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L'Hérétique (Démocratie et hérésie économique) - Page 107

  • Des CDD de 30 mois ?

    J'ai entendu que la CGPME voulait porter la durée maximale d'un CDD de 18 à 30 mois. L'argument avancé, c'est que cela permettrait aux PME qui ne se sentent pas les reins assez solides pour un CDI d'engager tout de même des salariés, mais pour un temps réduit en attendant des jours meilleurs.

    Je suis sceptique. Bayrou avait observé que le CNE de Dominique de Villepin en 2006 était contraire aux conventions du Bureau International du Travail. Je ne sais pas ce qu'il en est de ces 30 mois, mais j'ai un doute sur leur légalité. 

    Bon, évidemment, mieux vaut un CDD de 30 mois que le chômage donc il faut bien considérer la chose, mais il ne faudrait pas que la mesure serve une précarisation rampante l'air de rien.

  • On ne va pas payer les blogueurs, et puis quoi encore !?

    Moi aussi je voulais réagir au billet de Seb Musset sur la rémunération des blogueurs. L'Nicolas m'a pris de vitesse, profitant traîtreusement de ce que je digérais la dinde, et m'interpelle de surcroît.

    Seb Musset réagit à un billet d'Éric Mettout qui se vante de ne pas rémunérer les blogueurs dont l'Express reprend parfois des billets (avec leur accord, évidemment).

    Seb Musset se demande, du coup si les blogueurs sont des cons. Ma réponse est claire, nette et tranchante : oui, assurément.

    Franchement, je serais rédacteur en chef d'une webzine, cela ne me passerait pas par la tête de payer des blogueurs politiques. Franchement, bloguer, c'est une distraction pour nous, au fond, pas un job. Alors mettre en avant que cela constituerait des heures de travail...des heures d'effort, sans doute parfois, mais au fond, on se marre bien et on aime bien ça.

    Et puis objectivement, est-ce qu'on apporte une vraie valeur ajoutée ? La plupart du temps, on commente du commentaire d'actualités. Je ne dis pas que quelques blogues n'apportent pas de vrais suppléments d'analyses, il y en a. Certains ont une qualité de plume, indéniablement, mais bon, au-delà de ça...

    Franchement, on n'est pas monétisable : quelques milliers de lectures, au mieux de lecteurs par jour, ça vaut peanuts sur le marché de l'e-publicité et de l'information. On compterait nos audiences en dizaines de milliers, à la rigueur, je ne dis pas, mais là franchement...

    Ils sont amusants, les blogueurs de gauche qui rêvent d'assistanat pour exposer leurs convictions politiques. Bordel, comme dirait l'Nicolas, nous autres blogueurs politiques, soit on se distrait, soit on milite. L'Nicolas est dans la première catégorie, et moi, à cheval sur les deux. Intox2007, lui, il voudrait être payé à militer. Berk, quelle horreur.

    Vous imaginez, vous, payer du fric pour lire "va te faire enculer, hey, connard" ? Moi, je dis, chacun chez soi : les journalistes sur leurs journaux, et les blogueurs sur leurs blogues : on peut papoter et échanger de temps à autre des regards croisés, mais au fond, on ne fait pas la même chose.

    Moi, j'aime assez bien la remarque d'Éric Mettout : 

    Les blogueurs sont assez grands pour faire leurs calculs et décider en toute connaissance de cause si le jeu (encore une fois, s’exprimer, faire connaître leur opinion au public, SE faire connaître) en vaut la chandelle. Ou non. Auquel cas, ils sont aussi assez grands pour négocier (ça arrive, je le sais), monter leur petite entreprise, voire sauter le pas et devenir… journalistes (ça arrive aussi).

    J'aime bien le "SE" majuscule. Au fond, les blogues, c'est un peu ça : moi je, personnellement mon égo et moi-même adorons tous les uns et les autres être flattés, regardés, admirés et conchiés (y'en a qui ont aussi le goût pour la querelle).

    Perso, j'ai déjà dit non au moins 6 ou 7 fois à des gens qui me proposaient de me payer pour monétiser mon blogue, mais sur le principe, je n'ai rien contre. Vous voulez gagner du fric en écrivant, les gars ? Eh bien faites-le à la Hashtable, ouvrez boutique et vendez livres et tee-shirts à votre effigie.

