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Les sales coups de Descoings

C'est marrant, en Sarkozie, on voit rappliquer les ambitieux de tout poil, particulièrement les arrivistes dont les dents rayent le parquet. Descoings, c'est l'archétype du gars en qui je n'ai aucune confiance. Du temps où il définissait l'organisation des enseignements et des examens, il avait, par exemple, en catimini, décidé pendant les vacances d'été qu'il fallait désormais décrocher la moyenne chaque année pour poursuivre ses études à science-po, alors que l'ancien système reposait sur une moyenne globale sur deux années. Décision prise sans avertissements préalables. Des étudiants s'étaient retrouvés par surprise sur le carreau.

Ce type-là a la réputation de passer en force, pour les discussions que j'ai pu avoir à son sujet ; pas du genre à négocier, même si pour l'instant, il sa la joue négociateur pour mieux arriver au pouvoir.

Toujours prêt à faire du zèle. Par exemple, pour se faire bien voir, il avait ouvert l'IEP sans passage de concours aux bacheliers venus des zones sensibles. Ça faisait bien, et c'était dans l'air du temps. Aujourd'hui, il escompte supprimer le concours d'entrée à l'IEP. Probablement dans l'air du temps.

Descoings fait partie de ces "Modernes" que je ne peux littéralement pas piffrer. Prétentieux et méprisants, ils détestent l'école d'antan et se croient les précurseurs de l'école du futur. Morceau d'anthologie qui situe le personnage sur le Bondy Blog :

Des lycées se sont rebellés contre la mort des options, toujours en série L. Par exemple, nous (Mehdi et Badroudine, ndlr), sommes inscrits en option « histoire de l’art » au lycée de Saint-Ouen. Or les options rares, comme la nôtre, avec le latin et le grec, sont menacées de disparition, ce qui signifierait une perte sèche de culture, à laquelle, pourtant, nous avons droit. Que répondez-vous à cela ?

On va donc remettre du latin et grec pour tout le monde en France ? On va retourner au lycée d’il y a 50 ans ? Arrêtez ! Ce n’est pas possible.

Vous partagez donc, sur ce point, l’esprit de la réforme que Xavier Darcos souhaitait mettre en œuvre, qui prévoyait un renforcement du français au détriment, précisément, de ces options dites rares ?

Ça vous paraît choquant de renforcer le français ? La principale source d’inégalités des jeunes face au lycée, ce sont les classes à 35 élèves, dans lesquelles se retrouvent les enfants des familles des classes populaires. Chaque fois qu’on a pu, on a multiplié les options et les différenciations des voies. Or plus vous différenciez les parcours, plus vous créez l’inégalité. Il y a un développement des options, porté par les classes dirigeantes, porté à juste titre par les milieux intellectuels. Jacqueline de Romilly, de l’Académie française, appelle tous les deux ou trois ans au retour du grec, qui est une merveilleuse façon, effectivement, d’ouvrir l’esprit vers la culture. Mais, quitte à me fâcher avec les élites, je le dis tout de suite : on ne reviendra pas au grec ancien pour les lycéens. Veut-on plus d’égalité pour tous ou plus de choix pour certains ? Plus de réussite pour tous ou plus de réussite pour une petite proportion des jeunes Français ?

Minable et pitoyable. Pauvre type : son raisonnement, celui-là même qui est à l'oeuvre et sape progressivement l'école française; sous prétexte d'égalitarisme, il rêve de dégommer toutes les voies d'excellence. Écoutez-le, ce type, exsudant le mépris à plein nez pour les classes populaires. On a compris pourquoi Sarko rêve de le recruter. Voilà un gars qui laminera l'école française en supprimant tout ce qui dépasse. D'ailleurs, sous Jack Lang, en 1992, il était chargé du budget de l'EN. Ce mec est un gestionnaire de la pire espèce.

Moi, ce qui m'énerve, c'est les gros bourges qui parlent des classes popu et qui fréquentent exclusivement les cercles de gens bien intentionnés dans les hautes sphères du pouvoir. Typique, Le Siècle. Nom prétentieux qui permet aux réseaux d'influence de se constituer indépendamment des convictions politiques. On y troupe le top des PDG de gransds groupes bancaires, directeurs de rédaction, hommes politiques de premier plan (mais heureusement pas Bayrou !), ex-ministres, et j'en passe. Pêle-mêle, DSK (Directeur du FMI), Aubry, (1er secrétaire du PS) Colombani, (rédacteur en chef du Monde) Béabar (AXA), Pébereau (BNP), Jospin, Pujadas, Messier, Nicole Notat, Raffarin, Luc Ferry, Emmanuel Chain, Pascal Lamy (directeur de l'OMC) et même Jean Peyrelevade (zut alors, on en a tout de même un au MoDem. Peyrelevade est trop légitismiste : il croit qu'on pourra changer les choses et relever la France avec les mêmes hommes).

