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Bayrou - Page 16

  • Bayrou entre emploi et réarmement industriel

    J'avais déjà évoqué le 20 janvier dernier des éléments de la stratégie industrielle de François Bayrou. Le dévoilement et le chiffrage de son projet, ce matin, me permettent d'ajouter quelques éléments.

    Jean Peyrelevade, l'un de ses proches conseillers, s'exprimait ce matin sur France Info et faisait valoir que c'est à tort qu'on faisait porter au coût du travail la baisse de notre compétitivité. En fait, remarque Peyrelevade, nous avons des champions industriels, mais nous avons abandonné une quantité assez invraisemblable de créneaux. Chaque créneau est petit, mais leur somme est mastodontesque. Nous avons un problème de gamme, en somme. Il citait quelques exemples, mais j'ai tout de même retenu que nous importions nos lunettes de plongée du Japon parce que nous n'en produisons pas en France !

    D'une certaine manière, Bayrou tente de prendre en tenailles le problème : il est convaincu qu'il ne faut pas toucher aux salaires car ils sont la garantie de la consommation. Ainsi, s'il escompte bien faire des économies dans les dépenses de l'État, il ne veut absolument pas qu'elles se fassent au détriment des revenus des salariés de la fonction publique. Pas de blocage de points d'indice ni de grilles de salaires avec lui.

    C'est pour cette raison aussi qu'il récuse la facilité (en apparence) qui consisterait à lutter contre les coûts du travail avec d'autres pays. C'est pour cette même raison qu'il estime que la TVA sociale ne saurait en aucun cas apporter un surcroît de compétitivité. Si TVA il doit y avoir (il prévoit une hausse de 1%) c'est exclusivement pour faire partie d'un pack destiné à désendetter l'État.

    La PME demeure pour lui la clef du réarmement industriel. Toutefois, il est difficile d'en favoriser la création ex nihilo, et, s'il approuve l'existence de stratagèmes public, il pense aussi qu'ils ne suffiront pas. Oui à Oseo, bien sûr, mais il faut aller plus loin : il faut que l'investissement puisse s'associer directement à l'industrie. Pour cela, il escompte actionner deux leviers :

    a) l'investissement des particuliers avec un livret épargne industrie qui pourrait proposer d'assez fort rendements et drainer ainsi l'épargne des particuliers.

    b) celui des plus gros acteurs à commencer par les grandes entreprises : l' avantage fiscal lorsqu’une grande entreprise aura créé une structure d'investissement en direction des PME ou pris une participation dans une telle structure me paraît particulièrement astucieux.

    Il y a là une mesure propre à favoriser la constitution de clusters, ces grappes d'entreprises qui ont fait et font encore le bonheur et le dynamisme de la Silicon Valley.

    Bayrou n'a jamais été un admirateur des conflits dans le travail : plutôt que des grèves dures, il préfère la co-gestion. Mais pour lui donner une substance bien plus consistante que la traditionnelle négociation à flux tendus, il suggère d'acter par une loi la participation en dur des représentants des salariés, les syndicats, en somme, aux Conseils d'Administration de toutes les entreprises.

    Voilà qui ferait un bien fou à la démocratie sociale dans le travail. J'imagine la tête des gros actionnaires face aux représentants syndicaux quand il va s'agir de proposer d'éventuelles délocalisations. Nul doute qu'il ne sera plus possible d'agir dans le dos des salariés. Mais ce sera aussi l'occasion de proposer cartes sur table des stratégies. La méfiance se nourrit du secret.

    Le capital-risque doit pouvoir trouver son compte et des compensations dans les risques qu'il prend : l'idée de proposer aux Business Angels la possibilité de déduire leurs pertes de leurs impôts sur le revenu est très forte et très bien pensée. Très bonne incitation fiscale ciblée.

    Les PME auront besoin de pouvoir employer : un emploi sans charge pour les entreprises de moins de 50 salariés pendant deux ans, c'est une sécurité pour les TPE qui grossisssent. Quel est le problème ? Votre entreprise grossit, il y a trop de travail pour vous, mais peut-être pas assez pour votre premier salarié. L'exemption des charges pendant deux ans est un sacré coup de pouce pour voir venir...

