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Education - Page 17

  • Reproduction sociale

    C'est très tendance de fustiger la reproduction sociale, je trouve, dans la classe politique. A en croire presse, commentateurs et divers politiques, il suffirait d'être né quelque part pour pouvoir aspirer aux plus grandes écoles. De tels raisonnements ont le don de m'agacer. C'est une négation de tous les efforts qu'on fourni les pauvres gars et les pauvres nanas qui ont trimé d'arrache-pied pour entrer à HEC, à l'IEP, à Centrale, Polytechnique ou encore l'ENA. Combien de soirées sacrifiées, de renoncements aux loisirs ? de week-end à étudier ? Ils y pensent, les contempteurs de l'excellence ? Il les ont essayés, ces concours, histoire de se rendre compte la somme de travail que cela demande ? Je ne proviens pas d'une grande école, à titre personnel, mais j'ai du respect pour l'intelligence et la capacité de travail de ceux qui sont parvenus à y rentrer. Et je m'exaspère qu'on n'y voit là que seul effet d'un procédé social mécanique. L'excellence reste possible, et elle demande autant d'effort aux uns qu'aux autres. L'on doit s'assurer simplement que les plus modestes puissent avoir accès à la culture et se financer les livres nécessaires aux préparations les plus prestigieuses. La seule sélection qui vaille d'être combattue, c'est celle qui ferait de ces études une question de moyens financiers, d'où la bonne idée de la gratuité des concours de Valérie Pécresse (on attend toutefois la réalisation effective de la chose). Peut-être peut-on faire davantage pour les jeunes les plus méritants, bien évidemment, si l'on constate un goût réel de leur part pour l'étude.

    Toutefois, de telles aides devraient aussi pouvoir s'appliquer aux filières professionnelles d'excellence. Il y a là un logiciel mental à changer dans notre système éducatif.

  • Rythmes scolaires et chronobiologie

    Je constate que l'opinion, après avoir ignoré les compte-rendus des journées de l'Éducation organisées conjointement par le courant socialiste Espoir à gauche et le MoDem, se réveille et s'empare subitement de la question des rythmes à l'école. Le sujet est sensible et mérite une discussion de fond, et certainement pas les élucubrations d'iédologues ou d'individus qui ont une revanche à prendre envers l'école et les enseignants, généralement pour des raisons très diverses.

    Il s'agit également de ne pas faire de la chronobiologie le nouvel eldorado pédagogique qui ouvrirait la voie au champ des possibles. Par-delà les rythmes de l'enfant, que l'on met aujourd'hui en exergue, la principale variable de la réussite scolaire, c'est d'abord et avant tout l'éducation que les parents donnent à leurs enfants. Ceci une fois posé et établi, on peut commencer à discuter.

    Si je n'ai pas lu dans le détail les études du Professeur Montagner, j'ai néanmoins pris connaissance de ses travaux par des pages de vulgarisation scientifique. Le Professeur Montagner est le directeur de recherche à l'INSERM, spécialiste de la psychophysiologie et de la psychopathologie du développement. De la même manière, je me suis rendu directement sur le site de l'Académie de Médecine afin de prendre connaissance des termes exacts du rapport et nnon exclusivement des extraits relevés dans la presse.

    Je donne ici copie des conclusions de l'étude :

    Si on met l’enfant au centre de la réflexion sur le temps scolaire il faut prendre en considération l’apport des rythmes biologiques en attirant l’attention sur les éléments suivants :

