Je lisais un blog du journal Libération sur la réforme de la formation des enseignants actuellement engagée. C'est tout de même hallucinant, la fameuse masterisation. J'imagine le jeune prof tout plein d'espoirs débarquant dans des classes de 30 élèves en établissements difficiles avec une semaine complète, à laquelle viendront s'ajouter les sottises UIFMesques hebdomadaires.
Ils vont morfler les jeunots. C'est un fait ignoré, mais, parmi les cadres, les enseignants constituent l'un des secteurs professionnels où il y a le plus fort taux de suicides. Mais là, ça va exploser ! les dépressions, les suicides, il va y avoir un boom comme jamais ce secteur n'en aura connu. Des jeunes seront acculés à la démission, et ils réaliseront que tout ce pour quoi ils ont étudié pendant des années sera à l'eau complètement. Ils vont comprendre la vanité et l'inanité de leurs aspirations. Ils vont en prendre plein la gueule, les jeunes profs. Plein la gueule. L'un des principaux facteurs d'épuisement psychique, c'est la multiplicité des relations sociales. Que ces relations soient continues et un tantinet conflictuelles et l'on fait un premier pas vers l'Enfer. Ne l'oublions pas, le public des enseignants est avant tout un public captif. Il n'est pas là par choix. Qu'il rue dans les brancards, et c'est tentant dans notre société d'hyper-loisirs, et le prof n'est guère mieux placé qu'un geolier dans une prison surpeuplée.
Je pense que les jeunes qui se destinent à l'enseignement devraient reconsidérer leurs objectifs et penser à l'avenir. Leur avenir. Entre les Cohn-Bendit and co qui veulent faire croître leur temps de travail tout en les insultant, et les Sarkozy and co bien déterminer à les faire trimer jusqu'à la psychose, il me semble que leur sort est scellé. Tiens, toutes proportions gardées, cela me fait penser à ces pauvres gendarmes auxquels Sarkozy et Besson demandent du chiffre tout en réduisant leurs effectifs. Il ne fait pas bon être flic non plus, par les temps qui courent.
Bref, jeunes gens qui voulez devenir profs et qui me lisez, il est encore temps de vous réorienter !
P.S. Quelques précisions pas inutiles chez le Privilégié...
Commentaires
Juste une remarque : l'IUFM n'existe plus, et les jeunes profs seront devant les élèves et iront deux mois à l'université pour soi-disant se former, en janvier-février.
A lire :
http://lespriviliegiesparlent.blogspot.com/2010/01/ouh-le-beau-systeme-de-stage-pour-les.html
Il y a dans la gestion actuelle de l'Education Nationale une malhonnêteté qui dépasse tout ce qu'on a pu voir depuis 30 ans - et pourtant il y avait de quoi faire! Tout est fait pour économiser à court terme, avec des conséquences indicibles pour la suite (pour faire vite, on va former des jeunes incultes, rétifs à tout effort mais revendicatifs. ça promet dans les urnes...)
Pour couronner le tout, rien de tout ce qui se fait et se prépare n'est relayé correctement par la presse et les médias et on continue à parler des profs comme s'ils travaillaient dans les mêmes conditions que dans les années 1970. Merci donc à toi l'Hérétique.
Je profite de l'occasion pour dire que le projet du MoDem est bien décevant sur ce point et que je ne comprends pas pourquoi François Bayrou ne pousse pas davantage ce dossier qu'il connaît et qu'il dit essentiel...
C'est assez typique de certaines réformes de Sarkozy : la réforme par amputation. Que les IUFM ne soient pas une réussite, je pense qu'il y a un consensus là-dessus en France (peut-être pas à Europe-Ecologie quand on voit leur tête de liste en Rhône-Alpes). Mais ici, la seule véritable réforme est de quasiment supprimer la formation initiale.
L'annualisation proposée est en outre stupide : c'est au premier trimestre que se forge le contact avec le groupe-classe... Là, le professeur stagiaire aura tout le loisir de se planter devant un nombre important de classes s'il doit un service plein...
De plus, si les modalités de mutation ne changent pas, cela signifie que les stagiaires ne sauront qu'une poignée de jours avant la rentrée les niveaux auxquels ils seront confrontés (ce qui est très pratique lorsqu'on part de zéro ou presque)...
C'est triste à dire, mais je suis d'accord avec votre conclusion... ce qui en dit long sur le niveau de recrutement futur des enseignants...
@L' hérétique,
J'aurais plutot choisi un titre plus percutant, du style: "Suicides des profs "
Tout simplement.
