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  • François Bayrou expose son modèle de société

    François Bayrou a exposé, jeudi 11 octobre 2007, sa vision du modèle français, un modèle profondément différent du modèle dominant, celui des inégalités croissantes. «Ce dont nous avons besoin, c'est de bâtir à l'intérieur de la globalisation un modèle de justice croissante.» a-t-il affirmé.


    Quel modèle de société?
    François Bayrou 2007

    La Justice universelle ou légale, Ethique à Nicomaque, Livre V, chapitre 3 d'Aristote

    «Nous appelons actions justes toutes celles qui tendent à produire ou à conserver le bonheur avec les éléments qui le composent, pour la communauté politique.»

    Aristote écrit ensuite, dans le même chapitre

    Et c'est pourquoi souvent  on considère la justice comme la plus parfaite des vertus, et ni l'étoile du soir, ni l'étoile du matin ne sont ainsi admirables

    Puis, plus loin, il ajoute : 

    [...] Et elle est vertu complète parce que l'homme en possession de cette vertu est capable d'en user aussi à l'égard des autres et non seulement pour lui-même. [...] 

     

  • UDF-MoDem à 12,32% à Saint-Etienne

    Résultats d'une cantonale partielle qui s'est récemment déroulée à Saint-Etienne. Denis Chambe, le candidat UDF-MoDem a fait légèrement mieux qu'aux législatives (+0.5%) mais il y a du boulot encore avant d'espérer détrôner le PS ou l'UMP :-( 

     

    • Denis Chambe (UDF-MoDem) 12,32 %

    • Charles Perrot (FN) 8,22 %

    • Jean-Jacques Rey (UMP) 35,27 %

    • Maurice Morel (Verts) 5,11 %

    • Marie-Odile Sasso (PS) 30,20 %

    • Marie-Hélène Thomas (PCF) 7,14 %

    • Bruno Clémentin (Parti pour la décroissance) 1,75 %

    On aura, il faut le reconnaître, du mal à s'en sortir sans alliances et/ou accords. Il faut vraiment y réfléchir. Pour info, c'est le candidat UMP qui est finalement passé le 08 octobre, mais à 10 voix près. Qui a dit que cela ne servait à rien d'aller voter ? Il faut aussi savoir que le taux d'abstention au premier tour frisait les 80% ...

    Apparemment, l'électorat MoDem s'est majoritairement reporté sur le candidat UMP. 

  • François Bayrou s'exprime à Pau

    Un militant basque a fait le compte-rendu d'une toute récente réunion des Cercles Citoyens de Pau le 05 octobre dernier. François Bayrou était présent et a répondu à toutes les questions.

    Je reprends ici intégralement la relation du militant UDF - MoDem basque. 

    Comme je vous l'avais annoncé, la réunion de rentrée des Cercles Citoyens de Pau avait lieu ce soir. Entouré de plus d'une centaine de personnes, François Bayrou, accompagné de son suppléant Pierre Menjucq, a répondu en toute décontraction et en toute simplicité aux questions qui lui étaient posées. Il a précisé d'emblée que ces réunions ne concernaient pas les problèmes internes du Mouvement Démocrate et de ses adhérents, mais plutôt les questions civiques ou citoyennes.

    N'étant pas mandaté et n'ayant pas réellement les compétences pour faire un compte-rendu exhaustif de cette réunion, je me contenterai de souligner quelques points qui m'ont particulièrement marqué parmi les différents thèmes abordés.

    A propos des franchises pour les remboursements de la sécurité sociale, François Bayrou a expliqué qu'elles étaient terriblement mal inspirées et que l'argumentaire n'était pas satisfaisant. Il a ajouté que cette mesure était insuffisante1/15 du déficit et ne couvrait que .

    A la question délicieusement abrupte : "Lorsque vous avez rencontré Nicolas Sarkozy, qu'est-ce qu'il vous a dit ?", François Bayrou a répondu que Nicolas Sarkozy rêvait qu'il rentre dans son équipe mais que ce n'était pas son choix et qu'il fallait être fidèle à ses convictions. Il a notamment ajouté : "Les valeurs de Nicolas Sarkozy ne sont pas les miennes. Il aime beaucoup les gens riches et les gens célèbres, j'aime mieux les gens profonds !".