    - le sommeil : de sa durée et de sa qualité dépendent le comportement à l'école, le niveau de vigilance et de performances. Il serait à cet égard important de retarder l'entrée des enfants en classe en créant une période intermédiaire d’activités calmes en début de matinée, car l’enfant arrive fatigué à l’école, surtout lorsque son temps de sommeil n’est pas respecté. De plus, un coucher tardif n’est pas totalement compensé par un lever tardif.
    - les variations quotidiennes de l'activité intellectuelle et de la vigilance : elles progressent du début jusqu'à la fin de la matinée, s'abaissent après le déjeuner puis progressent à nouveau au cours de l'après-midi. Deux débuts sont difficiles pour l'enfant : début de matinée et début d'après-midi. A cet égard la semaine de 4 jours(lundi, mardi, jeudi, vendredi) s'accompagne d'une désynchronisation avec diminution de la vigilance de l'enfant les lundi et mardi
    - les variations annuelles de la résistance à l'environnement : les périodes difficiles pour l’enfant sont l’automne, la période de la Toussaint (dont les vacances devraient être étendues à 2 semaines), et l’hiver vers fin février ou début mars.
    - le bruit :les grandes salles des cantines très bruyantes devraient être transforméesen plusieurs petites unités pour amortir le bruit.
    - la vie à l’école : il faudrait tenter dediminuer le stress de l'enfant et le surmenage scolaire par des programmes adaptés et non pléthoriques ; éviter le transport de cartables lourds grâce, par exemple, à l’utilisation de casiers à l’école ; instituer une heure d’étude surveillée en fin d’enseignement.

    On voit donc bien que les conclusions générales de la commission ne sont pas ce que la presse a mis en avant, à l'exception du retour de la semaine de quatre jours à quatre jours et demi ou cinq jours.

    Je note également que les recommandations de l'Académie de Médecine comportaient deux points principaux : le premier pour les décideurs, le second pour les parents. Le second semble être passé à la trappe dans les médias. Le voilà :

    2- Recommandations destinées aux parents
    ·        Informer sur le rôle fondamental du sommeil pour la bonne santé de l’enfant et veiller à une quantité de sommeil suffisante et à des horaires de lever et de coucher réguliers.
    ·        Restreindre le temps passé par les enfants devant un écran à moins de 2 heures par jour (recommandation de l'Association américaine de pédiatrie) et éviter la télévision avant le coucher.
    ·        Supprimer télévision et consoles de jeu de la chambre de l’enfant.
    ·        Aménager le temps périscolaire et favoriser les activités structurées sportives et culturelles.

    Marielle de Sarnez s'est exprimée récemment sur l'école primaire, jugeant que, compte-tenu des moyens limités de l'État, c'est là, et particulièrement sur les deux premières années , qu'il convenait de mettre le paquet.

    Il faut procéder, dans ce domaine, avec la plus grande prudence, le mieux étant souvent l'ennemi du bien. J'ai pour ma part toujours considéré comme une erreur la semaine de quatre jours, et il me semble que la première mesure à prendre serait de revenir à une semaine de quatre jours et demi. Toutefois, comme le souligne le rapport rendu par l'Académie de Médecine, ce n'est pas seulement la journée scolaire qui est en cause, mais tout ce qui suit avec. Quand bien même l'école finirait deux heures plus tôt, si les enfants poursuivent leur journée via des ateliers divers et variés, de la pratique sportive et des études, le nombre d'heures actives n'est pas diminué. Il y a à cet égard une contradiction entre la recommandation finale de l'Académie et ce qu''écrivent les deux membres de la commission, puisqu'ils engagent justement les parents à se défier du surcroît d'activités après l'école.

    La lecture de ce rapport met aussi le doigt sur un problème qui va être difficilement soluble : la fatigue et les rythmes des enfants à l'école primaire et au collège ne suivent pas les mêmes sinuosités. Au sein même du collège, l'enfant de 6ème et l'adolescent de 3ème ne sont pas comparables non plus. Réorganiser l'école autour de la chronobiologie des enfants suppose donc un bouleversement général difficile à mettre en place : des heures et des périodes de vacances différentes selon les âges, des débuts de cours également différents, et, des aménagements au sein même des établissements scolaires. Ainsi, ce n'est pas parce que l''école ou le collège feront débuter des cours à 9h00 ou 9h30 que les enfants pourront se lever plus tard : généralement, les parents accompagnent les enfants à l'école au moment où ils se rendent vers leur lieu de travail, et il faudra donc bien un endroit pour accueillir ces enfants, sauf à les laisser patienter dehors...Même s'ils sont accueillis, les permanences bondées et très bruyantes des collèges augureront certainement mal de la suite de la journée en termes de fatigue.

    Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que des préconisations ne sont que des préconisations ; le yaka faukon, et les lois ad hoc, cela fait un moment qu'on le pratique, en France, et je n'ai pas le sentiment que les choses soient allées ainsi en s'améliorant. Il s'agit donc de réformer non en considérant de vaseux idéaux mais bien le champ du possible, et même plus, celui du faisable. Cette manière de considérer l'action politique m'avait attiré spécifiquement vers l'UDF, dont c'était la marque de fabrique.

    Le MoDem formule ainsi dans son livret orange, au chapitre 2.1, qui concerne l'éducation, les remarques suivantes :

    La société française doit résoudre le problème des rythmes scolaire. L'année scolaire en France n'est plus que de 144 jours alors que la moyenne européenne est de 185 jours. La journée des écoliers français est la plus longue du monde, mais nos écoles sont fermées la moitié de l’année. Il faut alléger la journée de travail scolaire par un réaménagement de la semaine et de la durée des congés.

    On s'en fout de la moyenne européenne. On s'en fout du nombre de jours de fermeture de l'école. On s'en fout aussi que la journée des écoliers français soit la plus longue du monde et que les écoles soient fermées la moitié de l'année. Et on s'en fout enfin d'alléger la journée de travail scolaire. Ce qui compte, à mes yeux, c'est que nos enfants sont fatigués, qu'il y a une diversité de rythmes liés tant à la génétique qu'à l'âge ou à l'environnement. Ce qui compte, c'est de considérer comment l'école peut gagner en efficience de manière à permettre aux enfants un développement et un vigilance les plus optimaux possible. La formulation du MoDem ne prononce même pas le mot "enfant". Non, on comprend que le souci principal, c'est d'ouvrir plus les écoles. C'est tout ce que l'on retient du paragraphe concerné. Or, ouvrir plus les écoles, ce n'est pas un but en soi. Il eût mieux valu poser clairement le problème de la fatigue pour les enfants et envisager alors des solutions faisables à court-terme. Quitte à engager une réflexion sur le reste ensuite. D'autant que le MoDem dans son programme s'est bien gardé de poser la question qui fâche (Mais Marielle a mis les deux pieds dans le plat plus tard chez Peillon) qui est celle du temps de travail des enseignants. On trouve évidemment de nombreux esprits chagrins et maladifs pour proposer de faire une réforme contre les enseignants. Léser les seconds pour aider les premiers est évidemment à rebours-même de la manière dont il convient de procéder. C'est pourtant d'autant plus stupide d'agir ainsi, que contrairement à une idée reçue, les syndicats enseignants ne sont nullement hostiles à une recomposition du temps d'étude des élèves sur l'année (Position du SNES, du SGEN).

    On va me dire que je suis dur avec mon parti, mais le fait est qu'il m'énerve pas mal depuis un moment, et que je n'aime pas trop le virage qu'il a pris depuis quelque temps au niveau des idées. J'aimerais qu'on en revienne aux fondamentaux et que l'on mette en avant dialogue et pragmatisme. Heureusement, comme l'a indiqué Robert Rochefort, le programme actuel du MoDem est une ébauche, et les contributions pour l'améliorer sont les bienvenues. In fine, j'apprécie que le MoDem ou Marielle de Sarnez se soient penchés sur la question des rythmes scolaires, en avance, d'ailleurs, sur l'opinion médiatique, mais j'attends, dans la démarche, une autre méthode.

  • Hallucinant : les suicides des profs vont exploser !

    Je lisais un blog du journal Libération sur la réforme de la formation des enseignants actuellement engagée. C'est tout de même hallucinant, la fameuse masterisation. J'imagine le jeune prof tout plein d'espoirs débarquant dans des classes de 30 élèves en établissements difficiles avec une semaine complète, à laquelle viendront s'ajouter les sottises UIFMesques hebdomadaires.

