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europe - Page 17

  • L'Europe ignore sa culture

    Je reviens à nouveau sur la problématique de la culture européenne : ce qui me frappe, c'est l'absence de projet en Europe sur ce sujet. La culture ne représente que 0.03% du budget européen. Et ces 0.03% ne financent que des programmes de découverte réciproque des cultures européennes. Je ne crois pas qu'il y ait une volonté sciente de laisser la culture de côté au sein des commissions et du Parlement européens, mais je crois plutôt qu'ils ne savent pas comment faire.

    Dire ce qu'est la culture européenne, c'est un enjeu fondamental, car cela permet d'établir pas uniquement sur des bases mercantilistes les raisons pour lesquelles l'Europe va accepter une nation plutôt qu'une autre en son sein. Cela contribue à permettre de dire si la Russie, la Turquie, par exemple, sont européennes ou non. Cela permet également de contingenter le raisonnement géostratégique réduit à lui-même. Je ne dirais pas que cette question apporte LA réponse à toutes les autres, mais elle est fondatrice à plusieurs titres.

    C'est un sac de noeud qu'il n'est pas aisé de démêler. Est-il pertinent ou non, par exemple, de chercher le plus petit dénominateur commun aux cultures européennes ? Comment définir une culture européenne, et j'emploie bien ici "une" dans sa catégorie grammaticale d'article indéfini.

    Un article de wikipedia tente de sérier sans prétention, mais avec rigueur ce qui contribue à définir une culture européenne. Il n'y a pas de réponse mais des élements avec leurs limites : prégnance de l'indo-européen (mais pas seulement) dans les langues, culture politique et juridique commune issues du droit romain et de la philosophie grecque, fonds mythologique gréco-latin dans l'art européen, par exemple.

    Il appartient au Mouvement Démocrate, et, je l'espère au Parti Démocratique Européen ainsi qu'à l'ADLE de s'emparer de cette problématique tout à fait centrale, et abondamment négligée par les autres partis européens, ou, tout du moins, réduite aux poncifs qu'un Charles Courtel dénonce à juste titre.

     

     

  • Culture de l'Europe ou Europe des cultures ?

    Je viens de lire une analyse passionnante et très puissante de Charles Coutel, doyen de la faculté de droit Alexis de Tocqueville de Douai : l'objet de son écrit, intitulé "Y-a-t-il une culture européenne" est d'interroger le rapport de l'Europe à sa culture. Outre de nombreuses réflexions très intéressantes sur l'intégration d'autres cultures au sein d'une culture européenne, Charles Coutel pose une hypothèse très forte : il n'y a pas de culture européenne, mais il y a une européanisation des cultures.

    J'aime beaucoup sa démarche : il observe que l'appauvrissement de l'idée de culture génère une occultation de la complexité que recouvre l'idée d'Europe. Ainsi, il remarque que l'on parle plus volontiers d'environnement socio-culturel que de nécessité de se cultiver, par exemple.

    Il dénonce le règne du bon sentiment et des poncifs de toutes sortes, à commencer par le fameux droit à la différence dont l'effet pervers le plus notable est de margninaliser une approche universaliste et humaniste de la culture : dans cette dernière optique, la culture permet une expérience très riche de proximité avec la culture de l'autre qui est pourtant différente.

    En somme, le lieu commun de la diversité des cultures empêche les cultures diverses de ses définir un lieu commun pour parler de leur altérité et leur identité...

    Or, la construction de chaque langue montre justement qu'un culture, dont elle est le reflet, peut accueillir en son sein l'altérité : l'anglais, le français, par exemple, sont emplis de mots issus de cultures et de langues étrangères. Cet accueil de l'autre n'est pas une négation de soi, mais plutôt une forme d'hospitalité (j'aime beaucoup ce terme, employé par Charles Coutel).

    Cette réflexion est essentielle pour se représenter le ferment d'une culture européenne commune : cette communauté intègre un subtil processus d'imitation, de même que les Romains se définissaient comme les héritiers des Grecs et intégraient chaque nouvelle culture des peuples conquis.

