Marrante, la solution universelle, du côté des politiques, pour endiguer les maux issus de l'école : passer de 144 jours d'enseignement à 180. Ils sont presque tous d'accord : l'UMP avec Luc Châtel, le MoDem, c'est dans leur programme, les Socialistes, Royal et Peillon sont pour, et les Verts, avec la bénédiction de Gabriel Cohn-Bendit et Meirieu. Je ne connais pas la position de Nouveau Centre ni du Front de Gauche. Évidemment, si les écoles ouvrent plus, les profs vont rester plus, cela va de soi, en dépit des promesses des uns et des autres. Cela sent l'entourloupe à plein nez...Tiens, un calcul simple : prenons un prof qui doit faire, disons, 2 heures de trajet au total par jour pour aller bosser. Imaginons qu'il passe de 144 à 180 jours d'école, quand bien même il bosserait moins chaque jour, il se retrouvera tout de même avec 72 heures de déplacement en plus au minimum. Mais la réalité est encore plus insidieuse et perverse : imaginons que notre bon prof enseigne en collège et qu'il y ait deux heures de trous dans son emploi du temps ; 36 jours de plus, et le voilà mobilisé 72 heures supplémentaires en plus de ses 72 heures de déplacement. Total gratuit donné en plus, 144 heures de temps. Petite division par huit pour simuler notre sympathique camarade enseignant entubé et le voilà avec l'équivalent de 15 jours et demi de travail en plus, sans même avoir eu le temps de calter. Attention, je suis dans une hypothèse optimiste pour mon pote prof, c'est à dire celle où l'allongement de l'année scolaire se fait à horaires constants. Parce que j'imagine que cela doit être tentant, évidemment, de lui en rajouter quelques louches.
En 1996, il me semble que Bayrou était en désaccord avec Chirac sur l'idée d'allonger l'année scolaire en réservant les après-midis au sport. J'ai souvenir qu'il a été le premier à l'origine de la semaine de quatre jours, mais avec des horaires allégés. Bayrou, me semble-t-il, était favorable à l'idée de ne pas légiférer mais de laisser à chaque collectivité et chaque école le soin de trouver des compromis pour s'organiser au mieux. La proposition du MoDem me paraît autrement plus directive...
Bon, j'ai tout de même une consolation : ces imbéciles de profs votent bêtement à gauche ou pour les verts, dans 70% des cas. Or l'idée vient de chez eux. Donc ils vont en prendre plein la gueule via ceux pour qui ils votent. Bien fait pour eux. Bon, ils peuvent encore voter Bayrou, je ne pense pas qu'il leur imposera manu militari les dits rythmes, en dépit du programme du MoDem (dont il ne se sent pas forcément comptable).
Mais ce qui me fait rigoler, ce sont les pincettes qu'on prend çà et là ; vaudrait mieux leur dire directement : écoutez, bande de cons, de bras cassés et de bons à rien, sales gauchistes et/ou privilégiés petits bourgeois, on va vous faire trimer ! Ouais, tas de fainéants toujours en vacances, 30 jours de plus, ça va vous faire les pieds, les gros nuls qui passez votre temps à rien foutre. Et puis ne récriminez pas, vous êtes déjà payés à rien faire, alors grattez-vous pour avoir le moindre centime d'euro d'augmentation. Vous seriez prêts à prendre les enfants en otages pour vos seuls intérêts égoïste, hein, sales chiens ? Mais vous allez, voir, on va faire jurisprudence : désormais, c'est l'intérêt supérieur de l'enfant qui doit guider nos actions, et donc, toutes les professions en relation avec l'enfance pourront être soumises à implémentation horaire sans contrepartie. La noble certitude de travailler pour l'avenir sera une récompense bien suffisante. Voilà, l'enfant au centre du système scolaire, c'est ça !
Quoi ? Est-ce que c'est du Gabriel Cohn-Bendit dans le texte ? Oh, bien possible...c'est en tout cas ce que pensent les hiérarques socialistes, quelques chronocrétinologistes (ils déterminent scientifiquement le moment où les êtres humains sont les plus débiles dans la journée), quelques instituteurs (et institutrices) mais à la retraite donc pas concernés par les futurs nouveaux rythmes, les profs dégagés/déchargés de toute obligation scolaire (conseillers, membres des commissions Éducation des partis politiques) et une bonne partie de la droite.
Allez, dans les prochains jours, je vous fais quelques autres professions sur le même refrain.