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International - Page 27

  • Des électeurs privés de vote en Grande-Bretagne ?

    Toujours peu réjouissants, les résultats finaux pour les Lib-Dems qui ne seraient finalement qu'à 22.6% des suffrages. Ils disposent actuellement de 39 sièges (551 dépouillements sur 650 circonscriptions), et 61 députés sont envisagés, même si certaines projections les donnent à 54.

    En revanche, ce qui est plus grave, c'est que des centaines d'électeurs britanniques se sont retrouvés empêchés de voter en raison de la mauvaise organisation du scrutin et des files d'attente liées à la forte participation. Cela pourrait entraîner une annulation de plusieurs élections.

    La seule consolation de ces élections, c'est qu'il ne sera pas possible d'obtenir une majorité dans les Lib-Dems. Nick Clegg doit être très ferme sur la réforme de scrutin : c'est le moment où jamais de l'imposer. Les Tories ont admis qu'ils ne l'accepteront pas, et Cameron briserait sans doute son parti s'il s'y essayait. Il reste donc à voir ce que sont prêts à consentir le Labour. Les circonstances sont historiques, cette situation ne se reproduira peut-être pas. Les Libéraux-Démocrates doivent en profiter pour assurer une meilleure représentation nationale et en finir avec le scrutin uninominal à un tour.

    Je vois de nombreuses similitudes entre Lib-Dems et le MoDem de 2007 : une forte popularité et du parti, et de son leader, mais une vraie difficulté à la convertir en votes dans les urnes. Pourtant, finalement, alors que les Lib-Dems augmentent en voix, ils perdent en sièges puisqu'ils ne retrouveront pas leurs 63 députés.

  • Lib-Dems en perte de vitesse ?

    J'espère vraiment que les premières projections ne sont pas fiables : apparemment, les Lib-Dems, en dépit de leurs succès initiaux perdraient finalement 3 sièges, passant de 62 à 59, tandis que les Tories récupèrent 307 sièges et le Labour 255. 29 pour les autres partis.

    Tout peut encore bouger, mais ce sont les tendances lourdes. Quelle déception, toutefois, si les Lib-Dems en restent finalement là après avoir flambé.

    J'espère que demain viendra me réconforter.

  • Comment prêter à la Grèce ?

    Je me demande s'il y a un moyen, pour un particulier, de consentir un prêt à la Grèce (à sa modeste mesure, évidemment). Taux long à presque 11% c'est plus de deux fois plus qu'un PEL. Taux court à 3 mois à 3.75%, c'est trois fois mieux qu'un livret A. Il faut dire aussi que Standard's and Poor abuse quelque peu en classant la Grèce comme placement spéculatif. Faut pas pousser non plus. On est dans le délirant : la Grèce est considérée comme moins fiable que le Vénézuela ou l'Argentine !!!

    Il faut dire aussi que les Grecs sont pris en tenaille : atermoiements et défaut de solidarité du côté des partenaires, absence de courage et d'honnêteté du côté des forces politiques grecques. La Grèce a besoin d'un gouvernement et d'une majorité commando qui savent qu'ils ne pourront pas être réélus s'ils mettent en place les mesures nécessaires à un redressement du pays. Il me semble que la principale mesure, c'est de mettre fin à la fraude fiscale. L'économie souterraine représente près de 40% du PIB du pays, jusqu'à 60% selon certaines estimations. Le vrai et principal problème de la Grèce, c'est en fait celui-là ; sans la fraude, qui est généralisée, je crois que la Grèce n'aurait pas de déficit budgétaire. C'est inutile de viser les coupes sombres dans l'appareil de l'État, la fonction publique ou les retraites. Non, il faut en fait un investissement massif dans une justice, une police et des services fiscaux intègres en payant les contrôleurs fiscaux au résultat. La voilà la thérapie de choc. Que la Grèce parvienne à faire rentrer l'argent qui devrait y rentrer dans ses caisses, et elle est sauvée. Elle n'aura même plus besoin d'emprunter. Sa classe politique est-elle assez intelligente pour faire respecter les lois de ce pays une bonne fois pour toutes ? Bien évidemment, il faut aussi massacrer le clientélisme : par exemple, les backchich pour couper les files d'attente dans les hôpitaux, obtenir de meilleurs soins d'une infirmière et cetera...

    Il ne faut pas interdire aux Grecs de travailler plus (par exemple aux enseignants de donner des cours privés) mais les Grecs doivent payer leurs impôts. Le vrai signe de déliquescence dans un État, c'est quand l'impôt ne parvient plus à rentrer dans les caisses.