    Il convient donc de définir une hospitalité réciproque entre les cultures européennes afin de semer le germe non d'une culture européenne, mais bien d'une européanisation des cultures. Cette hospitalité a vocation à intégrer l'aspiration à l'universalité de chaque culture européenne, parce que cette aspiration est la maison commune de toutes ces cultures.

    Je n'ai pas exactement repris l'analyse de Charles Coutel, mais m'en suis librement et largement inspiré pour construire ma propre réflexion sur le sujet. Je voudrais ajouter, toutefois, que la culture gréco-latine est un exemple d'européanisation (et même plus largement) de plusieurs cultures avant la lettre. Elle a donc vocation à nous servir de référence, et à constituer, à cet égard, la fondation de notre maison commune européenne.

     

  • Europe-Amérique, la pression doit monter

    Je constate avec satisfaction que l'Europe fait enfin pression sur les USA pour  réformer la finance mondiale. La vérité, et il faut le dire une bonne fois pour toutes, c'est que rien de toute la crise financière ne se serait produit si les USA n'avait pas inondé le monde entier de leurs crédits pourris. Le comble, c'est que bon nombre d'économistes, à commencer par ceux de BNP Paribas (mais pas forcément écoutés au sein même de leur établissement bancaire, d'ailleurs), étaient extrêmement pessimistes sur la situation américaine.

    On savait. On le savait. On savait que les subprimes étaient nocives, et on a quand même continué. "on", c'est un pronom indéfini en français. Eh bien il va bien falloir finir par réfléchir sur ce "on". Non pas pour chercher des coupables ponctuels, mais pour contraindre l'Amérique à édicter des règles de crédit qui ne mettent pas en danger l'économie mondiale.

    Toutes proportions gardées, c'est comme une centrale nucléaire vieillie et inadaptée. On ne continue pas à la faire fonctionner sans une sérieuse rénovation quand on sait qu'elle est susceptible de vous balancer un nuage radio-actif (qui ne connaît pas les frontières, lui) à tout moment sur la tronche.

    Sur cette crise, je trouve que le Premier Ministre anglais, Gordon Brown, a été exemplaire et s'est montré un grand homme d'Etat. C'est lui qui a inventé le plan que les Européens ont ensuite massivement appliqué. Aujourd'hui, il désigne clairement les Etats-Unis : «l'important est de s'assurer que les problèmes qui sont apparus dans le système financier - problèmes qui, nous le savons, ont débuté aux Etats-Unis - ne se produisent plus» a-t-il récemment déclaré.

    Nicolas Sarkozy ne vient que se joindre à un mouvement qu'il n'avait nullement initié, puisqu'il voyait au contraire dans le système américain dérégulé un modèle pour la France. Ce n'est pas faute pour François Bayrou d'avoir pourtant joué - en vain - les Cassandre.

    Les Européens accusent Washington d'avoir des années durant refusé, au nom du libéralisme économique, de réguler les marchés, fermant les yeux sur les investissements de plus en plus risqués et opaques qu'ils réalisaient. Et ils ont bien raison.

    Nicolas Sarkozy et Gordon Brown suggèrent également d'encadrer beaucoup plus étroitement les activités des agences de notation, qui clairement, n'ont pas fait du bon travail. Elles portent également une lourde responsabilité. Ceci risque d'ailleurs, de provoquer un fort effet second sur le crédit. Si les Agences resserrent considérablement leurs critères, bon nombre d'établissements, mais peut-être bien aussi de pays (or la France emprunte massivement sur les marchés internationaux) pourraient voir leurs notes dégringoler, et se retrouver donc contraints d'emprunter à des taux bien plus hauts que ceux qui sont pratiqués actuellement. Pour des pays endettés, il y a certitude de voir le service de la dette augmenter considérablement dans le budget...

    Il reste, désormais, à donner un vrai rôle au FMI. Bien que l'on ne l'ait que fort tardivement entendu (Il était en poste depuis un an et je n'ai pas le souvenir de l'avoir entendu s'exprimer sur les dangers que comportent des crédits pourris...) on peut espérer que Dominique Strauss-Khan joue enfin un rôle à cet effet dans cette institution, puisqu'il en est en principe le président...

  • Bayrou soutient le plan de relance des banques

    François Bayrou votera le plan de secours au secteur bancaire doté de 360 milliards d'euros, défini lundi lors d'un Conseil des ministres extraordinaire.

