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Education - Page 20

  • Accueil dans les écoles lors des grèves

    436638224.jpgQuand Xavier Darcos a fait passer son SMA, il y a quelque chose qui m'a étonné. Je ne comprends pas pourquoi un tel pataquès alors qu'il existait déjà des dispositifs adéquats par le passé. En lisant les récents compte-rendus des débats au Sénat, je suis tombé sur une intervention de Jacqueline Gourault, sénatrice MoDem, qui illustre bien ce que je pense de la chose. Il ne s'agit pas de monter au créneau et de huler à l'atteinte au droit de grève comme certains à gauche, mais tout simplement de constater que les mairies et les écoles se débrouillaient très bien jusque là. Ce que Jacqueline Gourault observe, finalement, c'est qu'il n'était nul besoin de légiférer. Les élus savent très bien se débrouiller tout seul. Je livre ici ses observations :

    Monsieur le ministre, vous le savez, je n’ai pas voté la loi instituant un droit d’accueil pour les élèves des écoles maternelles et élémentaires pendant le temps scolaire ; je m’en étais alors expliquée.

    Après avoir écouté vos propos, j’aimerais revenir sur quelques points.

    Le fil rouge des réflexions en cours sur la réforme des collectivités territoriales, qu’il s’agisse de celles du comité Balladur ou de celles du groupe de travail sénatorial dont je fais moi-même partie, c’est la diversité des territoires. Il ressort du rapport du comité Balladur qu’il n’est pas possible d’appliquer les mêmes recettes partout sur le territoire, indistinctement à toutes les communes quelle que soit leur taille. Je m’étonne donc que l’on ne puisse reprendre ce principe lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre telle ou telle loi ou telle ou telle méthode d’organisation.

    Tout à l'heure, vous avez dit qu’il ne saurait y avoir l’école de la ville et l’école de la campagne. Justement, je crois, pour ma part, qu’il faut s’appuyer sur cette diversité française pour répondre aux besoins des collectivités, car on ne peut apporter une réponse similaire dans les grandes métropoles et dans les très petites communes. Je souhaitais donc vous rendre attentif à cet élément du rapport Balladur.

    Par ailleurs, selon vous, les associations d’élus auraient demandé ce service d’accueil en cas de grève. Je tiens à faire remarquer au passage qu’il n’existe d’ailleurs qu’une seule association réunissant tous les maires, même si elle comprend différentes branches. Quoi qu’il en soit, personne n’a jamais demandé un service minimum d’accueil. Vous l’avez institué dans les circonstances que vous connaissez encore mieux que moi !

    Pour ma part, j’ai toujours proposé, en tant que maire, un service minimum d’accueil en cas de grève lorsque c’était nécessaire. Les élus savent se débrouiller et répondre aux besoins de leurs concitoyens
    .

    Ainsi, lorsqu’un instituteur, sur les six ou sept instituteurs que comptait l’école, faisait en grève, on répartissait les enfants dans les autres classes.  Quand il y avait davantage de grévistes, on mettait en place un service de garderie, avec des personnes compétentes, afin d’aider les parents. Maintenant, pour assurer le service d’accueil, on prend presque la première personne venue pour garder les enfants, alors que, dans d’autres circonstances, il faut prévoir pratiquement un accompagnateur pour cinq enfants lors d’une sortie en bus ! Franchement, il y a là quelque chose d’un peu choquant !

    Personnellement, je ne suis pas contre l’aide aux parents, au contraire, puisque je l’ai toujours fait ! Mais je ne comprends pas les raisons pour lesquelles on veut légiférer pour tout organiser au niveau central plutôt que de laisser les élus, dans cette République décentralisée – une décentralisation d’ailleurs consacrée par la Constitution –, s’organiser sur le terrain. Pourquoi ne pas reconnaître le savoir-faire des élus ? Vous avez demandé aux inspecteurs d’académie d’aider les maires. Mais enfin, monsieur le ministre, nous sommes assez grands pour organiser un service de ce genre !

