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Culture - Page 6

  • Dépend-il de nous d'être heureux ? (sujet de philo 2010)

    Je viens de prendre connaissance des sujets du bac de philosophie pour l'année 2010. On trouve par exemple en série scientifique «dépend-il de nous d'être heureux». Typiquement le genre de questions qui m'intéressent.

    Il y a dans ce sujet une alternative : soit le bonheur dépend de quelque chose (par exemple de nous) et, dans ce cas, il n'est pas accidentel, mais s'inscrit dans un engrenage de cause à effet, soit il ne dépend de rien, et dans ce cas, nous n'avons aucun pouvoir dessus car il est le fruit du hasard.

    S'il dépend de quelque chose, il dépend soit de nous, soit d'une cause extérieure. S'il dépend de nous, il renvoie aux sagesse pratiques en particulier. Je pense à celle des Stoïciens ou des Épicuriens. Pour les premiers, l'homme de bien demeure imperturbable face à l'adversité, tandis que les seconds proposent de s'abstenir de toute peine. Or, la peine résidant dans le défaut ou dans l'excès, il faut alors s'abstenir de l'un et de l'autre. Il y a bien sûr une dimension joyeuse dans l'épicurisme : s'abstenir de ce qui fait souffrir, mais s'ouvrir aussi à la joie. Ainsi, Épicure, dans sa lettre à Idoménée, en dépit des souffrances infligées par sa maladie, se réjouit de voir ses amis et des souvenirs heureux et communs qu'il a avec eux.

    Difficile de border l'envie dévorante qui alimente un consumérisme toujours renouvelé dans nos sociétés modernes. Difficile également d'éviter les contingences absolues du corps. Avoir faim, froid, soif, sont des barrières presqu'infranchissables si le chemin qui mène au bonheur est un parcours d'obstacles.

    L'idée que le bonheur dépend de nous cache aussi un autre pré-supposé : qu'il ne dépende pas des autres. Tentation autarcique s'il en est. C'est celle de l'ermite qui se retire du monde, de l'ascète qui se prive de tout ce qui nourrit ses envies et ses désirs. Mais si notre bonheur est en autrui, ou, tout du moins, dans la relation à autrui, il ne dépend pas entièrement de nous. Il nous appartient, dans ce cas, de nourrir cette relation et de poser sur elle un regard favorable, amical et débonnaire.

    Je ne pourrais pas achever cette note sans me demander tout de même ce qu'est le bonheur : est-ce une sorte de tranquillité de l'âme, une forme de sérénité, ou au contraire, une extase absolue telle que seuls la grâce ou l'idéal peuvent offrir, ainsi la contemplation des idées chères à Platon ?

    Je n'avais pas le désir, en rédigeant cette note, de proposer un corrigé aux étudiants qui viendraient à passer, à faire oeuvre scolaire, en somme, mais simplement à poser sur l'écran les quelques réflexions qu'un tel thème de réflexion m'inspirait. Ma note, très loin d'être exhaustive, demeure ouverte à qui désire s'en emparer et rebondir.

  • Gaffe à Aristophane

    Sortie à la Comédie française, hier soir : je m'étais juré d'aller voir les Oiseaux d'Aristophane depuis un bon moment. Et...déception... Alfredo Arias a voulu ancrer dans la réalité immédiate ses Oiseaux. Le problème, c'est qu'on peut adapter Aristophane, mais que s'en inspirer, c'est autre chose. Aristophane, c'est avant tout de la bonne blague bien grasse et tonitruante. Du rire aux larmes avec des jeux de mots, des blagues salaces dites avec naturel et naïveté et de l'ironie mordante. Aristophane n'a pas son pareil pour tourner ses adversaires en ridicule, parfois à l'aide d'observations de bon gros sens, mais qui font mouche.

    Mais voilà, Arias a voulu faire dans la sophistiqué. Il a voulu faire de la politique, de la morale dans le théâtre. Il a voulu que les dieux soient les puissants et les Oiseaux le peuple lésé. Et il a complètement foiré. On ne rit pas devant une pièce bien mise en scène, sauvée par quelques acteurs dotés d'une veine comique certaine, mais prétentieuse et froide. L'insistance lourde sur la traque des étrangers finit par lasser quelque peu. Quand Aristophane a écrit sa pièce, il a laissé transparaître sa lassitude devant l'atmosphère de guerre civile permanente qui secouait Athènes. Chez Arias, cela devient une sorte de lutte des classes entre la classe politique et le reste de l'humanité. Enfin...la classe politique...disons une partie de l'échiquier politique...On aura compris laquelle par le choix des allusions...

    Par ailleurs, c'est je crois, hélas, aussi un trait de la troupe de la Comédie Française : elle excelle dans le tragique, le dramatique, l'ironique, mais elle ne sait pas rire. Cela m'avait frappé lors des représentations précédentes auxquelles je m'étais rendu. Fasciné par le jeu impressionnant des acteurs pour les Bacchantes, par exemple, j'ai baillé aux répliques convenues et sans âme des mêmes hier soir.

