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L'Hérétique (Démocratie et hérésie économique) - Page 146

  • Mais il a quoi de spécial, Saint-Sylvestre ?

    st_sylvestre.jpgTiens, ça faisait un moment que je me demandais ce qu'il avait bien pu faire de particulier, le Sylvestre, pour que a) il soit sanctifié b) sa nuit arrive pile à la fin de l'année.

    J'ai trouvé quelques éléments de réponse ici. En somme, il a planqué une Chrétien prosélyte au possible, un certain Timothée, puis, après la capture puis la décapitation de l'individu, l'a enterré près du tombeau de Saint-Paul. Voilà qui lui a valu l'estime du pape de l'époque, un certain Miltiade, puisqu'il est devenu pape à sa mort. Or, sa nomination intervient précisément au temps de l'Empereur Constantin, c'est à dire l'époque où le christianisme devient la religion officielle de l'Empire romain.

    Paf, j'ai trouvé un texte latin qui relate sa légende : la Légende Dorée (Legenda aurea). J'ai pas traduit. Trop long, et la flemme... Mais j'ai trouvé des traductions :-D Pas de pot, elles ne sont pas en ligne :-((((

    Je me suis résolu à jeter un oeil au texte latin, mais, cette fois, hé hé, comme un gros fainéant, j'ai commencé par la fin :-)

    Post aliquos vero dies idolorum pontifices ad imperatorem venerunt dicentes: "Sacratissime imperator, ille draco, qui est in fovea, postquam fidem Christi recepisti, plus quam trecentos homines quotidie interficit flatu suo." Consulente super hoc Constantino Silvestrum respondit: "Ego per Christi virtutem eum ab omni cessare laesione faciam." Promittunt pontifices se, si hoc faciat, credituros. Orante autem Silvestro Sanctus Spiritus ei apparuit dicens: "Securus ad draconem descende tu et duo presbyteri, qui sunt tecum, cumque ad eum veneris, eum taliter alloquaris: 'Dominus noster Iesus Christus de virgine natus, crucifixus et sepultus, qui resurrexit et sedet ad dextram patris, hic venturus est iudicare vivos et mortuos. Tu ergo Satana, eum in hac fovea, dum venerit, exspecta.' Os autem eius ligabis filo et anulo crucis habente signum desuper sigillabis. Postea ad me sani et incolumes venietis et panem, quem vobis paravero, comedetis." Descendit itaque Silvester cum duobus presbyteris in foveam per gradus CL duas secum ferens laternas. Tunc draconi praedicta verba dixit et os ipsius stridentis et sibilantis, ut iussus fuerat, alligavit et ascendens invenit duos magos, qui eos secuti fuerant, ut viderent, si usque ad draconem descenderent, ex draconis foetore paene mortuos. Etiam eos secum adduxit incolumes atque sanos, qui statim cum multitudine infinita conversi sunt sicque Romanorum populus a duplici morte liberatus, scilicet a cultura daemonis et veneno draconis. Tandem beatus Silvester morti appropinquans clerum de tribus admonuit, scilicet ut inter se caritatem haberent, ecclesias suas diligentius gubernarent et gregem a luporum morsibus custodirent. Post haec in Domino feliciter obdormivit circa annum Domini CCCXX.;

    Bon, je résume : des enfoirés de prêtres idolâtres viennent voir Constantin, et lui disent : voilà, fallait pas se convertir au christianisme, du coup, y'a un dragon qui te morfle trois cent bonshommes par jour rien qu'avec son souffle. Ben tiens mes gars, leur répond Constantin après avoir consulté Sylvestre (pas Rambo, hein...) : moi, je crois au pouvoir de Jésus et je vais mettre fin aux c....eries de ce crétin de dragon. Les idolâtres, rigolant d'avance lui promettent de se convertir s'il y parvient. Pas fou, le Constantin, évidemment, il a laissé le sale boulot à Sylvestre (et à deux potes à lui, sur recommandation du Saint-Esprit). Du coup, c'est l'Sylvestre qui se colle à la prière. Et comme il est en odeur de sainteté là-haut, y'a l'Esprit Saint qui lui apparaît et lui dit : va-s-y mon gars, on te protège. T'as juste un petit rite et une petite prière à accomplir, et l'affaire est dans le sac ; vous voulez vraiment que je vous traduise la prière : Dominus noster Iesus Christus de virgine natus, crucifixus et sepultus, qui resurrexit et sedet ad dextram patris, hic venturus est iudicare vivos et mortuos? OK, je m'y colle, mais ça n'a pas d'intérêt pour l'histoire. Notre seigneur Jésus Christ né de la Vierge, crucifié et enterré, qui est ressuscité et siège à la droite du Père s'apprête à venir ici juger les vivants et les morts. Passionnant. Bref, il lui conseille d'attendre Satan (eh oui, apparemment, le dragon est une manifestation de l'ange déchu).

