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L'Hérétique (Démocratie et hérésie économique) - Page 266

  • Pourquoi les compagnies aériennes attendent-elles les morts ?

    L'enquête sur le crash de l'Airbus A 330-200 en provenance de Rio de Janeiro a désormais progressé à grands pas. Je n'en reviens pas de l'inconscience et de la légèreté incroyables des compagnies aériennes. Il est désormais fort vraisemblable que ce soit un équipement défectueux qui ait, par une réaction en chaîne, provoqué le crash mortel de l'avion. Ce qui est odieux, c'est qu'Airbus avait prévenu depuis près de 10 mois de la nécessité de remplacer la pièce concerné (des sondes qui calculent la vitesse de l'appareil). Certes, Air France avait commencé à opérer leur remplacement, mais fort lentement. Et que dire d'US Airways ou encore Swiss Air qui ne commence à le faire que maintenant seulement en dépit des mises en garde d'Airbus ! Elles datent de septembre 2007 ! Certes, pas sur les A 330 et A 340, mais enfin, quand on sait qu'un matériel de même type est défectueux sur un modèle, il n'y a pas de raisons de ne pas supposer qu'il soit sur un autre !

    Des problèmes sur les A330 et A340 étaient apparus dès mai 2008. A la décharge d'Air France, elle avait demandé des solutions à Airbus qui lui a répondu que les sondes modifiées pour les Airbus A 320 n'étaient pas opérationnelles pour les A 330 et A 340.

    J'avoue que je suis inquiet et que désormais, je me demande s'il ne faut pas vérifier si l'avion que l'on va prendre est un A-340 ou un A-330.

    L'inconséquence des compagnies aériennes après l'avertissement de l'avionneur (Airbus n'est pas du tout en cause, au contraire, le constructeur européen a réagi vite et bien) est inqualifiable.

    Je comprends aux dernières informations qu'Air-France avait commencé à changer ces fameuses sondes, mais pour les autres compagnies (et à mon avis la liste va s'allonger), elles ne s'en préoccupent que maintenant alors que le problème est connu.

    Il existe des normes de sécurité dans le transport aérien. La question, c'est de savoir si elles ont été respectées. Il y a eu 240 morts. Il vaudrait mieux ne pas avoir à apprendre que ces morts auraient pu être évitées...

    [EDIT] J'en apprends beaucoup plus grâce à M, un commentateur de mon billet qui le signale ce très très intéressant lien, chez le rocrocodilekinepeuthe ! Apparemment, les tubes pitots (pas les sondes) qui sont défaillants : ils servent à calculer la vitesse des vents et à permettre au pilote d'adapter sa vitesse relative. Q'ils soient recouverts ou obstrués, par exemple par du givre, et ils peuvent alors fournir des informations erronées au pilote. Or, ces tubes équipent les aéronefs depuis longtemps, et à ce que je lis sur le blog cité et dans l'article de wikipedia, leur obstruction a déjà provoqué des accidents mortels en 1996 et 1997. Il y avait donc déjà eu des morts...

    Il est invraisemblable qu'en 12 années, cette faille n'ait toujours pas été résolue... [EDIT]

     

  • Je te retrouve, mon François...

    A la bonne heure. J'ai écouté François Bayrou sur Europe 1, et je suis satisfait de ses explications. Particulièrement, je suis très sensible à ce qu'il se soit inquiété de tous les Français qui voyaient jusque là en lui un hommme qui ne s'abaissait pas à de basses querelles. Il a manifestement été très touché de cette atteinte à la relation de confiance qui existait entre lui et les hommes et les femmes qui ont de lui cette image. Il a également regretté son altercation avec Cohn-Bendit, jugeant que ce n'était pas le lieu, précisant, ce dont je me doutais, à vrai dire, que c'est le mot "ignoble" utilisé par Cohn-Bendit à son encontre qui lui avait perdre son sang-froid. Il a assuré être prêt à rencontrer Cohn-Bendit pour évoquer l'affaire avec lui, d'homme à homme. Il juge, en revanche, avoir joué collectif : ben mon François, t'as encore des progrès à faire sur ce plan-là :-) Mais pour le reste, je suis content de toi, et je salue ta capacité à admettre tes erreurs. C'est suffisamment rare en politique pour mériter d'être observé. Il ne reste plus qu'à ne pas recommencer les mêmes erreurs, désormais. Je pense qu'il y aura encore pas mal de choses à revoir, mais, désormais, je pense que c'est en interne qu'on va se dire les choses...