    Je vous le dis franchement, j’ai mis en place le SMA dans ma commune, parce que je suis respectueuse de la loi, mais la procédure est bien compliquée. Alors que tout se faisait très simplement auparavant, je suis maintenant obligée d’envoyer des fax ici et là, de communiquer l’identité des personnes qui gardent les enfants, leur nom, leur numéro de téléphone. J’irai même jusqu’à dire que c’est presque une usine à gaz que vous avez montée
    !

  • Étude du grec et du latin, délire gouvernemental

    Tiens, le Mamouth vient de dépasser Ubu haut la main dans le délire. Tenez-vous bien amis lecteurs, car je tiens l'information de première main, c'est donc un scoop.

    Il y avait en France, l'année passée, un total de 546 054 élèves qui étudiaient le grec et le latin en France, faisant, ce que beaucoup de Français ignorent, du latin la seconde langue la plus étudiée après l'anglais. Eh bien d'après le Ministère de l'Éducation Nationale, il n'y en aurait plus que 149 467 cette année pour un total de 6880 établissements scolaires.

    Alors on va rigoler : cela ferait 21 élèves en moyenne par établissement. Le Ministère de l'Éducation Nationale se f... de la g... de qui, là ? Même dans le plus faible des plus faibles établissements de ZEP ( Zone d'éducation prioritaire) il y en a plus.

    Si je suis bon, je vais me dire qu'il faut accroître le recrutement des profs de maths pour faire de la formation continue en central, dans l'administration, et leur apprendre à compter... Parce que la plupart des collèges moyens que je connais ont en règle générale pas loin d'une cinquantaine à une centaine d'élèves en moyenne, en grec et en latin. Mais si je suis moins bon, je vais penser que c'est une intox pour supprimer des postes : et là, je vais me dire qu'ils sont carrément demeurés en central, parce qu'elle est un peu grosse l'intox et qu'il ne faut pas prendre les profs (notamment ceux de grec et de latin) et leurs élèves pour des ânes.

    Y'a une troisième hypothèse, mais faut lancer un avis de recherche et préparer les pelleteuses pour trouver les charniers : 550 000 - 150 000 = 400 000. Donc, il y a eu 450 000 disparitions ou morts violentes en France. Point commun : tous des gamins qui étudiaient le latin et/ou le grec. Sacré Sérial-killer, celui qui les a liquidés.

    Quand on pense que l'actuel ministre, Darcos,est censé être un agrégé de lettres classiques, on se dit qu'ils ne sont, finalement, jamais mieux trahis que par les leurs, ces pauvres profs de grec et de latin.

    Tiens, exceptionnellement, j'ai joint le fichier :

    latin grec.effectifs 2008.2009.xls

    Le comble, c'est qu'ils ont fait un décompte académie par académie en plus...

  • Comment les pédagogistes ont flingué la pédagogie...

    Dans le domaine de l'éducation, j'ai une rancune, et j'ai souvent l'occasion de l'exprimer ici. Je parle souvent des pédagogolâtres et leurs expériences tordues comme l'une des causes de l'affaiblissement de l'école.

    Je devrais être plus précis, car en réalité, je n'en veux absolument pas à la pédagogie et pas davantage aux recherches en pédagogie. Les travaux d'individus peu communs (bien que très différents) comme Freinet ou Maria Montessori m'intéressent. Je pense même qu'ils ont fait des découvertes très importantes. Ce contre quoi je m'érige, c'est contre la prétention idéologique à faire un modèle pédagogique unique. Si les freinétistes frénétiques m'exaspèrent, c'est en raison de leur idéologisme (pardon pour le néologisme), non en raison des thèses qu'ils défendent. En fait, je rêve d'une école à pédagogies multiples capable d'adapter non pas une pédagogie mais des pédagogies aux personnalités diverses des enfants. Voilà ce dont je rêve, et voilà pourquoi, in fine, je renvoie dos-à-dos Républicains et Pédagogistes. Les premiers ne rêvent que d'autorité du maître et de transmission, les seconds que "d'apprenants" et de "compétences".