    Oups, Vade retro Satanas, pardon, c'est un libéral. Le Diable, quoi.

    Bref, chacun fait ce qu'il veut et voilà. On contracte à titre privé. Si des journaux en ligne ont proposé à certains blogueurs de les payer, tant mieux pour eux. Et s'ils ont décidé de ne pas en payer d'autres, c'est bien leur droit.

  • Hommage à Jésus de Nazareth

    J'ai écrit en intitulé de mon billet que je rendais hommage à Jésus de Nazareth, mais en fait, il est peut-être né à Bethléem, on ne le sait pas trop. De même, on ignore tout de la date exacte de sa naissance. Simplement, comme il y avait le solstice à la fin de l'année et qu'il donnait lieu à pas mal de fêtes religieuses, quand l'Église s'est organisée, elle a trouvé à la fois symbolique et utile de choisir comme fête emblématique le renouveau du soleil. D'ailleurs, pendant très longtemps, la fête chrétienne principale, c'était Pâques, pas Noël.

    Moi, je retiens aussi cette date pour rendre hommage à ma manière à Jésus. Je ne suis pas croyant. Je n'ai pas la foi, et quelque chose à l'intérieur de moi me pousse à penser qu'il n'existe rien après notre mort. Pas d'âme, pas de Dieu, pas de monde meilleur.

    Mais, parmi les hommes, j'ai une admiration sans bornes pour Jésus de Nazareth. Un homme qui a été capable d'affirmer que le Royaume de Dieu était ouvert à tous, hommes, femmes et enfants, et que l'Église, maison de Dieu, était la maison de tous, l'a emporté sur tous ceux de son temps. Un homme, encore, qui s'est montré capable de défendre une prostituée contre une foue le colère et d'en faire une de ses proches aux yeux de tous, mettant en jeu sa popularité, cet homme-là a conquis mon estime, mon respect et mon admiration à jamais.

    Chapeau bas, Monsieur Jésus de Nazareth.

  • L'injustice faite à Quintus

    Tout récemment, je faisais savoir que j'avais été l'heureux destinataire d'une tablette, chose utile au possible pour emporter une petite bibliothèque avec soi en toutes circonstances. Toutefois, les ebooks, ce n'est pas gagné : le choix est bien trop restreint à l'heure actuelle. On trouve évidemment quelques classiques, mais le compte n'y est pas. Pour moi qui suis pétri d'humanités grecques, je construis mes ebooks à partir de deux grandes sources d'ouvrages : le site de Philippe Remacle et Méditerranées . Ce ne sont évidemment pas les seuls, on trouve des trésors à la Bibliotheca Selecta Classica ou encore chez Nimispauci.

    Bref, comme je déteste lire des livres sur un ordinateur, même portables, je n'avais jamais eu l'occasion de lire autrement qu'en diagonale les Post Homerica de Quintus de Smyrne. C'est un poète grec qui aurait vécu vers le IIIème ou IVème siècle après Jésus Christ. Il a eu l'excellente idée d'écrire une suite à l'Iliade d'Homère. Quand je pense que jeune, je l'ai tant cherchée, cette suite. Mais comme je n'en connaissais pas l'existence, c'est à travers les tragédies de Sophocle, d'Euripide et d'Eschyle que j'ai pris connaissance du devenir des héros qui m'avaient fait rêver. Beaucoup plus tard, j'ai découvert les hymnes homériques puis Apollonios de Rhodes, mais j'ai toujours trouvé assez peu substantiels ces deux derniers écrits. Je connaissais toutefois la chute de Troie par l'Énéïde que j'ai découvert deux-trois ans après l'Iliade.

    J'ai trouvé sur Quintus de Smyrne des jugements très sévères. Pour ma part, j'ai lu presque d'une traite sa Suite de l'Iliade et j'y ai retrouvé les héros et l'atmosphère de l'Iliade tels que je les avais connus dans ma première jeunesse. On lui reproche de faire une copie conforme de ce qu'Homère a déjà écrit et de n'apporter aucune originalité particulière à son récit. Il y a pourtant des évolutions significatives : Quintus rompt, par exemple, avec la tradition qui veut qu'Achille ait été tué par Pâris. Dans son récit, c'est Apollon qui intervient directement. C'est assez étonnant. Aucun immortel n'agit à ce point directement dans l'Iliade pour tuer un héros. Certes, Apollon frappe le dos de Patrocle, certes, Athéna se saisait de la lance d'Achille pour la lui rapporter, mais il n'y a pas d'attaques directes.