    Les Grecs doivent en profiter pour mettre en place une fiscalité intelligente : des impôts modérés, mais justes et de la sévérité pour les percevoir. Il serait subtil d'annoncer une légère baisse des impôts sitôt les équipes de percepteurs et contrôleurs opérationnelles. Des impôts justes, qui ne spolient ni ne découragent, mais, corollairement, le coup de matraque fiscale pour les fraudeurs : il ne faut pas hésiter à coller des amendes monumentales à ceux qui pratiquent le travail au noir systématique, surtout quand ce sont des avocats, médecins libéraux, toute profession qui ont la possibilité de s'en sortir mieux que les autres catégories de travailleurs. Pour être censé, il faudra aussi mettre fin aux subventions idiotes qui donnent lieu à toute sorte d'abus.

    Des voix réclament le largage de la Grèce de la zone euro. Sacrée erreur ; dès lors que les Grecs font le nécessaire pour être crédibles, il faut au contraire ne pas les lâcher. Il faut bien comprendre qu'un défaut de solidarité porterait un coup terrible à l'euro et à la crédibilité politique de l'Europe. Il faut pour l'Europe être crédible tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. Par rapport à nos propres partenaires, il ne faut pas les soutenir sans conditions afin que tout le monde comprenne que l'on ne peut pas faire n'importe quoi ; mais dès lors que les mesures nécessaires sont prises, il faut alors annoncer une solidarité sans faille pour un état membre.

     

     

  • Flandre et Wallonie , une petite Europe ?

    Les mêmes causes produisent souvent les mêmes effets : les Flamands paient fort cher depuis longtemps pour la protection sociale des Wallons, sans que ces derniers en soient d'ailleurs très reconnaissants envers les Flamands. En Europe, l'Allemagne paie des sommes importantes pour des pays qui se sont montrés très dépensiers, comme la Grèce, par exemple. Il n'y a pas de secret : au bout d'un moment, ceux qui paient encore et encore, finissent par être lassés de toujours payés. C'est là le danger d'invoquer constamment la solidarité : le lien solidaire n'est solide que s'il est mutuel, et que si, jusqu'à un certain degré, il y a un retour d'intérêt. L'intérêt doit être réciproque, en somme. Je regardais les chiffres de l'Express datant de septembre 2008 sur la répartition des richesses et les transferts entre Flandre et Wallonie : ils sont éloquents.

    Je ne suis pas Belge, mais je pense que cet État peut survivre à la crise qu'il connaît à condition de refonder son contrat. Cela suppose des choix réalistes et des arrangements mutuellement profitables.

  • Nick Clegg, le Bayrou anglais, met le feu aux sondages !

    On se console parfois de la morosité ambiante par des nouvelles venues de l'étranger. J'avais examiné de près, en juin et juillet 2008, le programme des Libéraux-Démocrates en Angleterre. Ce parti, qui se refuse à parler d'alliances avec le Labour ou les Tories a progressivement atteint les 20% de voix à chaque élection. Mais la dernière prestation de Nick Clegg, qui a écrasé Cameron et Brown, met le feu aux intentions de vote : les Lib-Dems feraient un bond de 14%, passant de 20 à 34%, tandis que Tories et Labour perdent des points, les premiers à 36% désormais, et les seconds, à 24%...Les Lib-Dems ont suivi la ligne politique que j'ai, pour ma part, toujours prônée : l'indépendance absolue. Risqué, mais là, je crois que cela paie...Puisse cet exemple inspirer le MoDem pour son avenir ! Les Lib-Dems sont proches de ma vision, c'est à dire des libéraux avec une très forte tendance sociale. Leur site est extrêmement bien fait : leur manifeste, par exemple, clair, simple d'utilisation, direct, précis, concis et en même temps substantiel. Une fiscalité juste et efficace, la priorité donnée à l'éducation sont les pierres angulaires de leur programme.

    En matière d'éducation, ce sont les seuls qui annoncent clairement leur intention de réduire les effectifs d'élèves par classe. Favorables à l'autonomie des établissements scolaires (et donc des choix pédagogiques), ils envisagent un investissement massif dans l'éducation.

