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Education - Page 19

  • Heures de cours perdues, le double tranchant

    J'ai appris que la FCPE avait ouvert un site pour repérer les endroits où les enseignants ne sont pas remplacés quand ils sont absents. En dépit des dénégations des représentants de cette organisation, il est difficile de ne pas soupçonner une certaine duplicité de leur part. On peut toujours déclarer qu'il ne s'agit que de montrer les conséquences des suppressions de postes, in fine, cela revient à pointer du doigt les absences des enseignants, quelle qu'en soit la cause. Le Figaro, tout en écrivant un article en apparence neutre, a insidieusement mis les pieds dans le plat. Observons bien le bas de l'article et que trouvons-nous ? le titre suivant, renvoyant évidemment vers un autre article : « 45% des instituteurs ont posé un congé maladie l'an dernier». Astucieux, non ? On pointe ainsi innocemment du doigt et l'air de rien toute une profession, sans en avoir l'air.

    Ceci ne signifie pas qu'il n'y a pas d'abus et que la question des remplacements ne mérite pas un traitement sérieux. Mais il y a des manières de le faire, et j'avoue que je n'aime pas trop celle-là...

    Tiens, tout de même, c'est marrant les différences de titres, dans la presse. Le Monde, par exemple, a écrit «un site pour remplacer les enseignants non-remplacés». Il n'y a pas besoin d'être grand clerc en sémantique pour comprendre que la signification n'est pas tout à fait la même...Notez que la plupart des journaux utilisent bien le terme "absence ou absents", ce qui en dit long sur ce que pensent leurs journalistes, sur le fond, des enseignants. Même titre chez Vousnousils. C'est plus fort que soi, on ne se refait pas : quand on pense quelque chose, ça sort malgré soi...

  • Unesco, je vote Irina Gueorguieva Bokova

    Je regrette d'écrire cette note si tard alors que l'ultime vote se déroule certainement. Je suis très favorable à Irina Gueorguieva Bokova pour accéder à la direction générale de l'UNESCO. En face, un individu aux propos souvent douteux, Farouk Housni, ministre égyptien de la culture réputé surtout pour sa censure féroce. On ne peut pas mettre un type comme ça à la tête de l'UNESCO. Je trouve déjà inquiétant en soi qu'il obtienne autant de voix qu' Irina Gueorguieva Bokova quand on considère les deux parcours. Farouk Hosni a joué un rôle central dans l'étouffement des libertés, particulièrement des intellectuels égyptiens. On ne devrait lui donner aucun crédit. Pour se faire une idée plus précise de ce sale individu, on peut se référer à l'article de Bénédicte Charles et Philippe Cohen dans Marianne2. Il est on ne peut plus éclairant.

    Je ne percute pas : à la tête de l'UNESCO, on doit mettre une femme ou un homme de culture, de préférence intéressé(e) par l'enfance, pas un ancien des services secrets qui a sans doute du sang et des affaires louches sur la conscience. Je ne dis pas qu'Irina Gueorguieva Bokova c'est la panacée (son parcours "brillant" au sein du parti communiste bulgare ne m'inspire guère) mais, elle sera toujours mieux que Farouk Hosni.

  • La méthode globale encore utilisée !

    J'en suis resté pantois : pour moi,  la méthode globale appartenait définitivement aux errements de la fin du XXème siècle, or, j'ai découvert avec effarement qu'il n'en est rien. Consultant le livre de CP d'un de mes neveux, horreur et terreur, que vois-je (ou plutôt : que ne vois-je pas !) ? Pas l'ombre d'une syllabe, pas l'ombre d'un début de méthode syllabique. Non, simplement de bêtes et stupides mots à photographier. Circonstance aggravante, l'enseignante est une jeune promue, ce qui signifie que l'on enseigne encore ces niaiseries dans les fameux (mais souvent fumeux) IUFM.

    Il faut dire que le grand ponte de la pédagogolâtrie a encore de l'avenir : les Verts veulent l'enrôler comme tête de liste en Rhône-Alpes et Cohn-Bendit l'aurait rencontré en personne.

    Rien que ça, ça en dit long sur les sornettes et autres billevisées encore en vigueur dans les programmes éducatifs des Verts. Si la méthode globale n'est pas à elle seule la cause de l'affaiblissement généralisé dans la maîtrise de la langue (la diminution du temps qui lui est consacré au fil des ans me semble la cause première), elle a largement contribué à aggraver le phénomène. Une bonne raison pour ne vraiment JAMAIS porter les Verts au pouvoir...