    Ils vont morfler les jeunots. C'est un fait ignoré, mais, parmi les cadres, les enseignants constituent l'un des secteurs professionnels où il y a le plus fort taux de suicides. Mais là, ça va exploser ! les dépressions, les suicides, il va y avoir un boom comme jamais ce secteur n'en aura connu. Des jeunes seront acculés à la démission, et ils réaliseront que tout ce pour quoi ils ont étudié pendant des années sera à l'eau complètement. Ils vont comprendre la vanité et l'inanité de leurs aspirations. Ils vont en prendre plein la gueule, les jeunes profs. Plein la gueule. L'un des principaux facteurs d'épuisement psychique, c'est la multiplicité des relations sociales. Que ces relations soient continues et un tantinet conflictuelles et l'on fait un premier pas vers l'Enfer. Ne l'oublions pas, le public des enseignants est avant tout un public captif. Il n'est pas là par choix. Qu'il rue dans les brancards, et c'est tentant dans notre société d'hyper-loisirs, et le prof n'est guère mieux placé qu'un geolier dans une prison surpeuplée.

    Je pense que les jeunes qui se destinent à l'enseignement devraient reconsidérer leurs objectifs et penser à l'avenir. Leur avenir. Entre les Cohn-Bendit and co qui veulent faire croître leur temps de travail tout en les insultant, et les Sarkozy and co bien déterminer à les faire trimer jusqu'à la psychose, il  me semble que leur sort est scellé. Tiens, toutes proportions gardées, cela me fait penser à ces pauvres gendarmes auxquels Sarkozy et Besson demandent du chiffre tout en réduisant leurs effectifs. Il ne fait pas bon être flic non plus, par les temps qui courent.

    Bref, jeunes gens qui voulez devenir profs et qui me lisez, il est encore temps de vous réorienter !

    P.S. Quelques précisions pas inutiles chez le Privilégié...

  • Ah, ces feignasses d'enseignants ! (enseignants, voulez-vous encore voter écolo ?)

    J'espère que mes lecteurs qui exerceraient dans l'enseignement vont apprécier à leur juste mesure ces saillies de Gabriel Cohn-Bendit en juillet 2006, à propos des vacances :

    Les enseignants sont des gros fainéants, et d'ailleurs, leur métier ne génère aucune fatigue. Allez, au boulot, ce tas de bons à rien incapables :

    Les professeurs qui se plaignent de la fatigue, c’est scandaleux ! On n’entend pas un routier ou un type du bâtiment se plaindre avec seulement quatre semaines de vacances. Mais alors pour nous autres les professeurs ce serait l’épuisement total ? Les gosses sont fatigués ? C’est scandaleux ! Qui fatigue les gosses ? Qui leur donne du travail au point qu’au bout de 7 semaines ils ont besoin de souffler ? Il suffirait de leur donner moins de devoirs. L’école devrait comprendre qu’un enfant de 6 ans n’a pas le même rythme qu’un ado, qu’un pré-ado, etc. L’école ne réfléchit pas aux demandes des enfants. Ils doivent se soumettre au monde des adultes qui définit à quel rythme on doit apprendre. On leur impose un rythme fou contre nature.

    Les enseignants, fatigués ? Mais ils ont trop de vacances, voyons !

    Si les enseignants ont des vacances en été, c’est parce qu’à la fin du XIXe siècle, la France était à plus de 60% une société paysanne. Or jamais les paysans n’auraient accepté de laisser leurs enfants à l’école pendant les travaux des champs. Il fallait qu’ils les aident. Les enseignants étaient donc, durant cette période, au chômage technique. En 2006, 5% de la population est paysanne, 95% vit dans les villes. Il n' y a plus de travaux des champs mais les enseignants partent toujours en vacances ! Et l’été, les gosses restent dans les quartiers. Il y a un divorce complet entre les congés des enseignants et ce qui se passe pour les enfants. Les professeurs devraient se préoccuper un peu plus de ce que deviennent les enfants pendant ces deux mois.

    Je suis en verve, en ce moment, mais il est difficile de ne pas faire de relations avec les déclarations de Dominique Strauss-Khan, au mois de septembre de la même année, estimant que le métier d'enseignant n'était pas un métier difficile ni fatigant, ou encore de Ségolène Royal, toujours la même année, proposant de flanquer les enseignants 35 heures dans les établissements et conspuant ce tas d'incapables se contentant de faire leurs dix-sept heures (sic!) !

    Le problème, c'est que la gauche et les verts n'ont nullement renoncé à leur antienne. La preuve, lors du colloque organisé par Vincent Peillon, il était mis en avant de revoir les rythmes scolaires et le temps de travail des enseignants (temps d'ouverture des écoles).

