Le MoDem et les Verts ont la particularité, dans ces élections européennes, de partager en partie un électorat commun et d'avoir mis au point des programmes dont les objectifs sont parfois convergents.
J'ai lu avec attention le programme des Verts, tout comme celui du MoDem, évidemment. Ce qui me frappe, et je l'avais déjà constaté en Europe avec certains votes communs entre les groupes ADLE et ALE, c'est la présence de certaines convergences. Quand Cohn-Bendit assure avoir un plan pour créer 10 millions d'emplois en Europe par une relance de l'investissement et de l'industrie verte, c'est exactement ce que propose Corinne Lepage depuis un bon moment. Dommage, d'ailleurs,qu'un classement thématique ne figure pas sur son blog, cela apparaitraît très nettement. On trouve la même proposition de la part de l'ADLE dans sa feuille de route et ses priorités pour 2010.
C'est sur l'énergie, toutefois, que les différences les plus sensibles sont manifestes : le programme des Verts est davantage basée sur la contrainte que l'innovation. Je lis dans le pilier énergie que les Verts proposent surtout de taxer lourdement les énergies non renouvelables. Ils combattent le nucléaire et les agro-carburants dont ils souhaitent l'interdiction.
Il y a sur le nucléaire une différence majeure entre les Verts et le MoDem. Les premiers veulent l'interdire, les seconds le limiter, et ce pour une raison que l'on comprendra si on lit ou écoute attentivement une intervention d'Anne Laperouze, euro-députée et spécialiste MoDem de l'énergie. Le MoDem ne perd en effet pas espoir de parvenir à un nucléaire propre. C'est ce qu'Anne Laperouze appelle la fusion (sans préciser nucléaire, mais c'est bien à cela qu'elle pense). Elle a vraisemblablement en tête la fusion par confinement magnétique, qui offre l'avantage de ne générer une radio-activité que très limitée dans le temps (qu'on appelle radio-activité à vie courte, c'est à dire inférieure à 30 ans). En outre Le combustible utilisé est le deuterium ou le tritium deux isotopes de l'hydrogène. Ils sont très aisés à produire et pas radio-actifs (ils ne le deviennent qu'après transformation par le réacteur).Le réacteur peut de plus auto-produire une partie du combustible qu'il utilisera. Enfin, le risque d'accident nucléaire est très faible, car le moindre incident provoque l'arrêt immédiat des réactions.
Si je comprends les buts des Verts, et que j'en partage quelques uns, ce qui me frappe, c'est la faiblesse des solutions qu'ils mettent en oeuvre, leur programme se limitant en règle générale à la déclaration d'intention.
Pour vraiment comprendre les différences entre les Verts et le MoDem, il faut écouter ou lire les compte-rendus de débats dans leurs conventions respectives.
Ainsi, sur le nucléaire, les Verts refusent toute expérimentation, quand bien même on parviendrait à une énergie atomique propre et sans danger. Ils refusent, en fait, d'en étudier l'hypothèse. C'est pourtant tout l'objet du projet de recherche ITER et du réacteur qui est en construction à Cadarache.
Cette différence n'est pas la seule. Les Verts, par rapport au secteur agricole, sont essentiellement dans la conservation et la promotion de l'agriculture biologique. Là s'arrête leur programme pour les campagnes et le monde rural en règle générale. Pas un mot ou presque pour les agriculteurs qui resteront sur la touche. Autant dire que ça n'est pas bien exaltant. Si le MoDem s'accorde sur ces deux objectifs, il propose tout de même un programme autrement plus complet pour l'économie du monde rural, particulièrement le développement de l'agro-industrie et des activités issues du végétal.