    J'ai suffisamment parlé du Made in France et notamment du label que Bayrou entend développer pour y revenir. Je signale toutefois un sondage qui fera taire tous ceux qui affirment que l'ambition de Bayrou relève d'une douce rêverie : 83% des Français sont prêts à payer plus cher pour acheter un produit français. Il n'y a plus que les dirigeants socialistes pour affirmer le contraire. L'idée de Bayrou, qui épousait une aspiration profonde du peuple français continue de faire son chemin.

    Je n'ai pas présenté ici la totalité des mesures de François Bayrou, mais si avec cela, si jamais Bayrou est élu, nous ne retrouvons pas le chemin de la croissance et de l'emploi, je veux bien manger mon ordinateur portable sans aucun assaisonnement...

  • Hollande tentera de coller les enseignants aux «35 heures»

    Qui ne connaît les deux bons vieux proverbes : «qui ne dit mot consent» et «les promesses n'engagent que ceux qui y croient».

    Il faut décrypter les silences de Hollande et ses demi-propos. Son programme annonce vouloir ouvrir un grand débat sur l'attractivité du métier d'enseignant ainsi que sur le statut de cette profession, tout en discutant de la revalorisation des salaires.

    Soyons honnête : on ne crée pas 60 000 postes dans une branche tout en augmentant les salaires. Plus généralement, je dirais simplement : dis-moi quel est ton conseiller je te dirai ce que tu feras.

    Le conseiller éducation de François Hollande est Vincent Peillon. Vincent Peillon rêve de coller les enseignants 35 heures dans les établissements et d'allonger leur année scolaire. Il l'a dit à plusieurs reprises. 

    Jamais je n'ai entendu qui que ce soit dans l'entourage socialiste revenir sur ces objectifs. Verba volant, scripta manent, seuls les écrits font foi à mes yeux. A ma connaissance, seul François Bayrou a explicitement fait savoir qu'il s'opposait à tout allongement du temps de service des enseignants. Il l'écrit noir sur blanc dans son État d'urgence, faisant observer que nul ne sait ce qu'est le butinage de l'enseignant (et le temps qui va avec) quand il prépare ses cours.

    Demain, c’est leur temps de travail qui sera attaqué, à la suite, "naturellement", d’une large concertation. Dont on connait le résultat à l’avance puisqu’il a été décidé à l’avance (…). Personne pour expliquer qu’une heure de cours, ce sont des heures de préparation, de corrections, de lectures, de butinage intellectuel, pour essayer tous les jours un peu mieux, de comprendre ce qu’on enseigne, et de mieux l’enseigner.

    De la même manière, Bayrou s'oppose à ce que les enseignants ne soient évalués que par les chefs d'établissement, ne serait-ce que parce qu'une administration qui se prive de ses corps d'inspection signe sa déliquescence.

    Le grand silence de Hollande et des Socialistes en général (pas un n'a soutenu les syndicats enseignants dans leur révollte) est éloquent.

    Il ya évidemment parmi les enseignants des adeptes de ces 35 heures-là. En partie par conviction (Ségolène Royal s'en faisait déjà l'apôtre en 2007), en partie par militantisme. Tiendront-ils puisqu'ils doivent craindre le froid, désormais ?

    C'est très intelligent, 35 heures dans les établissements à l'heure où 1 agent sur 4 de l'Éducation Nationale est en état d'épuisement.

    J'avoue que je ne comprends pas les enseignants : ils sont actuellement 35% à accorder leurs suffrages à Hollande et aux Socialistes contre 10 seulement pour Bayrou.

    Pourtant, ils doivent le comprendre : s'il y a une majorité socialiste qui accède au pouvoir, ils sont morts. De même si l'UMP survit à son déclin et parvient à conserver une majorité.

    Seul Bayrou défend explicitement le statut des enseignants. On n'entend aucune autre protestation à gauche, preuve que les Mélenchon, Joly et compagnie sont exactement sur la même longueur d'ondes que François Hollande...

    Mieux, vous allez voir : surveillez bien les commentaires de ce billet ! Si la pravdasphère débarque ici, vous pouvez vous attendre à ce qu'elle justifie son champion et en aucun cas à ce qu'elle ne critique les orientations de son poulain.

