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International - Page 32

  • Grippe porcine : l'immunothérapie passive efficace ?

    Dans le Canard enchaîné du mercredi 29 avril, un article en dernière page passe succinctement en revue les remèdes que l'on peut tenter d'apporter à la grippe porcine. Or, le Canard conclut en signalant qu'un réseau de chercheurs et de médecins préconisent une solution innovante : l'immunothérapie passive. Un traitement fondé sur l'administration de sérum d'animaux infectés et convalescents et qui a fait ses preuves face à la grippe.

    J'ai essayé de trouver plus d'informations sur la Toile à ce sujet, mais j'ai surtout trouvé des reprises de l'article du Canard. Il faut dire que cette solution peu coûteuse et peut-être efficace pourrait court-circuiter les laboratoires traditionnelles, observait le Canard. Du coup, pas de relais ni dans la sphère politique, ni dans la sphère médiatique.

    J'ai donc insisté, et fini par trouver un extrait d'un article de Wikipedia sur les plans de crise en cas de Pandémie qui précise la chose :

    L’immunothérapie passive des malades, par des anticorps monoclonaux est une des solutions envisagées par les chercheurs qui en 2007 testaient déjà son efficacité sur l'animal[3], avec des résultats laissant penser que des anticorps monoclonaux d'origine humaine pourraient être produits à partir du sang de patients ayant guéri d'une grippe à H5N1 (ou de convalescents le cas échéants) et contribuer à enrayer une épidémie et à limiter le nombre de morts (en prophylaxie unique, ou comme traitement complémentaire).

    Il se trouve qu'en farfouillant davantage, je suis tombé sur la thèse de doctorat d'une étudiante, datant de 2005 (et donc de l'époque de la grippe aviaire !!!), Vanessa Guillaume, qui évoque justement ce type d'immunothérapie contre les maladies infectieuses. Elle écrit notamment :

    L’immunothérapie passive par l’administration d’anticorps ou de cellules effectrices représente une approche alternative susceptible d’être utilisée comme traitement préventif ou thérapeutique lors des infections virales . L’immunothérapie passive peut être efficace sans l’activation du système immunitaire des patients traités et présente ainsi un avantage constitutif majeur pour la prévention et le traitement des personnes immunodéprimées.

    Et elle en fait aussi un bref aperçu historique. cette technique n'est en fait pas nouvelle, mais a été abandonnée (dommage !) :

    L’immunothérapie passive par les anticorps L’immunothérapie passive a été découverte pour la première fois en 1890 par Behring et Kitasato lorsqu’ils ont observé que l’administration de sérums d’un animal immunisé à un animal naif induit une protection contre la toxicité de la toxine diphtérie. Cette technique thérapeutique efficace a été utilisée contre de nombreux pathogènes. Malgré les preuves de son efficacité clinique, cette technique a pourtant été abandonnée lors de la découverte de la chimiothérapie antimicrobienne et notamment lors de l’utilisation des composés sulfomamides (1935) puis de la pénicilline (1942).

    La réponse immunitaire est constituée de l’immunité naturelle (innée) et de l’immunité spécifique (adaptative). De nombreux effecteurs humoraux et cellulaires sont communs aux deux immunités qui co-fonctionnent, co-existent et se complémentent. Les distinctions majeures entre ces deux immunités résident dans la spécificité de reconnaissance de l’agent pathogène et dans l’induction d’une mémoire immunologique. L’activation de l’immunité naturelle est induite immédiatement après l’infection par la reconnaissance de molécules et de signaux non spécifiques de l’agent infectieux, alors que l’activation de l’immunité adaptative dépend de la reconnaissance spécifique de l’agent infectieux et nécessite donc un temps d’induction.

    Bien que je ne sois pas spécialiste (j'invite les biologistes et les médecins à lire la thèse) je trouve ces extraits éclairants, tout du moins, pour le grand public que je suis en la matière. En tout cas, si le réseau de médecins et de chercheurs que cite le Canard lit cet article, j'aimerais bien qu'il se fasse connaître. Je me charge d'assurer la publicité de leurs propositions sur la Toile, et je suis à peu près certain de trouver au sein de la blogosphère des hommes et des femmes qui partageront volontiers cette tâche avec moi.

  • La source de la grippe porcine est une multinationale

    On ne sait plus comment l'appeler cette grippe : mexicaine ? porcine ? H1N1. Mais moi j'ai une idée : on pourrait l'appeler la grippe Smithfield. En effet, grâce à ce blog, qui a lui-même trouvé l'information ici, les coupables sont peut-être identifiés : il s'agit d'une multinationale de l'agro-alimentaire déjà condamnée plusieurs fois aux USA pour ses pratiques polluantes. Elle a apparemment récidivé au Mexique à La Granja dans l'État du Veracruz au Mexique. Depuis février dernier, un agent municipal, Bertha Crisostomo Lopez a sollicité l’appui des autorités sanitaires car des dizaines de familles souffraient subitement d’affections des voies respiratoires. Or, les habitants  luttent depuis de nombreuses années contre l’installation de l’entreprise Granjas Carroll, la filiale mexicaine de la plus grande entreprise mondiale d’élevage et de conditionnement de porc, Smithfield Foods (11,3 milliards de dollars de chiffre d’affaires).

    Je signale à tout le monde que l'une des marques de cette filiale, Aoste, est vendue en France : Campofrio Group (dont Aoste est une marque)  est le fruit de la fusion de Campofrio et du groupe Smithfield, c'est écrit en toutes lettres là. Et elle a été obligée de démanteler une usine en Roumanie en août 2007 en raison d'une épidémie de grippe porcine. Elle déversé près de cinq tonnes de matière fécale en Caroline du nord et en Virginie en 1997 et a été condamnée à une lourde amende pour cela. En septembre 2008 une forte épidémie de grippe avait comme par hasard touché l'État du VeraCruz.

    Il est grand temps de faire payer à ces géants de l'agro-alimentaire très très cher leur dumping environnemental. Pour ma part, je me propose de lancer une campagne de très grande envergure pour boycotter les produits de Smithfield Foods.