  • MoDem, apurons les comptes...

    Je reviens sur la monumentale claque que nous avons pris à l'issue de ces élections européennes avec certaines réflexions supplémentaires :

    a) Bayrou devrait au minimum présenter ses excuses à Cohn-Bendit, comme le pressait de le faire d'ailleurs son état-major. Franchement, sur le moment, je dois faire deux confidences :

    1. J'ai eu honte.

    2. Cela ne m'a traversé l'esprit qu'environ quelques nano-secondes : je me suis demandé si je n'allais pas finalement voter pour Europe-écologie. Puis, très rapidement, je me suis repris. J'ai tout d'abord pensé aux militants démocrates et à tout le travail qu'ils avaient fourni, à nos têtes de liste et à leur engagement sincère pour l'Europe, à Marielle qui n'y était pour rien dans les dérapages de François (à mon avis, elle n'a pas du le féliciter...) et je me suis dit que ç'aurait vraiment été trop injuste pour tous ceux-là. Compte-tenu de mon contentieux avec les Verts en règle générale, pour que j'y songe, c'est que c'était vraiment passé de travers...

    b) Il devrait aussi présenter ses plus plates excuses aux instituts de sondage ; perso, j'en ai ras-le-bol de passer pour un charlot à force de l'entendre énoncer de pseudo-théories du complot sarkozyste et tout le tralala sur la collusion entre les sondages et le pouvoir. Moi, ce que je vois surtout, c'est qu'à chaque élection, les sondages nous surévaluent largement. Je l'avais dit aussi. J'avais foi en Ipsos, mais là, ils se sont plantés aussi, manifestement...

    c) En parlant de théorie du complot, il devrait désormais balayer de son champ sémantique et lexical toute référence au complot. En particulier pour cette campagne européenne, nous avons été bien servis : un cadeau de suffisamment de sénateurs centristes (mais pas tous attention, c'est passé de justesse, ne nous leurrons pas) pour avoir 20 minutes de temps de passage sur les grandes chaînes au lieu de quelques minutes, un battage médiatique inespéré avec la sortie du livre de François, qui lui a permis de s'exprimer sur de nombreuses chaînes.

    d) Je suis d'accord pour m'opposer au projet de société que Sarkozy conduit. Mais cette opposition ne doit pas prendre le forme de critiques systématiques, primo, et secondo, il faut aussi lancer à intervalles réguliers de propositions, afin d'être soi-même crédible. A cet égard, Bayrou n'a pas eu tort de ne pas dissocier les problématiques de la France et celles de l'Europe : l'idée était bonne. Encore ne fallait-il pas transformer le croisement de ces problématiques en campagne pour ou contre Sarkozy.

    e) Cela fait un moment que j'explique qu'il faut propulser d'autres têtes au MoDem. Pourquoi Marielle ou Sylvie Goulard ou Corine Lepage ne sont-ils pas venus sur France 2 ? Je ne dis pas que nous aurions fait alors des miracles, il y avait une tendance de fond, mais on n'en serait pas là aujourd'hui.

    f) On est à ces élections, strictement sur notre socle électoral. Socle électoral qui était d'ailleurs à peu près celui de l'UDF, même s'il n'avait pas la même composition sociologique. François doit apprendre à lire les sondages :

    Ipsos établissait que seuls 50% de nos électeurs potentiels étaient susceptibles de voter sans hésitation pour nous. Il en allait de même pour les Verts. L'abstention allait être forte. On pouvait donc en déduire deux choses : d'une part que ce serait surtout l'électorat pro-européen qui voterait, d'autre part qu'il faudrait un élément décisif pour les faire pencher d'un côté ou de l'autre. On savait aussi que les Verts et nous avions pour partie des électorats proches : ce n'était dans ces conditions certainement pas astucieux de se friter violemment avec les Verts. Les positions de Jean-Luc Benhamias qui avait parlé très tôt d'un groupe écolo-démocrate ou encore de Corine Lepage qui voulait axer la campagne sur le développement durable étaient sages et bien pensées. On pouvait attaquer les Verts, mais sur les failles de leur programme et sur nos différences avec eux (ce que le Crapaud et moi avions commencé à faire mais que nous n'avons pas eu le temps de développer davantage). Ces différences, Bayrou ne les a jamais évoquées. Sur ce point, je ne lui jette pas la pierre à lui seul. Je n'ai pas beaucoup entendu nos "verts" en parler...Silence radio côté Behnamias et Corine Lepage, alors que c'eût été à eux d'assumer ce rôle-là...