    Une méthode mixte, encore passe, parce que généralement, cela revient à utiliser la méthode syllabique pour apprendre à lire, avec l'apprentissage visuel (donc global) de quelques mots de liaison, mais utiliser la méthode globale encore aujourd'hui après tous les dégâts que cela a occasionné sur toute une génération...

    Le mieux me paraît de mettre les points sur les i dans un premier temps avec l'enseignante, entre quatre yeux. Et puis après, si elle persiste, en dépit de la réprobation générale des parents, et surtout, du désintérêt à peu près général de ses élèves pour la lecture, un courrier dûment signé et recommandé de la part des parents à l'inspecteur du coin devrait lui permettre de se nettoyer les méninges de toute nouvelle forme de pédagogolâtrie...

  • ça prend du temps, les devoirs !

    En ce moment, on n'entend guère la classe politique s'exprimer sur l'école. Étonnant, en pleine rentrée. En tout cas, moi, je dois m'occuper des devoirs de ma petite famille, et qu'est-ce que cela peut prendre comme temps. Deux petits à l'école primaire = temps multiplié par deux ou presque. Souvent de l'ordre de deux heures par soir. Alors caler le travail scolaire entre l'activité vespérale et le bain, ce n'est pas toujours aisé. Exit les dessins animés en période scolaire.

    J'ai la chance d'avoir deux enseignantes qui ne suivent pas à la lettre les stupides consignes nationales en vigueur depuis une décennie au moins. Les consignes en question consistent à recommander de ne surtout pas donner de travail aux enfants à la maison. Eh oui...il ne faudrait pas favoriser davantage les privilégiés... La logique bien comprise de la chose, c'est que tous les enfants soient "égaux"...Oui, tous analphabètes dans un grand élan citoyen de bonne conscience républicaine. Super, non ?

    Heureusement que les enseignants qui ont un minimum de bon sens passent outre en rusant !

  • Résistance pédagogique, jusqu'où ?

    J'avoue que je suis partagé devant les cas de "résistance pédagogique". Évidemment, je reconnais que certaines réformes apparaissent largement malheureuses sinon franchement stupides, mais, un enseignant est d'abord un fonctionnaire d'État qui rend un service public. Il a donc le devoir d'effectuer les tâches qui lui incombent dès lors qu'elles rentrent dans le cadre de son service. Recenser les élèves étrangers ne rentre pas dans sa mission, par exemple, mais appliquer la réforme sur l'aide individualisée, en revanche, cela en relève bien. Je ne suis donc pas d'accord avec la manière dont Alain Refalo a jugé bon de s'opposer à la réforme. Cette réforme touche faiblement la nature proprement pédagogique de sa mission (il ne s'agit pas de programmes) et l'aide individualisée va dans le sens de ce qui est nécessaire pour les enfants en difficultés. Pour ce que j'ai pu en apprendre, d'ailleurs, les remontées de cette pratique en écoles maternelles et primaires sont très positives. Donc, je le dis clairement, je trouve qu'il a eu tort.

    En revanche, la manière de procéder de Luc Châtel, quelque peu brutale est on ne peut plus maladroite. Il veut jouer au matamore en sanctionnant en force Alain Refalo. De ce que j'ai compris du travail d'Alain Refalo, il a finalement appliqué le principe de l'aide individualisée mais,  il l'a fait sur le temps scolaire obligatoire tandis que pendant le temps consacré à l'accueil individualisé, il menait un projet théâtre pour toute sa classe. Bon, en résumé, il a fait le malin. C'est énervant, mais ce n'est pas un crime...

    Luc Châtel a donc totalement manqué de discernement. In fine, ce qui compte, c'est que l'esprit de cette utile réforme (la seule dont je donne quitus à Darcos) vive. On pouvait infliger un blâme à Alain Refalo, à la limite, et puis ça suffisait. Il n'y avait pas de refus de travail de l'individu, même si je concède que son activisme pouvait s'avérer agaçant.

    Bref, Luc Châtel veut faire le malin lui aussi, il bombe le torse et montre ses muscles, et le résultat des courses, c'est qu'il va braquer, bêtement, à la vitesse éclair le monde enseignant.

  • Le bac ne vaut rien !