    J'aime beaucoup Maria Montessori et la méthode Montessori pour l'humanisme professé. En même temps, je ne voudrais pas que cela soit le modèle dominant de l'Éducation Nationale, mais je m'étonne tout de même de ce que pas une école publique n'ait adopté cette méthode autrement qu'à doses homéopathiques. Résultats, les écoles Montessori sont toutes hors contrat, parce qu'elles bâtissent des progressions très différentes des écoles publiques habituelles, et donc très chères. Parce que l'Éducation Nationale n'aime pas la diversité, elle est infoutue de sortir des sentiers battues pour tenter une expérience originale et, pour les résultats qui s'en dégagent dans le privé, globalement salutaire.

    Peut-être est-ce le fait que la méthode soit issue d'une sensibilité catholique relativement traditionnelle qui gêne certains de nos beaux esprits "laïcs" et autres catho de gauche reconvertis à l'idéologie laïcarde...

    Peut-être est-ce aussi que ces méthodes concurrencent les méthodes préférées de nos pédagogistes patentés...une concurrence de plus à laquelle il convient de ne pas faire de place. Il me semble pourtant qu'aucune autre pédagogie que la pédagogie Montessori n'a à ce point tâché de placer l'être humain, l'enfant, au coeur même de l'éducation, en faisant de ce dernier son acteur principal. Je me suis promis d'acheter et de lire le Pouvoir absorbant. Dès que cela sera fait, j'en ferai un compte-rendu sur ce blog. Ou plutôt, j'écrirai des billets au fil de ma lecture.

    J'ajoute qu'il ne faut pas succomber au leurre de la participation des "Montessori" au mouvement "Éducation Nouvelle" et notamment de leur implication dans les méthodes actives. Les pré-supposés idéologiques et/ou philosophiques sont très différents d'une mouvance à l'autre. J'y reviendrai dans un autre billet dans quelques temps.

  • Une éducation meilleure dans un monde meilleur...

    Je n'allais pas en demeurer là quant à notre débat avec Fred (Démocratie sans frontières) à propos de l'éducation. Deux remarques avant toutes choses : je sais que c'est un fervent défenseur d'Obama, mais il ne me fera pas pour autant renoncer à l'idée que ce n'est pas en stigmatisant les enseignants que l'on fait avancer l'école. Dans son dernier billet, il répond qu'Obama a simplement parlé d'évaluer les profs et de séparer le bon grain de l'ivraie.

    Avant de poursuivre, je tiens à dire d'abord que je souscris pleinement aux conclusions de Florent (Ataraxosphère) sur la nécessité d'une filière d'excellence partout ce qui revient à faire porter l'égalité sur l'aspect territorial. En revanche, je ne m'accorde pas avec certaines de ses prémisses sur les aptitudes : elles ne sont peut-être pas identiques pour tous, mais je parlerais de diversité, et encore, je me défie des implications de ce positionnement. Subrepticement, cela revient aussi à avaliser la théorie des dons (naturels) dont je me défie tout à fait. Je préfère penser qu'un enfant est d'abord une construction, bien qu'elle ne se fasse pas de rien : comme Abélard et les plus modérés des Nominalistes (en somme les Conceptualistes), je pense qu'il existe des pré-universaux qui permettent à l'esprit de se construire. Ne me demandez pas ensuite comment exactement la mixture se fait, je n'ai pas assez étudié la question. J'observe que je retrouve des raisonnements voisins chez Mises et Mengler avec leurs stimulis nerveux et leurs catégories logiques pour la praxéologie. Bref, pour faire court, je reconnais une diversité des aptitudes pas une inégalité, et j'ajoute que je ne suis pas convaincu que ces aptitudes soient d'origine naturelle. Pour finir sur ce point, je pense que tout une classe d'âge devrait pouvoir atteindre un bon niveau scientifique, littéraire et plus généralement culturel indépendamment de ses aptitudes ou non. C'est d'abord l'atmosphère ambiante qui déterminera ou non la possibilité d'un tel but, pas la présence d'aptitudes ou non. L'école ne devrait donc pas travailler sur des aptitudes mais sur des formes d'esprit différentes et sur des rythmes différents adaptés aux histoires particulières.