    Députés et Sénateurs débattront de ce plan demain, avec l'espoir qu'il soit adopté d'ici la fin de la semaine.

    «Oui je voterai ce texte qui permet cette aide», a déclaré François Bayrou sur RTL. «Je le voterai avec une certitude, c'est que quand la réponse est européenne, ça marche, quand la réponse est chacun pour soi ça ne marche pas», a-t-il précisé.

    «Je la vote parce qu'elle va dans le bons sens, je la vote parce qu'elle change les choses. Je suis dans cette attitude que j'ai définie depuis longtemps : intransigeant sur les principes et en même temps, quand les choses vont dans le bons sens, on est capable de le dire».

    Il a reconnu à Nicolas Sarkozy de la présence et de l'engagement comme Président de l'Union Européenne, pour faire face à la crise financière mondiale. «Il a fallu du temps, des semaines qui sans doute ont été des semaines perdues mais après tout la pédagogie, faire entrer dans les esprits des nécessités qui jusqu'alors n'y étaient pas, ça prend quelquefois du temps.»

    «On n'est pas dans une attitude aveugle et systématiquement antagoniste quelles que soient les choses», a précisé le président du MoDem.

    «Ce qui est frappant dans cette crise, c'est que c'est la ruine et l'échec de ce que l'on appelait le modèle américain qui servait de référence à Nicolas Sarkozy au moment de la dernière élection présidentielle, et c'est pour cette raison que j'ai été en confrontation avec lui», a-t-il toutefois tempéré.

    «Ma conviction profonde, c'est que les valeurs de la France sont différentes des valeurs de ce modèle de société qui vient de se crasher sous nos yeux», a-t-il enfin conclu.

    A titre personnel, je suis aussi tout à fait satisfait de ce plan qui correspond, en mieux, à ce que j'espérais. L'Europe sort grandie de cette crise, car ce ne sont pas les annonces américaines, mais bien l'action concerté des pays Européens, qui a ramené le calme sur les marchés financiers.

  • Crise financière : la solution existe !

    Il est curieux que la plupart  des médias évoquent LA crise  financière dans le monde, alors  que le phénomène n'est pas le  même d'un continent à l'autre. S'il est vrai qu'il s'agit  d'une crise du crédit, elle est  multiforme :
    En Amérique, près de 7% des foyers américains ne peuvent rembourser leur crédit, si bien que les banques se trouvent en difficulté.
    En Europe, à cause de la titrisation des crédits pourris américains, les banques ne se font plus confiance les unes aux autres et ne veulent plus
    se prêter d'argent, par peur de ne pas être remboursées ou d'une faillite ensuite.
    La solution se dégage donc d'elle-même, au moins en Europe, en tout cas : nationaliser est une mauvaise option, car cela fausse la concurrence. Le mieux est que les Etats garantissent les dettes des banques, et si possible, pour éviter une concurrence sauvage entre Etats, qu'ils se mettent d'accord pour établir un fonds européen de garantie des dettes des banques européennes. Très logiquement, il faudrait que cela soit la BCE qui gère ce fonds et qui donne cette garantie. En ce sens, François Bayrou avait raison de prôner une sortie européenne à la crise, et, à cet égard on ne peut qu'être déçu de la platitude du mini-sommet européen organisé par Nicolas Sarkozy qui n'a débouché sur rien de concret.

    J'en profite pour saluer l'intérêt qu'a manifesté la blogosphère MoDem à la question de la crise financière. Alcibiade a relevé quelques billets, mais il y en a d'autres, chez KaG, par exemple (EDIT : ou encore du côté de la Voix de Grenoble.)

  • Bayrou perplexe après le sommet européen

    François Bayrou est demeuré fort perplexe après le mini-sommet européen d'hier à l'Elysée :

    «Mes interrogations sont entières et je n'ai pas trouvé dans les annonces ou les décisions prises à la suite du sommet de l'Elysée, de choses extrêmement concrètes»

    S'il a jugé les «intentions, naturellement positives», il n'a toutefois rien observé «de nature à régler la crise ou, en tout cas, à faire repartir l'économie et la finance sur des bases saines».