    Ces compagnies sans scrupules n'hésitent pas à prendre le risque de générer des pandémies mondiales simplement pour leurs profits égoïstes et à court-terme, n'hésitant pas à s'asseoir sur les droits des individus les plus pauvres dans les régions pauvres en faisant jouer leurs relations pour ne pas être justement condamnées.

    Je suis à l'écoute de toute idée d'actions. Cette firme ne doit pas s'en tirer sans dommages.

  • Démocraties parfaites et imparfaites

    Sacré boulot que celui réalisé par l'EIU (Economist Intelligence Unit) : ils ont réalisé un classement mondial de la démocratie, distinguant les démocraties parfaites, les démocraties imparfaites, les régimes hybrides et les régimes autoritaires. Ouf, on a eu chaud : il n'y a que 30 démocraties parfaites, et on figure au 25ème rang, en France ! L'EIU distingue 5 catégories pour établir son classement : processus électoral et pluralisme, libertés civiles, fonctionnement du gouvernement, participation politique et culture politique.

    Comme le précise le rapport, «Free and fair elections and civil liberties are necessary conditions for democracy, but they are unlikely to be sufficient for a full and consolidated democracy if unaccompanied by transparent and at least minimally efficient government, sufficient political participation and a supportive democratic political culture ». Des élections libres et justes et des libertés civiles, c'est bien, mais pas suffisant si pas accompagné d'un gouvernement un minimum efficient et de transparence, d'une participation aux élections correcte et d'un véritable soutien culturel à la démocratie dans le pays. Bons critères, je trouve. 30 nations vivent en démocratie parfaite, 50 en démocratie imparfaite, 36 en régime hybride et 51 en régime autoritaire.

    Chapeau à la Suède qui est la reine de la démocratie. Et en France, où cela cloche ? eh bien cela cloche quant à l'efficience du gouvernement (7.5/10 seulement) et pour la participation (6.67) ; on a trop d'abstention aux élections. Et notre culture démocratique n'est qu'à 7.5. Ça craint quand même pas mal, je trouve...En tout cas, cher lecteur, sache que l'Uruguay (rang 23) ou Malte (rang 16) sont devant la France. Dans ces 30 pays, seules l'Italie et la République Tchèque font moins bien que nous en efficience gouvernementale...Sauf que l'Italie est passé du statut de démocratie imparfaite en 2006 à démocratie parfaite en 2008, elle est donc dans un processus d'amélioration.Et je ne compte pas les démocraties imparfaites qui sont devant nous...Israël serait éligible, parmi les démocraties imparfaites aux 30 premières places,et même mieux, si ce pays n'était pas littéralement plombé par le sort réservé aux libertés civiles...L'Estonie aussi, mais là, c'est à cause des très forts taux d'abstention.

    Le document observe une détérioration des scores en Europe de l'Ouest, liée à l'émergence grandissante de partis politiques d'extrême-droite, en Hollande et en Autriche surtout. En Afrique du Nord, c'est le règne de l'autoritarisme, de même qu'en Asie centrale. A noter que les Territoires Palestiniens sont passés du statut de démocratie imparfaite à régime hybride, en particulier à cause de la prise de contrôle de Gaza par le Hamas.

    A propos de l'Italie, en dépit de la mainmise de Berlusconi sur les médias, le pays a amélioré son statut parce que l'EIU estime que les élections ont été transparentes et pluralistes à tous points de vue. Saluons la Corée du Sud qui passe de démocratie imparfaite à démocratie parfaite.

    La méthodologie employée pour analyser le caractère démocratique des régimes est intéressante mais en parler relèverait d'un autre billet. Le mieux, en fait, est que le flemmard que je suis lance un défi à quelques blogueurs qu'il connaît, qu'il sait intéressés par le sujet, et enfin capables de relever le dit défi.

    Par exemple, tout à fait au hasard...Fred de Démocraties sans frontières (il ne peut pas rater un sujet comme celui-là) et Fra Quindi, ambassadeur plénipotentiaire du Vatican Démocrate :-) Ce qui serait sympa, c'est qu'un des membres de l'Échiquier s'y colle aussi...Mais comme j'aime bien élargir les défis, je lance le gant et souflette les Kiwis, LHC et les Lefts Blogs pour commenter eux aussi ce document : que chaque réseau envoie l'un de ses héros (héraults ?) et que le plus retors meilleur gagne !

  • Massoud, Marielle et l'Afghanistan

    Tiens, nouveau scoop en lisant le petit dictionnaire pour aimer l'Europe de Marielle de Sarnez (euro-députée MoDem). Je savais déjà que Bayrou et le Général Morillon avaient rencontré Massoud, mais j'ignorais que Marielle était de la rencontre aussi. A une époque où toute la classe politique, à l'exception de Nicole Fontaine et de Brice Lalonde, refusaient de le rencontrer, rappelons-le.

    La mamière de Marielle de lui rendre hommage, du moins, je le suppose, c'est d'écrire tout un article sur l'Afghanistan non à la lettre A comme Afghanistan, mais à la lettre M comme Massoud, tant il a été emblématique de l'espoir de jours meilleurs pour ce pays si tourmenté. Marielle rapporte que Massoud était venu avertir l'Europe : il mettait en garde contre les Talibans, «un système politique qui, au nom d'un Islam dévoyé, nie les droits les plus élémentaires de la personne humaine». Il était également venu parler du Pakistan, qui constituait à ses yeux la base arrière des Talibans, et d'une organisation jusque là quasi inconnue du grand public : Al Qaeda. Comme le dit Marielle, les gouvernants tant français qu'européens restèrent sourds à ses avertissements. Le 09 septembre 2001, il était assassiné, et le 11 septembre, les Twin Towers s'effondraient...

    Mais la prescience de Massoud se sera exercée jusqu'au bout : j'écrivais il y a 3 jours que la bombe nucléaire ne devait pas tomber entre les mains des Talibans. On mesure aux inquiétudes grandissantes de la communauté internationale, et à l'impéritie du pouvoir pakistanais combien Massoud avait vu juste en faisant du Pakistan la base de repli des Talibans.

