Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

europe - Page 13

  • Media Social MoDem : il est né le divin enfant !

    Noël, Noël, comme on disait dans les campagnes au coeur du Moyen-âge, quand venait la perspective de bombance au milieu des disettes à répétition ! Le MoDem vient de se doter d'une plate-forme multimédia sur la Toile tout simplement hors-norme. http://www.lesdemocrates.fr/ offre ni plus ni moins tous les outils du web 2.0 ou presque : l'adhérent démocrate peut y ouvrir son blog (!!!), regarder la télévision, agréger ses propres articles sur son bureau virtuel ou, autre possibilité, consulter ceux qu'agrège le Modem sur ce site, soit qu'ils proviennent de la Toile, soit qu'ils proviennent de la Toile démocrate (deux flux différents), publier son propre article, repérer d'autres membres et/ou les géolocaliser, soutenir ou condamner des initiatives ou des projets dans la rubrique "points de vue", bref, je ne vais pas faire la liste de tout ce que peut faire l'adhérent démocrate, mais on peut d'ores et déjà dire que le MoDem tient son média social.

    J'ajoute que c'est un phénomène unique en Europe pour un parti, et que, ce-faisant, le Mouvement Démocrate se place à la pointe de la modernité, méritant bien le surnom que lui ont donné un jour les jeunes démocrates. J'invite les lecteurs à lire l'article de Nicolas Voisin sur le sujet, et il le connaît bien, et pour cause, c'est l'un des concepteurs du projet.

    Même cet âne de mry (à qui il faudrait apprendre l'orthographe, au demeurant : réelS - ce sont les travaux - et miS - pas T, ce n'est pas un passé simple  - mais bon, sur le fond, je trouve intéressant ce qu'il dit, sauf quand il parle de politique...) a reconnu que le site avait l'étoffe de ce qu'il voulait être ; c'est dire si nous allons défrayer la chronique sur la Toile avec ce petit bijou...

    Je signale que Christophe Ginisty (également à l'origine du projet) sera présent aux côtés de François Bayrou le 25 février, à l'occasion de la conférence de presse que le Président du Modem donnera à cette occasion.

    Enfin, je vous annonce la venue prochaine du blog multiblog (hé hé, vous en saurez bientôt plus) leseuropeens.fr imminemment. Il devrait être opérationnel le jeudi 26 février, et, chers lecteurs, vous y trouverez en l'état toute l'avancée de la réflexion des 16 groupes-projet-Europe du MoDem, publiée par les bons soins des animateurs, coordinateurs et administrateurs du blog multiblog. Je n'en dis pas plus, rendez-vous le 26 février...

  • L'UMP se prend pour un mouvement populaire !

    Trop drôle ! Je viens de lire la réaction de Xavier Bertrand (souvenez-vous, celui que François Bayrou appelait le chattemite) au dernier sondage IFOP pour les européennes (MoDem à 14.5, à ce sujet) dans Paris-Match. Il a du recevoir des consignes : il ne parle plus d'UMP mais de Mouvement Populaire. Au passage, le brave homme souhaite un débat avec le PS. Et les autres, ils sentent le pâté ? Bien que divisée, l'extrême gauche représente 16% et le MoDem, à lui seul, 14.5%. La droite extrême et l'extrême-droite font, elles, 11.5%. Total, avec les 2% de Dupont-Aignan et les 7 des Verts, 51% de Français qui ne sont pas invités à débattre ? Il n'y a pas que l'UMP et le PS en France, il serait temps de s'en rendre compte.

    Quant au caractère populaire de l'UMP...bouclier fiscal, dîner au Fouquet's, triplement du salaire présidentiel, crédit d'impôts sur les achats immobiliers favorisant les plus riches, et cetera et cetera...populaire, hein ?...

     

  • Régulation démocrate en temps de crise

    Je reviens sur la compétence économique du MoDem que j'évoquais hier en réponse à un article de Philippe Cohen dans Marianne. J'ai lu çà et là quelques réactions. Bien sûr, celles qui figurent en commentaires, mais aussi celles que l'on peut lire sur le sympathique forum pour sympathisants MoDem de Demos. Or, qu'ouïs-je ? Quelqu'un juge que ma réponse n'est pas convaincante sur le délicat sujet des régulations qu'il convient de mettre en place sur les marchés financiers.