    Sur le dossier EADS qui fait la une de l'actualité, François Bayrou a dénoncé les connivences entre l'état et les puissances d'argent. Il a clairement expliqué comment la caisse des dépôts et consignations, c'est à dire le contribuable, a racheté au cours le plus haut, des actions dont tous les initiés, état compris, savaient pertinemment qu'elles allaient dégringoler. Il a ajouté cette phrase terrible : "Si on savait la vérité brute, personne ne le croirait !"

    S'agissant de son éventuelle candidature à la mairie de Pau, François Bayrou a remarqué avec humour que près d'une heure s'était écoulée avant que la question ne soit posée ! Il a affirmé qu'il prendrait grand soin de respecter son propre calendrier. Il a ensuite relaté la "saga" du candidat socialiste fabiusien et son voyage parisien chez les anciens combattants et chez Nicolas Sarkozy... François Bayrou a réaffirmé que les listes partisanes étaient stupides pour des élections municipales. A propos du cumul des mandats, il a réitéré son attachement au mandat unique mais a précisé que la pratique institutionnelle actuelle était au cumul et qu'il fallait que tous "jouent" avec les mêmes règles.

    A propos des peines plancher, François Bayrou a regretté une large américanisation de la politique pénale et le fait qu'un délinquant interpellé avec trois grammes de cannabis puisse être condamné à trois ans de prison ferme.

    Interrogé sur un retour éventuel des "mangeurs de soupe", le leader du Mouvement Démocrate n'a pas mâché ses mots : "Il ne faut pas laisser remonter les naufrageurs sur le bateau !". Il a nuancé ce propos en différenciant ceux qui pouvaient être de bonne foi de ceux qui ont voulu nous détruire. J'étais personnellement à quelques décimètres de François Bayrou à cet instant et je peux vous affirmer que j'ai ressenti sa souffrance et sa peine à propos de cette situation, mais également sa force et ses convictions sur la nécessité de poursuivre ce qui a été engagé.

    Enfin sur le rôle de la troisième voie démocrate, en France, en Europe et dans le monde, François Bayrou s'est montré optimiste. Nous sommes une force naissante : "Au début de sa vie, même un baobab est plus petit qu'un fraisier..." Notre société du XXIe siècle devra affronter l'intégrisme et l'inégalité croissante contre lesquelles nous devons entrer en résistance. Elle devra également choisir entre avoir et être...

    Merci François d'avoir des convictions que l'on peut partager !

  • Gratuité de la culture ?

    Pierre Albertini, le maire de Rouen, a ouvert sur son blog un débat sur la gratuité des musées, à la suite d'une expérience initiée en ce sens par l'actuel Ministère de la Culture. J'ai exprimé là-bas mon avis, répondant notamment à l'un des contradicteurs favoris de Pierre Albertini répondant au doux nom d'Albertinon

     Je pense qu'il peut y avoir des temps de gratuité, mais que les musées doivent demeurer payants. Déclarer que la culture doit être gratuite est une idée en soi pernicieuse : si elle gratuite, l'art aussi, et par là, les artistes également. Les Musées ont besoin d'être entretenus, et les artistes de se nourrir. L'Etat a vocation à aider les musées, mais nullement à leur interdire de générer des recettes.
    On paye une redevance télé pour regarder des âneries, on achète des jeux vidéos des fortunes, mais il faudrait refuser d'acquitter un droit d'entrée très modéré pour accéder aux musées ?
    J'y suis radicalement hostile. J'ajoute qu'une culture entièrement financée par l'état finit par perdre sa liberté et on a très bien vu ce que cela a donné dans les pays communistes, voire dans certaines communes de gauche ou de droite en France...
    Par ailleurs, certains mots usés et abusés finissent par se galvauder. Ainsi en est-il de la démocratisation de la culture. C'est que bien souvent, ses thuréfiraires , en brandissant en apparence la démocratie et la culture masquent en réalité l'apauvrissement culturel généralisé.

     Je ne suis pas le promoteur d'un art exclusivement sponsorisé, mais je ne vois absolument pas le mal à ce que le privé fasse du mécénat et utilise l'image de la culture pour promouvoir ses activités. Les plus pauvres peuvent déjà rentrer dans les musées gratuitement. Nous sommes donc loin d'une culture réservée à une minorité vivant dans l'aisance.