Mais de telles vues découlent logiquement des perspectives des deux mouvements : les Verts veulent limiter la croissance, voire décroître quand cela est possible. Le MoDem se propose de récupérer les surplus afin de les affecter à d'autres utilisations. Dans le domaine agricole, par exemple, François Bayrou observait que l'on ne peut pas produire 100 pour nourrir 100. Pour nourrir 100, compte-tenu des aléas (climatiques et économiques), on ne peut pas faire autrement que de produire 130. Le MoDem propose donc de gérer les surplus sans devoir, comme le dit Bayrou, les déverser dans les rivières :
Depuis quelques années, à mon sens, cette question ne se pose plus car on a découvert qu'un certain nombre de productions agricoles pouvaient être utilisées, pour les surplus et pour les quantités que l'on voulait, de manière industrielle : agro-carburant, agro-industrie, demain biomasse comme vous l'avez très justement évoqué. On a devant nous, pour la première fois de l'histoire de l’humanité, la possibilité de gérer sans drame la question des surplus, notamment en matière céréalières, sans avoir à jeter, sans avoir à basculer des bennes dans les rivières. On a le moyen d'utiliser, pour le bénéfice de l’humanité, les surplus agricoles qui sont naturels, quand on veut garantir la sécurité alimentaire, d'une partie de l’humanité, en tout cas de notre partie de l’humanité.
De manière générale, les différences entre MoDem et Verts se lisent à travers une divergence fondamentale dans la méthode. Au pragmatisme des premiers répond l'idéologie brute des seconds. Les Verts n'hésiteraient pas un seul instant à casser la machine économique pour changer de monde. Nous aussi, au MoDem, nous voulons changer de monde, mais nous ne pouvons adhérer à des méthodes aussi brutales. C'est donc dans un souci de transition que le MoDem a organisé ses propositions dans ce domaine :
- Repenser nos modes de transports, de production et de logement. La mise aux normes durables des bâtiments et le développement des transports propres permettra d’importantes économies d’énergie.
- Recourir massivement aux énergies renouvelables pour diversifier nos ressources énergétiques.
- Mener un grand programme de recherche européen pour développer les énergies du futur.
- Développer les activités économiques issues du végétal (agro-industries).
- Orienter les financements des fonds sociaux européens vers la formation aux nouveaux métiers du développement durable.
- Imposer une notation sociale et environnementale européenne aux grandes entreprises et renforcer leurs obligations en termes de responsabilité sociale et environnementale.
- Instaurer une taxe carbone européenne qui pénalisera les énergies fossiles les plus polluantes.
- Taxer les pollueurs pour qu’ils soient incités à modifier leur comportement.
- Instaurer un moratoire sur les OGM tant qu’un organisme de recherche indépendant n’aura pas évalué tous leurs effets.
- Créer un corps de garde-côtes européen pour lutter contre les pollutions maritimes.
- Construire une solidarité énergétique européenne en coordonnant la gestion de nos stocks et en créant des infrastructures d’acheminement vers les pays menacés de pénurie.
Tous ces points sont développés par les différents intervenants lors de la convention thématique du MoDem sur le développement durable. J'invite tous mes lecteurs à en prendre connaissance. J'aurais bien aimé mettre en lien une éventuelle convention des Verts sur le sujet, mais le fait est qu'il n'y en a aucune trace sur le site d'Europe-écologie...Y-en-a-t-il eu seulement une ?...
Luc Mandret me demandait récemment d'écrire un billet où je devais expliquer pourquoi j'allais voter aux élections Européennes. Je lui ai ici répondu en lui précisant pour qui...C'est très long d'écrire des billets pour comparer les programmes dans le détail, et c'est très long aussi de les éplucher. Pourtant, ce travail, je l'ai fait. Et je trouve très injuste de déclarer que le MoDem n'a pas de programme, alors qu'au contraire, la perspective du MoDem est tout à fait particulière en France, contrairement aux réductions qu'en donnent les médias, et que de plus, énormément de choses très intéressantes ont été dites lors des Conventions. Pour savoir ce que compte faire le MoDem, c'e sont d'ailleurs ces dernières qu'il faut visualiser ou lire. S'il y a eu une très grosse erreur de stratégie du MoDem lors de ces élections, c'est de ne pas les mettre bien plus en avant, et de ne pas insister sur sa particularité. Bayrou a déclaré à la presse que le programme du MoDem serait envoyé à tout le monde. Cela a été fait, puis, après, psssscchhht...plus rien. On n'en a plus parlé ou presque ! Il fallait embrayer là-dessus, bon sang, et parler de ce que nous avons dit, analysé et proposé lors de nos conventions !
Il me reste peu de temps, mais je vais essayer d'écrire quelques autres billets comparatifs sur le fond : c'est à dire, non en comparant les slogans, ou même les synthèses de programme (les tracts, en somme) mais vraiment les propositions et les analyses.