    Je voudrais d'abord faire une petite observation à allblues33 : la question qu'il se pose, tout le monde se la pose, actuellement. UMP, PS, FMI, Commission européenne, gouvernement fédéral des USA, Obama, banques, bref, cela ne se limite pas au seul MoDem, et il ne faut peut-être pas s'attendre à une réponse toute faite sur un thème aussi complexe.

    brontosaure.jpgJe ferais ensuite une métaphore pour appréhender plus simplement ce qu'est un marché financier. Un marché financier, c'est une sorte de très gros herbivore particulièrement craintif. Tant qu'il est en confiance, il vit sa vie, mais, il déteste être surpris, et, plus la suprise est brutale, plus sa réaction est incontrôlée et brutale. Si l'économie mondiale était un champ d'herbe grasse, on peut se dire que les marchés financiers, c'est un gros, très gros brontosaure.

    Je ne sais pas si allblues33 a vu la taille de la queue du bestiau, mais quand un brontosaure en panique s'enfuit en courant dans tous les sens, mieux vaut ne pas se trouver du côté où sa queue bat de gauche et de droite, sous peine au mieux d'être sonné, au pire, d'y laisser sa peau.

    Si allblues33 devait réfléchir à la manière dont il va calmer, je ne dis même pas dompter mais seulement calmer, même s'il s'y mettait avec toute la tribu MoDem, il ne trouverait pas la solution tout de suite, à mon avis.

    Un marché financier, c'est à peu près ça : un gros brontosaure qui ne vit que par anticipation. Il broute çà et là, cherchant les bonnes zones herbeuses à souhait. Son long cou lui permet de les détecter de loin (anticipation). Mais si son oeil acéré a repéré de l'herbe grasse, et que lorsqu'il approche le cou, il tombe sur une grosse motte de terre, il va légitiment s'inquiéter. S'il pense brouter à l'abri des prédateurs et qu'il se découvre soudainement encerclé par des fricoraptors enragés et affamés, nul doute qu'il va paniquer.

    Je dois rectifier mon image. En fait, le marché, ce n'est pas un brontosaure. Non, c'est un gros gros gros troupeau de brontosaures avec quelques prédateurs genre vélociraptors qui font des raids de temps à autre.

    Cette image donne le ton et le fil des solutions à appliquer. On ne peut rien faire tant qu'on n'aura pas calmé les brontosaures. Il faut donc rétablir la confiance avant toutes choses.

    Or, pour être en confiance, il faut disposer d'informations fiables, c'est ce que je faisais valoir il y a 10 jours en qualifiant de crise catallactique la crise actuelle. On a quelques éléments de réponse avec les premières réactions de députés ADLE, groupe parlementaire auquel appartient le MoDem. Par exemple, en décembre dernier, Mariela Velichkova Baeva (Bulgarie, ADLE) estimait que l'origine de la crise était à trouver dans "la quête du profit, le manque de connaissances sur le véritable état du marché et sa capacité à faire face à un cataclysme ainsi que dans l'ignorance des conséquences."

    Les informations fiables supposent également des règles fiables ainsi q'un arbitre. C'est ce que précisait dès le mois de septembre une autre députée ADLE. Silvana Koch-Mehrin (DE) pour le groupe ADLE faisait remarquer "qu'il ne s'agit pas juste de quelques banques en crise, car ceux qui perdent ne sont pas des opérateurs de titres, mais des familles qui 'touchent le fond' avec des retraites menacées et des revenus endommagés". Elle appelait alors à agir sur la base de faits : "la réponse ne consiste pas en des marchés libres, nous exigeons la régulation de ces marchés. Les règles doivent être définies et nous exigeons un arbitre pour évaluer leur fonctionnement dans la pratique. Ceux qui ont refusé d'être liés par des règles doivent être accusés, et non le marché en soi". Elle insistait enfin :"nous exigeons des règles pour toute l'économie mondiale".

    En somme, cher allblues33, il ne s'agit pas de réguler pour punir les très méchants capitalistes ni la vilaine finance, comme une sorte de grand Satan à l'origine de tous nos maux, mais de faire en sorte qu'on puisse tous brouter dans le même pré sans se téléscoper parce qu'il y en a qui ne font pas la file.