    Plusieurs partis politiques sont désormais prêts à monter sans scrupules la population française contre ses enseignants, comme au temps de Claude Allègre. A côté, l'UMP, qui n'a jamais évoqué ces sujets, va passer pour modérée (à raison ?).

    Il est, une nouvelle fois, très regrettable de voir le MoDem joindre sa voix à ces balivernes. Je veux bien que le MoDem participe aux rencontres sur l'éducation organisées par l'Espoir à Gauche, mais si c'est pour se fondre dans la doxa ambiante sans faire entendre une voix originale, ce n'est pas la peine d'y aller.

    Je ne conçois pas que l'on puisse donner la moindre légitimité, dans de tels débats, à un individu comme Gabriel Cohn-Bendit, qui passe son temps à insulter les enseignants, quand, dans le même temps, Vincent Peillon renonce à offrir un ticket d'entrée à Brighelli. Gaby Cohn-Bendit ne semble pas gêner les huiles pédagogos invitées à ces colloques, et les protestations du MoDem, au colloque précédent, ont été bien molles, là où il eût fallu déclarer le casus belli.

    A la décharge de la gauche, il demeure toutefois quelques voix originales pour penser autrement : il n'est pas de mon camp, mais je rends ce satisfecit à Mélenchon pour s'être toujours abstenu de casser du prof, tout en prônant une éducation d'excellence. Espérons qu'il soit suivi sur ce point par le Front de Gauche.

    J'appelle une nouvelle fois le MoDem à clarifier ses positions.

  • L'excellence, des compagnons aux grandes écoles

    Je suis vraiment de mauvaise humeur, ce matin : je ne puis m'empêcher de ruminer sur le sort que la totalité des partis politiques, désormais, réserve aux parcours d'excellence dans notre système scolaire. Tout le monde (sauf Bayrou) s'accorde pour tirer à vue sur nos meilleures formations, à commence par les grandes écoles françaises (spécialité des Descoings, Sarkozy, Châtel and co...).

    Je trouve cela triste, parce que la tradition de l'excellence est forte, chez nous : plus forte que dans tous les autres pays. C'est une chose dont les classements PISA et ceux de l'Université de Shangaï ne rendent aucunement compte. Pour former des élites, nous sommes bons, voire très bons. Et pas seulement dans les études dites supérieures ; dans le domaine professionnel, nous avons les excellents Compagnons du Tour de France. Par intellectualisme imbécile et idéologie lénifiante, la classe politique et les enseignants (et cette fois, on peut les pointer du doigt) n'ont cessé de tirer à boulets rouges contre les professions manuelles. On voulait "éduquer" les ouvriers, et résultat, on est incapable de changer une ampoule chez soi aujourd'hui. D'ailleurs, au sein même des collèges, la "technologie" a remplacé l'utile éducation manuelle et technique. Une terminologie morale (seule concession que je ferai aux pédagogos) a, à vrai dire, fait des ravages conséquents : l'habitude idiote et humiliante de distinguer "bons" et "mauvais" élèves. Il y a des élèves qui sont en difficultés, d'autres noms. "bon", "mauvais", cela renvoie à un jugement moral qui me paraît insupportable. On a donc pris l'habitude d'orienter les "mauvais" élèves vers les voies professionnelles...

    Et pourtant, elles existent ces formations professionnelles de grande qualité, d'une exigence bien supérieure à ce que l'on demande aux glandus qui passent le bac de nos jours. Les écoles Boule, Ferrandi, les Compagnons, voilà des références qui font le tour de la planète et attirent une élite venue des quatre coins du monde.

    Prenons les Compagnons : en réalité, on pourrait envisager des conventions sérieuses entre l'Éducation Nationale et les Compagnons du Tour de France : seulement voilà, c'est une école exigeante s'accomodant très mal de l'égalitarisme forcené qui caractérise désormais les dernières réformes de notre système éducatif. Il ne s'agit plus de construire une école pour chacun, mais une école pour tous : le fameux "lycée pour tous" de Richard Descoings. D'ailleurs, "tous", à mes yeux, c'est nécessairement exclusif de "chacun".