    Marielle dresse dans son article un portrait très sombre de l'Afghanistan : pouvoir sans légitimité, forces de la coalition considérées comme une armée d'occupation, explosion de la culture du pavot, pauvreté grandissante de la population, corruption omniprésente.

    Tout comme François Bayrou, elle juge que le futur de l'Afghanistan est un enjeu fondamental . Pour la lutte contre le terrorisme, mais aussi pour la stabilité de la région. Prémonition...Depuis la rédaction de cet article, les Talibans, après avoir mis à feu et à sang l'Afghanistan, rongent désormais comme un cancer le Pakistan et sont aux portes d'Islamabad...

  • MoDem-LibDems, rencontre au sommet en Angleterre !

    En direct de notre envoyé spécial, Arnaud Hoyois (Quindi),  à Londres (photos très sympa sur le site du MoDem UK) :

    Elections Européennes : Rencontre au sommet MoDem - LibDems ou la Convergence Franco-Britannique

    François Bayrou rencontrait Nick Clegg, président des Libéraux Démocrates (LibDems), hier à Londres lors d'une réunion avec les français de l'étranger dans un Collège Britannique (Goodenaugh College - London House) à l'initiative du MoDem UK et Irlande1, et son président Guilhem Nègre. Cette rencontre avec les français de l'étranger complétait une visite à Londres où il aura aussi pu discuter avec les étudiants de la London School of Economics and Political Science (LSE) et visiter, en compagnie de Nick Clegg, le quartier écologique de Bed Zed à Hackbridge dans la banlieue sud de la ville2. Pendant les échanges avec la salle à London House, François Bayrou et Nick Clegg auront signalé tout le respect qu'ils avaient l'un pour l'autre, et démontré la convergence de vues entre les deux membres de l'Alliance des Démocrates et Libéraux pour l'Europe (ADLE3), ainsi que leur divergences sur des éléments de politique nationale, qu'ils indiquent être une composante fondamentale de l'UE, sa diversité. Etaient aussi présents plusieurs têtes de liste MoDem aux élections européennes dont Marielle de Sarnez, Nathalie Griesbeck, Jean-Marie Beaupuy , et leurs homologues britanniques des LibDems, dont la Baronne Sarah Ludford4, seule élue LibDem à Londres du parlement sortant.

    Lors de sa présentation en début de réunion, François Bayrou aura insisté sur les atouts considérables de son homologue britannique, « jeune, charismatique et responsable, devant lui permettre de changer le profil de la politique britannique ». Tout comme en France, le Royaume-Uni souffre d'une bipolarisation excessive de sa politique nationale, (même si cela est moins marqué qu'en France au vu du dernier scrutin municipal5), ce que François Bayrou résume, non sans humour, au « choix entre deux erreurs ». Il poursuit en précisant qu'il existe une convergence de vues importante entre les deux partis sur les points essentiels, notamment ceux concernant les liens entre les hommes et leurs systèmes économiques et politiques, tout en notant que des divergences existent aussi, pour l'essentiel liées à des visions politiques nationales (libertés, OTAN, adhésions à l'UE), « ce qui est légitime ».

    Nick Clegg poursuivra la partie présentation dans un français impeccable. Il se dit « grand fan de François Bayrou », ce qui est « a given » (donnée factuelle). Même s'il y a toujours des nuances entre deux pays et deux cultures politiques différentes, plusieurs grands thèmes les unissent : toute réforme économique liée à la crise actuelle, doit aussi s'accompagner d'une réforme politique ; le manque de transparence du système économique est lié au manque de transparence du système politique ; « les risques liés à un monde globalisé (économiques, écologiques, diverses formes de criminalités sans frontières) doivent nous mener à trouver des solutions ensemble, y compris au niveau supranational ». Dans ce dernier domaine il rappelle le principe « there is safety in numbers » (plus on est nombreux, moins on court de risques), du choix simple entre ceux qui souhaitent une réponse européenne aux défis du monde globalisé, et ceux qui ne comprennent pas cela, dont les conservateurs britanniques.

    Les deux têtes de listes pour Paris et Londres, Marielle de Sarnez et Sarah Ludford, poursuivront, l'une insistant sur l'importance de ce type de réunion consacrée aux questions européennes à l'heure où les crises se succèdent, de l'importance de la solidarité européenne avec les pays en développement, et la nécessaire promotion d'un monde multipolaire où l'UE aurait toute sa place, l'autre sur le besoin de combattre le protectionnisme, qui aura fait des ravages lors des crises précédentes, et du besoin de parler d'une même voix auprès des institutions financières internationales.

    La réunion se transforme alors en une série de questions-réponses avec les français de l'étranger et les britanniques présents à London House :

    • L'adhésion de la Turquie : François Bayrou insiste tout d'abord sur la définition nécessaire de la nature de l'UE, une vision continentale faite d'une structure devant servir à promouvoir nos intérêts et nos valeurs, ou la vision plus britannique qui correspond uniquement à un marché commun et une zone de droit européenne. Par ailleurs, la période probatoire actuelle, où la Turquie ne répond pas aux critères d'adhésion, demeure, et la question de sa pleine adhésion reste donc encore ouverte. Il avoue sa préférence pour un partenariat entre l'UE et la Turquie, mais reconnait que c'est une des nuances entre la vision européenne française et britannique. Il suggère de continuer à y réfléchir, sans en faire un sujet de querelles, en respectant tous les acteurs du processus d'adhésion. Il rappelle une anecdote où Jean-Claude Casanova, directeur de la revue Commentaires, rencontrait l'ancien Secrétaire d'Etat américain, Henry Kissinger, qui lui fera ce commentaire au sujet de l'adhésion de la Turquie à l'UE: « si j'étais européen, je serai contre, mais je suis américain, donc je suis pour ».