    Sarnez.jpgEn somme, c'est ce que dit en grande partie Marielle de Sarnez : «Nous voulons une régulation financière mondiale. Nous voulons imposer davantage de contrôles, mais aussi davantage de sanctions. Il revient à l’Europe d’inspirer et de promouvoir un nouveau système de gouvernance et de régulation mondiale. En commençant par mettre en place un régulateur européen, capable de parler à égalité avec son homologue américain

    Tenez, pourquoi pensez-vous que Marielle de Sarnez parle de régulateur européen ? Ben oui, faudrait pas l'oublier : qui a créé les subprimes ? des agents américains, pardi, contrôlés/non-contrôlés par les seuls Américains. Ben oui, elle a bien compris le problème, elle Marielle. Pour que tout le monde puisse évoluer en confiance, il faut aussi des arbitres fiables. C'est bien ce que voulait Silvana Koch-Mehrin et Mariela Velichkova Baeva, l'une avec un arbitre, l'autre avec le véritable état du marché.

    Alors comment concrètement cela va se mettre en place, on ne le sait pas encore, parce que cela va dépendre justement du résultat des élections européennes...Entre le PPE (dont est membre l'UMP) qui ne souhaite modifier les choses qu'à la marge, le PSE (dont est membre le PS) dont les membres disent tout et son contraire puisqu'ils ne sont pas d'accord entre eux, et la gauche de la gauche (Verts compris) qui rêve de décroissance ou de Grand Bond en avant (20 millions de morts avec la Chine, tout de même, à la fin des années 50), sans parler des partis nationalistes et/ou extrémistes qui rêvent de protectionnisme (crise de 10 années en 1929 + une guerre mondiale avec 60 millions de morts), vous voyez, cher allblues33, les jeux sont ouverts et vous avez une large palette de choix pour déterminer quel brontosaure vous souhaitez être...

  • Et si l'Europe explosait en vol à cause des emprunts des États ?

    J'ai déjà eu l'occasion de le dire sur ce blog, je suis quelque peu inquiet face à la quantité de capitaux que les États escomptent lever, les uns pour relancer l'investissement ou sauver leurs industries, les autres pour accroître le pouvoir d'achat et donc redresser la demande. Parce qu'il y a tout de même une question qui me taraude : qui va prêter ?

    Et je vois de là des scénarios inquiétants qui se profilent à l'horizon. L'euro et l'Europe nous ont longtemps protégé, évitant sans doute à certains États de l'Union une déroute à l'islandaise. Sauf que la réalité, en Europe, c'est que certains paient et d'autres reçoivent. On peut même dire que l'Allemagne paie beaucoup, de même que la Hollande, par exemple, tandis que la Grèce ou l'Italie reçoivent des subsides en nombre. Or, nul n'ignore que les pays du sud de l'Europe ont des comptes publics gravement dégradés, au point de voir leur notation abaissée par les principales agences sur les marchés financiers.

    Que se passera-t-il si ces états ne trouvent pas prêteurs sur les marchés ? Ils compteront sur la solidarité européenne, bien sûr, mais, devant l'afflux de demandes, qui dit que les pays les plus riches de l'Europe accepteront de continuer à payer pour les cancres dont tous les indicateurs sont au rouge ?

    Si tel devait être le cas, et que plusieurs pays, lassés, décident de reprendre leur liberté, ce serait la fin de la monnaie unique et par là, un recul pour sans doute de longues décennies de l'Union Européenne, voire, pire, la constitution de deux blocs européens, l'un riche, l'autre à l'économie décadente.

    Scénario fiction ? Pas si sûr. Les tentations sécessionistes existent au sein de plusieurs nations : Flandre et Wallonie, Ligue du Nord contre régions du sud en Italie, et même Wessies contre Ossies en Allemagne, ou encore Catalogne en Espagne. Bref, qui sait si ces tensions régionales ne pourraient pas se transposer en ligne de front nord-ouest/sud-est ?

  • Pour répondre à Marianne, les vues économiques du MoDem

    Je viens de lire un article de Marianne qui s'inquiète des compétences économiques de Bayrou et du MoDem en général.  Comme l'article comporte quelques contre-vérités, je vais me charger de faire quelques mises au point.

