Dans le Canard enchaîné du mercredi 29 avril, un article en dernière page passe succinctement en revue les remèdes que l'on peut tenter d'apporter à la grippe porcine. Or, le Canard conclut en signalant qu'un réseau de chercheurs et de médecins préconisent une solution innovante : l'immunothérapie passive. Un traitement fondé sur l'administration de sérum d'animaux infectés et convalescents et qui a fait ses preuves face à la grippe.
J'ai essayé de trouver plus d'informations sur la Toile à ce sujet, mais j'ai surtout trouvé des reprises de l'article du Canard. Il faut dire que cette solution peu coûteuse et peut-être efficace pourrait court-circuiter les laboratoires traditionnelles, observait le Canard. Du coup, pas de relais ni dans la sphère politique, ni dans la sphère médiatique.
J'ai donc insisté, et fini par trouver un extrait d'un article de Wikipedia sur les plans de crise en cas de Pandémie qui précise la chose :
L’immunothérapie passive des malades, par des anticorps monoclonaux est une des solutions envisagées par les chercheurs qui en 2007 testaient déjà son efficacité sur l'animal[3], avec des résultats laissant penser que des anticorps monoclonaux d'origine humaine pourraient être produits à partir du sang de patients ayant guéri d'une grippe à H5N1 (ou de convalescents le cas échéants) et contribuer à enrayer une épidémie et à limiter le nombre de morts (en prophylaxie unique, ou comme traitement complémentaire).
Il se trouve qu'en farfouillant davantage, je suis tombé sur la thèse de doctorat d'une étudiante, datant de 2005 (et donc de l'époque de la grippe aviaire !!!), Vanessa Guillaume, qui évoque justement ce type d'immunothérapie contre les maladies infectieuses. Elle écrit notamment :
L’immunothérapie passive par l’administration d’anticorps ou de cellules effectrices représente une approche alternative susceptible d’être utilisée comme traitement préventif ou thérapeutique lors des infections virales . L’immunothérapie passive peut être efficace sans l’activation du système immunitaire des patients traités et présente ainsi un avantage constitutif majeur pour la prévention et le traitement des personnes immunodéprimées.
Et elle en fait aussi un bref aperçu historique. cette technique n'est en fait pas nouvelle, mais a été abandonnée (dommage !) :
L’immunothérapie passive par les anticorps L’immunothérapie passive a été découverte pour la première fois en 1890 par Behring et Kitasato lorsqu’ils ont observé que l’administration de sérums d’un animal immunisé à un animal naif induit une protection contre la toxicité de la toxine diphtérie. Cette technique thérapeutique efficace a été utilisée contre de nombreux pathogènes. Malgré les preuves de son efficacité clinique, cette technique a pourtant été abandonnée lors de la découverte de la chimiothérapie antimicrobienne et notamment lors de l’utilisation des composés sulfomamides (1935) puis de la pénicilline (1942).
La réponse immunitaire est constituée de l’immunité naturelle (innée) et de l’immunité spécifique (adaptative). De nombreux effecteurs humoraux et cellulaires sont communs aux deux immunités qui co-fonctionnent, co-existent et se complémentent. Les distinctions majeures entre ces deux immunités résident dans la spécificité de reconnaissance de l’agent pathogène et dans l’induction d’une mémoire immunologique. L’activation de l’immunité naturelle est induite immédiatement après l’infection par la reconnaissance de molécules et de signaux non spécifiques de l’agent infectieux, alors que l’activation de l’immunité adaptative dépend de la reconnaissance spécifique de l’agent infectieux et nécessite donc un temps d’induction.
Bien que je ne sois pas spécialiste (j'invite les biologistes et les médecins à lire la thèse) je trouve ces extraits éclairants, tout du moins, pour le grand public que je suis en la matière. En tout cas, si le réseau de médecins et de chercheurs que cite le Canard lit cet article, j'aimerais bien qu'il se fasse connaître. Je me charge d'assurer la publicité de leurs propositions sur la Toile, et je suis à peu près certain de trouver au sein de la blogosphère des hommes et des femmes qui partageront volontiers cette tâche avec moi.