    Le coup de pot : le mec descend dans la fosse où se planque le dragon, et il tombe sur deux mages qui se tournaient les pouces ! (Je me suis demandé si ce n'était pas les deux potes qui l'avaient suivi, en fait...) Mais bon, z'ont rien fait. Il a récité la prière au dragon, et paf, quasi-mort sur le coup, le pauvre. Du coup, quand il ressort de la fosse avec ses deux nouveaux potes, il est accueilli par une foule en délire. Et autant de convertis, évidemment. Je ne vous traduis pas le reste, c'est la transmission de son pouvoir à ses successeurs. Bon, je vous préviens que l'histoire que je viens de vous raconter est un tout petit peu librement adaptée du texte latin, notamment en raison de commentaires personnels qui ne figurent pas vraiment dans la Legenda Aurea.

    Apparemment, il aurait aussi ressuscité un taureau (mais pour quoi faire au fait ?????!!!) et guéri Constantin de la lèpre (ça, c'est plus stylé comme miracle).

    Pour la Saint-Sylvestre, j'ai trouvé que c'était une bonne occasion de raconter une histoire de dragon, et en plus, s'il y a des petits ou des amis au coin du feu, c'est une bonne histoire à leur raconter :-)

    Voili-voilou, bonne année à tous mes lecteurs et tous mes voeux de bonheurs, et pour ce que je vous souhaite, ben, même chose que l'ami Bayrou, quoi... !

  • Deux ans de salaire pour une chambre et une salle de bains !

    Je sais que les artisans aiment bien gémir en expliquant que les charges, décidément, c'est vraiment insupportable, mais quand on voit ce que plombiers, électriciens et maçons vous facturent, je vous assure que je n'ai pas du tout envie de pleurer sur leur sort. Je veux faire une petite rénovation chez moi pour créer une chambre, ce qui suppose de récupérer un bout de couloir et un cabinet de toilettes, et, déplacer un mur. Le reste de l'appartement a été rénové il y a un peu plus de trois ans. Je ne dis pas quelle somme la corporation des "nouveaux pauvres" (si on les écoute) veut me facturer, histoire de ne pas livrer mon salaire d'infâme capitaliste exploiteur du peuple, mais je peux vous dire que cela représente deux années de salaire pour moi ; je fais partie, pour information, de la classe moyenne française. Oui oui, celle qui se fait assommer continuellement par la gauche et par la droite tour à tour.

    Un chantier de cinq semaines pour deux années de salaire ! Eh bien ils peuvent se le foutre au c.. leur chantier de merde. La peinture, je vais la faire moi-même, au rouleau et au pinceau, et, pour le reste, tiens, ben je vais engager un plombier polonais, tiens voilà. Vais faire jouer le concurrence, moi. Les mecs, ils doivent s'en mettre plein la poche, mais à un point qu'on n'imagine même pas. Et ensuite, ils viennent hurler à la misère. D'ailleurs, avec le plombier polonais, au moins, j'aurais peut-être un boulot mieux fait que le vendeur de chaussettes pakistanais qu'ils embauchent au noir et illégalement en le faisant passer pour un plombier afin de finir votre chantier à la sauvette.

  • Parrainage au Bénin, écrire à sa filleule

    J'avais entrepris de parrainer une petite fille en septembre dernier. La difficulté, c'est d'écrire le premier courrier, par la suite. Quoi dire ? J'ai évoqué ma situation familiale, un peu ma profession et beaucoup l'environnement de ma filleule.