    Mieux vaut faire confiance à un homme dont les axes directeurs sont à la fois clairs et sains. Pas de fioritures, des mesures simples et justes.

  • Péril jaune !

    C'était à la mode, au début du XXème siècle, de clamer au péril jaune, surtout quand les Japonais ont infligé leur première rouste aux Russes. Après la Seconde Guerre Mondiale, le développement économique, il y a eu un léger glissement sémantique : on est passé du terrain militaire au terrain économique. Avec les années 90 et un sérieux coup de mou dans l'économie Japonaise, le Péril Jaune s'est déplacé de quelques centaines de kilomètres vers l'Ouest.

    Alors, nom d'un béret basque, non seulement ils nous exportent à tire-larigot leur textile, mais en sus ils nous envoient aussi des frelons ! Tiens, ça nous apprendra à importer aussi de la poterie chinoise. Comme si on n'avait pas assez de terre glaise et d'argile chez nous !

    Le député centriste Philippe Folliot s'en est ému et a proposé le classement du frelon asiatique dans la catégorie des nuisibles. Cette sale bestiole ravage nos ruches. En principe, un nid de frelons européens, c'est environ une centaine d'individus, mais le frelon asiatique, c'est par grappe de 2000 à 5000 qu'ils s'installent !

    Jusqu'ici, le code rural ne considère comme nuisible que ce qui s'attaque à des végétaux, or, l'abeille est un insecte. Il faut donc une modification substantielle, comme l'a proposé Philippe Folliot.

    C'est un peu la panique chez les apiculteurs. Il ne faut pas oublier que les abeilles ne se contentent pas de produire du miel : ce sont aussi les principales pollinisatrices des plantes. En Chine, où on a fait un peu trop joujou avec les produits chimiques, des régions entières se sont retrouvées sans abeilles et il a fallu polliniser à la main. A ceux qui ne seraient pas convaincus, je leur suggère de faire une tentative en se contenant d'un mètre carré de fleurs ou simplement d'un pommier. Vous verrez, après, ils béniront les abeilles, ces sympathiques petites bestioles qui travaillent gratis pour nous.

    Pas étonnant, dans ces conditions, que François Bayrou en ait fait l'emblème de son projet écologique.

    En 2010, le Centre d'études poétiques et littéraires de la Lozère a eu la riche idée de faire de l'abeille le thème principal de son concours de poésie.

    Ayons dans nos esprits la prière de Victor Hugo : 

     

    Seigneur, préservez-moi, préservez ceux que j’aime,

    Frères, parents, amis, et mes ennemis même

    Dans le mal triomphant,

    De jamais voir, Seigneur, l’été sans fleurs vermeilles,

    La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,

    La maison sans enfants!…

    O vous dont le travail est joie,

    Vous qui n’avez pas d’autre proie

    Que les parfums, souffles du ciel;

    Vous qui fuyez quand vient décembre,

    Vous qui dérobez aux fleurs l’ambre

    Pour donner aux hommes le miel…

     

  • A gauche on a du mal avec la réalité...

    Julien Dray a quelques difficultés avec le principe de réalité. Je le lis expliquer sur son blogue que Bayrou a toujours fait partie de la majorité de droite et qu'il reviendra à son camp. Bayrou est indépendant depuis fort longtemps, désormais, et les échecs électoraux du MoDem s'expliquent justement par cette volonté de faire le chemin seul. Seul, et avec des têtes fondamentalement nouvelles en politique.

    Julien Dray accuse Bayrou de vouloir attenter à la puissance publique : il ne fait pourtant qu'énoncer une donnée de la réalité. La France est déficitaire, le budget doit revenir à l'équilibre. Il me semble bien que c'est aussi ce que veut (au moins en paroles) François Hollande. Alors ? Ce qui est bon chez Hollande est mauvais chez Bayrou ?

    Dire que Bayrou n'est pas le changement est assez amusant, venant d'un représentant d'un des deux parties de pouvoir.

    Quant au tournant social, on attend toujours de savoir quel va en être le financement. Je rappelle, une fois encore, que François Hollande parle de redéploiements pour la fonction publique et de rien d'autre. On sait donc qu'il va forcément supprimer des emplois quelque part. On aimerait savoir où...

