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International - Page 25

  • Ce qu'Al Qaeda cherche à détruire au Niger

    Michel Germaneau appartenait à une association humanitaire : Enmilal. L'objet principal de cette association est la scolarisation des enfants, et, autant que faire se peut, des petites filles.enmilal.jpg

    Il me semble que la photo est éloquente.

    J'espère qu'elle pourra inspirer d'éventuels soutiens et/ou admirateurs en herbe de cette mouvance qui résideraient en France.

    L'école comporte cinq pièces, deux douches et des toilettes ainsi que deux grandes salles (une pour la classe, une pour le dortoir), une pièce pour l'instituteur, une pour la cuisine et une pour le stockage des denrées alimentaires. Elle est équipée d'un tableau, de matériel de cuisine, de mobilier de dortoir et de bureaux bancs réalisés par le centre d'handicapés d'Agadez (malheureusement détruit par des inondations en août 2009).

    Enmilal a un projet global pour le village où elle intervient. Outre la réparation du dispensaire endommagé par des intempéries, elle projette à court-terme de mettre en place du micro-crédit pour les familles les plus pauvres (achat d'animaux puis remboursement par les premières naissances), de construire un nouveau puits et de développer un jardin potager pour l'école.

    A moyen terme, elle voudrait doter le village de panneaux solaires suffisants pour alimenter un réfrigérateur capable de conserver des médicaments puis construire un local qui servirait de banque céréalière pour organiser la production.

    Un vrai projet de développement économique en terre touarègue en somme. Vogue haleine qui vient de réaliser un billet remarquable sur une petite histoire du terrorisme voudrait se garder de tout jugement moral en s'attachant à ne considérer que le résultat final des actions terroristes au regard de celui d'une guerre conventionnelle. Depuis l'Éthique d'Aristote, on intègre désormais un paramètre d'intentionnalité pour juger du caractère criminel ou non de telle ou telle action. La guerre fait plus de morts, plus de destructions, sans aucun doute, mais, en dehors des guerres terroristes, elle ne vise pas spécifiquement des écoles ou des hôpitaux. Le terrorisme est une marque distinctive qui s'applique à un ensemble d'actions. Ce n'est pas une guerre en tant que telle, mais une catégorie logique,  de type caractéristique, qui peut, le cas échéant, qualifier une guerre. La comparaison entre la guerre et le terrorisme revient donc, in fine, à comparer grammaticalement un nom et un adjectif, ce qui n'est pas cohérent.

  • Jessi, dun goofed up, Jessi, tu t'es fait griller...

    On ne devrait pas laisser de jeunes enfants faire les malins sur internet. Une gamine américaine de 11 ans, Jessi Slaughter, et sa famille l'apprennent actuellement à leurs dépens. Elle a pris l'habitude de se présenter avec sa webcam à n'importe qui, tout en déclarant n'importe quoi à n'importe quel interlocuteur.

    Et puis quand ça a mal tourné, et qu'elle est devenue objet de la risée générale, elle a voulu se rebiffer et faire sa grande en insultant ses correspondants, leur proposant de les flinguer d'une balle dans la tête et leur souhaitant le sida.

    Cela a bien fait rigoler les internautes américains du forum 4Chan.org qui s'en sont donnés à coeur joie avec des fake et des simili-video. Mais le meilleur était à venir : le père (la famille avait été jusque là remarquablement absente) s'en est mêlé et a enregistré une vidéo menaçant les auteurs des fake de représailles policières.

    Explosion générale de rire et franche rigolade sur la Toile. Je ne compte pas les versions pirates et délirantes et remaniées de la vidéo qui ont circulé.

    Voilà, l'histoire pourrait s'arrêter là. Sauf qu'elle n'est pas drôle du tout...Pas drôle parce que la gamine a 11 ans et ne se rend pas compte de ce qu'elle fait, qu'elle a reçu des menaces de mort, qu'elle a du être mise sous protection policière et que l'assistance sociale américaine s'intéresse à la famille, se demandant si l'enfant bénéficie d'une éducation sans carences graves, puisqu'elle a pu ainsi se mettre en danger.

    Pas drôle parce qu'il y a là une famille complètement dépassée, assez symptomatique des rapports que les parents des jeunes générations entretiennent avec l'Internet, et prise pour cible par des railleurs à la moquerie facile.