    L'association Plan France encadre les échanges : pas de cadeaux qui pourraient provoquer des jalousies dans la communauté de l'enfant. Au maximum des stickers et des autocollants, ou encore des images. En somme, ce qui tient dans une enveloppe. Pas d'échanges directs non plus : tout passe par un intermédiaire ce qui protège les deux parties. Il est toutefois possible de rendre visite à sa filleule. Pour ce qui me concerne, elle se trouve au Bénin.

    C'est du Bénin, ex-Dahomey qu'est originaire le vaudou, à ce que j'ai compris ;  tous les 10 janviers, depuis l'établissement de la démocratie, on lui consacre une fête.

    Le Bénin est un pays où la transition démocratique a été exemplaire : le dernier président marxiste-léniniste a été battu et s'en est allé sans bruit. Mais il est revenu par la grande porte démocratique en battant son ex-rival en 1996. Après 10 années, il sera à son tour battu par un novice en politique, Yayi Boni, avec une participation exceptionnelle : 76% ! Une signe de grande vitalité démocratique.

    Le pays abrite des réfugiés (aux alentours de 10 000) et a été salué pour la qualité de l'accueil qu'il leur réserve.

    Le Bénin considère l'éducation comme sa priorité nationale : près de 20% du budget de l'état lui est consacré et depuis octobre 2006, l'enseignement en maternelle et en primaire y est gratuit.

    La vitalité médiatique du pays est également impressionnante : 70 radios, 4 chaîne télévisées, de très nombreux quotidiens.

    Somme toute, il y a là un environnement qui me paraît favorable pour des projets de développement.

    Bref, parrainer un enfant, c'est chez Plan France, avec les déductions d'impôts, cela revient à dix euros par mois, et on peut choisir de parrainer une fille ou un garçon ainsi que sa zone géographique.

    Plan France est considérée comme la seconde organisation mondiale la plus transparente par One World Trust, un organisme indépendant.

    J'ai cru comprendre que c'était une émanation du Parlement Britannique, à l'origine, mais je ne suis pas sûr d'avoir bien compris le texte anglais.

  • Wikileaks, les dons de Bongo et l'article indéfini...

    La nouvelle marotte de la presse, c'est de reprendre en choeur les informations du journal El Païs : Omar Bongo aurait financé des responsables politiques et même des partis aussi bien à droite qu'à gauche.

    Wah, la découverte. C'était de notoriété quasi-publique dans les années 90. 

    Maintenant, je voudrais m'attacher à la sémantique et à la grammaire. Par exemple, ces andouilles de journalistes d'Europe 1 titrent "Bongo aurait alimenté LES partis français".

    - les : article défini. Utiliser un article défini pour déterminer un nom commun laisse entendre que l'on sait de quoi l'on parle. Les partis français, ce sont donc tous les partis français, si j'en crois le titre d'Europe 1.

    Plus prudente, l'AFP déclare que les dons de Bongo auraient profité à DES partis français, ce qui n'est pas tout à fait équivalent à l'assertion précédente.

    - des : article indéfini. Son usage suggère qu'une indétermination subsiste quand on l'accole à un nom, ou, tout du moins, que le représentant choisi est quelconque.

    Chez nos amis africains, on s'est montré plus prudent aussi : on parle de financement DE partis politiques français et non du financement DES (= de les) partis politiques français.

    Ah, subtilités de la langue française...

    Bref, moi, partant de l'hypothèse "des" plutôt que "les", ou encore "de" plutôt que "des", je désire juste avoir un information complète, à supposer que les hypothèses exprimées par les conditionnels dans tous les communiqués deviennent des faits établis : quels partis politiques ?

  • Grippe, ah, je viens de sniffer mon rail de h1n1...

    Et hop, toc, je suis vacciné contre la grippe et bien entendu, la souche H1N1. Il paraît qu'il y a des morts en Angleterre. Bon, je voulais vous donner des nouvelles depuis l'an dernier. Ah, tiens, je me servirais bien une seconde dose de squalène, moi. 

    Bon, déjà, je voulais vous rassurer, je n'ai pas muté, en dehors de ma troisième main et de mon deuxième cerveau, qui expliquent la cadence à laquelle je ponds des billets ici.