    Bref, François doit comprendre que c'est biern gentil d'espérer 14% ou 15% mais que la confiance des électeurs, ça se mérite, ça se gagne, et que c'est un effort de tous les instants pour la conserver. Même les Socialistes qui tablaient sur un électorat bien plus fidèle que le nôtre s'en sont mordus les doigts eux aussi. Notre socle, je le redis, c'est 8% environ. Tout le reste, ce sont des électeurs que nous gagnons et qu'il faut fidéliser. Alors avant de viser la lune, faudrait peut-être consolider de ce côté-là en étant crédibles.

    J'espère que François ne se vexera pas de toutes ces critiques. Ce n'est pas mon genre de tirer sur l'ambulance, mais là, il y a de sérieuses remises en question à opérer dans la démarche. Notamment, il doit enregistrer une dernière chose : il n'a pas seulement une responsabilité individuelle. Il a aussi une responsabilité collective. Quand Bayrou parle, l'opinion estime qu'il parle pour le MoDem. Tout ce qu'il dit est identifié au MoDem. Il doit garder en permanence cela présent à l'esprit, particulièrement lors des campagnes qui impliquent son parti. Je lui rappelle qu'il avait fait tout de même un coup similaire aux députés UDF lors de la présidentielle en précisant sans les avertir ni les consulter qu'il ne voterait pas pour Sarkozy. Je ne dis pas que les députés ne seraient pas partis, mais, au moins, cela se serait peut-être fait dans une atmosphère plus sereine s'ils en avaient été avisés auparavant...

    Qu'on se le dise, ça va être ma semaine de déballage, alors je ne garantis pas que cela soit le dernier billet de ce type...

     

  • Bonne réaction, François !

    "Le résultat d'aujourd'hui est une déception. (...) De ce résultat, je prends ma part de responsabilité. Dans une campagne très dure, je ne suis pas parvenu à faire passer le message auquel j'étais attaché" "J'ai pensé que l'on ne pouvait pas séparer les enjeux nationaux des enjeux européens, je n'ai pas réussi à faire partager ce sentiment, et je me suis laissé entraîner dans une polémique excessive qui a troublé". "La vie c'est comme ça, ce sont des succès et des revers. Des revers il faut tirer les leçons, je le ferai", a poursuivi François Bayrou. "Nous avons maintenant deux impératifs : proposer une autre vision de l'avenir et un autre chemin pour les problèmes concrets de la vie des gens et adopter, trouver, une autre approche dans nos comportements politiques". "Si cette élection européenne nous oblige aux deux, elle n'aura pas été inutile ni pour nous ni pour les Français".

    François Bayrou a rappelé également la prégnance de la crise. Bon, François a fait une auto-critique. Ouf. Il reconnaît qu'il a eu tort et qu'il a parlé de ce dont les Français ne voulaient pas entendre parler. Une réaction intelligente. Il a été digne.

    Bon, maintenant, on est avec toi pour construire et améliorer notre message et nos propositions.

  • Crash du MoDem, bravo François...

    Bon, la campagne européenne étant finie et n'étant plus tenu à un devoir absolu de solidarité, je sens que je vais pouvoir dire ce que j'ai sur l'estomac, maintenant. François, si tu ne sais pas tenir tes nerfs, envoie quelqu'un de calme dans les débats. Je sais que ta sortie contre Cohn-Bendit n'était pas préméditée, que cela a été sous le coup de la colère. Je sais aussi qu'il y avait une tendance favorable aux Verts, mais là, tu as aggravé les choses. Nous autres blogueurs, nous avons vu immédiatement les dégâts sur la Toile. On pouvait craindre que cela soit amplifié dans l'opinion. Personnellement, je m'attendais à ce que nous tombions entre 10 et 11. Ben non, ça a été pire. Quand tu sens que tu es à cran, dans un débat, demande à Marielle d'y aller ! Elle, je sais qu'elle reste d'un calme olympien en toutes circonstances. De plus, elle sait très bien débattre. T'as vu le résultat de ta sortie à la c... ? Cohn-Bendit était un peu pénible, ok, mais il y a eu clairement une disproportion entre ta réaction et ses exagérations.

    On fait quoi, maintenant ? On fusionne avec le PS au point où l'on en est ?