    Il a estimé que le communiqué final du sommet était avant tout un «voeu pieux» et pas «une décision concrète opposable aux tiers»

    Le Président du MoDem a jugé que le pic de la crise n'était pas passé, déclarant que «que les points d'interrogation se multiplient» et observant « l'aggravation de la crise bancaire en Allemagne avec l'échec de la recapitalisation de la banque immobilière Hypo Real Estate».

    «Il y a des germes de fragilité dans tout le système bancaire et économique européen», a-t-il ajouté.

    Il a regretté que n'aient été présents autour de la table, lors du mini-sommet  «que les plus grands pays européens».

    «Pour bâtir une réponse européenne, on aurait dû élargir ce cercle à ceux des pays européens qui ont en partage la monnaie unique», a-t-il enfin conclu, déplorant l'absence de solidarité dans la zone euro.

     

  • De l'hydrogène pour l'Europe !

    Zut, alors, cela m'avait échappé ! Je viens de voir que le 03 septembre dernier, les parlementaires européens ont voté un texte très positif pour promouvoir l'utilisation d'un hydrogène produit proprement pour les automobiles. Je pense que nous devrions, au MoDem, créer une commission spécifique à l'énergie. Je crois que notre euro-députée Anne Laperouze, qui est aussi rapporteur pour l'ADLE et ingénieur spécialisée dans la chimie, est toute désignée pour animer une telle commission. Elle appartient par ailleurs à la commission européenne Industrie, Recherche et Energie.

    Les parlementaires européens ont souhaité qu'un certain nombre de composants des automobiles à hydrogène soient soumis à une homologation commune.

    Voici légalement e communiqué du Parlement Européen sur le sujet :

    En approuvant par 644 voix en faveur et 2 voix contre le rapport d'Anja Weisgerber (PPE-DE, DE), le Parlement a approuvé un amendement de compromis qui permettra l'adoption définitive d'un règlement visant à établir dans un premier temps, l'harmonisation des normes techniques pour l'homologation des véhicules alimentés par hydrogène. Cette harmonisation vise essentiellement à prévenir l'adoption de normes différentes d'un État membre à l'autre et à assurer le bon fonctionnement du marché intérieur.

    La plupart des fabricants investissent déjà dans le développement de cette technologie et ont commencé à mettre ces véhicules sur le marché. Dans les années à venir, la proportion de véhicules alimentés par l'hydrogène est susceptible d'augmenter. Il était donc nécessaire de préciser les exigences quant à la sécurité de ces véhicules. Comme les fabricants ont des approches parfois différentes pour le développement de ces véhicules, il était nécessaire d'établir des exigences de sécurité "technologiquement neutres".

    Des voitures aussi sûres…

    Dans la mesure où l’utilisation de l’hydrogène pour la propulsion des véhicules suscite des craintes, il convenait de s'assurer que ces systèmes soient aussi sûrs que les technologies de propulsion classique. Ce type de voiture devrait se distinguer par un marquage informatif mais non stigmatisant. C'est pourquoi le PE, dans le texte adopté aujourd'hui, préfère parler d'identification des voitures plutôt que d'étiquetage, comme le propose la Commission européenne. Les députés soulignent qu'il s'agit de voitures aussi sûres que celles qui sont munies de moteurs traditionnels, essence ou diesel. Le marquage d'identification permettrait notamment aux services de secours d'identifier le type de moteur dans un véhicule en cas d'un accident de la route. A l'avenir, il devrait être électronique.

    …et plus propres?

    Les véhicules à hydrogène ne rejettent pas de polluants à base de carbone ou n'émettent des gaz à effet de serre. Dans le débat qui a précédé le vote, les députés ont souligné l'importance de l'adoption de ces nouvelles mesures non seulement pour le marché mais aussi pour l'environnement. En effet, il s'agit d'une technologie d'avenir qui devrait contribuer à la baisse des émissions du CO2. Mais pour que cet objectif soit atteint, il faut que l'hydrogène, qui est un vecteur de propulsion et non un combustible, soit fabriqué à partir de sources d'énergies renouvelables.