    Pendant ce temps, la saisonnière se propage, et avec toutes les théories complotistes, les Français ont pris un mauvais pli. Ils ne se font pas vacciner, alors que le seuil épidémique vient d'être franchi dans plusieurs régions de France.

    Par rapport à l'an dernier, cela commence à monter au moment même où cela redescendait. Mais si l'on compare à 2008-2009, la progression est à peu près similaire, tout cela d'après google, toutefois.

    Le vaccin de cette année est multi-souche et devient efficient au bout de 10 jours à deux semaines environ.

  • Moi, j'aime bien la LOPPSI 2 et d'ailleurs, je vote pour...

    Aïe, non, pas taper tous en même temps, à cent contre un, ce n'est pas loyal. Ce préambule étant passé, je ne vois pas ce qu'on lui reproche, moi, à la LOPPSI II. Tenez, je me suis même renseigné sur le site d'un opposant ad hoc : http://www.loppsi.fr/ .

    On en fait tout un plat, mais où est le problème ? La loi prévoit simplement d'impliquer les FAI en leur imposant de bloquer l'accès à des sites illicites (la loi parle de la pédophilie) quand ils ne sont pas hébergés en France. Cela me paraît une bonne chose, et j'avoue que j'ai quelque mal à suivre le choeur des pleureuses hurlant à la mort et à la privation de liberté.

    La loi prévoit aussi un délit d'usurpation d'identité : ben très bien, j'applaudis des quatre mains. 

    Ah, ce qui est comique, c'est l'argumentation de notre opposant : le net a appris à s'auto-réguler depuis 15 ans. C'est une blague ou quoi ? S'il y a bien terre sauvage genre Far West, c'est bien la Toile. Cela a des côtés sympas, parce que tout le monde peut s'y installer et y émerger (enfin, jusqu'à un certain point), mais à côté de cela, les comptes s'y règlent au colt électronique et tout le monde se fout bien du shérif.

    Il est grand temps d'y instaurer de la loi et de l'ordre, bordel ! 

    Bon, il y a tout de même quelques saloperies dans la LOPPSI, comme le fait pour l'État de pouvoir communiquer sans en aviser un propriétaire les données personnelles issues des cartes grises.

    Comme d'hab, l'internettosphère, complètement auto-centrée n'a pas pipé mot (elle n'a sans doute pas vu la chose), et, à ma grande surprise, les blogueurs libéraux sont demeurés complètement cois ! Là, en revanche, il y aurait un combat à mener, car le procédé est inadmissible.

    Tiens, j'aimerais savoir ce qu'ont finalement fait les députés, sur ce coup-là, parce qu'en séance, à moins que les compte-rendus ne soient pas complets, je n'ai absolument rien trouvé sur ce sale coup.

    L'autre chose qui m'embête, c'est l'extension des pouvoirs de sécurité données à des sociétés privées, ou même à la police municipale : ça, je n'aime pas trop non plus.

    Bref, il y a quelques points qui peuvent faire tiquer, dans cette loi, mais certainement pas ce qui concerne internet.

  • Logement social, le mauvais procès fait à Paris

    J'ai toujours jugé la formalisation de la loi SRU sur le logement social fort mal adaptée à son objectif. Il est parfaitement débile de demander à une ville de 5000 habitants et à une ville de deux millions d'habitants le même nombre de logements sociaux. C'est non moins idiot quand le prix au m2 est plus de dix fois supérieure dans la seconde à celui de la première.

    Paris frise les 20% de logements sociaux (en tenant compte de ceux qui sont en commande). La façon dont Delanoë tente d'imposer son logement social dans l'ouest parisien m'agace, de même que les critères d'éligibilité, mais on ne peut pas lui reprocher de ne pas chercher à se démener pour tenter de le promouvoir.

    19% de logements sociaux, cela signifie que plusieurs centaines de milliers d'habitants en bénéficient à Paris. Dans une ville où les prix ont explosé entre 2001 et 2010, cela me paraît plutôt une réussite que d'être parvenu à accroître la proportion de logements sociaux.