    Ce que François Bayrou condamne, ce n'est pas toute forme de déficit, mais tous les déficits qui ne sont pas des déficits d'investissement. Donc, tout le contraire de ce que dit Marianne. En revanche, oui, il estime très dangereux les déficits issus des frais de fonctionnement courant de l'État. D'ailleurs, les déficits pour cause d'investissement sont temporaires alors que les déficits pour frais de fonctionnement tendent à s'installer structurellement.

    De manière générale, les démocrates sont favorables à l'esprit d'entreprise, sous toutes ses formes, pas seulement économique, parce que c'est foncièrement une caractéristique de l'identité européenne d'une part, et d'autre part, parce que cela replace l'homme au centre de l'activité, particulièrement économique, d'où, d'ailleurs, la sympathie des démocrates pour les entrepreneurs.

    Le MoDem considère que l'économie de marché est un bon système économique, mais, qu'en revanche, un certain nombre de biens ne peuvent pas être mis sur le marché, ou, en tout cas, pas considéré comme des marchandises ordinaires. C'est ce que les démocrates appellent les biens supérieurs (éducation, culture, santé en particulier). Ils sont évidemment favorables à une concurrence libre et non faussée et saluent de ce fait le rôle extraordinairement positif et vigilant joué par l'Europe afin de mettre fin aux monopoles (Microsoft, par exemple, mais pas seulement). Bien évidemment, les démocrates se défient autant des monopoles publics que privés. Il va de soi que les démocrates ne confondent pas un monopole public et un service d'intérêt général.

    Concernant les flux financiers, en effet, comme le dit Philippe Cohen, les Démocrates pensent qu'il faut installer des régulations et qu'une fois en place, elles permettront de moraliser et fluidifier ces flux. Ils ont tort ?

    En ce qui concerne l'investissement et la consommation, en cas de relance européenne, Philippe Cohen devraient : 1°) écouter les tribunes de Corine Lepage sur France-Culture ou bien les lire sur son blog 2°) jeter un oeil sur le programme de l'ADLE ainsi que sur celui du PDE (parti démocrate européen, l'un des deux partis européens du groupe ADLE, dont le MoDem est membre fondateur)

    Il ne faut pas raisonner ainsi : il ne s'agit ni de relancer l'investissement en soi, ni de relancer la consommation en soi. Ce qu'il s'agit de faire, c'est d'accompagner la révolution industrielle qui se produit petit à petit sous nos yeux, et qui sera verte et durable. La relance soutiendra donc à la fois la consommation et l'investissement, mais pas au pif, comme un rouleau compresseur, mais de manière ciblée, via, par exemple, des incitations fiscales ciblées, mais pas seulement.

    Si nos partenaires européens refusent un emprunt d'une telle ampleur, il restera possible d'agir au seul niveau de la France, mais, évidemment, avec un impact bien inférieur à celui de l'Europe toute entière. Mais cela, le MoDem ne peut en être comptable. C'est bien pour cela que la campagne européenne est au moins autant européenne que nationale, particulièrement par les temps qui courent. Mais cela, les Démocrates l'ont compris depuis longtemps. Les évènements récents ne donnent que plus de force à leur propos.

    Ce que je dis n'a évidemment rien d'un secret : il suffit de lire et d'écouter ce que disent les chefs de file du MoDem pour en prendre connaissance.

    Un dernier point, enfin : les Démocrates se battront avec la dernière énergie contre la tentation protectionniste. C'est exactement ce travers qui a fait plonger le monde entier dans la crise en 1929. C'est bien sûr une option tentante, mais c'est un mirage très dangereux. Le protectionnisme stratifie les échanges et rend quasiment impossible tout redémarrage de la croissance économique mondiale.

    Ah, j'ajoute une dernière remarque à propos de la croissance : les Démocrates ne partagent absolument pas les vues des Verts sur la décroissance (Daniel Cohn-Bendit a signé une tribune en ce sens avec José Bové). Est-il d'ailleurs raisonnable de parler de décroissance alors que la crise économique aura tué d'ici la fin de l'année 2009 plusieurs centaines de milliers d'emplois (+280 000 chômeurs prévus) ? Non, il faut évidemment une croissance raisonnée et durable. C'est le message de longue date de Cap21, le mouvement de Corinne Lepage, qui s'est depuis fondu dans le MoDem, mais dont les idées ont fait leur chemin dans la pensée économique démocrate.