    On a retenu les noms d'Hector et d'Achille, mais l'Iliade avait déjà montré qu'Ajax (le fils de Télamon) était sans doute plus puissant qu'Hector, lui aussi. Quintus montre nettement la complicité qui unit Achille et Ajax, notamment dans le premier livre qui relate la geste de Penthélisée, une amazone fille du dieu Arès. C'est quelque chose qui n'était pas apparu à ce point dans l'Iliade. Il faut dire que la jeune femme ne manque pas de courage (de témérité ?) puisqu'elle attaque simultanément Ajax et Achille au corps à corps. Lorsqu'elle meurt et qu'Achille lui enlève son casque, il réalise alors qu'il serait tombé amoureux d'elle s'il l'avait vue autrement qu'en tenue de combat. L'armée grecque, à commencer par les Atrides, est elle-même émue par la beauté de la jeune fille au point de proposer aux Troyens de leur rendre le corps sans négociations ni rançon. La colère d'Arès est terrible, et il faut toutes les objurgations des dieux pour le dissuader de venger sa fille. J'observe à ce sujet qu'il paraît bien moins ridicule que dans l'Iliade : il envisage de tuer Achille, au risque d'être foudroyé par Zeus, mais finalement, ce qui le retient ce n'est pas la crainte du dieu de la foudre, mais le souvenir que Zeus aussi a perdu un grand nombre d'enfants. Une manifestation d'empathie et une certaine forme de sagesse dont il aurait été bien incapable chez Homère.

    La geste de Memnon met en scène un héros troyen d'une puissance presque similaire à celle d'Achille : le combat entre Hector et Achille avait été bref dans l'Iliade. Il en va tout autrement de celui qui oppose Memnon, le fils de l'Aurore à Achille. Il dure toute la journée, est très incertain, et les deux héros se blessent. Véritablement, la fin d'Achille eût été plausible à considérer la puissance de son adversaire. Les deux portent d'ailleurs des armures forgées par Héphaïstos que nul autre ne pourrait revêtir.

    Il est vrai que le récit se déroule selon un ordonnancement qui fait largement penser à celui de l'Iliade. Il n'y a pas de nouveautés autres que celles que j'ai signalées. On peut toutefois relever que Quintus en rajoute dans la métaphore, tout le règne animal y passe ou presque. Je ne m'attendais pas à voir des guerriers qui suivent un chef au combat  comparés à une colonne d'oies, mais manifestement cela a semblé pertinent à Quintus, puisque c'est ainsi qu'il décrit les Troyens à l'arrivée d'un nouveau défenseur en la personne d' Eurypyle le fils de Télèphe (donc petit-fils d'Héraklès)  :-) 

    Ainsi, quand des oies enfermées dans une cage voient venir l'homme qui leur donne la pâtée, elles se réjouissent, et il aime aussi à les voir ; ainsi les fils de Troie se réjouissaient en voyant le vaillant Eurypyle

    De toutes façons, dans l'Antiquité, une épopée n'a pas pour but d'être créative, elle doit se montrer au contraire souvent répétitive. Ensuite, Quintus voulait écrire une suite à l'Iliade : je ne sais pas ce que cela donne en grec ancien (le grec homérique est un peu particulier, alors j'ai du mal à imaginer un grec vivant 1100 ans après répliquant les formes nominales ou verbales d'Homère), mais en français, on n'y voit que du feu ou presque.

    En somme, voilà mon conseil : récupérez les pages internet du livre, ou alors farfouillez dans des bibliothèques spécialisées à la recherche d'une édition/traduction de l'oeuvre, mais dans tous les cas de figure, lecture recommandée, a fortiori si vous avez lu l'Iliade. 


  • Produire en France : mais comment ?

    L'Institut de l'Entreprise a organisé un sondage très intéressant auprès de plusieurs entrepreneurs sur la thématique lancée par François Bayrou, la production en France. Le sondage est intéressant parce qu'il demande aux entrepreneurs ce qui serait à leur avis nécessaire pour développer le made in France. J'ai toutefois un regret : sur 1000 contacts pris, 92 seulement ont répondu à l'Institut de l'Entreprise.

