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L'Hérétique (Démocratie et hérésie économique) - Page 189

  • Je vais faire le comateux, moi...

    Tiens, tiens, on est quelques blogueurs (de sexe masculin) à avoir repéré cet instructif spot publicitaire sur les premiers secours à prodiguer dans les circonstances graves. C'est l'ami Hashtable qui a mis la main dessus, suivi de très près par le Faucon ...

    Super Sexy CPR from Super Sexy CPR on Vimeo.

    Il y a toutefois quelques imprécisions qui ont suscité un commentaire de Martine, commentatrice émérite et avisée de nombreux blogues :

    1: inspection de l’environnement et appel aux secours.

    2: on saisit la main sans secouer, et l’on parle de facon à etre entendu. Si aucune réaction:

    3: vérification de la respiration et du pouls après avoir retiré tous les éléments contraignants, à savoir dans la vidéo le sous-vètement poitrinaire. Le positionnement pour la vérification de la respiration n’est pas correcte, aucune inspection du pouls dans la vidéo^^

    En fonction du diagnostic, si respiration ou pas si pouls ou pas alors les conduites à tenir sont très différentes. Une réa en urgence de nos jours débutera par un massage cardiaque( surtout, quand témoin, dès chance que le coeur soit en fribrilation donc récupérable,il faut l’aider) la gestuelle de la vidéo ne va pas, aucun chevauchement, la position est latérale, et les mains ouh la la!

    Le rythme est correct, mieux de compter ainsi: et un de deux et etc ensuite deux insuflations en pincant le nez et ayant souci de conserver la tete en hyper extension.

    Moi je suis totalement d'accord avec le début du troisième point. Le sous-vêtement poitrinaire gêne, il faut refaire la vidéo et faire enlever le soutien-gorge à donneuse de soins. Non, parce que sinon, on ne voit pas clairement comment procéder.

    Non le vrai inconvénient, comme le fait remarquer un autre commentateur, cette fois chez h16, c'est quand on a plutôt la situation suivante :

    Ouais mais en général, le gars qui fait un arrêt cardio-respiratoire devant vous n’a pas de jolis sous-vêtements en dentelle, est moustachu, et a une haleine de poney.

    Bon, là, évidemment...

  • Droit d'auteur ? Connaît pas, Hérodote...

    J'ai retrouvé dans ma bibliothèque une vieille édition des Belles Lettres qui introduit les Histoires d'Hérodote. Tout l'ouvrage est consacré à l'historien grec, sa personnalité, en particulier. Il semble bien que l'ami Hérodote se soit en partie inspiré de quelques écrivains plus anciens, et tout particulièrement Hécatée de Milet. Or, l'auteur de l'introduction, Ph-E Legrand, observe que juger les Anciens avec le sentiment de notre époque sur la chose serait une erreur. Si j'ai bien compris, dans l'Antiquité, on cite quand on est en désaccord, sinon, on reprend sans vergogne les idées voire les textes de prédécesseurs. Aristote qui traite Hérodote de μυθολόγος (expert en bobards, en somme, si je rends la pensée sous-jacente d'Aristote...) lui repique sans sourciller une description du crocodile. Sauf que le croco en question, il figure déjà dans la Périégèse d'Hécatée, individu qu'Hérodote ne cite que lorsqu'il le critique ou le combat...

    Je les imagine bien, les Aristote, les Hérodote et les Hécatée, vivant nos temps de procédures diverses et variées, face au copyright, à la licence globale ou au libre, sans parler d'Hadopi...

    Enfin, contrairement à certains de nos journalistes, Hérodote, quand il reprend une information, s'en va tout de même la vérifier. Par exemple, il reprend une expression d'Hécatée à propos de la crue du Nil, mais s'empresse de préciser qu'il s'est rendu sur place. Je ne puis pas vraiment dire qu'Hérodote sait trier l'information, mais, au moins, il s'en va vérifier ses sources et cherche les témoignages.

    En tout cas, l'introduction met l'eau à la bouche. Je connaissais les Histoires d'Hérodote de réputation, j'en ai même traduit des extraits du temps où j'étais au lycée, mais je n'avais jamais pris la peine de tout lire, or, l'ensemble paraît plutôt dépaysant autant que distrayant, si j'en crois l'auteur de l'introduction.

    Ah, oui, comme en grec ancien, cela représente un certain nombre de volumes, avec le texte, la traduction et les notes, l'introduction en est un à elle seule également, du coup. Moi, évidemment, je vais me pencher sur une traduction française, cela va de soi...pas fou non plus !