    Nous vivonss dans une société marchande et il faut en prendre acte : ce qui est gratuit, dans une société marchande, est bien moins valorisé que ce qui est payant. L'état peut intervenir pour veiller à ce que l'accès à la culture ne soit pas hors de prix, mais, certainement pas pour donner la gratuité dans tous les musées.


    Quelques réalités sont d'ailleurs bonnes à rappeler :

    Une carte pass sur plusieurs musées à l'année coûte généralement moins cher que la redevance télé. Alors quand on voit les m... qui passent sur les chaînes, il est fort simple de balancer son téléviseur par la fenêtre, cesser tout abonnement, et acheter une carte pass.
    La moindre place d'un match de football coûte plus cher que la meilleure place à la Comédie Française. Et les matches de coupe du monde, même de rugby, infiniment plus cher que la place d'opéra la plus chère à l'Opéra Garnier ou l'Opéra Bastille.

    François Bayrou, lors du colloque sur la culture organisé par l'UDF le samedi 17 février 2007 a dit deux choses qui me paraissent essentielles :

    1.La culture ne doit pas être entièrement marchande, ne peut pas être entièrement soumise à l'Etat.

    2.Un des impératifs de la politique culturelle, c'est que la culture doit être une culture de peuple. Je dis bien de peuple et non de masse.

    Ce sont deux points qui me paraissent fondateurs. Et j'ai également beaucoup apprécié sa vision du rôle de l'Etat sur la culture :

    On a vécu avec l'idée qu'il n'y avait qu'un référent, l'Etat, ayant en face de lui des individus inorganisés. Depuis la loi Le Chapelier (1790), on a interdit l'organisation de la société pour que l'Etat reste seul. Il faut tourner la page. Un certain nombre d'actions de service public, d'actions publiques, peuvent être incitées par l'Etat, mais n'ont pas à être conduites par l'Etat.

  • Le protocole de Londres ratifié !

    Le Sénat a ratifié le projet de loi  du Protocole de Londres, qui supprime l'obligation pour les brevets européens d'être notamment traduits en français.

    Jean-Pierre Jouyet, Secrétaire d'état chargé des affaires européennes a présenté ainsi l'accord : 

    « Contrairement à ce que l'on craint souvent, cet accord de Londres, qui porte mal son nom puisqu'il a été négocié à Paris en 1999, (M. Roger Karoutchi, secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement s'exclame) représente une chance pour la langue française et la meilleure parade au « tout anglais ». En effet, le régime linguistique des dépôts de brevets en Europe est simplifié au bénéfice de l'allemand, de l'anglais et du français. Il sécurise la possibilité pour toute entreprise de déposer ses brevets dans ces trois langues. Les entreprises françaises pourront donc continuer de déposer leurs brevets en français à l'INPI, comme elles le font aujourd'hui à 90 %. La partie juridique du brevet -c'est-à-dire les revendications qui définissent la portée de la protection de l'invention devant le juge et à l'égard des tiers- sera toujours traduite en français, contrairement à la partie technique du brevet, dénommée description, de telle sorte qu'un brevet déposé en français sera valable sur les territoires de langue anglaise et allemande. Autrement dit, l'accord fait du français une des trois langues de l'innovation en Europe. En outre, d'après les estimations de M. Grignon, 300 millions pourront être économisés au bénéfice des entreprises françaises.»

    J'avoue que je suis partagé. D'un côté, ce que ditJ-P Jouyet, se tient, de l'autre, c'est aussi une atteinte à la diversité linguistique de l'Europe. Je crois malgré tout que cet accord a le mérite de consacrer la langue française. En l'absence d'un accord, on risque de se retrouver dans un no man's land sans obligations d'où l'anglais sortira à nouveau unique gagnant. C'est d'ailleurs l'argumentation développée par le Sénateur UMP Hubert Haenel, et son argumentation ne me paraît pas fausse.

     

    Voici le compte-rendu des débats (un tantinet à sens unique, il est vrai...) : http://www.senat.fr/cra/s20071009/s20071009_10.html#par_315 

     

     


  • Une usurpation d'identité pour arrêter des sans-papiers à Paris ?

    C'est la cellule parisienne du syndicat SUD qui le rapporte, l'information demeure donc sujette à caution. Mais, si jamais c'est vrai, c'est la chose la plus grave de toute celle que j'ai entendue depuis que la police a reçu pour mission de faire du chiffre avant toutes choses sur le dos des sans-papiers.