    Mais pour revenir à mon premier point, je m'oppose en revanche frontalement à l'un et à l'autre sur la question de l'évaluation. Car QUI évalue, in fine ? Ce que propose Florent, c'est que cela soit le chef d'établissement (Fred aussi) : super ! quelqu'un qui doit sa place, certes à un concours, mais aussi à sa carrière "politique" et à ses contacts au sein de l'administration. Pantouflage garanti. Voilà qui risque de servir les intérêts des cire-pompes et des bien en cours. En outre, toutes ces évaluations ont ceci de stupide qu'elles portent sur un objet dont les effets se mesurent sur une période fort longue. Les élèves qui suivent l'instruction des enseignants en retirent ou non des bénéfices immédiats mais pas seulement : bien plus tard, c'est parce qu'ils ont lu telle chose, parce qu'on leur a dit telle chose ou parce que tel comportemen t les a marqués qu'ils agiront d'une manière ou d'une autre.

    J'imagine qu'évaluer les enseignants va se faire à l'aune de toutes les réformes à la c...  que subit l'Éducation Nationale depuis plusieurs décennies désormais. Dans le sens du vent aujourd'hui, à contre-courant demain.

    Venons-en aux parents : il va falloir se coller dans la tête que les parents ne sont pas des consommateurs et ne doivent pas le devenir. Toute comparaison avec de la consommation ordinaire de service est donc nulle et non avenue. D'ailleurs, si le MoDem veut retirer l'Éducation du champ marchand, c'est entre autres pour en finir le consumérisme éducatif. Quand le MoDem  définit l'Éducation comme un Bien supérieur, ce que le MoDem voudrait voir appliqué à l'Europe, ce n'est pas pour voir rappliquer par la petite porte des méthodes d'évaluation qui conviennent très bien pour des produits de grande distribution mais pas pour de la connaissance.

    Oh, certes,Fred voudrait de la «marge de manoeuvre» pour les chefs d'établissement : la riche idée que voilà ! Voilà qui va lui permettre d'engager ses copains et de virer tout mauvais esprit qui ne se coucherait pas devant d'éventuels diktats. Voyons Fred, le bien du chef d'établissement est-il le même que celui du prof ? ou même de l'élève ? Là encore, la comparaison avec l'entreprise n'est pas adaptée : dans une entreprise, le bien de l'entreprise est profitable à tous. Plus simplement, le chef d'entreprise ne cherche pas à faire carrière, il chercher à développer son entreprise. Rien de tel avec un établissement scolaire où le but principal du chef d'établissement sera au mieux de faire carrière. Et pour cela, il faudra par exemple accueillir avec le sourire les suppressions de postes ou bien les lois d'un jour (lubies de ministres et autres). C'est ainsi que les plus vils ou les plus adroits seront récompensés. Mais certainement pas ceux dont la dynamisme apporter le mieux à son établissement.

    J'en finis tout de même avec cette volée de bois vert vis-à-vis de Fred pour lui dire que sa conclusion est la seule chose de son article avec laquelle je sois d'accord. C'est en effet l'éducation de l'enfant qu'il faut placer au centre du système scolaire et non l'enfant lui-même.

    J'ajoute que concerant le "marché" des enseignants, en effet il n'est pas uniforme. Il conviendrait, je le pense, d'affecter les fonds attribués à la formation continue (souvent bidon) à des formations de qualité (un partenariat avec le CNAM, par exemple, qui est une véritable référence) afin de permettre aux enseignants de faire un jour autre chose dans leur vie, plutôt que de suivre des modules bidon sur la voix, le cri primal et cetera...

  • Finlande, l'autre visage de l'école

    Nathalie-Bulle.jpgEt hop, compte-rendu d'un petit article paru dans Libération qui a fâcheusement échappé à l'attention de la Toile. Mais  heureusement, pas à la mienne. Je ne sais pas ce que j'ai, en ce moment, mais je parle d'éducation et d'école sur mon blog. Cela doit être une crise passagère.

    En tout cas, c'est avec ravissement que j'ai lu le billet de Nathalie Bulle, sociologue et chercheuse au CNRS datant du 26 février dernier. Elle bat en brèche notamment l'idée selon laquelle le système finlandais que l'on vante sur tous les airs serait le meilleur du monde. En réalité, le système universitaire finlandais est confronté à une chute monumentale de son niveau : en fait, ce que constate Nathalie Bulle, c'est que les enquêtes PISA ne rendent absolument pas compte de la qualité exacte de chaque système éducatif. Par exemple, si en France on retirait les 10% d'élèves les plus en difficulté de l'étude, on obtiendrait des résultats similaires à ceux de la Finlande, et encore, si l'on considère comme pertinents les critères de l'OCDE.

