou, Karamanlis, Venizelos...) sur les deux principaux partis, le PASOK (parti socialiste) et la Nouvelle démocratie (parti conservateur, au pouvoir actuellement) et surtout d'un gouvernement de droite qui s'est beaucoup discrédité ces dernières années dans des scandales de corruption qu'il s'est efforcé d'étouffer.
    L'alternance de ces deux partis au pouvoir se fait moins sur la base des programmes politiques que sur la déception des citoyens face à des gouvernements successifs qui peinent à imposer ou expliquer les réformes nécessaires au pays. Sans parler de l'utilisation à des fins démagoqiques du mécontentement de la population par les partis d'opposition, qui prônent souvent des solutions archaïques ou populistes.

    - Défiance envers un Etat impotent, non moderne, inefficace, où règne le clientélisme (recrutement de fonctionnaires sur des critères politiques et familiaux) et la corruption.
    On a ainsi pu entendre hier le ministre de la santé se plaindre du fait que le gouvernement ne peut s'appuyer sur un appareil d'Etat efficace (mettant cela sur le compte de l'incurie des gouvernements précédents, incapables de le réformer) !
    Cette incurie s'était manifestée de manière éclatante pendant les grands incendies de l'été 2007 où ce sont les citoyens, aidés des télévisions, qui souvent dirigeaient les pompiers dans leurs opérations.

    - Défiance envers les forces de l'ordre, qui se sont illustrées notamment ces dernières années par des actes de violence restés largement impunis (sur la période 2003-2007, 1 seul des 238 cas de violences enregistrés par l'Observatoire grec des accords d'Helsinki a donné lieu à des sanctions judiciaires). La police a aussi été largement éclaboussée par des scandales de corruption, de collusion avec le monde de la nuit, de la traite des blanches et des trafiquants de drogue.
    Cette police jouit d'ailleurs toujours d'une mauvaise image dans l'imaginaire collectif à cause de la junte de 1967-1974 et de son incapacité à réformer ses structures, considérées comme opaques.

    - Défiance envers le système judiciaire, aussi éclaboussé par des scandales de corruption ou de collusion, accusé de ne pas défendre le citoyen.

    A cela il faut ajouter :

    - un fort taux de chômage des jeunes (23 %) cumulé à un nombre important d'emplois précaires (la fameuse "génération à 700 €") pour des jeunes qui survivent grâce l'aide inter-générationnelle et doivent souvent, comme nombre de leurs concitoyens plus âgés, cumuler plusieurs boulots dans l'économie formelle ou informelle pour joindre les deux bouts. Nombre de ces jeunes vivent, trentenaires, toujours chez leurs parents.
    Cette génération a été élevée dans une société de consommation de masse qui a émergé au cours des années 80 (adhésion de la Grèce à la Communauté européenne en 1981) et a contribué à bouleverser en deux décennies les repères sociétaux d'un pays aux valeurs jusque-là traditionnelles.

    - un coût de la vie élevé avec des prix du niveau de la France alors que le pouvoir d'achat et les salaires sont deux fois moindres (heureusement d'ailleurs que 70 % des grecs sont propriétaires de leurs logements), et un recours croissant des ménages au crédit à la consommation depuis la levée des restrictions à ce dernier en 2003

    - un système éducatif en déliquescence avec des établissements universitaires au fonctionnement archaïque, peu performants (taux de diplômés faibles, études qui durent trop longtemps, taux de sortie sans diplômes élevés) et un marché du travail peu fluide ( notamment importance excessive des réseaux familiaux et relationnels dans les recrutements), qui ne favorise pas l'insertion des jeunes dans la vie active.
    Nombre de jeunes diplômés doivent ainsi s'expatrier pour trouver un emploi correspondant à leurs qualifications.

    Il faut noter le scandale d'un système éducatif parallèle très lucratif avec des officines privées où enseignent souvent des professeurs du public. Les familles vont même jusqu'à faire des sacrifices pour pouvoir envoyer leurs enfants étudier à l'étranger.