    Le phénomène buzze sur la Toile américaine et commence à toucher les autres pays. Notre rapport à Internet ne laisse de nous interroger, en ce début de 21ème siècle.

    la Toile est un gigantesque théâtre grec dans lequel tout le monde, y compris à son insu et contre son gré, peut devenir acteur d'un drame en trois actes. Les erreurs s'y propagent plus vite que les analyses éclairées et sont répliquées jusqu'à l'écoeurement par nombre de sites dont la vérification des sources est le cadet des soucis.

    Une fois qu'un site est considéré comme un site de référence, il peut raconter n'importe quelle connerie, tout le monde reprend son information et le cite.

    Dans les écoles françaises on entonne à grand renfort de trompettes et de chartes républicaines la complainte du béni-oui-oui pour "éduquer" les jeunes âmes à l'utilisation d'Internet. On ferait mieux d'y multiplier l'étude de cas concrets au point de devenir des cas d'école.

    Chez les Grecs, on éduquait les enfants encore jeunes avec des légendes et des mythes. L'âge et le maturité venant, on passait aux exercices rhétoriques. Cette habitude sensée demeure relativement vivace en Europe puisque fables et contes tiennent encore une relativement bonne place dans les programmes de l'école primaire et du début du collège, même si l'on n'en tire guère la substantifique moëlle désormais.

    L'histoire de Jessi mérite d'entrer dans la légende et de figurer au nombre des contes modernes. Une sorte de Chaperon rouge de Perrault pour usagers électroniques : l'héroïne, la plus jolie petite fille du village, commet l'erreur fatale de donner au grand méchant loup les coordonnées complètes de sa grand-mère. Le loup file chez la vieille et la dévore. Quand la petite arrive chez son aïeule, c'est le loup qu'elle trouve. Déguisé en grand-mère, il l'invite à prendre place dans son lit : personne, dans le conte de Perrault ne retrouvera l'enfant vivante...

    Cette histoire bien ancienne, puisqu'elle appartient à la tradition orale médiévale résonne d'un bruissement particulier sur nos fils électroniques, et il n'y a pas, cette fois, de frères Grimm qui traîneraient sur la Toile pour inventer une fin heureuse. A méditer...

  • L'horreur de Nankin

    Je n'irai pas voir City of Life and Death le film de Lu Chuan. Non que j'ai un a priori défavorable, bien au contraire, mais plutôt que de tels films me remuent trop, quand bien même le film demeurerait sobre en dépit de la tache que le réalisateur s'est assigné.

    Le massacre de Nankin vaut bien la Shoah à de nombreux égards. C'est un crime sans nom. Un crime sadique et collectif, mais un crime toujours pas reconnu au Japon. Il faut bien comprendre qu'on en dit plus sur l'horreur de Nankin dans les manuels d'histoire français que dans leurs homologues nippons !

    Quand on considère le mal que le Japon a fait à la Chine pendant plus d'un demi-siècle, les crimes que cette nation a commis au sein de l'Empire du Milieu, on comprend mieux la méfiance instinctive des Chinois vis à vis des Japonais désormais.

    L'invraisemblable, c'est que Yasuhiko Asaka, le commanditaire du massacre de Nankin n'a jamais été puni, simplement parce qu'il était membre de la famille impériale.

    Il eût fallu pourtant le pendre haut et court sous les yeux de la population japonaise pour l'exemple. Non moins invraisemblable, il y a encore des politiciens japonais de premier rang pour nier les atroces exactions qui furent commises à Nankin.

    Il ne peut y avoir aucune réconciliation sino-japonaise solide sans reconnaissance de l'horreur absolue que fut le sac de cette cité. Il eût fallu liquider physiquement et publiquement toute la chaîne de commandement qui avait permis une telle barbarie. Mais pour contenir le communisme, les Américains et au premier chef Mac Arthur, ont préféré fermer les yeux.

    Kotohito Kan'in, autre prince compromis dans ces meurtres horribles reçut des funérailles nationales après sa mort survenue le 21 mai 1945. Le Japon avait pourtant capitulé...

    Un homme aurait le pouvoir de rouvrir le dossier et de rendre enfin justice aux victimes : l'empereur Akihito. Il a fait quelques efforts en ce sens, mais c'est dans sa propre famille qu'ont germé les fruits les plus pourris et empoisonnés du Japon militarisé et fanatisé.

