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L'Hérétique (Démocratie et hérésie économique) - Page 267

  • La méthode Descoings, miroir aux alouettes

    Je ne peux qu'abonder dans le sens de Philippe Cohen, seul journaliste a avoir établi clairement la véritable nature de la méthode Descoings. Du battage et encore du battage : on a compris le message, bien lourd et populaire à souhait avec son "lycée pour tous". J'observe d'ailleurs, que quelques blogueurs sont tombés à pieds joints dans le panneau. Ils ont accepté l'invitation de Richard Descoings et lui servent désormais de béni oui-oui. Il faut dire que l'individu s'y entend à manipuler ses interlocuteurs avec ses propositions frappées du bon sens...Descoings est dans la doxa : il sanctifie les langues vivantes, stigmatise l'élitisme républicain, et veut la même chose pour tous en abrasant tout ce qui fait la différence. Il est d'avis de jeter les vieilleries aux orties ou à la décharge. Il faut être moderne. Oui, moderne, au sens où l'entend l'ami Ambrose dans son dictionnaire du Diable : Lycée n. 1/. École antique où l'on s'entretenait de morale et de philosophie. 2/. École moderne où l'on discute de football. Il faut dire qu'il vaut son pesant d'or l'ami Ambrose. A "Consulter", on trouve par exemple la définition suivante : Rechercher l'approbation d'autrui pour un projet déjà bien arrêté. Ah, je l'imagine bien, l'Ambrose, secoué spasmodiquement de ricanements à la lecture des propositions d'un Descoings.

    Richard Descoings veut du chiffre : plus d'étudiants à l'IEP, plus de lycéens, plus de lycées visités. Le chiffre, cela ne vous rappelle pas quelque chose ? Le chiffre, c'est moderne. C'est la culture du résultat. Alors pour avoir des résultats, Richard Descoings visite...le plus de lycées possible. Et il consulte...

    On trouve dans le rapport de Descoings la grandiose déclaration suivante :  L’hétérogénéité sociale plus marquée des élèves entrant au lycée fait en effet de l’accès à la culture, à la musique, aux arts et aux pratiques artistiques un enjeu de société de premier ordre. Si l’on veut que cet accès soit le plus équitable possible sur l’ensemble du territoire, il faut prendre résolument appui sur le lycée qui offre à la fois un espace et un temps uniques pour développer une politique volontariste en la matière, à destination du plus grand nombre de jeunes adultes.

    Question à mes lecteurs , devinez qui, sur le bondy Blog, il y a quelques jours, déclarait à deux étudiants qui s'inquiétaient de la disparition d'options rares (histoire de l'art, latin, grec) : On va donc remettre du latin et grec pour tout le monde en France ? On va retourner au lycée d’il y a 50 ans ? Arrêtez ! Ce n’est pas possible. [...] Il y a un développement des options, porté par les classes dirigeantes, porté à juste titre par les milieux intellectuels. Jacqueline de Romilly, de l’Académie française, appelle tous les deux ou trois ans au retour du grec, qui est une merveilleuse façon, effectivement, d’ouvrir l’esprit vers la culture. Mais, quitte à me fâcher avec les élites, je le dis tout de suite : on ne reviendra pas au grec ancien pour les lycéens. Veut-on plus d’égalité pour tous ou plus de choix pour certains ? Plus de réussite pour tous ou plus de réussite pour une petite proportion des jeunes Français ?

    Autre morceau d'anthologie : Tous les jeunes peuvent découvrir la littérature. Mais pour avoir accès à la littérature, il faut maîtriser les fondamentaux du français, et cela vaut pour toute littérature et toute langues étrangères. Ce que je veux dire, c’est que parfois, chez certains jeunes, l’enseignement traditionnel du « Cid » ou de « Phèdre », ça ne passe pas. Ils décrochent. Et notre ami de conclure qu'un atelier théâtre fera l'affaire. Wow ! Je suis impressionné ! Richard Descoings est moderne...

    Le rapport de Descoings est ici, mais ce n'est pas la peine de le lire : c'est un poncif de la vox populi, et surtout, de toutes les tentatives de réforme du lycée dont personne n'a voulu ces dernières années : réduction des enseignements, suppression progressive de l'examen terminal du baccalauréat, culte des langues étrangères (Descoings dit tout et son contraire : que ne s'est-il avisé que l'absence de maîtrise des langues étrangères était peut-être à mettre en lien avec l'absence de maîtrise du français dont il fait pourtant un objectif prioritaire), mise en concurrence des disciplines, bla bla habituel sur le lycée professionnel, béni oui-ouisme sur la diversité et la discrimination positive. Mais, Descoings connaît la voix de son maître, j'ai remarqué, dans l'échange avec les étudiants sur le Bondy Blog sur les options rares, qu'il s'est bien gardé de répondre sur l'histoire de l'art. Eh oui...Nicolas Sarkozy aime l'histoire de l'art, figurez-vous, puisqu'il veut la voir enseignée à toutes les sauces au collège puis au lycée.