    Tous s'accordent toutefois à reconnaître que la France souffre avant tout d'une perte de sa compétitivité. Particulièrement, la concurrence des bas salaires, de faibles performances en matière d'innovation et de recherche et des coûts de production trop élevés sont mis en avant.

    Mais ce qui m'a surpris, c'est ce que ces décideurs ont proposé pour redresser l'industrie française : ils placent à une majorité écrasante (96%) l'éducation et la formation comme priorité pour en améliorer sa compétitivité. En deuxième position, on trouve les pôles d'innovation et de recherche. 

    Cela rejoint clairement l'analyse de François Bayrou qui fait du produire et de l'instruire les deux jambes sur lesquelles la France doit marcher. Je pense, si du moins j'en crois l'analyse de Jean Peyrelevade, l'un de ses conseillers économiques, qu'il s'accorde à penser que les marges des entreprises sont trop faibles ce qui les empêche de développer leur RD. L'idée de s'appuyer sur la CSG pour financer la protection sociale, en plus d'être plus juste puisqu'elle touche tous les revenus, dégagerait sans doute quelques marges supplémentaires pour les entreprises.

    Je n'ai pas été si surpris de voir arriver la question de la formation et de l'éducation en pole-position : j'avais fait savoir le 26 novembre dernier que la CGPME (Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises) cherchait à pourvoir 250 000 emplois. La CGPME, s'appuyant sur une enquête du CREDOC (dont Robert Rochefort, proche conseiller de François Bayrou, a longtemps été le directeur), constatait que 7 entrepreneurs sur 10 peinaient à trouver chaussure à leur pied quand ils recrutaient.

    A ce sujet, il y a  eu un soupçon sur la nature et la qualité des emplois proposés : j'ai donc contacté le service de communication de la CGPME pour en savoir plus, et, voilà ce que j'ai obtenu comme éléments supplémentaires : 

    - A ce jour le salaire médian proposé s’établit à 1990€ (même si la plupart des offres ne mentionnent pas cet élément.)

    - 44% des offres dans le secteur des services ; 40% dans l’industrie ; 16% dans le commerce

    - 69% des offres en CDI ; 31% en CDD

    En termes d'emplois, il y a en tout cas un problème d'adéquation entre formation et demande. Il serait intéressant de demander aux chefs des PME s'ils pensent eux aussi que ce décalage affecte leur compétitivité.

    Il est également intéressant de constater que les entrepreneurs sont une large majorité à n'avoir que faire des subventions et aides publiques. 

    Il y a en revanche un impondérable qui demeure un obstacle apparemment insurmontable, c'est celui des coûts salariaux : pour les 2/3 des décideurs qui ont répondu, c'est l'obstacle principal à la production en France.

    Je me suis fait sur ce point une réflexion : si ce sont les coûts salariaux qui génèrent le plus de problème, il faudrait les rendre sinon marginaux, du moins secondaires dans le coût final d'un produit. Ceci est envisageable avec une mécanisation accrue de l'industrie. En effet, une machine est une machine : si dans la production, la machine entre pour 80% et l'homme pour 10%, même si l'homme français coûte le double de l'homme chinois, par exemple, il n'impacte pas fortement le coût final du produit.

    L'inconvénient, dans une telle hypothèse, c'est qu'il faut soit accroître la production en vendant plus, soit perdre significativement des emplois. Enfin, je dis ça, après tout, je ne suis ni entrepreneur, ni industriel ni économiste (pour ces derniers, on dit toutefois que Dieu les a créés pour tenir compagnie aux météorologistes...).

    Bayrou organise un forum à ce sujet en janvier : nous en saurons sans doute plus à ce moment-là.

  • Marine Le pen aurait pu vivre une autre existence

    Quand j'étais jeune, je lisais souvent des comics, des Marvel en particulier. Spider-man, Iron-man, les Quatre fantastiques, Daredevil et bien d'autres encore n'avaient pas de secrets pour moi. Toutefois, je raffolais d'une série que l'on trouvait de temps à autre dans les Nova : «Et si ?...» Il s'agissait pour un personnage cosmique du nom d'Observateur de déterminer quel cours aurait suivi l'existence des héros (ou au contraire de super-vilains) dans un futur alternatif où certains évènement clef auraient pris une autre tournure.

    J'ai lu plusieurs articles biographiques de Marine Le pen, et ce qui m' a frappé à chaque fois, c'est l'impossibilité pour elle d'accomplir un choix autre que celui qu'elle a fait en s'engageant en politique.