    Les tabloïds, c'est une chose, la responsabilité politique et humaine, c'en est une autre : aura-t-il ce courage ?

  • Permis de construire en Israël...

    Intéressant de lire cet article de l'Express puis ce billet de Manuel, l'un des trois bills : édifiant. L'Express de contente de s'en prendre aux vilains Israéliens qui font péter les maisons des gentils Palestiniens. Seulement voilà, Manuel qui a creusé autrement plus sérieusement le sujet que l'Express et même que le journaliste de l'agence Reuters a essayé de comprendre pourquoi la famille arabe citée n'avait pu obtenir le fameux permis de construire de sa maison (bâtie donc sans permis) puisque le communiqué de l'agence de presse se contentait de préciser laconiquement que ce permis était impossible à obtenir pour une famille arabe à Jérusalem.

    La réalité, comme le dit Manuel, c'est qu'Israël est un pays de droit, et que là-bas, la construction est soumise à des normes. Depuis 1992, chaque nouvelle construction doit comporter un abri anti-aérien, ce que l'on comprend, puisqu'il faut le rappeler, Israël est un état en guerre avec plusieurs autres pays. Mais cet abri n'est pas pris en charge par l'état ; celui qui construit sa maison doit le payer cash.

    De nombreuses familles arabes ont passé outre cette obligation légale. En réalité, Israël ne détruit pas chaque demeure non-conforme, parce que s'il procédait ainsi, il opérerait des destructions massives ! Mais dans une zone litigieuse, l'état hébreu applique strictement le droit.

    Rien que de normal, en France, pays en paix, on ne fait pas autrement.

    Je l'ai déjà dit, dès qu'il s'agit d'Israël, il y a une désinformation de folie tant dans la presse traditionnelle que sur la Toile, et souvent, malheureusement, jusque dans les renseignements fournis par les ONG, si bien qu'il faut se creuser la cervelle et chercher avec ténacité pour parvenir à rassembler les pièces du puzzle et reconstituer ainsi la vérité des faits...

  • Les Amazones débarquent en France

    Le Bénin a envoyé une troupe de choc et de charme pour sa participation au défilé français, ce 14 juillet : des Amazones. A l'origine, les Amazones sont des femmes guerrières de la myhtologie grecque. Au Royaume du Dahomey, dès le 17ème siècle, la tradition de former des divisions de combat féminines existe. Elle se perpétuera, et, le Bénin qui est le successeur du Dahomey compte pour près de 15% de son armée de femmes soldats. A l'exception d'Israël dont la situation est particulière, aucun autre pays au monde ne dispose d'un tel recrutement.

    Un petit mot à propos du Bénin, puisque ces jeunes femmes sont béninoises. C'est un pays intéressant où le multipartisme s'installe dans les moeurs et où il existe une certaine liberté de la presse. Une expérience démocratique qui mérite un regard bienveillant.
  • L'icône Ingrid...

    Qu'est-ce que j'ai pu en voir des "free Ingrid Betancourt" à une époque donnée, ce qui ne laissait pas de m'agacer, au demeurant. C'était super tendance. Qu'est devenue l'icône, maintenant qu'elle réclame 6 millions de dollars à ses concitoyens pour préjudice subi ? Elle est tout de même gonflée : Uribe a tout mis en oeuvre pour tenter de la récupérer, l'opinion publique mondiale l'a soutenue, elle-même s'est mise en danger en dépit des avertissements aux check points de la zone dans laquelle elle voulait à toute force entrer, et aujourd'hui, la voilà qui réclame de l'argent en compensation de sa propre imprudence.

    J'ai cru comprendre que Liliane et Ingrid avaient en ancêtre commun Jean de Béthencourt, illustre navigateur normand. Bon, à l'époque, il ne s'agissait pas de frauder le fisc mais de mettre un peu d'espace entre ses créanciers et lui...Comme quoi certaines traditions familiales perdurent...Déjà à l'époque, il avait installé son neveu à la tête d'un prospère paradis fiscal d'aujourd'hui...

    Dans tous les cas de figure, côté cash, il y a un gène dans la famille Béthencourt, depuis l'ancêtre Jean...

