Je me suis rendu tout récemment sur le site du MCC (Mouvement des Citoyens pour le Changement), un mouvement centriste et démocrate belge qui est membre du PDE et de l'ADLE, comme le MoDem. J'y ai trouvé des analyses très lucides et raisonnables sur la Wallonie, avec des problématiques souvent similiaires aux nôtres, en France. J'aime beaucoup leur manière d'envisager les choses : nulle démagogie envers les Flamands. Au contraire, le MCC reconnaît qu'il y a un déséquilibre entre les moyens avec lesquels vit la Wallonie, et son niveau de vie.
On trouve sur le site une excellente formule de Robert Deschamps, un professeur d'Université à Namur :
«La Wallonie vit pour l'instant au-dessus de ses moyens mais en-dessous de ses capacités.»
On pourrait appliquer à merveille cette formule à la France...
Je recopie ici le constat du MCC :
L’écart de développement entre le Nord et le Sud du pays ne cesse de s’accroître. Dans certaines familles wallonnes et bruxelloises, le chômage se transmet quasiment de génération en génération et le travail au noir devient presque systématique pour les emplois peu qualifiés. Des sous-régions entières tombent dans le délabrement.C’est un drame pour les Wallons, un handicap pour les Francophones, et une menace pour l’Etat belge.
Depuis le milieu des années nonante, certains décideurs ont pris conscience de l’urgence d’agir pour le développement économique et social de la Wallonie.
Dix ans plus tard, et malgré les efforts récemment menés notamment dans le cadre du Contrat d’avenir pour la Wallonie, force est de constater que la Wallonie est toujours en retard de développement par rapport aux régions voisines.
L’analyse des indicateurs de niveau de vie (Produit Intérieur Brut par habitant), d’emploi (chômage), d’exportation et d’investissement montre que la Wallonie reste durablement à la traîne tant par rapport à la Belgique (donc à la Flandre) que par rapport à l’Europe.
Le mal wallon peut ainsi se caractériser par :
* La faiblesse de l’investissement et des exportations;
* L’insuffisance de l’emploi dans le secteur productif ;
* Un taux de chômage 2,5 fois plus élevé qu’en Flandre ;
* Une absence de politique de reconversion industrielle dans certains secteurs et dans certaines sous-régions de la Wallonie ;
* Une inadéquation de la formation aux besoins de l’industrie et des services ;
* Un investissement insuffisant en matière de recherche et de développement ;
* Une faible densité du réseau entrepreneurial, des indépendants, des PME et des PMI.
D'un point de vue belge, les Wallons représentent 33% de la population, ne produisent que 23% de la richesse nationale, mais bénéficient (grâce notamment aux transferts de solidarité) de 30% du revenu national.
D'un point de vue européen, si le Produit Intérieur Brut (P.I.B) par habitant est de 100 en moyenne pour l'Union européenne, le P.I.B wallon se situe à 79, celui de la Flandre à plus de 110.
Cette situation est un drame pour les Wallons, un handicap pour les Francophones, et une menace pour l’Etat belge.
Bruxelles présente aujourd’hui le paradoxe d’être une région parmi les plus riches d’Europe mais dans le même temps de vivre une dualisation croissante de sa population. En effet, si ses indicateurs économiques sont en apparence nettement plus favorables, ses indicateurs sociaux montrent quant à eux que l’écart entre très riches et très pauvres s’agrandit.
Si beaucoup d’efforts ont déjà été faits, il ne reste pas moins que Bruxelles continue de vivre, à l’instar de beaucoup d’autres grandes villes, les difficultés des grands pôles urbains : dévitalisation de certains quartiers, quartiers « difficiles », manque de logements salubres, dégradation délinquante de l’espace public, augmentation du sentiment d’insécurité, …
En Région bruxelloise, le taux d’activité est de 65%. Il y a plus de 75000 demandeurs d’emploi et on estime à 25000 le nombre de minimexés. En ce qui concerne la sécurité en Région bruxelloise, près de 150 000 délits sont enregistrés chaque année (malgré une baisse ces dernières années). Outre la sécurité, le logement, la mobilité et la propreté constituent des réels problèmes pour les Bruxellois sans parler du travail au noir pour les emplois peu qualifiés.