    Je viens de lire la petite note d'Aurélien Véron qui se demande combien vaut le bac. Il voit dans cet examen un diplôme désormais sans valeur et en prône la disparition afin de recentrer l'éducation autour de deux pôles qui lui paraissent essentiels.

    Mais, in fine, ce qu'Aurélien tente de déterminer, c'est la valeur du bac. Ce qu'il coûte d'abord, puis comment il se vend sur le marché de l'emploi. C'est clair, il coûte cher, et il se vend mal. Je ne vais pas le lui contester. Mais, pour ma part, j'aime bien l'idée que le bac ne vaut rien. J'entends par là qu'il n'a pas de valeur. Pas de valeur, cela ne signifie pas que sa valeur est très faible, résiduelle, mais que le bac n'est tout simplement pas valorisable.

    Ce qui me plaît à moi, c'est l'idée d'un bac gratuit. Pas gratuit au sens marchand du terme, mais gratuit comme un acte serait gratuit. Au fond, l'idéal d'origine, à la création du bac, c'était de former d'honnêtes gens et de les doter d'une culture humaniste. Qui s'en souvient ? Le baccalauréat était le premier grade de l'Université aux temps anciens des premières heures de l'Université.

    Je ne suis pas le seul à avoir parcouru l'article d'Aurélien. Mathieu L aussi. Et je partage certaines de ses préventions contre une idée avancée par Aurélien : la fameux chèque-éducation. J'aime bien l'idée évidemment de laisser aux familles la liberté de choisir leur établissement scolaire, mais je me défie des effets pervers que cela peut entraîner. J'aime la liberté mais je ne confonds pas la liberté avec l'absence de limites. Notamment, rien n'empêche  des mouvements  sectaires d'ouvrir des écoles à tire-larigot pour capter in fine une subvention publique. Imagine-t-on des écoles burka, des écoles scientologues et cetera à discrétion du choix des parents ? La culture et l'Éducation cimentent la nation. Je préfère que l'on établisse des espaces de liberté au sein de l'école plutôt que l'on confie l'école à n'importe qui.

    Je plussoie le Privilégié qui obserrve que lorsqu'on met en concurrence des établissements scolaires, ce ne sont pas les usagers qui choisissent les établissements mais au contraire ces derniers qui choisissent leur public. Or, le chèque-scolaire et l'absence de limites dans le choix créeront cette concurrence. Ensuite, tout comme Bayrou, je pense qu'il y a des biens supérieurs qui doivent échapper à la logique marchande. L'Éducation fait partie de ces biens à mes yeux. Je maintiens donc que le bac ne vaut rien.

    J'ajoute que je ne suis pas du tout convaincu de l'intérêt financier de la chose. L'école a besoin d'une certaine rationnalisation des moyens. Les établissements scolaires, les équipements resteront vraisemblablement publics. Comment faire si le choix total laissé aux familles entraîne d'incessants mouvements de population scolaire ? On risque de parvenir à une véritable usine à gaz. Et pour la liberté pédagogique, désolé, mais il me semble légitime que des inspecteurs contrôlent régulièrement la qualité des cours dispensés par les enseignants. En revanche, dégommer l'espèce de techno-structure centrale qui impose ses vues depuis 40 ans à l'ensemble du monde éducatif, j'avoue que l'idée est plaisante.

    Enfin, je ne juge pas irréaliste d'amener 50% d'une classe d'âge à une licence dès lors que l'on développe les licences professionnelles. Ce qui est irréaliste (mais surtout idiot) c'est de vouloir amener 50% d'une classe d'âge à une licence disciplinaire. Il y a un vieux concept marxiste auquel, pour une fois, j'adhère, c'est l'idée d'une éducabilité universelle (mais cela s'arrête là). Pas aux mêmes rythmes forcément, pas avec les mêmes parcours, mais, sur le fond, je pense que tout le monde, s'il en a la volonté, peut accéder à un haut niveau de culture et d'éducation. A la théorie des dons, je préfère substituer celle des goûts. C'est simplement une question de temps et de volonté. Ce ne devrait pas être une obligation, mais simplement une possibilité.