    J'apprécie la philosophie qui accompagne la formation que dispensent les Compagnons, l'idée qu'il n'y a pas un nombre d'années de formation standard, mais que vient un moment où, chaque individu, selon ses rythmes, sa motivation, son parcours est prêt, et ce moment n'est pas nécessairement le même que celui du voisin. L'idée du Chef d'Oeuvre s'opppose radicalement à notre sacro-sainte moyenne dont on fait, désormais, l'alpha et l'oméga de l'évaluation :

    Mais il faut bien comprendre que chez les Compagnons, l'expérience est aussi importante que les diplômes. Les années de Compagnonnage permettent à chacun de progresser à son rythme. Un élève peut devenir Compagnon au bout de 2 ou de 5 ans. Il présente sa « Maquette » ou « Chef d'œuvre » lorsqu'il se sent prêt.

    Petit à petit, ce sont  les derniers pans de ce qui a fait notre grandeur qui s'effondrent petit à petit, sous les coups de boutoir répétés des idiots utiles, arrivistes et réformistes forcenés des couloirs des ministères.

  • Haine des profs chez les Verts...

    «  je ne suis pas de ceux qui disent que les enseignants sont des gens formidables. Je n’aime pas mon pays ! Cette école qui crée les nationalismes ! Je n’aime pas l’école parce qu’elle n’est pas aimable !  Les enseignants, ils ont des primes pour venir enseigner en ZEP. Qu’est-ce que ça veut dire ! Il y a peut-être 15% de profs qui se donnent à leurs élèves… »

    Ce n'est pas de moi, c'est de Gabriel Cohn-Bendit, un des leaders d'Europe-écologie, vous savez, ce mouvement politique très tendance pour lequel les bobos votent les yeux fermés...

    Cela donne aussi ceci :

    « un préalable avant d’avoir été enseignant, c’est d’avoir fait une colonie de vacances et de s’en sortir avec les mômes». Yesss : ouvrons des MJC. S'il y en a un dont le logiciel n'a pas changé depuis mai 68, c'est bien celui-là.  Et puis s'ils considèrent les enseignants comme de la merde, lui, en revanche...

    « il faut faire de la publicité comparative entre les méthodes de l’école traditionnelle et les nôtres et on verra les résultats ! Moi à l’école, je veux le petit avec la kippa, la petite avec le voile. J’en ai marre des républicains, j’aime les monarchies du nord ! C’est ça qui marche !»

    Après avoir présenté Meirieu, le ponte du pédagogisme triomphant en Rhône-Alpes, Europe-écologie et les Verts font feu de tout bois. Ce sera sans moi. Le problème, c'est que tout ceci a été dit lors d'un colloque sur l'Éducation à Nanterre, organisé par Vincent Peillon. C'est marrant, en ce moment, tout le monde est d'accord pour flinguer le dernier fleuron de l'enseignement français : les Grandes écoles. Sarkozy veut les foutre en l'air en introduisant des disparités scandaleuses dans leur recrutement : plus besoin de se faire chier à passer un concours, il suffira d'être boursier et/ou de venir d'un quartier dit difficile. Cohn-Bendit et les Verts veulent transformer les écoles en colonies de vacances, alors je ne vous dis pas ce qu'ils pensent des Grandes écoles. Et Peillon, comme toute la gauche, veut rééquilibrer les dépenses en faveur des Universités,  à l'heure actuelle bien moins performantes que nos Grandes écoles. Mes amis de SOS-éducation vont faire une syncope s'ils lisent ce billet...Il faut dire que le nouveau programme de cinquième va lui plaire, au Gaby...

    Bayrou réagissait ainsi à l'idée d'instaurer ces quotas, tout récemment :

    On n'a pas besoin de la charité quand on vient de milieux moins favorisés, on a besoin de la justice, on n'a pas besoin d'avoir des quotas, on a besoin d'avoir un enseignement primaire et secondaire qui tienne la route", s'est insurgé le député des Pyrénées-Atlantiques.