    Mon fiston (l'aîné) m'avait en la circonstance accompagné. Lui qui a le rire facile au théâtre, en est ressorti passablement déçu. Il faut dire qu'il avait été amené au théâtre à bonne école, et même exigeante : nous avions eu le privilège, il y a trois ans, d'assister à la représentation du Songe d'une nuit d'été par l'excellentissime troupe du Sudden Théâtre. Bon. Il y a beaucoup de théâtres à Paris, on se rattrapera ailleurs...

  • et la Révolution Culturelle gagna la Droite...

    J'en parlais récemment, je suis un enseignement de kung-fu depuis quelque temps. Du wing-chun, pour être très précis. Il se trouve que mon professeur s'est rendu à plusieurs reprises à Hong-Kong, dans le cadre de sa pratique. Il me confiait, en fait, qu'on ne trouvait quasiment plus d'enseignants en kung-fu en Chine continentale, ou alors, exclusivement dans sa version moderne. Les formes de kung-fu traditionnel ne sont plus enseignées qu'à Taiwan ou à Hong-Kong. Et encore !...les vieux maîtres déplorent et constatent que les passionnés, ceux qui se montrent les plus assidus et passionnés ne sont plus les Chinois eux-mêmes, mais des Occidentaux venus des quatre coins du monde, et assoiffés de cette culture ancestrale. C'est que le kung-fu, comme bien des pratiques ancestrales, a été assimilé en Chine, à ce que la Révolution Culturelle voulait éradiquer : une forme de rapport où le maître a tout pouvoir sur son disciple, et surtout, où c'est un individu isolé qui détient le savoir, et non un parti tout-puissant et unique dont la vocation est de construire scientifiquement un homme nouveau.

    Les Chinois continentaux, aujourd'hui, redécouvrent leurs traditions, mais, à vrai dire, un peu tard : leurs sagesses millénaires ont été saccagées par des gardiens rouges en furie, version inquiétante et bien plus violente de nos maos hystériques de la fin des années 60 et du début des années 70, en France. Ils peinent, donc, à reconstruire leur patrimoine endommagé par les folies marxistes hystériques du début des années 60.

    C'est curieux de constater comme ce mouvement a balayé toute la planète : l'apologie de la modernité s'est mué en un avatar médiocrate et stérile, le modernisme. Dans le paysage politique français, nombreux sont ceux à avoir fait partie des maos ou des révolutionnaires trotskistes qui voulaient l'homme nouveau : les Jospin, frères Cohn-Bendit, et bien des hiérarques socialistes ont fait partie de ces gens-là. Il leur est resté de cette époque le désir d'éradiquer toute forme de transmission et de tradition. Leurs vues dans le domaine de l'éducation et de la pédagogie, leur admiration béate pour les Bourdieuseries de toute sorte sont la partie la plus émergée de l'iceberg de leurs certitudes.

    Ah, ils en ont rêvé, les maîtres pédagogues, de l'homme nouveau : et ils ont fait leur sale travail partout. Au Québec, en Belgique, en Chine, en France, dans les pays de l'Est, en Amérique...partout, tout ce qui pouvait distinguer l'individu a été éradiqué, car l'individu dérange, fondamentalement. Si l'excellence a été leur première cible, c'est que c'est la pente la plus naturelle pour distinguer un individu d'un autre, et donc, elle va à rebours des rêves et utopies égalitaristes. Les attaques contre l'individualisme, et, parfois, attenantes, contre le libéralisme, procèdent de la même logique : on appelle privilège ce qui contribue à l'excellence, et, sous prétexte de lutter contre les privilèges, on lutte contre l'excellence.

    Ce qui est fort du collier, c'est que la plupart des droites européennes se sont emparées de ce double-discours et l'appliquent dans tous les domaines de la transmission du savoir, tout en vantant un retour à la tradition, au demeurant.

    Et donc, pendant que la Révolution Culturelle, un demi-siècle après, a gagné les droites européennes (les gauches, cela s'est fait bien plus tôt que cela...), les communistes de Chine, dans le même temps, redécouvrent et recherchent, eux, la valeur de la transmission et de leurs traditions...

  • Le MoDem soutient un second Versailles à Saint-Cloud

    800px-Maquette_chateausaint-cloud.jpgIndéniablement, le château le plus célèbre de France est celui de Versailles, et des millions de touristes viennent chaque année lui rendre visite.