    Autre remarque : jusqu'à Abus de pouvoir, ok, tout allait bien. Excellent bouquin. Ensuite, tu m'as semblé prendre un virage en disant que nous avions un programme et que nous allions le montrer à tout le monde. Je m'attendais à une offensive généralisée sur le thème de l'Europe de la part du MoDem. A la place, j'ai eu droit à un pitoyable appel à un vote-sanction contre Sarkozy. Ok, lâche l'affaire avec Sarko ! le MoDem, je le conçois comme une force de proposition, et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'on y est pas.

    Nous avions de bonnes têtes de liste, un programme pas mal, des conventions thématiques extra qu'aucun parti n'avait, et où tu avais dit des choses très intéressantes, au demeurant. Eh bien tu as torpillé tout cela.

    Il fallait se concentrer sur l'Europe, comme l'ont fait avec intelligence les Verts depuis le début (et ils n'ont pas volé leur très remarquable score, je les félicite).

    Lâche également les médias, on va finir par se couvrir de ridicule si on continue. Ok, de temps à autre, il y a des écarts envers nous, mais ce n'est pas systématique et tu as eu ton temps de parole avec Abus de pouvoir. Il aurait d'ailleurs fallu lancer vraiment l'Europe dans les débats à ce moment, ce que tu n'as pas su faire.

    Je te soutiens et je continuerai à te soutenir, mais, nom de D..., change de disque, reprends ce qui a fait ta force pendant les élections présidentielles. Reprends l'initiative, fais des propositions et cessons de passer pour des râleurs invétérés sans génie ni propositions.7

    Ras-le-bol !

    Les prochaines élections, ce sont les régionales. Il ne va pas falloir les rater celles-là. Parce que là, tu commences à sérieusement hypothéquer tes chances pour les élections présidentielles, à force de te polariser sur Sarko, sans jamais rien proposer (ou presque) en alternative.

    Ah, et scrute et écoute aussi avec plus d'attention la Toile (blogosphère y compris) tu pourras y voir des tendances très intéressantes se dessiner.

    Je vais t'en donner au moins une : prends le classement politique des blogs par wikio : nous avions autrefois de nombreux blogs dans les 50 premiers. Aujourd'hui, nous n'en avons pas 5 qui se réclament ouvertement du MoDem. Dans les 20 premiers, il n'y a plus que moi. Et dans les 50 premiers, il reste Luc Mandret, Nelly et Ginisty. Et encore : Luc, cela fait deux fois qu'il n'est pas clair à la veille d'une élection...(Note, ce coup-là, je peux comprendre qu'il ait été agacé : il attendait une campagne européenne du MoDem, et à la place, il a eu une pré-campagne présidentielle mal faite de surcroît...). En somme, si je fais le compte, de blogs fiables clairement assumés MoDem, on n'est plus que 3. Trois sur cinquante...Après on on peut avoir quelques blogs et sites qui nous sont de temps à autre favorables, mais c'est de temps à autre seulement, et ils ont une forte propension à ne pas trop aimer les dérapages...

    Bref, François, reprends-toi un peu, et cette fois, pour la prochaine élection, travaillons  notre communication avec de bonnes propositions et des thèmes sur lesquels nous aurons travaillé avec efficacité. Laissons les autres partis et leur leaders en paix sauf pour attaquer leurs propres propositions si nous estimons que nous en avons de meilleures.

    Excuse-moi, mais il fallait que ça sorte.

  • Je voterai pour le MoDem et Marielle de Sarnez

    Cela va sans dire, je voterai pour le MoDem et Marielle en île de France. Je salue le travail extraordinaire des groupes de réflexion sur l'Europe ainsi que leur coordination exemplaire par Marielle. La synthèse du programme du MoDem est disponible sur son site. Mais, le mieux, ce sont tous les échanges qui ont eu lieu pendant les conventions thématiques sur l'Europe.

    Je déplore que nombre de médias aient sans cesse ramené François Bayrou à l'élection présidentielle pendant cette campagne européenne. Pour le compte, je pense qu'il est le seul à ne pas avoir parlé des présidentielles, dans cette histoire. Exaspéré aussi de constater que la même sphère médiatique n'a jamais relevé tout ce qu'il avait dit sur l'Europe, notamment en clotûre des conventions, mais toujours les petites phrases soigneusement coupées et sélectionnées. Il faut dire que la sphère en question a de toutes façons été incapable d'assurer un suivi de qualité sur cette campagne. L'exemple le plus triste, c'est celui d'A vous de juger, puisque la Toile et les médias se sont polarisés d'un seul bloc sur un échange de moins de 3 minutes. Or, pendant ce débat, des positions divergentes ont été présentées, sur l'Europe, mais Arlette Chabot a été incapable de les mettre en évidence.