    D'autres questions ?

  • Les priorités européennes du MoDem

    Sarnez.jpgMarielle de Sarnez, euro-députée MoDem, et candidate à une reconduction de sa députation en île de France, en clôture d'un récent congrès du MoDem, propose de refonder un projet européen pour les peuples. Elle en évoque les principaux axes.

    J’ai dit l’inquiétude des Français. Cette inquiétude est la même dans toute l’Europe. Les Européens sont inquiets, déboussolés, ils ne voient plus le cap, ils ne voient plus la vision. Pour eux, nous devons retrouver une capacité d’agir, une capacité à forcer le destin. Au fond, c’est cela le véritable enjeu des élections européennes. Je veux que ces élections agissent comme un levier pour réformer l’Union européenne et améliorer la vie quotidienne de chacun de nos concitoyens.
    La première défense, c'est que l’Europe se donne enfin les moyens d’agir d’abord sur le plan économique et social. Tout le monde le sait, nous le disons depuis des années, nous avons besoin d’une cohérence économique nouvelle.
    L’Europe doit se doter enfin d’une fiscalité harmonisée. Elle doit enfin développer une politique industrielle commune, elle doit enfin avoir une coordination de la recherche et du développement, en particulier pour les énergies du futur.
    L'Europe doit soutenir de
    grands projets d’infrastructures pour des transports propres. Mais aussi pour acheminer gaz et pétrole sans être ou devenir les otages de certains, comme nous l'avons été avec la Russie, il y a quelques semaines. Je veux que nous agissions pour que plus jamais ne se reproduise la situation de cet hiver où la moitié de l’Europe grelottait, tandis que l’autre moitié était bien au chaud. C'est cela qu'il faut changer aussi.
    Nous devons nous doter d’outils au service d’une gouvernance économique. Nous devons réformer, refonder l’Eurogroupe, lui donner plus de poids, plus de pouvoir, nous devons
    créer un fonds d’investissement et nous devons donner à l’Union européenne une capacité propre à emprunter. Aujourd’hui, non seulement dans la crise nous ne sommes pas en mesure de lancer un grand emprunt, qui aurait été sacrément utile pour faire rebondir et repartir la croissance en Europe, mais, nous ne pouvons pas non plus aider les pays qui en ont besoin. Ainsi, par exemple la Hongrie est allée frapper à la porte du FMI pour avoir une aide financière. Eh bien, cela aussi, il faudra que cela change.
    En même temps que cette Europe économique, nous voulons faire
    avancer l’Europe sociale, car tout est lié. Il n’y aura pas de réussite économique durable sans vrai progrès social. Les pays les moins développés doivent enfin progresser pour éviter à l’avenir les risques de dumping social. L’Europe doit imposer les convergences vers le haut. Cela ne se fera pas tout seul, c'est au pouvoir politique de le faire. De même, l'Europe devra, à l’avenir, défendre l’idée que tout ne relève pas du secteur marchand et qu’il y a des services d’intérêt général qui doivent être préservés ; l’éducation, la santé, la formation bien sûr, mais aussi la Poste et les transports de proximité.
    Nous devons aussi nous donner les moyens d’agir au plan mondial en faisant évoluer le
    commerce international vers plus d’équité, mais aussi à plus de responsabilité. On ne peut plus produire en continuant de polluer la planète, on ne peut plus produire en bafouant la dignité humaine d’enfants que l’on fait travailler, au lieu de les envoyer à l’école. On ne peut plus produire en négligeant les questions de santé. L’Europe refuse l’importation du bœuf américain aux hormones, et du poulet chloré, et du lait chinois contaminé à la mélamine et elle a bien raison cette Europe-là ! Nous allons, je l’espère, vers un nouvel accord international en matière de lutte contre les effets du changement climatique, mais vous devez savoir que cet accord, et je le regrette, prévoit d’autoriser les industries européennes les plus polluantes à continuer de polluer tant que leurs concurrentes chinoises par exemple, elles aussi, continueront de polluer. C’est un cercle vicieux incroyable dont on ne sortira qu’en imposant les mêmes normes à tous. L’OMC doit intégrer ces nouvelles exigences environnementales, sanitaires et sociales, il en va de l'avenir de l'Europe et de la planète.