    Il a existé un château d'ampleur comparable en France : le château de Saint-Cloud. Mais voilà, il a été détruit ! Or, une association a engagé un pari fou : reconstruire le château de Saint-Cloud. Et elle a des arguments : l'emplacement est demeuré vierge, les documents abondent pour reconstituer les murs et les salles, et le mobilier, bien que dispersé, a été conservé. L'association s'est bien sûr posée la question du financement de la reconstruction, et, s'inspirant d'autres projets, comme le château de Guédelon, propose que le chantier, durant la phase de la reconstruction, soit lui-même l'objet de visites touristiques et pédagogiques. Ainsi, dès la pose de la première pierre, le projet commencerait à s'auto-financer en partie. Et pour la pérennité économique du châteeau, l'association a d'autres idées :

    Quant aux solutions financières complémentaires que nous proposons, elles sont au nombre de cinq, et résultent directement du fait que, dans le château de Saint-Cloud, à côté de pièces somptueusement décorées, s’en trouvaient également de nombreuses qui ne l’étaient quasiment pas et, étant de ce fait impropres à un usage culturel et touristique, elles pourraient avoir des affectations autres, à savoir purement fonctionnelles et même commerciales. Premièrement, le cadre s’y prêtant idéalement, on pourrait parfaitement envisager des salles de séminaires avec un restaurant gastronomique et un hôtel de luxe, comme le "Trianon Palace" de Versailles. Rappelons que de nombreux hôtels se trouvent aujourd’hui dans des châteaux, comme en atteste, en France, la chaîne "Relais et Châteaux" ou, en Espagne, les paradores. Deuxièmement, des galeries marchandes pourraient trouver place dans les sous-sols, comme au Carrousel du Louvre. Troisièmement, l’installation de bureaux publics (pour une administration), ou privés (pour une entreprise) serait également concevable. Quatrièmement, une école professionnelle (par exemple hôtelière ou des métiers d’art) pourrait très bien y avoir sa place. Cinquièmement, pourraient y être créés des logements, d’une part, de fonction pour des fonctionnaires (municipaux, départementaux, hospitaliers, ou ceux travaillant dans le parc) et, d’autre part, de luxe, permettant ainsi une mixité sociale sereine. Parallèlement, Saint-Cloud ayant été intimement mêlé à plusieurs siècles d’Histoire de la France (et même de l’Europe), il serait envisageable de créer, probablement avec des comédiens rémunérés, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du château, un mini "Puy du Fou".

    En somme, l'association envisage une exploitation mixte, semi-publique, semi-privée de toute la zone. Ce n'est pas idiot. En outre, compte-tenu de la proximité de Saint-Cloud avec Paris, de sa position dans un noeud de réseaux ferrés, routiers et autoroutiers, à proximité également de la Seine, on peut concevoir sans peine que la reconstruction bénéficiera de centaines de milliers de visites au bas mot chaque année. Et d'ailleurs, votre serviteur sera le premier à y aller avec sa petite famille...

    Antoine Dupin, Président du MoDem dans les Hauts de Seine et Conseiller régional du groupe "Démocrates et Centristes" a été immédiatement enthousiasmé par le projet : le MoDem a donc été le premier parti à soutenir cette initiative.

    Cela tombe plutôt bien, puisque le projet a finalement été retenu par les autres partis politiques. Antoine Dupin propose d'intégrer cette initiative dans la perspective plus vaste de constituer une vallée de la culture en Val de Seine.

    Voilà, in fine, une initiative originale, astucieuse et auto-financée qu'il convient de relayer et soutenir.

  • Hermione

    androm07.jpgJ'ai une image ! Une image d'Hermione ! Oui, Hermione : Hermione la fille de Ménélas et d'Hélène de Sparte, pas la petite Emma Watson, qui joue Hermione Granger dans les films Harry Potter.

    A vrai dire, c'est une vraie plaie que de parvenir à trouver le moindre document iconographique sur la Toile ou dans les livres sur Hermione. A croire que les sculpteurs et peintres gréco-romaines puis leurs héritiers n'ont jamais jugé utile de la représenter.

    Je dois donc me contenter d'une reprographie d'une actrice de la Comédie Française dans l'Andromaque de Racine, datant du XVIIIème siècle.

    Hermione était amoureuse de Pyrrhus, le fils d'Achille. Pas de chance, ce dernier s'enticha d'Andromaque, la veuve d'Hector, qui lui avait échu en partage à la prise de Troie. Dans le même temps, Oreste, fils d'Agamemnon, tomba amoureux de sa cousine. Cette histoire termina mal. Par dépit, Hermione demanda à Oreste de liquider Pyrrhus, ce qu'il fit très volontiers. De désespoir et de regret, elle se suicida. Oreste, quant à lui, prit la fuite.

    Le dramaturge grec Euripide raconte cette histoire dans sa tragédie du nom d'Andromaque. Jean Racine en a repris la trame dans sa pièce du même nom, 2000 ans plus tard.

    Pour Hermione Granger, tout va bien : elle n'a pas de cousin germain, et Ron n'est pas le fils d'Achille. Il y a donc des perspectives de salut !