    Côté fiscalité, ils ont quelques idées assez astucieuses : ils proposent, par exemple qu'aucun citoyen britannique ne paie d'impôts sur les 10  000 premières livres qu'il gagne par an, et cela, indistinctement, quels que soient les revenus. C'est juste, et en même temps, cela profitera aux foyers les plus modestes. Voilà une mesure fiscale bien plus intelligente que le discours qui consiste à dire taxons les riches pour donner aux pauvres. Fini le paradis fiscal pour les expatriés : les sept premières années, pas de taxes, mais passé ce délai, ils seront traités comme tous les Britanniques. Il souhaite également taxer annuellement les très grosses propriétés (de plus de 2 millions de livres) avec une sorte de taxe foncière de 1% (Mansion Tax : je pense que c'est une taxe foncière). A vrai dire, en décembre dernier, la direction des Lib-Dems pensait à une taxe de 0.5% pour les demeures de 1 million et plus, mais cela a commencé à râler très sérieusement dans leurs rangs (faut pas déconner, ce sont tout de même des libéraux), et du coup, le plafond a été nettement relevé. Mouais...J'aime déjà moins ce genre d'idées... 1% sur de l'immobilier immobilisé, qui ne peut donc pas rapporter grand chose, cela me fait penser à notre ISF français pour lequel je n'ai guère d'affection... Cela dit, j'ai cru comprendre que c'était une mesure temporaire avant un remplacement à venir par un impôt local.  Il n'en reste pas moins que c'est très à gauche, comme mesure, pour des libéraux...

    Ils ont bien évidemment un programme complet de retour à l'équilibre des comptes publics et annoncent d'ores et déjà ce sur quoi ils vont faire des économies.

    Il y avait une mesure prise en 2002 par Blair (Child Trust Funds) qui donnait à tout enfant britannique un dépôt de 250 livres pour ouvrir un compte bancaire. Cela coûte très cher à l'État ! Les Lib-Dems ont prévenu qu'ils mettraient fin à cette pratique. On ne peut pas faire n'importe quoi quand on a 11% de déficit. Les dépenses militaires vont morfler aussi : désengagement de l'euro-fighter, modernisation des Trident remises à plus tard. Comme les banques ont beaucoup reçu, les Lib-Dems proposent de leur faire financer elles-mêmes leur propre fond de secours, à l'avenir, par une taxe ad hoc qui l'alimentera, et puis de leur faire rembourser aussi l'aide reçue via une indemnité (deux milliards de livres la première année, presque trois au bout de quatre ans, tout de même !). Une idée de bon sens, en effet. Ils prévoient pour financer leurs propositions de taxer les vols aériens et davantage, également, si j'ai bien compris, les assurances.

    A la trappe les passeports biométriques et les cartes d'identité. Je ne pensais pas qu'on pouvait économiser 500 millions de livres, dès la deuxième année, sur un poste comme celui-là ! Apparemment, ils ont l'air de penser que les soins en psychiatrie génèrent des coûts très (trop ?) importants et envisagent des traitements améliorés et moins coûteux. Je ne sais pas exactement ce qu'ils ont en tête, mais en tout cas, ça doit rapporter 500 millions de livres dès la seconde année. Enfin, si, j'ai tout de même regardé page 40-41 de leur programme sur la santé, et apparemment, ils voudraient tailler dans le vif des fonds alloués à des organisme non gouvernementaux, les Quangos, ainsi que dans les salaires des managers de leur service de santé nationale dont certains gagnent des sommes supérieures à celles du premier ministre ! Je ne sais pas ce qu'ils ont contre le machin qui s'appelle Connecting for Health, mais apparemment, il rentre dans leur programme d'économies, et ils ne l'estiment pas nécessaire. Apparemment une grosse usine à gaz qui date de 2005 et aux objectifs aussi ronflants que dispendieux, puisqu'il s'agissait, si j'ai bien compris de se gorger de discours sur le bien-être des patients en leur délivrant des informations dont je n'ai guère compris l'utilité exacte. Je n'ai pas compris, entre autres, ce que l'informatisation apportait, en l'occurence, au bien-être des patients...

    Tiens un truc bien, compte-tenu de l'actuel système anglais, c'est qu'ils veulent que les Britanniques soient libres de choisir le généraliste auprès duquel ils s'enregistrent, indépendamment de leur lieu de résidence. Très bien, ça. En fait, il faudrait plusieurs billets pour parler de leur programme ; tiens, je trouve que Nemo devrait s'y coller, après tout, il est sur place, lui !

    En fait, le mieux, c'est de se reporter aux pages 96,97,98,99,100 et 101 de leur programme, où ils expliquent les économies qu'ils envisagent avec calculs à l'appui (qu'est-ce que c'est casse-pied d'être limité en anglais, j'ai toujours la crainte, et cela se produit parfois, d'ailleurs, de faire un contre-sens).