Commentaires
Merci beaucoup pour cet article que j'espère tout le monde lira.
Mais oui je le lis Florent, et il est complémentaire à celui que je viens d'écrire... Bien vu l'hérétique
Merci de ce billet, mise au point trèèès importante.
Petite correction
le deutérium toujours est non radioactif, mais le tritium est toujours radioactif
la fusion magnétique (projet ITER) consiste a faire fusionner deux atomes légers comme le deutérium et le tritium pour en faire un troisième, l'Hélium.
Pour en revenir au sujet, je suis d'accord avec les verts pour interdire les agro-carburants car c'est un non-sens à cause
- du problème de la compétition des sols avec l'agriculture nourricière
- DE la combustion produit qui certes produit moins de co2 mais elle en produit quand même
-de plus pour produire il faut le faire en polluant (problème de pollution des sols et en particulier des bassins versants.)
-De plus une production énorme d'agro-carburant induirait logiquement une montées de cours de certains produits agricoles ce qui poserait de graves problèmes dans les pays du Sud en particulier.
Par contre le projet ITER est réaliste et souhaitable. Le problème c'est que certains scientifiques disent que ça ne marchera jamais...
Excellente synthèse. Merci.
Les verts retardent, il existe une nouvelle génération d'agro-carburant, qui se situe dans le recyclage de certains déchets de l'industrie agro-alimentaire très polluants pour nos rivières.
@ europium :
Je pense qu'il y a un malentendu sur les agrocarburants : ceux de première génération ne sont acceptés ici que dans le cas de surplus conjoncturels ; quant à ceux de seconde génération, les efforts doivent s'intensifier pour les mettre au point. C'est du moins ainsi que je l'entends, et j'ose espérer que c'est la ligne du parti.
@ Martine : avez-vous des liens ? c'est très intéressant
@Florent,
Certains sont déjà "au point".
Euh...Florent, après les élections, d'accord?
Hum hum, sans vouloir apporter trop de dissonances dans ces commentaires, je précise pour lui avoir posé la question, que les positions d'Anne Lapérouze et de Corinne Lepage sont très différentes sur le sujet. En ce qui me concerne, je ne suis pas sûre que ce billet ait eu l'effet recherché...
@ Laure
Il y a un débat au sein du MoDem sur le sujet. Mais sur le nucléaire, nous ne l'excluons pas radicalement, comme les Verts. Il y a une différence de démarche. Corine Lepage ne souhaite évidemment pas le développement du nucléaire, mais la fusion est une piste très sérieuse. D'où ITER, justement.
De toutes façons, il faut bien ouvrir le débat sur l'énergie sur ce que veut chaque parti, car actuellement, tous les partis sont dans l'incantation. Donc, parlons clair et net.
@ laure et europium
Pour les agro-carburants, attention, moi, j'ai parlé d'agro-industrie. Les Verts récusent toute utilisation des agro-carburants. Moi, je trouve que pour écouler les surplus, c'est tout de même loin d'être idiot, non ?
même avec des agro-carburant de seconde génération il y a un problème. Faut-il déforester pour les produire quand on sait que la forêt est absorbeuse de co2?
De plus la population mondiale va croître énormément. Le Sud sera soumis à plusieurs phénomènes comme il l'est déjà : montée des eaux, salinisation des sols, appauvrissement des sols à cause de la monoculture...etc .La responsabilité du Nord dans ces conditions n'est-elle d'envisager qu'une agriculture nourricière?
Quand aux surplus, oui c'est une solution... mais produire des agrocarburants à quelle échelle?
Pour en revenir aux verts, leur programme est dans une logique de décroissance assumée. C'est un problème de riche(d' intello Bobo...), le Nord l'est et pourrait envisager cette idée.Mais le Sud qui est pauvre n'est pas encore au stade de réfléchir sur la problématique de la décroissance, lui qui ne rêve que de croissance pour s'en sortir.
Hors la croissance est liée a la notion de maîtrise de l'énergie et actuellement la seule énergie réaliste pour assurer une croissance mondiale est le nucléaire a moins que les écolos détiennent "The solution"....
Ce que j'aime dans notre parti est le pluralisme, pourquoi opposer? Le travail de Corinne à celui d'Anne? Ils sont complémentaires.
Vous n'avez donc toujours pas compris?