    Si un jour un réalisateur reprenait la légende des Atrides et en faisait une trilogie, il aurait un sacré matériau pour une super-production.

    Pensez donc : Atrée emprisonne Thyeste non sans lui avoir servi sa descendance en rôti préalablement à l'exception d'Égisthe. Il envoie Égisthe qu'il élève comme un fils liquider son vrai père, mais l'un et l'autre se reconnaissent. Du coup, ils envoient ad patres Atrée et manquent de peu Ménélas et Agamemnon, les fils d'Atrée, qui parviennent à se barrer in extremis à Sparte. Agamemnon reprend Argos, mais Égisthe parvient à prendre la tangente.

    Pendant qu'il est à la guerre avec son frère, Égisthe revient, le cocufie avec sa femme Clytemnestre et attend l'air de rien son retour. Il profite de ce que son neveu, Oreste, est parti, et essaie de marier de force sa nièce, Électre, à un paysan.

    Ils se font Agamemnon et sa concubine, Cassandre, une prophétesse qui l'avait pourtant avertie, dans sa salle de bain, à la hache. Peu après, Oreste revient en secret. Il se fait reconnaître de sa soeur, et à deux, ils montent un plan. Plan exécuté, et c'est au tour de Clytemnestre et d'Égisthe de trépasser. Au fait, pourquoi Clytemnestre a trompé son mari et l'a assassiné ? parce qu'Agamemnon avait sacrifié Iphignie, leur fille, pour obtenir un bon vent des dieux pour sa flotte, à Aulis, avant d'attaquer Troie : tout ça parce qu'il avait fait le con avec Artémis et s'était vanté d'être meilleur chasseur qu'elle. Ça lui avait pas plu, à la déesse de la Chasse, et elle avait demandé à Éole le dieu des vents de retenir le moindre souffle d'air à Aulis.

    Mais elle ne pouvait pas savoir qu'Artémis avait finalement pardonné à son mari, et que du coup, sa fille avait été téléportée en Tauride pour devenir prêtresse de la dite déesse (ce qui sauva la peau d'Oreste, parce qu'Iphigénie le reconnut comme son frérot au moment où elle s'apprêtait à le sacrifier).

    Cela dit, ce n'est pas bien de tuer sa mère, et du coup, Électre et Oreste eurent longtemps maille à partir avec des démons des enfers, les Érynies. Il fallut l'intervention d'Apollon puis d'Athéna pour définitivement calmer les choses...

    Sacrée histoire avec plein de rebondissements, non ?

  • Art moderne

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    Et là, vous découvrez que la valeur d'une oeuvre est surtout fonction de la surenchère langagière pratiquée par son auteur, de l'intensité substantive, adverbiale et superlative de la logorrhée exsudant du jargon développé autour du moindre gribouillage, afin de vous faire prendre des vessies pour des lanternes.

    "un dépassement pictural à observer dans une démarche post-moderne décontemplative, une recherche de puissance suggestive par la domination du rouge sang qui submerge l'oeil du spectateur"

     

    Sans adhérer à la totalité du discours, j'ai tout de même bien ri à la lecture du billet d'Objectif Liberté. Si je ne rejette pas en bloc l'art moderne, je me permets tout de même, en dépit de mon amateurisme, d'exprimer mon scepticisme devant l'intérêt ou même plus simplement la qualité artistique de certaines oeuvres...

    Il se trouve qu'Objectif Liberté évoque l'action culturelle de la ville de Nantes. Je tiens tout de même à rendre justice à la ville (dans laquelle je me suis rendu récemment) : ses initiatives ne se limitent pas au vilain carré orangé que l'on voit sur l'écran. Il y a aussi l'entretien du Château des Ducs de Bretagne, l'aménagement des rives de la Loire, des festivals variés, et plus généralement, à ce qu'il m'a semblé beaucoup de bonne volonté au sein des services culturels. Ces derniers associent  le très moderne (qu'a relevé Objectif Liberté) au classique (Festival de grec et de latin) avec une certaine audace, puisqu'à chaque fois, c'est un choix où l'on n'attend pas forcément une ville.

    Ensuite, je mets en doute tout de même le chiffre qu'avance Objectif Liberté : 17% du budget pour la culture à Nantes, bien que cela me ravisse, cela m'étonne tout de même. Peut-être y-a-t-il une virgule qui a sauté ?

    Enfin, si je tends à partager certaines considérations d'Objectif Culturel sur l'art moderne, je suis franchement en désaccord avec certaines de ses conclusions sur les subventions à la culture. Par exemple, ceci :

    Le cas échéant, le rayonnement culturel d'une ville doit il être le fait de fonctionnaires qui jouent aux découvreurs d'artistes avec notre argent, ou celui de riches mécènes qui tels les Médicis ou les Grassi, ou les Guggenheim et Pinault, tentent de passer à la postérité en convertissant leur fortune en lieux d'induction de plaisir artistique ? Qui aura plus fait pour le rayonnement culturel : les Médicis à Florence, les riches commerçants de Venise, ou un obscur conservateur de FROC à Nantes  ou à Clermont Ferrand ?(NDLR : l'auteur à transformé le mot FRAC en FROC, A pour Art, O pour Onanisme...).