     

     

  • Bayrou et l'OTAN

    J'observe, une fois de plus, que la presse (et elle n'est pas seule) se précipite et rend compte des propos de François Bayrou sans y avoir réfléchi et surtout, de manière incomplète.

    Première correction : François Bayrou n'a pas dit qu'il était hostile a priori à une réintégration de la France dans l'OTAN, il a dit qu'il souhaitait un débat à ce sujet, et surtout, qu'il n'était pas favorable à celle que propose Nicolas Sarkozy.

    Pourquoi la France est-elle historiquement sortie de l'OTAN ? Cela ne relève pas des seuls rêves de grandeur du Général de Gaulle : c'est aussi que les structures de commandement de l'OTAN le laissaient aucune place à la France comme, aujourd'hui, elles ne laissent aucune place à l'Europe !

    Ce n'est pas par nationalisme étriqué que François Bayrou s'inquiète de cette réintégration, mais au contraire par sentiment européen. On dit les centristes atlantistes par tradition, mais en réalité, il y a une vieille pomme de discorde entre les Américains et ces mêmes centristes, c'est la place de l'Europe dans tout dispositif de défense européen. Les propos de François Bayrou doivent être compris à l'aune de cet enjeu. J'ajoute, pour ceux qui en douteraient, qu'il l'avait dit et écrit dans ses propositions sur la Défense lors de l'élection présidentielle. Son discours de clôture du colloque que l'UDF avait organisé sur ce thème, le 22 juin 2006, est également éloquent, et j'en cite quelques passages

    Les gouvernements de l'Union européenne devraient réfléchir à cela : la priorité des priorités est la construction d'une défense européenne - pas une armée européenne, ce n'est pas la bonne perspective - la mise en synergie de capacités militaires nationales, à qui on permet de manœuvrer ensemble, d'interagir ensemble, d'échanger des renseignements. Perspective beaucoup plus réaliste et rapide, que celle qui voudrait renoncer au caractère national des armées.
    Quel est le principe de la défense européenne ? Que l'Europe se donne pour obligation de se défendre elle-même. Que notre défense soit assurée par nos capacités. Nous sommes plus nombreux et aussi riches que les Américains, il n'y a aucune raison que nous renoncions au devoir de nous défendre nous-mêmes. Nul ne peut exclure que les Américains pensent un jour avoir d'autres priorités. Organiser ou assurer la défense du territoire européen, c’est notre affaire, notre responsabilité ; les Etats européens qui ne partagent pas cette idée, il faut les en convaincre.[...]

    C'est quand nous aurons fait cela, c'est dès que les Européens auront arrêté la volonté de prendre en main leur propre défense, que l'Alliance atlantique aura un autre visage, et toutes les réticences françaises qui se sont exprimées au cours des dernières décennies, s'effaceront. Je suis persuadé que beaucoup de Français n'accepteront pas d'être suiveurs, ils voudront être partenaires dans une Alliance atlantique rénovée.

    J'ai écrit une note à ce sujet, en avril dernier, et j'avoue qu'à l'époque, j'avais mal compris la position de François Bayrou, que je croyais être un refus catégorique sur l'OTAN . En réalité, ce n'est pas un refus catégorique de l'OTAN, mais un refus catégorique d'un OTAN qui ne traiterait pas à parité l'Europe et l'Amérique. Je pense que si l'on veut se faire une idée claire des enjeux, il faut relire à nouveau l'excellente note de Quindi sur ce sujet et particilièrement tout ce qui concerne le Politique Européenne de Défense et de Sécurité (PESD). C'est l'avantage avec Quindi, contrairement à nos petits billets d'acutalités qui se noient dans le flot continu de l'immédiateté, ses billets sont écrits pour durer et on peut s'y reporter encore longtemps après. Dans le domaine géostratégique, c'est une vraie Bible...

  • L'Europe fera évoluer la structuration du MoDem

    Il y a eu un certain nombre de déceptions, au sein de la blogosphère MoDem à la suite de la consultation lancée par le MoDem à propos des Européennes. Je crois surtout qu'il y a eu maldonne avant toutes choses. Le MoDem n'avait pas l'intention de consulter les adhérents sur la constitution des listes de cette manière mais de leur demander leur avis sur un rapport relatif aux élections européennes.