     

    Nick Clegg préfèrera lui une réponse empreinte du « pragmatisme anglo-saxon ». La grande question pour l'UE ne doit pas être sa définition, mais plutôt la démonstration de ses aspects bénéfiques concrets pour les citoyens européens. Elle doit encore gagner « la bataille des cœurs » et démontrer qu'elle un facteur considérable de prospérité et stabilité. Elle représente pourtant aujourd'hui « une des réponses les plus sophistiquées aux défis de la mondialisation ».* Plus spécifiquement sur la Turquie, les LibDems ont l'ambition de faire entrer la Turquie dans l'UE compte tenu des valeurs communes de tolérance, justice et stabilité, mais cela n'est pas d'actualité. Il précise qu'il s'agit avant tout d'un refus de créer de nouvelles barrières culturelles en EUrope, et du constat que la dernière vague d'adhésions aura permis d'étendre la culture de la démocratie, des droits de l'homme et du pluralisme à l'est du continent, l'UE est ainsi un fantastique catalyseur de valeurs démocratiques.

     

    • L'Euro : les LibDems pensent toujours que l'adhésion du Royaume-Uni sera nécessaire après consultation populaire par voie de référendum, même si le contexte politique britannique ne s'y prête pas compte tenu des instabilités liées à la crise économique et financière. Les autres partis politiques britanniques considèrent que la question a été tranchée, mais Nick Clegg pense que la question reviendra au devant de la scène.

     

    • La Crise Financière : François Bayrou précise que le MoDem et les LibDems sont les deux mouvements les plus européens de leurs systèmes politiques nationaux respectifs. Les questions universelles liées à la crise économique et financière exigent des réponses communes. Deux assurances doivent être données aux électeurs européens : d'une part la protection de leur identité par l'Union, réitérant la devise et la nature de l'UE, qui mettent la diversité et le pluralisme au centre de notre action, d'autre part la transparence nécessaire, la démocratisation inévitable d'une Union qui serait amenée à peser dans les affaires du monde. Dans le premier cas, François Bayrou illustre son propos sur la diversité en précisant avec humour «Je suis très anglophile, je trouve les anglais totalement fous, et c'est délicieux », « je suis un amoureux de Kipling, probablement un des plus grands romanciers de ce siècle » (il profite du lieu pour citer le livre Stalky & Co.6 sur la vie de jeunes garçons dans un collège britannique). Dans le deuxième cas, celui de la transparence, François Bayrou rappelle deux des préconisations du MoDem pour la campagne européenne : toute décision par des institutions européennes doit être précédée d'une période de trois mois pendant laquelle une information doit être mise à disposition des citoyens européens, toutes les délibérations du Conseil Européen doivent être rendues publiques afin d'éviter le double langage entre Bruxelles et les capitales nationales ( « c'est la faute à Bruxelles »).

     

    Marielle de Sarnez complètera le propos sur la crise en soulignant le manque de réponse commune de l'UE, le plan de relance européen n'étant qu'une addition de plans nationaux qui manquent d'ambition.  Les conséquences de ce manque d'ambition se font déjà ressentir avec des millions d'européens qui se retrouvent au chômage, un manque de concertation sur les aides nécessaires pour les PME, aux secteurs les plus touchés comme l'automobile, les grands travaux que pourrait lancer l'Union, ainsi que le principe d'une relance centrée sur le développement durable, et les requêtes d'aides de certains pays de l'Union qui sont traitées par le FMI plutôt que l'UE. Elle considère que le président de la Commission Européenne, José Manuel Durão Barroso, n'est pas à la hauteur des enjeux actuels.

    • La Réforme Politique de l'Europe : François Bayrou précise qu'il n'est pas un fan des traités de 450 pages qui ne sont ni lus ni compris par la majorité des citoyens, et qu'il n'est « pas ému » par le Traité de Lisbonne, contrairement à de nombreux pro-européens convaincus qu'il s'agit d'un grand pas pour l'UE. Plus qu'une réforme des textes, il prône une « réforme des têtes » qui devrait permettre de débattre des questions essentielles et universelles à l'échelon européen (il donne l'exemple de la Guerre d'Irak qui aurait pu être l'occasion d'un grand débat européen mettant en avant les convergences de vues transnationales), plutôt que de détails techniques (la fabrication du vin Rosé, l'extension des paris en ligne, etc.).

    Nick Clegg insiste pour sa part sur le rôle historique de l'Union, une des plus grandes réussites politiques de la deuxième moitié du XXème siècle et de ce début de XXIème siècle. Cependant, les leçons des crises économiques précédentes doivent être prises en compte : la xénophobie, le populisme, le protectionnisme, l'insularité ont tous régulièrement suivi ces crises. Une des clés de cette élection au Royaume-Uni pour les pro-européens, doit être la mise en avant des valeurs d'ouverture, d'optimisme et d'interdépendance pour contrer ces tentations historiques.

     

    • Les Partis Politiques Européens, est-ce une bonne idée ? est-ce faisable: Pour François Bayrou, la constitution de familles politiques à l'échelle continentale est forcément une bonne chose, mais cela doit passer par l'émergence de plusieurs familles (et pas uniquement deux qui se partagent les postes et placent des apparatchiks à la tête du parlement européen), plus fédératrices et plus nuancées. Pour Marielle de Sarnez, ces familles politiques européennes créent une vie politique européenne. Elle propose que lors de futurs scrutins, 10% des députés européens soient élus dans une grande circonscription continentale unique, rendant ainsi plus visibles les grands courants politiques transeuropéens.

     

    • Politique Agricole Commune  (PAC): Plutôt qu'une plus grande concurrence et une organisation des quotas, François Bayrou prône une plus grande organisation des marchés. Ce qui était impossible hier (lois de la nature sur le ratio production / vente) l'est devenu aujourd'hui (diversification des consommations de produits agricoles vers les secteurs industriels ou énergétiques sous forme de biomasse). Les subventions auront aussi créé une culture de dépendance et des problèmes de développement avec les subventions aux exportations. Il s'agit donc de passer vers une « organisation raisonnable des marchés » répondant aux possibilités nouvelles de cette diversification et au x besoins de préservation du tissu agricole européen.