     Un événement d’une portée extrêmement grave se serait produit  au collège Utrillo, dans le XVIIIème arrondissement de Paris :

    « Des parents ont reçu un coup de téléphone émanant soi-disant du CPE de l'établissement scolaire leur enjoignant de passer en urgence au collège où est scolarisé leur enfant. Lorsqu’ils se sont présentés, le CPE très étonné leur a affirmé ne pas les avoir contactés, et après vérification il est apparu que personne parmi l’équipe du collège n’était au courant de quoi que ce soit. Lorsque les parents sont ressortis, des policiers les attendaient pour les arrêter et les embarquer au commissariat. Un policier a reconnu que c’était lui qui avait usurpé l’identité du CPE pour tendre ce piège immonde aux parents ! »

    Source : http://www.sudeducation75.org/article.php3?id_article=213 

    Si les faits rapportés ci-desus sont exacts, les bornes sont dépassées, et l'affaire doit être portée devant le Parlement. Il y a des limites à l'indécence, et l'on ne peut ainsi bafouer la morale la plus élémentaire en territoire républicain. 

     

  • Capitalisme, Socialisme et Démocratie : les intellectuels inemployables et la haine du capitalisme

    Je ne résiste pas à l'envie de publier cette analyse de Jospeh Schumpeter sur la surnumération des "intellectuels" dans une société. Incroyable acuité intellectuelle de cet homme...Je trouve que l'on trouve très bien expliquée ici la "haine" du petit intellectuel pseudo-gauchiste pour le capitalisme. A vrai dire, l'intellectuel gauchiste s'en accomode finalement très bien dès lors qu'il en tire un avantage.

    Chapitre XIII, II, Sociologie de l'intellectuel 4ème point.

     En second lieu, qu'il y avait ou non chômage des intellectuels, leur multiplication donne naissance à des conditions d'emploi peu satisfaisantes - affectation à des travaux inférieurs ou salaires moins élevées que ceux des ouvriers les mieux rémunérés.
    En troisième lieu, la surproduction des intellectuels peut créer des incapacités de travail d'un type particulièrement déconcertant. L'homme qui a fréquenté un lycée ou une université devient facilement psychiquement inemployable dans des occupations manuelles sans être devenu pour autant employable, par exemple, dans les professions
    libérales
    . Une telle faillite peut tenir soit à un manque d'aptitude naturelle - parfaitement compatible avec la réussite aux examens universitaires -, soit à un enseignement inadéquat : or, ces deux risques se multiplient toujours davantage, en nombres relatifs et en nombres absolus, au fur et à mesure qu'un nombre plus élevé de sujets est drainé vers l'enseignement supérieur et que le volume d'enseignement réclamé grossit indépendamment du nombre des individus que la nature a doués du don d'enseigner. A négliger ces déséquilibres et à agir comme si la création d'écoles, de lycées, d'universités supplémentaires se ramenait purement et simplement à une question de gros sous, on aboutit à des impasses trop évidentes pour qu'il soit besoin d'y insister. Quiconque ayant à s'occuper de nominations à des postes est personnellement qualifié pour formuler une opinion autorisée et peut citer des cas dans
    lesquels, sur dix candidats à un emploi, possédant tous les titres universitaires requis, il n'en est pas un seul qui soit capable de l'occuper convenablement.
    Par ailleurs, tous ces bacheliers et licenciés, en chômage ou mal employés ou inemployables, sont refoulés vers les métiers dont les exigences sont moins précises ou dans lesquels comptent surtout des aptitudes et des talents d'un ordre différent. Ils gonflent les rangs des intellectuels, au strict sens du terme, c'est-à-dire ceux sans attaches professionnelles, dont le nombre, par suite, s’accroît démesurément. Ils entrent dans cette armée avec une mentalité foncièrement insatisfaite. L'insatisfaction engendre le ressentiment. Et celui-ci prend fréquemment la forme de cette critique sociale qui, nous l'avons déjà reconnu, constitue dans tous les cas, mais spécialement en présence d'une civilisation rationaliste et utilitaire, l'attitude typique du spectateur intellectuel à l'égard des hommes, des classes et des institutions. Récapitulons : nous avons trouvé un groupe nombreux dont la situation nettement caractérisée est colorée d'une teinte prolétaire; un intérêt collectif modelant une attitude collective qui explique d'une manière beaucoup plus réaliste l'hostilité du groupe envers le régime capitaliste que ne saurait le faire la théorie (équivalant à une rationalisation au sens psychologique du terme) selon laquelle l'indignation vertueuse de l'intellectuel dressé contre le capitalisme serait simplement et logiquement provoquée par le spectacle d'exactions honteuses - théorie qui ne vaut pas mieux que celle des amoureux quand ils prétendent que leurs sentiments sont la conséquence logique des mérites de l'objet de leur passion 1. En outre, notre théorie rend également compte du fait que, loin de diminuer, cette hostilité s'accentue chaque fois que l'évolution capitaliste se traduit par une nouvelle réussite.

