Avec l'interruption des livraisons de gaz vers l'Ouest, c'est un coup de tonnerre qui a retenti en Europe. Avec l'arme énergétique et économique, la Russie, par l'intermédiaire de Gazprom, tient toute l'Europe Orientale entre ses mains et pose de sérieux problèmes à l'Europe occidentale. Qui l'eût cru ? En Bulgarie, on grelotte littéralement par des températures qui atteignent plus de 10 degrés en dessous de zéro. A la source de l'arrêt brutal des livraisons, un conflit politique et diplomatique entre l'Ukraine et la Russie. La seconde accuse la première de détourner du gaz. Les deux pays veulent prendre à témoin l'Europe, et n'ont rien trouvé de mieux comme solution, pour ce faire, que de bloquer l'arrivée du gaz pourtant déjà payé en temps et en heure dans le cadre de contrats décennaux. Ce sérieux avertissement relance la nécessité absolue pour l'Europe d'une part de diversifier ses approvisionnement, mais surtout de développer des énergies qui lui garantissent une véritable indépendance énergétique. Seules les énergies renouvelables semblent à même d'offrir une telle garantie.
Il se trouve précisément que c'est ce que disait Lena Ek, coordinatrice du groupe ADLE, fin 2006, peu après la première crise entre l'Ukraine et la Russie. Et surtout, je rappelle ce que disait Anne Lapérouze, euro-députée MoDem (le MoDem est membre de l'ADLE) le 03 avril 2006, sur le même sujet :
«Monsieur le Commissaire, permettez-moi toutefois d'exprimer deux regrets. D'une part, la faiblesse du financement disponible au titre des réseaux transeuropéens de l'énergie, probablement tout juste suffisant pour financer quelques études de faisabilité. Et d'autre part, vous savez, Monsieur le Commissaire, que le Parlement n'a pas souhaité remettre en cause la légitimité des projets figurant dans les annexes du rapport. Et pourtant, il me semble que la priorité devrait être donnée aux projets qui contribuent à la sécurité d'approvisionnement du plus grand nombre d'États, favorisant ainsi cette dimension européenne. Je pense notamment aux États baltes, dont les réseaux de gaz sont largement insuffisants pour les approvisionner de manière sûre et durable, sachant que la priorité a été donnée au gazoduc Russie-Allemagne en raison des accords passés entre M. Schroeder et M. Poutine. Je vous demande d'encourager la mise en place des infrastructures nécessaires aux approvisionnements de tous les États. »
Je ne peux pas encore diffuser les résultats des travaux de la commission énergie du MoDem pour l'Europe, en raison d'une nécessaire confidentialité pour l'instant, mais je peux tout de même dire que cela va à peu près dans le sens des observations générales de l'ADLE, et tout à fait dans celui des propos d'Anne Lapérouze. Bref, pas question de cailler de froid une fois de plus faute de livraisons de gaz ad hoc.
Le 19 mai dernier, en commission Industrie, Anne Laperouze avait emporté un vote décisif en obtenant que GDF ne soit pas démantelée et son patrimoine de gazoducs dispersé. Elle observait alors : « Le marché du gaz est un marché particulier : les producteurs de gaz sont en effet pour la plupart situés dans des pays tiers. Il nous appartient donc de ne pas se précipiter dans des solutions et mécanismes qui fragiliseraient l’UE. La propriété des réseaux est une question cruciale qui mérite qu’on y réfléchisse pas de manière idéologique »
Les faits récents semblent bien lui donner raison.
Commentaires
L'idéologie de la concurrence doit cesser de sévir dans les domaines concernant la vie et la survie tels que ceux de l'énergie et de ses réseaux de distribution, et se contenter des domaines où elle ne peut nuire comme la liberté d'installation des boomakers.
Encore une fois de plus, pleinement d'accord avec notre députée
cette affaire est purement géopolitique.
La Russie qui veut retrouver son lustre d'antan, voit d'un mauvais oeil la candidature de l'Ukraine pour adhérer à l'OTAN et fait pression sur l'Ukraine.
Derrière cette bataille du gaz se cache d'autres combats larvés. En effet a travers ce bras de fer il y une lutte interne pour le pouvoir en Ukraine, ainsi qu'un appel à l'aide de cette dernière à l'UE en jouant avec le feu c'est à dire en provoquant la Russie : le hic c'est que tout le monde en subit les conséquences car le principal tuyau passe par l'Ukraine.
fut un temps il était question de créer un approvisionnement de l'europe par la mer Baltique et la mer du Nord, je ne sais pas ou en est le projet?
les énergies renouvelables c'est bien joli, mais c'est pas pour demain..... se diversifier à court terme ça me semble difficile si ce n'est miser sur le nucléaire.
Intéressant tout ça (article et commentaires).