     

  • Réforme du lycée, mon conseil à Descoings

    Avec du retard, je reprends un billet entamé il y a quelque temps sur les réformes du sieur Descoings. Mathieu trouve que je l'ai tâclé injustement parce qu'il s'est rendu à la convocation du Sieur Descoings pour amuser la galerie. Il n'y a rien d'injuste dans ma remarque. Quand on s'imagine que le sieur Descoings est avenant et sympathique, c'est que l'on n'a strictement rien compris à la stratégie de manipulation dont on est la victime. Les réformes du Sieur Descoings masquent une idéologie perverse que ce bon technocrate n'est peut-être pas même conscient de véhiculer, encore que...

    Parce que ce que le Sieur Descoings attend des entrevues qu'il a avec des blogueurs z'influents, c'est justement que l'un d'entre eux titre sur la pertinence d'emmener 50% d'une classe d'âge à la licence et en conclue qu'il faudra forcément ouvrir les bacs généraux pour cela. Voilà ce qu'attend le Sieur Descoings, et voilà ce que lui sert sur un plat Mathieu. Ainsi, il pourra éradiquer la diversité des bacs généraux et aboutir enfin au bac uniformisé et insipide dont il rêve. Un bac pour tous, quoi... Et mon Mathieu de conclure : « le lycée doit-il rester un système élitiste de sélection (dit républicain, ce dont je doute chaque jour un peu plus) ou doit-il être plus ouvert ?». Ben avec une non-question comme celle-là, on n'a même pas besoin de douter de la réponse. On comprend avec le vocabulaire utilisé et ses connotations (élitiste, sélection contre ouvert) que la question est déjà tranchée. Faux questionnement qui élimine d'emblée une autre alternative à laquelle moi, je crois : celle d'un système qui mène de front excellence et remédiation, qui individualise les parcours et cherche l'optimum propre de chaque individu comme une cause finale aristotélicienne. Je lis trop Maria Montessori, moi...

    J'ai quelques idées de réforme tout à fait novatrices à proposer à Descoings et aux réformateurs patentés  :

    - f.... la paix aux profs une bonne fois pour toutes et les laisser s'organiser.

    - ne toucher à rien dans l'immédiat : il faut 15 à 20 ans minimum pour juger de l'efficacité d'une réforme.

    - corollairement, cesser de réformer dans l'urgence chaque fois que l'opinion se saisit d'un fait divers ou qu'une étude statistique est publiée.

    - proposer aux Co-psy d'être en contacts permanents avec les CCI (Chambres de commerce et d'industrie), ce qui serait autrement plus efficace que de les squizzer (moi aussi je peux parler globish...). Ainsi, ils seraient tenus au courant au jour le jour des besoins des bassins économiques et industriels. Ma réforme ne coûte pas un kopeck, ne touche pas au statut des conseillers d'orientation et ne vient pas les faire ch... dans leur pratique professionnelle.

    Au passage, je suggère à Descoings & cie la lecture des passionnants ouvrages de Maria Montessori. On pourrait envisager non un lycée pour tous, mais, au contraire un lycée pour chacun. Un lycée pour chacun, ce ne serait pas un système qui cherche à amener toute une génération à un socle quel qu'il soit, mais, au contraire, qui assure à chacun un développement optimal. Cela passe par une diversification des parcours et des méthodes et en aucun cas par les solutions simplificatrices de Descoings & cie. J'invite sur ce point fortement à lire le billet de Barre Jadis dont j'épouse pour l'essentiel les vues.

    Intéressant, d'ailleurs, d'observer combien l'aristotélisme imprègne à certains égards la pensée de Maria Montessori. J'avais lu l'enfant, j'entame de l'enfant à l'adolescent actuellement. Poursuivant son hypothèse de l'embryon spirituel menant son développement propre, elle étudie dans cet ouvrage trois nouvelles phases du développement de l'enfant. J'en rendrai compte dans un prochain billet. Mais, elle annonce d'emblée la couleur en évoquant le développement de l'individu plutôt que celui d'une masse sociale. Notamment, elle estime que chaque individu possède en soi sa fin propre. J'y vois pour ma part, la cause formelle de chaque individu, idée que l'on trouve énoncée et développée dans la Métaphysique d'Aristote. Maria Montessori y ajoute une dimension éthique et spirituelle.

    J'en finis avec cette disgression pour simplement conclure que l'un des premiers motifs de mon engagement aux côtés de François Bayrou, c'est de partager avec lui ma vision de l'école. Et l'une des raisons qui font que je ne peux plus voir en peinture les Socialistes, c'est ce qu'ils ont fait de l'école, et l'UMP, c'est ce qu'elle veut en faire...

