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International - Page 30

  • Iran, qu'Israël ne commette pas cette folie !

    J'entends et je lis dans la presse spécialisée et informée qu'Israël songe à attaquer les installations nucléaires de l'Iran si Européens et Américains n'obtiennent rien de cette nation d'ici la fin de l'année 2010.

    Israël ne pourrait pas commettre une erreur plus grave que celle-là. Tous les Iraniens se retrouveraient soudés derrière le bouffon Ahmadinejad au moment même où la contestation ne désarme pas en Iran. Cela hypothèquerait durablement toute perspective de libéralisation de ce régime pour longtemps.

    Ensuite, il ne faut pas imaginer que l'Iran ne réagisse pas. Il y aurait au minimum un échange de missiles, et cette attaque convaincrait définitivement le régime iranien de l'absolue nécessité de se doter de l'arme atomique.

    Les pays Arabes avoisinant voient d'un très mauvais oeil l'ennemi  héréditaire perse posséder la bombe et pas eux. Nul doute que plusieurs d'entre eux sont très tentés de franchir le pas. Il pourrait y avoir alors une course à l'armement nucléaire, dans la zone la plus explosive de la planète.

    Une guerre des six jours n'est plus possible : les temps ont changé, le monde n'est plus bipolaire. Il n'y a plus deux blocs pour pouvoir retenir de part et d'autre les impulsions guerrières. La donne stratégique a changé, Israël doit revoir sa politique de défense et de sécurité. Il existe désormais d'autres grands, et l'un d'entre eux, au moins, ne s'assume pas comme grand et encore moins comme gendarme du monde : la Chine. Elle dissémine à tout va la technologie nucléaire, et peu importe si la bombe éclot aux quatre coins de la planète.

    La seule option qui peut faire plier l'Iran, ce ne sont ni les menaces, ni l'agitation médiatique, ni une attaque éclair, mais les sanctions économiques, bien plus efficaces. Les Persans sont des commerçants, sur le fond, et même de bons commerçants : le Bazar verrait d'un très mauvais oeil tous les marchés se fermer et les affaires péricliter à cause du jusqu'au-boutisme de quelques énervés.

    En réalité, la vraie difficulté, aujourd'hui, c'est de convaincre la Russie et la Chine de rejoindre l'Europe et l'Amérique dans une politique de sanctions économiques. Il faut donner des gages à la Russie, ce qu'Obama a commencé à faire avec l'abandon du bouclier anti-missiles de Bush, et pour la Chine, il n'y a rien à espérer sans contreparties : les Chinois ne donnent rien pour rien.

    Ce sont ces voies qu'il faut explorer. Si l'actuel gouvernement fait la sottise de s'enferrer dans le plus néfaste et pernicieux des scenarii, ce pourrait bien être tout le peuple israélien qui en paie à court terme la facture.

    Israël doit sortir sa politique étrangère de la mythologie dans laquelle elle baigne depuis la création de l'État en 1948 pour rentrer dans l'ère du réalisme et du pragmatisme. Se défendre, c'est une chose, mener une attaque préventive contre un état, qui, après tout, ne l'a jamais attaqué, en dépit des discours bellicistes tenus, c'est une autre histoire.

    Un dernier détail : l'Iran finance le Herzbollah et le Hamas se tiennent relativement tranquilles depuis quelques temps. Il est évident qu'en cas d'attaque de l'Iran, ils s'empresseraient de déclencher à nouveau les hostilités, notamment à partir du Liban.

    Cela ferait beaucoup en même temps pour Israël. Son armée est une armée puissante en entraînée, mais ses effectifs sont limités et elle n'est pas invulnérable, comme l'ont montré ses échecs relatifs face au Hezbollah (et le Hezbollah, aussi organisé soit-il, n'est qu'une guérilla !!!).

    In fine, même si l'Iran se dotait de l'arme nucléaire, cela ne changerait pas fondamentalement la donne stratégique dans la région : il s'y substituerait simplement un équilibre de la terreur bien inquiétant qu'Européens et Américains, (mais aussi Russes et Chinois !!!) ont tout intérêt à éviter.

  • La France au service de la répression à l'UNESCO ?