    Mettre sur le même plan les 2% de TVA supplémentaires de Bayrou et les 1.6 de Sarkozy comme on le voit sur les réseaux sociaux de la part des Socialistes relève de la forfaiture. Les 2% de Bayrou font partie d'un paquet global destiné à venir à bout de nos déficits. Il n'en constitue qu'un nécessaire élément. A celui-ci s'ajoute une tranche supplémentaire d'impôt sur le revenu, un impôt universel sur le patrimoine sans niches et un taux de CSG révisé pour garantir le financement de la protection sociale.

    De toutes façons, les Socialistes finiront d'une manière ou d'une autre par faire payer les Français parce que c'est inévitable. Alors ce n'est pas très honnête de raconter des salades...

  • 2017 : Marine Le pen et le FN gagnants ?

    Tous ceux qui s'intéressent vraiment à la politique (et même les autres, d'ailleurs) doivent absolument acheter le dernier numéro de Marianne. Précipitez-vous, il est encore en kiosque.

    L'hebdomaire a consacré une longue enquête à l'électorat FN. Une vraie enquête. Pas de celles que la presse condescendante et bobo consent de temps à autre à pondre pour conjurer le "péril brun" prolétarisé.

    Marine Le pen est jeune, très jeune en politique. Elle n'est pas laide, et elle est charismatique. Elle a le vent en poupe, et surtout, son électorat est bien plus fidélisé que ne se l'imaginent les adversaires du Front National. En fait, pour 2012, récupérer les électeurs du Front National, c'est déjà foutu. Marine Le pen ne pourra prendre le pouvoir en 2012. Mais si la politique menée d'ici 2017 échoue, ses rangs pourraient grossir démesurément jusqu'au seuil fatal où elle pourrait devenir majoritaire...

    La presse ne cesse de saluer en François Hollande l'inéluctable vainqueur de 2012. Le Canard enchaîné que j'ai connu plus caustique et perspicace esquisse aujourd'hui en une un sous-marin émergeant sous le pédalo. Cette absence totale de lucidité ne laisse de m'inquiéter. L'électorat Front National est d'abord jeune et populaire. Pas exclusivement ouvrier. On y trouve largement représentée une France qui ne bénéficie guère des avantages variés dont la gauche se voudrait la généreuse dispensatrice.

    J'ai été assez impressionné de voir la gauche relancer le droit de vote des étrangers aux élections locales. Il me semble que l'on a tout de même d'autres étendards à porter, en période de crise, qu'une mesure qui fait polémique et de surcroît, ne concerne, dans la réalité, qu'un tout petit segment de la population. Sans doute la gauche se croit-elle populaire quand elle fait des immigrés sa préoccupation principale.

    Il y a une très forte pression protectionniste au sein de l'électorat FN, et, plus inquiétant, au sein de la population française, ce qui laisse à penser que le FN a une marge de progression possible.

    La seule réponse pertinente, m'a-t-il semblé, dans cette campagne, a été et demeure celle de François Bayrou avec son projet de Made in France. Les procès en nationalisme auxquels il a donné lieu à gauche montre d'ailleurs les limitations de la gauche actuelle : prise au piège de sa propre hypocrisie elle dénonce les méfaits de la mondialisation tout en récusant toute solution nationale au nom de la mondialisation. Chacun de mes billets ici sur les biens produits en France que j'achète me valent un concert de quolibets et de sarcasmes de la pravdasphère.

    On ne sait où en est l'UMP et la droite en général tant elles naviguent à vue, elle aussi, n'usant du fait national que comme seul argument électoral.

    Il n'y pas de Hari Seldon (les amateurs du Cycle de la Fondation d'Asimov apprécieront la référence) au MoDem ni nulle part ailleurs, et nul ne sait donc de quoi l'avenir sera fait. On peut essayer de débattre avec Marine Le pen et les experts du FN pour obtenir des réponses (c'est sans espoir dans le domaine économique, ni Anne-Sophie Lapix ni moi ne parvenons à en obtenir de cohérentes...) mais c'est peine perdue, me semble-t-il. Son électorat n'en a cure, et toute "victoire" dans ce domaine ne reviendrait qu'à s'autocongratuler, spécialité de la pravdasphère et du landernau politico-médiatique en général.