     

  • Pauvre Thalès, si tu avais goûté notre eau...

    Thalès est connu pour son fameux théorème, et, à la limite, pour ses thèses en astronomie, mais, en règle générale, on ignore tout ou presque de sa philosophie. Or, comme les grands philosophes pré-socratiques, il a cherché la cause de toute chose, et a finalement établi que ce devait être l'eau. En effet, ses observations scientifiques l'amenèrent à constater qu'il n'existait aucune vie sans eau : ce devait donc être l'eau le principe immanent de toute existence, la substance divine qui animait les êtres.

    ἐκ τοῦ ὕδατός φησι συνεστάναι πάντα.
    L'eau est la cause matérielle de toutes choses.

    Pas de chance, depuis le temps, les choses ont bien changé : notre eau, à coup de pesticides et de médocs de toute sorte (quand on dit que les Français en consomment trop), est devenue un authentique poison. Il paraît même que les concentrations d'aluminium qui s'y produisent favoriseraient la maladie d'Alzheimer. Cela va même faire l'objet d'un documentaire, ce soir, sur France 3 à 20h35.

    Quand je pense à toutes les campagnes de promotions de l'eau du robinet auxquelles on a eu droit pour pouvoir nous dire "buvez, bonnes gens, et dormez sur vos deux oreilles, la bonne eau du robinet est propice à votre santé", je me dis qu'on a là l'exemple même d'un authentique foutage de g...A vrai dire, je me méfie depuis fort longtemps et ne bois plus ou presque que de l'eau minérale.

    Silence radio, du côté de l'AFSSA, on refuse surtout de répondre aux questions, particulièrement quand elles proviennent des journalistes. Nos centres de traitement des eaux ne seraient plus aux normes en vigueur depuis un moment.

    Bref, il en ferait une tête, le Thalès, s'il pouvait avoir connaissance des analyses des échantillons aqueux qui entrent dans les laboratoires...

  • Moi j'aime bien Gloria Allred

    J'ai lu quelques articles de presse sur la nouvelle affaire  Polanski. Je suis frappé de la manière dont l'avocate de Charlotte Lewis, Gloria Allred, est présentée. On la représente en spécialiste de l'action judiciaire et de la procédure, experte en dommages et intérêts contre les célébrités. En réalité, Gloria Allred est une spécialiste du droit de la famille et des femmes. Partout où elle intervient, c'est là où des femmes qui semblent victimes, et elle ne défend pas que des people ou des victimes de people. Quand j'entends les Kouchner et Lang exprimer leur peine devant les "souffrances" de Polanski, les BHL traiter d'emblée Charlotte Lewis de menteuse, ou de simples commentateurs sur la Toile y voir une opportuniste vénale, j'ai juste envie de gerber.

    Est-ce qu'ils savent, tous ces bien-pensants, ce que c'est que la souffrance d'une femme rongée par la culpabilité après avoir subi un viol. Tiens, cela me rappelle un témoignage d'une amie beaucoup plus jeune que moi : elle m'a rapporté qu'à 15 ans, elle avait été agressée par le garçon avec lequel elle sortait. Pendant des années, elle s'était interrogée en s'imaginant que c'était sa faute si elle avait été agressée. J'invite à la lecture de l'excellent billet de Sandrine sur le blog A dire d'elles , tant elle me semble avoir fait de très pertinentes réflexions sur cette affaire.

    Non, ils sont bien plus soucieux des psychothérapies pour people, nos artistes et politiques engagés, ou encore des vices de procédure qui permettraient d'échapper à un juste châtiment.

    Je suis d'accord pour estimer que Polanski est un grand artiste. Et alors ? Céline écrivait très bien, il n'en aurait pas moins mérité la corde, à mes yeux. Brasillach était un helléniste et traducteur hors pair, riche écho de la poétesse Sapphô, mais c'est à bon droit qu'il a été fusillé à l'issue de la Seconde Guerre Mondiale. L'art ne doit pas constituer un échappatoire à la responsabilité pénale.

    L'impression ignoble que donne tout ce beau monde grouillant, c'est celle d'uns société fermée sur elle-même de gens qui se connaissent, se couvrent et se protègent.

    Ce que fait quelqu'un comme Gloria Allred, aux USA, c'est de taper un grand coup dans la fourmilière, notamment contre tous ces hommes du show-bizz et du sport, qui se croient autorisés à humilier et traiter mal les femmes qu'ils croisent. C'est d'une mahonnêteté insigne de la présenter comme la candidate des scandales.