    Ce qu'observe Nathalie Bulle, c'est qu'en France, les différents ministres ont progressivement ruiné le système scolaire français en tentant d'adapter au plus grand nombre des méthodes qui devaient initialement s'adresser aux 20% d'élèves les plus en difficultés. Et ruiné pour rien, de surcroît, parce que cela n'a pas été efficace. Il eût fallu centrer l'enseignement sur la transmission et non sur l'activité de l'élève comme n'ont cessé de le faire valoir différents courants pédagogistes.

    Nathalie Bulle constate également que ce ne sont pas les talents d'animateur mais bien le savoir disciplinaire de l'enseignant qui garantit le plus sûrement la transmission du savoir. En somme, c'est d'être maître en son domaine qui permet de transmettre le plus aisément ses connaissances. Ce qui me semble assez logique, au demeurant.

    J'adore tout particulièrement l'introduction d'un article qu'elle a écrit en 2001 dans la revue Sociétal (excellente revue, à ce propos) intitulé "vraie et fausse démocratisation de l'école". En voici un extrait significatif :

    La rhétorique qui, en France, accompagne le discours réformateur sur l’école occulte les véritables enjeux de l’avenir du système éducatif. Elle déplace insidieusement les débats sur le plan des fins, alors qu’en fait c’est bien sur les moyens que portent les alternatives en matière d’enseignement et de structures scolaires. Il ne s’agit pas de choisir pour ou contre la démocratie, pour ou contre la modernité, l’enfance, etc. Il s’agit de déterminer comment l’école peut servir au mieux les besoins éducatifs des individus.
    Or, le plus souvent, les solutions proposées se réfèrent abusivement à des choix de société, et sont traitées comme tels. Le résultat est que toute investigation scientifique, toute idée, toute action qui ne va pas dans leur sens est automatiquement associée, sans autre forme de procès, aux valeurs, croyances et intérêts d’un groupe social spécifique, et se voit au mieux marginalisée, au pire diabolisée.

    On peut, sans exagérer, parler de « manipulation » de l’opinion dès lors que les transformations de l’école se réclament péremptoirement des « valeurs sociales », car une telle proclamation évince toute analyse objective.

    Joli. Rien à ajouter. Entièrement d'accord. Et puis en plus, c'est une jolie femme, pour ne rien gâter :-)

  • Un petit effort pour Meng Luo, Monsieur Besson !

    J'ai trouvé sur le blog de Paris14.info ce court message à propos d'un jeune (chinois ?) étranger étudiant à François Villon dans le 14ème. Ce n'est pas le style de la maison que de signer des pétitions à tout va en faveur d'étrangers en situation irrégulière. Mais, quand il s'agit d'individus qui ne portent pas atteinte à l'ordre public et ont montré un très clair désir d'intégration, comme Meng Luo, nous lui apportons notre soutien.

    Donc, Monsieur le Ministre de l'immigration et de l'identité nationale, voilà une jeune garçon qui accomplit une scolarité exemplaire dans des conditions et des circonstances difficiles (François Villon est connu comme l'un des établissements scolaires les plus difficiles de l'académie parisienne, ce garçon a appris à une vitesse record le français - 3 ans - parvenant ainsi à se hisser dans la filière d'excellence du lycée, la filière S). Education sans frontières propose de signer une pétition pour le soutenir. Nous avons déjà eu l'occasion de le dire, nous tendons à penser que le nouveau ministre est un homme d'honneur et qu'il n'est pas insensible. Aussi l'engageons-nous à se pencher sur la situation particulière de Meng Luo, qui nous semble mériter son attention.