  • La méthode Descoings, miroir aux alouettes

    Je ne peux qu'abonder dans le sens de Philippe Cohen, seul journaliste a avoir établi clairement la véritable nature de la méthode Descoings. Du battage et encore du battage : on a compris le message, bien lourd et populaire à souhait avec son "lycée pour tous". J'observe d'ailleurs, que quelques blogueurs sont tombés à pieds joints dans le panneau. Ils ont accepté l'invitation de Richard Descoings et lui servent désormais de béni oui-oui. Il faut dire que l'individu s'y entend à manipuler ses interlocuteurs avec ses propositions frappées du bon sens...Descoings est dans la doxa : il sanctifie les langues vivantes, stigmatise l'élitisme républicain, et veut la même chose pour tous en abrasant tout ce qui fait la différence. Il est d'avis de jeter les vieilleries aux orties ou à la décharge. Il faut être moderne. Oui, moderne, au sens où l'entend l'ami Ambrose dans son dictionnaire du Diable : Lycée n. 1/. École antique où l'on s'entretenait de morale et de philosophie. 2/. École moderne où l'on discute de football. Il faut dire qu'il vaut son pesant d'or l'ami Ambrose. A "Consulter", on trouve par exemple la définition suivante : Rechercher l'approbation d'autrui pour un projet déjà bien arrêté. Ah, je l'imagine bien, l'Ambrose, secoué spasmodiquement de ricanements à la lecture des propositions d'un Descoings.

    Richard Descoings veut du chiffre : plus d'étudiants à l'IEP, plus de lycéens, plus de lycées visités. Le chiffre, cela ne vous rappelle pas quelque chose ? Le chiffre, c'est moderne. C'est la culture du résultat. Alors pour avoir des résultats, Richard Descoings visite...le plus de lycées possible. Et il consulte...

    On trouve dans le rapport de Descoings la grandiose déclaration suivante :  L’hétérogénéité sociale plus marquée des élèves entrant au lycée fait en effet de l’accès à la culture, à la musique, aux arts et aux pratiques artistiques un enjeu de société de premier ordre. Si l’on veut que cet accès soit le plus équitable possible sur l’ensemble du territoire, il faut prendre résolument appui sur le lycée qui offre à la fois un espace et un temps uniques pour développer une politique volontariste en la matière, à destination du plus grand nombre de jeunes adultes.

    Question à mes lecteurs , devinez qui, sur le bondy Blog, il y a quelques jours, déclarait à deux étudiants qui s'inquiétaient de la disparition d'options rares (histoire de l'art, latin, grec) : On va donc remettre du latin et grec pour tout le monde en France ? On va retourner au lycée d’il y a 50 ans ? Arrêtez ! Ce n’est pas possible. [...] Il y a un développement des options, porté par les classes dirigeantes, porté à juste titre par les milieux intellectuels. Jacqueline de Romilly, de l’Académie française, appelle tous les deux ou trois ans au retour du grec, qui est une merveilleuse façon, effectivement, d’ouvrir l’esprit vers la culture. Mais, quitte à me fâcher avec les élites, je le dis tout de suite : on ne reviendra pas au grec ancien pour les lycéens. Veut-on plus d’égalité pour tous ou plus de choix pour certains ? Plus de réussite pour tous ou plus de réussite pour une petite proportion des jeunes Français ?

    Autre morceau d'anthologie : Tous les jeunes peuvent découvrir la littérature. Mais pour avoir accès à la littérature, il faut maîtriser les fondamentaux du français, et cela vaut pour toute littérature et toute langues étrangères. Ce que je veux dire, c’est que parfois, chez certains jeunes, l’enseignement traditionnel du « Cid » ou de « Phèdre », ça ne passe pas. Ils décrochent. Et notre ami de conclure qu'un atelier théâtre fera l'affaire. Wow ! Je suis impressionné ! Richard Descoings est moderne...

    Le rapport de Descoings est ici, mais ce n'est pas la peine de le lire : c'est un poncif de la vox populi, et surtout, de toutes les tentatives de réforme du lycée dont personne n'a voulu ces dernières années : réduction des enseignements, suppression progressive de l'examen terminal du baccalauréat, culte des langues étrangères (Descoings dit tout et son contraire : que ne s'est-il avisé que l'absence de maîtrise des langues étrangères était peut-être à mettre en lien avec l'absence de maîtrise du français dont il fait pourtant un objectif prioritaire), mise en concurrence des disciplines, bla bla habituel sur le lycée professionnel, béni oui-ouisme sur la diversité et la discrimination positive. Mais, Descoings connaît la voix de son maître, j'ai remarqué, dans l'échange avec les étudiants sur le Bondy Blog sur les options rares, qu'il s'est bien gardé de répondre sur l'histoire de l'art. Eh oui...Nicolas Sarkozy aime l'histoire de l'art, figurez-vous, puisqu'il veut la voir enseignée à toutes les sauces au collège puis au lycée.