Commentaires
Bonsoir l'Hérétique,
Encore une fois un article très utile. Mais ici assez complexe. Je me permets de vous donner un lien où les explications entre vaccination et sérum sont claires il me semble. Le sérum est encore employé dans certains cas.
http://fr.encarta.msn.com/encyclopedia_761567395/vaccination.html
Quand on sait le temps qu'il faut pour la commercialisation d'un vaccin une fois soumis à tous les essais... c'est un peu angoissant.
http://www.gsk.fr/gsk/votresante/vaccins/vaccins_elaboration.html
Mais très franchement je fais entièrement confiance à notre recherche française. Tiens d'ailleurs nous avons dans notre liste des Européennes du grand S-O Philippe Berta, maire de Nîmes mais avant tout fondateur de l'école de l'ADN...
http://www.ecole-adn.fr/WEB_F/home.html
n'y a t il pas d'autres risques. Imagine que l'animal en question soit infecté aussi par l'ESB ?
Bah, un coup des Talibans et de l'Occident tout ca! Ou... Bon, je sors rapidos et masquée, dsl du dérangement occasionné!!
Article très intéressant, qui je l'espère pourra être commenté par des spécialistes en "virologie" (je ne connais pas la dénomination exacte), de préférence indépendants de tout laboratoire pharmaceutique. Le seul hic, c'est que la plupart ne s'intéressent pas forcément à des blogs politiques...
Personnellement, je présenterai ton article à des médecins, mais je doute qu'ils soient capables de commenter des choses aussi "pointues".
A moins, bien entendu que Martine ait des idées? -)
"Un traitement fondé sur l'administration de sérum d'animaux infectés et convalescents et qui a fait ses preuves face à la grippe."
Je ne vois pas ce qui a de neuf dans ceci, ils viennent juste de reinventer la vaccination, dont on sait depuis longtemps qu'elle est efficace contre la grippe.
@ Françoise
J'ai lu l'article, mais pas compris nettement la distinction entre sérum et vaccin. En revanche, précieuse info pour philippe Berta. Il y aurait un moyen de l'interviewer, vous pensez ?
@ JF
Merci si tu as des infos
@ Éric
de nouvelles formes de vaccination, non ?
L' hérétique, je crois qu'ils sont tous fort occupés.
http://rfi.fr/sciencefr/articles/112/article_80508.asp
Serum pour curatif
Vaccin pour préventif
Le sérum est différent du vaccin car ils n'ont pas les mêmes rôles. Le sérum contient déjà des anticorps (c'est donc un médicament qui "soigne" immédiatement mais son effet disparaît en quelques semaine, tandis que le vaccin que l'on va injecter va faire fabriquer par le corps ses propres anticorps à la maladie en cause comme si le corps fabriquait ses propres médicaments. Lorsque l'on a par exemple une plaie susceptible de donner le tétanos c'est ce que l'on fait : on fait les deux injections en même temps. (De mon temps c'était d'ailleurs très douloureux. La technologie a peut-être évolué puisque je n'exerce plus comme infirmière depuis longtemps.)
Pour résumer : le sérum est curatif mais provisoire alors que le vaccin est préventif mais durable...
En ce qui concerne le vaccin de la grippe, il change chaque année car il y a une multitude de grippes, la preuve en ce moment avec de nouvelles mutations.
Pour Philippe Berta il faudrait peut-être le solliciter via la tête de liste, cad Robert Rochefort ? Pourquoi pas passer par le siège. Je n'ai les coordonnées d'aucuns.
;-))
Ceci dit, produire suffisamment de serum pour tout le monde serait assez difficile (surtout si on ne veut pas utiliser des animaux.
Peut être à partir de cultures cellulaires, mais il faudra un certains temps pour mettre cela en place.
C'est tout de même une excellente idée d'avoir des unités de production à disposition, et les industries pharmaceutiques trouverons probablement là un marché bien plus lucratif que les vaccins.
@ L'Hérétique: voilà, j'ai demandé l'avis d'un médecin que je connais bien.
Déjà utilisé dans le cas du tétanos, pourrait éventuellement marcher, mais très risqué: car on ne peut pas administrer comme ça des anticorps animaux sans qu'il y ait risque important de choc anaphylactique. Il faudrait au préalable de longs mois d'études, ce qui donc ne raccourcirait pas le temps nécessaire par rapport à celui requis pour la fabrication d'un vaccin.
@ JF
Merci pour vos infos. Et est-ce qu'il connaît le réseau auquel faisait allusion le Canard ?
@ Françoise
Bon, je crois que je l'ai en contact sur facebook. Je vois ça.
@ Vincent
Là, je ne suis vraiment pas dans mon domaine d'expertise...
@ L'Hérétique: non pas du tout, ce n'est qu'un avis rapide sur la base de la lecture du présent article. Mais ce médecin m'a fait remarquer en outre que les labos pharmaceutiques seraient de toute façon "dans le coup", simplement, ce ne seraient peut-être pas les mêmes...