    J'aurais voulu moi-même écrire plus, comparer les programmes des différents partis, mais je n'en ai humainement pas eu le temps. Trop long. Il aurait fallu que nous soyions plusieurs pour nous ateler à cette tâche.

    Je salue à cet égard le long et minutieux travail de Laurent de Boissieu et du Journal La Croix qui ont vraiment essayé d'analyser les principales problématiques européennes dans les derniers jours de campagne. Son blog a le mérite d'avoir comparé les réponses apportées par les différents partis à ces problématiques dans les derniers jours de la campagne. J'en recommande vivement la lecture pour s'en faire une idée objective.

  • Airbus 330, un autre crash ?

    Je n'aime pas verser dans les théories fumeuses, mais, tout de même, je commence à trouver les déclarations contradictoires et l'absence d'informations tout à fait bizarres, à propos de l'airbus de Rio de janeiro.

    Premier élément : il paraît que les débris retrouvés ne sont pas les bons. Je suis très surpris qu'aucun média n'ait posé la question qui me vient automatiquement à l'esprit : si ce sont bien des débris d'avion, cela veut dire qu'il y a eu un autre crash ? Désolé de poser la question aussi directement, mais c'est ce qui m'est venu tout naturellement à l'esprit. Je n'imagine pas que ces débris aient soudainement réapparu à la surface par l'opération du Saint-Esprit. Il paraîtrait que ce seraient des pièces en bois et que l'huile retrouvée serait celle d'un bateau, pas du kérosène. Je n'y comprends rien : l'habitacle d'un bateau et d'un avion n'ont à ma connaissance rien à voir ! Je ne suis pas spécialiste du genre, mais tout de même !

    Second élément : Air France ne communiquerait pas d'autres éléments en sa possession. Il n'y aurait pas quatre mais douze minutes de messages automatiques envoyés. Et il semblerait que les derniers messages officiellement envoyés n'aient pas signifié nécessairement une chute libre de l'appareil. Alors, évidemment, tout ceci pourrait n'être que folles rumeurs, mais tout de même, dans la presse brésilienne, le ton monte, apparemment.

    Troisième élément, Time, un magazine britannique évoque de possibles défaillances de l'ordinateur de bord.

    S'il y a des éléments qui sont cachés, je juge inadmissible de jouer au chat et à la souris avec le deuil des familles. Ensuite, si c'est une défaillance technique qui peut avoir provoqué la chute de l'avion, il est impératif qu'elle soit étudiée de très près.

    Il paraît qu'Hervé Morin réhabilite l'hypothèse terroriste en ne l'excluant plus radicalement.

    Il faudrait cesser de dire tout et n'importe quoi et communiquer clairement sur ce drame, désormais...

  • Bayrou/Cohn-Bendit

    Aïe aïe aïe...ça a pété entre les deux. Bon, genèse : Bayrou et Cohn-Bendit étaient amis jusqu'à peu. Seulement voilà, il y a un mois, je ne sais pas quelle mouche a piqué Cohn-Bendit, voilà qu'il déclare que Bayrou a vu la vierge et ne pense qu'aux présidentielles. Le MoDem et Bayrou ne s'étaient attaqués à aucun moment ni aux Verts, ni à Cohn-Bendit. Ces deux dernières semaines, le MoDem est devenu la cible préférentielle de l'UMP, du PS et des Verts. Dans le même temps l'UMP vante les Verts et Michel Barnier et Xavier Bertrand déclarent que Cohn-Bendit est le seul vrai européen de gauche. Dans le même temps, on entend au Nouveau Centre et à l'UMP que Bayrou serait un Le pen light. Je ne m'imaginais pas Cohn-Bendit se mêler un jour à la curée. De plus, Cohn-Bendit a toujours admis certaines affinités avec Sarkozy. Soyons juste, ce ne sont pas des affinités politiques, ou du moins, pas seulement. Ils ont simplement en commun d'aimer les transgressions, aussi bien l'un que l'autre. Et comme Sarko se targue de faire bouger certaines lignes, cela plaît à Dany le Rouge. Par ailleurs, comme Sarko, Dany est un libéral [EDIT : il faut que je corrige. En fait, ils ne sont libéraux ni l'un ni l'autre. DCB est un social-démocrate libertaire, et Sarko une sorte de Colbertiste napoléonien mâtiné de néolibéralisme (sorte de fusion entre une école du libéralisme économique et le darwinisme social). Je précise, d'ailleurs, que pour ma part, je me réclame ouvertement du libéralisme : un libéralisme pragmatique et modéré. Merci à Criticus et LomIG de leurs remarques et corrections en commentaires], même si je préfère évidemment le libéralisme de Dany à celui de Sarko (plutôt du néo-libéralisme).