  • Culture et Soft-power, la démission de Terra Nova

    C''est l'oeil effaré et le faciès épouvanté que je sors d'une visite du site de Terra Nova : je viens d'y lire une analyse de Frédéric Martel sur la fin du soft-power européen, qui, si elle ne laisse pas d'être brillante conclut et suggère très exactement aux antipodes de l'idée que je me fais de la culture. J'y retrouve très exactement ce qui se dit, au sein de la gauche progressiste, sur la culture depuis près de trois décennies : une dénonciation de la culture élitiste française. A vrai dire, jusqu'à peu, il s'agissait de dénoncer un vecteur de reproduction sociale au nom d'un bourdieusisme bien compris, mais, cette fois, la critique s'est faite plus subtile, elle a changé son fusil d'épaule.

    Frédéric Martel constate (à raison) les pertes d'influence française et européenne dans l'industrie culturelle (bouh, quel vilain oxymore !) ; il en attribue la cause d'une part à l'émergence d'une concurrence de plus en plus rude, d'autre part au vieillissement de nos populations qui freine la créativité (en somme, les vieux débris sont forcément peu créatifs, version re-masterisée du jeunisme progressiste) et enfin (et surtout, car c'est là où se porte le coup de grâce), l'absence d'adaptabilité de la vieille culture européenne aux temps de la mondialisation et du tout numérique.

    Allons bon : aux poubelles de l'histoire l'humanisme occidental ! Non, aujourd'hui, pour regagner en soft-power, il faut être world-fashion, c'est à dire multi-culturel, d'ailleurs, à en croire Frédéric Martel, c'est ce qui porte le modèle américain qui écrase tous les autres.

    Nous autres Européens, nous préoccuperions trop de l'offre culturelle et pas assez de la demande. Panem et Circenses, oui, voilà la solution à notre perte d'influence dans le monde. Du pain et des jeux non sous l'égide de petits producteurs indépendants, mais plutôt sous celle de grosses maisons, industries de masse capables de rivaliser avec les Hollywood, Bollywood et autres acteurs du marché de la culture mondialisée.

    Si j'agrée l'organisation pensée par Frédéric Martel, c'est à dire une agence culturelle digne de nom et des bureaux dans les plus grandes capitales à la tête desquels on ne retrouverait pas des nominations qui seraient le fruits de compromis politiques et d'une courtisanerie effrénée, je diverge fondamentalement du modèle idéologique auquel il se réfère.

    La question n'est pas de distinguer artificiellement une culture d'élite et une culture de masse, mais plutôt de déterminer les conditions dans lesquelles une démocratisation de la culture est possible.

    Interrogeons le fond : qu'est-ce qu'une culture élitiste ? Est-ce que c'est élitiste d'assister à une représentation d'une pièce de Sophocle ? On pourrait le penser, et pourtant, c'était l'une des occupations les plus populaires des Athéniens du temps de Périclès ? Est-ce élitiste de contempler gravement les frises de la Cathédrale de Chartres en interrogeant leur signification ? Là encore, on pourrait le penser, et pourtant, c'était la TF1 cathodico-catholique de tout un peuple qui ne savait ni lire ni écrire, au Moyen-âge pour accéder au sacré et au spirituel.

    In fine, il ne s'agit pas d'exclure notre culture européenne, mais de trouver plutôt les moyens de la revisiter : c'est ce que firent les Romains avec les Grecs, et l'on peut dire qu'ils en prolongèrent diablement et durablement le soft-power.

     

  • 'tain, mais ils ne savent vraiment plus ce que c'est que la rigueur !

    Il y a des jours où mes concitoyens m'inquiètent sérieusement. D'après un sondage tout récent, ils croient aux deux tiers que l'actuel gouvernement mène une politique de rigueur. Oulah...Ils n'ont pas l'air de comprendre ce qu'est vraiment une politique de rigueur ! On perd de plus en plus le sens des réalités dans ce pays, et cela m'inquiète fort. On est  à 1000 lieues d'une politique de rigueur, actuellement en France. En Grèce, oui, on mène une politique de rigueur. Une politique de rigueur, c'est augmenter les impôts réduire les dépenses publiques et baisser (même pas bloquer, baisser !) les salaires des fonctionnaires. On est (heureusement !) très loin du compte. La France, si elle se montre économe et sérieuse, peut même espérer échapper à cette politique-là à condition de réduire son train de vie et d'effectuer certaines réformes.