    Je voudrais revenir sur la récente élection d'Irina Gueorguieva Bokova à la tête de l'UNESCO. C'est un vrai miracle, en fait, si l'on considère le vote de plusieurs pays européens dont la France aux tours précédents. En effet, France, Espagne, Italie et Grèce ont vraisemblablement soutenu Farouk Hosni pendant longtemps, y compris par leurs votes. Autrement dit, nous aurions pu avoir aujourd'hui un individu qui a réprimé à tour de bras les intellectuels en Égypte, qui a trempé dans la répression policière et dont les excuses hypocrites ne parviennent pas à masquer les propos antisémites les plus idiots que j'ai jamais entendus, à la tête de l'UNESCO. Avec l'aval de la France. Parce que Nicolas Sarkozy a promis à son ami Moubarak d'appuyer l'Égypte. Si l'Égypte voulait obtenir un soutien franc de l'Europe, il lui revenait de proposer une candidature recommandable.

    Si l'histoire finit bien, je suis écoeuré. Écoeuré de l'absence morale et de scrupules de notre gouvernement et de notre président. Oh, certes, il n'est ni pire ni meilleur que ceux qui l'ont précédé. Chirac, Mitterrand, VGE, tous en ont largement fait autant, et sans doute Pompidou aussi et même de Gaulle.

    Compte-tenu de la mission la plus connue de l'UNESCO, le répertoire des patrimoines classés, on pouvait comprendre que l'Égypte, qui fait tant pour son patrimoine national, fut aux premières loges. Mais pas en proposant n'importe qui ! Il serait revenu aux pouvoirs publics français de dire très tôt et amicalement aux Égyptiens : "d'accord, on vous soutient, mais, on vous prévient, il nous faut une candidature sans tâches. A vous de trouver la perle rare, et en Égypte, elle existe certainement".

    A titre personnel, j'étais favorable à l'Égypte, mais très défavorable à Farouk Hosni. Et je trouve que les raisons pour lesquelles la France a soutenu l'Égypte sont mauvaises. Nicolas Sarkozy a voulu ainsi remercier Hosni Moubarak pour son adhésion à l'UPM (Union pour la Méditerranée). Le grand chantier du Grand Phare d'Alexandrie et la perspective alléchante de redresser l'une des sept merveilles du monde antique, voilà quelle raison objective l'on pouvait trouver pour soutenir l'Égypte.

    Quel gâchis ! Mais aussi, quelle absence de morale que de confier à un individu aussi peu scrupuleux les clefs d'un organisme aussi prestigieux et louable que l'UNESCO, dont l'une des missions fondamentales est de garantir l'éducation aux enfants.

    Je déplore hautement que sur une telle question, ce soit un seul homme, le président, qui décrète unilatéralement et sans la moindre consultation quel doit être le vote de la France. Un tel enjeu aurait du arriver jusqu'à la représentation nationale.

    Le MoDem a sur les relations internationales et leur traitement par les pouvoirs publics une position claire :

    De nouvelles institutions doivent offrir le droit et le devoir de participer à la réflexion sur la politique étrangère du pays. 1ère conséquence formelle : le Président de la République, doit assumer un grand rapport annuel devant le Congrès - qui rassemble l’ensemble du Parlement français, un discours sur l'état du monde, et le Parlement doit retrouver le droit à écrire des résolutions - qui ne s'imposent pas au Président de la République.

    C'est une première rupture qui ne fait que retrouver le cadre d'une démocratie de plein exercice. 2ème inflexion, qui tient à la philosophie de la politique étrangère de la France. La démocratie n'est pas un luxe de pays riche, elle n'est pas le fruit du développement. La démocratie c'est le développement, et même dans un grand nombre de cas, la condition du développement. Tous les hommes y ont droit, pas seulement ceux qui ont la chance d'appartenir à un pays riche, et cela doit devenir la ligne principale de la politique étrangère française. Cela tourne la page sur ce qu'on a appelé ce matin le "relativisme intéressé" - on accepte les dictatures si elles contribuent à un ordre international qui nous arrange. Ce qui veut dire : soutien actif aux opposants qui portent le poids, lourd, rude, des dictatures.

    Ras le bol du domaine réservé. La politique étrangère m'appartient autant qu'à mon président, et je veux pouvoir interpeler députés et sénateurs quand la France agit mal à mes yeux. Évidemment, toutes les promesses de campagne de Nicolas Sarkozy se sont évaporées.