     

    Sur la part considérable du budget européen consacrée à la PAC, Marielle de Sarnez précisera que cela demeure dérisoire au vu du montant global de ce budget, comparable au déficit budgétaire français. Cependant, elle souhaite voir une augmentation de ce budget qui améliorerait la PAC en insistant sur le développement durable, et en limitant les subventions aux exportations (de même que cela serait nécessaire aux Etats-Unis), mais aussi qui consacrerait plus de fonds à la recherche européenne, au développement énergétique, etc .

     

    Jean-Marie Beaupuy, spécialiste de ces questions au Parlement Européen et candidat MoDem dans la région Massif Central - Centre7, précisera qu'au-delà des marchés et de l'environnement, le point central de cette question ce sont les agriculteurs eux-mêmes. François Bayrou complètera le propos en spécifiant que lorsqu'une agriculture disparaît, elle ne se recompose pas, c'est une donnée culturelle qu'il ne faut pas négliger.

     

    • Politique de Santé : Sur la plus grande convergence des systèmes de santé européens, François Bayrou signalera que chaque pays a sa propre logique historique. Il peut ainsi être très dangereux de changer de logique sans réflexion préalable sur les conséquences potentielles. Cela ne doit cependant pas empêcher de voir les problèmes croissants du système de santé français, avec des listes d'attentes devenues considérables pour consulter certains spécialistes.

     

    • Les Organisations Supranationales : Plutôt que le mot supranational, qui peut sous-entendre que cela se fait en dehors des communautés établies de citoyens, et en évitant le mot fédéral qui a des connotations d'autorité suprême dans certains cercles (l'inverse de l'origine du mot qui exprimait une communauté citoyenne), François Bayrou reformulera le concept sous la forme de « démarche coopérative », en insistant sur la transparence nécessaire de cette coopération pour les citoyens.

     

    • Les positions de l'ADLE sur la crise climatique  et Copenhague : Marielle de Sarnez note que les positions de l'ADLE et des Verts sont les plus en pointe sur les questions environnementales, notamment grâce aux LibDems au sein de l'ADLE. Même si l'UE a donné son accord sur le principe des trois fois 20%, Marielle de Sarnez considère que cela est insuffisant, surtout pour ce qui est de la réduction des Gaz à Effet de Serre qui peuvent s'effectuer par échange de quotas.

     

    • L'aide au développement : Marielle de Sarnez précise que même si l'UE est le premier contributeur à l'aide au développement cela est insuffisant au vu des objectifs du millénaire et de la pauvreté croissante dans certains pays en développement. Elle insiste sur le nécessaire regard des effets de cette aide pour réduire la pauvreté, en toute vraisemblance, cette aide ne va pas suffisamment dans les bonne poches. Ces politiques doivent aussi être repensées en intégrant le pillage des ressources naturelles par les européens, les américains et les chinois, qui empêchent un développement structuré de ces pays.

     

    • La Présidence de la Commission Européenne : selon François Bayrou et Marielle de Sarnez, José Manuel Durão Barroso ne peut être le candidat unique à ce poste, cela doit faire l'objet d'un débat. Jean-Marie Beaupuy précisera que Barroso est trop à la remorque des Etats, sans dynamique propre fixant des orientations communautaires. François Bayrou propose deux candidats pour ce poste, deux hommes qui « pourraient faire d'excellents présidents de la Commission », « un jeune ancien » qui aura eu le mérite de tenir le gouvernement belge pendant huit ans, Guy Verhofstadt, et un « vieux sage », l'italien Mario Monti, commissaire européen entre 1994 et 2004, président de l'Université Bocconi, et responsable du Think Tank Bruegel8.

     

    L'impression de l'auteur : c'est la première fois que j'ai l'occasion de voir personnellement François Bayrou à l'extérieur de l'hexagone. L'impression persistante que m'aura laissé cette soirée à Londres, aura été de voir un homme heureux de vivre la diversité européenne, que ce soit avec les français de l'étranger, les britanniques venus l'entendre, les étudiants d'une des écoles les plus prestigieuses du pays, les habitants des quartiers périphériques de la ville. Aussi à l'aise avec les citoyens européens, qu'il l'est avec les citoyens français et ceux des Pyrénées Atlantiques, aussi à l'aise parmi ses homologues européens, qu'il peut l'être avec les hommes et femmes politiques français. L'homme a décidément le gravitas, le charisme, et la disponibilité des grands Hommes d'Etat, à l'échelle française et européenne.

    De même, avoir l'occasion de voir les candidats MoDem aux européennes dans leur environnement de travail naturel, celui de la discussion et du partage d'analyses entre députés de nationalités différentes, sur des sujets de la plus haute importance, en maximisant la transparence, dans leurs échanges et leurs préconisations, m'a convaincu qu'une campagne européenne, traitant du fond et non uniquement de la forme,  est bien en cours grâce aux efforts considérables des candidats de l'ADLE. Les médias traditionnels ne le reflètent pas, et c'est bien dommage.

    Dernière réflexion : les députés MoDem et LibDems auront démontré tout au long de la soirée la convergence de vues franco-britannique, là où aucune autre famille politique pouvant exercer des responsabilités gouvernementales dans ces deux pays (PS-New Labour / UMP - Conservatives) n'aurait réussi à le faire.

    Comme promis à l'Hérétique, ceci est un compte-rendu non officiel de la réunion de Londres (seul le prononcé fait foi).

    Arnaud Hoyois (devenu récemment résident au Royaume-Uni)

    www.quindiblog.eu

     

    * Si Claudio Pirrone (Skeptikos9) me lit, qu'il sache que malgré ses racines italiennes, il a une convergence de vues totale avec les LibDems en termes de stratégie électorale (le pragmatisme commun entre son lieu de résidence en Bretagne et la Grande-Bretagne ?)