    La seule chose qui puisse faire reculer le FN, c'est d'une part un programme qui relance l'emploi et le pouvoir d'achat en France, la relocalisation de la production, en somme, et d'autre part, la prise en compte des inquiétudes de l'électorat FN (insécurité, immigration, déclassement). Bayrou répond au moins au premier item. Pour le reste, en revanche, rien au sein de la classe politique dans son ensemble en face du FN si ce ne sont tantôt de ridicules objurgations à rejoindre le camp du "bien" tantôt une imitation ridicule dont la servilité ne parvient pas à effacer la fadeur et l'inconsistance.

  • Mélenchon et Bayrou : si loin et si proches...

    C'est curieux : je suis un centriste d'obédience libérale et je devrais donc considérer Mélenchon et ses supporters comme mes adversaires principaux, et pourtant, ce n'est pas le cas.

    Bayrou et Mélenchon s'opposent radicalement par leur analyse de l'environnement économique, ce qui est loin d'être négligeable, mais ils partagent aussi un goût prononcé et profond pour la culture et la défense de la culture et un véritable amour du peuple français.

    Quand j'entends Mélenchon parler sur l'école, par exemple, en dehors de Bayrou, je trouve que c'est le seul qui échappe à la doxa bien-pensante et si c'était l'unique critère de mon vote, nul doute qu'il lui serait acquis immédiatement après Bayrou.

    Bon, évidemment, si vous lisez de temps en temps le blog du товаричь (tovaritch : paf, j'ai réussi à l'écrire en russe :-) !) Gauche de combat et ses échos de la gauchosphère, vous allez constater de, comment dirais-je, substantielles divergences de vue...

    Au fond, Mélenchon et Bayrou ont en commun d'être des trublions, des empêcheurs de tourner en rond. J'ai bien aimé la manière dont Mélenchon a envoyé ch... le petit Journal. Il paraît que Barthès va perdre sa carte de presse. Bon débarras. Ce gars-là fait du divertissement, pas de l'information et en plus il diffuse des contre-vérités. A preuve l'histoire de l'audi qui n'appartenait pas à Bayrou ou encore, plus récemment, la fausse absence d'effusions entre Éva Joly et Mélenchon.

    Bref, respect pour Mélenchon, mais...ça s'arrête là, parce que politiquement, les amis, c'est la baston, on n'a presque rien de commun, les gauchos et moi :-)

  • La droite ne peut plus compter que sur le centre pour éviter la gauche

    Je suis assez tenté de souhaiter bonne retraite à Nicolas Sarkozy, à l'instar d'un autre Nicolas, et j'en profite pour revenir sur l'article du Monde qu'il cite. Nicolas Sarkozy se laisse aller à des confidences et avoue qu'il ne croit plus guère en sa victoire. Plus personne à droite ne peut gagner car il est trop tard pour lancer une alternative crédible. Si la droite veut éviter toutes les conséquences d'une prise de pouvoir par la gauche, et elle serait alors totale puisqu'elle détient déjà le Sénat, les grandes villes et les Régions), elle ne peut qu'espérer se reporter vers le Centre.

    Évidemment, il y a des différences notables entre François Bayrou et Nicolas Sarkozy. Il ne faut pas compter sur le premier pour chasser les étudiants étrangers, et, si je crois qu'il évitera d'alourdir démesurément les impôts, il fera le nécessaire tant que notre budget ne sera pas à l'équilibre. Il ne fera pas des fonctionnaires ses cibles principales. Les lobbies et les réseaux de pouvoir ne trouveront pas d'oreille complaisante auprès de lui. Mais François Bayrou a en commun avec Nicolas Sarkozy de respecter l'initiative individuelle et privée. Sa politique n'ira pas contre les entrepreneurs, pas contre les salariés non plus dont il désire alléger les charges, pas contre les professions libérales trop souvent stigmatisées. Pas de démagogie ni d'ennemi pointé du doigt, mais des objectifs clairs et précis, avec des mesures identifiées et pragmatiques adossées à une éthique irréprochable. Bayrou n'aime pas que l'on fasse de l'argent la pierre angulaire de l'action humaine, mais il n'a pas non plus cette détestation mêlée de fascination et d'attirance pour le capital que l'on trouve à gauche. Son refus de stigmatiser la finance et les banquiers et son choix de désigner les causes réelles de notre essouflement attestent ce désir d'honnêteté.