Europium???
@Martine : comme d'habitude, propos non étayés donc caducs.
@europium: l'intérêt des agro-carburants de seconde génération, c'est justement de ne pas avoir à consacrer de surfaces supplémentaires pour leur production (sinon effectivement il y a un problème comme vous le soulignez - même si sur la question des forêts la situation est plus complexe que ça, mais je ne vais pas faire un cours ici) ; il s'agit simplement d'utiliser les parties des plantes cultivées qui ne sont pas utilisées pour l'alimentation et qui constituent parfois des quantités considérables de matière (pensez aux tiges, feuilles et épis de maïs une fois qu'on a récupéré les grains)
Quant à la décroissance, c'est un faux débat, Corinne Lepage se tue à l'expliquer depuis des mois. La question qui compte, c'est quelles activités nous voulons développer. L'enjeu se situe au niveau des consommations qu'il faut augmenter ou réduire, en fonction de la disponibilité des ressources et des pollutions engendrées. Les chiffres, on s'en fout (surtout lorsqu'ils sont ineptes, comme le PIB).
Dire que le nucléaire est la seule solution clôt le débat, or c'est faux. Les efforts doivent tout autant se concentrer sur les économies d'énergie et la diversification des renouvelables (entre autres).
@Florent,
J'adore, :D ne vous inquiétez pas ils seront étayés, mais plus tard :))
Je ne vais pas alimenter ce contre quoi je me bas? Tout de meme??? :D
Sur le fonds, c'est fouillé et analysé. Comme d'habitude, du travail dans les billets.
Mais le point est de forme, c'est une véritable opposition et aggression que le Modem subit en ce moment de la part d'Europe Ecologie, il va falloir sortir les dents car nous nous disputons en partie une tranche du même électorat.
@ florent
le débat sur la décroissance ne me dérange pas et quelque part j'y suis favorable... car la société de consommation telle qu'on la connue a ses limites.... je prends aussi en compte ce que pense C. LE PAGE...Quand je parle de décroissance et comme je l'ai écrit plus haut c'est la vision radicale des écolos que je critique.
De plus je dis juste une chose c'est qu'il faut faire attention aux décisions que nous allons prendre car elles auront des conséquences sur le plan international à long terme et peuvent être source de graves tensions. Ces questions ont notamment été abordées au sein de la commission des affaires étrangères....
Le Nord peut se permettre certaines choses que le Sud ne peut pas.
En ce qui concerne les agro-carburants les USA vont-ils aller vers ceux de seconde génération?
Tout à fait Disparitus, c'est la raison pour laquelle, il ne faut pas opposer les idées de Corinne et Anne que j'aime, car elles représentent un tout, une transition une évolution.
Certains sont pressés et veulent tout casser.
Et puis, peut-etre, se sentent-ils très inspirés par M. Al Gore ;)
Excellent billet, merci.
@ europium : nous sommes donc bien d'accord ; c'est tout l'enjeu du co-développement et de la forme qu'il prendra...
Pour les USA je ne sais pas, mais j'ose espérer que M. Obama sera bien conseillé...
Je rejoins le commentaire de Laure. Lire l'avis d'Anne Laperrouze sur le nucléaire et plus particulièrement sur la fusion m'a plutôt donné envie de voter Europe-Ecologie. Le coup du verre d'eau, c'est clairement de la propagande pro-nucléaire simpliste. Parle-t-on du coût de production? Parce qu'il n'y a pas que la matière première qui compte. Gérer une industrie de si haut-niveau à risques particulièrement élevés coûte relativement cher. On ne connaît toujours pas le coût du démantèlement des centrales,... Il va falloir gérer de grosses quantités de déchets radioactifs...
Pour ITER, lire le dossier clairement orienté mais bien documenté du réseau Sortir du nucléaire:
http://www.sortirdunucleaire.org/index.php?menu=sinformer&sousmenu=brochures&soussousmenu=ITER&page=index
Heureusement, dans ma région c'est Corinne Lepage, que je ne soupçonne pas de fusionphilie!
-premièrement le projet ITER est au stade de la recherche et si cela fonctionne ça ne sera pas avant 30 ans.D'ici la peut-être que d'autres solutions alternatives peuvent émergées!!!!