    Je crois qu'il n'y a pas de contradictions entre les fondations privées et le travail de fonctionnaires, et je pense également que le goût artistique d'un fonctionnaire peut s'avérer aussi sûr que celui d'un grand capitaine d'industrie. Ce qui serait néfaste, ce serait que l'art ne dépende que de l'un ou que de l'autre. Je me retrouve finalement dans l'analyse de François Bayrou pendant l'élection présidentielle, qui demeure à ma connaissance, la position officielle du MoDem :

    Tout cela pose bien entendu la question des financements de la culture aujourd’hui en crise, et de l’organisation des territoires, aujourd’hui en panne. L’attention des médias s’est récemment portée sur le patrimoine et sur le recul de la francophonie dans le monde. Nous connaissons l’état de nos finances publiques, mais la culture est un investissement pour l’avenir afin de garantir les crédits nécessaires au rayonnement culturel de notre pays. Son budget, qui atteint péniblement les 1% de celui de l’État, doit faire l’objet d’une programmation pluriannuelle. Il faut aussi trouver les moyens de renouveler les financements de la culture dans un équilibre subtil entre la liberté de création et la pluralité des financements, publics et privés, et continuer à encourager le mécénat.

    Je concluerai enfin sur cette sentence, par laquelle Bayrou ouvrait le colloque de l'UDF le 17 février 2002 et qui figure aussi dans son livre Projet d'Espoir :

    La culture n'est pas un luxe qui vient après le nécessaire. Elle constitue le soubassement de nos prises de conscience, de nos comportements et des événements historiques.

  • Mythologies

    J'ai lu et relu une large part de mon enfance les contes et légendes des grandes civilisation, avec un goût tout particulier pour les grandes épopées et les gestes. J'ai admiré Yudhishthira, le prince juste, tendre et courageux du Mahâbhârata, espéré que Dieu pardonnerait à Lancelot et que celui tiendrait ses résolutions afin qu'il puisse rejoindre son fils Galahad et contempler le Graal. Jeune, Achille était mon idole, mais, avec l'âge, j'ai changé de camp et de héros dans l'Iliade. J'admirais alors sa force, son courage et son détachement face à son destin. Aujourd'hui, c'est Hector qui emporte mon adhésion. Quel courage, quelle humanité ! Voilà un homme qui sait que les Grecs comptent des héros très puissants, plus puissants que lui, mais qui assume son rôle de général en  chef des Troyens et combat bravement. Voilà un homme qui ne s'inquiète que pour son peuple, pour sa femme Andromaque et son fils Astyanax alors qu'il sait qu'il va au devant de la mort. Hélène pleure sa mort plus que celle de quiconque tant il aura toujours été doux et compatissant avec elle. Voilà encore un homme qui rappelle son frère Pâris à son devoir, regardant ce dernier par en-dessous, comme Homère le dit, et voyant en ce dernier la cause de tous les maux de Troie. Une attitude qui détone avec le jugement tant des Troyens que des Grecs pour lesquels Hélène est le cause première de la guerre.

    Homère était considéré par les Grecs du Siècle de Périclès comme l'oeuvre fondatrice qu'il fallait faire étudier aux enfants pour leur édification morale et intellectuelle. Les Grecs d'aujourd'hui pensent toujours la même chose, d'ailleurs, l'Iliade et l'Odyssée sont au programme de 6ème, en Grèce. En France même, on en recommande l'étude au début du collège également. J'y ai trouvé et j'y trouve encore, pour ma part, des morceaux d'humanité sans pareils. Parmi les héros, bien peu rivalisent avec Hector, à mes yeux. Il n'y a que Yudhishthira et Antigone (celle de Sophocle) dont les auras égalent celle d'Hector. Yudhishthira parce que c'est la tendresse sans mollesse et la douceur faites homme. Antigone, parce qu'elle n'est pas née pour haïr mais pour aimer. Voilà une fillette (ou une jeune adolescente chez Euripide) qui descend dans la plaine au milieu de la nuit et des tourbillons, vient se pencher sur le corps de son frère en décomposition, que les charognards se disputent sans doute, et accomplit les rites nécessaires afin que son âme trouve la paix, en dépit de l'édit de son propre oncle, qui assure désormais la réalité du pouvoir à Thèbes. Extraordinaire enfant qui n'hésite pas à agir seule quand même sa soeur Ismène la lâche.  Quel art que l'écriture de Sophocle. Quel talent chez cet homme pour avoir fait de l'exemple saisissant d'Antigone un mythe désormais éternel.