    Évidemment, tout n'est pas à jeter dans les propositions de Descoings, mais, il y a là avant tout de la poudre aux yeux. La réalité, c'est qu'il faut habiller avec de pseudo-propositions la future saignée de l'Éducation Nationale. L'argument-massue, c'est de réduire le corpus disciplinaire en clamant que les lycéens passent trop d'heures en classe. Il va de soi qu'il sera bien plus aisé par la suite de supprimer des heures d'atelier, de réflexion sur l'orientation et cetera que des heures disciplinaires. Espérons que les acteurs de l'Éducation ne tomberont pas dans le panneau. Il n'y a pas de projet autre, dans le rapport de Descoings que de faire du chiffre, d'être efficace, moderne et de réduire les coûts. On y trouve aucune réflexion ni dimension humaniste, notamment sur la place de la culture alors que cette dernière cimente la nation. Pire, on y trouve la volonté affirmée d'en finir avec l'excellence. En fait, le lycée pour tous, pour Richard Descoings, ce n'est pas donner l'accès à l'excellence à tous, mais, au contraire, à personne. C'est dans la novlange la mise en pratique de l'égalité des chances dont on nous rebat les oreilles, et qui nous permet d'esquiver la douleureuse question de l'équité.

    Cela me rappelle un sketch de Thierry Le luron sur Mitterrand. On interroge Mitterrand sur la planification économique. Ce dernier, très docte répond : quand il y a à Bordeaux 5% de chômeurs et à Strasbourg 10%, la planification, c'est faire en sorte qu'il y ait 10% de chômeurs aussi à Bordeaux...

     

  • Airbus 330, Icare brisé

    Je n'ai pas renoncé à m'exprimer sur la catastrophe de l'Airbus 330 en provenance du Brésil, en dépit des très déplaisants commentaires d'hier. Je ne vois pas en effet, pourquoi je me tairais sur la foi d'un procès d'intention indigne. Je veux m'exprimer sur ce drame, parce que je veux essayer de comprendre pourquoi il nous touche, moi y compris, avec une telle intensité, avec une telle violence. J'ai pris plusieurs fois l'avion, et surtout, il m'est arrivé à plusieurs reprises d'attendre quelqu'un à la sortie d'un avion. Cette nuit, j'ai été pris de sueurs glaciales  en repensant à cet accident. L'évènement n'est pas neutre pour moi, et sans doute pour d'autres. Jeune, j'aimais passer d'un continent à un autre par la voie des airs. Mais, au fil du temps, avec la conscience des accidents, j'ai commencé à avoir peur, et aujourd'hui, quand je boucle ma ceinture de sécurité et que l'avion commence à décoller, ou encore lors des atterissages, a fortiori quand il y a des turbulences, j'ai une sourde appréhension qui m'étreint. Et pourtant, l'avion est infiniment plus sûr que mon automobile que je prends tous les jours ! Aussi bien en proportion qu'en quantité, en comparaison des morts sur les routes, le nombre de morts dans les airs est infime. Mais dans mon automobile, je me sens en sécurité.

    La catastrophe aérienne, quand elle survient, fait le tour du monde : radios, chaînes télévisées, journaux, et même blogs, en parlent sur toute la planète. Cette catastrophe a fait 240 morts. Le Rwanda, le Darfour, ont généré des centaines de milliers de morts sans générer la même attention ni même la même intensité dans l'émotion. Mon intention n'est absolument pas de donner une leçon de morale, je laisse cela aux concupiscents, comme dirait Nietzsche. Non, je m'étonne simplement de la force de cette émotion. Au moment où j'entends ces nouvelles terribles, mon empathie avec les familles des victimes est très forte. Ce n'est pas une question de distance ni de nationalité : l'avion était loin et il transportait des hommes et des femmes d'origines diverses.

    J'écoutais France Info, ce matin, et notamment, comme Bayrou était justement là, on lui a demandé ce que lui inspirait cette catastrophe. Comme toute la classe politique, il a bien sûr déploré un drame terrible, mais ce qui m'a intéressé, c'est ce qu'il disait du transport aérien : «ça donne au transport aérien une dimension qu'il n'a pas habituellement, on finit par s'habituer à cette incroyable aventure, et puis tout le monde voit bien qu'elle conserve une dimension de risque ». C'est cette réaction qui m'a frappé, et qui m'a rappelé qu'au fond, nous sommes tous les héritiers d'Icare. Dans la mythologie grecque, Icare est le fils d'un inventeur de génie, Dédale. Ils ont été enfermés par le roi Minos dans le labyrhinte dont Dédale a lui-même réalisé les plans. Pour s'évader, Dédale, après avoir observé des oiseaux, parvient à confectionner avec de la cire et des plumes des ailes. Il recommande toutefois à Icare de ne pas trop s'approcher du soleil car la cire fondrait et il pourrait tomber. En dépit des sages recommandations de son père, Icare veut voler trop haut et il chute finalement dans la mer. Mer qui prendra son nom, puisque c'est la Mer d'Icare aujoud'hui.

    Je crois que l'émotion très forte qui nous étreint à chaque catastrophe aérienne fait de nous les enfants d'Icare. Parce que notre rapport à l'air et au ciel demeure mystérieux et empreint d'étonnement, nous continuons à avoir du mal à admettre la chute.

    Je voulais dire aussi autre chose : on va de conjectures en conjectures pour tenter de comprendre ce qui a pu arriver à cet aéronef. Moi-même, hier, j'ai espéré qu'il pouvait avoir amerri (sans doute en vain, hélas).