Je n'ai pas d'avis sur les banquiers et les hommes d'affaires, après tout ils font leur métier, mais en revanche, je déteste retrouver dans ce genre de think tank des hauts technocrates, des personnalités médiatiques et politiques de toute obédience.

On a là exactement l'exemple du verrouillage total des pouvoirs dans lequel nous vivons. Descoings, c'est ce monde-là que j'abhorre littéralement, qui regarde la tradition et le peuple avec le mépris de l'Énarque embourgeoisé. Et regardez-le, ce démagogue, déclarer :

Mais, quitte à me fâcher avec les élites, je le dis tout de suite : on ne reviendra pas au grec ancien pour les lycéens. Veut-on plus d’égalité pour tous ou plus de choix pour certains ? Plus de réussite pour tous ou plus de réussite pour une petite proportion des jeunes Français ?

Quel hypocrite ! les élites, ce ne sont pas les autres, les élites, c'est lui ! Oui, lui, Richard Descoings et sa clique ! Il ne risque pas de se fâcher avec les "élites" , il en est l'aboutissement technocratique le plus achevé ! Les autres, c'est la France mourrante, celle d'un autre temps, où comme le dit Jean Lassale dans sa Parole donnée, un fils de berger pouvait encore découvrir Horace ou Aristophane dans l'école du village. Regardez-le parler de l'égalité pour tous : égalité pour les autres mais surtout pas pour lui ou pour les gens de sa condition, hein ? Vivement une nuit du 04 août pour en finir avec les privilèges, les Descoings et leurs coups tordus.

Ah oui, parce que quelques lignes plus bas, il déclare :

On est dans « L’esquive », le film d’Abdellatif Kechiche.

Oui, mais pourquoi pas ? Je me méfie de l’idée qu’il y aurait différents niveaux d’acquisition intellectuelle et je me méfie de l’idée que tout le monde doit marcher du même pas militaire du lycée napoléonien pour découvrir les bonheurs des textes français.

Je vous fais l'explication de textes ? Ben en fait, on n'est pas tous égaux, réflexion faite. Alors y'en a, ils vont marcher du bon pas qui va les mener droit au travail précaire, et les autres, avec un autre pas, ils auront toujours le passe-droit nécessaire pour s'ouvrir les portes de la bonne société. Les inégalités croissantes, c'est ça : c'est exactement Descoings et sa réthorique à deux balles, qui se pare des oripeaux de l'égalitarisme pour mieux assassiner l'égalité républicaine. Voilà quel ministre la France aurait, avec ce sinistre individu.

Ah, et méfions-nous, Descoings prépare certainement de nouvelles suppressions de postes. Argument massue du gestionnaire arriviste :

Que cherchez-vous à dire ?

Si le budget était le moyen de rétablir l’égalité des chances dans l’éducation nationale, on le saurait. Un, c’est très facile de faire enfler la rumeur sur le nombre de postes qu’on va supprimer, et deux, de faire l’unité dans l’opposition pour dire que c’est cela qu’il faut empêcher.

Il paraît qu'il ne veut pas être ministre. Enfin, il s'en défent fort mollement. Tant mieux. Sa nomination serait clairement une déclaration de guerre à l'école toute entière. Darcos n'est peut-être pas fameux, mais qu'on se le dise, Descoings, c'est dix fois pire. Une sorte de mix affreux entre le haut technocrate de l'Éducation Nationale qui a toujours su cirer les bonnes pompes, le fat Luc Ferry, et l'apideux Claude Allègre.

Commentaires

  • Je suis habitué à mieux de ta part. Je ne partage pas du tout ton point de vue parce que je crois que tu passes à côté de son message.

    Depuis plusieurs années l'EN ment scandaleusement avec le mythe de l'égalité républicaine. C'est ce mythe qui conduit aujourd'hui à la sanctuarisation de la voie générale et à l'abaissement continu du niveau du bac. Parce que le bac général, c'est la "norme" sociale à laquelle tout le monde doit satisfaire, parce qu'elle mène à exercer des métiers intellectuels et socialement gratifiants. Et donc ceux qui ont difficilement le niveau pour les intégrer sont socialement méprisés et rejetés aux marges. Voilà le mensonge de l'EN.