    Je crois que c'est la dernière figure d'envergure qui défend encore l'idée de l'excellence partout battue en brèche. Je sais qu'il faut faire un grand rassemblement social, démocrate et écologique. C'est très tendance. Marielle y est favorable. Quand on lit le livret orange pour la jeunesse, on se dit qu'il n'y a pas l'épaisseur d'un cheveu entre eux et Gaby Cohn-Bendit. Le programme du MoDem, sans casser des briques, est heureusement plus raisonnable. Mais sur le fond, il y a une distorsion évidente entre ce que pensent un Jean Lassalle, un François Bayrou, et ce qu'il se dit dans les commissions éducation du MoDem.

    Il va bien falloir, tôt ou tard, régler une bonne fois pour toutes cette distorsion. J'estime, en tout cas, en l'état, non compatibles les idées exprimées jusqu'ici par François Bayrou sur l'éducation et ce qui se dit à gauche, à l'UMP et chez les Verts, la palme de la connerie revenant à ces derniers...

  • L'insondable hypocrisie de l'Éducation Nationale

    J'invite fortement à aller faire un tour sur le blog d'Hasthable : il publie un témoignage édifiant. Celui d'un enseignant en proie à la surdité et à la scizophrénie de son administration. Quand je lis, çà et là, des témoignages, que j'écoute les réactions de nombreux enseignants, humiliés, menacés, rabaissés, tant par les "apprenants" que par ceux-là mêmes qui devraient les protéger, je commence à comprendre, comme l'observaient récemment Robert Rochefort et Marielle de Sarnez chez Vincent Peillon, que plus de 60% des enseignants aient désormais l'envie de changer de métier.

    Ce qui est impressionnant, c'est l'hypocrisie des rectorats, du ministère et de ses services : devant les caméras, ils font les beaux, mais sans médiatisation, les enseignants sont laissés à leurs seules forces, quand ils ne subissent pas purement et simplement des pressions pour se coucher devant des parents devenus clients plutôt qu'usagers de l'Éducation Nationale ou encore des merdeux qui voient leur professeur comme une serpilière sur laquelle il convient de s'essuyer.

    C'est un coup de torchon qu'il conviendrait de donner dans la technostructure de l'Éducation Nationale, mais pas seulement : les partis politiques ne cessent d'instrumentaliser cette institution au gré des lubies et hobbies des différents ministres qui se succèdent. Nous avançons, d'ailleurs, à grands pas vers la précarisation de ce métier : de plus en plus, les collèges et les lycées font appel à des vacataires, mal formés, mal protégés, corvéables et licenciables à merci, sans compter ceux dont les connaissances disciplinaires, notoirement insuffisantes, ne garantissent pas une vraie qualité d'enseignement. Comme le dit souvent Hastable, notre pays est vraiment foutu. Tout fout le camp...

  • Notetonprof.com

    Tiens, tiens, le retour de la notation des enseignants par des élèves : je l'apprends par le Privilégié. Plus astucieux que la dernière tentative du même genre, et sans doute plus d'arrière-pensées aussi... Cette fois, l'affaire est commanditée par la société Campus Citizens, basée à San Francisco (je vous parie que le serveur qui abrite les données n'est pas en France...). Ils ont apparemment des projets similaires aux USA et en Allemagne. C'est louche d'avoir commencé par la France. Ils se présentent comme de jeunes professionnels et des étudiants. Ils disposent évidemment d'un groupe sur facebook.

    Je suis allé voir les conditions légales : déjà avant de vouloir noter des profs, on évite de faire des fautes d'orthographe et de français...

    Le Site, y compris tous les textes, logos ou images graphiques qui y apparaissant sont protégés par copyright, marque, brevet, secret industriel ainsi que d'autres lois. Le Site ainsi que tout contenu du Site est la propriété de Campus Citizens et ou de tiers concédants de licences, et, tout droit, titre et intérêts dans ou au Site restera à Campus Citizens et ou les tiers concédants de licences. Rien dans ces Conditions ne vous transfert de droits, à vous ou à un quelconque tiers, excepté lorsque expressément établit par les présentes Conditions.

    Bref, truffé de fautes. Et il y en a d'autres dans la même page, j'ai renoncé à les relever toutes, submergé par le nombre...En revanche, je crois comprendre à la lecture de ce texte que Campus Citizens se réserve la possibilité de revendre (concéder des licences) les données. Très mahonnête, comme procédé, et probablement pas légal.