    Meng Luo REN est aujourd'hui âgé de dix-huit ans. Il est arrivé en France en 2005, alors âgé de quinze ans. Il a fréquenté successivement les établissements scolaires suivant: Charles de Gaulle (20ème), Camille Claudel (13ème), Edmond Rostand (18ème) et il est actuellement scolarisé en 1ère S au lycée François Villon. Il est apprécié de tous ses professeurs, de ses camarades et de tous ceux qui ont été amenés à le rencontrer et le connaître. Il a effectué un parcours scolaire sans faute depuis son arrivée et se destine à un cursus scientifique pour lequel il a toutes les qualités requises. Arrêté le 15 janvier dernier à l'issue d’un contrôle dans le métro, Meng Luo a été gardé à vue au commissariat de la Goutte-d'Or et il est à ce jour sous la menace d’un A.P.R.F (Arrêté Préfectoral de Reconduite à la Frontière).

  • Enseignants-chercheurs : ils gagnent si peu ?!!!

    Je ne sais pas d'où le Figaro tient ses chiffres, mais ce n'est pas possible : il doit s'être trompé. Si les chiffres sont bons, c'est que la situation pour la recherche en France est encore bien plus misérable que je ne le pensais.

    D'après le Figaro, un maître de conférences gagnerait 1700 euros net en début de carrière et finirait à 3100 euros net. Marie-Estelle Pech, la journaliste du Figaro précise dans son article qu'une part non-négligeable des enseignants-chercheurs complètent leur revenu par des activités privées. A considérer leur salaire, je commence à comprendre pourquoi !!!

    Ils sont marrants, au Figaro : ils titrent "un quart des enseignants chercheurs ne publient pas". Moi, à la lecture de l'article, j'aurais plutôt écrit : "un maître de conférences en université gagne à peine plus que le SMIG à ses débuts".

    Alors non seulement ils sont payés au lance-pierre, mais en plus, Valérie Pécresse veut les soumettre au pouvoir discrétionnaire d'un mandarin dont la carrière ne doit qu'à ses appuis politiques, et, le cas échéant, sa capacité à cirer les bonnes pompes au bon moment.

    Car dans son projet, il en s'agit ni plus ni moins  que de concentrer tous les pouvoirs entre les mains du Président de l'Université.

    Il y a plus d'un an déjà, en fait en juillet 2007, François Bayrou avait très largement mis en garde les Français (et les Universitaires) contre le danger d'un projet politique qui amenait à une concentration sans précédent des pouvoirs du Président. La concentration des pouvoirs, c'est décidément une manie dans la France de Nicolas Sarkozy...

    Comme le dit Florent, ça sent le roussi pour Valérie Pécresse...

     

     

  • L'unique réussite de Xavier Darcos

    J'ai pris connaissance, il y a peu de temps, de la lettre ouverte que 154 enseignants ont adressé à Xavier Darcos. J'avoue que je ne me retrouve pas dans leurs déclarations. Si j'opine tout à fait du chef quand il s'agit de se récrier à al disparition des RASED (réseaux d'aide et de soutien aux enfants en difficulté) je ne suis vraiment pas d'accord avec leur réquisitoire contre l'AID (Aide individuelle personnalisée). Je pense que l'AID sera le seul acquis de Darcos. La résistance pédagogique reproche à l'AID en primaire de ne comporter aucun programme : encore heureux ! il s'agit d'une aide individualisée. Elle doit donc être souple et adaptable. Ensuite, cette AID permet, comme son nom l'indique, d'apporter une aide aux enfants isolément. Or, particulièrement dans nos sociétés consuméristes, c'est précisément ce dont ont besoin nos enfants : que l'on s'occupe d'eux personnellement. J'ajoute que les premiers retours que j'obtiens de l'AID via mes services de renseignements infiltrés dans l'Éducation Nationale, m'informent qu'apparemment, l'AID, ça marche. Il n'y a pour l'instant pas d'évaluations officielles, mais j'entends partout parler d'enfants qui sont ainsi remis en selle. Concernant le temps, certes, l'AID représente du temps en plus sur la journée scolaire, mais seulement par rapport aux autres enfants, compte-tenu des nouveaux horaires. En fait, au global, l'enfant en difficulté n'a pas plus d'heures qu'auparavant. Enfin, compte-tenu du temps important consacré aux pauses, disposer d'un long moment avec un adulte pour s'occuper de soi, je ne suis pas convaincu que cela fatigue davantage l'enfant. En revanche, en effet, ajouter les heures le soir me paraît une solution du plus mauvais effet. Toutefois, dans de nombreuses écoles, les AID ont été réparties sur les temps de cantine, et, c'est souvent là où elles sont les plus efficaces.