  • Fadlallah, leader du Hezbollah mais homme droit et sensible

    J'avoue éprouver des sentiments contradictoires à propos de Mohamed Hussein Fadlallah, le leader spirituel du Hezbollah. D'un côté, je n'aime pas ce mouvement politique pour le tort qu'il cause au Liban, et également pour la haine farouche qu'il voue à Israël. Mais de l'autre, Fadlallah a été un grand chef spirituel, modéré voire progressiste dans le domaine sociétal.

    Il a condamné les attentats de septembre 2001, s'est opposé aux attentats suicide au sein de son mouvement, et fait preuve de beaucoup de courage sur la condition de la femme, récusant toute forme de domination masculine et réprouvant clairement les violences faites aux femmes en terre d'Islam ; plus que cela en fait : concédant aux femmes le droit de répondre à la violence physique par la violence physique ! On faillit s'en étouffer de rage à l'Université Al-Azar ! Dans une mise au point postérieure, il précise que le mariage n'est pas l'expression d'un droit de propriété de l'homme sur la femme mais d'un contrat dont les règles fondamentales sont fixées par un verset du Coran (d'abord une gestion financière commune d'un logis, si j'ai bien compris). Mieux encore : il avait édicté une fatwa en 2008 pour engager les Libanais à respecter les domestiques étrangères. Il a dit un jour qu'il avait été sauvé d'un attentat par la présence d'une femme qui insistait pour lui demander conseil. Il le leur a bien rendu...

    A côté de cela, l'homme est un grand poète, rompu à la rhétorique et aux exercices littéraires les plus fins, amateur expert de littérature.

    J'ai dit qu'il était le leader spirituel du Hezbollah, mais en fait il s'en défendait, et ce mouvement politique ne l'a jamais clairement admis. J'ai cru comprendre aussi qu'au fil du temps, il éprouvé de plus en plus d'agacement devant la main mise progressive de l'Iran sur le Hezbollah (Manifestement, il avait quelques difficultés avec le concept de Guide Suprême toujours en vigueur, d'ailleurs, au sein de la République islamique).

    Sa mort est assurément une grande perte pour l'Islam et pour les Shi'ites. In fine, si diplomatiquement, comme tous les cadres du Hezbollah, on peut juger son action catastrophique (la lutte armée à outrance contre Israël a eu un coût désastreux pour le Liban), humainement, il a joué un rôle majeur pour sa communauté.

  • Ivre, le trader booste le cours du pétrole !

    Incroyable cette nouvelle relayée par le Figaro. Un trader saoûl comme un cochon est rentré chez lui hier et a passé commande de l'équivalent de 30% de la production totale de pétrole de l'OPEP ! Hallucinant. Du coup, le cours du baril de brent a fait un bond de 71 à 73.5 dollars ! Je n'arrive pas à y croire. Finalement, c'est délirant les responsabilités qui reposent sur les épaules d'un trader. Je m'étonne qu'il n'y ait pas une sorte de cran d'arrêt pour l'empêcher de dépasser certains montants quand des opérations surprenantes se produisent. Je ne dis pas que c'est facile à mettre au point, parce que les traders doivent réagir très vite en manipulant des sommes énormes, mais franchement, la sécurité mondiale des marchés financiers en vaut la chandelle.

    Imaginez un jour qu'il y en ait un qui pète un câble et revende massivement je ne sais pas moi...un bon du trésor d'un grand pays endetté, par exemple. Panique sur les marchés, on peut avoir le déclenchement d'une crise d'ampleur mondiale d'un coup !

    Les mecs (et/ou les nanas), ils/elles ont le doigt sur le détonateur de véritables bombes nucléaires financières et il n'y a pas de codes de sécurité ni de valises à clefs partagées pour les empêcher de commettre l'irréparable...

  • Superpuissance des États-Unis ? (sujet d'histoire 2010)

    Sympa, finalement, le bac ; c'est un occasion de plonger dans des réflexions intéressantes. Au bac S, il y avait un sujet savoureux : « La superpuissance des Etats-Unis et ses manifestations dans l’espace mondial ». Bon, je ne suis pas vraiment qualifié pour tenter de traiter un tel sujet, mais une chose me saute aux yeux, dans ce domaine, c'est l'évidence du paradoxe que vivent les USA.

    Première puissance, militaire, politique, économique et culturelle, copiés partout sur la planète, aimés ou détestés, leur pouvoir se manifeste aux quatre coins de la planète, mais jamais de manière univoque.