    L'assertion de Myriam Chauvot dans les Échos est stupide, quand elle affirme que Paris paie la plus forte amende de France en raison de son retard par rapport à la loi SRU : elle est aussi l'une des trois villes les plus peuplées de France. Si amende il y a, puisque la mairie de Paris a démenti, elle est de toutes façons fonction du nombre d'habitants et non de la proportion. En proportion, Paris est très loin de mal figurer en France, surtout si l'on considère sa valeur foncière.

  • Catastrophe au Secours Populaire !

    L’APPEL DU SECOURS POPULAIRE

    Voici le texte de l’appel aux dons du Secours populaire du Nord, publiés sur son site internet :

    La nuit du 27 décembre, la centrale de collectage départementale de la Fédération du Nord du Secours Populaire Français à été incendiée. Six mois de denrées alimentaires destinées aux 15000 familles les plus pauvres de notre département se sont envolées en fumée. Nous faisons donc appel à la solidarité de tous afin de pouvoir répondre aux attentes de nos bénéficiaires...
    Merci d'envoyer vos dons financiers à :

    SECOURS POPULAIRE FRANCAIS

    18-20 RUE CABANIS - BP 17

    59007 LILLE cedex

    TEL : 03 20 34 41 41

    MAIL : secourspopulairenord@wanadoo.fr

    CCP 2 555 57 Z LILLE

     

  • Aciérie en danger, que peut faire Jean Lassalle ?

    Le député MoDem Jean Lassalle, qu'on sait très sensible au sort de l'industrie dans sa région, escompte faire des pieds et des mains pour sauver une aciérie pyrénéenne. Filiale du groupe Théis France, l'entreprise Laprade, spécialisée dans le laminage à froid de l'acier, a déposé son bilan en décembre 2008. Depuis, les salariés multiplient les efforts pour tenter de sauver leur usine. Au nombre de 13, ils ont engagé chacun 10 000 euros sur le montant de leurs indemnités de licenciement et se sont échinés à trouver des partenaires avec l'aide de leur député, du département et du Conseil Régional. Les choses semblaient avancées, un partenaire solide, le groupe Acier Coste, avait apporté des garanties en avril dernier, mais le liquidataire en a jugé autrement et a repoussé le plan de sauvetage.

    En 2008, l'activité de laminage de l'entreprise est passée de 700 tonnes d'acier mensuelles à 400 tonnes seulement. Ce qui me semble dommage, c'est que dans le même temps, un groupe italien investit des sommes conséquentes pour implanter un laminoir dans les Landes. D'Arudy à Tarnos, la distance ne me semble pas si grande. Je ne suis pas un expert en métallurgie, mais peut-être un rapprochement peut-il être envisagé ? 

    La situation des salariés de Laprade va devenir bientôt critique : à l'issue du premier trimestre 2011, ils cesseront de toucher l'assurance-chômage, et comme ils ont tout investi dans leur entreprise, ils n'auront alors plus rien.

    Le Groupe Theis dont Laprade était une filiale, déclare encore cette entreprise comme une filiale sur son site. Sauf que le lien est brisé...Comme celui de Gorcy la Roche l'est aussi, faut-il en déduire que Théis réduit sa présent en France ?

    A vrai dire, il n'est pas certain que le groupe Théis joue franc-jeu dans cette histoire : il y avait en 2009 encore des commandes en provenance d'Espagne, or, le groupe a refusé de financer l'achat d'acier nécessaire à la confection des pièces laminées. Essaie-t-il de pratiquer une politique de la terre brûlée ? Cédée à un concurrent, en effet, l'entreprise pourrait redevenir un fleuron susceptible de menacer les positions commerciales du groupe.

    La difficulté, c'est que Théis envoyait des pièces d'Allemagne pour les faire revenir ensuite sur place. Dans le même temps, EADS, autrefois client de Laprade et de Theis a réduit ses coûts et, je le subodore, est allé commander de l'acier laminé à froid ailleurs. 

    Je ne doute pas de la bonne volonté de Jean Lassalle, mais que pourra-t-il faire ?

    Je ne sais pas si cela pourrait contribuer à favoriser une reprise, mais à l'heure où l'on s'informe beaucoup sur la Toile, entreprises françaises, j'ai eu toutes les peines du monde à rassembler de l'information sur l'activité exacte du laminoir. Outre qu'elles étaient parcellaires et disséminées sur des pages en cache, dans des discussions de forums et cetera, elles n'étaient bien évidemment pas en anglais.