     Excellent, vraiment excellent. J'adore ce passage. Trop beau, et trop fort, il n'y a rien à ajouter.

  • L'Esprit des Lois (8) : de l'esclavage à la condition des femmes

     Montesquieu traite de l'esclavage dans son Esprit des Lois, et là encore, avec des arguments magistralement assénés, il anéantit toute justification de l'esclavage.

    De tous ses arguments, c'est celui-là que je préfère entre tous, qui se trouve au Chapitre II du Livre XV :

    « Il n'est pas vrai qu'un homme libre puisse se vendre. La vente suppose un prix: l'esclave se vendant, tous ses biens entreraient dans la propriété du maître; le maître ne donnerait donc rien, et l'esclave ne recevrait rien. Il aurait un pécule, dira-t-on; mais le pécule est accessoire à la personne. S'il n'est pas permis de se tuer, parce qu'on se dérobe à sa patrie, il n'est pas plus permis de se vendre. La liberté de chaque citoyen est une partie de la liberté publique. Cette qualité, dans l'État populaire, est même une partie de la souveraineté. Vendre sa qualité de citoyen est un acte d'une telle extravagance, qu'on ne peut pas la supposer dans un homme. Si la liberté a un prix pour celui qui l'achète, elle est sans prix pour celui qui la vend. La loi civile, qui a permis aux hommes le partage des biens, n'a pu mettre au nombre des biens une partie des hommes qui devaient faire ce partage. La loi civile, qui restitue sur les contrats qui contiennent quelque lésion, ne peut s'empêcher de restituer contre un accord qui contient la lésion la plus énorme de toutes.»

    J'ai trouvé très fort l'idée que la liberté de chaque citoyen soit divisible, mais pas soustractible. C'est finalement un tout dont les parties demeurent liées. Aliéner une partie, c'est aliéner le tout.

    Très fort aussi, le raisonnement qui figure ici :

    «[...] la loi de l'esclavage n'a jamais pu lui être utile; elle est dans tous les cas contre lui, sans jamais être pour lui; ce qui est contraire au principe fondamental de toutes les sociétés.

    On dira qu'elle a pu lui être utile, parce que le maître lui a donné la nourriture. Il faudrait donc réduire l'esclavage aux personnes incapables de gagner leur vie. Mais on ne veut pas de ces esclaves-là. Quant aux enfants, la nature, qui a donné du lait aux mères, a pourvu à leur nourriture; et le reste de leur enfance est si près de l'âge où est en eux la plus grande capacité de se rendre utiles, qu'on ne pourrait pas dire que celui qui les nourrirait, pour être leur maître, donnât rien.

    L'esclavage est d'ailleurs aussi oppose au droit civil qu'au droit naturel. Quelle loi civile pourrait empêcher un esclave de fuir, lui qui n'est point dans la société, et que par conséquent aucunes lois civiles ne concernent? Il ne peut être retenu que par une loi de famille, c'est-à-dire par la loi du maître

     C'est toute la force de Montesquieu. Il y a de son point de vue, un lien indissoluble entre la société et les lois. Si l'on exclut autrui de la société, on l'exclut forcément du champ d'application des lois, puisque la société est par essence ce champs-là. Quant aux autres  origines de l'esclavage, voilà ce qu'il en dit :

    « J'aimerais autant dire que la religion donne à ceux qui la professent un droit de réduire en servitude ceux qui ne la professent pas, pour travailler plus aisément à sa propagation.