    Ainsi, dans le domaine géopolitique, l'absence de contre-poids a généré une multitude de conflits régionaux sur lesquels, faute d'effet de balancier, il est difficile d'exercer des actions efficaces.

    Première puissance économique, mais pays le plus endetté du monde et dont la dette ne repose que sur l'équilibre d'une terreur : premiers acheteurs de la planète, l'économie de leurs créanciers dépend de leur consommation. C'est bien la raison pour laquelle la Chine, qui regorge de bons du trésor américain se garde bien d'en agiter la revente comme autant d'épouvantails.

    Première puissance culturelle, mais ceux-là même qui portent des jeans dans nombre de pays du Moyen-Orient brûlent dans le même élan le drapeau américain.

    Première puissance idéologique, mais, dans le monde entier, libéralisme et capitalisme qui sont les deux mamelles auxquelles se nourrit l'Amérique sont battus en brèche.

    Ce serait long de faire une dissertation sur le sujet, mais pour ma part, je n'aurais jamais évoqué les manifestations de la super-puissance américaine sans signaler systématiquement les réactions qu'elle engendre.

    Partout le monde entier attend les USA, et leur reproche soit une inaction soit un surcroît d'activité politique, économique, militaire ou culturelle.

    La Superpuissance américaine ne peut se permettre d'être neutre ou en repos, et en même temps, le moindre de ses mouvements excite la moitié de la planète...

    In fine, c'est la capacité à survivre à ces contradictions et à les gérer qui fait des USA une super-puissance qui a survécu jusqu'à nos jours. La voie est pourtant étroite, et près du Capitole, il y a la roche tarpéienne. Sans ennemi de prédilection, il est plus difficile de faire son chemin.

    Quand Athènes est tombé, la puissance de Sparte qui avait frappé la Grèce pendant un siècle ne mit pas trente ans à tomber.

  • L'autre match France-Mexique

    Ce soir se joue le match France-Mexique. Nul doute qu'une grande partie de la France va le regarder. Mais, depuis cinq années, c'est une partie autrement plus redoutable qui se joue entre une petite française et le Mexique avec sa justice corrompue et malhonnête. Florence Cassez croupit dans une prison mexicaine depuis le mois de décembre 2005. Elle a été arrêtée pour des crimes qu'elle n'a pas commis. Son arrestation a été une mascarade. Des témoignages à charge ont été obtenus sous la torture. Pour flatter le nationalisme de ses concitoyens, le président Calderon a refusé de réexaminer l'affaire. Pas de doute qu'il en eût été autrement s'il se fût agi d'un cacique du parti au pouvoir.

    Florence Cassez suit la coupe du monde de football. Elle parie sur une victoire des Bleus. Bleus bien arrogants (pas fichus de serrer une main en Afrique du Sud) et indifférents à une injustice pourtant avérée. Pour toucher du fric et sa le couler douce, il y a du monde au portillon. Mais quand il s'agit de se bouger pour une vraie cause, c'est le silence radio. Cela ne doit pas rapporter de fric.

    Ah, évidemment, s'il y avait eu un contrat publicitaire, peut-être aurions-nous eu droit à quelques mots des joueurs de l'équipe de France...Ça aurait eu de la gueule, une équipe qui aurait affiché la photo de Florence Cassez sur son maillot avant de débuter le match. Mais avec nos mercenaires vendus au plus offrant, il ne faut pas trop y compter...

    En tout cas, côté aztèque, c'est la débandade : des juristes mexicains commencent à réaliser qu'il y a eu anguille sous roche depuis les débuts de l'histoire, et au plus hauts sommets de l'État, on n'a qu'une trouille : ouvrir la boîte de Pandore. Et là, ça pourrait faire mal, parce qu'on réaliserait que Calderon qui vante la transition démocratique se paie la tête du monde. Police, justice, politique, il n'y a rien de démocratique au Mexique. Oh, ça, pour faire à grand renfort de médias un cas d'école de l'affaire Cassez, il y a eu du monde. Mais pour résoudre les cas atroces de mutilations, tortures et assassinats de centaines de femmes à Mexico, là, en revanche, nada. Et je pense que cela continue, d'ailleurs.

    Évidemment, ailleurs, on commence à s'inquiéter : il pourrait y avoir d'autres Florence Cassez, et pas seulement des Françaises. Quand l'arbitraire règne en  maître, toutes les injustices, même les plus flagrantes, deviennent possibles.