    Il existe en mathématiques une théorie que l'on appelle théorie du Chaos : l'effet papillon en est le phénomène physique le plus saillant. L'idée est qu'un battement d'aile à l'autre bout du monde peut provoquer une tornade de l'autre côté. Le mathématicien Edward Lorenz, qui est à l'origine de cette citation fameuse a travaillé justement sur les phénomènes météorologiques. Constatant que des variations infimes entre deux situations initiales pouvaient conduire à des situations finales sans aucun rapport entre elles, il a jugé qu'il n'était pas possible de faire de prévisions météorologiques à long terme. Il a calculé, par exemple, qu'une incertitude de 1 sur 106 lors de la saisie de données, pouvait conduire à des conclusions totalement erronées.

    Je voudrais comparer cela à un autre témoignage. J'ai eu comme premières automobiles deux XM fonctionnant au GPL. La première s'est enflammée sur l'autoroute à grande vitesse. Le réservoir était le vieux système à bouchon. On l'a abandonné car on sait depuis qu'en cas de dilatation du gaz (c'est le cas d'un incendie) si le bouchon ne sort pas, l'explosion est terriblement meurtrière. Je suis resté à moins de 50 mètres de mon automobile qui brûlait sur le bord de l'autoroute, sans savoir qu'en cas d'explosion, tout ce qui se trouvrait sur un rayon de 200 mètres aurait été soufflé par l'explosion. Coup de chance, le réservoir s'est mis à fuire. Avec ma seconde XM, un soir que j'étais fatigué, j'ai percuté un trottoir assez haut par le côté à une vitesse d'environ 60 km/h. Il s'en est ensuivi une vibration qui a complètement désaxé et démoli la boîte de vitesse. L'expert qui a examiné le véhicule par la suite m'a dit qu'il n'avait jamais vu ni entendu parler d'une vibration d'une telle ampleur avec un accident de ce genre. Un cas unique dans sa carrière. Même son de cloche au garage citroën où un tel évènement ne figurait même pas dans la base de données de la marque.

    Ce à quoi je veux en venir, c'est que nous ne connaîtrons peut-être jamais exactement les causes de l'accident, et ce, en dépit des mesures de sécurité, pourtant nombreuses. Quand des causes multiples, incluant des facteurs humains, de surcroît, se superposent les uns aux autres, comment savoir s'il y en a une qui est première parmi elles. Et si toutes ces causes sont infimes, mais que leur résultat final est une catastrophe, c'est imprévisible. Tous les classements de sécurité n'y pourront rien. Je sais que Toréador voudrait donner un nom à la mort et à la foudre, et je le comprends très bien, car il a tout à fait raison d'estimer que c'est absolument nécessaire pour pouvoir commencer un deuil. Mais si la cause est la résultante d'une cascade d'incertitudes, il sera bien difficile de la nommer.

  • Un Airbus A 330-200 peut-il amerrir ?

    Je déplore tout à fait que mon intention ait été très mal interprétée quand j'ai écrit ce billet. Il n'était aucunement dans mon intention de faire le charognard, mais au contraire de cultiver l'espoir qu'il en restait un.

    Compte-tenu des premières réactions, manifestement indignées par mon billet (je ne comprends pas pourquoi, mais bon, s'il est à ce point sujet à être mal jugé, c'est qu'il doit être maladroit d'une manière ou d'une autre), je le retire.

    Il ne s'agissait pour moi que de considérer la possibilité technique d'un Airbus d'amerrir, avec l'idée que tout n'était peut-être pas complètement perdu. Mon tempérament me pousse à ne jamais baisser les bras tant qu'une mauvaise nouvelle n'est pas confirmée, c'est tout. Quant à l'accusation de vouloir faire monter mes "stats", je ne crois pas que j'y gagnerais ainsi, et de surcroît, je n'ai pas besoin de cela. Je cherche à traiter l'actualité, moi aussi, comme le font les autres médias, avec un autre regard. Ceci n'empêche pas le respect de l'émotion. Est-ce un crime ?

    [EDIT le 02/06/2009] Comme je n'ai pas voulu  en rester sur une page rayée et des soupçons sur un évènement qui me touche profondément, j'ai écrit une autre note, Airbus A330, Icare brisé ; en l'écrivant, j'ai essayé de comprendre pourquoi les accidents aériens heurtaient nos sensibilités (particulièrement la mienne) avec une telle intensité.[/EDIT].

