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excellence

  • L'excellence, des compagnons aux grandes écoles

    Je suis vraiment de mauvaise humeur, ce matin : je ne puis m'empêcher de ruminer sur le sort que la totalité des partis politiques, désormais, réserve aux parcours d'excellence dans notre système scolaire. Tout le monde (sauf Bayrou) s'accorde pour tirer à vue sur nos meilleures formations, à commence par les grandes écoles françaises (spécialité des Descoings, Sarkozy, Châtel and co...).

    Je trouve cela triste, parce que la tradition de l'excellence est forte, chez nous : plus forte que dans tous les autres pays. C'est une chose dont les classements PISA et ceux de l'Université de Shangaï ne rendent aucunement compte. Pour former des élites, nous sommes bons, voire très bons. Et pas seulement dans les études dites supérieures ; dans le domaine professionnel, nous avons les excellents Compagnons du Tour de France. Par intellectualisme imbécile et idéologie lénifiante, la classe politique et les enseignants (et cette fois, on peut les pointer du doigt) n'ont cessé de tirer à boulets rouges contre les professions manuelles. On voulait "éduquer" les ouvriers, et résultat, on est incapable de changer une ampoule chez soi aujourd'hui. D'ailleurs, au sein même des collèges, la "technologie" a remplacé l'utile éducation manuelle et technique. Une terminologie morale (seule concession que je ferai aux pédagogos) a, à vrai dire, fait des ravages conséquents : l'habitude idiote et humiliante de distinguer "bons" et "mauvais" élèves. Il y a des élèves qui sont en difficultés, d'autres noms. "bon", "mauvais", cela renvoie à un jugement moral qui me paraît insupportable. On a donc pris l'habitude d'orienter les "mauvais" élèves vers les voies professionnelles...

    Et pourtant, elles existent ces formations professionnelles de grande qualité, d'une exigence bien supérieure à ce que l'on demande aux glandus qui passent le bac de nos jours. Les écoles Boule, Ferrandi, les Compagnons, voilà des références qui font le tour de la planète et attirent une élite venue des quatre coins du monde.

    Prenons les Compagnons : en réalité, on pourrait envisager des conventions sérieuses entre l'Éducation Nationale et les Compagnons du Tour de France : seulement voilà, c'est une école exigeante s'accomodant très mal de l'égalitarisme forcené qui caractérise désormais les dernières réformes de notre système éducatif. Il ne s'agit plus de construire une école pour chacun, mais une école pour tous : le fameux "lycée pour tous" de Richard Descoings. D'ailleurs, "tous", à mes yeux, c'est nécessairement exclusif de "chacun".

    J'apprécie la philosophie qui accompagne la formation que dispensent les Compagnons, l'idée qu'il n'y a pas un nombre d'années de formation standard, mais que vient un moment où, chaque individu, selon ses rythmes, sa motivation, son parcours est prêt, et ce moment n'est pas nécessairement le même que celui du voisin. L'idée du Chef d'Oeuvre s'opppose radicalement à notre sacro-sainte moyenne dont on fait, désormais, l'alpha et l'oméga de l'évaluation :

    Mais il faut bien comprendre que chez les Compagnons, l'expérience est aussi importante que les diplômes. Les années de Compagnonnage permettent à chacun de progresser à son rythme. Un élève peut devenir Compagnon au bout de 2 ou de 5 ans. Il présente sa « Maquette » ou « Chef d'œuvre » lorsqu'il se sent prêt.

    Petit à petit, ce sont  les derniers pans de ce qui a fait notre grandeur qui s'effondrent petit à petit, sous les coups de boutoir répétés des idiots utiles, arrivistes et réformistes forcenés des couloirs des ministères.