    Évidemment, tout n'est pas à jeter dans les propositions de Descoings, mais, il y a là avant tout de la poudre aux yeux. La réalité, c'est qu'il faut habiller avec de pseudo-propositions la future saignée de l'Éducation Nationale. L'argument-massue, c'est de réduire le corpus disciplinaire en clamant que les lycéens passent trop d'heures en classe. Il va de soi qu'il sera bien plus aisé par la suite de supprimer des heures d'atelier, de réflexion sur l'orientation et cetera que des heures disciplinaires. Espérons que les acteurs de l'Éducation ne tomberont pas dans le panneau. Il n'y a pas de projet autre, dans le rapport de Descoings que de faire du chiffre, d'être efficace, moderne et de réduire les coûts. On y trouve aucune réflexion ni dimension humaniste, notamment sur la place de la culture alors que cette dernière cimente la nation. Pire, on y trouve la volonté affirmée d'en finir avec l'excellence. En fait, le lycée pour tous, pour Richard Descoings, ce n'est pas donner l'accès à l'excellence à tous, mais, au contraire, à personne. C'est dans la novlange la mise en pratique de l'égalité des chances dont on nous rebat les oreilles, et qui nous permet d'esquiver la douleureuse question de l'équité.

    Cela me rappelle un sketch de Thierry Le luron sur Mitterrand. On interroge Mitterrand sur la planification économique. Ce dernier, très docte répond : quand il y a à Bordeaux 5% de chômeurs et à Strasbourg 10%, la planification, c'est faire en sorte qu'il y ait 10% de chômeurs aussi à Bordeaux...

     

  • Les sales coups de Descoings

    C'est marrant, en Sarkozie, on voit rappliquer les ambitieux de tout poil, particulièrement les arrivistes dont les dents rayent le parquet. Descoings, c'est l'archétype du gars en qui je n'ai aucune confiance. Du temps où il définissait l'organisation des enseignements et des examens, il avait, par exemple, en catimini, décidé pendant les vacances d'été qu'il fallait désormais décrocher la moyenne chaque année pour poursuivre ses études à science-po, alors que l'ancien système reposait sur une moyenne globale sur deux années. Décision prise sans avertissements préalables. Des étudiants s'étaient retrouvés par surprise sur le carreau.

    Ce type-là a la réputation de passer en force, pour les discussions que j'ai pu avoir à son sujet ; pas du genre à négocier, même si pour l'instant, il sa la joue négociateur pour mieux arriver au pouvoir.

    Toujours prêt à faire du zèle. Par exemple, pour se faire bien voir, il avait ouvert l'IEP sans passage de concours aux bacheliers venus des zones sensibles. Ça faisait bien, et c'était dans l'air du temps. Aujourd'hui, il escompte supprimer le concours d'entrée à l'IEP. Probablement dans l'air du temps.

    Descoings fait partie de ces "Modernes" que je ne peux littéralement pas piffrer. Prétentieux et méprisants, ils détestent l'école d'antan et se croient les précurseurs de l'école du futur. Morceau d'anthologie qui situe le personnage sur le Bondy Blog :

    Des lycées se sont rebellés contre la mort des options, toujours en série L. Par exemple, nous (Mehdi et Badroudine, ndlr), sommes inscrits en option « histoire de l’art » au lycée de Saint-Ouen. Or les options rares, comme la nôtre, avec le latin et le grec, sont menacées de disparition, ce qui signifierait une perte sèche de culture, à laquelle, pourtant, nous avons droit. Que répondez-vous à cela ?

    On va donc remettre du latin et grec pour tout le monde en France ? On va retourner au lycée d’il y a 50 ans ? Arrêtez ! Ce n’est pas possible.

    Vous partagez donc, sur ce point, l’esprit de la réforme que Xavier Darcos souhaitait mettre en œuvre, qui prévoyait un renforcement du français au détriment, précisément, de ces options dites rares ?