    C'est que Marine Le pen a porté son nom et son père comme Sisyphe porte son fardeau dans les enfers. Avec les saillies plus que douteuses de Jean-Marie Le pen, cette jeune femme qui aurait pu être une brillante avocate s'est vue finalement repoussée vers son univers d'origine. 

    On ne choisit pas sa naissance, on ne choisit pas son nom, on ne choisit pas son père. Je ne crois pas Marine Le pen antisémite. Mais son père l'est, à n'en pas douter, avec ses détails et ses durafour crématoire . Et une large partie des cadres du Front National le sont aussi, eux qui ont soutenu sans le moindre état d'âme leur leader et ont accueilli au sein de leur formation ce qu'il se comptait de pire à la droite de la droite.

    On n'aime pas, au Front National, et, j'imagine, chez les Le pen, les comparaisons avec les nazis. Tant pis pour eux. Jean-Marie Le pen n'avait qu'à se taire, et ce parti n'avait qu'à faire du ménage en son sein au moment où il aurait fallu le faire. A se vautrer dans la boue, on finit par gagner un opprobre bien mérité.

    Il y a eu sur France 3, le 12 septembre dernier, un documentaire très intéressant : son auteur avait longuement enquêté sur le devenir des descendants des pires criminels nazis, et le résultat de son enquête s'était avéré plus que surprenant. En réalité, les enfants des Goering, Himmler et Goebels, bien loin de marcher dans les traces de leurs ancêtres, ont porté toute leur vie le poids et la culpabilité des actes de leurs géniteurs. Le plus étonnant est que certains d'entre eux se sont convertis au judaïsme et sont partis vivre en Israël. Parfois anonymement, parfois à découvert. Et ils ont été acceptés par des gens dont les parents avaient péri dans l'horreur des camps de concentration et qui savaient qui ils étaient. Surprenant ? Non. Ce n'est que la réalisation en acte d'une loi énoncée par le prophète Jérémie (28-29) : 

    En ces jours, on ne dira plus: «Les pères ont mangé du verjus et les dents des enfants en sont agacées.» Mais chacun périra pour ses fautes: tout homme qui mangera du verjus en aura, lui, les dents agacées.

    Les Juifs ne tiennent pas pour coupables les enfants des criminels. Plus généralement, si la génération suivante se repent (Techouva), elle peut obtenir le pardon de Dieu et...des Juifs.

    Voilà pourquoi il existe un certain nombre de descendants de nazis qui vivent en Israël. Certains se sont convertis au judaïsme et en ont épousé les préceptes. Ils portent parfois la kippa, sont mariés avec des orthodoxes et leurs enfants fréquentent les yeshivas, les écoles religieuses.

    Il y a une parenté évidente entre toutes les extrême-droites, et le FN n'est certainement pas un club de gentils sociaux-démocrates. Loin de là. C'est donc à dessein que j'ai choisi de rapprocher l'histoire personnelle de Marine Le pen de celle des descendants des nazis.

    Il n'existe guère dans notre société française de pardon de ce type : c'est une caractéristique du peuple d'Israël. Évidemment, il est épouvantable pour une fille de devoir renier son père. Mais je me dis qu'un destin, finalement, ne tient pas à grand chose : et si on lui avait foutu la paix avec son père et son nom, à Marine Le pen, quand elle était adolescente puis quand elle a eu 20 ans ? Et si on avait admis que son père c'était son père, et elle, c'était elle, quand elle est rentrée dans le monde du travail, après avoir fini ses études ? Alors, peut-être son destin aurait pu être différent. Peut-être. Qui sait ?

     

  • Bayrou ne fait pas campagne contre Hollande

    J'ai lu le dernier billet de Philippe Chriqui sur le Nouvel Obs : il établit les forces en présence pour la présidentielle.

    S'il y a bien un conseil que je déconseillerais formellement à François Bayrou de suivre, c'est bien le sien. Voici ce qu'il écrit : 

    François Bayrou devrait donc poursuivre ses critiques contre le candidat socialiste afin de ramener au bercail ses électeurs de 2007

    Eh bien non. Ce n'est pas ainsi, je le pense, que François Bayrou captera les voix des électeurs. C'est plutôt, comme il l'a fait, en avançant son projet pour la France et en donnant le la à la campagne avec ses thèmes.