    Quant à la position du MoDem, je précise qu'elle est exactement celle de François Bayrou lors des présidentielles...

  • La corde pour les pendre

    La corde pour les pendre, c'est le titre d'un ouvrage écrit en 1985 par le reporter Éric Laurent. Un ouvrage très bien documenté et très bien écrit, qui analyse les relations troubles entre les milieux d'affaire occidentaux et les régimes communistes totalitaires dès 1917. Il analyse en particulier les relations privilégiées entre le milliardaire rouge Armand Hammer (décédé en 1990) ex-dirigeant de l'Occidental Petroleum et les dirigeants du Kremlin (Lénine fut l'un de ses amis). J'ai lu ce livre il y a un certain temps et j'en ai retenu le verdict des communistes sur les capitalistes : ils y disaient que les capitalistes finiraient par leur vendre la corde nécessaire à leur propre pendaison. Rien ne peut entamer la bonne marche des affaires.

    J'ai pensé à ce livre, parce que je viens d'apprendre que l'État français s'apprête à modifier tranquillement son code civil afin de pouvoir introduire sur son sol la finance islamique et notamment les fameux sukkuks. Qu'est-ce qu'un sukkuk (prononcer soukouk, et pas moyen de savoir s'il y a un seul "k" ou deux "k") ? Un astucieux système pour contourner l'interdiction par la sharia de toucher des intérêts : en fait, ce sont des sortes de titres qui correspondent à des fonds ayant permis d'acheter du matériel. Ce matériel est loué en leasing à une entreprise, et c'est le loyer qui représente en fait l'intérêt du titre, à proportion de la participation initiale. Eh bien sûr, ces titres peuvent s'échanger sur les marchés financiers islamiques... Il existe, de toutes façons, dans la finance islamique, une série de stratagèmes pour pouvoir faire du fric en toute bonne conscience... Ce n'est pas l'apanage de l'Islam. En son temps, l'église catholique vendait même des pardons et des places au Paradis, tout ce qu'il y a de plus officiellement...

    Eh bien devinez ce que vient de faire le Parlement français ? Il vient de faire passer une proposition de loi comportant un amendement modifiant notre code civil afin d'introduire ces obligations islamiques en droit français. Oulah ! J'espère que l'église de la scientologie ou les Raëliens ne vont pas un jour émettre des titres raëliens ou scientologiques : modifierons-nous notre droit en conséquence ? En tout cas, le projet de loi se trouve ici . Il faut lire en particulier l'article 6 sexies B.

    A la lueur de ce que j'ai écrit, on comprend que le principe du sukkuk va forcément modifier la notion même de propriété en droit français. En effet, le droit français ne distingue pas propriété juridique et propriété économique (bénéficiaire). Nous allons créer en France un nouveau type de propriété, tout droit inspiré du Coran, je cite l'argument du rapporteur du projet. Il serait  ainsi précisé que :

    «  Le fiduciaire exerce la propriété fiduciaire des actifs figurant dans le patrimoine fiduciaire, au profit du ou des bénéficiaires, selon les stipulations du contrat de la fiducie. »

    Inspiré du dispositif anglo-saxon, le présent article propose d'expliciter ce qui est déjà en germe dans l'article 2011 du code civil. Il s'agit de préciser que le fiduciaire acquiert la propriété fiduciaire des biens, c'est-à-dire qu'il acquiert non la propriété de l'article 544 du code civil (usus, fructus, abusus), mais une propriété d'un nouveau type, une propriété avec charge. Le fiduciaire dispose certes des attributs juridiques de la propriété, mais ne peut exercer ce droit que dans les limites et sous les conditions posées par le contrat de fiducie en faveur du ou des bénéficiaires. Pour résumer, le fiduciaire bénéficierait de la propriété juridique des biens alors que le bénéficiaire bénéficierait de la propriété économique des mêmes biens.

    Voilà ce qui figurait dans le projet, je suppose que c'est à peu près cela qui a été voté. Il existe plusieurs types de sukuks (un "k" ? deux "k" ?), mais ce sont les sukuks idjara qui sont principalement visés par la nouvelle loi. La corde pour les pendre, je vous dis...

