Je viens de lire la petite note d'Aurélien Véron qui se demande combien vaut le bac. Il voit dans cet examen un diplôme désormais sans valeur et en prône la disparition afin de recentrer l'éducation autour de deux pôles qui lui paraissent essentiels.
Mais, in fine, ce qu'Aurélien tente de déterminer, c'est la valeur du bac. Ce qu'il coûte d'abord, puis comment il se vend sur le marché de l'emploi. C'est clair, il coûte cher, et il se vend mal. Je ne vais pas le lui contester. Mais, pour ma part, j'aime bien l'idée que le bac ne vaut rien. J'entends par là qu'il n'a pas de valeur. Pas de valeur, cela ne signifie pas que sa valeur est très faible, résiduelle, mais que le bac n'est tout simplement pas valorisable.
Ce qui me plaît à moi, c'est l'idée d'un bac gratuit. Pas gratuit au sens marchand du terme, mais gratuit comme un acte serait gratuit. Au fond, l'idéal d'origine, à la création du bac, c'était de former d'honnêtes gens et de les doter d'une culture humaniste. Qui s'en souvient ? Le baccalauréat était le premier grade de l'Université aux temps anciens des premières heures de l'Université.
Je ne suis pas le seul à avoir parcouru l'article d'Aurélien. Mathieu L aussi. Et je partage certaines de ses préventions contre une idée avancée par Aurélien : la fameux chèque-éducation. J'aime bien l'idée évidemment de laisser aux familles la liberté de choisir leur établissement scolaire, mais je me défie des effets pervers que cela peut entraîner. J'aime la liberté mais je ne confonds pas la liberté avec l'absence de limites. Notamment, rien n'empêche des mouvements sectaires d'ouvrir des écoles à tire-larigot pour capter in fine une subvention publique. Imagine-t-on des écoles burka, des écoles scientologues et cetera à discrétion du choix des parents ? La culture et l'Éducation cimentent la nation. Je préfère que l'on établisse des espaces de liberté au sein de l'école plutôt que l'on confie l'école à n'importe qui.
Je plussoie le Privilégié qui obserrve que lorsqu'on met en concurrence des établissements scolaires, ce ne sont pas les usagers qui choisissent les établissements mais au contraire ces derniers qui choisissent leur public. Or, le chèque-scolaire et l'absence de limites dans le choix créeront cette concurrence. Ensuite, tout comme Bayrou, je pense qu'il y a des biens supérieurs qui doivent échapper à la logique marchande. L'Éducation fait partie de ces biens à mes yeux. Je maintiens donc que le bac ne vaut rien.
J'ajoute que je ne suis pas du tout convaincu de l'intérêt financier de la chose. L'école a besoin d'une certaine rationnalisation des moyens. Les établissements scolaires, les équipements resteront vraisemblablement publics. Comment faire si le choix total laissé aux familles entraîne d'incessants mouvements de population scolaire ? On risque de parvenir à une véritable usine à gaz. Et pour la liberté pédagogique, désolé, mais il me semble légitime que des inspecteurs contrôlent régulièrement la qualité des cours dispensés par les enseignants. En revanche, dégommer l'espèce de techno-structure centrale qui impose ses vues depuis 40 ans à l'ensemble du monde éducatif, j'avoue que l'idée est plaisante.
Enfin, je ne juge pas irréaliste d'amener 50% d'une classe d'âge à une licence dès lors que l'on développe les licences professionnelles. Ce qui est irréaliste (mais surtout idiot) c'est de vouloir amener 50% d'une classe d'âge à une licence disciplinaire. Il y a un vieux concept marxiste auquel, pour une fois, j'adhère, c'est l'idée d'une éducabilité universelle (mais cela s'arrête là). Pas aux mêmes rythmes forcément, pas avec les mêmes parcours, mais, sur le fond, je pense que tout le monde, s'il en a la volonté, peut accéder à un haut niveau de culture et d'éducation. A la théorie des dons, je préfère substituer celle des goûts. C'est simplement une question de temps et de volonté. Ce ne devrait pas être une obligation, mais simplement une possibilité.
Commentaires
Excellent.
Rappelons que le Bac a normalement une double fonction : valider les acquis à la fin du secondaire et les capacités d'entrer dans le supérieur (plus les aspects sociaux du type rite de passage à l'âge adulte comme pour le permis de conduire, etc). Il convient évidemment d'en redessiner les contours (notamment par un partenariat accru entre l'Ecole et l'Université), mais pas le principe.
http://www.jeunesdemocrates75.net/A-quoi-ca-sert-le-Bac-Compte-rendu,139
Merci pour les liens.
Tout à fait d'accord.
Cependant, quelques remarques :
1) le bac est toujours le premier grade universitaire. Il valide qu'un gamin a achevé le cycle secondaire avec succès.
2) Cependant, certains bacs ne sont pas si gratuits que cela. Les bacs pros ouvrent sur le marché du travail, et certains sont très valorisés, même si un bachelier pro peut aller dans le supérieur.