    Je ne dis pas que le modèle est satisfaisant. Avec moins d'élèves dans les classes, plus d'accompagnement, une refonte des programmes et une réforme du collège, on parviendrait à coup sûr à envoyer plus d'élèves dans le général et donc à hausser le niveau d'une classe d'âge.

    Mais il restera toujours une proportion donnée qui n'a pas le niveau pour passer dans le supérieur et à qui il ne faut pas mentir. Les inégalités existent, il faut en faire son deuil : un élève a des capacités naturelles, un environnement culturel et familial plus ou moins favorable, et un goût au travail différent (qui lui est déterminé aussi, je le concède, par des facteurs extérieurs, comme l'environnement scolaire).

    Pour ne pas décrocher et punir ces élèves, il faut sortir les voies technologiques et professionnelles de leur statut de voie de garage et de voie-sanction, à la fois dans les procédures d'orientation, mais aussi... dans le regard de la société tout entière.

    La mission de l'école républicaine, elle tient à ça : offrir à tous un socle minimal de connaissances, et accompagner chacun le plus possible dans le choix de vie et le projet personnel qu'il aura choisi. Peu importent que tous ne soient pas ingénieurs ou avocats.

  • @ Nick

    Je ne passe pas du tout à côté de mon message. Je ne vise pas la diversité des parcours. En revanche, Descoings, lui, rêve de tout abraser au nom du plus grand nombre renommé pompeusement égalité.

    Je suis d'accord avec ce que tu dis, et, à vrai dire, c'est une idée qui fait son chemin un peu partout.

    Concernant l'égalité républicaine, je ne défends pas le bac pour tous, mais la possibilité pour tous d'y parvenir et plus généralement, une culture d'élite offerte à tous. Descoings souhaite offrir du pipi de chat et de la m... au plus grand nombre, tout simplement.

  • Je découvre les propos de ce monsieur Descoings et (loin de moi l'idée d'y adhérer), est-ce qu'il ne serait pas en train de dire tout haut ce que les autres font depuis un peu plus de 20 ans ?

    A partir du moment où quelqu'un dit "80% d'une classe d'age au bac" ce qui revient à dire "la même chose pour tout le monde" et que personne de droite, de gauche, du centre ou d'ailleurs ne remet en cause cela par la suite, tout en se gardant bien d'en parler, le système éducatif vit dans l'hypocrisie.
    Le franc-parler a au moins le mérite de sortir de cette hypocrisie.

  • @ Oaz et Nick

    Je crois que vous ne comprenez ni l'un ni l'autre les intentions de Descoings : son intention, c'est bien de faire un bac non pas avec 80% d'une classe d'âge, mais 100%. Un bac à l'économie qui ne vaudra plus rien et ne sera même plus un passeport pour l'université.
    En fait, il est dans la continuité de ce qui se fait depuis 20 ans. Il en est même très exactement l'aboutissement.
    Vous êtes bien partis tous deux pour vous faire avoir en beauté.

    En tout cas, pour moi qui fais de la culture et de l'éducation la clef de voûte d'une société, Descoings est un ennemi prioritaire.

  • Un personnage émétique. Le choix qu'il propose n'en est pas un ; ou plutôt les deux options ne s'opposent pas. C'est un mensonge de faire croire qu'il faut renoncer pour cause d'injustice. L'instrumentalisation des options "rares" par certaines ne remet absolument pas en cause leur légitimité et le droit d'accès de chaque élève.
    On peut exécrer le propos de ce personnage tout en étant bien d'accord avec Nick, cela n'est pas sur le même plan.

  • @l'hérétique,
    Je me suis fait mal comprendre, semble-t-il.

    L'aboutissement de ce qui se fait depuis 20-25 ans. C'est exactement comme cela que je l'avais compris. R.Descoing ne rajouterait que ce côté "politique décomplexée" qui assume que la casse du système éducatif est bonne pour tout le monde.
    "M'enfin M'ame Chabot, c'est estraordinaire ! Vous croyez que les français qui se lèvent tous les matins y voudraient pas que leurs enfants aient le bac et fassent des études ?"