    Un projet de recherche européen, organisé selon le principe du partenariat public-privé, devrait concrétiser cet objectif avant 2020. A cette date, les voitures à hydrogène pourraient représenter 5% du parc de voitures dans l'UE. La technologie devrait être non seulement propre mais aussi moins coûteuse pour que les voitures à hydrogènes puissent trouver facilement des acquéreurs.

    Faciliter la distribution

    Le texte adopté souligne que le succès des véhicules à hydrogène sur le marché dépend de la disponibilité en Europe d'une infrastructure suffisante en termes de distribution. Le règlement demande à la Commission de prévoir des mesures pour soutenir la constitution, au niveau européen, d'un réseau de distributeurs de véhicules à hydrogène.

    Faire respecter la règlementation

    Enfin, le règlement oblige les États membres à mettre en place des sanctions à imposer aux fabricants en cas de violation de ses dispositions d'application et à prendre les mesures nécessaires pour assurer leur mise en œuvre. Les sanctions prévues devront être "efficaces, proportionnées et dissuasives" et communiquées à la Commission dans les dix-huit mois après la date d'entrée en vigueur de la réglementation.

    Tant que j'y pense, tous ceux qui s'intéressent à l'hydrogène en tant qu'énergie ont tout intérêt à consulter le blog H2, qui se tient très régulièrement au courant de cette actualité-là. J'ajoute que je suis déçu de l'absence de nouveauté dans ce domaine au Mondial 2008 de l'automobile à la Porte de Versailles. Au salon de Francfort, en 2007, Peugeot avait présenté un nouveau véhicule, la peugeot Flux, mais on ne peut aps dire que son design la destine à un grand public pour l'instant...Il y a actuellement un certain nombre de modèles qui fonctionnent, on aimerait els voir se développer sur les marchés européens.

  • L'Europe face à la mondialisation

    J'ai découvert un rapport très intéressant à parcourir sur le site Euromonde 2015. Il a été réalisée à la demande de Christine Lagarde et Xavier Bertrand. Son objet est d'interroger la pertinence de la Stratégie de Lisbonne au regard de l'évolution de la mondialisation, tout particulièrement économique.

    Laurent Cohen-Tanugi, l'auteur du rapport, rappelle que la Stratégie de Lisbonne avait été initiée en réponse au défi de la mondialisation de l'économie. Elle visait à faire de l'Europe l'économie de la connaissance la plus performante du monde. Les résultats sont de son point de vue en demi-teintes. Il  observe que si cette politique commune fait désormais consensus en Europe, ses résultats sont mitigés , particulièrement pour les grosses économies européennes (Italie, France, Allemagne, par exemple) et que même quand les résultats économiques sont bons, ils ne sont pas imputables directement à cette stratégie.

    Laurent Cohen-Tanugi voit comme cause de cette inefficience relative les modalités du processus de mise en oeuvre, très peu contraignantes.

    Il observe que les prescriptions de Lisbonne demeurent fondées, particulièrement pour la France, mais qu'elles ne sont plus suffisantes pour affronter les nouveaux défis de la globalisation, et qu'il faut, désormais, un "Lisbonne plus" face à la montée des puissances asiatiques et à la vitalité des entreprises américaines. De plus, « l’Union européenne est  confrontée à de nouveaux défis, dans son environnement extérieur tout comme en son sein même, dont l’existence ou du moins l’ampleur n’étaient pas perçues en 2000, ni même en 2005 : la concurrence du monde
    émergent, la problématique énergie/climat, les effets de l’élargissement à 27, la crise financière internationale, la géopolitisation de la mondialisation.»

    Laurent Cohen-Tanugi propose de recentrer la stratégie de Lisbonne sur ses axes prioritaires, afin d'éviter d'en faire un label pour tout et n'importe quoi en Europe : la compétitivité et l'innovation.

    « Lisbonne Plus articulera les dimensions économique, sociale et environnementale d’une économie et d’une société fondée sur le savoir et
    l’innovation, sans pour autant accaparer l’ensemble des problématiques économiques, sociales et environnementales nationales et européennes, qui doivent conserver leur autonomie.
    Sur le terrain social, l’éducation, la formation, la mobilité, les politiques d’ajustement à la mondialisation, les politiques d’intégration, la lutte contre le vieillissement, la relance du dialogue social doivent être au coeur de Lisbonne Plus.»