     Ce fut cette manière de penser qui encouragea les destructeurs de l’Amérique dans leurs crimes»

     Montesquieu condamne là le sort réservé aux Indiens en Amérique Centrale. Il faut tout de même se souvenir qu'en 1525, on comptait 25 millions d'Aztèques, mais qu'en 1604, il n'en restait plus que 4 millions...Ce fut souvent un argument qu'invoquèrent les Espagnols pour justifier leur exploitation économique éhontée des Amérindiens : la nécessité d'évangéliser. Montesquieu ne mâche pas ses mots pour juger une telle hypocrisie, puisqu'il parle déjà de crimes !

    Enfin, il explique par l'intolérance et les préjugés qui en découlent la cause première de l'esclavage.

    J'aimerais autant dire que le droit de l'esclavage vient du mépris qu'une nation conçoit pour une autre, fondé sur la différence des coutumes.[...]

    Les connaissances rendent les hommes doux; la raison porte à l'humanité: il n'y a que les préjugés qui y fassent renoncer.

    Dans le livre XVI, Montesquieu évoque cette fois la condition des femmes. Il n'y est pas toujours pertinent, mais, il a le mérite d'avoir compris qu'il y avait un lien entre l'esclavage, qu'il réprouve, et la condition des femmes, qu'il appelle servitude domestique au chapitre I du livre XVI :

    Les esclaves sont plutôt établis pour la famille qu'ils ne sont dans la famille. Ainsi, je distinguerai leur servitude de celle où sont les femmes dans quelques pays, et que j'appellerai proprement la servitude domestique.

    Je trouve très intéressant le parallèle : il note que les esclaves ne font en réalité pas partie de la famille, puisqu'ils travaillent pour elle. S'il observe que les femmes sont une composante de la famille, il n'en met pas moins leur servitude sur le même plan, puisque la seule différence qu'il souligne entre les deux servitudes, c'est de faire partie ou non de la famille.
     
    Au contraire, la servitude des femmes est très conforme au génie du gouverne­ment despotique, qui aime à abuser de tout.
     Cette remarque du chapitre IX du livre XVI témoigne, là encore, de la consubstantiation entre le servitude des femmes et le despotisme. Montesquieu parle bien du "génie" du gouvernement despotique, c'est à dire de sa nature. Or, il n'y a rien de plus opposé à la démocratie que le despotisme.
     
    La condition des femmes s'est considérablement améliorée en Europe, mais, pour nous autres, gens de l'UDF-MoDem, elle doit rester un souci permanent tant elle est à relier avec le despotisme et la négation du droit. De même, si l'esclavage n'existe plus dans sa forme ancienne, il est encore des poches d'esclavage moderne qui ne doivent pas nous laisser indifférents, et dont la nature s'apparente hélas fort bien à ce que Montesquieu analyse aux livres XV et XVI.
  • Coupe du monde de Rugby : la France en demi-finale

    Je suis sympa, je pense aussi à ceux qui s'intéressent au rugby parmi ceux qui passent sur mon blog.

    La France est en demi-finale, elle a battu les All Blacks néo-zélandais 20 à18. J'ai encore du mal à y croire, je ne donnais pas 1% de chances aux Français de passer... 

  • Pédagogies alternatives

    Je réfléchissais récemment sur les pédagogies alternatives, du type Freinet ou Montessori, et à leur application à l'école. Ces pédagogies font l'objet d'attaques féroces du courant dit "républicain" (comprendre la tendance Jules Ferry) au sein de l'école. Pourtant, elles ne sont pas inintéressantes. le problème, c'est l'application bureaucratique, le fanatisme forcené des pédagogistes et l'instrumentalisation de ces pédagogies par des gestionnaires soucieux non d'avancées pédagogiques mais d'économies qui ont finalement plombé ce qu'elles auraient pu apporter.

    En outre, ces pédagogies sont certainement adéquates pour des publics restreints, mais ne peuvent s'applquer à toute une génération. Il eût fallu des projets pilotes avec des enseignants volontaires et spécifiquement formés, afin de déterminer l'efficience réelle de ces pédagogies.

    En outre, elles sont intéressantes non pour les élèves qui s'adaptent à l'école telle qu'elle est, mais pour ceux qui ne s'y adaptent pas parce qu'ils ne rentrent pas dans le moule. 