Je dirais que ton article concerne plutôt les bacs généraux et technologiques...
« J'aime la liberté mais je ne confonds pas la liberté avec l'absence de limites. Notamment, rien n'empêche des mouvements sectaires d'ouvrir des écoles à tire-larigot pour capter in fine une subvention publique. Imagine-t-on des écoles burka, des écoles scientologues et cetera à discrétion du choix des parents ? La culture et l'Éducation cimentent la nation. Je préfère que l'on établisse des espaces de liberté au sein de l'école plutôt que l'on confie l'école à n'importe qui. »
Rien n'empêcherait le gouvernement de n'accorder son agrément - et donc la possibilité de recevoir les chèques éducation des familles - qu'à des écoles répondant aux normes fixées par une forme d'inspection académique. Si cela est fait, il n'y a pas de danger d'écoles coraniques ou scientologiques. Ce n'est pas parce qu'il existe un risque que celui-ci ne peut être évité, comme ici en l'occurrence.
« Je plussoie le Privilégié qui obserrve que lorsqu'on met en concurrence des établissements scolaires, ce ne sont pas les usagers qui choisissent les établissements mais au contraire ces derniers qui choisissent leur public. »
Ils pourront aussi choisir leurs enseignants. Et les élèves choisis voudront, comme leurs enseignants, se trouver dans leur établissement, plutôt que de subir, dans le cas des élèves, leur établissement du fait de la carte scolaire (laquelle n'a pas véritablement été assouplie dans les faits...), et, dans le cas des enseignants, par des mutations décidées verticalement par le ministère.
« Et pour la liberté pédagogique, désolé, mais il me semble légitime que des inspecteurs contrôlent régulièrement la qualité des cours dispensés par les enseignants. »
C'est précisément ce que nous proposons...
« En revanche, dégommer l'espèce de techno-structure centrale qui impose ses vues depuis 40 ans à l'ensemble du monde éducatif, j'avoue que l'idée est plaisante. »
C'est précisément ce que nous proposons... (bis)
@ SOS-éducation
Les établissements privés fonctionnent actuellement selon ce mode et sont de toutes façons fortement subventionnés pour la plupart. Ce système me convient.
Pour le choix des enseignants, j'ai observé que cela aboutit la plupart du temps à une sérieuse baisse de niveau de la qualification des enseignants. Je ne suis donc pas convaincu que cela soit très heureux, car les établissements privés font jouer la concurrence non à la compétence mais au salaire.
Il est vrai qu'il n'y a pas eu de véritables assouplissements de la carte scolaire.
Globalement, je suis favorable au statu quo, c'est à dire un système mixte privé/public.
Pour la techno-structure on est d'accord.
Moi aussi j'aime bien l'idée d'un bac qui ne vaut rien au sens marchand du terme.
Mais il a tout de même une valeur à mes yeux. Cette valeur c'est la quantité de savoirs et d'acquis qu'il est sensé valider. Et là, il ne faut surtout pas qu'il deviennent gratuit. Attention! Cela fait un moment déjà que les contenus des programmes sont "en soldes", toutes disciplines confondues. Si on en vient à vendre à perte, ça se terminera par le liquidation totale ;-)
@ L'Hérétique : vous oubliez que les établissements privés sous contrat n'ont pas la liberté pédagogique qu'ils auraient dans la situation que nous proposons. En effet, ils sont, dans le cadre de leur contrat avec l'Etat, soumis aux mêmes programmes que les établissements publics. Dans notre système, les établissements seraient totalement libres de leur politique pédagogique...
Assez d'accord avec l'Hérétique et florent. Le bac a eu une valeur dans le passé.... Maintenant je dirais qu'il sert de marronnier une fois par an aux journalistes, qu'il fait plaisir aux parents et grands parents...mais part ça c'est juste une étape.
En ce qui me concerne je serais pour faire passer le bac à 16 ans et que l'on transfert une partie du budget de l'éducation nationale à l'enseignement supérieur car c'est la que se joue réellement l'avenir professionnelle. La France est l'un des rares pays ou le coût d'un élève dans le secondaire est supérieur à celui d'un étudiant....Les étudiants rentre de plus en plus tard dans la vie active, avec l'allongement prévisible de l'âge de la retraite et de la durée de cotisation il serait souhaitable du moins c'est mon avis de gagner deux ans au préalable....
@ Sos Education
Je préfèrerais qu'un ministre intelligent proclame la liberté pédagogique dans les écoles et la fasse appliquer en matant une bonne fois pour toutes la techno-structure qui n'en fait qu'à sa tête.
@ europium
euh...là, je ne vous suis pas. Un bac à 16 ans ? Pas très réaliste et garantie de réduire encore davantage l'offre de formation.
En plus, à 18 ans, ils sont déjà à peine mûrs pour le supérieur, alors à 16 ans...
@ Anya
On est d'accord.