- la Suède et l'Allemagne qui étaient sortis du nucléaire y reviennent. La Suède l'a voté cet hiver et au même moment l'Allemagne s'est associée avec la Russie afin de former un groupe orienté sur le nucléaire aussi puissant qu'AREVA.
- Je comprends que l'on puisse être contre le nucléaire, mais jusqu'à preuve du contraire afin de diminuer le taux de CO2, c'est la seule solution pour produire de l'énergie à grande échelle ou alors on développe une économie sans industrie.... Pour info, nous serons 9 milliards en 2050, c-a-d 1/3 de plus qu'actuellement. J'aimerais bien que les écolos pures et dures proposent un modèle économique viable au long terme pour autant de monde.....Ils prévoient juste 10 millions d'emplois pour l'UE en 5ans!!!!
-l'éolien ne pourra qu'être qu'une énergie d'appoint de l'ordre de 10 à 12 % MAX car un pays ne peut pas faire fonctionner correctement une industrie avec l'éolien car cette technique est tributaire de la météo (sans vent ça ne marche pas, avec trop de vent ça ne marche pas) et c'est une technique peu fiable . les champions du monde de l'éolien, les Danois l'ont bien compris, vu qu'ils n'en montent plus depuis 2004. De plus l'éolien a un autre problème c'est que cette technique est très dévoreuse d'espace. L'avenir de l'éolien sera peut-être de la combiner avec la production d'hydrogène qui lui peut-être stocké comme cela est développé en Espagne actuellement
- le dossier énergie sera un des, voire le dossier le plus important de la prochaine législature européenne et il est complexe car il faut à la fois gérer l'approvisionnement actuel, le sécuriser, le diversifier, développer des énergies renouvelables. Tout cela bien sûr en respectant le développement durable....
-Pour être sérieux et réaliste, à chaque problème énergétique il faut penser a Lavoisier qui disait "rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme". Par exemple pour les adeptes de la voiture électrique, si elle se développe comment allons recharger les batteries? Il n'y a pas pour l'instant 36 solutions....
-Juste pour info, si on ne pas pas vers le nucléaire,si on ne trouve pas autre chose, certains pourraient décider de développer la liquéfaction du charbon...en terme de pollution c'est ce qu'il y a de pire . Le charbon représente 80% de l'énergie fossile et il y en aurait au moins pour 150 ans...
Billet et discussions très intéressants et instructifs.
Mais j'ai du mal à croire et à voir que Europe Ecologique la joue dans un projet politique global.
Et puis comme Disparitus, je pense que c'est sur la "forme" du moment et non sur le Fond, que le joue Europe Ecologie pour faire monter ses estimations (au dépend du Modem et d'autres d'ailleurs).
@europium
Donc pour toi Corinne Lepage est une utopiste ? Il me semble que c'est quelqu'un qui connaît très bien ses dossiers...
Je réponds point par point parce que c'est plus fort que moi il faut toujours que je réponde. Le problème c'est que ce débat a déjà été fait cent fois, et c'est toujours les mêmes arguments, que les pro-nucléaires ne prennent pas suffisamment en compte...
* Ce n'est pas parce que certains pays reviennent au nucléaire qu'il ne faut pas chercher à s'en passer. Et puis cf un dossier dans le dernier "Science et Avenir", Areva parle d'un grand retour mais en fait c'est pas énorme du tout (et heureusement!). D'ailleurs on constate que Sarkozy se retrouve à essayer de vendre nos centrales à des régimes totalitaires...
* Comment avoir la preuve qu'on ne peut pas se passer du nucléaire si on n'essaye pas ? Et quid des maisons à énergie positive ? Il ne s'agit pas de tout arrêter d'un coup, mais de diminuer progressivement sa part avec des énergies renouvelables et des économies d'énergie. Si ce n'est pas possible de s'en passer aujourd'hui, la recherche avance, plus vite que celle sur la fusion (ça fait combien de décennies qu'on nous dit que c'est pour dans 30 ans ?). De plus même les pro-nucléaires disent maintenant que le nucléaire n'est pas LA solution, mais UNE des solutions. Imaginez une planète où la source d'électricité principale serait le nucléaire... Avec une centrale pour un million d'habitants, faites le calcul et multipliez la probabilité d'accident...