    Mais, j'en viens à ma conclusion : mon billet est en fait une chaîne, une bonne vieille chaîne de blogs. Je vais taguer quelques blogueurs, et voilà ce que je voudrais qu'ils écrivent, s'ils sont d'accord : qu'ils fassent le portrait d'un héros légendaire (mais pas d'un dieu) dans les mythes antiques (pas seulement gréco-romains, les mythes et légendes de toutes les régions du monde entrent dans le cadre du thème de la chaîne) qui a retenu leur attention et à qui ils accordent leur suffrage plus qu'à quiconque.

    Je vois bien Skeptikos, Oréade, Démocratix (comme ça il sera à nouveau obligé d'écrire des billets sur son blog :-) ), Nelly (dont je n'ai plus de nouvelles), Mirabelle (même chose que Démocratix) Polluxe, et enfin Vincent me donner leur avis. Mais bon, ils font ce qu'ils veulent.

    Il y a aussi le Crapaud du Marais qui m'a tagué dans une autre chaîne. J'ai un peu la flemme de répondre. En fait, je suis d'accord avec  tout ce que propose le MoDem poyur l'Europe, sauf pour les paradis fiscaux. Cela étant établi, mon crapouillot peut participer à ma chaîne sur les héros mythologiques.

  • François Bayrou érige wikipedia en modèle humaniste

    Bon, ben merci à Framablog qui a repéré ces moments (ceux dont je vais rendre compte) dans l'émission du 27 février dernier à laquelle François Bayrou a participé. Très intéressant. Et très juste. Je vois qu'il partage mon enthousiasme pour cette magnifique encyclopédie. Et tout à fait l'idée que je me fais de la culture. C'est bien en ce sens que je vois la culture, comme l'un des Biens supérieurs qu'évoque le groupe Identité et Valeurs de l'Europe du MoDem sur le blog leseuropeens.fr.

    Pourquoi est-ce que je suis intéressé par l’univers des logiciels libres ? Pourquoi est-ce que je suis intéressé par l’univers wiki ? Parce que ce sont des modèles de société non marchands. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas des gens qui à partir du logiciel libre ne font pas du marchand, ne créent pas des activités économiques, mais Wikipédia, pour prendre un exemple, c’est tout de même impressionnant qu’il y ait une encyclopédie de centaines de milliers de pages sur tout sujet, sans que personne n’ait été là pour des raisons marchandes.

    (…)

    Mais pour l’essentiel, ne prenez le petit défaut ou la petite faille, prenez le fait massif. Il y a là une encyclopédie, free, libre d’accès, à disposition de tout le monde, qui a été développée par des esprits généreux qui ont simplement voulu faire partager à d’autres ce qu’ils savaient. Vous ne trouvez pas que c’est intéressant. Vous ne trouvez pas que c’est intéressant que on ait des logiciels, des systèmes d’exploitation, qui soient constamment enrichis, bénévolement ou gratuitement. Et donc pour moi il y a là un projet de société qui est intéressant au moins à regarder et à réfléchir parce qu’il veut dire que la loi du profit ne commande pas tout. Qu’elle n’est pas totalement absente, on n’est pas naïf, bien sûr que les raisons économiques sont à prendre en compte. Mais elles ne doivent pas prendre la place de toutes les autres raisons de vivre : raison de chercher, raison d’enseigner, raison de transmettre, raison de s’élever, raison de créer, etc.

    (…)

    C’est important pour beaucoup de ceux qui vous écoutent sur le Net en particulier. Il y a là quelque chose qui donne de l’espoir dans la nature humaine. Alors comme tout, pas que de l’espoir. Mais il y a là quelque chose qui permet d’avoir une autre vision de l’avenir de l’humanité que cet avenir écrasé qu’on nous promet par ailleurs. Parce que si vraiment, ce que je crains, on est en train en France de mettre en place un réseau d’influence et de pouvoir sur des secteurs entiers de la société, où est la capacité de résistance ? Si vous êtes un citoyen moyen, un jeune garçon, une jeune fille ? Qu’est-ce que vous pouvez faire ? Vous défilez une fois, et après il n’y a plus de défilés comme vous le savez. Bon et bien il y a là, dans cette culture civique, quelque chose qui donne de l’espoir, qui en tout cas à moi me donne de l’espoir.

  • Tannhäuser porno, est-ce vraiment osé ?

    tannhaeuser01.jpgÇa fait scandale en ce moment en Espagne : la compagnie Los Angelès Opera a décidé d'interpréter l'opéra de Wagner, Tannhäuser, au pied de la lettre. En effet, selon la légende, Tannhäuser chevalier et poète germanique du milieu du Moyen-âge passa une année à adorer Vénus, déesse de l'amour et du désir. Comme les gravures et les tableaux étaient en soi évocateurs de ces faits, j'imagine que cette compagnie et leur metteur en scène se sont dit qu'ils ne pouvaient pas ne pas faire au moins aussi bien.