    Cela dit, c'est assez rigolo de venir faisander leurs évaluations à la noix : moi, par exemple, je me suis rendu sur le site et j'ai donné une note de 5/5 à un professeur inconnu, parce que je trouvais ça marrant d'écrire n'importe quoi sur ce site bidon. J'invite d'ailleurs mes lecteurs à aller faire joujou là-bas...

    Au fait, j'ai commencé à écrire ce billet ce matin, mais à cause du boulot, je n'ai pas eu le temps de le continuer. Du coup, Nemo m'a grillé...

  • Châtel, tu te fous de mon identité nationale ?

    Pas de répit avec l'actualité : je deviens un forçat du billet. Je viens d'apprendre sur le blog l'Atelier des icônes (merci à juju41 de m'avoir signalé l'info) que le sieur Luc Châtel, présumé Ministre de l'Éducation Nationale, n'avait rien trouvé de mieux, pour promouvoir l'identité nationale à l'école que de supprimer l'Histoire et la Géographie du tronc commun des classes de première et terminale scientifiques.

    C'est du foutage de gueule en bonne et due forme : s'il y a bien quelque chose qui participe de l'identité d'une nation, c'est bien son histoire, pour le compte. C'est d'ailleurs d'autant plus grave que les programmes de 1ère et terminale portent sur le monde contemporain, seconde guerre mondiale incluse, si je ne m'abuse.

    Il ne faut pas laisser Châtel et Sarkozy détruire notre identité nationale en supprimant l'un de ses piliers les plus essentiels. Ce qui m'énerve, c'est l'hypocrisie avec laquelle l'omni-président et son sbire manipulent les symboles pour mieux entuber les Français et la communauté éducative ensuite. On s'en fout de la lettre de Guy Môcquet, si plus personne en France ne comprend un jour pourquoi le nazisme a vu le jour en Allemagne ! On s'en fout des commémorations en tout genre, si plus personne en France ne sait ce qu'est un goulag !

    Sarko, Châtel, vos inquiétudes sur l'identité des électeurs du Front National (sont-ils des électeurs de droite égarés ou non ?) on s'en fout ! Nous, ce qu'on veut, c'est que vous nous laissiez au minimum l'identité de la France dans l'état dans lequel vous l'avez trouvée !

  • Un prof a voulu faire le malin avec Castaldi

    J'ai réussi à peu près à visualiser la vidéo qui fait le tour de la Toile à propos de l'altercation de Benjamin Castaldi avec un professeur de philosophie. On en fait un peu trop sur cette histoire. Je ne comprends pas très bien l'attitude du professeur de philosophie : s'il ne voulait pas que Castaldi intervienne, pourquoi l'a-t-il fait venir dans sa classe ? Ensuite, c'est tout de même normal que Castaldi renseigne les élèves qui veulent s'informer sur les dessous des émissions s'il s'agit d'une éducation à l'orientation. Le prof a voulu faire son intello de gauche en beuglant contre  TF1, la télé fric, pognon et compagnie. Il a voulu faire de l'idéologie et se payer un animateur, en somme, en bon idéologue bien-pensant qu'il était. L'Éducation Nationale n'a pas à être pour ou contre TF1. Elle instruit et point à la ligne, c'est tout. Le prof de philo en voulait à l'émission Secret Story. Bah, elle ne m'a pas l'air bien méchante cette émission. Cela me paraît un jeu plutôt amusant, ni meilleur ni pire qu'un autre. Peu importe, c'était peut-être une erreur d'inviter Castaldi, mais il fallait l'assumer ensuite : il était là pour présenter son métier, et il était donc logique qu'il parle de son émission. Il n'a évidemment pas à se lever et à menacer le prof de philo, mais ce dernier n'a pas non plus à l'appeler Monsieur Machin et à critiquer son émission dans ces circonstances. Le prof a voulu faire le malin et se la jouer donneur de leçons parce que c'est tendance de se payer la tête d'un animateur. Cela permet de se donner de l'importance.

    En tout cas, moi, je n'adhère pas. Il y a des manières autrement plus intelligentes de lutter contre les chaînes que l'on juge décervelantes.