Il n'y a aucune énergie qui soit LA solution, mais c'est en utilisant l'ensemble des énergies renouvelables, en finançant la recherche en renouvelable, et en faisant des économies d'énergie qu'on y arrivera peut-être.
Pour le "modèle économique viable pour 9 milliards d'habitants", je crois que personne ne l'a, en tout cas pas les partisans du nucléaire, si ?
Sinon, comme "preuves", je propose http://www.negawatt.org et http://www.sortirdunucleaire.org/index.php?menu=sinformer&sousmenu=brochures&soussousmenu=courant-alternatif&page=index
Mais j'imagine que ça ne sera pas recevable...
* L'éolien est sans doute tributaire de la météo, mais le nucléaire aussi (on doit arrêter les centrales en cas de canicule). Et on ne peut pas arrêter ou démarrer une centrale aussi vite qu'une éolienne en cas de forte variation de la demande. Et puis sur un territoire étendu, les risques de vent trop faibles sont étalés, et donc les écarts à la moyenne de production diminuent.
Mais je répète que l'éolien n'est pas parfait, et surtout qu'il ne peut rien tout seul. Il y a le solaire, qui pour l'instant n'est pas encore tout à fait propre, et aussi la biomasse (entre autres). Et sans doute qu'à l'avenir on produira de plus en plus son électricité chez soi.
* L'argument "nucléaire ou charbon", c'est un classique. Il fût un temps ou c'était "le nucléaire ou la bougie". Ça me fait penser à des arguments du type "le libéralisme ou le goulag", ou encore "le communisme ou la famine" (une distributrice de tracts m'a sorti ça hier, pas aussi clairement mais presque).
Et la troisième voie si chère au MoDem ?
Et puis là, on imagine que tout le monde se mette au charbon, mais si on imagine que tout le monde se mette au nucléaire, ça ne fait pas moins peur...! Le nucléaire n'est évidemment pas une solution. Si ça peut encore à peu près marcher dans des pays bien développés, ça ne marchera pas pour la planète. Or l'augmentation de la demande en électricité, ce n'est pas chez nous qu'elle a lieu.
Je suis comme a chaque fois d'accord avec
Ck.
Je suis impressionne par toutes ces analyses détaillées et fouillées et croyez moi je les respecte.
Mais dans un modèle de profil psycho, type disc, vous sériez tous des consciencieux alors que le sujet est clair et je vous parle en tant que dominant, il faut maintenant cogner sur europe écologie
Bien a vous
@ Gawel
Il est marqué en toutes lettres dans le programme du MoDem qu'il faut limiter le nucléaire et favoriser d'autres énergies renouvelables. Mais, le MoDem n'exclut pas pour autant la recherche sur le nucléaire et n'élimine pas définitivement cette source d'énergie. Cela me paraît plus modéré et plus prudent que la position des Verts.
C'est sympa votre discussion. On apprend des trucs.
Mais ce qui me désole le plus c'est que, quand il s'agit de parler d'économie, de consommation d'énergie et de transports, ni les verts, ni le modem (ni les autres) n'évoquent une idée pourtant toute simple : encourager le monde à être organisé pour faire sans se déplacer physiquement tout ce qui peut se faire à distance.
@Disparitus
"Dominant" peut-être un peu fort, "résolument offensif" peut-être...
On ne sera certainement pas toujours d'accord (c'est pas marrant), mais cela fait plaisir (rare) d'être "agréé" !!
@ Oaz : vous êtes sûr ? ce n'est peut-être pas encore passé dans le discours officiel, mais rassurez-vous le sujet est évoqué en interne
@Gawel
Relis les échanges que j'ai eu avec Florent Avant d'écrire ceci "Donc pour toi Corinne Lepage est une utopiste ?" je dis exactement l'inverse et en particulier je suis en phase avec son approche de décroissance assumée mais dans un cadre de co-développement avec le Sud!
j'ai écrit "premièrement le projet ITER est au stade de la recherche et si cela fonctionne ça ne sera pas avant 30 ans.D'ici la peut-être que d'autres solutions alternatives peuvent émergées!!!!"