  • Alger pourrait se doter de l'arme nucléaire

    Intéressant article que celui que publie Secret Défense aujourd'hui. Le blog s'ouvre sur une synthèse consacrée au dernier livre de Bruno Tertrais, expert reconnu des questions nucléaires. Ce dernier vient de publier un ouvrage intitulé "le marché noir de la bombe". D'après un extrait que cite Secret Défense, l'Algérie aurait les moyens matériels et technologiques de produire entièrement toute seule une bombe nucléaire et disposer, en la matière, de capacités "dormantes".

    A vrai dire, la chose n'est pas tout à fait nouvelle : le Maroc, voisin immédiat de l'Algérie, s'en était déjà inquiété dès 2003 comme le rapporte par exemple le n°558 du 16 au 22 mai 2003 ou encore le n° 613, un an plus tard du magazine Maroc Hebdo International. Pour l'instant, seule la presse du Magrheb et de l'Afrique s'en fait l'écho, tandis que Washington surveille discrètement la chose, surtout depuis que les services secrets espagnols ont communiqué, en 1998, un rapport à ce sujet. Il se trouve que l'Algérie essaie peut-être, depuis quelques temps, de modifier certains de ses missiles, avec l'aide de la Chine, afin de possiblement pouvoir y adapter des ogives nucléaires.

    Si l'on ajoute à ces données le soutien sans faille ou presque dont l'Iran bénéficie auprès de l'Algérie, il y a là de quoi reconsidérer en France, la doctrine stratégique en la matière. Les engagements répétés de l'Algérie pour un nucléaire pacifique dans la presse gouvernementale algérienne ne doit pas faire illusion sur les intérêts réels d'Alger...

    Il n'y a, comme d'habitude, que les alter-rouge-bruns pour tenter de faire prévaloir une thèse complotiste. Il faut dire qu'ils ne font que résumer une opinion exprimée dans un webzine algérien clairement orienté...

  • Je ne sais quoi penser de Karzaï

    Je viens de lire avec beaucoup d'attention l'entretien d'Hamid Karzaï avec Renaud Girard dans le Figaro. A vrai dire, je ne sais plus trop quoi penser. Je suis très choqué de la voir s'allier avec d'authentiques criminels comme Dostom et  Sayyaf qui ont commis les pires atrocités, j'ai été exaspéré par son intertie contre la loi qui est passée sur les femmes hazaras refusant des faveurs sexuelles à leurs maris, mais, quand je consulte son bilan tel qu'il le présente, je me demande parfois s'il y avait moyen de faire mieux que ce qu'il a fait.

    Son bilan économique est en effet assez bon, compte-tenu de la situation de départ, puisqu'il parvient, désormais, à attirer de gros investisseurs. En revanche, sur l'agriculture, c'est un échec total : le pays aurait les moyens d'être auto-suffisant si le blé remplaçait les cultures illicites. Le problème, comme l'observe Karzaï avec bon sens, c'est que l'on ne peut pas détruire toutes les cultures de pavot d'un coup sans risquer de provoquer des révoltes paysannes monumentales.

    En fait, je crois que sur la drogue, il n'y a aucune solution si une alternative rentable n'est pas proposée aux paysans afghans. Le gouvernement afghan devrait obtenir le droit de la part de l'OMC d'hyper-protéger son agriculture en taxant toutes les importations. Européens et Américains pourraient s'entendre afin de mettre en place un plan pour l'agriculture afghane. Je crois que cela nous coûterait moins cher que de devoir lutter constamment contre le traffic de drogue qui gangrène tout le pays.

    A mon avis, rien n'est possible dans ce pays sans commencer avant toutes choses par s'occuper de ce secteur.

    Il existe en Afghanistan d'exceptionnels gisements de métaux ; mais l'Afghanistan devrait prendre garde aux multinationales rapaces qui pourraient venir assécher les ressources de ce pays sans qu'une once de profit n'en revienne à ses habitants.

    La situation est difficile : même en Amérique, la population est majoritairement hostile à la poursuite de la guerre. Obama a fait le bon choix en faisant de la protection de la population afghane une priorité. Mais il faut la mettre en oeuvre, maintenant.