    Si un dossier technique et commercial pouvait figurer quelque part sur Internet et être facilement identifiable, je tends à penser que cela contribuerait à faciliter les diverses négociations. J'ai passé deux heures à faire des recherches sur le laminoir, et j'ai du mal à identifier clairement son activité. Une entreprise devrait ne pas avoir à y passer plus de dix minutes. Un blogue est créé en une minute, un nom de domaine, pour 10 euros par an, acheté en aussi peu de temps. Jean Lassalle pourrait aussi l'héberger, le cas échéant, et d'ailleurs, plus généralement, je lui suggère de constituer un dossier sur chaque entreprise qu'il veut sauver. C'est peut-être très modeste comme apport, mais il ne faut rien négliger pour favoriser des opportunités.

  • Asia, impure et infidèle...

    L'opinion publique française a pu prendre connaissance du destin tragique et édifiant de la chrétienne pakistanaise Asia Bibi. Je tiens toutefois à signaler un très bon article de Célia Mercier, une envoyée spéciale du journal LiBération au Pakistan.

    Il y avait dans l'histoire d'Asia, un élément qui n'avait pas manqué de m'étonner : les voisins musulmans de la famille d'Asia refusait de manger et de boire dans la même vaisselle qu'elle. Il s'agit là de quelque chose que l'on retrouve en Inde chez les Hindous, mais, à ma connaissance, pas en terre d'Islam, tout du moins, pas dans les préceptes religieux musulmans. 

    Or, Célia Mercier a fait un vrai travail de journaliste, une vraie professionnelle en somme, en enquêtant sur les circonstances exactes des faits : le Pakistan est voisin de l'Inde, et, pour être lapidaire, il faut rappeler que jusqu'à 1947, le Pakistan n'était qu'une région de l'Inde. Enfin...des Indes, plutôt.

    Or, pendant des siècles et des siècles, et ce en dépit de la conquête puis de la domination musulmane sur l'Inde pendant 600 ans, le système des castes a perduré dans toutes les strates de la société indienne, de l'est à l'ouest et du nord au sud. La partition de l'Inde et du Pakistan n'a rien changé à cet état de fait. 

    Face à une répartition aussi rigide des statuts sociaux, seules une religion ou une idéologie universalistes et égalitaires pouvait attirer ceux-là mêmes qui se trouvaient au bas de l'échelle sociale.

    C'est donc tout naturellement que les intouchables soit adhérèrent aux thèses marxistes, au cours du 20ème siècle, soit, plus tôt dans l'histoire de l'Inde, se convertirent au christianisme. 

    Mais la culture commune n'oublia pas que ces nouveaux convertis étaient avant toutes choses des intouchables. L'animosité des musulmans pakistanais à l'égard des chrétiens locaux s'explique donc en grande partie par ce souvenir inscrit dans l'inconscient collectif indien.

    Les autorités religieuses musulmanes sont conscientes, évidemment, de cette déviation par rapport à l'éthique islamique, mais elles laissent faire par impuissance ou par calcul politique. Un mollah interrogé par Célia Mercier explique ainsi : 

    «Les musulmans ici n’aiment pas partager leur vaisselle avec les chrétiens. Ce n’est pas écrit dans le Coran, c’est mal de se comporter ainsi. Mais, même en tant que mollah, je ne peux pas dire la vérité, car c’est un tabou culturel. Les gens m’accuseraient d’être un infidèle !»

    Aussi puissantes soient-elles, les religions monothéistes ont toujours peiné à éradiquer le substrat culturel qui les avait précédé. Soit elles l'ont récupéré (spécialité du catholicisme) soit elles l'ont laissé subsister dès lors qu'il n'entravait pas fondamentalement l'expansion politique du nouveau pouvoir religieux, choix de l'Islam en plus d'une circonstance.