    1 http://www.mouvementdemocrate.org.uk/

    2 http://www.lefigaro.fr/politique/2009/04/28/01002-20090428ARTFIG00013-quand-bayrou-savoure-ses-bons-sondages-.php

    3 http://www.alde.eu/fr/

    4 http://www.sarahludfordmep.org.uk/

    5 http://www.quindiblog.eu/log/2008/05/quindi-la-triad.html

    6 http://en.wikipedia.org/wiki/Stalky_%26_Co.

    7 http://europe.lesdemocrates.fr/jean-marie-beaupuy/

    8 http://www.bruegel.org/

    9 http://skeptikos.dremm.net/

     

  • Bayrou et le co-développement, niger, cas d'école...

    Je suis pour que l'on protège les régions les plus fragiles du monde, pour qu'on les rende autonomes en matière de production agricole et de production industrielle. Ce que nous avons fait après la guerre pour les pays européens, je considère que c'est un devoir que nous le fassions pour eux et pas que nous continuions ce qu'il faut bien appeler des politiques colonialistes, qui consistent à aller leur piquer leurs matières premières, en particulier l'uranium, à les transformer chez nous en produits finis et à leur renvoyer chez eux, faisant que ces pays sont absolument exploités et ruinés. J'ai vu des choses dans les déplacements récents du président de la République à ce sujet qui doivent nous donner à penser. Ceci est impossible, surtout dans la période de crise que nous sommes en train de vivre. On a fait une politique agricole commune dont le but était de réserver aux producteurs européens au marché européen. On doit faire la même chose pour les producteurs africains. Voilà des idées simples qui vont nous servir de marques de fabrique, d'identité, dans le grand débat européen.

    Bon, il y a été fort le père Bayrou, mais, sur le fond économique de la chose, il a raison. Il faut absolument créer les conditions d'un éco-système de la richesse dans les pays les plus fragiles. Cela dit, cela ne suffira pas. La misère prospère aussi sur la corruption endémique qui caractérise ces pays, et, sur ce point, c'est un lieu commun qui m'agace que d'en accuser les gouvernements occidentaux ou les multi-nationales. Non que ces derniers soient blancs comme neige, mais simplement parce que les responsabilités sont largement partagées par les pouvoirs en place.

    Cette réflexion me semble correspondre, à certains égards, à celle de Prahalad et son Bottom of Pyramid. J'en développerai bientôt les différents aspects. J'aurais pu penser qu'il y avait de la part de Bayrou un discours convenu sur la ruine de ces pays , mais, objectivement, pour le Niger, tout au moins, on ne peut pas dire que nos entreprises aient contribué au développement. AREVA (autrefois COGEMA) exploite les mines d'uranium du Niger depuis près de 50 ans et que l'on ne peut pas dire que cela ait apporté grand chose à ce pays, classé comme l'un des plus pauvres de la planète.

    Et puis, AREVA agit avec une totale absence de scrupules là-bas : l'exploitation génère des déchets radio-actifs qui ne sont pas traités, au mieux, recouverts de remblais de terre, l'eau est contaminée et on utilise même des matériaux radio-actifs eux aussi pour construire des écoles ou des dispensaires. AREVA transmet des informations erronnées et de surcroît, quand il y a réaménagement, c'est par le biais de fonds européens. Des villages entier ont été délogés de force, et AREVA compte utiliser de l'eau fossile qui serait pourtant bien utile aux habitants assoiffés.

    Une députée verte européenne, un tantinet agacée, a d'ailleurs posé une question orale à la Commission européenne et au Conseil Européen, jeudi dernier. On attend la réponse. Corinne Lepage, vice-présidente du MoDem, suit également avec attention l'évolution de la situation. Elle observe, tout comme François Bayrou, avec justesse, que cette exploitation ne mène par ailleurs nullement à l'indépendance énergétique de la France, bien au contraire.

  • La bombe nucléaire ne doit pas tomber entre les mains des Talibans !

    La situation au Pakistan est très préoccupante.Les Talibans qui ont toujours su utiliser la poreuse frontière entre Pakistan et Afghanistan ont réalisé que le Pakistan était en fait militairement très faible. Ils n'ont donc pas tardé à mettre à profit l'absence de décision et de résolution à Islamabad et se sont enfoncés dans la vallée du Swat.
    La réflexion stratégique occidentale a longtemps vécu avec l'impression que la supériorité technologique suffisait, même dans une guerre conventionnelle, pour venir à bout de l'adversaire. Or, rien n'est moins sûr : en Afghanistan et au Pakistan, la guerre que mène les Talibans n'est pas seulement une guerre de guérilla, comme on aimerait le croire, mais par moments, une vraie guerre conventionnelle. Les Français qui ont perdu 10 soldats il y a peu dans un épisode de guerre classique ont vocation à être les premiers à y réfléchir. A Dien Bien phû, à sa grande suprises, l'armée régulière française s'est fait battre à plat de couture dans une bataille tout à fait conventionnelle.
    Avec un armement suffisant, même s'il n'est pas technologiquement avancé, il se pourrait bien que les forces talibanes soient capables de battre l'OTAN dans le cadre d'une guerre conventionnelle.

    Nous ne devrions pas écarter d'un oeil dédaigneux une telle hypothèse, mais la prendre très au sérieux. Au Pakistan, la bombe nucléaire a tenu en respect l'Inde pendant des années, mais elle est sans effet face aux Talibans.

    Le silence de l'armée pakistanaise est extrêmement surprenant : les Talibans sont à 100 kilomètres au plus du centre de commandement militaire du Pakistan, et pourtant, le gouvernement se contente d'un improbable cessez-le-feu !

    Le monde civilisé ne peut pas prendre le risque d'attendre que les Talibans s'emparent des armes nucléaires du Pakistan. Il ne le peut à aucun prix. Je ne sais pas si les Américains ou les Européens ont prévu un plan B, mais ils feraient bien de s'interroger très vite.