"euh...là, je ne vous suis pas. Un bac à 16 ans ? Pas très réaliste et garantie de réduire encore davantage l'offre de formation.
En plus, à 18 ans, ils sont déjà à peine mûrs pour le supérieur, alors à 16 ans..."
Hhmmm...
Ce n'est pas si impossible que ça, le bac à 16 ans! Pas exactement le même, certes, mais avec un accès à l'université sans problèmes! par contre, cela imposerait de changer tout le cursus en profondeur et de façon radicale, du primaire au lycée.
En tout cas, moi même je suis un produit d'un système où le secondaire durait 10 ans : de 7 à 17 (ou de 6 à 16 selon la date de naissance :-) ). J'ai eu mon "bac" (enfin l'équivalent) à 16 ans, j'ai fini la fac à 21 ans, à 22 ans je commençais ma thèse de doctorat. En ayant eu un parcours normal (sans sauter de classes). La différence essentielle pour moi est dans la durée du cycle primaire: il était de trois ans seulement à mon époque.
J'ai maintenant un fils en CE2, je découvre avec lui le primaire actuel en France. Je trouve qu'il n'est pas impossible de rendre tout ça plus compact, plus consistant aussi et peut être gagner une année au moins.
Et la maturité? Je pense que ça viendrait avec (un bac à 16-17 ans). Le manque de maturité à 18 ans est le pur produit du système, je pense.
Est ce que gagner deux ans ne pourrait pas être un problème de santé publique?
il est démontré qu'une grossesse précoces (avant 25 ans)protège du cancer du sein et que la fertilité chez les femmes diminue rapidement... cf ces 2 articles
http://www.lesquotidiennes.com/santé-médecine/une-collaboration-internationale-pour-mieux-comprendre-le-lien-entre-grossesse-précoc
http://www.doctissimo.fr/html/sante/mag_2002/sem01/mag0510/envie_enfant.htm
Le fait que les femmes rentre plus tardivement dans la vie active à cause de l'augmentation de la durée des études, qu'il faut passer par une phase de chômag et des petits boulots avant d'avoir un vrai poste pose des problèmes....
En ce qui concerne la fertilité il existe des solutions de procréation assisté mais elles ont un coût...
Pour ce qui serait de passer un bac à 16 ans, il faudrait bien-sûr revoir en même temps la façon de gérer l'enseignement supérieur
@ Anya
+1, c'est ce que je pense ....
@ europium
Ahem...invoquer la santé publique sur ce sujet...Je pense qu'il y a certainement d'autres choses à faire pour lutter contre le cancer du sein que d'avancer le bac de deux ans...
@ Anya
Plus consistant => plus difficile à absorber...
Ce n'est pas parce que le budget consacré aux lycéens est plus élevé que celui dédié aux étudiants qu'il y a forcément une anomalie : ils n'ont pas les mêmes besoins (notamment en termes d'encadrement). Et si le rapport est différent dans les autres pays, c'est peut-être parce qu'ils consacrent plus d'argent aux étudiants (et pas moins au lycéens).
L'avenir professionnel ne se joue pas forcément dans le supérieur (merci notamment de ne pas oublier les filières d'apprentissage pré-bac) et même lorsque c'est le cas, l'édifice ne tient que si les fondations sont solides : en d'autres termes, les études supérieures ne seront bien menées que si la formation primaire et secondaire est adéquate et solide. Inutile de consacrer des budgets supplémentaires à des étudiants pour qu'ils comblent leurs lacunes, commençons par leur donner une formation correcte dès le départ.
Quant au manque de maturité, produit du système scolaire : pourquoi pas, mais je ne suis guère convaincu.
l'éducation nationale est le premier budget de l'état sauf si on prend le problème de la dette en compte...
vu l'investissement et le taux d'échec, il y un gros problème à l'EN
je persiste et signe sur le fait qu'il faut donner plus de moyens sans augmenter les déficits à l'enseignement supérieur donc transférer une partie du budget de l'EN à l'enseignement supérieur.... mais bon comme la sécu, l'EN est un puits sans fonds... à un moment donné il va falloir être réaliste et rationaliser tout cela!!!!
Ok je sors et je laisse ce sujet à des professionnels de la la profession qui ne veulent en aucun remettre en cause leur pré-carré et passer une partie de leur temps a faire grève et manipuler par la même manipuler les élèves, normal vu que les enseignants sont des êtres supérieurs sans objectifs de résultats.........
bien évidemment mon propos est très caricatural, quoique...
@ europium
hum...un tantinet caricatural, non ? :-)
oui mon propos est caricatural, je l'ai moi même écrit, mais l'art de la caricature c'est de mettre en exergue les traits les plus marquants...pour faire réagir et aller de temps en temps à l'encontre de la de la pensé dominante...qui elle aussi a besoin d'être bousculée
http://fr.wikipedia.org/wiki/Maladie_d'Alzheimer
http://fr.wikipedia.org/wiki/Travail,_Famille,_Patrie