    L'auteur note au passage que l'Europe compte dans le monde essentiellement dans les domaines où elle applique une politique commune renforcée (agriculture, monnaie, par exemple).

    Les prochaines politiques externes qui doivent faire l'objet d'un projet et d'une application communs sont les suivants : diplomatie énergétique et environnementale, politique d’immigration et de co-développement, surveillance communautaire des prises de contrôleextra-européennes dans les secteurs sensibles.

    Ce que je trouve, pour ma part très inquiétant, c'est l'exposé des faits suivants, alors que la connaissance et l'innovation étaient au coeur de la Stratégie de Lisbonne :

    «La Stratégie de Lisbonne a consacré un objectif global de 3% du PIB pour l’investissement dans la R & D. Or les dépenses publiques européennes demeurent très loin de cet objectif, à 1.8% du PIB, et apparaissent même en régression depuis 2000.
    De manière plus fine, l’analyse de l’évolution des dépenses nationales de R & D permet de constater que :
    - seules la Finlande et la Suède dépassaient en 2006 l’objectif de 3 % du PIB, 4 pays (Danemark, Allemagne, Autriche et France) se situaient entre 2 et 2,5%, tandis que 11 autres pays affichaient un niveau de dépenses inférieur à 1% ;
    - sur la période 2000-2006, 17 pays ont affiché une progression de leur dépense intérieure de R & D, tandis que 10 autres (dont la France et le Royaume-Uni) ont vu baisser ou stagner leur niveau de dépenses

    Il y a là des pistes de réflexion nombreuses. Nul doute que le MoDem doit s'emparer de ces problématiques en vue de son programme européen. J'aurai l'occasion d'en reparler dans un prochain billet.

  • Un statut européen pour les blogs ? Moi je suis pour !

    Je viens de lire le projet de résolution de Marianne Mikko, eurodéputée socialiste européenne . J'ai vu pas mal de réactions à vif sur la blogosphère à ce sujet. Par exemple, celle de Marc Vasseur ou encore de la délicieuse et charmante Trublyonne. Je crois qu'il ne faut pas s'enflammer excessivement. Le projet qui a été voté à la quasi-unanimité de la commission culture et éducation du Parlement Européen a, avant toutes choses, la volonté de garantir le pluralisme des médias, et d'ailleurs, cet objectif est réaffirmé à maintes reprises dans l'exposé des motifs.

    Je crois que ce qui provoque l'ire de mes amis gauchistes, ce sont les propositions suivantes :

    7. propose l'introduction de redevances adaptées à la valeur commerciale du contenu généré par des utilisateurs ainsi que de codes d'éthique et de règles d'utilisation pour les contenus générés par les utilisateurs dans les publications commerciales;

    8. suggère – que ce soit par le biais d'une législation ou autrement – de clarifier le statut des blogs et encourage leur labellisation en fonction des responsabilités professionnelles et financières et des intérêts de leurs auteurs et éditeurs;

    Ben oui, cela me paraît limpide, cette histoire, et je ne vois pas ce que cela a de choquant : dès lors que le blog génère sciemment une valeur commerciale, cela ne me paraît pas criminel d'envisager des taxes. Notons que le projet parle des contenus générés dans les publications commerciales. Ni Trublyonne, ni Marc Vasseur ne seraient, je pense concernés par cet aspect. Et puis voyons, amis gauchistes et pré ou post-marxiste, c'est quoi cette posture nouvelle de social-trâitre mâtiné de libéralisme que de ne pas vouloir taxer les activités commerciales ? Parce que l'énoncé du texte ne dit pas autre chose...

    Le point 8, encourager et suggérer, cela n'a rien d'impératif. La labellisation, cela peut être intéressant pour nous autres bloggueurs : par exemple, si cela devait nous permettre d'obtenir une carte de presse, pourquoi pas. Enfin moi, je ne vois vraiment pas de quoi fouetter un choix dans cette histoire. Le document réaffirme à plusieurs reprises l'impérieuse nécessité « d'assurer l'indépendance des journalistes et des éditeurs par des garanties spécifiques juridiques et sociales appropriées, ainsi que le respect des meilleures pratiques par les propriétaires des médias dans chaque marché où ils opèrent »

    Dans l'exposé des motifs, on trouvait cela :

    «Dans ce contexte, le rapport souligne que le statut indéterminé et non signalé des auteurs et diffuseurs de blogs entraîne des incertitudes en matière d'impartialité, de fiabilité, de protection des sources, d'application des codes d'éthique et de détermination desresponsabilités en cas de poursuites en justice

    Ben oui, c'est un peu la jungle actuellement, et je ne suis pas sûr que ce soit à notre avantage.