    - une jeunesse en quête de repères : ce qui a frappé les observateurs c'est la participation mimétique de jeunes adolescents de 14, 15, 16 ans aux émeutes, que le gouvernement s'efforçait jusqu'ici d'attribuer aux seuls "cagoulés" anarchistes (Cf ci-dessous)

    20 commissariats de police de la région d'Athènes ont ainsi été attaqués hier par des collégiens et lycéens à coups de pierres et d'oranges amères (qu'on trouve dans les rues) suite à la publication de la déposition, jugé contradictoire et arrogante, du policier auteur des faits. La population s'est souvent interposée entre les forces de l'ordre et les jeunes au prétexte qu'il s'agissait d'"enfants", voulait empêcher tout dérapage de la part des forces de l'ordre.

    - une culture syndicale très à gauche, qui instrumentalise souvent les élèves et étudiants en s'opposant à toute tentative de réforme du système éducatif. Cela a donné lieu lors de la dernière réforme passée par le gouvernement actuel la paralysie pendant des mois de nombreuses écoles et établissements universitaires "occupés" par les élèves et étudiants.
    Cette culture très à gauche puise ses sources dans l'histoire du pays, qui a connu une guerre civile de 1945 à 1949 puis la dictature des colonels en 1967-1974. Le mythe de la lutte contre l'Etat oppresseur est par conséquent tenace en Grèce dans certains milieux de gauche, mythe auquel il faut ajouter l'opposition à la politique jugée néo-libérale du gouvernement de droite.

    L'un des partis de gauche grecs, SYRIZA est ainsi actuellement accusé même par le parti socialiste et le parti communiste d'instrumentaliser ces jeunes pour amplifier le mouvement de révolte.

    - l'existence d'une mouvance anarchiste (1000 à 2000 personnes bien organisées, appelées "les cagoulés") qui instrumentalise le mythe de l'école du polytechnique (révolte des étudiants contre la junte au pouvoir réprimée par les forces de l'ordre en novembre 1974) et a fait du quartier attenant d'Exarhia une zone de non-droit au centre d'Athènes.
    C'est dans ce même quartier que la jeune victime de 15 ans, Alexis Grigoropoulos a été abattue par un policier des forces spéciales samedi dernier. Dans ce quartier les policiers ont l'habitude d'être injuriés ("flics, cochons, meurtriers" est un slogan classique) et pris à partie par des jeunes, le commissariat ayant lui-même été déjà incendié par le passé.
    Cette mouvance anarchiste serait elle-même infiltrée par des agents spéciaux qui l'instrumentalisent, ce qui expliquerait la tolérance exercée depuis des années par les forces de l'ordre envers ces "cagoulés" et l'irruption de violences urbaines qui visent à détourner l'attention de l'opinion publique des vrais problèmes du pays.

    Il faut noter qu'il y a une polémique sur la levée du droit d'asile des universités grecques : ce droit d'asile, auquel il est difficile de toucher symboliquement à cause des évènements de 1974, permet à ces groupes de faire de certains établissements universitaires leurs bases, certains des cocktails molotoff utilisés lors des émeutes étant confectionnés dans les laboratoires mêmes de ces établissements !

    - des medias télévisuels qui, face à la défiance généralisée des citoyens envers la justice et l'Etat et la dictature de l'audimat, deviennent des sortes de tribunaux populaires, faisant leurs propres investigations auprès des témoins oculaires sans attendre le résultat de l'enquête officielle, jugeant en direct et avec virulence la réaction des acteurs concernés (auteur des faits, son avocat, ministres, opposition...). Ces medias vilipendent actuellement l'avocat célèbre du policier auteur du meurtre pour ses déclarations (il a cherché à nuire à la réputation de la jeune victime pour dédouaner son client) qu'ils ont eux-même contribué par le passé à élever au rang de "people" en relayant ses déclarations fracassantes envers d'autres personnalités et les informations sur sa vie privée.

    A noter aussi :

    - une population étrangère qui représente 10 % de la population (11 millions de Grecs) : la participation d'étrangers aux actes de pillage qui ont accompagné les émeutes fait craindre à certains analystes une poussée de racisme dans le pays

    - des citoyens qui, face à l'incurie des forces de l'ordre défendent leurs biens eux-mêmes (400 magasins brûlés à Athènes, sans compter ceux brûlés dans les villes de province)

    - des groupuscules d'extrême-droite (comme "L'aube dorée") qui s'ajoutent aux forces de l'ordre et cherchent à instrumentaliser les émeutes qu'elles présentent comme une danger gauchiste

    Si on attend aujourd'hui les résultats de l'étude balistique et de l'autopsie pour déterminer si le policier a sciemment visé le jeune qu'il a tué, il est évident que l'opinion publique grecque semble dores et déjà attendre une condamnation de l'auteur des faits, choquée par l'impunité dont ont jouit les forces de l'ordre dans des cas précédents. Cela risque de mettre la pression sur le système judiciaire et nuire à la gestion calme de cette affaire.

