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suicide

  • L'école face aux suicides d'enfants

    Il n'y a peu de choses plus insupportables que d'entendre aux actualités la nouvelle d'un nouveau suicide d'enfant.

    Comment peut-on à 9, 10, 13 ans, se donner la mort ? Je n'aime pas tellement Cyrulnik généralement, mais, sur le sort que s'infligent des enfants si jeunes, il a des paroles très justes : 

    «le cumul des événements qui déclenche l'acte suicidaire résulte d'une cascade de déchirures invisibles, d'une convergence d'événements de nature différente»

    «L'enfant "insécurisé", "seul, sans partage de la souffrance, sans aide ni possibilité de déchiffrer ce qui lui arrive, le jour où il comprend ce qu'est la mort, il se laisse prendre [...] une pichenette peut suffire pour passer à l'acte. Une phrase blessante, une petite frustration, une mauvaise note à l'école ou le déménagement d'un copain peuvent provoquer une déflagration exceptionnelle. Il peut écrire une lettre d'adieu [...] mais le plus souvent, il se penche trop par la fenêtre ou descend d'un autobus en marche. Alors les adultes parlent d'accident»

    J'observe à quel point l'école se trouve impliquée dans les suicides d'enfants : et on y trouve dans bien des cas, comme élément déclencheur final les notes.

    Ce n'est pas qu'il faudrait les supprimer, mais c'est qu'il faudrait cesser d'en faire un échelon de valeur. Je ne supporte plus d'entendre dans des discussions, de la part d'enfants eux-mêmes le plus souvent, parler de "bons" et de "mauvais" élèves. J'en ai assez de cette école, et particulièrement des collèges qui écrasent comme des rouleaux compresseurs les individus et s'érigent en seules mesures de la valeur de jeunes êtres humains, de leurs savoir-faire et de leurs savoir-être.

    Mais il faudrait dire aussi un mot des enseignants et de l'absence d'humanité ordinaire d'une large part d'entre eux. Prompts à défiler pour le "service public", comme on dit, aveugles et sourds aux mal-être d'enfants qu'ils côtoient tous les jours, quand ils ne sont pas carrément vachards.

    Le collège unique, les projets de scolarisation obligatoire jusqu'à 18 ans, les socles communs et j'en passe, tout ce qui se présente comme le "Bien suprême" du monde éducatif, la pression derrière les résultats au lieu de chercher le plaisir dans l'étude, tout concourt à faire du cursus scolaire un enfer ordinaire.

     

  • Euthanasie : liberté ou suicide ?

    J'arrive un peu après la bataille à propos du débat sur l'euthanasie, mais j'avoue que c'est un thème qui me travaille.

    Je m'étais déjà prononcé en faveur d'une euthansaie contrôlée ; aujourd'hui, je m'interroge sur le lien, sans doute ténu, qui associe l'euthanasie active et la liberté. Plus exactement, je me pose la question suivante : se donner la mort est-il une expression de nos droits naturels ?

    En posant cette question, je marche sur un champ de mines : le fil est très ténu entre le suicide et l'euthanasie. J'ai toujours considéré, au cours de mon existence, que le suicide coïncidait avec l'anéantissement de tout espoir. Or, quand je m'interroge moi-même, et que je pèse la balance de mes maux à venir, puisqu'ils sont sans doute inévitables, je tends à penser que la somme des contrariétés et des souffrances, quand elle devient trop importante, l'emporte sur le désir de vivre. 

    Le désir de vivre n'est pas seulement l'émanation de notre instinct de survie mais aussi l'espoir de jours meilleurs : c'est cela surtout qui nous rattache à l'existence me semble-t-il.

    Notre tolérance aux afflictions de toute sorte est très variable d'un individu à l'autre. L'émotivité de chaque individu, j'imagine, accentue dans un sens ou dans l'autre nos espoirs.

    Je ne sais si nous avons peur de la mort ou peur de ne plus vivre. Quand j'envisage pour mes vieux jours l'euthanasie plutôt que la décrépitude sans fin, j'ai le sentiment qu'elle ne sera pas possible tant que l'existence me sera tolérable. Et, tant que j'ai envie de vivre, j'ai peur de la mort. En fait, je pense bien que j'ai peur de ne plus vivre.