    Karzaï est prêt à conclure des accords avec les Talibans parce que pour lui, la priorité absolue, c'est la paix. La paix, parce que la paix, pour son projet politique et économique, c'est du temps supplémentaire.

    Enfin, Karzaï ne conteste pas les fraudes mais il dit qu'il ne peut pas les contrôler. Il a déclaré donner tout pouvoir à la commission électorale. S'il le fait vraiment, ce sera tout à son honneur. A vrai dire, la commission électorale met largement en cause ses partisans, ce matin...

    A vrai dire, j'apprécie  Abdullah Abdullah, l'ancien aide de camp de Massoud. Un type bien, honnête et correct. Mais...peut-on diriger l'Afghanistan quand on est un tadjik ?...Sacrée difficulté dans un pays perclus de luttes intestines et tribales.

  • L'or noir du Gabon

    Il y a un point qui me frappe à propos du Gabon, et je crois que c'est le même que celui qui interpelle Bruno Ben Moubamba, candidat à la présidence au Gabon : ce pays est le second pays le plus riche de l'Afrique après la Lybie en PNB par tête. Rien qu'avec le pétrole, ce pays de 1.5 millions d'habitants récolte plus de deux milliards d'euros par an, et ce n'est pas sa seule richesse. Autrement, dit, par tête, 1300 euros/an. Le Gabon dispose de terres arables, d'eau en abondance, d'une végétation luxuriante, bref de tous les atouts nécessaires pour en faire un dragon économique. Et pourtant, le chômage sévit massivement, de très nombreux gabonnais vivent dans des bidonvilles et l'essentiel de l'emploi est le fait d'une fonction publique pléthorique.

    Il faut dire que le Gabon est gouverné par un clan qui le met sous coupe réglée depuis des années. Certes, le pays a vécu en paix sous le règne d'Omar Bongo, mais ses richesses ont été systématiquement détournées et gaspillées, les libertés civiles et les droits de l'homme bafoués, le décollage économique inexistant. Et voilà que la famille Bongo, par le biais d'Ali, le fils d'Omar, et toute la clientèle du père, voudraient récupérer sans coup férir l'exercice du pouvoir et le privilège de continuer à spolier le peuple Bantou.

    Les Gabonais sont pour l'essentiel, en effet, des Bantous. Les Bantous sont un peuple africain qui s'est répandu progressivement en Afrique équatoriale. Très tôt maître du fer, ils ont pu établir dans cette région leurs société atypiques, puisqu'elles sont matriarcales.

    Bantous signifie "grand" mais aussi "humain". Il ne faudrait pas grand chose pour qu'au Gabon, les Bantous deviennent une nation puissante et respectée. Bruno Ben Moubamba a ébauché nettement sans son programme présidentielle les grandes lignes des indispensables réformes :

    Réformer l’État qui est lourd et inefficace, et rendre les nominations dans la haute fonction publique  soumises au contrôle de l’Assemblée Nationale.

    Développer l'économie par des fonds d'investissement à disposition des Gabonais afin de créer des PME. La création d'emploi et l'apport d'investissements privés seraient ainsi stimulés.

    Les Gabonais vivent dans des conditions de misère parfois indescriptibles. La première priorité est de fournir un logement à tous ceux qui vivent dans les maquis.

    Metttre l'Éducation au service de la formation et avoir pour fonction de maintenir actualisables et rentables les ressources humaines gabonaises. Hausse des salaires et des qualifications des enseignants et diminution des effectifs par classe sont un préalable à toute réforme.

    Former des personnels médicaux afin de faire face aux désastres sanitaires à prévoir compte-tenu de l'état actuel du système de santé gabonais. Le SIDA doit faire l'objet d'une attention particulière.

    Mise en place d’énergies renouvelables, assainissement des déchets domestiques, développement du recyclage, de l'éco-tourisme et instauration de zones protégées.

    Développer les infra-structures via une politique de grands travaux.

    S'assurer une véritable souveraineté alimentaire en développant les exploitations agricoles.

    Ce sont à mes yeux les points les plus essentiels de son programme politique. Bruno Ben Moubamba écrivait récemment sur son blog «Je ne suis pas un extrémiste, je suis une personne déterminée. J’ai des convictions et je me bats pour les faire valoir. Mes références sont le Mahatma Gandhi, Martin Luther King, Nelson Mandela, Aung San Suu Kyi».