    Je pense que Marielle de Sarnez, qui siège dans cette commission, a approuvé ce projet, et, pour ce qui me concerne, j'approuve cette résolution également. La 1ère proposition du projet, c'est tout de même celle-ci, je le rappelle :

    [le projet] «demande instamment à la Commission et aux États membres de préserver le pluralisme des médias, d'assurer que tous les citoyens de l'UE peuvent avoir accès à des médias libres et diversifiés dans tous les États membres, et de recommander des améliorations là où elles sont nécessaires;»

    Ben écoutez, si on n'avait déjà ça dans notre constitution, eh bien j'en serais bien content. Malheureusement, en France, on est encore assez loin du compte...Tiens, je ne résiste pas à l'envie de publier le point 11 :

    « encourage la divulgation de la propriété des médias afin de contribuer à la compréhension des objectifs et de l'identité du diffuseur;»

    Ben oui, voyons : y'a des fois, mois, j'aimerais bien savoir qui sont les actionnaires de tel ou tel média...parce qu'on ne le sait pas toujours. D'autant que le texte de la commissiojn ne parle pas de l'identité de l'auteur (blogophiles, dormez tranquille) mais bien de celle du diffuseur.

    Bon, en tout cas, j'espère me faire à nouveau plein de nouveaux petits copains (et petites copines) sur la blogosphère avec ce nouvel article à contre-courant du bêlement commun...

     

     

     

  • Asie centrale, le mauvais calcul de l'Europe

    Un forum de rencontre entre pays de l'Asie Centrale et l'Europe s'est déroulé tout récemment à Paris. Cette région du monde intéresse l'Europe, car elle y voit une alternative à la Russie pour diversifier ses sources d'énergie. L'Europe cherche donc à nouer une relation privilégiée avec cette région du monde, d'autant que les enjeux ne manquent pas : poussée de l'islamisme, mais, surtout, ressources énergétiques abondantes.

    Ce qui me scie, c'est la persistance effrante de l'Europe dans l'erreur de calcul. Nous fondons nos partenariats géostratégiques sur nos besoins énergétiques en énergies fossiles ! énergies fossiles, cela veut dire non-renouvelables et épuisables à court-terme désormais. Si l'Europe veut l'indépendance énergétique, elle doit se tourner vers l'énergie solaire, certains bio-carburants et l'hydrogène. C'est une question de volonté politique. J'ai souvent le sentiment que l'écologie n'est sur le fond pas rentrée dans les moeurs : elle demeure essentiellement un élément du décor, un effet brigth pour faire paraître les dents plus blanches, mais absolument pas une lame de fond qui devrait irriguer toute la classe politique.

    Les républiques d'Asie centrale vivent quasiment toutes sous le régime du despotisme, avec un mépris à peu près total pour les droits humains. S'engager dans cette zone du monde a un sens si nous y souhaitons une évolution politique, les régimes despotiques étant souvent instables. Mais s'y engager uniquement pour nous assurer des sources d'énergie alors que ces dernières vont disparaître,  quelle erreur d'appréciation sur le fond !

    Demandez donc à Annakourban Amanklytchev et Sapardourdy Khadjiev qui croupissent au fond d'une geôle dans des conditions épouvantables ce qu'ils pensent du régime turkmène... et quid d'Ogoulsapar Mouradova morte sous les coups en prison dans cette même "république" ?

    C'est assez comique, d'ailleurs, de voir toute la presse française au garde-à-vous parler gentiment de "république" pour ces régimes despotiques. Montesquieu doit se retourner dans sa tombe, lui qui voyait dans la République le plus vertueux des régimes, et dans le régime despotique, le plus néfaste et vicieux des régimes politiques.