    Alors que le gouvernement craint une propagation plus large du mouvement dans les écoles, collèges et lycées avec des occupations (100 établissements à ce jour selon le gouvernement, 300 à 400 selon les syndicats enseignants), les Grecs attendent que le gouvernement prenne ses responsabilités. Au sein même du gouvernement, plusieurs voix mettent d'ores et déjà en cause le ministre de l'intérieur (qui avait demandé aux forces de l'ordre de rester passives lors des premières heures des émeutes) et même le premier ministre.

    Plus largement, les Grecs considèrent cette poussée de révolte de la jeunesse comme une catharsis et espèrent qu'elle poussera à la fois les gouvernants et les gouvernés de faire enfin face aux maux de la société grecque.

  • Noël approche, je ne sais pas si j'achèterai des jouets chinois...

    Je fais partie des Français qui commencent à "chauffer" devant les menaces de rétorsion économique de la Chine. Le gouvernement chinois serait bien avisé de regarder le solde de sa balance commerciale avec la France. Il me semble que nous importons plus de la Chine que nous y exportons. Noël approche, et 90% des jouets sont des fabrication chinoise, de même que les textiles. Si une campagne d'opinion démarre et s'attaque aux manquements de la Chine en matière de droits de l'homme au Tibet, et que cette campagne déborde dans tous les pays d'Europe, cela pourrait faire des dégâts au commerce chinois.

    Le monarque Président de la République, Nicolas Sarkozy, peut avoir des divergences avec ses sujets administrés, ils n'en reste pas moins que ces derniers sont attachés à la fonction et apprécient très modérément qu'il soit qualifié de "criminel" et de "grand idiot de l'histoire" parce qu'il a rencontré le chef spirituel des Tibétains, le Dalaï-Lama. Le pouvoir chinois, lui, se comporte en "grand idiot économique et commercial" à l'approche de Noël, parce que ce n'est pas une bonne période pour énerver ses clients...

    Au passage, j'ai cru comprendre qu'au même moment, les Carrefours étaient bondés en Chine. Je pense donc que le Chinois moyen se contre-fout des appels du gouvernement chinois, et il a bien raison...

     

  • RFI menacée !

    J'écoutais France Culture ce matin, et j'ai appris que RFI risquait d'être anéantie. En effet, le gouvernement a en projet de supprimer les émissions en pas moins de dix langues (dont le chinois !!!) et redéployer RFI exclusivement sur l'Afrique, parce que c'est là que la France est la plus présente. Quelle erreur ! Pire, quelle faute ! En une période où le pouvoir chinois filtre la Toile, les émissions hertziennes ont vocation à pouvoir relayer la voix de la liberté. Et la Russie est-elle si démocratique qu'il soit inutile d'y informer les démocrates ? A quoi a-t-il servi à un Montesquieu d'écrire les lettres persannes il y a plus de 250 ans si c'est pour supprimer le persan ? Corollairement et inévitablement, tous les experts qui étaient associés à ces émissions vont fatalement s'amuir, voir disparaître, or, dans un monde multipolaire comme le nôtre, ce n'est vraiment pas heureux.

    Plus généralement, est-ce ainsi que notre gouvernement compte étendre l'influence française dans le monde ? émissions en plusieurs langues, établissements scolaires à l'étranger, centres culturels, petit à petit, c'est tous les instruments de la francophonie que les gouvernements de droite ont mis par terre depuis 2002. C'est curieux, je suis de centre-droit, mais, depuis plusieurs années, il m'est impossible de voter pour la droite tant ce qu'elle fait à la France est inadmissible. Et ce n'est pas demain que cela risque de changer, quand, chaque jour, j'entends ce que je j'entends et je vois ce que je vois !

    A lire sur le sujet, parce que le Monde Diplomatique est généralement bien informé, et que l'article éclaire bien des choses, RFI en version française.