    De la lettre de la Résistance Pédagogique, ce que je retiens comme argument plus que recevable, en revanche, c'est d'avoir supprimé beaucoup de RASED. Ce qu'il faut obtenir, c'est le maintien des RASED, mais pas rejeter, et encore moins refuser d'assurer les AID.

    Au final, j'ai bien des reproches à adresser à Xavier Darcos, mais certainement pas sur les AID qui me semblent sa seule réforme valable.

  • Seuls Bayrou et le MoDem se préoccupent des enseignants

    Je viens de lire avec intérêt un entretien du Monde avec Claude Lelièvre, un historien de l'éducation, analysant le nauffrage des réformes actuelles.

    Le divorce entre la droite au pouvoir et les enseignants est persistant depuis 2003. Les deux mondes sont-ils irréconciliables ?

    Après le rejet de Claude Allègre (ministre de l'éducation nationale de Lionel Jospin entre 1997 et 2000), de nombreux observateurs, notamment de droite, avaient considéré que celle-ci avait un boulevard devant elle pour séduire les enseignants. Mais Luc Ferry (ministre de l'éducation nationale de Jean-Pierre Raffarin entre 2002 et 2004) a gâché cette chance. Et les lobbies de droite, en réalité, sont davantage entendus d'une partie de l'opinion que des enseignants. Si la confiance des enseignants dans la gauche classique est ébranlée, la droite n'arrive pas à en tirer bénéfice, tout simplement parce qu'elle ne comprend pas le monde enseignant.

    Je rejoins cet historien, mais je souhaite aller plus loin : en réalité, PS et UMP méprisent avec une égale intensité les enseignants. Les premiers les considèrent comme conservateurs et archaïques et les seconds comme des privilégiés inféodés à la gauche. L'UMP a réussi l'exploit de se mettre à dos le seul syndicat de droite, le SNALC. C'est dire à quel point la droite a brûlé absolument toutes ses cartes. Quant au PS, les syndicats de gauche ne parviennent plus à jouer leur rôle de courroie de transmission habituel entre ce parti et le monde enseignant. Massivement inflitrés dans l'appareil étatique de l'Éducation Nationale (particulièrement le SGEN) ils se sont essentiellement appliqués à ne pas relayer les revendications des enseignants mais au contraire à les déformer et à les instrumentaliser afin de valoriser leurs obsessions pédagogisantes.

    In fine, le seul homme politique d'envergure qui a toujours pris avec force la défense de enseignants, c'est François Bayrou. Le seul à en avoir fait sa priorité numéro 1 dans son programme présidentiel. Le premier à avoir réagi aux propos inacceptables de Ségolène Royal sur les 35 heures des enseignants pendant la campagne présidentielle. Le PS et l'UMP marchent droit dès qu'il s'agit d'éducation. Pas une seule contestation dans les rangs quand il s'agit de casser du prof sauf si c'est le camp d'en face qui le fait. Les Jospin and co n'ont jamais désavoué d'une quelconque manière les inepties et les éructations de Claude Allègre. Jack Lang a représenté le règne de la technostructure, des experts en "sciences de l'éducation", des "pédagogues" auto-proclamés et consorts. Luc Ferry a incarné la quintessence de la nullité et de l'évanescence, plus pressé d'aller faire le beau chez Michel Drucker que de diriger sérieusement son ministère, au point d'agacer fortement Jacques Chirac. François Fillon est le seul à avoir cherché à confisquer la main à la technostructure, mais en vain, et, sur le fond, libéral convaincu, il n'en a pas moins essayé de casser le dernier vestige organisé de l'instruction publique, le baccalauréat. Quant à Xavier Darcos, il est bien trop préoccupé avant toutes choses de sa carrière politique pour être un bon ministre. Je passe sur de Robien en raison de son inconsistance.

