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L'Europe face à la mondialisation

J'ai découvert un rapport très intéressant à parcourir sur le site Euromonde 2015. Il a été réalisée à la demande de Christine Lagarde et Xavier Bertrand. Son objet est d'interroger la pertinence de la Stratégie de Lisbonne au regard de l'évolution de la mondialisation, tout particulièrement économique.

Laurent Cohen-Tanugi, l'auteur du rapport, rappelle que la Stratégie de Lisbonne avait été initiée en réponse au défi de la mondialisation de l'économie. Elle visait à faire de l'Europe l'économie de la connaissance la plus performante du monde. Les résultats sont de son point de vue en demi-teintes. Il  observe que si cette politique commune fait désormais consensus en Europe, ses résultats sont mitigés , particulièrement pour les grosses économies européennes (Italie, France, Allemagne, par exemple) et que même quand les résultats économiques sont bons, ils ne sont pas imputables directement à cette stratégie.

Laurent Cohen-Tanugi voit comme cause de cette inefficience relative les modalités du processus de mise en oeuvre, très peu contraignantes.

Il observe que les prescriptions de Lisbonne demeurent fondées, particulièrement pour la France, mais qu'elles ne sont plus suffisantes pour affronter les nouveaux défis de la globalisation, et qu'il faut, désormais, un "Lisbonne plus" face à la montée des puissances asiatiques et à la vitalité des entreprises américaines. De plus, « l’Union européenne est  confrontée à de nouveaux défis, dans son environnement extérieur tout comme en son sein même, dont l’existence ou du moins l’ampleur n’étaient pas perçues en 2000, ni même en 2005 : la concurrence du monde
émergent, la problématique énergie/climat, les effets de l’élargissement à 27, la crise financière internationale, la géopolitisation de la mondialisation.»

Laurent Cohen-Tanugi propose de recentrer la stratégie de Lisbonne sur ses axes prioritaires, afin d'éviter d'en faire un label pour tout et n'importe quoi en Europe : la compétitivité et l'innovation.

« Lisbonne Plus articulera les dimensions économique, sociale et environnementale d’une économie et d’une société fondée sur le savoir et
l’innovation, sans pour autant accaparer l’ensemble des problématiques économiques, sociales et environnementales nationales et européennes, qui doivent conserver leur autonomie.
Sur le terrain social, l’éducation, la formation, la mobilité, les politiques d’ajustement à la mondialisation, les politiques d’intégration, la lutte contre le vieillissement, la relance du dialogue social doivent être au coeur de Lisbonne Plus.»

L'auteur note au passage que l'Europe compte dans le monde essentiellement dans les domaines où elle applique une politique commune renforcée (agriculture, monnaie, par exemple).

Les prochaines politiques externes qui doivent faire l'objet d'un projet et d'une application communs sont les suivants : diplomatie énergétique et environnementale, politique d’immigration et de co-développement, surveillance communautaire des prises de contrôleextra-européennes dans les secteurs sensibles.

Ce que je trouve, pour ma part très inquiétant, c'est l'exposé des faits suivants, alors que la connaissance et l'innovation étaient au coeur de la Stratégie de Lisbonne :

«La Stratégie de Lisbonne a consacré un objectif global de 3% du PIB pour l’investissement dans la R & D. Or les dépenses publiques européennes demeurent très loin de cet objectif, à 1.8% du PIB, et apparaissent même en régression depuis 2000.
De manière plus fine, l’analyse de l’évolution des dépenses nationales de R & D permet de constater que :
- seules la Finlande et la Suède dépassaient en 2006 l’objectif de 3 % du PIB, 4 pays (Danemark, Allemagne, Autriche et France) se situaient entre 2 et 2,5%, tandis que 11 autres pays affichaient un niveau de dépenses inférieur à 1% ;
- sur la période 2000-2006, 17 pays ont affiché une progression de leur dépense intérieure de R & D, tandis que 10 autres (dont la France et le Royaume-Uni) ont vu baisser ou stagner leur niveau de dépenses

Il y a là des pistes de réflexion nombreuses. Nul doute que le MoDem doit s'emparer de ces problématiques en vue de son programme européen. J'aurai l'occasion d'en reparler dans un prochain billet.

Commentaires

  • Merci l'Hérétique. J'avais assisté à une présentation de ce rapport par M. Cohen-Tanugi à Bruxelles. Il est bon que la réflexion sur "Lisbonne" post-2010 soit engagée.

    A ce titre, il faudrait créer le lien avec la réflexion sur la réforme en profondeur du budget européen, elle aussi engagée et qui fera l'objet d'un rapport de la Commission d'ici fin 2009, vraisemblablement avant la fin du mandat de la présente Commission. Voir le site: http://ec.europa.eu/budget/reform/index_fr.htm

    En ce qui concerne les dépenses de recherche, il faut savoir que ce qui fait défaut à l'Europe se sont non pas en premier lieu les dépenses publiques en R&D, mais la participation du privé qui semble trouver des conditions plus favorables pour ses investissements aux Etats-Unis et au Japon.

  • @ Pastel

    Oui, c'est ce que j'ai cru comprendre. Peyrelevade dit que les entreprises françaises sont celles qui dégagent les marges les plus faibles d'Europe et que c'est pour cela qu'elles n'investissent pas.

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