    J'envie ceux qui sont portés par leur foi : j'ai eu une grande-tante et une grand-mère très croyantes, impliquées dans la charité et la solidarité. Ce sont elles qui m'ont vraiment instruit en religion. Quand j'étais petit, je croyais qu'elles étaient des saintes, et une fois, je me souviens d'avoir posé très sérieusement la question à l'une d'entre elles.

    J'envie également ceux qui sont capables de faire du suc de l'existence une force intérieure profonde. Quand je songe à la mort, à ma mort, parfois, j'ai constamment présents à l'esprit les derniers mots qu'Épicure adressa à ses amis en mourant. La lettre à Idoménée, rapportée par Cicéron, en fait état : parce qu'il était entouré de ses amis et proches, en dépit de ses souffrances, il affirmait partir dans la joie en se souvenant de tous les bons moments qu'il avait passé avec eux.

    Partir dans la joie. Moi, je me représente la mort comme une affreuse agonie. Je n'imagine pas d'autres remèdes qu'une euthanasie douce et rapide pour s'en débarasser au plus vite.

    Et comme je n'ai pas la foi, je ne m'imagine pas de vie meilleure ailleurs. Pour moi, mon corps ne redeviendra que poussière et rien d'autre.

    Je n'imagine pas de mort volontaire sans submersion sous l'angoisse (j'exclus de ce champ, toutefois, le sacrifice). L'angoisse me paraît l'un des pires maux humains dans le domaine de l'esprit.

    Toutefois, si un jour je voulais en finir avec l'angoisse, j'estimerais profondément attentatoire à ma liberté et à mes droits que l'on m'en empêche.

    Je reconnais toutefois qu'une telle affirmation est gênante car elle légitime de fait le suicide. Je pense néanmoins que le suicide n'est pas une issue normale pour de jeunes gens ou des hommes et des femmes dans la force de l'âge et en bonne santé. Cette observation seule me semble suffisante pour tracer la nécessaire frontière entre l'euthanasie et le suicide.

  • Hallucinant : les suicides des profs vont exploser !

    Je lisais un blog du journal Libération sur la réforme de la formation des enseignants actuellement engagée. C'est tout de même hallucinant, la fameuse masterisation. J'imagine le jeune prof tout plein d'espoirs débarquant dans des classes de 30 élèves en établissements difficiles avec une semaine complète, à laquelle viendront s'ajouter les sottises UIFMesques hebdomadaires.

    Ils vont morfler les jeunots. C'est un fait ignoré, mais, parmi les cadres, les enseignants constituent l'un des secteurs professionnels où il y a le plus fort taux de suicides. Mais là, ça va exploser ! les dépressions, les suicides, il va y avoir un boom comme jamais ce secteur n'en aura connu. Des jeunes seront acculés à la démission, et ils réaliseront que tout ce pour quoi ils ont étudié pendant des années sera à l'eau complètement. Ils vont comprendre la vanité et l'inanité de leurs aspirations. Ils vont en prendre plein la gueule, les jeunes profs. Plein la gueule. L'un des principaux facteurs d'épuisement psychique, c'est la multiplicité des relations sociales. Que ces relations soient continues et un tantinet conflictuelles et l'on fait un premier pas vers l'Enfer. Ne l'oublions pas, le public des enseignants est avant tout un public captif. Il n'est pas là par choix. Qu'il rue dans les brancards, et c'est tentant dans notre société d'hyper-loisirs, et le prof n'est guère mieux placé qu'un geolier dans une prison surpeuplée.

    Je pense que les jeunes qui se destinent à l'enseignement devraient reconsidérer leurs objectifs et penser à l'avenir. Leur avenir. Entre les Cohn-Bendit and co qui veulent faire croître leur temps de travail tout en les insultant, et les Sarkozy and co bien déterminer à les faire trimer jusqu'à la psychose, il  me semble que leur sort est scellé. Tiens, toutes proportions gardées, cela me fait penser à ces pauvres gendarmes auxquels Sarkozy et Besson demandent du chiffre tout en réduisant leurs effectifs. Il ne fait pas bon être flic non plus, par les temps qui courent.

    Bref, jeunes gens qui voulez devenir profs et qui me lisez, il est encore temps de vous réorienter !

    P.S. Quelques précisions pas inutiles chez le Privilégié...