    Citoyen Français, ouvre les yeux, nom de Zeus : tu ne sais pas ce que c'est qu'une politique de rigueur. Si vraiment tu veux t'informer, demande aux Argentins, aux Grecs, ou à d'autres pays auxquels le FMI a administré une cure d'austérité, et tu vas comprendre.

    Ça m'inquiète cet aveuglement crasse. Les peuples qui ne veulent pas ouvrir les yeux finissent toujours par le payer cash.

  • Vont-ils continuer à soutenir Polanski ?

    Polanski, bientôt, ça va être comme la pédophilie dans l'église catholique : le couvercle va se soulever, la chape de plomb descellée et les placards ouverts, on va compter les cadavres. Voilà qu'une actrice britannique accuse le cinéaste de l'avoir abusée sexuellement à 16 ans. J'attends avec impatience les réactions du show-bizz et du star-system, toujours pressé d'excuser tous les forfaits des siens.

    Est-ce que Sarkozy va porter en personne une lettre à Obama, désormais, pour plaider le cas Polanski ?

    J'ai vu le Macbeth de Polanski il y a plus de 15 ans, et la réalisation de ce film m'avait laissé un goût plus que déplaisant. Devenu roi, Macbeth, dans la pièce de Shakespeare, est soupçonné tour à tour par ses principaux amis. Il réussit à avoir Banquo, mais rate Macduff ; il envoie en fait des assassins au château de ce dernier. Faute de trouver Macduff en fuite, ils liquident le fils, encore bien petit, et l'épouse de ce dernier. Dans la pièce de Shakespeare, la mort de Lady Macduff et de son enfant est très rapide. Un assassin entre, il appelle traître le père de l'enfant, celui-ci réplique, et, en contre-partie, se prend un coup de poignard. Lady Macduff, probablement, dans la scène qui précède, ment à son fils en lui faisant croire que son père est mort et est un traître, mais l'enfant n'est pas dupe, et à l'expression du visage de sa mère, voit bien qu'il n'en est rien.

    L'assassin n'est pas davantage dupe : il demande d'emblée à Lady Macduff où se trouve son époux, et devant sa réponse hardie, comprenant qu'elle ne lâchera aucune information, décide de la tuer.

    De des assassins, Polanski a décidé, dans son film, interdit au moins de 15 ans en Angleterre, d'en faire des soudards violeurs. Outre qu'on entend les gémissements des servantes violées, on voit bien que l'un des assassins escompte bien abuser l'épouse de Macduff avant de la tuer. Cela m'avait mis mal à l'aise, à l'époque, et je m'étais demandé pourquoi Polanski avait tenu à ajouter des détails sordides qui ne figuraient en aucun cas dans la pièce.

    J'avais trouvé qu'il y avait chez lui un goût douteux pour la violence, et en la circonstance, la violence sexuelle. Film sorti en 1971 et...produit par les capitaux de Playboy (le magazine) au fait...

    Ah, il faut les entendre, les intellectuels, les artistes, les réalisateurs, de tout poil et de tout bord, dans cet univers corrompu jusqu'à la moëlle par la drogue, le sexe et l'argent facile, plaider pour ce "grand" cinéaste qu'ils jugent à mauvais droit incarcéré.

    Oh, Charlotte Lewis n'a pas utilisé le mot "viol" pour qualifier les faits. Mais quand on connaît les moeurs du show-business, on ne s'étonne plus de rien. L'alcool, les pressions, le chantage à la gloire, les égos sont des moteurs puissants qui n'ont pas besoin de beaucoup de carburant pour perdre ceux et celles qui ne savent pas s'en garder. Si Charlotte Lewis dit vrai, j'imagine qu'à 15-16 ans, on ne peut rien refuser au réalisateur qui vient de vous faire connaître et fait de vous une idole.

    Il paraît que Frédéric Mitterrand est inquiet pour l'état de santé de Polanski. Et la pétition de Bernard Henri-Levy, elle en est où, au fait ? Qu'est-ce que je peux détester toute cette peopolitude dégénérée et prompte à dégainer la pétition,  qui méprise royalement le citoyen ordinaire et se croit autorisée à passer par-dessus les lois !

    J'ai eu connaissance d'autres faits de ce type à propos de certains people, y compris parmi les plus célèbres. Malheureusement, faute d'éléments en dur tangibles, je suis obligé de fermer ma g.... Mais il faut bien comprendre que dans ce monde-là qui brasse le fric, l'image et les égos, Polanski n'est pas le seul de ce bois-là...