    Les nouvelles à propos de l'Airbus A330-200 en provenance de Rio de Janeiro sont tout sauf rassurantes. A l'heure actuelle, il ne peut plus être en vol faute de kérosène. Toutes les hypothèses sont ouvertes, évidemment, mais, à l'évidence, pour que l'équipage de l'aéronef n'ait donné aucune nouvelle, quelque chose de soudain s'est produit. Cet avion n'a quasiment jamais connu d'incidents à toutefois une exception près. Dans les accidents précédents, jamais l'appareil lui-même n'a été en cause. Toutefois, le 24 août 2001, un appareil similaire avait volé pendant 1/2 heure avec une fuite de carburant, parvenant malgré tout à aterrir. A priori, l'A300-200 est un avion très fiable, et de surcroît, cette version de l'A300 emporte un surplus de carburant assez considérable. Pour ma part, je ne suis pas un spécialiste comme Démocratix, des avions, mais je crains et soupçonne une dépressurisation explosive . Si une brèche apparaît dans la paroi de la carlingue (hublot arraché ou autre) l'avion dépressurise très rapidement. On parle de explosive si elle se produit en moins d'une seconde. (source : http://www.aviation-fr.info/medecine/medecine.php). Aux dernières nouvelles, l'appareil aurait connu une panne de circuit électrique, et un message automatique aurait été reçu peu après 4 heures du matin. Mais cela ne me convainc pas : la panne peut très bien être une conséquence plutôt qu'une cause. Un A320 avait amerri en janvier dernier, et en principe bien que cela soit très risqué, ce n'est pas totalement impossible. Mais ce qui est inquiétant, c'est l'absence totale de nouvelles. C'est là quelque chose qui n'incite pas hélas, à l'optimisme. Un numéro d'urgence a été mis à la disposition des familles : 0 800 800 812

  • Britain's got talent, MoDem's got talent for Europa

    Bien, je vois que vous avez très nombreux à venir sur mon blog à la suite des articles que j'ai écrit sur l'émission/concours Britain's got Talent, Susan Boyle, Diversity et plus généralement les autres candidats comme les Greek Irish Dancers, Andy Demetriou ou encore Manjit Singh. Mais maintenant, je voudrais vous parler d'un autre "concours" qui va avoir lieu le 07 juin. Il met en concurrence des gens compétents et talentueux. Eux ne viendront pas jouer devant la Reine d'Angleterre, mais, qui sait, ils auront certainement l'occasion de la rencontrer si vous les amenez en finale. Je vais vous présenter quelques-uns des candidats qui me tiennent le plus à coeur, j'espère que vous voterez pour eux. Je dois vous préciser que le concours est organisé par régions et dans toutes l'Europe. Cela permet d'avoir plusieurs finalistes (astucieux, non, comme procédé ?).

    581821186.4.jpgEn île de France, il y a une candidate qui s'appelle Marielle. Marielle de Sarnez. Elle a beaucoup de talent. Elle est la conceptrice d'un projet hors du commun, qui s'appelle Erasmus Mundus. Erasmus Mundus, c'est un programme européen qui s'adresse aux étudiants du monde entier. Il a pour objectif de leur permettre de venir faire des études en Europe. Les étudiants sélectionnés sur dossier peuvent obtenir jusqu'à 24 000 euros de bourse ! La nouveauté, c'est que le programme va s'ouvrir aussi aux étudiants européens l'an prochain. Jusqu'ici, ils bénéficiaient d'un autre programme appelé tout simplement Erasmus. Mais Erasmus patauge dans la mélasse et en dépit des bourses, trouve de moins en moins de preneurs. L'année dernière, 4 000 offres n'ont pas trouvé d'étudiants intéressés. Il est vrai que comme le souligne Marielle, dans son Petit livre pour aimer l'Europe, 150 euros par mois seulement pour vivre (c'est le montant de la bourse), cela n'invite pas au voyage... Marielle fait plein de choses intéressantes pour la jeunesse et les étudiants mais ce serait long de tout résumer. Pour voter, c'est un peu plus compliqué que d'habitude. Les SMS ne sont pas acceptés...il faut se munir d'une petite carte que les organisateurs auront du normalement vous avoir envoyé par courrier, et, une fois cela fait, se rendre dans une école ou une mairie, la plupart du temps, choisir un candidat et voilà. Le concours se déroule en un seul jour au niveau du vote, mais les candidats ont plusieurs semaines pour leurs prestations télévisées. Résultats connus le soir même, au pire, le lendemain matin.

    444552713.jpgDans le Sud-Est, il y a un autre candidat que j'aime beaucoup. Il y a un petit inconvénient, toutefois. Il s'est mis en troisième position sur sa liste de candidats. Du coup, il va falloir que vous soyez TRÈS TRÈS TRÈS NOMBREUX à glisser le bulletin dans l'urne le 07 juin dans cette région. Le bulletin est facile à reconnaître, il est généralement accompagné d'une notice explicative de couleur orange avec le mot MoDem (ou Mouvement Démocrate) en gros dessus. Simple, non ? Gilles (Artigues), c'est un ancien de la radio. Dans se jeunesse, il se couchait très tard la nuit, parce qu'il animait une chaîne de l'amitié pour donner du réconfort aux gens seuls et abandonnés. Gilles, c'est un vrai ami. Vous pouvez compter sur lui, il ne vous lâchera jamais quand vous êtes dans la m... Vous savez ce qu'il vous reste à faire, les amis... Un autre truc, pour ne pas voter de travers, c'est qu'il a deux bons amis avec lui à qui il a cédé les premières places de sa liste : Fabienne et Jean-Luc. Jean-Luc, il a une particularité : il aime bien le rosé et il déteste qu'on se paie sa tête en lui proposant un espèce de mélange de piquette rouge et de vinasse blanche. Faut pas le prendre pour un imbécile. Ceux qui habitent dans le Sud-Est le savent. Il fait chaud, là-bas, l'été. Le rosé, ça désaltère, non ? Mais le rouge, non. Et le blanc non plus. Alors vous n'imaginez pas que rouge + blanc ça va désaltérer davantage, évidemment...Voilà pourquoi Jean-Luc, il est très en colère. Votez pour lui, il remontera au plus haut sommet vos revendications.