  • Le Travail entre bonheur et suicide

    Il y a un remarquable article du café pédagogique, ce matin, sur les épidémies de suicide liées au travail. L'auteur de l'article observe notamment très finement qu'une enquête récente de l'INSEE place le travail en troisième position, derrière la famille et la santé, parmi les domaines les plus importants pour être heureux. Les chômeurs et les précaires le placent même en première position. A contrario donc de ce que j'écrivais mardi, c'est bien la charge de bonheur/malheur que nous associons à nos emplois qui jouerait un rôle déterminant dans les suicides survenus sur le lieu de travail, ou, tout du moins, à cause des conditions dans lesquelles on y exerce.

    Je me suis penché sur l'étude que cite le Café pédagogique, car cette étude examine les relations entre travail et identité.  La question est plus politique qu'il n'y paraît, puisque les libéraux ne  considèrent pas le travail comme une activité réalisatrice comme le font les Marxistes, mais plutôt comme une nécessité afin d'obtenir des biens. Paradoxalement, dans le paradis libéral, on ne travaille pas, les biens s'auto-génèrent, alors que dans le paradis marxiste, le travail est la condition sine qua non du bonheur. Il est donc logique de trouver les héritiers du marxisme en pointe sur un tel thème. Aux yeux des Marxistes, le travail est la quintessence de l'activité humaine.

    Mais cette opposition serait réductrice : en réalité, le travail ne se réduit pas à l'activité humaine, mais, bien souvent, il structure le temps, l'espace et jusqu'à un certain degré, les relations sociales. Toucher au travail impacte donc fatalement plus ou moins fortement tous ces aspects de la vie humaine. L'étude menée par Hélène Garner, Dominique Méda et Claudia Senik relève une enquête assez éclairante faite par la CFDT et le CEVIPOF en 2001 :

    L’enquête menée par la CFDT visait précisément à savoir si le travail est principalement perçu comme un moyen de vivre ou un lieu de réalisation de soi : « Pour vous le travail, c’est 1) une obligation que l’on subit pour gagner sa vie (un tiers des réponses), 2) une obligation et aussi un moyen de se réaliser (42 %), 3) être utile, participer à la vie en société (20 %), 4) réaliser un projet, une passion (5 %) ». Les réponses étaient diversifi ées non seulement selon les catégories de salariés mais aussi selon les secteurs : on remarquait notamment une forte différence entre le secteur privé pour lequel le travail est d’abord une obligation et le secteur public qui voit plus le travail comme un moyen d’être utile ou de se réaliser ; par ailleurs, les ouvriers et les employés du privé, qualifi és ou non qualifi és, défi nissaient principalement le travail comme une obligation subie. En revanche, ceux pour lesquels le travail est un moyen de se réaliser ou une façon d’être utile à la société sont des enseignants, des travailleurs sociaux, des salariés des hôpitaux, des professions de la santé : le travail apparaît alors de l’ordre de la vocation.

    J'observe simplement ceci : France Telecom (Orange) était à l'origine une entreprise publique, et même un service public. Elle s'est peu à peu privatisée. Il en va de même, au demeurant, pour Renault (qui a connu aussi une épidémie de suicides il y a deux ans). Il n'est, à la lueur de l'extrait que je cite ci-dessus, peut-être pas étonnant, dans ces conditions, que des individus qui ont choisi une profession pour se réaliser ou par vocation vivent mal de se trouver dans une perspective d'emploi qui n'est plus la même, où le travail devient une nécessité et non plus une activité réalisatrice.

    Il faut bien sûr avancer avec prudence, et toute généralisation serait hâtive, mais il y a certainement là des éléments de réflexion à méditer.

  • Suicide en entreprise

    Polluxe s'est posée, dans son dernier billet, la même question que moi : depuis la vague de suicides qui frappe France Telecom, j'essaie de me renseigner pour comprendre s'il s'agit vraiment d'une vague de suicides ou si c'est la médiatisation qui lui donne son ampleur.

    Il est apparemment très difficile de se procurer des statistiques sur les causes de suicide dans les entreprises. Finalement, ce qui frappe, dans ce sinistre phénomène, ce n'est pas tant le nombre que la répétition de la cause : les salariés qui se sont suicidés ont à chaque fois invoqué les conditions de travail. Et on arrive alors à cet étrange paradoxe : à France Telecom, in fine, on se suicide moins qu'ailleurs pour des causes extérieures au travail. En effet, si l'on retranche ces cas spécifiques revendiqués, on tombe alors à un taux de suicide particulièrement plus bas que la moyenne française.