    Alors, c'est vrai, Bayrou a dérapé pendant l'émission A vous de juger. Mais Cohn-Bendit le cherche tout de même depuis un moment. Quand Bayrou dit que Cohn-Bendit est reçu à l'Élysée, c'est vrai, même si je doute que ce soit pour une alliance politique. Répliquer à Bayrou qu'il est minable parce qu'il le dit, je peux comprendre que cela l'ait passablement énervé, d'autant que Verts et UMP sont tout de même non moins passablement complices, dans cette campagne, contre le MoDem et Bayrou.

    Tout de même, je suis étonné : je me serais attendu à ce que l'opposition s'oppose. Pas du tout à ce que l'opposition s'oppose à l'opposition. Bref, Socialistes et Verts tirent à vue sur le MoDem et Bayrou depuis un moment. Ne serait-il pas logique qu'ils se concentrent contre le projet qu'il estiment le plus opposé aux leurs, c'est à dire celui de l'UMP ? C'est bête. Et puis quand on voit le sirupeux Xavier Bertrand en rajouter une louche après en dénonçant Bayrou, la décence eût été plutôt se s'abstenir de commentaires sur un épisode qui n'était pas fameux, c'est tout...

    Nous ne sommes pas ennemis. Benhamias a même dit des choses intéressantes en imaginant un axe Verts/Démocrates au Parlement européen. Bon, évidemment, avec les décroissants, cela ne va pas être possible, mais avec les autres, des majorités d'idées peuvent parfois être possibles.

    Je pense que nous, militants, nous ne devrions pas nous mêler de la querelle entre Cohn-Bendit et Bayrou. Je regrette qu'elle ait eu lieu, d'autant qu'ils étaient jusque là amis. Là, hélas, je crois qu'il y a un fossé irréversible qui est désormais creusé entre les deux. C'est dommage.

    De notre côté, essayons de garder raison et de débattre calmement. C'est, je crois, ce que j'ai commencé à faire aujourd'hui sur l'énergie et l'agriculture.

    Je déplore également que les médias sur Internet n'aient retenu que ces échanges vifs de l'émission A vous de juger, alors que le débat entre tous ces leaders politiques a été objectivement intéressant.

    [EDIT]J'ajoute quelque chose, je viens de voir la fin de l'émission: c'est tout de même inadmissible qu'une émission de service public finisse  sur un gros plan sur un titre dénigrant un des partis présents à la table ronde : Cohn Bendit devant Bayrou. Voilà ce qu'on pouvait lire en gros sur l'écran.[/EDIT]

  • MoDem/Verts, convergences et divergences

    Le MoDem et les Verts ont la particularité, dans ces élections européennes, de partager en partie un électorat commun et d'avoir mis au point des programmes dont les objectifs sont parfois convergents.

    J'ai lu avec attention le programme des Verts, tout comme celui du MoDem, évidemment. Ce qui me frappe, et je l'avais déjà constaté en Europe avec certains votes communs entre les groupes ADLE et ALE, c'est la présence de certaines convergences. Quand Cohn-Bendit assure avoir un plan pour créer 10 millions d'emplois en Europe par une relance de l'investissement et de l'industrie verte, c'est exactement ce que propose Corinne Lepage depuis un bon moment. Dommage, d'ailleurs,qu'un classement thématique ne figure pas sur son blog, cela apparaitraît très nettement. On trouve la même proposition de la part de l'ADLE dans sa feuille de route et ses priorités pour 2010.

    C'est sur l'énergie, toutefois, que les différences les plus sensibles sont manifestes : le programme des Verts est davantage basée sur la contrainte que l'innovation. Je lis dans le pilier énergie que les Verts proposent surtout de taxer lourdement les énergies non renouvelables. Ils combattent le nucléaire et les agro-carburants dont ils souhaitent l'interdiction.