    photoSG_.jpgElle, elle est belle, elle est intelligente, et elle est cultivée. J'ai eu un jour l'occasion d'être assis jusqu'à côté d'elle. Eh bien je confirme qu'elle n'est pas belle qu'en photo. Sylvie, c'est la passionaria de l'Europe (je vous l'ai dit, le concours se déroule au niveau européen). Elle connaît absolument TOUT sur l'Europe. Comme Marielle, quoi. Et Sylvie, ce que j'aime chez elle, c'est qu'elle a son franc parler. Elle n'a pas la langue dans sa poche. Par exemple, on entend actuellement pas mal de grands sorciers (spécialisés dans l'illusion) faire résonner les tambours de guerre et jouer du tam-tam en scandant la suprême incantation "Europe sociale". Sylvie, elle a un avis sur le sujet, et la danse du ventre, ça ne prend pas avec elle. Mais si elle veut faire une danse du ventre pour moi, je suis preneur ... :-)

    Voilà donc ce qu'elle écrit sur l'Europe sociale...

    En général, les discours sur l’Europe sociale commencent pas accuser les « Anglo-saxons » ou les « ultra-libéraux ». Certes, les Britanniques et les Irlandais se sont souvent opposés, comme les nouveaux Etats membres, à l’adoption de règles sociales plus contraignantes. L’unanimité requiert leur assentiment. Mais ils ont bon dos. Les Etats continentaux, notamment la gauche française ou allemande, ont largement laissé faire. A la fin des années 90, les gouvernements européens ont dit vouloir s’attaquer ensemble au problème du chômage. Ils sont partis du constat que le plein emploi dépendait de notre aptitude à bâtir une « société de la connaissance » où formation, recherche, innovation contribueraient à une croissance plus durable. Les salariés perdraient peut-être plus fréquemment leur boulot mais seraient aidés à en changer rapidement. Le diagnostic était juste. Le monde change, de nouvelles puissances émergent. Pour résister à la concurrence des pays à bas salaires, nous devons être meilleurs. En 2000, le Conseil européen (15 chefs d’Etat et de gouvernement à l’époque) toucha au sublime : la « stratégie de Lisbonne » prétendait faire de l’Europe, la « zone la plus compétitive du monde en 2010 » ! Dieu merci, le ridicule ne tue pas. Car quels moyens se donnaient les gouvernements dirigés par Lionel Jospin, Gerhard Schröder ou Tony Blair ? « La méthode ouverte de coordination » qui revient à ce que chacun fasse… ce qu’il veut.

    Sylvie se présente dans l'Ouest, au fait. Bon, on dit souvent que des billets trop longs ne sont pas lus. Je vous présenterai demain d'autres candidats. Si vous le voulez bien, évidemment. Tous ces candidats ont néanmoins des idées communes. Quelqu'un de fûté les a résumés...

  • Britains Got Talent, victoire Diversity

    Ce n'est finalement pas Susan Boyle qui aura gagné les Britains Got Talent. Elle n'aura pourtant pas démérité, et son ultime interprétation de "i dreamed a dream" restera à mon avis dans les annales et les mémoires. Elle aura payé sans doute les frasques de la demi-finales. Le bon peuple n'aime pas qu'on ait du caractère, et quelques abrutis patentés auront estimé que "la vieille fille" n'avait qu'à ne pas insulter ses fans. Il ne faut pas leur demander d'être psychologues, à ceux-là. Les juges, eux, ont compris qu'ils avaient affaire à un authentique talent. Un juge a estimé qu'elle devait gagner et un autre que sa fragilité n'était pas un obstacle sur le chemin de la consécration, contrairement à ce que toute la presse avait clamé la veille.

    Diversity.jpgIl n'en reste pas moins qu'il y avait de sérieux concurrents en face. Diversity, un groupe de danseurs, m'a littéralement bluffé avec son  final. Jetez plutôt un oeil sur la vidéo dispo sur ITV. Spectaculaire chorégraphie. Ils n'ont pas démérité. En fait, ils sont même montés en puissance au fil des épreuves. Je ne m'attendais pas à leur victoire tout simplement parce qu'ils se sont surpassés en finale. Susan Boyle aussi, mais elle a fait une erreur, à mon sentiment. Elle aurait du innover en choisissant une autre chanson que celle qui l'avait fait connaître au monde entier. En tout cas, ITV et l'émission lui devront beaucoup. Elle les aura fait connaître au monde entier. Toutes les chorégraphies de Diversity pendant l'émission sont disponibles sur le site d'ITV.

  • Britains Got Talent 2009, revue de candidats

    J'ai visionné, à la suite de mon billet sur Susan Boyle, plusieurs vidéos de l'émission Britains Got Talent 2009. Franchement, ils sont extraordinaires, ces Britanniques. Leurs émissions, du moins dans ce genre-là, c'est tout de même autre chose que la soupe insipide et ennuyeuse qu'on nous sert à la Nouvelle Star et à la Star'Ac...