    Le comble de l'histoire, c'est que le Pakistan dispose d'un ministère des minorités, et qu'au final, c'est ce dernier qui finance actuellement la famille d'Asia. Le pouvoir politique pakistanais marche sur des oeufs. Évidemment, il aimerait bien exfiltrer discrètement Asia et que l'affaire s'arrête là, sans bruit. Mais de part et d'autres on ne l'entend pas ainsi : les extrémistes religieux veulent faire d'Asia un cas d'école pour asseoir leur influence et prouver qu'ils conservent la main sur la justice. Les libéraux et les progressistes (mais combien sont-ils ?) aimeraient bien enfoncer un coin dans la loi sur le blasphème. Si cette loi tombait, elle profiterait à tous ceux qui aspirent à plus de liberté, pas seulement aux Chrétiens. Mais c'est justement la confession d'Asia qui cristallise le conflit : chrétienne, elle est assimilée à l'Occident honni, et la défendre publiquement peut revenir, aux yeux d'une partie de l'opinion, à se faire les suppôts de ce même occident.

    Il n'y a d'issue pour Asia que hors du Pakistan. Ce ne sont pas seulement des fanatiques qui sont prêts à attenter à sa vie, mais ses propres voisins. Je me devais de corriger ma première note : battue, violée et torturée parce Chrétienne ET Impure.

    Ces derniers éléments avalisent en tout cas mon sentiment : à chaque cas de ce type, on trouve toujours une frange tiers-mondiste et lénifiante de l'opinion pour nous assurer de ne pas nous inquiéter et nous expliquer qu'une minorité d'extrémistes ne doit pas prendre en otage toute une religion (l'Islam, en la circonstance). Je suis au regret de devoir leur signifier que ce n'est pas une minorité mais une majorité, au Pakistan, qui partage nombre de vues des extrémistes de tout poil. Pire : l'enquête de Célia Mercier prouve même clairement que les religieux sont dépassés par leur base, contraints, in fine, de taire la vérité.

    Il faut sauver Asia, et, assurément, la France s'honorerait à lui accorder l'asile politique ; le Brésil, par la voix de Lula, n'a d'ailleurs pas entendu pour le lui proposer. Le malheur, c'est que la cause d'Asia est perdue, même si sa famille et elle demeurent sauves.

    Il eût fallu d'abord des voix fortes pour prendre sa défense, mais des voix fortes à l'intérieur même du Pakistan. Ensuite, il eût fallu aussi que ces voix fussent astucieuses : défendre Asia seulement sur la base de sa religion était risqué. On pouvait, en revanche, faire valoir que justement la condamnation n'était pas le fait de sa croyance religieuse, mais d'un ancien statut qui contredisait clairement les préceptes de l'Islam. Le malheur, c'est qu'il n'y a pas de religieux libéraux en terre de Pakistan parce qu'il n'y a pas de débat théologique.

    Il existe pourtant bien une opinion pakistanaise progressiste, qui s'exprime dans des journaux d'idées, mais aussi sur des blogues.

    Il ne convient, néanmoins, de ne guère se faire d'illusions : tout libéraux et progressistes qu'ils soient, ces blogueurs et ces journalistes font preuve du même nationalisme étroit que leurs semblables moins éduqués. Ils n'éprouvent aucune difficulté à placer sur le même plan Aafia Siddiqui et Asia Bibi.

    Or, la première, loin d'être une pauvre paysanne pakistanaise est une femme éduquée en lien avec Al Qaeda, impliquée dans des projets d'attentats. Mais voilà, même éduqués, on est prompt, au Pakistan, à invoquer le complot ou la main secrète d'Israël derrière chaque cas monté en épingle.

    Conclure plus généralement, à propos des Chrétiens d'Orient, comme le fait Romain qu'il n'y a pas choc des civilisations et que la droite ne cherche qu'à faire son beurre sur cette thématique me paraît un tantinet illusoire. Et encore, c'est un euphémisme. Ce qui est vrai en revanche, c'est que si choc il y a, il n'est pas réductible à un affrontement bloc contre bloc parce que ni l'Islam, ni l'Occident et ses valeurs d'origine judéo-chrétienne ne sont monolithiques. Il y a chocs. Pas choc, mais chocs, qui se déclinent en autant de cas de figure qu'il existe de facettes des civilisations. Parfois, de ce choc, naissent des illuminations, et parfois, au contraire des cascades de malheurs.