    Le coeur même de la démocratie chrétienne au fond, avec toutefois une touche de laïcité nettement plus appuyée que le démocrate-chrétien moyen auquel l'opinion est habituée.

    Je n'aime pas l'idée de voter pour quelqu'un par défaut, ne serait-ce que parce que je l'ai trop fait moi-même. C'est pour cette raison que j'essaie de donner des raisons objectives aux électeurs de droite de voter pour Bayrou, sans toutefois leur mentir. Il leur reste cent jours pour réfléchir à la question.

  • Hop, j'ai trouvé (et acheté) des jeans Made in France !

    Et hop, salut Florac ! Rien de tel que le jean cévenol. Je songeais, les soldes et embonpoint venant, à me racheter quelques jeans : petit tour sur mes magasins en ligne habituels, visites chez quelques marques connues mais, soudain, inspiration ! Et si je cherchais jean français sur Internet ? Petit tour sur google et...bingo ! Je suis tombé sur le site des Jean's Tuffs. Trois frères résistent encore et toujours l'envahisseur et continuent de produire de la toile de qualité. Je vais pouvoir d'ailleurs vous en donner mon sentiment, j'ai commandé deux pantalons. Bon : ils sont à 59 euros, ok, mais ce n'est pas plus (et même moins en fait) que des jeans de marques diverses mais connues qu'on paie des fortunes, souvent plus de 100 euros/pièce. Quand je dis "on", je veux dire certains, évidemment. 

    La manufacture de Tuff a employé jusqu'à 45 salariés. Aujourd'hui, l'atelier n'occupe plus que trois personne, de novembre à pâques, seulement. Sans doute une activité complémentaire. L'ancêtre des Tuffery, Célestin Tuffery, était lui-même tailleur au début du XXème siècle. La tradition s'est poursuivie envers et contre tout. 

    C'est tout de même dingue, quand j'y pense. Regardez les jeans qui figurent sur le site Levi's, l'une des marques les plus célèbres. Enfin, regardez les jeans mais surtout les prix : de 100 à 400 euros, nom de Zeus ! Et il y a des clients. Alors, bon, avec leurs 60 euros, les trois frères, ça va ils ne volent pas le client, et, au moins, on est sûr qu'il n'y a ni prisonniers chinois (voire nord-coréens) ni enfants dans les ateliers qui triment pour les confectionner. 

    Je ne dis pas que 60 euros c'est donné, mais à qualité et standing comparés, je pense que cela vaut le coup. D'ailleurs, à Florac, tout le monde porte ces jeans.

    Bon, ça va encore faire ricaner l'Nicolas et l'Marc qui jugent insignifiante et grotesque l'idée principale de Bayrou sur le Made in France, l'Romain va encore hurler au loup nationaliste, il n'empêche que quand tu cherches, tu constates que cela tient la route la piste qu'a flairé le Béarnais.

    Allez, Norbert, Jean-Jacques et Jean-Pierre, on est avec vous ! Comme quoi, le Textile n'est pas condamné à s'expatrier nécessairement en Asie.

  • Quelques nouvelles de mon lave-vaisselle français

    J'ai entendu Bayrou dire ce matin que bien des Français pouvaient mettre deux euros de plus pour acheter français. C'est aussi mon avis. Il faisait référence aux malheureuses qui travaillaient pour Lejaby et se trouvent privées d'une existence de labeur.

    Moi, je pense tout de même qu'il y a d'abord un problème de distribution : tenez, ce sont les soldes, actuellement. J'ai fait donc un stock de linge et vêtements divers. Mais faute de temps, je commande par Internet ou je vais dans des enseignes aux choix étendus. On n'y trouve jamais de produits français, et, pour être franc, cette année, je n'ai vraiment pas le temps de me rendre sur 36 sites différents pour sléectionner un panel de vêtements français. Quand j'achète occasionnellement, OK, mais là, je suis sur une logique d'achat en gros.

    A mon avis, c'est une dimension que Bayrou doit introduire dans son programme. Ce n'est évidemment pas simple, parce qu'il est difficile pour l'État de dicter à la grande distribution ce qu'elle doit proposer ou non.

