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  • Cent balles pour la Grèce !

    Tiens, Nicolas a la gerbe ce matin. Il pense que la France (et l'Allemagne) cherchent à se faire du fric sur le dos de la Grèce en lui prêtant de l'argent à 5% tandis que la France, elle, emprunte à 3.5. Je ne suis pas économiste, mais alors lui, encore moins. Et en plus, il n'a pas de bonnes lectures. Cours vite acheter le Canard Enchaîné, mon gauchiste favori : l'explication est en page 3, et pour le compte, ils ont percuté assez vite, le Canard. En réalité, la France et l'Allemagne ont le plus haut intérêt à sauver la Grèce, bien qu'elles ne souhaitent pas le faire à n'importe quel prix, pour une très bonne raison : leurs principales banques (mais pas la BNP, toujours prudente...) sont fortement exposées sur la dette grecque. A hauteur de montants assez monumentaux. Pour certaines, cela pourrait même menacer leur existence, cas dans lequel ces deux états n'auraient plus d'autre alternative que de remettre la main au porte-monnaie (du citoyen) pour les sauver à nouveau. Bien évidemment, cela la foutrait mal. En France, par exemple, si pas loin des 2/3 des Français sont d'accord pour aider la Grèce, ils seraient certainement beaucoup moins à accepter de filer un nouveau coup de main aux banques, d'autant que cette fois, cela poserait aussi un vrai problème de respect pour la concurrence : la BNP pourrait avaler difficilement les milliards déversés chez ces ânes de la Société Générale qui ne rate jamais un mauvais placement, tandis qu'eux, se débrouillent avec leurs propres moyens et leurs règles prudentielles.

    Ça, c'est un premier aspect. Le second, c'est l'indignation étonnante de Nicolas : une marge de 1.5%, ce n'est rien. Vraiment rien de rien pour un risque tout de même très important ! Prêter à un pays qui fraude à tour de bras et demeure inerte en dépit d'une crise majeure, c'est tout de même un sacré risque. Si la note de la Grèce a été dégradée, ce n'est pas pour le seul plaisir de spéculer. Désormais, certaines agences considèrent la dette grecque comme un placement à risque (appelé plus pudiquement spéculatif). Dans ces conditions, emprunter à 3.5 pour obtenir 5.0, c'est endosser un sacré risque bien mal rémunéré. Ah, et appeler taux d'usure un taux à 5%, c'est du délire pur de dur. Tiens, les voilà les taux d'usure ! Or, on peut considérer que la dette grecque, c'est de l'emprunt à la consommation, in fine, pas de l'immobilier. En France, c'est plus de 19% pour ce genre de taux. Rappelons que sur les marchés, les taux grecs à plus de deux ans naviguent aux alentours de 10%. 5% dans ces conditions, c'est donné. Par ailleurs, compte-tenu de notre situation financière, je ne crois pas que nous ayons les moyens de jouer les grands seigneurs...

    Faut prendre un spasfond, neumbeur Ouâne. Je me moque de Nicolas (c'est de bonne guerre et réciproque généralement, que mes lecteurs se rassurent) mais en réalité, il n'est ni pire ni meilleur que la classe politique sur cette question.

  • Comment prêter à la Grèce ?

    Je me demande s'il y a un moyen, pour un particulier, de consentir un prêt à la Grèce (à sa modeste mesure, évidemment). Taux long à presque 11% c'est plus de deux fois plus qu'un PEL. Taux court à 3 mois à 3.75%, c'est trois fois mieux qu'un livret A. Il faut dire aussi que Standard's and Poor abuse quelque peu en classant la Grèce comme placement spéculatif. Faut pas pousser non plus. On est dans le délirant : la Grèce est considérée comme moins fiable que le Vénézuela ou l'Argentine !!!

    Il faut dire aussi que les Grecs sont pris en tenaille : atermoiements et défaut de solidarité du côté des partenaires, absence de courage et d'honnêteté du côté des forces politiques grecques. La Grèce a besoin d'un gouvernement et d'une majorité commando qui savent qu'ils ne pourront pas être réélus s'ils mettent en place les mesures nécessaires à un redressement du pays. Il me semble que la principale mesure, c'est de mettre fin à la fraude fiscale. L'économie souterraine représente près de 40% du PIB du pays, jusqu'à 60% selon certaines estimations. Le vrai et principal problème de la Grèce, c'est en fait celui-là ; sans la fraude, qui est généralisée, je crois que la Grèce n'aurait pas de déficit budgétaire. C'est inutile de viser les coupes sombres dans l'appareil de l'État, la fonction publique ou les retraites. Non, il faut en fait un investissement massif dans une justice, une police et des services fiscaux intègres en payant les contrôleurs fiscaux au résultat. La voilà la thérapie de choc. Que la Grèce parvienne à faire rentrer l'argent qui devrait y rentrer dans ses caisses, et elle est sauvée. Elle n'aura même plus besoin d'emprunter. Sa classe politique est-elle assez intelligente pour faire respecter les lois de ce pays une bonne fois pour toutes ? Bien évidemment, il faut aussi massacrer le clientélisme : par exemple, les backchich pour couper les files d'attente dans les hôpitaux, obtenir de meilleurs soins d'une infirmière et cetera...

    Il ne faut pas interdire aux Grecs de travailler plus (par exemple aux enseignants de donner des cours privés) mais les Grecs doivent payer leurs impôts. Le vrai signe de déliquescence dans un État, c'est quand l'impôt ne parvient plus à rentrer dans les caisses.

    Les Grecs doivent en profiter pour mettre en place une fiscalité intelligente : des impôts modérés, mais justes et de la sévérité pour les percevoir. Il serait subtil d'annoncer une légère baisse des impôts sitôt les équipes de percepteurs et contrôleurs opérationnelles. Des impôts justes, qui ne spolient ni ne découragent, mais, corollairement, le coup de matraque fiscale pour les fraudeurs : il ne faut pas hésiter à coller des amendes monumentales à ceux qui pratiquent le travail au noir systématique, surtout quand ce sont des avocats, médecins libéraux, toute profession qui ont la possibilité de s'en sortir mieux que les autres catégories de travailleurs. Pour être censé, il faudra aussi mettre fin aux subventions idiotes qui donnent lieu à toute sorte d'abus.

    Des voix réclament le largage de la Grèce de la zone euro. Sacrée erreur ; dès lors que les Grecs font le nécessaire pour être crédibles, il faut au contraire ne pas les lâcher. Il faut bien comprendre qu'un défaut de solidarité porterait un coup terrible à l'euro et à la crédibilité politique de l'Europe. Il faut pour l'Europe être crédible tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. Par rapport à nos propres partenaires, il ne faut pas les soutenir sans conditions afin que tout le monde comprenne que l'on ne peut pas faire n'importe quoi ; mais dès lors que les mesures nécessaires sont prises, il faut alors annoncer une solidarité sans faille pour un état membre.