Bruxelles est aujourd’hui la capitale de l’Europe, la capitale de la Belgique et la capitale de la Flandre. Si elle est aspirée par sa vocation internationale, elle est également coincée dans ses 19 communes, coupée de sa périphérie, coupée de son hinterland wallon et flamand. Cette position entraîne, à l’image des éternels bouchons le matin, une lente mais sûre asphyxie de Bruxelles…
Bruxelles doit aujourd’hui relever 3 défis majeurs : développer une ville vraiment humaine pour tous ses habitants, renforcer son rôle de capitale de tous les Belges, renforcer sa vocation internationale.
La Wallonie et Bruxelles sont situées au cœur de l’Union européenne. Elles doivent tenir compte du nouvel environnement que constitue l’Europe à vingt-cinq (et bientôt à vingt-sept). Elles peuvent tirer profit de ces marchés mais ont besoin de réformes pour faire face à une concurrence accrue.
Sans changements culturel et politique rapides et sans mesures radicales, les hommes et les femmes de Wallonie et de Bruxelles se verront imposer leur destin.
Notre ambition :
développer durablement les richesses en Wallonie et à Bruxelles:
« Un paradis social ne se construit pas sur un désert économique » ; il faut soutenir l’esprit d’initiative, remettre en avant le goût pour l’effort et tirer profit du grand marché européen. Les gisements du futur ne sont plus dans notre sol. Ils dépendront toujours plus de notre matière grise, de la créativité, de l’innovation, et du développement technologique. L’enseignement doit être adapté et les qualifications améliorées. Les indépendants, les PME et les PMI doivent être favorisées.
Notre conviction est que l’on ne construit pas de paradis social sur un désert économique. Le développement durable de nos Régions passe par une économie forte, compétitive et régulée pour garantir la prospérité et la solidarité pour tous.
Nos objectifs pour une Wallonie et une région de Bruxelles fortes au cœur de l’Europe consistent à :
1. Doper l’activité économique, stimuler l’investissement et développer l’esprit d’entreprise
Nous avons besoin d'une véritable stratégie de développement et d’expansion économique. Afin d’amener nos performances économiques au niveau de la moyenne européenne ou mieux, au niveau des régions ou des pays les plus performants qui nous entourent, nous proposons :
* La reconstruction de notre espace économique et industriel par l'élévation du taux général d'investissement interne et externe, en particulier dans le secteur de production de biens et de services à haute valeur ajoutée;
* L’activation du capital risque pour financer l’émergence des start-up;
* La maîtrise et la réduction des coûts directs et indirects de production;
* L'intensification et la concentration des moyens matériels et humains affectés à la recherche-développement;
* L'accroissement de la flexibilité du marché du travail et de la mobilité des travailleurs dans le respect des personnes et de la vie de famille;
* L'augmentation des parts de marché à l’exportation ;
* La valorisation du travail des indépendants.
Nous affirmons que la lutte contre le chômage et contre le travail au noir passe aussi par la promotion et le développement du travail indépendant. Il faut miser sur les indépendants et les très petites entreprises (TPE), en valorisant la réussite et non en les culpabilisant notamment par des tracasseries administratives et fiscales. Nous sommes convaincus que le recours aux indépendants est un des meilleurs moyens de stimuler ce qui manque le plus chez nous: « l'imaginer » et « l'oser ».
Tous ceux qui désirent créer leur propre emploi ou voler de leurs propres ailes doivent être encouragés et formés, notamment en matière de gestion. Leur statut social doit aussi être amélioré et modernisé. Les compétences dans l’art et l’artisanat doivent également être valorisées.
Il faut élargir l’octroi des aides dont bénéficient les demandeurs d’emploi désireux de créer leur propre travail à tous ceux qui, jeunes ou moins jeunes, cadres ou salariés, souhaitent se lancer dans l’aventure de la création d’entreprise.
Trop souvent encore et malgré les efforts de ces dernières années, les indépendants, les PME et les PMI renoncent à embaucher du personnel en raison de la surcharge de travail administratif et de coûts que cela impose. D’une manière générale, il faut alléger drastiquement et rationaliser les charges administratives imposées aux entreprises et aux indépendants. Il est également indispensable de revoir en ce sens le financement de la sécurité sociale.
Cela ne vous rappelle pas quelque chose, vous ? Quasiment le même programme que nous, au MoDem. Cela ne va pas être très difficile de construire un programme commun aux européennes...