    Il faut toutefois intégrer d'autres données : être salarié à France Telecom, c'est disposer d'un emploi, et d'un emploi plutôt bien rémunéré, comparativement, puisque c'est la politique de cette entreprise que de payer davantage ses salariés. Il faudrait donc comparer des situations égales pour se faire une idée claire du caractère extraordinaire ou non des faits.

    Je me garderais de conclure, mais je constate simplement un fait : notre société se gouverne elle-même par la peur, particulièrement dans sa composante marchande et économique. Notre société est dans une logique productiviste qui pousse au rendement et qui punit l'échec par la déconsidération dans le meilleur des cas, l'exclusion et le rejet dans le pire.

    C'est à mon sens dans le moteur de la motivation que le bât blesse : les techniques de management modernes, au-delà d'un discours en trompe l'oeil, sont passées d'une logique de motivation positive à une logique de motivation négative.

    Si je devais invoquer les mânes de Nietzsche, et son Zarathoustra, je dirais que ce ne sont plus des forces actives qui mènent l'humanité, mais des forces réactives qui la conduisent à un reniement toujours plus violent.

    Notre société ne pourra pas continuer à produire si elle ne change pas radicalement son rapport au travail. J'obsqerverais d'ailleurs un détail qui hélas, est significatif : pour qualifier le labeur, les Français ont choisi un vieux mot d'origine latine, datant de 'empire romain tardif ; travail vient de tropalium qui vient lui-même de tripalium, un engin de torture à trois pointes. D'ailleurs, au moyen-âge, on utilisait le mot "travail" pour désigner les souffrances de l'accouchement.

    Voilà qui en dit long sur notre société et qui indique le chemin à ne pas suivre...

  • Accueillis par des pierres, la police repart dans la sérénité

    Et hop, je viens de lire l'information chez Alicia : des policiers reçus à coups de pierre dans une cité sont repartis applaudis. Ils étaient en fait venus pour sauver une adolescente qui voulait se suicider. Et ils y sont parvenus : alors qu'elle avait sauté du 4ème étage, ils l'ont rattrapé in extremis à bout de bras. Bravo, les policiers ! C'est le genre de nouvelle dont on a plaisir à prendre connaissance. Il faut dire que ça a été épique : c'est un voisin, dans la cité des Bosquets à Montfermeil, qui avait alerté la police parce qu'il avait vu la jeune fille. Les policiers se sont approchés alors que le voisin tentait d'agripper la jeune fille suspendue à sa balustrade ; celle-ci, paniquée, a lâché la balustrade, et ce sont les policiers qui se sont agrippés les uns aux autres en tenant le voisin afin de créer une chaîne humaine. Europe 1 et Alicia ont tout de même extrapolé. J'ai écouté le témoignage du commissaire Julien Riffard : il n'y a pas eu d'applaudissements à leur départ, mais, pas de jets de cailloux non plus. On en est là dans les cités...

    Cela dit, soyons positif : ce genre d'histoire contribue certainement à recréer du lien social entre la police et la population des cités. Faisons-la donc connaître...

  • Drame familial : Suicide-toi mais laisse ta famille en paix !

    C'est curieux comme la presse aime parfois user d'un vocabulaire pudique. En temps normal, massacrer une femme et trois enfants, c'est un crime atroce. Dès que l'auteur des faits est le mari de la femme et père des enfants, cela devient un drame. J'avoue que je commence à bouillir d'entendre parler de drame, ou encore de drame passionnel ce qui relève du meurtre le plus épouvantable.

    Disséquons donc l'idéologie sous-jacente à ces choix sémantiques : en fait, on parle de drame parce que c'est le père, et comme c'est le père, dans notre tradition patriarcale occidentale encore bien vivace, le père est le chef de famille. Le droit romain primitif (mais heureusement il évolua) institua que le père avait droit de vie et de mort sur toute sa famille. C'est ce droit discrétionnaire que l'on continue à implicitement respecter en persistant à appeler drame ce qui doit être qualifié de meurtre pur et simple.