    Ça vous paraît choquant de renforcer le français ? La principale source d’inégalités des jeunes face au lycée, ce sont les classes à 35 élèves, dans lesquelles se retrouvent les enfants des familles des classes populaires. Chaque fois qu’on a pu, on a multiplié les options et les différenciations des voies. Or plus vous différenciez les parcours, plus vous créez l’inégalité. Il y a un développement des options, porté par les classes dirigeantes, porté à juste titre par les milieux intellectuels. Jacqueline de Romilly, de l’Académie française, appelle tous les deux ou trois ans au retour du grec, qui est une merveilleuse façon, effectivement, d’ouvrir l’esprit vers la culture. Mais, quitte à me fâcher avec les élites, je le dis tout de suite : on ne reviendra pas au grec ancien pour les lycéens. Veut-on plus d’égalité pour tous ou plus de choix pour certains ? Plus de réussite pour tous ou plus de réussite pour une petite proportion des jeunes Français ?

    Minable et pitoyable. Pauvre type : son raisonnement, celui-là même qui est à l'oeuvre et sape progressivement l'école française; sous prétexte d'égalitarisme, il rêve de dégommer toutes les voies d'excellence. Écoutez-le, ce type, exsudant le mépris à plein nez pour les classes populaires. On a compris pourquoi Sarko rêve de le recruter. Voilà un gars qui laminera l'école française en supprimant tout ce qui dépasse. D'ailleurs, sous Jack Lang, en 1992, il était chargé du budget de l'EN. Ce mec est un gestionnaire de la pire espèce.

    Moi, ce qui m'énerve, c'est les gros bourges qui parlent des classes popu et qui fréquentent exclusivement les cercles de gens bien intentionnés dans les hautes sphères du pouvoir. Typique, Le Siècle. Nom prétentieux qui permet aux réseaux d'influence de se constituer indépendamment des convictions politiques. On y troupe le top des PDG de gransds groupes bancaires, directeurs de rédaction, hommes politiques de premier plan (mais heureusement pas Bayrou !), ex-ministres, et j'en passe. Pêle-mêle, DSK (Directeur du FMI), Aubry, (1er secrétaire du PS) Colombani, (rédacteur en chef du Monde) Béabar (AXA), Pébereau (BNP), Jospin, Pujadas, Messier, Nicole Notat, Raffarin, Luc Ferry, Emmanuel Chain, Pascal Lamy (directeur de l'OMC) et même Jean Peyrelevade (zut alors, on en a tout de même un au MoDem. Peyrelevade est trop légitismiste : il croit qu'on pourra changer les choses et relever la France avec les mêmes hommes).

    Je n'ai pas d'avis sur les banquiers et les hommes d'affaires, après tout ils font leur métier, mais en revanche, je déteste retrouver dans ce genre de think tank des hauts technocrates, des personnalités médiatiques et politiques de toute obédience.

    On a là exactement l'exemple du verrouillage total des pouvoirs dans lequel nous vivons. Descoings, c'est ce monde-là que j'abhorre littéralement, qui regarde la tradition et le peuple avec le mépris de l'Énarque embourgeoisé. Et regardez-le, ce démagogue, déclarer :

    Mais, quitte à me fâcher avec les élites, je le dis tout de suite : on ne reviendra pas au grec ancien pour les lycéens. Veut-on plus d’égalité pour tous ou plus de choix pour certains ? Plus de réussite pour tous ou plus de réussite pour une petite proportion des jeunes Français ?

    Quel hypocrite ! les élites, ce ne sont pas les autres, les élites, c'est lui ! Oui, lui, Richard Descoings et sa clique ! Il ne risque pas de se fâcher avec les "élites" , il en est l'aboutissement technocratique le plus achevé ! Les autres, c'est la France mourrante, celle d'un autre temps, où comme le dit Jean Lassale dans sa Parole donnée, un fils de berger pouvait encore découvrir Horace ou Aristophane dans l'école du village. Regardez-le parler de l'égalité pour tous : égalité pour les autres mais surtout pas pour lui ou pour les gens de sa condition, hein ? Vivement une nuit du 04 août pour en finir avec les privilèges, les Descoings et leurs coups tordus.

    Ah oui, parce que quelques lignes plus bas, il déclare :

    On est dans « L’esquive », le film d’Abdellatif Kechiche.