    Tenez, par exemple, j'ai découvert les Greek Irish Dancers. Ils ne sont pas grecs, en fait, je ne sais pas si j'ai mal compris, mais ils viendraient de Chypre, à moins que je n'ai pas capté. Attention au café avant de visionner la vidéo, sinon vous risquez de le renverser sur le clavier :-) Le papa et son fiston nous servent une prestation de qualité...Dans un autre genre, il y a Manjit Singh, l'homme qui soulève un mini-bus avec une oreille. Vous ne me croyez pas ? Regardez la vidéo. Et attention à la bouillotte, elle finit par éclater...Le spectacle est servi avec une musique de circonstance tout à fait adaptée. Je ne sais pas s'il est grec Andy Demetriou, mais pour un sexagénaire censé être invalide, il tient la forme quand il danse le break... Mais bon...il y a bien plus délirant que tous les exemples précédents réunis avec Vienamin's Eyes, par exemple. Sorte de danse d'asticots extra-terrestres à trois extrémités. Faut le voir... Bon, je pourrais  multiplier les morceaux de bravoure, mais, pour l'instant, je fais avec ce que j'ai trouvé...

    Je sais que les Britanniques ont la réputation d'être excentriques. Bon, eh bien ils ne l'ont pas volé la réputation. Au moins, on s'amuse, chez eux :-). On pourrait importer le concept chez nous : dans son petit dictionnaire pour aimer l'Europe, Marielle de Sarnez consacre un article entier à la Télévision dans frontières. C'est le nom d'une directive européenne qui régit la politique audiovisuelle de l'Union Européenne. Deux principes directeurs animent cette directive : libre circulation des émissions européennes et obligation pour les chaînes de réserver au moins 50% de leur temps d'antenne pour des émissions européennes. L'émission d'ITV rentre dans ce cadre, puisque son objet est de repérer des talents britanniques dans des domaines artistiques divers du spectacle :  musique, danse, acrobatie, magie, comédie etc. Des candidats de tout âge peuvent se présenter. Le gagnant se voit remettre la somme de 100 000 £ et a l'opportunité de jouer devant la famille royale de Grande-Bretagne à la Royal Variety Performance.

    Britains Got Talent est classé dans le genre télé-réalité. Je ne suis pas convaincu par le choix de cette catégorie. Le principe de la télé-réalité, c'est de suivre par épisodes la vie quotidienne d'anonymes. Si la Nouvelle Star et surtout la Star'Ac ont versé dans ce travers, on ne peut en dire autant de Britains Got Talent, qui s'en tient à des émissions spécifiquement consacrées à la sélection des candidats. D'ailleurs, les deux émissions françaises comportent le mot "star" dans leurs intitulés. On a donc bien compris quel est leur but : notoriété, gloire, show-bizz, star-system et cetera. Rien (j'exagère un peu, je le reconnais) de tel pour Britains Got Talent, dont l'objet final me semble bien plus sain. Je rappelle que la Royal Variety Performance est un gala qui existe depuis 1912. Tous les fonds récoltés vont à une association bénévole de formation des artistes. C'est autre chose que de promouvoir sa propre pomme, but ultime de la Star'Ac et de la Nouvelle Star.

  • Mythologies

    J'ai lu et relu une large part de mon enfance les contes et légendes des grandes civilisation, avec un goût tout particulier pour les grandes épopées et les gestes. J'ai admiré Yudhishthira, le prince juste, tendre et courageux du Mahâbhârata, espéré que Dieu pardonnerait à Lancelot et que celui tiendrait ses résolutions afin qu'il puisse rejoindre son fils Galahad et contempler le Graal. Jeune, Achille était mon idole, mais, avec l'âge, j'ai changé de camp et de héros dans l'Iliade. J'admirais alors sa force, son courage et son détachement face à son destin. Aujourd'hui, c'est Hector qui emporte mon adhésion. Quel courage, quelle humanité ! Voilà un homme qui sait que les Grecs comptent des héros très puissants, plus puissants que lui, mais qui assume son rôle de général en  chef des Troyens et combat bravement. Voilà un homme qui ne s'inquiète que pour son peuple, pour sa femme Andromaque et son fils Astyanax alors qu'il sait qu'il va au devant de la mort. Hélène pleure sa mort plus que celle de quiconque tant il aura toujours été doux et compatissant avec elle. Voilà encore un homme qui rappelle son frère Pâris à son devoir, regardant ce dernier par en-dessous, comme Homère le dit, et voyant en ce dernier la cause de tous les maux de Troie. Une attitude qui détone avec le jugement tant des Troyens que des Grecs pour lesquels Hélène est le cause première de la guerre.