    Les tarés qui tuent toute leur famille doivent être rangées une bonne fois pour toutes dans la catégorie des psychopathes au mieux et au pire, s'ils sont responsables de leurs actes, dans celle des ordures de la pire espèce.

    Il faut cesser de jouer avec les mots, au nom d'un politiquement correct qui ne dit pas son nom : un crime est un crime. Tuer sa famille fait d'un homme un meurtrier et rien d'autre.

  • Hannah, une enfant de 13 ans peut-elle choisir de mourir ?

    HannahJones.jpgLe cas de Chantal Sébire, en mars dernier, avait bouleversé la France. Mais celui d'Hannah Jones risque de nous frapper de stupeur encore bien plus. Il s'agit d'une enfant de 13 ans, hospitalisée à de nombreuses reprises et victime d'une cardiomyopathie contractée à la suite d'un traitement contre une leucémie à 5 ans. Elle est condamnée à mort à plus ou moins brève échéance, d'après ce que j'ai compris, sauf à tenter une incertaine greffe du coeur, et, même dans ce cas, il lui faudrait alors suivre à vie un traitement d'immuno-dépresseurs susceptible de réactiver sa leucémie. Une cardiomyopathie est un dysfonctionnement du muscle cardiaque. La survie à l'opération n'est pas assurée, et des complications très graves peuvent survenir.

    Choix terrifiant. Comment peut-on avoir 13 ans et choisir de mourir ? Car cette jeune fille ne veut plus passer encore du temps à l'hôpital. Elle se juge condamnée et veut finir son existence chez elle, quand bien même cela raccouricrait sa vie. Bien peu de médias se sont intéressés à cette triste histoire, en France, mais le quotidient le Figaro la suit avec attention. Il lui a consacré deux articles dont je recommande la lecture (Le cas Hannah Jones vu de France, A 13 ans elle obtient de ne pas être opérée ).

    Comment ne pas être bouleversé par un choix aussi dramatique ? N'y a-t-il donc vraiment aucun moyen de sauver Hannah ? Personnellement, j'ai le plus grand mal à nme résoudre à admettre qu'une enfant de cet âge puisse mourir, doive mourir. La loi Kouchner de 2002 prévoit pour les individus mineurs qu'ils puissent refuser des traitements s'ils sont en état de discernement. Les équipes médicales oeuvrent en fait un peu dans le flou, en essayant d'adopter une attitude pragmatique et en évaluant elles-mêmes la maturité de l'enfant.

    Hannah a exprimé elle-même son avis sur la chaîne TV SkyNews.

    J'avoue une forte détresse quand j'entends cette enfant choisir sa mort. Comment ne pas s'insurger ? Confronté à ces morts choisies de préférence à la souffrance, nous sommes désarmés, comme je l'avais noté dans mon article sur Chantal Sébire, et, pour ma part, je me tourne une fois de plus vers Épicure sur son lit de mort, dans sa lettre à Idoménée, son ami : il dit que le souvenir des bons moments passés ensemble lui permet de mourir en paix. Il me semble qu'Hannah a choisi de suivre la même voix que le philosophe grec. Si elle doit mourir, que le maximum de moments heureux aient été vécus, avec sa famille et avec ses amis. Quant à moi, tout hérétique que je suis, j'en suis à espérer le miracle pour Hannah, parce que je crois que c'est tout ce qu'il reste.

     

  • Euthanasie ou suicide ?

    Je viens de lire un article dans le Figaro à propos d'une femme qui demande à mourir. Elle est atteinte d'une tumeur rarissime qui la défigure et provoque des souffrances insupportables. Une sorte de tumeur au sinus qui interdit du coup toute opération chirurgicale d'envergure.

    Elle a écrit une lettre à Nicolas Sarkozy pour lui demander le droit de mourir dignement. J'avais entendu son témoignage sur France Info il y a quelques semaines. C'est le genre de choses qui me glace le sang.

    D'un côté, on ne peut pas interdire à quelqu'un d'en finir avec la souffrance. Mais de l'autre comment imaginer cette situation horrible où vous accompagnez quelqu'un en sachant que dans une heure, tout au plus, elle va mourir.

    C'est quelque chose contre lequel mon esprit se révolte, mais je crois que c'est parce que la mort est toujours plus difficile pour ceux qui restent. Plus difficile pour ceux qui ont envie de vivre.