ça veut bien dire ce que ça veut dire et c'est en phase avec ce ce que le Modem préconise et l'Hérétique le résume très bien :"Il est marqué en toutes lettres dans le programme du MoDem qu'il faut limiter le nucléaire et favoriser d'autres énergies renouvelables. Mais, le MoDem n'exclut pas pour autant la recherche sur le nucléaire et n'élimine pas définitivement cette source d'énergie. Cela me paraît plus modéré et plus prudent que la position des Verts."
Tant qu'une énergie ou des énergies alternatives n'émergent pas, il serait inopportun d'arrêter les recherches sur le nucléaire, c'est aussi simple que cela....
Je n'ai jamais opposé charbon et nucléaire je dis juste que certains seraient peut-être tenter de s'orienter vers la liquéfaction du charbon ce qui est déjà fait dans certains pays comme le Chine et les USA...
C'est pénible de voir ses propos déformés...
Désolé si j'ai déformé les propos. Je me veux consciencieux mais j'ai parfois un ton de dominant ;-) Ce que je voulais dire, c'est que l'affirmation est vraie, mais ne constitue pas un argument en faveur du nucléaire.
Si les Verts tendent à exclure toute recherche en nucléaire, c'est pour deux raisons principales :
- d'une part, il est très peu probable qu'on parvienne à une manière de produire de l'énergie par le nucléaire qui soit à la fois propre, peu consommatrice de matières premières limitées, productive, et surtout *abordable technologiquement, *bon marché et *sûre quel que soit le niveau de développement de ces pays.
- d'autre part, la recherche dans le nucléaire nécessite des crédits importants (cf ITER par exemple) qui ne sont pas alloués à la recherche pour d'autres énergies. En France, 80% du budget recherche en énergie est monopolisé par le nucléaire. À cela on m'a déjà répondu que c'était biaisé parce que la recherche en nucléaire rapporte de l'argent qui finance la recherche pour les autres énergies. C'est certainement le cas avec notre CEA, mais justement parce que l'industrie du nucléaire (non pas en termes de recherche mais en terme de production) est encore active en France et donc constitue une source de revenus pour la recherche en nucléaire.
le problème avec les verts c'est qu'ils ont un discours plein de bonnes intentions ce qui est louable et nécessaire( car il faut de la contradiction), mais qu'ils ne proposent rien de concret à grande échelle. ils proposent des micro-solutions et en l'état actuel ça ne suffit pas! Est-ce que tout le monde pourrait revenir en arrière et vivre comme les décroissants c.a.d de se retirer et vivre quasiment en autarcie?
Est-il réaliste de pouvoir produire en masse une énergie propre? En faible quantité c'est envisageable...peut-être que dans le futur..
Vu le poids du développement durable au sein de la société crois-tu que s'il y avait un espoir de produire une énergie propre, que les politiques n'y mettraient pas les moyens?
je ne suis pas un grand fan du nucléaire, mais en l'état actuel des recherches c'est "la moins mauvaise" des solutions.
Le dossier énergie est tellement complexe qu'il doit être traité au niveau européen, voire mondial. Je rappelle qu'ITER est un projet MONDIAL . Est-ce que tous les dirigeants du monde se planteraient?
@florent,
Je me doute que la question du "moins se déplacer" est abordée en interne dans divers partis mais je n'en ai trouvé trace dans aucune communication officielle.
Le seul homme politique que j'ai vu évoquer publiquement le sujet, c'est G.Onesta, député vert qui ne se représente pas.
@europium
"Je rappelle qu'ITER est un projet MONDIAL. Est-ce que tous les dirigeants du monde se planteraient?"
Ca c'est un argument imparable...
@ Oaz
Sur le travail à distance, c'est un sujet qui est abordé en interne. Le problème, c'est que le télé-travail se heurte à un problème d'ordre psychologique. Pour beaucoup d'individus, il y a une nécessité à se retrouver dans un lieu spécifique et à se voir pour trouver "une ambiance" de travail. Mais avec la visio-conférence 3D ou à la rigueur des univers 3D tels que Second Life peut-être peut-on commencer à trouver des solutions.
Je suis d'accord avec toi que c'est un domaine auquel il faut réfléchir et qu'il faut associer aux économies d'énergie. La commission Travail du MoDem l'a évoqué, mais je ne crois pas que le lien a été fait avec la commission Énergie.
Le travail à distance se heurte parfois à un problème dit d'espionnage industriel, certaines sociétés l'utilisent déjà mais pas dans tous les cas.