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Je ne sais quoi penser de Karzaï

Je viens de lire avec beaucoup d'attention l'entretien d'Hamid Karzaï avec Renaud Girard dans le Figaro. A vrai dire, je ne sais plus trop quoi penser. Je suis très choqué de la voir s'allier avec d'authentiques criminels comme Dostom et  Sayyaf qui ont commis les pires atrocités, j'ai été exaspéré par son intertie contre la loi qui est passée sur les femmes hazaras refusant des faveurs sexuelles à leurs maris, mais, quand je consulte son bilan tel qu'il le présente, je me demande parfois s'il y avait moyen de faire mieux que ce qu'il a fait.

Son bilan économique est en effet assez bon, compte-tenu de la situation de départ, puisqu'il parvient, désormais, à attirer de gros investisseurs. En revanche, sur l'agriculture, c'est un échec total : le pays aurait les moyens d'être auto-suffisant si le blé remplaçait les cultures illicites. Le problème, comme l'observe Karzaï avec bon sens, c'est que l'on ne peut pas détruire toutes les cultures de pavot d'un coup sans risquer de provoquer des révoltes paysannes monumentales.

En fait, je crois que sur la drogue, il n'y a aucune solution si une alternative rentable n'est pas proposée aux paysans afghans. Le gouvernement afghan devrait obtenir le droit de la part de l'OMC d'hyper-protéger son agriculture en taxant toutes les importations. Européens et Américains pourraient s'entendre afin de mettre en place un plan pour l'agriculture afghane. Je crois que cela nous coûterait moins cher que de devoir lutter constamment contre le traffic de drogue qui gangrène tout le pays.

A mon avis, rien n'est possible dans ce pays sans commencer avant toutes choses par s'occuper de ce secteur.

Il existe en Afghanistan d'exceptionnels gisements de métaux ; mais l'Afghanistan devrait prendre garde aux multinationales rapaces qui pourraient venir assécher les ressources de ce pays sans qu'une once de profit n'en revienne à ses habitants.

La situation est difficile : même en Amérique, la population est majoritairement hostile à la poursuite de la guerre. Obama a fait le bon choix en faisant de la protection de la population afghane une priorité. Mais il faut la mettre en oeuvre, maintenant.

Karzaï est prêt à conclure des accords avec les Talibans parce que pour lui, la priorité absolue, c'est la paix. La paix, parce que la paix, pour son projet politique et économique, c'est du temps supplémentaire.

Enfin, Karzaï ne conteste pas les fraudes mais il dit qu'il ne peut pas les contrôler. Il a déclaré donner tout pouvoir à la commission électorale. S'il le fait vraiment, ce sera tout à son honneur. A vrai dire, la commission électorale met largement en cause ses partisans, ce matin...

A vrai dire, j'apprécie  Abdullah Abdullah, l'ancien aide de camp de Massoud. Un type bien, honnête et correct. Mais...peut-on diriger l'Afghanistan quand on est un tadjik ?...Sacrée difficulté dans un pays perclus de luttes intestines et tribales.

Commentaires

  • Karzei est une situation compliquée, même s’il est élu démocratiquement c’est quand même le candidat des occidentaux …

    En ce qui concerne les drogues illicites, je précise juste que du pavot on extrait tous les dérivés morphiniques qui sont utilisés en médecine. Ces produits deviennent illicites quand de la morphine base on synthétise l’héroine.

    A mon avis le marché doit être trop juteux pour que les agriculteurs afghans en produisent moins et passent a autre chose. De plus c’est grâce a l’agent du pavot que les afghans financent les guerres que ce soient celle menés contre le russes ou celle que les talibans mènent actuellement.

    De toutes façons la coalition n’est pas assez nombreuse pour lutter contre les talibans et faire le travail de police afin d’ endiguer le trafic d’opium. Il y a 150000 hommes je crois, un article récent indiquait qu’il en faudrait 600000 pour être complètement efficace car depuis la guerre avec les russes le afghans sont passé maître dans l’art de la guérilla

  • Il existe de multiples variétés dans la famille des Papavers, qui ne sont pas toutes aussi toxiques que celui qui permet de produire de l'opium, par exemple le coquelicot de nos campagnes (souvent éradiqué par les méthodes culturales pour ne pas entraver la récolte de céréales). L'idée est de développer celles qui pourraient concurrencer les opiacées à forte concentration en procurant néanmoins un revenu plus élevé aux agriculteurs (alimentation, parfumerie)que rien du tout. Ceci ne peut suffire à faire disparaître la production d'opium plus "rentable" - pour autant que le producteur lui-même bénéficie pleinement de sa tricherie - mais enlève au moins un argument d'excuse et légitimerait d'autant une répression aveugle et brutale à l'égard des cultures illicites. Sans avoir vérifié, il doit bien y avoir une sourate disant que "tu ne conduiras pas un autre homme, fut-il ton ennemi, à l'esclavage de la drogue" ? Offrir une alternative à cette perspective immorale, n'est-ce pas prendre au sérieux un pays où un 1/3 des habitants ne mangent pas à leur faim (170e/174 pays dans le Monde pour les indicateurs de développement)?

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