    La question de fond, finalement, c'est de de déterminer si l'euthanasie est un suicide ou non. L'église catholique, par exemple, s'oppose à l'euthanasie, parce qu'elle estime que c'est un suicide. Mais moi, je ne sais pas si c'est un suicide ou non. En mon for intérieur, je tends à penser que non. Pas un suicide, mais une voie sans issue, une impasse de la vie.  

    L'euthanasie nous renvoie à nos échecs, et aussi à notre impuissance.  En grec ancien, εὐθανασία  signifie "mort douce et facile".On pourrait aussi penser que la tumeur maligne qui atteint cette malheureuse femme est aussi une sorte de longue agonie.

    Agonie, son étymologie est assez horrible : ἀγων  en grec, cela signifie le combat. Mais lorsque l'on agonise, on combat contre quoi ? Contre la mort qui vient, ou contre la vie qui reste ? 

    L'avocat de Chantal Sébire utilise pour les commodités de son exposé le terme de suicide pour évoquer et justifier la requête de sa cliente. Moi, je crois qu'il ne le faut pas. Il ne faut pas lier euthanasie et suicide. Parce que justement, pour légitimer l'euthanasie, il faut justement démontrer que ce n'est pas un suicide. Or, manifestement, cet avocat a choisi de s'appuyer sur les articles 2 et 5 de la convention européenne qui disent que tout individu a droit à la vie et que donc la vie n'est pas une obligation. Ce qui n'est pas une obligation, ce n'est pas la vie, mais plutôt la souffrance. Il faut, je le crois dégager une bonne fois pour toutes l'euthanasie du champs sémantique du suicide pour le laisser uniquement dans celui de la souffrance et de la mort.

    Actuellement, ce qui est proposé à Chantal Sébire, c'est un coma artificiel qui reviendrait à garantir la cessation de ses fonctions vitales au bout de 10 à 15 jours. 10 à 15 jours d'agonie ? de combat ? Cela ne me semble en effet pas raisonnable, et l'avocat de Madame Sébire repousse cette solution. 

    Dans la 4ème lettre à Lucilius, le philosophe Sénèque évoque la mort, et surtout la peur de la mort : « Mors ad te venit: timenda erat si tecum esse posset: necesse est aut non perveniat aut transeat.  »

    « La mort vient à toi: tu devrais la craindre, si elle pouvait séjourner avec toi; mais de deux choses l'une: ou elle ne t'atteint point ou elle < te touche et > passe. »

    Je pense en effet, que ce sont nos projections qui sont terrfiantes, et pas la mort elle-même. Sénèque a bien compris cela. Juste avant, Sénèque précise : «Profice modo: intelleges quaedam ideo minus timenda, quia multum metus afferunt. Nullum malum magnum quod extremum est

    « Avance d'un pas et tu comprendras cette vérité; la terreur qu'éveillent certains objets doit précisément diminuer nos appréhensions à leur endroit. Un mal n'est jamais grand, qui marque la fin de tous les autres.» 

    Oui, c'et sans doute vrai : aucun mal n'est grand s'il est le dernier. C'est en ce sens, sans doute, qu'il faudrait reconsidérer l'euthanasie. Il resterait encore à définir précisément les maux, mais il me semble que Sénèque a certainement ouvert la voie. 

  • Mais ça va la tête ?

    Nicolas Sarkozyaffirmé, dans un entretien avec le philosophe Michel Onfray publié dans Philosophie magazine "qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions pas gérer cette pathologie". Concernant le suicide des jeunes Nicolas Sarkozy a déclaré dans ce même entretien : "Il y a 1.200 ou 1.300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable".
    "Très grave"

    Des propos qui ont suscité une vive réaction de la part de François Bayrou qui dénonce "un propos très grave". Selon le candidat de l'UDF, ça voudrait dire qu'on n'a aucune chance, que son destin est joué à l'avance. Je ne crois pas qu'il y ait un médecin, un psychiatre en France qui puisse entendre ces propos sans frémir".
    Il a estimé que les propos de Nicolas Sarkozy constituaient "un dérapage très lourd de conséquences". "Ce sont des propos qui ne sont plus des propos humanistes, c'est glaçant".

     

    Je n'en reviens pas...Les bras m'en tombent... Su au moins c'était un hoax, mais même pas en plus...