    Pour revenir à mon lave-vaisselle Brandt (Salut la Roche sur Yon, c'est là-bas qu'il est fabriqué), je ne puis que m'en réjouir. Niveau bruit, c'est clair qu'on l'entend nettement moins que mon ancien whirlpool qui n'avait pourtant que 4 ans. Côté séchage, pas de soucis pour les programmes longs. En revanche, pour les programmes très courts (30 minutes surtout), c'est un peu juste, mais largement acceptable.

    L'hâbitacle est très bien pensé. Dans le whirlpool, je ne pouvais passer de très grandes assiettes. Dans le Brandt, c'est possible. En outre, il y a un astucieux système, pour les couverts, qui permet de les fixer dans une sorte de couvercle troué tête en haut. La panier à couverts du bas se divise en deux zones de même que ce couvercle. On peut donc fixer un demi-couvercle et laisser la seconde partie du panier libre. La panier en question glisse sur toute une rangée d'assiettes. Selon le chargement du lave-vaisselle, on peut donc le placer à droite ou à gauche. Bien pensé.

    Il y a un second panier à couverts, mais petit, plutôt pour les petites cuillères, qui se trouve à l'étage supérieur. Côté verre, il y a un bon système pour les verres à pied : on parvient facilement à les bloquer sur les rangées latérales, contrairement au whirlpool. A ce sujet, j'en profite pour dire que Miele ne fait pas mieux sur ce point. Mes parents viennent d'en acheter un, et les verres à pied continuent à s'y promener ou s'entrechoquer désespérément...

    Pour mémoire, mon lave-vaisselle français est un Brandt VH13TFB. Une dernière particularité : il est produit par une SCOOP ! Oui, je m'explique : Brandt a été racheté par Fagor, maque espagnole, qui est elle-même une émanation de la SCOOP basque Mondragon ! Une incroyable épopée à lire sur Wikipedia. Cela dit, malheur à deux, les salariés français ne sont pas des socios et ils ne bénéficient donc pas de tous les avantages inhérents à ce statut...

  • École, les axes directeurs de Bayrou

    Le discours que Bayrou a prononcé à Dunkerque évoque clairement et nettement l'école qu'il entend mettre en place. A vrai dire, j'ai souri en l'entendant pester contre la méconnaissance du calcul mental aujourd'hui, envisageant de coller trois semaines au pain sec et à l'autre ceux qui l'ont enlevé de l'école primaire. On peut donc s'attendre à un retour en force des mathématiques à l'école si Bayrou accède au pouvoir suprême. Mais ce n'est pas tout.

    Il a réitéré son intention de faire des pratiques des enseignants la pierre angulaire des pédagogies qui seront appliquées à l'école. Voilà qui changera a) des réformes incessantes b) de la pratique constamment descendante qui caractérise la technocratie de Grenellle.

    Il a également précisé sa volonté de procéder à un dépistage précoce des difficultés des enfants à l'école et d'y apporter immédiatement une réponse adaptée.

    Il a aussi pris un engagement très clair pour le collège, préconisant des classes parallèles et adaptées pour permettre à ceux qui en ont besoin de rattraper leur retard.

    Enfin, il a rappelé le rôle essentiel de la culture générale (n'est-ce pas Monsieur Descoings qui vient d'en supprimer l'épreuve à Scien-Po) et renvoyé sans ménagement dans les cordes la bourdieuserie : 

    Ceux qui prétendent qu'il faudrait abandonner la culture générale, parce qu'elle serait affaire de privilégiés, ce sont les pires complices des pires abus de positions dominantes. C'est une école exigeante en culture générale qui est la seule école de l’égalité républicaine.

    Cela me paraît très bien. Je pense que l'école n'a pas besoin de plus que cela. Il a d'ailleurs conclu en appelant à une école exigeante.

    Au lieu d'une école qui abaisse le niveau d'exigence, je suis pour une école qui hausse le niveau d'exigence parce que l'exigence à l'école, c'est une résistance.

    PS et MAJ : je reçois parfaitement les préconisations de Brighelli. Elles me semblent cadrer avec ce que propose Bayrou.