    En effet, à considérer la chose, on se verrait bien venir se mêler à l'orgie et à la débauche sur scène, où l'on se demande si les scènes, explicitement sexuelles sont seulement simulées. Mais le mieux, pour se faire une idée de la chose est encore de se rendre sur le site d'El Païs qui en rend compte via un extrait vidéo explicite...

    En règle générale, la provocation pour la provocation m'agace, mais, pour cette fois, je trouve fondé ce choix esthétique. L'opéra de Wagner débute vraiment dans un lupanar. Alors pourquoi pas, si l'on fait le choix d'une esthétique percutante. Tiens, au fait, en parlant de Tannhäuseur, après avoir vécu une année de délices chez Vénus, il tenta de se faire absoudre par le Pape Urbain IV. Celui l'envoya gentiment paître en lui faisant valoir qu'obtenir son pardon serait aussi difficile que de voir son bâton épiscopal fleurir. Pas de pot, 3 jours après, le bâton  fleurit. Il se mit en quête de Tannhäuser, mais c'était trop tard, ce ternier avait mis les bouts et était revenu chez Vénus (bonne idée au demeurant). Eh oui, à l'époque, on était plus progressiste qu'aujourd'hui. Parce qu'aujourd'hui, j'imagine que dans l'église catholique, on pense aussi qu'il y a autant de chance de "pardonner" à une fillette violée que de voir le bâton épiscopal du Pape fleurir, je suppose...

    Heureusement qu'en France nous avons des évêques d'une toute autre trempe que le sinistre José Cardoso Sobrinho. Faut dire ce sale bonhomme a été désavoué par ses semblables et que cela lui fait les pieds.

    409px-Jcollier.jpgBon, je m'égare, revenons à Tannhäuser : en fait, pour être précis, là où il trouve refuge très précisément, c'est au Venusberg. Je ne suis pas germaniste, mais je sais que littéralement, cela se traduit par "mont de Vénus". Bien sympa comme endroit :-D

    A propos de Tannhäuser, Charles Baudelaire a écrit quelque chose de très intéressant dans l'Art romantique, dont je recommande la lecture. Il y a plein de choses notables dans cette critique de Baudelaire, notamment une mise en relation des effets de la musique sur les cerveaux et ses Correspondances (la nature est un temple où de vivants piliers...). Mais, ce qui illustre mieux que tout mon propre propos, c'est ceci :

    Le Chant des pèlerins apparaît le premier, avec l’autorité de la loi suprême, comme marquant tout de suite le véritable sens de la vie, le but de l’universel pèlerinage, c’est-à-dire Dieu. Mais comme le sens intime de Dieu est bientôt noyé dans toute conscience par les concupiscences de la chair, le chant représentatif de la sainteté est peu à peu submergé par les soupirs de la volupté. La vraie, la terrible, l’universelle Vénus se dresse déjà dans toutes les imaginations. Et que celui qui n’a pas encore entendu la merveilleuse ouverture de Tannhäuser ne se figure pas ici un chant d’amoureux vulgaires, essayant de tuer le temps sous les tonnelles, les accents d’une troupe enivrée jetant à Dieu son défi dans la langue d’Horace. Il s’agit d’autre chose, à la fois plus vrai et plus sinistre. Langueurs, délices mêlées de fièvre et coupées d’angoisses, retours incessants vers une volupté qui promet d’éteindre, mais n’éteint jamais la soif ; palpitations furieuses du cœur et des sens, ordres impérieux de la chair, tout le dictionnaire des onomatopées de l’amour se fait entendre ici.

    Je vais m'arrêter là, je fais trop dans la culture ces derniers temps...:-)

  • Antigone/Nicolas Sarkozy, le quiproquo

    Je voudrais revenir sur l'une des principales références littéraires de Nicolas Sarkozy, à savoir la labdacide Antigone, fille du héros mythique célèbre et malheureux, Oedipe.

    Je me suis demandé pourquoi Nicolas Sarkozy éprouvait une telle affection pour le personnage d'Antigone, affection, que je partage au demeurant. La pièce de Sophocle est à mes yeux la plus aboutie de toutes les tragédies connues. Car il s'agit bien de celle de Sophocle, et non d'une autre Antigone, la citation de Nicolas Sarkozy, ne laisse pas de place à l'équivoque quand il reprend la réplique fameuse d'Antigone à Créon, je ne suis pas née pour haïr mais pour aimer.

    Il y a eu beaucoup de commentaires sur cette référence, et beaucoup de réactions d'individus indignés qu'on leur "vole" leur symbole. Je voudrais tout d'abord leur dire qu'Antigone est universelle. Elle n'appartient à aucune coterie.

    En revanche, il est intéressant d'examiner les raisons pour lesquelles on la brandit comme un étendard.