    Quand je lis l'exposé de la méthode Montessori, il est vrai que c'est enthousiasmant :

    Le Dr. Maria Montessori pensait qu’aucun être humain ne pouvait être éduqué par une autre personne. L’individu doit agir lui-même ou il ne le fera jamais. Un individu vraiment éduqué continue à apprendre longtemps après les heures et les années qu’il a passées dans une classe parce qu’il est motivé par une curiosité naturelle et l’amour de la connaissance. C’est ainsi que le Dr. Montessori sentit, que le but d’une éducation de la prime enfance n’était pas d’emplir l’enfant de faits tirés d’études préétablies mais plutôt de cultiver son propre désir d’apprendre.

    L'esprit absorbant, magnifiquement bien vu aussi :

    Le Dr. Montessori identifie l’enfant comme "l’esprit absorbant". Dans ses livres elle compare fréquemment le jeune esprit à une éponge. Il absorbe complètement l’information de l’environnement. Le procédé est particulièrement évident dans la façon dont un jeune enfant de deux ans apprend sa langue maternelle, sans instruction formelle et sans l’effort conscient et fastidieux dont fait preuve un adulte pour maîtriser une langue étrangère.

    http://www.montessori.fr/article.php3?id_article=29 

    Moi j'aime, mais le problème, c'est l'adaptabilité de notre école à cette méthode. Et le passage en force, comme le fait le courant pédagogiste au sein de l'Education Nationale, ne peut que nuire à la qualité et à l'humanisme profond de la démarche Montessori.

     

    Je suis en revanche bien plus réservé sur la pédagogie Freinet. Je cite un extrait de sa grammaire française en quatre pages.

     « Devoirs et leçons sont aussi à la base de tout le système de coercition imaginé par les règlements ou les pédagogues. Il est impossible de travailler avec les enfants dans l'atmosphère de confiance et de collaboration indispensable à toute œuvre d'éducation quand tout au long du jour le maître, livre en mains (car il n'a pas besoin, lui, de savoir par cœur, et ce n'est pas là la moins criante des injustices), contrôle leçons et devoirs. Les punitions sont le complément nécessaire de cette méthode de travail. Ah ! si nous pouvions supprimer dans nos classes toutes les leçons faites ex-cathédra par l'éducateur ; si nous pouvions supprimer toutes les leçons à apprendre, tous les devoirs à faire ! Comme l'école paraîtrait alors, aux enfants et aux adultes, lumineuse et claire ; comme on y travaillerait avec joie, sans aucune hypocrisie, comme la collaboration y serait agréable et combien changerait le rôle de l'éducateur qui vivrait enfin, au milieu d'enfants vivants, au sein de la vraie vie !

    [...] Notre technique est justement le triomphe de l'activité libre de l'enfant, mais d'une activité à laquelle on a donné un aliment et des possibilités d'expression avec un matériel nouveau, par des formules de travail mieux adaptées aux nécessités de l'heure. »

    Ce sont les errements issus de la doctrine Freinet qui ont fait penser à certains que c'était l'enfant qui construisait son savoir ex cathedra pour paraphraser à ma manière Freinet. Freinet jette l'anathème sur les apprentissages au lieu de se demander comment l'enfant peut lesintégrer au mieux. Quelle différence d'approche avec Montessori, en dépit d'apparentes similitudes ! Bien sûr, Freinet était de bonne foi, et l'école de son époque était autrement plus rigide que la nôtre. Mais, son raisonnement est historiquement daté et ne s'appuie pas sur une réflexion sur la nature de la connaissance et de la relation que nous établissons avec elle. C'est là toute la différence avec la pédagogie de Montessori.

    En outre, il suffit de considérer le passé politique de Freinet, pour comprendre que ses motivations sont d'abord idéologiques : c'est la vision libertaire et sa haine de l'autorité qui le motivent avant l'intérêt pour l'enfant. 

    En tout cas, je trouve que la méthode Montessori s'accorde bien avec la vision humaniste de l'UDF-MoDem. 

    Pour info, quelques adresses d'école sur les sites suivants :

    http://www.montessori-france.asso.fr/amf_ecoles_adresses.htm 

    Au fait, c'est en 1907 que Maria Montessori a fondé sa première Casa di Bambini à Rome. Aujourd'hui même, un colloque à propos de la méthode Montessori a eu lieu à la Sorbonne.