    Bonnes références. Je lui trouve bien des points communs avec notre MoDem, à ce sympathique candidat.

    Le 30 août les Gabonais voteront dans des conditions qui ne sont pas dignes d'un scrutin électoral libre et équitable. On aurait pu espérer un soutien amical de la France. Oui, on aurait pu l'espérer si Bockel (pauvre Bockel...) qui voulait établir des relations transparentes et démocratiques entre l'Afrique et la France, notamment le Gabon, ne s'était pas fait blackbouler par l'indéboulonnable Monsieur Françafrique, Robert Bourgi, ex-émissaire de Jacques Chirac et désormais discret conseiller de Nicolas Sarkozy. Oui, on le sait, le candidat de l'élection présidentielle qui avait juré d'en finir avec l'Afrique à papa, en 2007...Il suffit d'écouter la fin de la vidéo de Bruno Ben Moubamba pour comprendre que décidément, rien n'a changé entre l'Afrique et la France...

    Virginie Ben Moubamba, l'épouse du candidat du même nom, détaille sur son blog les raisons pour lesquelles les dés sont pipés dans cette élection. Comme quoi, il n'y a a pas que dans le 5ème arrondissement de Paris que l'on fait voter les ancêtres de nos ancêtres...

    Quand on dit "or noir", tout un chacun pense au pétrole, mais, au Gabon, le véritable or noir, ce n'est pas le pétrole  mais le peuple Gabonais lui-même dans toute sa richesse et sa diversité. Gageons comme l'espère Antonin, que le peuple gabonais ne se laissera pas faire, que les anges gardiens du Gabon le protègeront (pétition internationale) et que le vent de la liberté va souffler sur Libreville.

     

  • La malédiction d'Israël

    Je viens de lire un très bon article sur le blog Bondieuseries. Comme cela ne court pas les rues dès qu'il s'agit d'Israël, je ne résiste pas à l'envie d'en conseiller très vivement la lecture.

    Je le compléterais par quelques observations d'ordre géopolitique. Paradoxalement, actuellement, tous les éléments sont en place pour qu'une grande alliance israélo-arabe voie le jour au Proche-Orient. Enfin, presque...

    La plupart des pays arabes de la région voient avec une très grande inquiétude la montée en puissance de l'Iran. Ils savent d'une part que l'Iran va se doter tôt ou tard de la bombe atomique, c'est à peu près inéluctable, et puis surtout, pour la première fois depuis plusieurs siècles, un pays arabe est aux mains d'un pouvoir chiite : l'Irak. Je mets de côté la Syrie, parce que les Alaouites ne sont pas tout à fait des Chiites et parce que là-bas, le consensus en termes de pouvoir repose sur une alliance entre Alaouites et Sunnites.

    Les pouvoirs arabes en place voient d'un d'un très sale oeil cette configuration, et dans le secret des cabinets diplomatiques, on préfère de très loin l'ennemi israélien, qui après tout ne s'intéresse qu'à une toute petite portion de territoire à l'ogre persan aux appétits voraces.

    Parallèlement, en Palestine, il y a un pouvoir modéré : Abbas est prêt à négocier à condition qu'on lui donne quelque chose (et cela, hélas, les Israéliens en sont incapables !). Le Hamas, bien qu'utilisant des procédés terroristes, s'est toujours gardé d'exporter le conflit ailleurs qu'en Palestine et en Israël.

    Il y a des forces politiques qui pourraient accepter de négocier sérieusement en Israël : Kadima, le Meretz, les Travaillistes s'ils se resaississaient. Mais le problème, c'est que le pouvoir est aux mains de la droite dure et de l'extrême-droite.

    Et j'ai remarqué que chaque fois qu'une occasion historique se profilait là-bas, il y avait toujours un changement qui foutait tout en l'air. Il ne suffirait pourtant de pas grand chose pour enclencher un processus. Dégager les colonies (mais il faudrait déjà les arrêter) de Cisjordanie une bonne fois pour toutes, par exemple...

     

  • Lettre persane...