    Il y a sur le nucléaire une différence majeure entre les Verts et le MoDem. Les premiers veulent l'interdire, les seconds le limiter, et ce pour une raison que l'on comprendra si on lit ou écoute attentivement une intervention d'Anne Laperouze, euro-députée et spécialiste MoDem de l'énergie. Le MoDem ne perd en effet pas espoir de parvenir à un nucléaire propre. C'est ce qu'Anne Laperouze appelle la fusion (sans préciser nucléaire, mais c'est bien à cela qu'elle pense). Elle a vraisemblablement en tête la fusion par confinement magnétique, qui offre l'avantage de ne générer une radio-activité que très limitée dans le temps (qu'on appelle radio-activité à vie courte, c'est à dire inférieure à 30 ans). En outre Le combustible utilisé est le deuterium ou le tritium deux isotopes de l'hydrogène. Ils sont très aisés à produire et pas radio-actifs (ils ne le deviennent qu'après transformation par le réacteur).Le réacteur peut de plus auto-produire une partie du combustible qu'il utilisera. Enfin, le risque d'accident nucléaire est très faible, car le moindre incident provoque l'arrêt immédiat des réactions.

    Si je comprends les buts des Verts, et que j'en partage quelques uns, ce qui me frappe, c'est la faiblesse des solutions qu'ils mettent en oeuvre, leur programme se limitant en règle générale à la déclaration d'intention.

    Pour vraiment comprendre les différences entre les Verts et le MoDem, il faut écouter ou lire les compte-rendus de débats dans leurs conventions respectives.

    Ainsi, sur le nucléaire, les Verts refusent toute expérimentation, quand bien même on parviendrait à une énergie atomique propre et sans danger. Ils refusent, en fait, d'en étudier l'hypothèse. C'est pourtant tout l'objet du projet de recherche ITER et du réacteur qui est en construction à Cadarache.

    Cette différence n'est pas la seule. Les Verts, par rapport au secteur agricole, sont essentiellement dans la conservation et la promotion de l'agriculture biologique. Là s'arrête leur programme pour les campagnes et le monde rural en règle générale. Pas un mot ou presque pour les agriculteurs qui resteront sur la touche. Autant dire que ça n'est pas bien exaltant. Si le MoDem s'accorde sur ces deux objectifs, il propose tout de même un programme autrement plus complet pour l'économie du monde rural, particulièrement le développement de l'agro-industrie et des activités issues du végétal.

    Mais de telles vues découlent logiquement des perspectives des deux mouvements : les Verts veulent limiter la croissance, voire décroître quand cela est possible. Le MoDem se propose de récupérer les surplus afin de les affecter à d'autres utilisations. Dans le domaine agricole, par exemple, François Bayrou observait que l'on ne peut pas produire 100 pour nourrir 100. Pour nourrir 100, compte-tenu des aléas (climatiques et économiques), on ne peut pas faire autrement que de produire 130.  Le MoDem propose donc de gérer les surplus sans devoir, comme le dit Bayrou,  les déverser dans les rivières :

    Depuis quelques années, à mon sens, cette question ne se pose plus car on a découvert qu'un certain nombre de productions agricoles pouvaient être utilisées, pour les surplus et pour les quantités que l'on voulait, de manière industrielle : agro-carburant, agro-industrie, demain biomasse comme vous l'avez très justement évoqué. On a devant nous, pour la première fois de l'histoire de l’humanité, la possibilité de gérer sans drame la question des surplus, notamment en matière céréalières, sans avoir à jeter, sans avoir à basculer des bennes dans les rivières. On a le moyen d'utiliser, pour le bénéfice de l’humanité, les surplus agricoles qui sont naturels, quand on veut garantir la sécurité alimentaire, d'une partie de l’humanité, en tout cas de notre partie de l’humanité.

    De manière générale, les différences entre MoDem et Verts se lisent à travers une divergence fondamentale dans la méthode. Au pragmatisme des premiers répond l'idéologie brute des seconds. Les Verts n'hésiteraient pas un seul instant à casser la machine économique pour changer de monde. Nous aussi, au MoDem, nous voulons changer de monde, mais nous ne pouvons adhérer à des méthodes aussi brutales. C'est donc dans un souci de transition que le MoDem a organisé ses propositions dans ce domaine :