    Et puis, avec ou sans Descoings, les 100% au bac on s'y dirige irrésistiblement.
    Le socle commun lancé par F.Fillon est l'apogée du collège unique (ou collège inique comme l'a appelé F.Bayrou qui n'y a pourtant rien changé) Il fait désormais office d'objectif.
    La réforme en cours au lycée va dans le même sens du moins-disant. Et ne parlons même pas du "lycée pour tous".

    Là ou, je crois, tu te trompes c'est sur le bac qui "ne sera même plus un passeport pour l'université".
    Bien au contraire ! Sans cela, comment pourrais-tu arriver à 60% d'une classe d'age au Master ?

  • @l' hérétique,
    Approche "stratégique" différente, de la com mais le fond, l'objectif visé reste bien évidemment le meme.
    La sixième au Collège a perdu beaucoup de son niveau, certains enfants s'y ennuient (mon dernier) cela ne favorise absolument pas le sens de l'effort je cela dramatique! ;)

  • Rien à ajouter l'Hérétique, je suis entièrement d'accord avec vous (et même sur le ton de votre billet!). La stratégie Descoings est celle de l'inégalité érigée en principe et je crois en effet que la vraie égalité c'est de permettre à tout le monde d'apprendre le passé simple et autres discriminants linguistiques qu'ils ne peuvent acquérir en famille, dans la société etc...à moins de lire les auteurs du XIXè par exemple. Et on sait très bien que la langue reste un discriminant énorme, même dans la perspective strictement utilitariste professionnalisante. L'ecole républicaine devrait justement tenter de résorber les inégalités initiales par l'accès au plus grand nombre à ce qu'ils ne peuvent trouver dans leur milieu.
    Nick est un peu juge et partie, peut-être? (en tout cas je croise les doigts pour toi quand même pour aujourd'hui!)

  • Bonjour à tous.

    L'égalité dans l'enseignement est à mon avis une grosse arnaque qui a toujours profité à ceux qui sont ou qui se croient plus égaux que les autres. Le même bac pour tous c'est fabriquer à l'échelle industrielle des cerveaux formatés en 12 ans selon le même modèle, incapables à réfléchir et prêts à gober tout ce qui sort du JT de 20h. On ne peut être égaux que dans la nullité absolue. Et c'est là que le bac actuel se dirige.

    Pour moi, l'objectif de l'école n'est de nous rendre tous égaux, mais de permettre à chacun de devenir meilleur et de trouver sa place. De ce point de vue les filières retrouvent leur sens et à mon avis elles sont indispensables.

    Enfin, dans le même entretien, Mr. Descoings ressort encore l'idée qui circule depuis un moment et que je trouve horrible: pour préparer les pauvres chéris au grand saut dans le vide de l'enseignement supérieur il faut leur faire des journées de vraie immersion dans les facs et les prépas: il faut qu'ils assistent aux cours pour bien voir ce que c'est. N'importe quoi! Apprenez leur à réfléchir, ça suffira largement!

  • Entièrement d'accord avec vous. :)
    Je trouve qu'ils ont oublié dans la panoplie, les examens sous forme de QCM, peut-etre faudrait-il leur suggérer?
    Cela prépare aux sondages et audits en tout genre...
    Bon ok, l' hérétique, je sais, je sors :D

  • Descoings, je "suppute" que vous allez l'adorer comme ministre de l'éducation nationale....
    http://www.lefigaro.fr/politique/2009/05/26/01002-20090526ARTFIG00003-ouverture-les-dernieres-pistes-de-sarkozy-.php

  • Excellent billet, qui vous vaut l'honneur de figurer sur la blogroll de notre blog.

  • Nommé par NS à la tête d'une commission pour la réforme des lycées, il a produit, fait produire, soumis, fait soumettre une "consultation des lycées par ... des lycéens"!
    Méthode insidieuse s'il en est!
    Avec une sémantique orientée pour le moins, tendancieuse certainement.

  • Même sans Descoing le lycée "resseré" continue à faire son chemin : http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2009-05-27/reforme-du-lycee-vers-un-bac-resserre-et-une-seconde-unique/920/0/347045

  • @ Oaz

    Oui, hélas, ce n'est pas le fait d'un seul homme mais dans l'air du temps de toute une élite technico-administrative.

    @ SOS
    et vous, vous avez rejoint mes infidèles et mes païens :-)

    @ anamo
    D'autant qu'il s'en fiche comme de l'an 40 de l'avis des lycéens.

    @ europium
    justement, j'anticipe...

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