  • Encore un traitement de faveur pour Polanski

    Je me suis suffisamment exprimé sur le cas Polanski sur ce blog pour ne pas avoir besoin de redire encore et encore à quel point je suis dégoûté par les protections dont dispose cet infâme individu. Mais le pompon vient d'être atteint avec cette dernière information que presqu'aucun organe de presse n'a repris à l'exception de l'Express. Nicolas Sarkozy vient de jouer le gentil facteur en faveur du cinéaste en transmettant une de ses lettres au Président Obama ; et en mains propres, s'il vous plaît. Typiquement le genre de choses qui m'agacent. Reconnaissons à Sarkozy qu'ils s'occupe généralement sincèrement des Français prisonniers ou condamnés à l'étranger. Le fait est aussi que le système judiciaire américain m'apparaît de moins en moins fiable. Il n'en reste pas moins qu'il y a certainement d'autres prisonniers français pour lesquels il existe des raisons bien plus objectives de dépenser son énergie.

  • On ne peut plus rien pour l'Afghanistan

    Je suis consterné par l'évolution de Hamid Karzaï. Quand je pense que j'ai cru, plus jeune, que cet homme pouvait être un avenir pour son pays...En Afghanistan, la corruption a atteint un sommet sans équivalent. Non seulement toute l'adminsitration de Karzaï est corrompue, à commencer par la police, mais en plus, ce sinistre individu tente de récupérer le mécontentement populaire dans certaines régions en cassant du sucre sur le dos des alliés et en évoquant des alliances avec des Talibans.

    L'Afghanistan, c'est une faillite locale, c'est aussi une faillite internationale. Je crois que l'on ne peut plus mener une guerre du passé où que ce soit dans le monde. On ne peut plus s'engager dans une bataille sans se demander D'ABORD ce que l'on va faire APRÈS ! On ne peut plus se lancer à l'attaque sans avoir prévu des infrastructures d'urgence et un plan solide pour installer immédiatement une administration formée et intègre. On ne peut plus favoriser des forces politiques sans s'être assurés de son intégrité, et, si possible de ses moeurs démocratiques.

    Cela me fait mal au coeur de dire cela, mais je crois que la France doit désormais se retirer d'Afghanistan : qu'avons-nous à y faire ? Il n'y a pas d'alternative là-bas. Je sais que l'Iran et la Chine sont sur les rangs, mais, à tout prendre, je préfère qu'il y ait là-bas un pouvoir sous contrôle, même si ce n'est pas le mien, qu'une anarchie générale génératrice de dangers toujours plus prégnants. Oui, il vaut mieux un Afghanistan sous contrôle de l'Iran, car l'Iran est un état reconnu avec lequel on peut négocier, qu'un Afghanistan en proie au chaos.

    A moins de s'engager dans une véritable guerre, très lourde, coûteuse en moyens et en vies, je ne vois pas d'autre issue. J'ajouterai une autre remarque d'ordre tactique, cette fois : nous ne pouvons plus non plus nous permettre des guerres avec tant de pertes en hommes. Il me semble que des drones très sophistiqués sont désormais la voie sur laquelle il faut travailler pour lutter contre les guérillas. Des drones capables de s'infiltrer partout, pilotés par des êtres humains, à distance, mais assistés de puissants systèmes informatiques et satellites, capables de faire la différence entre des villageois et une unité de combat ennemie, discrets et autonomes. Le gouvernement américain est assez loin du compte pour l'instant, puisqu'il privilégie des assassinats ciblés avec apparemment pas mal de dommages collatéraux. Des drones ne devraient pas être de simples missiles guidés très perfectionnés.

    On n'y est pas encore, très clairement, mais je pense que la recherche militaire devrait s'orienter dans cette direction.

     

  • Yesss ! Hank Skinner obtient un délai !

    Nom de Zeus : la mobilisation, quasi-mondiale, a payé, et les autorités françaises ont sans doute fait du bon boulot : ça vient de tomber sur google news US, Hank Skinner vient d'obtenir un délai et son exécution est reportée.

    Ouuufff ! Je suis vraiment content, parce que je pense profondément que ce gars-là est innocent. La justice pourrait apparemment lui permettre de procéder aux tests ADN.

  • Condamné du Texas, Sarkozy a fait ce qu'il fallait faire !

    Je lui décerne rarement des bons points au Président français, mais il faut reconnaître un mérite à Sarko, c'est qu'il ne laisse jamais tomber les Français en difficulté ou en danger à l'étranger.

    Il a fait exactement ce que j'attendais du Président de mon pays en intervenant, via l'ambassadeur de France aux USA, pour que la demande de Hank Skinner soit prise en compte.