    - Repenser nos modes de transports, de production et de logement. La mise aux normes durables des bâtiments et le développement des transports propres permettra d’importantes économies d’énergie.
    - Recourir massivement aux énergies renouvelables pour diversifier nos ressources énergétiques.
    - Mener un grand programme de recherche européen pour développer les énergies du futur.
    - Développer les activités économiques issues du végétal (agro-industries).
    - Orienter les financements des fonds sociaux européens vers la formation aux nouveaux métiers du développement durable.
    - Imposer une notation sociale et environnementale européenne aux grandes entreprises et renforcer leurs obligations en termes de responsabilité sociale et environnementale.
    - Instaurer une taxe carbone européenne qui pénalisera les énergies fossiles les plus polluantes.
    - Taxer les pollueurs pour qu’ils soient incités à modifier leur comportement.
    - Instaurer un moratoire sur les OGM tant qu’un organisme de recherche indépendant n’aura pas évalué tous leurs effets.
    - Créer un corps de garde-côtes européen pour lutter contre les pollutions maritimes.
    - Construire une solidarité énergétique européenne en coordonnant la gestion de nos stocks et en créant des infrastructures d’acheminement vers les pays menacés de pénurie.

    Tous ces points sont développés par les différents intervenants lors de la convention thématique du MoDem sur le développement durable. J'invite tous mes lecteurs à en prendre connaissance. J'aurais bien aimé mettre en lien une éventuelle convention des Verts sur le sujet, mais le fait est qu'il n'y en a aucune trace sur le site d'Europe-écologie...Y-en-a-t-il eu seulement une ?...

    Luc Mandret me demandait récemment d'écrire un billet où je devais expliquer pourquoi j'allais voter aux élections Européennes. Je lui ai ici répondu en lui précisant pour qui...C'est très long d'écrire des billets pour comparer les programmes dans le détail, et c'est très long aussi de les éplucher. Pourtant, ce travail, je l'ai fait. Et je trouve très injuste de déclarer que le MoDem n'a pas de programme, alors qu'au contraire, la perspective du MoDem est tout à fait particulière en France, contrairement aux réductions qu'en donnent les médias, et que de plus, énormément de choses très intéressantes ont été dites lors des Conventions. Pour savoir ce que compte faire le MoDem, c'e sont d'ailleurs ces dernières qu'il faut visualiser ou lire. S'il y a eu une très grosse erreur de stratégie du MoDem lors de ces élections, c'est de ne pas les mettre bien plus en avant, et de ne pas insister sur sa particularité. Bayrou a déclaré à la presse que le programme du MoDem serait envoyé à tout le monde. Cela a été fait, puis, après, psssscchhht...plus rien. On n'en a plus parlé ou presque ! Il fallait embrayer là-dessus, bon sang, et parler de ce que nous avons dit, analysé et proposé lors de nos conventions !

    Il me reste peu de temps, mais je vais essayer d'écrire quelques autres billets comparatifs sur le fond : c'est à dire, non en comparant les slogans, ou même les synthèses de programme (les tracts, en somme) mais vraiment les propositions et les analyses.

     

     

  • Intentions de vote MoDem, analyse du sondage IPSOS

    J'aime beaucoup les sondages IPSOS, car ils sont généralement détaillés et précis, au moins en politique. J'ai observé qu'ils se trompent rarement, d'ailleurs, ou alors de très peu. S'ils nous disent 12% pour ces Européennes, c'est que cela a de bonnes chances d'être notre score, lors des Européennes. Ce riche sondage, examiné dans le détail, nous donne quelques enseignements sur lesquels nous devrions nous pencher.

    Sommes-nous un parti de mecs ? 9.4% de femmes contre 14.5% d'hommes, c'est l'écart le plus fort. Et pourtant, nous avons beaucoup de femmes têtes de liste et les principaux cadres et figures de notre parti sont des femmes (Marielle de Sarnez, Corine Lepage, Sylvie Goulard...)

    Ne devrions-nous pas revoir notre message et nos propositions à l'égard de ceux que l'on classe comme inactifs, c'est à dire vraisemblablement les chômeurs et les étudiants : 5.5% seulement d'entre eux comptent voter pour nous. En comparaison, 43.3% d'entre eux vont donner leur voix à l'UMP ! A mettre en relation avec le niveau d'études : 15.9% avec bac + 2 contre 7.9% avec pas de diplôme et diplômes professionnels avant le bac.

    Nous ne faisons pas le plein de nos symathisants :  81.6% d'entre eux seulement vont voter pour nous. Bon, c'est pire ailleurs, à l'exception de l'UMP.

    Nous ne parvenons pas à convaincre dans les très grosses aglomérations : 9% en moyenne (9.5% à Paris, comme aux municipales, au demeurant). Ils jugent d'ailleurs que nous ne faisons pas une bonne campagne.