    Les ennemis de François Bayrou cherchent souvent à lui nuire en lui rétorquant qu'il n'a rien fait comme ministre. C'est bien sûr faux puisqu'il a créé le bac actuel. Il y a une mauvaise foi évidente de ces adversaires politiques qui ne supportent tout simplement pas le fait que François Bayrou ait su diriger en son temps ce ministère sans se mettre tous ses acteurs à dos.

    Les commissions du MoDem planchent depuis quelques temps sur les questions éducatives. Au sein des forces politiques, ce sont les seules qui ont érigé en méthode de travail la concertation avec le monde éducatif. Ce sont également les seules à considérer sans démagogie aucune ni promesses inconsidérées, l'éducation et l'école comme la priorité des priorités, particulièrement d'un point de vue budgétaire. Les seules également à faire de l'instruction publique et de la garantie de l'offre disciplinaire en tous lieux une condition sine qua non de tout projet sur l'école.

    Dans la parole donnée, l'ouvrage de Jean Lassalle, député MoDem, on lit avec émotion son regret du temps où jusque dans le petit collège de village on enseignait le grec et le latin. Jean Lassalle n'est pas passéiste. En revanche, je le crois profondément soucieux de l'égalité républicaine, et notamment de l'accès à tous des voies d'excellence. A cet égard, le grec et le latin représentent les symboles d'un monde qui se désagrège. Ce n'est pas pour rien que François Bayrou ne manque jamais d'en prendre la défense.

  • Réforme du lycée : classe de seconde

    La réforme de Xavier Darcos fait beaucoup de bruit, mais le fait est qu'il est difficile de trouver des explications claires sur les changements qui vont s'opérer en seconde. J'ai trouvé une page du Ministère de l'Éducation qui présente plutôt clairement les choses avec couleurs et organigrammes.

    Moi, la question que je me pose, c'est quasiment la même que celle de lods-lenczer sur le forum ministériel consacré à la réforme de la classe de seconde : quid des options facultatives ? et par ailleurs, il n'y a pas moyen de savoir s'il est possible ou non de poursuivre le même module d'un semestre sur l'autre. Par exemple, imaginons que le russe et le grec ancien m'intéresse : est-ce que je peux faire deux semestres de russe et deux semestres de grec ancien ? Peut-on aussi choisir deux enseignements dans le même module à chaque semestre ? Dans la négative, cela signifie que l'on ne peut plus du tout, par exemple, suivre simultanément un enseignement de grec et de latin.

    Il y a tout de même un point qui m'a fait percuter : si l'on veut prendre un module renforcé pour le tronc commun, fatalement, tous les autres modules se retrouveront en concurrence, et, par exemple, il ne sera plus possible de cumuler sciences et humanités. De mon point de vue, c'est tout l'inverse de l'idéal d'homme universel auquel j'aspire et qui me vient de la Renaissance.

    J'ai trouvé une autre explication de la réforme, beaucoup plus claire, celle du Recteur de Gaudemar, de l'Académie d'Aix-Marseille : un routier des cabinets ministériels, puisqu'il a été présent au plus haut niveau aussi bien sous Lang que Ferry. Son explication m'a plutôt l'air convaincante, mais je me méfie de la duplicité inhérente, voir même consubstantielle à la technostructure de l'Éducation Nationale, ministres inclus.

    J'avoue que je suis dans l'expectative. Comme souvent dans l'Éducation Nationale, tout dépend de la manière dont se met en place cette réforme, à la base pas idiote, et des circulaires secrètes que les pauvres abrutis que nous sommes ne verrons sans doute jamais, qui circulent entre le Ministère et les Rectorats, masquant souvent les véritables objectifs des réformes.

    Les Proviseurs des lycées sont souvent avant tout des gestionnaires, et je suis très méfiant sur leurs choix finaux. Est-ce que véritablement, les élèves de seconde pourront choisir les modules qui les intéressent et les poursuivre d'un trimestre sur l'autre, associer deux modules de sciences ou deux modules d'humanités ou encore de technologie s'ils le veulent ? J'attends de le voir pour le croire. Ce n'est pas en tout cas ce que semble penser cette association ainsi que le SNES.