    J'hésitais depuis le début sur les résultats en Iran, mais il est désormais hautement probable que les élections ont été largement faisandées. J'ai lu le dernier Canard enchaîné qui affirme que c'est un secret de polichinelle pour les services secrets de la plupart des grands pays. En réalité, le véritable second tour aurait du opposer le réformateur Karoubi au modéré Moussavi. Le porte-parole du Conseil des Gardiens de la Révolution a reconnu qu'il y avait eu plus de votes que d'électeurs potentiels mais dans 50 districts seulement. A vrai dire, tous les districts n'ont pas encore été examinés (il y en a 366 en Iran). Si 12% c'est les chiffres pour Ahmadinejad, la situation va devenir intenable pour Khamenei et ce dernier. Aucun pays ne peut être gouverné sans l'assentiment d'une partie significative de la population, même si elle n'est pas majoritaire. Et je commence à comprendre la colère de Moussavi, d'autant qu'il n'a rien d'un révolutionnaire et que c'est un khomeiniste historique. Je l'avais souligné : je ne comprenais pas comment Karoubi pouvait être passé de 17% à 0.9% en 5 ans. C'est comme si en France, Bayrou passait entre deux élections présidentielles de 19% à 1%. Ce serait invraisemblable, surtout avec un taux de participation de plus de 85%.

    Je comprends aussi les tergiversations de Khamenei : il a du peser le pour et le contre. Et il a fait le mauvais choix. D'autant plus que des voix conservatrices appellent le Conseil des Gardiens à écouter la voix du peuple. Ari Larijani, président du Parlement et conservateur historique a appelé le Conseil à écouter les voix des gens qui manifestent.

    Désormais, le monde entier a les yeux tournés vers l'Iran. Quoi qu'il se passe désormais là-bas, les choses ne seront plus comme avant.

    Le droit public est plus connu en Europe qu'en Asie: cependant on peut dire que les passions des princes, la patience des peuples, la flatterie des écrivains, en ont corrompu tous les principes.
    Ce droit, tel qu'il est aujourd'hui, est une science qui apprend aux princes jusqu'à quel point ils peuvent violer la justice sans choquer leurs intérêts. Quel dessein, Rhédi, de vouloir, pour endurcir leur conscience, mettre l'iniquité en système, d'en donner des règles, d'en former des principes, et d'en tirer des conséquences!
    La puissance illimitée de nos sublimes sultans, qui n'a d'autre règle qu'elle-même, ne produit pas plus de monstres que cet art indigne qui veut faire plier la justice, tout inflexible qu'elle est.
    On dirait, Rhédi, qu'il y a deux justices toutes différentes: l'une qui règle les affaires des particuliers, qui règne dans le droit civil; l'autre qui règle les différends qui surviennent de peuple à peuple, qui tyrannise dans le droit public: comme si le droit public n'était pas lui-même un droit civil, non pas à la vérité d'un pays particulier, mais du monde
    .

    Usbek à Rhedi, XCV, Lettres Persanes (Montesquieu)

  • Ahmadinejad à 12% en Iran ?

    En parcourant un article de causeur sur l'élection présidentielle en Iran, je suis tombé sur un document surprenant : il s'agirait d'une note interne du Ministère de l'Intérieur iranien qui ne donnerait que 12% des voix à Ahmadinejad et des scores bien supérieurs à Karoubi et Moussavi. Causeur le tient d'amis iraniens qui le lui ont transmis. Concernant Karoubi, je m'étais étonné dans une note précédente, de le voir passer de 17% à 0.9% à ces élections, il est vrai. De là à s'imaginer que Ahmadinejad ne soit qu'à 12%...

    Le quotidien 20 minutes a réalisé en un temps record un travail d'Hercule : la Twittermap des élections iraniennes. On dispose en direct des gazouillis en provenance d'Iran. C'est intéressant, mais pas suffisant. Je note, au passage, que les tweets ne sont pas exclusivement opposés à Khamenei et Ahmadinejad.

    Je m'étonne de cette hypothèse à 12%. Comme je l'avais écrit dans un billet précédent, Ahmadinejad avait mis en place une structure pour recevoir les doléances des Iraniens les plus pauvres. Cette structure à traité 20 millions de demandes en 5 ans avec des réponses systématiques.Concernant le bilan économique d'Ahmadinejad, il n'est certes pas fameux, mais il a mis en place une mesure qui a eu un fort succès : il a considérablement développé le micro-crédit, ce qui a pu permettre à pas mal d'entrepreneurs pauvres de créer une entreprise ou encore de faire face à des difficultés momentanées de trésorerie. En outre, il a étendu l'accès aux soins pour les plus pauvres.