    Bravo Sarko, bravo Kouchner ! Maintenant, si le gouverneur du Texas ne revient pas sur sa décision, c'est un authentique salopard, et il faudra vraiment connaître au monde entier que le Texas pratique l'assassinat politique. Un crime passible de la cour internationale de justice de la Haye ou je me trompe ?

  • Hank Skinner, justice américaine, justice de merde !

    On entend parfois certains faire l'apologie de la justice américaine pour son indépendance : et pourtant, quelle justice de merde ! J'ai lu l'intégralité du dossier Hank Skinner, qui devrait être exécuté demain : n'ayons pas peur de le dire, ce n'est pas une exécution mais un assassinat politique en bonne et due forme. C'est tout de même incroyable : Hank Skinner est accusé de l'assassinat de Twila Busby et ses deux enfants sans que la moindre trace ADN ne soit venue accréditer ce crime. Pire encore : Twila Busby a passé la soirée en compagnie de Robert Donnell, l'oncle de Twila, qui l'avait deux fois abusée par le passé, lui faisait des avances ce soir-là, et avait déjà été condamné pour viol sur une jeune fille. Or, un témoignage direct informe qu'il lui avait fait des avances ce soir-là et que Twila le craignait. De plus, Twila a été retrouvée corsage baissé et braguette ouverte sans qu'aucune expertise n'ait été faite. Notre justice a des défauts, mais jamais elle n'aurait laissé passer de tels indices sans examen sérieux.

    Hank Watkins Skinner est de longue date, bien avant son arrestation, un militant des droits de l'homme et des prisonniers. Il gênait depuis trop longtemps. Son exécution programmée est un assassinat politique. Ce soir-là, il avait consommé un cocktail d'alcool et de Xanax qui l'avait laissé à 90% léthargique : il ne pouvait pas avoir frappé avec  force qui que ce soit (Twila a été retrouvée avec le crâne fracturé).

    Par ailleurs, un ami de Twila, Ronnie Campbell, a téléphoné ce soir-là chez Twila, et il a entendu, au téléphone, une voix d'homme, autre que celle de Hank Skinner. Il a demandé à parler à Twila, mais c'est Scooter, l'aîné des deux enfants, qui a répondu, d'une voix apeurée, qu'elle était en conversation avec "quelqu'un". Ronnie est sûr d'avoir entendu Twila hurler dans la pièce.

    La justice américaine, elle me rappelle bien les manuels d'inquisition du moyen-âge : dans l'un des plus fameux d'entre eux, le Manteau des Sorcières, l'inquisiteur rédacteur de l'ouvrage reconnaît explicitement qu'il y a certainement des innocents condamnés dans les procès en sorcellerie, mais, qu'au final, ce qui compte, c'est de frapper l'imagination du bon peuple.

    Je ne sais pas quoi faire pour Hank Skinner : en France, nous avions une grâce présidentielle, en Amérique, la justice est..."indépendante"... Tu parles d'une indépendance...Il faudrait aussi préciser que Hank Watkins Skinner luttait contre les mauvais traitements infligés aux prisonniers par le shérif local, celui-là même qui l'a arrêté...

    Quelques précisions supplémentaires chez Bug Brother, qui a lu, tout comme moi, le dossier.

    Le Texas a fourni vraiment à l'humanité ce qu'elle compte de pire : après Daboliou, des exécutions à tire-larigot sans contrôle, sur la foi de témoignages faisandés, et de préférence contre des gêneurs ou des individus sans défense.

    Bref, il faut lire le dossier et se faire une idée, mais une nouvelle fois, je maintiens que cette exécution a une claire allure d'assassinat politique dans la grande tradition des procès de la Guépéou au milieu des années 30.

    Moi, je suis tout de même très étonné de trouver l'Amérique au 18ème rang des démocraties complètes du classement de The Economist, avec une justice de cette teneur. En France, on n'en est peut-être qu'au 24ème rang, mais on n'en est pas encore à exécuter les opposants politiques.

    J'avoue que je suis un peu rageur, parce que je ne sais pas ce que je pourrais faire d'efficace pour alerter l'opinion publique américaine. Peut-être que Fred, qui a fait de la démocratie sans frontières le coeur de son blogue, et que je sais fin angliciste, pourrait dans l'urgence écrire un article en anglais, que nous pourrions alors tenter de propager sur la blogosphère et la twittosphère américaines ?

    Ah, peut-être que Robert Ménard pourrait faire quelque chose ? Là, c'est clair, c'est pas Dutroux...