    Hilary Clinton va devoir user de tous ses talents de diplomate pour oeuvrer à restaurer la sécurité de la région. Zardari, sans surprise, et le PPP sont le manifeste même de l'incompétence, de la corruption et du népotisme. On a présenté le Parti du Peuple Pakistanais comme une force de progrès. J'ai eu l'occasion de dire ce que je pensais de Benazir Buttho et de son clan sur ce blog. Une famille qui maintient le servage dans son fief ne saurait constituer une force de progrès.

    La situation est très grave. Je ne suis ni stratège ni tacticien, ni militaire de carrière, mais il y a au Pakistan les ingrédients d'un cocktail explosif et nucléaire. Le programme iranien, à côté, c'est du pipi de chat.

    L'armée pakistanaise a les yeux rivés vers l'Inde, sans prendre garde que le scorpion que ses services secrets ont nourri s'apprête à la piquer. Étrange paradoxe que le sort de ces malheureux pakistanais : les dernières élections ont montré que l'islamisme fanatique reculait là-bas. Les attentats incessants des suppôts des Talibans ont retourné l'opinion publique Pakistanaise contre l'Islam radical et terroriste. Mais les Pakistanais sont tétanisés et attendent en silence, comme hypnotisés par un cobra, leur mort.

    Si le terrorisme islamique s'empare des armes nucléaires, il les utilisera. Nous ne pouvons courir ce risque. Ne faut-il pas se préparer d'ores et déjà pour la première fois depuis 60 ans à une véritable guerre ? Non une guerre de guérilla, non une guerre coloniale ou néo-coloniale, mais à une vraie guerre ?

    Post scriptum : en farfouillant à droite et à gauche, j'ai trouvé dans un magazine israélien qu'il y aurait un plan se secours : déménager l'arsenal nucléaire en lieu sûr !

  • Ahmadinejad est foutu mais Delara Darabi en grand danger !

    S'il y en a bien un qui est aux abois, c'est bien l'actuel président de l'Iran. Rappelons quelques faits : Ahmaninejad a été élu en raison de son image d'homme propre et surtout, pour améliorer la situation économique. Or, les Iraniens commencent à en avoir plein le dos de voir l'Iran dépenser des milliards de dollars pour financer le Hezbollah et le Hamas au Liban et en Palestine pendant que leurs propres enfants ne mangent pas à leur faim...

    Parce qu'il va bien falloir évoquer le bilan d'Ahmaninejad, et il est désastreux de l'avis des Iraniens eux-mêmes. Tout d'abord, en dépit de ses rotomondades, ils sont à plus de 70% favorables à l'apaisement de leurs relations avec les USA. Ensuite, concernant la politique extérieure, Ahmadinejad vient de f..... en l'air ce que l'OCI (Organisation de la Conférence Islamique) mijotait depuis un moment. Ses outrances à Durban II ont amené en effet les pays islamiques et non-alignés (en fait alliés de facti avec ces mêmes mays) à admettre un accord a minima excluant 95% de ce qu'ils voulaient voir disparaître ou apparaître. Il faut dire que sur le délit de haine envers les religions, à moins de cibler spécifiquement l'Islam, ces pays-là se seraient avancés sur un terrain très glissant compte-tenu du sort qu'ils réservent aux minorités religieuses (par exemple en Algérie) ou simplement à leurs citoyens, s'ils ont été musulmans, lorsqu'ils souhaitent changer de religion...

    Pour revenir à l'Iran, Khameiny, le Guide suprême de la Révolution, n'a jamais été négationniste, et, de source bien informée, il paraît que ce sont ses émissaires qui se trouvent auprès de ceux d'Obama et non ceux d'Ahmadinejad. Ahmadinejad est lâché par son camp. Il faut dire que ce n'est plus le bon cheval de bataille, désormais.

    delara-medium.jpgIl n'en reste pas moins qu'il ne faut pas se leurrer sur la nature de l'Iran (et je dis ceci en particulier à Pastel, l'un des lecteurs et commentateurs réguliers de ce blog qui s'en inquiète) : ce n'est pas une démocratie, et le système judiciaire iranien est vérolé jusqu'à la moëlle. A témoin la condamnation fallacieuse toute récente de Roxana Saberi mais aussi la menace qui pèse sur une jeune fille beaucoup moins connue et médiatisée mais, elle, en danger de mort imminente, Delara Darabi. D'une part Delara a endossé un crime à la place de son petit ami et d'autre part, elle n'avait que 17 ans au moment des faits. Autrement dit, l'Iran condamne à mort une enfant. C'est simplement que le jugement et la sentence n'ont pas été appliqués immédiatement. De ce que j'ai compris, le petit ami de Delana avait 19 ans au moment des faits : comme Delana avait 17 ans, elle s'est accusée afin de lui éviter la peine de mort immédiate puisque comme majeur, il pouvait se la voir appliquer.

    Il y a une pétition pour Delana. Dephine Minoui, du Figaro, a écrit elle-même un article qui précise la situation.

    J'inviterais bien le Sénateur Nathalie Goulet, très prompte à trouver l'Europe gagnante à établir de bonnes relations avec l'Iran (voir les commentaires et ses interventions au Sénat), non moins prompte à approuver et applaudir des deux mains Erdogan et condamner Israël (voir les communiqués des 04 et 31 janvier 2009), à signer cette pétition. Ce serait une bonne idée, non ? Et puis tant qu'à faire, puisqu'elle est membre du groupe centriste au Sénat, l'Union centriste ne saurait se faire de mal en prenant position pour cette malheureuse jeune fille... L'Iran a bien signé la convention internationale sur les droits de l'enfant, non ? Delara s'est ouvert les veines il y a deux ans pour se suicider, mais elle a pu être soignée à temps. Delara, dans les noirs couloirs de la mort de son cachot est devenue une artiste. Elle a réalisé une série de tableaux illustrant les conditions de vie amères et sans espoir de ces enfants qui attendent la mort, en Iran. Quand ses geôliers s'en sont rendus compte, ils lui ont confisqué tout son matériel de peinture. Et quand elle a utilisé du charbon pour crayonner sa souffrance sur les murs de la prison, ils l'ont soumise à des brutalités émotionnelles et physiques.