    J'espère donc, au contraire, qu'il va conseiller de nous surprendre et de nous ravir. Mais comme j'ai une idée relativement claire de ce qu'il a en tête, je suis plutôt confiant sur la chose. 

    Que Melclalex qui s'inquiète de la santé mentale des Français se rassure donc, ils n'hallucinent pas. Qui sait, d'ailleurs, peut-être qu'au mois de mars il sera devenu l'un des nouveaux électeurs du candidat centriste :-) Surtout, ne jamais injurier l'avenir, ne jamais dire à la fontaine qu'on ne boira jamais de son eau :-) ...

  • Au protectionnisme, Bayrou oppose le commerce loyal

    Le protectionnisme ne va pas tarder à émerger comme thème de campagne majeur : il transparaît déjà plus ou moins à travers le "Made in France". Plusieurs candidats (Marine le Pen, Nicolas Dupont Saint-Aignan, Jean-Luc Mélenchon) en ont fait leur bâton de maréchal.

    Dans son État d'urgence, Bayrou a dénoncé les lourdes conséquences du protectionnisme pour une nation exportatrice comme la nôtre, d'autant que ce sont les machines et les biens industriels qui consistuent le principal de nos exportations, contrairement à une idée reçue (eh oui, le luxe et l'agro-alimentaire sont rélégués bien en deçà...).

    Il en a en revanche tiré une nouvelle idée, à la croisée du commerce équitable et d'une interprétation de feu le Traité Constitutionnel Européen. La notion de concurrence libre et non-faussée peut s'interpréter de plusieurs manières : à l'économie en jugeant qu'il faut faire sauter toutes les protections sociales, et, au contraire, largement en considérant tous les éléments qui rentrent dans le coût d'un objet.

    C'est la fusion de l'idée qui se trouve derrière le commerce équitable et de cette dernière interprétation de la concurrence non-faussée qui a donné à Bayrou l'idée d'une concurrence et d'un commerce assis sur des bases loyales.

    Cela suppose, par exemple, pour une entreprise qui exporte ses produits en Europe, de ne pas s'exonérer des contraintes et normes qui valent au sein du marché européen en délocalisant sa production là où ces normes n'existent pas.

    Ce sont les pistes que le MoDem et plus généralement le Parti Démocratique Européen défendent depuis un bon moment. Marielle de Sarnez, en particulier, depuis qu'elle a été réélue député européenne, est en pointe sur cette idée de commerce loyal, c'est d'ailleurs le sens d'un amendement qu'elle avait déposé pour la période 2009-2014 auprès de la commission du commerce de l'UE.

    Le gouvernement français, sous l'égide de Christine Lagarde, a tenté de réaliser à l'échelle européenne la proposition de François Bayrou d'un Small Business Act pour les PME. La procédure semble longue. le dossier a été déposé en 2008.  Il y a eu  une réponse de la Commission sous forme d'une loi en décembre 2008. Et en février dernier, la Commission a décidé d'évaluer les effets des décisions de 2008 afin de considérer ce qu'il demeurait à faire. Christine Lagarde a aussi confié à l'avocat Fabrice Demarigny la mission de faire des propositions dans le domaine juridique, ce qu'il a fait. Elle a donc adressé le rapport à le Commission Européenne en mars 2010.

     L'idée de Bayrou a donc fait son chemin... Quelle traduction de ces orientations en France, en revanche ?

    Un petit rappel, le SBA repose sur 10 principes :

    1 Créer un environnement dans lequel les entrepreneurs et les entreprises familiales peuvent prospérer et où l’esprit d’entreprise est récompensé.

    2 Faire en sorte que les entrepreneurs honnêtes qui ont dû déposer leur bilan bénéficient rapidement d’une seconde chance.

    3 Définir les règles selon le principe « Penser petit d’abord ».

    4 Assurer la réactivité des administrations aux besoins des PME.

    5 Adapter les outils des pouvoirs publics aux besoins des PME : faciliter la participation des PME aux marchés publics et mieux exploiter les possibilités qui sont offertes aux PME en matière d’aides d’État.

    6 Faciliter l’accès des PME au financement et mettre en place un environnement juridique et commercial favorisant la ponctualité des paiements lors des transactions commerciales.