    Oui, mais pourquoi pas ? Je me méfie de l’idée qu’il y aurait différents niveaux d’acquisition intellectuelle et je me méfie de l’idée que tout le monde doit marcher du même pas militaire du lycée napoléonien pour découvrir les bonheurs des textes français.

    Je vous fais l'explication de textes ? Ben en fait, on n'est pas tous égaux, réflexion faite. Alors y'en a, ils vont marcher du bon pas qui va les mener droit au travail précaire, et les autres, avec un autre pas, ils auront toujours le passe-droit nécessaire pour s'ouvrir les portes de la bonne société. Les inégalités croissantes, c'est ça : c'est exactement Descoings et sa réthorique à deux balles, qui se pare des oripeaux de l'égalitarisme pour mieux assassiner l'égalité républicaine. Voilà quel ministre la France aurait, avec ce sinistre individu.

    Ah, et méfions-nous, Descoings prépare certainement de nouvelles suppressions de postes. Argument massue du gestionnaire arriviste :

    Que cherchez-vous à dire ?

    Si le budget était le moyen de rétablir l’égalité des chances dans l’éducation nationale, on le saurait. Un, c’est très facile de faire enfler la rumeur sur le nombre de postes qu’on va supprimer, et deux, de faire l’unité dans l’opposition pour dire que c’est cela qu’il faut empêcher.

    Il paraît qu'il ne veut pas être ministre. Enfin, il s'en défent fort mollement. Tant mieux. Sa nomination serait clairement une déclaration de guerre à l'école toute entière. Darcos n'est peut-être pas fameux, mais qu'on se le dise, Descoings, c'est dix fois pire. Une sorte de mix affreux entre le haut technocrate de l'Éducation Nationale qui a toujours su cirer les bonnes pompes, le fat Luc Ferry, et l'apideux Claude Allègre.

  • Universités, la vision de Bayrou

    Bayrou répondait dans le journal Le Monde aux questions de deux journalistes. J'ai particulièrement apprécié ce qu'il dit sur les Universités.

    «Depuis le début, j'ai averti des difficultés que cette loi allait rencontrer. Les universités ont-elles besoin d'autonomie ? Evidemment, oui. Elles ont besoin de respirer, d'être débarrassées de contraintes bureaucratiques et centralisatrices excessives. Mais doit-on transformer cette autonomie en concurrence entre universités ? Cela ne sera pas accepté. L'université française s'est construite sur le principe de l'unité, avec équivalence des diplômes sur l'ensemble du territoire, évaluation nationale, recrutements par concours. Une autonomie qui impliquerait que chaque établissement ait la maîtrise du choix des étudiants, des enseignants, de leurs salaires, des droits d'inscription, cela ne passera pas.»

    Rappelons simplement ce que Bayrou disait sur l'Université pendant la campagne présidentielle, ça fait du bien...

    « Je veux défendre le modèle universitaire français. S’il n’est pas question de toucher au statut national des diplômes, la question du degré d’autonomie des universités est posée, en particulier pour les budgets de recherche.


    Par ailleurs, la gouvernance des universités est à revoir, en démocratisant son fonctionnement et en promouvant les fonctions d’encadrement. Il faut également poser la question de la relation entre l’université et les grandes écoles, avec pour objectif de marier les qualités des unes et les qualités de l’autre.

    Aujourd’hui, quelque 40 % des élèves échouent en première année à l’université, car la rupture est trop brutale entre le lycée et l’enseignement supérieur. Je propose de faire de la terminale une propédeutique - une préparation à l’enseignement supérieur - ce qui va de pair avec le semestre d’orientation à l’entrée de l’université.

    L’université a besoin de tuteurs, de répétiteurs, de moniteurs, d’interlocuteurs des étudiants débutants, de bibliothécaires aussi, toute une gamme de soutiens qui rendraient l’université accueillante, en échange de bourses convenables qui changeraient la vie de beaucoup d’étudiants, et celle de leur famille. Il s’agit d’un changement en profondeur de la qualité de vie sur les campus : au lieu d’un lieu de grande solitude, il s’agit d’en faire un lieu coopératif.

    Et cela ne se fera pas sans un pacte d’investissement sur l’enseignement supérieur, signé de manière responsable, trans-partisane, sur dix ans, et qui porte l’investissement par étudiant au niveau de la moyenne des pays performants de l’OCDE : ce qui signifie un objectif de doublement en dix ans. »