    Comme beaucoup s'attendaient à une consultation dans la plus pure tradition de la démocratie directe, un peu à l'Athénienne au Siècle de Périclès, sur la constitution des listes, évidemment, ils ont déchanté.

    Cela dit, au delà de ce désenchantement, je me demande s'il était pertinent de perdre du temps, des ressources et de l'énergie à mettre en place une consultation qui se résume finalement à un clic au choix parmi trois boutons.

    J'avoue que moi-même, j'ai cru à un bug ou une erreur de programmation de la plate-forme... De mon point de vue, c'est un épiphénomène, mais quelques esprits nettement plus susceptibles et formalistes que moi se sont montrés nettement moins indulgents...

    J'ai trouvé une réaction de Quindi sur le blog d'Hervé Torchet que j'ai trouvée intéressante, et j'en donne copie ici. J'ajoute que je suis bien entendu totalement en désaccord avec l'analyse d'Hervé. J'ai trouvé la réponse d'Arnaud pondérée. Je ne suis pas d'accord avec tout, mais un certain nombre de ses observations me paraissent pleines de bon sens.

    Je laisse la parole au sage Arnaud, puissent tous les militants démocrates faire preuve de la même réflexion au lieu de trépigner en tapant du pied...

    Ne désespérons pas encore totalement. Le changement stratégique est bien réel et les têtes de liste aux européennes le confirment. Le changement structurel est loin d'avoir été réalisé, mais il s'agit avant tout d'une difficulté à identifier les adhérents actifs, leur faire confiance, et savoir prendre des risques sur des évolutions au sein du parti et dans les méthodes électorales (internes et externes). C'est une dérive version centriste de ce qu'est la cinquième république, une façon de donner une confiance aveugle à un seul être, et utiliser la machine structurelle pour calmer les ardeurs de renouvellement et de changement institutionnel, plutôt qu'en tant que force de renouvellement continu (humain, idéologique, programmatique, technique).

    Jusqu'à présent, il n'existait pas de réel recours car les autres élus l'étaient par le fait de l'UDF (donc en décalage avec le MoDem et l'élection présidentielle) ou d'une élection municipale assez décevante, et se retrouvaient encensés dans les structures internes par le fait du prince. L'obtention d'un mandat électoral clair, à une autre échelle, sans alliance locale, et au nom du MoDem, change quelque peu la donne (même si c'est encore le prince qui décide de leur droit à la candidature). Ces 8 à 15 élus au Parlement Européen auront un poids déterminant dans la maison, car ils légitimeront une stratégie de parti, plutôt que celle d'un seul homme lors des élections suivantes. Ils auront un poids bien supérieur à leurs homologues dans les autres partis français de par le caractère unique des élus du parti (peu à l'Assemblée Nationale, alliance centristes/radicaux au Sénat, peu d'élus dans des grandes agglomérations). Ils auront aussi une légitimité territoriale du fait électoral, ce qui permettra aux structures internes locales de trouver un recours plus fort (le rôle des colistiers en position non éligible sera déterminant). Finalement, ils tiendront un discours programmatique / vision globale forts de par les enjeux de poids qui seront discutés au Parlement Européen (et contrairement à certains de leurs homologues de l'UMP et du PS qui ne siègeront que par obligation plutôt que par réelle motivation européenne / capacité programmatique). Le décalage entre la structure interne réelle, l'ambition gouvernementale nationale, et les propos sur l'organisation du parti, leur sera plus dur à porter, du moins pour ceux qui ne renouvellent pas leur mandat.