    7 Aider les PME à profiter davantage des potentialités du marché unique.

    8 Promouvoir le renforcement des qualifications au sein des PME et l’innovation sous toutes ses formes.

    9 Permettre aux PME de transformer les défis environnementaux en opportunités.

    10 Encourager et aider les PME à tirer parti de la croissance des marchés.

     La création de la médiation du crédit aux entreprises est par exemple l’une des mesures concrète prise par la France dans le cadre de la mise en place du SBA. On peut également citer l’internationalisation des PME par le biais des aides financières en faveur des exportations, des stratégies d’accès aux marchés et la participation à des salon ou l’accès des PME aux marchés publics. 

    Là encore, on se heurte à un problème d'information : les marchés publics semblent désormais plus accessibles aux PME, mais la plupart d'entre elles ne le savent pas ! C'est en ce sens que François Bayrou parlait de mutualiser les moyens juridiques des PME. Tout comme dans le cas du Made in France, c'est l'information qui fait défaut aux PME pour profiter à plein de ces nouvelles opportunités.

    Marielle de Sarnez défend l'idée d'une réindustrialisation pas seulement de la France, mais de la totalité de l'Europe afin de lui redonner de la vigueur : en somme, la recette Bayrou appliquée à l'Europe toute entière. Il reste à voir quelle suite va être donnée à cette proposition. Je suppose que son groupe, le PDE (Parti Démocratique Européen) va déposer prochainement un amendement et des propositions en ce sens.

    Nul doute qu'il reviendra au prochain président de la France de concrétiser davantage le mouvement initié depuis 2008. Dans ce genre de cas, mieux vaut confier les rênes de l'attelage à son promoteur, et, en la circonstance, il semble bien que cela soit François Bayrou...

  • Enseignante immolée par le feu, la vérité !

    Nom de .... Je viens, grâce à Brighelli, de m'apercevoir que comme tant de Français, j'avais été entubé par les médias et le Ministère de l'Éducation Nationale. Là, j'ai un peu la haine, parce que je n'aime pas trop me faire rouler. Vous vous souvenez de cette enseignante qui s'était immolée par le feu fin octobre à Béziers ? J'y avais vu pour ma part le geste désespéré de quelqu'un qui allait de plus en plus mal. Les Médias s'étaient empressés de souligner des conflits avec ses élèves et le Ministère, Châtel en tête, avaient embrayé sur sa fragilité.

    LES ORDURES. La vérité ? De sales petits merdeux ont tenté de filmer la scène de l'immolation avec leurs portables pour la diffuser sur Internet. Je viens d'apprendre ça en lisant le blogue de Brighelli. Mon verdict ? Les accompagner au cachot à coups matraque dans la gueule et les laisser au trou pour plusieurs années sans excuse de minorité aucune. A vrai dire, ce sont aussi les mêmes branleurs qui ont chanté et passé de la musique sur leur portable pendant la marche blanche en se vantant d'en avoir eu "une". Finalement, pas à coups de matraque. A coups de décharges de Taser l'accompagnement jusqu'au gnouf.

    Réactions des médias ? Aucune. Ils ont diffusé des mensonges sans vergogne. Par exemple, ils ont relaté que l'enseignante avait déclaré aux élèves avant de s'immoler, «c'est pour vous». FAUX. Elle leur a dit «c'est pour vous que je le fais» ce qui donne un tout autre sens et une toute autre dimension à son geste. Je viens à nouveau de l'apprendre par Brighelli.

    Des connards parmi les parents d'élève (les parents de ceux qui ont cherché à filmer la scène ?) ont chargé à mort l'enseignante laissant entendre qu'elle faisait mal son métier et ne s'occupait que de ceux qui réussissaient. Son père et ses collègues ont eu beau s'évertuer à défendre sa mémoire , précisant que c'était simplement une enseignante qui avait des exigences et aimait son métier, personne n'a relayé la vérité. Sans doute était-elle trop gênante. Et moi, comme un con, et pourtant je suis censé être un décrypteur averti, je suis tombé dans le panneau et j'ai cru tout ce que disaient médias, inspection et ministre. 

    Mea maxima culpa. 

  • Bayrou/Le pen, la bataille du Made in France

    Il fallait s'y attendre, à partir du moment où François Bayrou a amené dans la campagne le Made in France, tous ses concurrents allaient y aller de leur petite touche sur la question.