    A gauche, particulièrement à la gauche et de la gauche, on voit en Antigone le symbole d'une révolte, et très précisément, d'une révolte contre le pouvoir établi. A la limite, peu importent, finalement, les motivations profondes d'Antigone, l'important est qu'elle représente la minorité faible se révoltant contre l'oppression. Bien évidemment, la gauche de la gauche, et même parfois la gauche tout court, ont surréagi à la référence de Nicolas Sarkozy, estimant qu'il avait tout intérêt à relire Antigone.

    Or, c'est en cela que réside le quiproquo : ce que Nicolas Sarkozy apprécie, chez Antigone, très vraisemblablement, et cela colle bien avec son tempérament et ses décisions, c'est sa capacité à transgresser, parce qu'en réalité, ce qu'aime Nicolas Sarkozy, c'est la transgression : inaugurer un nouveau style de présidence, faire bouger les lignes politiques apparentes, semer la confusion entre gauche et droite, gouverner au moins autant que présider, répliquer par un "sale con" à un spectateur qui refuse de lui serrer la main et cetera...toutes choses dont la presse et les médias sont très friands, au demeurant. Et, il se trouve que justement, c'est un aspect de la geste d'Antigone : car enfin, quelle est cette petite fille (c'est presqu'une fillette chez Sophocle !!!), de sang royal de surcroît, qui se mêle de politique et veut, en dépit d'un interdit admis depuis la nuit de temps (la loi de la cité prime sur toute autre considération) rendre les honneurs funèbres à son frère ? Des révoltes, il y en a toujours eu, mais ce qui indigne Créon par-dessus tout, c'est que la révolte vienne de sa propre famille, de sa propre nièce, alors que la famille royale incarne la cité de Thèbes par dessus tout ! Pour bien comprendre le geste d'Antigone, il ne faut pas considérer Polynice comme un gentil révolté : c'est quelqu'un qui attaque sa propre cité ! C'est un collabo ! en 1945, une femme qui aurait agi comme Antigone aurait été tondue. Il faut bien comprendre cet aspect pour saisir les enjeux véritables de cette tragédie. Il y a donc un interdit très profond que transgresse Antigone, à tort ou à raison, le débat demeure ouvert. Je pense que c'est cette capacité à transgresser qui plaît à Nicolas Sarkozy.

    Une fois dit cela, on peut faire valoir un autre point de vue : certes, il y a transgression de la part d'Antigone, mais ce n'est pas une transgression pour de la transgression, et, sur ce second point, je suis très loin d'être convaincu qu'Antigone soit bien Sarkozyste...Pas plus qu'Antigone ne résiste pour résister ou ne se révolte pour se révolter (un peu comme l'Antigone d'Anouilh, par exemple). Antigone est surtout l'initiatrice d'un monde nouveau qui émerge sur les décombres de l'ancien. En temps de crise, il me semble que cet aspect donne à penser. Je ne cherche pas à récupérer Antigone au profit du MoDem (elle appartient au patrimoine de l'humanité, désormais, donc à tous et à toutes) mais, j'ai tout de même le sentiment qu'il y a une démarche commune entre ce qu'Antigone veut faire et la construction humaniste envisagée par François Bayrou et le MoDem.

    Antigone n'est pas une révolutionnaire : elle ne cherche pas à renverser le pouvoir de Créon, elle veut juste verser de la terre sur le corps décomposé de son frère et n'hésite pas, en dépit de son jeune âge, à sortir en pleine nuit, alors que le vent siffle, et que peut-être les esprits errent, à venir près du corps de Polynice qui pue tellement que même des soldats chevronnés ne s'en approchent pas. Voilà ce qui est surhumain et nouveau de la part d'Antigone, c'est cette abnégation, et dans la foulée, la volonté de replacer l'individu, l'être humain, au centre de son action. Alors, fatalement, ce geste ne peut qu'entraîner une refondation des lois qui assuraient la bonne marche de la cité. Mais le projet d'Antigone n'est pas de nature politique, tout particulièrement au sens où l'entendaient justement les Grecs. C'est bien cela qui est novateur.

    Finalement, Antigone accomplit un acte politiquement et religieusement inutile (rien ne peut plus empêcher la souillure de la cité) mais humainement nécessaire. C'est cette gratuité que moi, à titre personnel, j'ai aimé. Il ne s'agit pas non plus d'une lutte contre l'utilitarisme, comme certains ont pu le dire, mais tout simplement du refus d'en appliquer les principes dans les circonstances présentes.

    Subir la mort, pour moi n'a rien d'intolérable. L'intolérable c'est de laisser pourrir sans tombeau le corps de mon propre frère, oui, c'est cela pour moi, l'intolérable. Mais maintenant ma conscience est en paix. Tu penses que je suis folle, mais le vrai fou, en vérité, c'est celui qui me traite de folle.