Sympa de défendre les profs. Mais malgré tout, c'est un très beau métier. C'est le mien et je l'aime.
Restez chez vous. Merci. signé Evidences.
Merci de votre commentaire évidences, mais mon chez moi est vaste, pas de chance: mauvaise pioche...!
@Évidences
Respirez un grand coup, reprenez votre calme, buvez un verre d'eau si nécessaire et relisez l'article avec un oeil apaisé. Jetez un oeil sur mes billets Éducation et vous verrez qu'on n'est pas si éloigné de ça l'un de l'autre, à la lueur de vos réactions furieuses sur Marianne2, du moins...
Le Parisien :
"La semaine de quatre jours nuit à la santé des enfants
L’Académie de médecine relance le débat sur le bien-fondé de la semaine de quatre jours à l’école, appliquée en France depuis septembre 2008.
L’école est néfaste pour la santé ! Ce sont des médecins qui le disent : l’Académie de médecine vient d’adopter un rapport assassin sur le rythme scolaire des petits Français : 864 heures de classe, en 36 semaines, 144 jours, 4 jours par semaine, ce n’est pas bon pour les enfants. Il y a longtemps que les chronobiologistes le disent.
Ils l’ont répété lorsque la réforme du primaire, en septembre 2008, a eu raison du samedi, faisant de la France le seul pays européen où les enfants ne vont à l’école que quatre jours par semaine. L’Académie de médecine s’était saisie du sujet de l’aménagement du temps scolaire, qui fait régulièrement débat depuis vingt ans. La réforme ne fait que renforcer ses « recommandations » pour que l’on « mette l’enfant au centre de toute réflexion sur le temps scolaire ».
8 h 30, c’est trop tôt ! L’enfant arrive à l’école fatigué « quelle que soit la durée de son sommeil », préviennent les médecins, qui insistent sur la nécessité de se coucher à heure régulière en évitant les variations (le mardi et le week-end entre autres) et les emplois du temps de « ministre » après l’école. Sport, musique, devoirs… si les enfants, « en dehors de toute maladie », se traînent en classe, c’est qu’ils en font trop, au risque de somnoler en plein jour, développer des troubles de l’attention, voire de l’anxiété ou de l’hyperactivité. A 8 h 30 qui plus est, l’enfant n’est bon à rien : sa capacité d’attention grimpe à partir de 9 heures pour être au top entre 10 heures et 11 heures, plonge après le repas et remonte entre 15 heures et 16 heures.
Des journées à rallonge. Six heures de cours par jour, c’est trop. C’est deux heures de plus que pour un petit Finlandais ou Suédois ! Quand s’y ajoutent deux heures de soutien, c’est encore plus incohérent. En primaire, il vaudrait mieux limiter à cinq heures, avec une heure d’étude dirigée pour terminer. Ce qui effacerait la corvée des devoirs après. Au collège, l’Académie regrette que les emplois du temps (25 à 28 heures par semaine) ne tiennent jamais compte de l’âge des élèves de la 6 e à la 3e et déplore les heures de « trous », qui ajoutent à la fatigue.
Des semaines denses. La semaine de quatre jours, c’est ce qui se fait de pire, selon tous les scientifiques. Les enfants sont fatigués le lundi et le mardi. Le mieux pour eux, c’est étaler la classe sur quatre jours et demi ou cinq jours. Même l’inspection générale de l’Education nationale a relevé en septembre que la suppression du samedi matin avait accru la fatigue des élèves et des enseignants. La FCPE (principale fédération de parents d’élèves) le mettait aussi en avant au printemps dernier, incitant parents et écoles à réfléchir à des semaines plus en phase avec la santé des enfants. Depuis la réforme de 2008, 5 % des écoles seulement ont gardé le rythme de quatre jours et demi avec mercredi travaillé, qu’ils avaient déjà auparavant.
Des vacances mal réparties. Les petits Français travaillent trop, alors qu’ils sont champions des vacances. L’école se concentre sur 36 semaines, avec quatre périodes de congé. L’idéal, ce serait une année scolaire de 180 à 200 jours d’école : moins de vacances d’été et une alternance de sept semaines de cours et deux semaines de congé, évitant ainsi l’aberration actuelle de dix petits jours à la Toussaint, alors que l’automne est médicalement une période de fatigue."
http://www.leparisien.fr/societe/la-semaine-de-quatre-jours-nuit-a-la-sante-des-enfants-28-01-2010-794258.php