  • L'euro baisse : tant mieux, non ?

    Je constate que l'euro baisse par rapport au dollar depuis quelque temps. Les analystes semblent s'en inquiéter tant cette baisse traduit une réelle défiance envers la zone euro. Sans sous-estimer la signification du phénomène, je n'en tends pas moins à penser que nous y gagnons aussi un bien pour un mal. Si l'euro baisse, cela veut aussi dire que nos exportations deviennent plus compétitives, et que donc, nous avons un espoir d'améliorer notre solde commercial avec tous les pays qui utilisent le dollar comme monnaie de paiement. Pour ce que j'ai pu voir, les taux d'emprunt de la dette grecque n'ont pas monté dans le même temps sur les marchés obligataires. Je subodore donc que les deux phénomènes (fluctuation de l'euro et dette grecque) ne sont plus immédiatement corrélés.

    Je pense que je ne suis pas le seul à me faire ce raisonnement : le journal algérien El Watan du 09 mai fait exactement le même calcul que moi. Mourad Preure, expert international, juge que les termes de l'échange vont pouvoir se redresser pour l'Algérie puisqu'elle exporte en dollars et importe en euros.

    Évidemment, nos importations libellés en dollars vont également grimper, mais cela va concerner surtout les matières premières, et, il me semble bien que depuis quelques années, de gros exportateurs demandent à être payés en euros justement pour lutter contre les fluctuations du dollar. C'est notamment le cas de l'Iran, si j'ai bon souvenir, et c'est ce que l'Irak avait commencé à faire avant la guerre de 2003. Les pays de l'OPEP y pensent tout de même fortement depuis un moment, même si l'heure actuelle penche pour la préservation au moins temporaire du dollar, dans la mesure où il existe un effet de yoyo entre dollar et pétrole.

     

  • Retraites et comptes notionnels, le Nouveau Centre très proche du MoDem

    Je viens de faire un petit tour sur le site du Nouveau Centre : si la réflexion sur les régimes de retraites y est nettement moins avancée qu'au MoDem, les prémisses en sont quasiment les mêmes. C'est bien ce qu'il me semblait. Les néocentristes demeurent fondamentalement attachés à la répartition, suggèrent la mise en place d'un compte notionnel comme en Suède, et réclament la même transparence que le MoDem sur la situation de chaque cotisant.

    Je suis pafois surpris qu'un parti disposant d'autant d'élus et de groupes dans plusieurs assemblées ait si peu développé sa production théorique et programmatique. Néanmoins, le fait est que sur les retraites, les centristes des deux bords pourraient oublier un peu leurs différends et faire cause commune, comme j'y invitais dans mon précédent billet.

    Il faudra, tant côté Nouveau Centre que MoDem, être très clairs sur ce que sont les comptes notionnels. Attention ! Pour le MoDem, cela représente une évolution significative par rapport à son programme et aux propositions de Bayrou pendant les élections présidentielles ! En effet, la retraite par points, proposée jusqu'ici, faisait du nombre de points le seul critère de la pension finalement accordée à la retraite.

    Le compte notionnel ne fonctionne pas de la même manière : il existe bien un système de points, mais il est individualisé ! Deux individus avec le même nombre de points n'obtiendront pas la même retraite s'ils ne sont pas nés à la même date ! En effet, le compte notionnel calcule la pension sur la base de l'espérance de vie pour chaque génération. C'est donc par rapport à sa propre espérance de vie qu'il faut établir son calcul.

    Pour être lapidaire, dans un tel système, on continuera de pouvoir partir à la retraite à partir d'un certain âge, mais, plus on retardera son départ à la retraite, plus forte sera la retraite que l'on touchera, puisque la valeur de la pension sera répartie sur la différence entre l'âge de départ à la retraite et l'espérance de vie théorique.

    Je vois assez facilement la transition se faire avec les retraites du privé, mais beaucoup plus difficilement avec celles du public, pour lequel, à l'heure actuelle, ce sont les six derniers mois qui servent de référence pour la pension.

    A mon avis, la seule manière d'aligner les comptes notionnels publics sur les comptes notionnels privés à terme, c'est de répartir la valeur des actuelles retraites du public sur la valeur des points notionnels, quitte à ce qu'ils soient pour l'instant supérieurs à ceux du privé, puis, ne plus les revaloriser le temps qu'il faudra pour que les valeurs des deux régimes s'alignent l'une sur l'autre.

