J'ai retrouvé dans ma bibliothèque une vieille édition des Belles Lettres qui introduit les Histoires d'Hérodote. Tout l'ouvrage est consacré à l'historien grec, sa personnalité, en particulier. Il semble bien que l'ami Hérodote se soit en partie inspiré de quelques écrivains plus anciens, et tout particulièrement Hécatée de Milet. Or, l'auteur de l'introduction, Ph-E Legrand, observe que juger les Anciens avec le sentiment de notre époque sur la chose serait une erreur. Si j'ai bien compris, dans l'Antiquité, on cite quand on est en désaccord, sinon, on reprend sans vergogne les idées voire les textes de prédécesseurs. Aristote qui traite Hérodote de μυθολόγος (expert en bobards, en somme, si je rends la pensée sous-jacente d'Aristote...) lui repique sans sourciller une description du crocodile. Sauf que le croco en question, il figure déjà dans la Périégèse d'Hécatée, individu qu'Hérodote ne cite que lorsqu'il le critique ou le combat...
Je les imagine bien, les Aristote, les Hérodote et les Hécatée, vivant nos temps de procédures diverses et variées, face au copyright, à la licence globale ou au libre, sans parler d'Hadopi...
Enfin, contrairement à certains de nos journalistes, Hérodote, quand il reprend une information, s'en va tout de même la vérifier. Par exemple, il reprend une expression d'Hécatée à propos de la crue du Nil, mais s'empresse de préciser qu'il s'est rendu sur place. Je ne puis pas vraiment dire qu'Hérodote sait trier l'information, mais, au moins, il s'en va vérifier ses sources et cherche les témoignages.
En tout cas, l'introduction met l'eau à la bouche. Je connaissais les Histoires d'Hérodote de réputation, j'en ai même traduit des extraits du temps où j'étais au lycée, mais je n'avais jamais pris la peine de tout lire, or, l'ensemble paraît plutôt dépaysant autant que distrayant, si j'en crois l'auteur de l'introduction.
Ah, oui, comme en grec ancien, cela représente un certain nombre de volumes, avec le texte, la traduction et les notes, l'introduction en est un à elle seule également, du coup. Moi, évidemment, je vais me pencher sur une traduction française, cela va de soi...pas fou non plus !