    Ses défenseurs se sont bien organisés : il y a un profil de Delara sur Twitter où l'on peut avoir les toutes dernières informations la concernant. Sa famille a envoyé vendredi dernier une lettre àl'Ayatollah Hashemi Shahroudi, le chef du pouvoir judiciaire en Iran, afin de surseoir à l'exécution.

    Il n'y a pas d'adresse électronique pour envoyer des courriels à l'ambassade d'Iran en dehors de l'établissement de visas, mais il y a des numéros de fax. Mais bon, ils ne doivent pas prendre la France très au sérieux : il y a une ligne de code invalide sur la base MySql à la page d'accueil en français, et le mot accueil est écrit "acceuil". Un signe de la considération dans laquelle les Iraniens tiennent les Français, je présume.

    Il y a sinon une page pour les députés du Majis (l'Assemblée perse) mais en persan... A défaut, il y a au moins une adresse électronique sur le site du Ministère des Affaires étrangères de la République d'Iran.

  • Durban II, il faut y rester !

    Je serai court et bref sur Durban II : en dépit des pitreries d'Ahmaninejad, il faut y rester pour les raisons très simples que Bernard Kouchner et Rama Yade ont énoncé avec beaucoup de bon sens , et je cite l'un et l'autre.

    Bernard Koucher :

    «Tout ce que nous voulions mentionner, c'est-à-dire l'antisémitisme, la discrimination sur les personnes, la liberté d'expression, le génocide, a été mentionné. La mémoire de l'Holocauste, les droits des femmes ont été mentionnés, la traite des êtres humains, les personnes atteintes du VIH, les personnes handicapées»

    Rama Yade :

    «le texte qui sert de base à la conférence (...) est équilibré et ne dépasse pas les lignes rouges fixées par la France. Ce texte a notamment été expurgé des déclarations à connotation antisémite (...) N'y figure plus également le concept de diffamation des religions que nous ne souhaitions pas voir intégré dans le corpus international»

    Voilà, c'est aussi simple que cela, et si c'est vrai, c'est en effet une victoire. Ce qui compte, il faut bien que tout le monde s'en persuade, ce ne sont pas les paroles d'un jour mais les écrits. Verba volant, scripta manent...

    Voici précisément ce que l'on trouve affirmé dans la déclaration finale qui vient d'être adoptée. C'est un pas de géant, quand on considère qui y participe...

    Le document final réaffirme que « tous les peuples et individus constituent une seule famille humaine ». Il « condamne les législations, politiques et pratiques fondées sur le racisme » et réaffirme que « toute dissémination d'idées fondées sur la supériorité raciale ou la haine, la provocation à la haine raciale ainsi que tous actes de violence et de provocation à ces actes soient reconnus comme des délits punissables par la loi ».

    Lisons plutôt le texte qui vient d'être voté (c'est un brouillon, mais le texte final est sensiblement identique).

    Il affirme que « la démocratie et une gouvernance transparente et responsable et participative » est essentielle pour lutter contre le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie.

    Le texte déplore « la croissance mondiale du nombre d'incidents racistes ou d'intolérance et de violence religieuse, y compris d'islamophobie, d'antisémitisme, de christianophobie, et d'anti-arabisme manifesté notamment dans les stéréotypes insultants et la stigmatisation des personnes fondés sur leur religion ou leurs croyances ».

    Enfin, le texte exprime sa préoccupation face « à la persistance des discriminations contre les femmes et les filles sur la base de la race ». Il souligne aussi « dans le contexte des discriminations multiples, la nécessité de traiter toutes les formes de violence contre les femmes et les enfants comme un délit punissable par la loi ».

    Jamais on n'avait été aussi loin. En réalité, Durban II est une grande victoire, car on pourra désormais s'appuyer dessus contre les pays qui ne respecteront pas ce qui y est écrit.

  • Et si les USA se désagrégeaient ?

    C'est cette note surprenante dans les Carnets de Clarisse qui m'a mis la puce à l'oreille : le Texas menace de faire sécession en raison des hausses d'impôt. Là où ça, craint, c'est qu'il n'est pas seul : 21 autres états ont en fait déjà autant et réclament le retour à leur souveraineté ! Eh oui, on l'oublie, mais les USA sont un état fédéral ! En dépit de la Guerre de Sécession, ils se sont construits par consentements mutuels...Comme notre actuelle Europe, au demeurant. Daboliou avait été élu grâce aux voix des fameux hillbillies, vous avez, ces américains des campagnes, sortes de ploucs réactionnaires moyens qui peuplent les grandes étendues vertes ou rocailleuses de l'Amérique et se satisferaient tout à fait d'un retour au Far West. Et il y en a justement une sacrée tripotée au Texas. Le Texas rejoindrait volontiers les États pétroliers, c'est à dire les États sans industrie et dont les habitants ne seront plus rien quand les ressources pétrolifères seront épuisées. Le problème, avec les collines, chez les Hillbilies, c'est qu'on a courte vue...Ironie du sort ? Clarisse souligne qu'un ancien des services secrets russes, Igor Panarin, a élaboré une théorie selon laquelle les USA devaient se disloquer en 2010. Je cite texto le passage :

    Selon lui, les tensions économiques, financières et démographiques provoqueront une crise politique et sociale, menant certains États à faire sécession, puis une guerre civile, avec comme conséquence l’éclatement du pays en 5 blocs homogènes, chacun entrant dans la sphère d’influence d’une grande puissance (Chine, Canada, Union européenne, Mexique, Russie).

    Il y a peut-être un gros coup de bluff derrière tout cela, mais, à mon avis, Obama marche sur des oeufs...J'en profite pour refaire un coup de pub pour l'Alliance géostratégique, c'est une source d'informations tout à fait unique sur l'International. Mieux que ce que font la plupart de nos quotidiens. Mieux, même que Courrier International ou le très tiers-mondiste Monde Diplomatique, pourtant des références. A lire à à relire sans modération !