    Je pense que les commissions et les élus du MoDem, à commencer par Bayrou, ont anticipé les problèmes de cette sorte, puisqu'ils prévoient une longue période de transition et d'adaptation pour qu'une réforme soit opérationnelle et passe dans l'opinion.

    La question finale, au total, et que tout le monde se pose, c'est la suivante : est-ce que j'y perdrai à temps de travail égal. En l'état actuel de notre démographie et de notre croissance économique, la réponse est oui, sauf à ce que ma catégorie professionnelle me destine à une faible espérance de vie après la retraite. Il faut avoir le courage de le dire. Mais les choses peuvent aussi changer dans l'avenir : qui peut prévoit ce qu'il peut se produire à trente ans ?

  • Retraites, le MoDem prend position.

    Je ne puis que saluer la responsabilité avec laquelle le MoDem a abordé la question des retraites dans un environnement difficile (finances publiques dégradées, opinion publique hostile à toute forme d'allongement de la durée de travail). Pour les militants qui suivent les travaux du MoDem sur la question, la position actuelle n'est pas surprenante et est l'aboutissement logique des consultations que le MoDem a tenues avec les partenaires sociaux.

    Trois points ont retenu mon attention dans les propositions du MoDem :

    - la volonté d'élargir les assiettes de cotisation, tout en, étant conscient que cela ne suffira pas. Le MoDem a parlé des revenus financiers : il devrait maintenant affiner son propos en désignant précisément à quels revenus financiers il pense et à quel taux il veut les imposer.

    - la préoccupation de conserver à tout prix un ratio actifs/non-actifs acceptable afin d'éviter une guerre générationnelle. En soi, le MoDem n'est pas spécifiquement favorable à l'allongement de la durée du temps de travail,  mais il est prêt à l'admettre pour qu'un ratio convenable soit préservé.

    - la mise en avant d'un système par points, et très précisément, des fameux comptes notionnels, qui sont en vigueur en Suède. C'est un système encore plus flexible que la retraite par points, qu'avait jusque là évoqué François Bayrou, puisque la pension finale est calculée en fonction de l'âge et de l'espérance de vie, selon un coefficient de conversion. Ceci signifie que l'on envisage frontalement le temps restant à vivre à partir de la retraite...

    Le MoDem, sur le fond, juge que l'on ne peut éviter de faire travailler tout le monde plus longtemps. Mais le travail est devenu aujourd'hui si usant qu'il est très difficile voire impossible de l'envisager sérieusement sans concevoir une toute autre organisation du travail. L'emploi demeure donc la pierre angulaire de toute action économique sur les retraites avec au moins deux axes principaux :

    - réindustrialiser la France, sauvegarder les populations des campagnes, avec comme optique, cette fois, le développement durable.

    - assurer une fin de parcours professionnel adoucie avec beaucoup de flexibilité pour les Seniors.

    Dans tous les cas de figure, le MoDem exige la plus grande transparence, c'est à dire une information réactualisée régulièrement pour les cotisants sur le montant de leurs cotisations et le nombre de points dont ils disposeront. Il ne s'agit surtout pas que les salariés fassent des découvertes ubuesques à un an de la retraite (trimestres finalement non comptés) ou peinent à faire finalement valoir leurs droits sur certaines périodes (service national civil, bénévolat associatif).

    Les positions du MoDem ne sont toutefois pas figées, et le parti a engagé une consultation de ses propres adhérents.

    La position du MoDem a le mérite d'être pertinente, cohérente et courageuse (on est loin de la démagogie de certains leaders de gauche !). J'aurais pour ma part grande satisfaction à voir ces observations devenir une proposition de loi. Malheureusement, faute de groupe, il n'est pas dans le pouvoir du MoDem d'y aboutir. Sur un sujet aussi grave, les centristes pourraient oublier leurs divisions et faire cause commune, puisque le Nouveau Centre dispose lui, d'un groupe parlementaire, et doit probablement avoir des positions très proches de celle du MoDem sur ce sujet.

    Le gouvernement dévoilera lundi 17 mai, un document de travail qui liste les propositions des partis, syndicats et organisations consultés.

    Je signale enfin deux dossiers synthétiques et très clairs sur le sujet du magazine Notre temps :

    - des revenus supplémentaires pour financer les retraites ?

    - travailler plus longtemps, cette solution va-t-elle suffire ?