    Bref l'évolution naturelle veut qu'il y ait une multiplication des centres de pouvoir au sein même du MoDem, ainsi que dans sa direction, mais elle est lente, bien trop lente... Elle correspond à un rapport de force et non à une volonté réelle de modernité et d'audace structurelle. Dans la citation de Ledru Rolin "il faut bien que je les suive, puisque je suis leur chef", nous en sommes encore à la phase 5ème république (faire face aux crises et mécontentements populaires), pas à la phase de dépassement par le biais du parti (intégrer les méthodes modernes de campagne électorale, de militantisme et d'écoute de la société civile, devancer les attentes par la systématisation de l'innovation programmatique fait maison et grâce à des think tanks / personnalités sympathisantes / associations, valorisation à outrance des figures médiatiques, militants hyper-actifs, spécialistes techniques parmi les militants et sympathisants, mouvement permanent des idées et des personnes). Le maintien d'une pression militante / sympathisante sur ces sujets envers la structure, couplé au renouvellement des cadres (même s'ils ne sont pas tout jeunes), peut, in fine, faire évoluer la structure (ce n'est pas garanti pour autant).

    Patience et persévérance.

  • MoDem et Europe : Yes we Kahn !

    kahn.jpgJe ne pouvais tout de même pas laisser passer l'occasion de saluer la venue de Jean-François Kahn comme tête de liste du MoDem pour l'Europe. Alors je crois que mon slogan a de l'avenir, non ? :-)

    C'est une bonne nouvelle. Jean-François Kahn est un homme honnête, un homme de convictions, et, tout comme Bayrou, un homme qui ne cède pas. C'est aussi un excellent débatteur, et j'espère que nous aurons l'occasion de le voir débattre contre ses adversaires. Ils comprendront vite à qui ils ont affaire.

    Contrairement à l'UMP ou au PS, les listes démocrates aux Européennes n'ont pas servi à recaser des ministres déchus ou des courants déçus. Parce qu'au MoDem, l'élection la plus importante, pour nous, c'est l'élection européenne.

    Je voudrais ajouter une dernière chose à propos de J-F Kahn : il a souvent dénoncé le néo-libéralisme, mais par opposition aux vraies valeurs libérales.

    Écoutez ici ses réponses aux lecteurs de Marianne en mars 2007, et très précisément, sa réponse à la question 7. On y trouve la dénonciation du néo-libéralisme au nom des vraies valeurs du libéralisme et l'affirmation de la primauté de l'humanisme. Kahn observe d'ailleurs que l'humanisme est commun au vrai libéralisme et au vrai socialisme. Je trouve que c'est très bien dit.

    De manière générale, j'aime bien les mal-pensants : Kahn prenant position pour le oui au TCE mais exaspéré par l'unanimisme de la presse et du landernau politique en 2005, c'est exactement ma position de l'époque. Seul Bayrou avait à l'époque donné des arguments valables, tous les autres se contentant de déclarer qu'il fallait voter pour l'Europe parce que c'était "bien" et que l'inverse était "mal".

    abecedaire.jpgTiens, d'ailleurs, je ne l'ai pas encore fait, mais je vais acheter son Abécédaire mal-pensant, à ranger sans doute aux côtés du Dictionnaire du Diable d'Ambrose Bierce et du Dictionnaire des idées reçues de Gustave Flaubert :-)

    Bonne occasion de rigoler :-)

  • La trouille des verts et des socialistes européens

    Vous vous souvenez, je vous l'avais annoncé il y a quelques jours, le président (britannique) de l'ADLE (dont le MoDem est  l'un des constituants) a lancé sa campagne pour devenir Président du Parlement Européen. Mais, il a une autre idée derrière la tête : comme il en a ras-le-col des arrangements de couloir, il propose cette idée aussi simple que révolutionnaire que d'élire un Président de l'Union Européenne au suffrage universel direct. C'est évidemment mieux qu'un commissaire nommé par concile secret des États après d'aussi ésotériques qu'obscures tractations.

    Eh bien figurez-vous que les Socialistes et les Verts ont la trouille du suffrage universel ! Et pourtant, quelle légitimité aurait un tel homme ! Quelle occasion unique d'intéresser enfin les Européens non spécifiquement aux affaires de leur seul pays, mais de l'Europe avec un grand E. Pas une voix ne devrait aller à ces trouillards qui craignent de perdre leurs privilèges et passent à côté d'une occasion unique.

    Il ne resterait plus qu'à adjoindre l'idée de Jacques Delors à celle de Graham Watson en faisant élire le Président de la Commission européenne par les euro-députés, chaque groupe européen présentant un candidat.

    Je ne doute pas un seul instant que toutes ces propositions soient vues d'un très bon oeil par tous les candidats MoDem.