    Le cas de Marine Le pen mérite toutefois une attention particulière. J'ai lu le programme  présidentiel de Marine Le Pen. Surprise ! On pourrait croire à un certain nombre de convergences entre Bayrou et Marine Le pen : elle aussi parle de réindustrialisation, de simplification administrative, de planification, de made in France et a même récupéré le Small Business Act de Bayrou de 2007. Mais la comparaison s'arrête là. Nombre de mesures économiques génèrent des conséquences très différentes selon le contexte dans lequel on les applique. En outre, Marine Le pen assure que le FN a toujours défendu ces propositions. C'EST FAUX. Page 41, voici le programme économique de Jean-Marie Le pen en 2007 : aucune des mesures que je cite ci-dessus n'y figure. En revanche, voici celles de François Bayrou en 2007 : il n'y a pas le commissariat au plan ni le label Made in France, mais le reste y est. Le label Made in France est une idée qui est venue à Bayrou en 2008 quand il a commencé à s'intéresser à la réindustrialisation avec Jean Peyrelevade que le sujet passionnait depuis longtemps. Le rapport de Yves Jégo lui a fourni la matière finale pour formuler ses premières propositions dans le domaine. 

    Finalement, ces mesures sont comme du souffre : en tant que tel, le produit n'est pas explosif, mais mélangez-le avec du salpêtre et ça fait boum. Ainsi, le fond de la relance économique de Marine Le pen, c'est d'abord et avant tout la barrière douanière. Bayrou l'a montré très clairement dans son État d'urgence : un tel choix est suicidaire parce que la France est une nation exportatrice, et ce, même si notre balance commerciale connaît un fort déficit. Sur la question du protectionnisme, on trouve un discours similaire chez Mélenchon et plus généralement à la gauche de la gauche, comme par exemple chez le blogueur SuperNo.

    Il faudra donc que FN, décroissants et Frontistes de Gauche m'expliquent ce qu'ils comptent faire des entreprises françaises qui exportent. Il y a la solution de l'autarcie, évidemment, mais les deux exemples immédiats qui me viennent en tête, la Roumanie de Ceaucescu et la Corée du Nord, ne plaident pas vraiment pour elle.

    Ce que l'on peut exiger, en revanche, c'est le respect de normes communes pour tout bien vendu dans l'espace européen : le MoDem plaide de longue date en ce sens, et Marielle de Sarnez fait même souvent valoir qu'il faut porter le combat jusque dans les cercles de l'OMC.

    La gauche pourtant modérée semble faire une fixation sur le Made in France dans lequel elle voit une dérive nationaliste. Dérive qu'elle oppose à l'Europe. Je l'ai déjà dit mais il me faut le répéter : le label Made in France paraît plus gênant à cette gauche-là que par exemple la certification AB pour l'écologie ou encore la mention fair trade Max Havelaar pour le commerce équitable ? Est-ce que des magazines comme Que Choisir ou 60 millions de consommateurs sont nationalistes quand ils demandent à savoir d'où vient tel ou tel produit ?

    Qu'a constaté Bayrou ? Qu'il y avait un gisement d'emplois, de croissance et de productivité dans le sentiment patriotique des Français, et qu'on pouvait même espérer rééquilibrer notre balance commerciale grâce à ce gisement-là. Est-ce mal ? Lui-même, très attentif à acheter du Made in France, a constaté que c'était un vrai labyrhinte pour parvenir à trouver une information exhaustive et transparente sur le sujet. Que souhaite François Bayrou ? Éclairer le citoyen-consommateur. Est-ce mal ? La gauche modérée peut-elle m'expliquer quelle dérive nationaliste elle voit dans cette volonté ? Elle rêve de quoi, cette gauche modérée ? d'une Cinquième Internationale sans pays ni nations ? C'est le mot France qui la gêne ? Par ailleurs, Bayrou a une idée plus large, puisqu'il envisage un tel étiquetage à l'échelle européenne, tout simplement, et cet étiquetage-là profiterait à tous les citoyens européens, et pas seulement aux citoyens français. Une version expurgée et raisonnable du localisme cher aux écologistes, en somme.

    Bref, entre une extrême-droite et une extrême-gauche qui ne rêvent que de barrières, une gauche bon teint qui rêve d'effacer les frontières et les pays, il me semble que la proposition de François Bayrou réalise une synthèse heureuse dans laquelle tout un chacun pourrait se reconnaître.