    Homère était considéré par les Grecs du Siècle de Périclès comme l'oeuvre fondatrice qu'il fallait faire étudier aux enfants pour leur édification morale et intellectuelle. Les Grecs d'aujourd'hui pensent toujours la même chose, d'ailleurs, l'Iliade et l'Odyssée sont au programme de 6ème, en Grèce. En France même, on en recommande l'étude au début du collège également. J'y ai trouvé et j'y trouve encore, pour ma part, des morceaux d'humanité sans pareils. Parmi les héros, bien peu rivalisent avec Hector, à mes yeux. Il n'y a que Yudhishthira et Antigone (celle de Sophocle) dont les auras égalent celle d'Hector. Yudhishthira parce que c'est la tendresse sans mollesse et la douceur faites homme. Antigone, parce qu'elle n'est pas née pour haïr mais pour aimer. Voilà une fillette (ou une jeune adolescente chez Euripide) qui descend dans la plaine au milieu de la nuit et des tourbillons, vient se pencher sur le corps de son frère en décomposition, que les charognards se disputent sans doute, et accomplit les rites nécessaires afin que son âme trouve la paix, en dépit de l'édit de son propre oncle, qui assure désormais la réalité du pouvoir à Thèbes. Extraordinaire enfant qui n'hésite pas à agir seule quand même sa soeur Ismène la lâche.  Quel art que l'écriture de Sophocle. Quel talent chez cet homme pour avoir fait de l'exemple saisissant d'Antigone un mythe désormais éternel.

    Mais, j'en viens à ma conclusion : mon billet est en fait une chaîne, une bonne vieille chaîne de blogs. Je vais taguer quelques blogueurs, et voilà ce que je voudrais qu'ils écrivent, s'ils sont d'accord : qu'ils fassent le portrait d'un héros légendaire (mais pas d'un dieu) dans les mythes antiques (pas seulement gréco-romains, les mythes et légendes de toutes les régions du monde entrent dans le cadre du thème de la chaîne) qui a retenu leur attention et à qui ils accordent leur suffrage plus qu'à quiconque.

    Je vois bien Skeptikos, Oréade, Démocratix (comme ça il sera à nouveau obligé d'écrire des billets sur son blog :-) ), Nelly (dont je n'ai plus de nouvelles), Mirabelle (même chose que Démocratix) Polluxe, et enfin Vincent me donner leur avis. Mais bon, ils font ce qu'ils veulent.

    Il y a aussi le Crapaud du Marais qui m'a tagué dans une autre chaîne. J'ai un peu la flemme de répondre. En fait, je suis d'accord avec  tout ce que propose le MoDem poyur l'Europe, sauf pour les paradis fiscaux. Cela étant établi, mon crapouillot peut participer à ma chaîne sur les héros mythologiques.

  • Planète Europe !

    Je viens de visualiser le clip du MoDem en version longue pour les européennes, et je l'ai trouvé très pédagogique. Bayrou s'essaie à une démonstration en quatre points. Il y a les questions que la France peut et doit traiter. Celles que seule l'Europe peut gérer (les crises planétaires). Bayrou expose ensuite ce qu'il se passera si la seule voix qui peut porter notre différence, l'Europe, s'éteint : il ne restera plus alors que les deux super-géants que sont la Chine et les USA pour se regarder en chiens de faïence. Le clip se poursuite en rappelant que l'Europe, c'est nous, que la France, c'est l'Europe et que ce ne peut être que nous qui relèverons le défi. A partir de là, il y aura le 07 juin un vrai choix à effectuer et des euro-députés à choisir. Il faudra alors de vrais députés pour de vrais choix.

    A aucun moment Bayrou n'utilise de grosses ficelles ou de slogans pour appeler à voter MoDem. Il se contente simplement d'exposer les principaux enjeux et appelle les Français à opérer leur choix en conscience.

  • Fofana, la manipulation...

    Je reviens du blog de Rubin qui a souhaité s'exprimer sur l'affaire Fofana et l'antisémitisme. Je ne sais pas ce qu'a voulu dire exactement Rubin. Il semble souhaiter la publicité des débats d'une part et quelque peu sceptique devant l'arsenal juridique destiné à lutter contre l'antisémitisme et le racisme. Quand je dis sceptique, je pense qu'il est réservé sur son utilité, en tout cas, c'est ce que je comprends de son article.

    Les commentateurs de mon blog ne me suffisent plus, je vais chercher ceux des autres. Enfin, ce n'est pas tout à fait exact : l'auteur du commentaire que je vais citer s'est parfois exprimé ici. Je ne sais pas si je suis entièrement d'accord avec lui, mais, j'ai trouvé le point de vue de Chitah intéressant, et je le reproduis tel quel ici :

    Au risque de m'attirer le foudres du peuple, je ne crois pas une seule seconde à l'alibi antisémite. Pas plus que je crois à la plupart des argumentations racistes qui sous-tendent à nombre de crimes.

    Ce Fofana est un fou, probablement déséquilibré, avec beaucoup de problèmes personnels. Ce mongolito a cru que parce qu'une de ses cibles est juive, une solidarité naturelle allait émerger et finirait par lui permettre d'atteindre ses sombres desseins. Une sorte de cliché de merde, en somme.

    Il faut traiter Youssouf Fofana pour ce qu'il est : un petit, un wannabe gangster de merde, qui a complètement foiré son coup et qui va se prendre perpète. Il cherche, maintenant, à raccrocher son action à une sorte de grand dessein visant à lutter contre les juifs ou je ne sais quoi mais il ne faut pas y prêter attention. Ce type est tout simplement un criminel de droit commun, qui va ramasser une peine digne de ce qu'il a fait.

    Ne lui laissons pas la possibilité d'inscrire son crime dans une sorte d'antisémitisme : il n'était pas animé par l'idéologie, uniquement par l'appât du gain, uniquement par l'argent. Et en cela, il n'est qu'une petite frappe de banlieue qui n'aura que ce qu'il mérite
    .