    Cette politique plutôt sociale aura forcément eu un impact. Enfin, je le suppose. C'est un élément que les médias occidentaux ne mettent pas en avant, mais qui pourrait expliquer l'éventuel succès d'Ahmadinejad.

    Causeur, en tout cas, partage mon avis sur l'intérêt de ne pas nous imiscer, nous autres Européens, dans une querelle interne à l'Iran. L'élément que je trouve fort intéressant et que souligne Causeur (mais comment a-t-il eu cette information ?) c'est qu'une grande partie du Clergé Chiite aurait réclamé le recomptage des voix. Il cite l'ayatollah Montazeri, qui aurait du succéder à Khomeiny mais s'était fait squizzer par Khamenei. Si Montazeri a réussi à amener le clergé à soutenir Moussavi, ce serait, pour le compte, une nouvelle donne. Il ne faut par ailleurs pas oublier qu'un candidat conservateur, Mosehn Rezaï réclame aussi une révision des scores électoraux. La fracture dépasse donc largement l'opposition traditionnelle à laquelle nous réduisons souvent la politique iranienne entre conservateurs et réformistes...

  • Pour aider l'Iran, fermons nos gueules !

    C'est dit un peu brutalement, mais je crois que c'est ce que nous avons de mieux à faire. Ce que d'ailleurs Obama a très intelligemment compris. Il y a actuellement, au sein même du pouvoir iranien une lutte de pouvoir. On a proclamé un peu vite Moussavi réformateur. Moussavi est un modéré, mais je rappelle que le candidat réformateur, c'est Karoubi, pas Moussavi.

    Moussavi, bien que modéré et plutôt ouvert, fait partie de l'establishment iranien. En ce sens, s'il est bien victorieux, il escompte bien ne pas se faire voler sa victoire. Et il a quelques appuis sérieux, ce qui explique l'indécision de Khamenei. Les Bazaris, apparemment, le soutiennent, et, ce qui est plus ennuyeux pour Khamenei, une partie du conseil des experts, seule instance capable de révoquer Khamenei. Or, ce conseil est présidé par Hachemi Rafsandjani, un pragmatique, adversaire politique direct de Khamenei.

    Je pense que les états européens n'ont absolument aucun intérêt à faire connaître leurs inquiétudes sur le processus électoral au pouvoir iranien ; le pouvoir iranien se fout des inquiétudes des Européens comme de l'an 40. Deux forces se mesurent actuellement en Iran et testent leur puissance. L'une dispose d'appuis politiques, mais moins que la seconde. En revanche, elle a réussi à mettre le peuple de son côté.

    En revanche, ce que nous pouvons faire, c'est faire circuler l'information. Le département d'Éat américain qui a bien compris l'enjeu, a agi avec beaucoup d'intelligence en suggérant à Twitter de remettre à plus tard sa maintenance. Il aurait simplement dû être plus discret pour qu'il n'y ait pas de fuites...

    Que l'on ne se leurre pas : sur le programme nucléaire, aucun des candidats n'a l'intention de lâcher du lest. A la limite, je dirais même que Moussavi est un meilleur choix qu'Ahmadinejad sur ce point, car comme il est bien meilleur diplomate, il braquera certainement moins les Occidentaux si finalement il a bien obtenu une majorité de suffrages. Et comme il les braquera moins, il fera forcément passer plus de chose sans coup férir...

    Une chose est certaine, ce que les Iraniens ont fait, seuls les Iraniens peuvent le défaire. Leur sort est donc entre leurs mains. On reçoit de l'information de Téhéran ou d'Ispahan, mais j'aimerais bien savoir quelle est l'ambiance dans les campagnes perses...

    Quelle que soit l'issue, Twitter se sera fait une sacrée pub à peu de frais dans cette histoire. J'ai ciommencé à chercher des profils d'Iraniens sur place, mais Twitter, c'est plus touffu qu'une savane, et je ne suis pas familier de ce mode de communication.