    Fofana est un petite frappe tarée et rien d'autre. Il ne peut prétendre à aucun autre titre de "gloire". Il y a là un raisonnement qui se tient, et qui me paraît assez proche de la réalité. Toutefois, il y a bien de la part de Fofana un préjugé antisémite qui a favorisé non l'accomplissement du crime, qu'il aurait de toutes façons commis, mais le choix de la victime. In fine, l'antisémitisme n'est pas la cause principale. Dans un schéma actantiel, on le qualifierait simplement d'adjuvant. La motivation principale est bien l'argent, c'est à dire la cupidité. A cela s'ajoute une absence de limites dans l'esprit taré de Fofana. C'est en priorité ce qu'il faudrait retenir de ce procès, je pense.

    Fofana, Chitah l'a bien compris, essaie de manipuler l'opinion afin de passer pour le martyr d'une cause (peu importe qu'elle fût ignoble ou non, tout effort de rationnisation du crime de Fofana ne doit pas lui être permis). C'est cela que Chitah ne veut pas lui laisser gagner, parce que c'est un enjeu majeur au niveau de l'opinion. Il a peut-être bien raison...
  • Le cauchemardesque conte de fée de Susan Boyle

    cauchemar.jpgJe me demande si les médias ne feraient pas mieux de laisser Susan Boyle tranquille. J'ai lu qu'elle envisageait de tout quitter parce qu'elle ne supporte plus la pression qui entoure ses performances vocales extraordinaires. A vrai dire, je l'ai écoutée chanter, et en effet, très rarement j'ai entendu une voix comme la sienne. Susan Boyle a un talent immense. Mais ce que je déplore, c'est que dans nos sociétés, il n'est plus possible de révéler un talent sous quelque forme que ce soit sans descendre dans une arène. Les mises en scène médiatiques me font d'ailleurs penser aux arènes des gladiateurs. On hurle, on crie, on supporte tel ou tel candidat, ou encore, au contraire, on baisse le pouce pour exiger un probable mise à mort.

    Malheureusement, la principal talent, pour émerger dans la sphère médiatique, c'est avant tout de pouvoir y survivre. Or, rien ne destinait Susan Boyle, individu fragile, dans son existence, à accéder un jour aux plateaux télévisés dans de telles conditions.

    Le traitement réservé à Susan Boyle par les médias du monde entier est indigne. Sans cesse on évoque son existence, ce qu'elle est, dans des termes dégradants, afin de célébrer le conte de fée médiatique qu'elle vit. Conte de fée ? La voilà soumise aux regards de tous, à toutes les adulations mais aussi toutes les jalousies.

    Ce qui est effarant, c'est qu'avec un bel ensemble, presse, radios et télévisions présentent la parcours imprévu et extraordinaire de Susan Boyle comme le summum de la réussite, comme un conte de fée réalisé. Or, qu'est-ce qu'un conte de fée ? Un conte de fées est un univers merveilleux ou les êtres et les créatures s'expriment en dehors de l'espace et du temps, et dans lequel le héros affronte plusieurs obstacles avant de finalement trouver le bonheur (souvent sous la forme d'un mariage). Dans un conte de fée, le récit se déroule dans un passé indéterminé ; le merveilleux réside pour l'essentiel dans la présence de personnages surnaturels et d'objets enchantés. La frontière entre le conte de fée et le réel est complètement étanche : le fabuleux n'y est ni expliqué, ni rationalisé.

    Le cauchemar a quant à lui plusieurs définitions, mais, celle d'Hippocrate, le fameux médecin grec, celui qui écrivit le Serment du même nom, m'intéresse tout particulièrement. Il utilise le terme Éphialtès. Éphialtès, dans la mythologie grecque est un géant. Son nom signifie "celui qui se jette sur". C'est qu'en effet, Hippocrate se représentait le cauchemar comme une sorte de crise de stress qui oppressait la poitrine subitement. En somme, comme un poids écrasant s'installant sur le coeur. Il y a donc là une étymologie qui exprime une agression violente.

    Ainsi, si la frontière entre le conte de fée et le réel est étanche, elle ne l'est pas avec le cauchemar. Je pense même que c'est cette étanchéité avec le réel qui garantit la porosité entre le conte et le cauchemar. Que restera-t-il de Susan Boyle, quand le strass, les paillettes et les spots lumineux venus de nulle part se seront éclipsés ? Sans doute rien. Cette femme n'est pas faite pour le show-bizz. Si elle parvient à résister à l'insupportable pression médiatique jusqu'au bout, ne sera-t-elle pas victime de quelqu'escroc à la recherche d'une victime facile ? Combien de faux et nouveaux amis aura-t-elle alors ?

    J'avais écouté un jour Jack Lang (pourtant pas forcément une référence pour moi, mais, ce jour-là...) s'exprimer sur sa volonté de développer les parcours artistiques dans les écoles. Il avait jugé alors que découvrir l'art à l'école ne devait pas avoir pour but de former des champions ou des maîtres en leur art, mais de cultiver la part d'art que chacun d'entre nous a à l'intérieur de soi. C'était sagement parler. Est-ce que l'art devrait servir à autre chose qu'à se cultiver soi-même ?